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Deux jours plus tôt…

-Mairkureau Kröm ?
-L’hôpital militaire du gouvernement mondial, ouais, confirma Dogaku. Ou de la marine mondiale, plutôt. M’enfin, c’est la même, hein, on va pas chipoter.
-Bah. Encore un nom à la noix pour un hosto. Où est-ce qu’ils vont chercher ça ?

Bienvenue à bord du Tarmac, fier bâtiment militaire voguant sous le pavillon flamboyant du petit royaume d’XXXXX. Dans cet agréable écosystème composé d’environ deux cent âmes, trois officiers apposaient particulièrement leur patte sur l’ambiance quotidienne.

Tout d’abord, il y avait le capitaine Dogaku, au laisser-aller déplorable, mais qui relevait suffisamment le niveau en terme de qualitatif pour qu’on lui passe les formes. Personne ne le prenait au sérieux, mais tout le monde le respectait, au final. Surtout quand il y avait le feu au lac et qu’il avait l’occasion de prouver qu’il méritait largement ses fonctions.

Ensuite, la commissaire Haylor. Stricte, sèche, et diablement autoritaire. Non contente de surcompenser les défauts de son principal collègue, elle parvenait également à s’illustrer par son efficacité et sa bienveillance naturelle, tout ça au point de s’attirer les faveurs des matelots. Il suffisait simplement de ne pas avoir à la côtoyer de trop près au quotidien pour être absolument ravi de l’avoir à bord.

Et enfin, la lieutenante Gurgenidze. Si elle n’avait aucun pouvoir décisionnel, la petite blonde aux cheveux crépus n’en était pas moins une excellente sbire, et très accessoirement, la personne la plus à même de faire un carnage quand la situation l’exigeait.

Le reste du temps ? C’était tout simplement une mignonne petite pile électrique survitaminée, qui adorait colporter les ragots, fourrer son nez dans tout ce qui ne la regardait pas, se mêler des affaires des autres, et finalement apporter un peu plus de rose dans la vie de ses victimes du jour. Littéralement. C’est à son initiative que le réfectoire du Tarmac avait été repeint dans cette couleur par une vingtaine de marins, moins d’une semaine après son arrivée sur le navire. Ce à quoi elle objectait que la couleur était fuchsia, pas rose. Et ensuite que les travaux manuels étaient très bénéfiques à la bonne entente entre collègues, peu importe la couleur retenue.

Aujourd’hui, c’était dans ce réfectoire, séparés par deux bols de porridge à la cannelle, six tartines de harengs marinés et quelques tasses de café bien serré, que la lieutenante bavardait avec son supérieur.

-Tiens, c’est marrant, je savais pas. Mairkureau Krom, hein ? C’est vachement sympa de notre part leur prêter un bâtiment pour leurs opérations. Pourquoi la marine aurait un hôpital dans le coin ? C’est même pas comme s’ils venaient souvent, pourtant.
-De ce qu’on m’a dit à l’escargophone, répondit l’autre en déposant son journal, l’île était la mieux placée pour ça, par rapport à leurs chenaux, niveau routines et tout. Surtout quand ils font mumuse avec les pirates, apparemment.
-C’est tellement précis… que je n’ai rien compris.
-Aw. C’était écrit dans l’ordre de mission, section blabla inutile et culturel, expliqua Sigurd. C’est comme dans ce bouquin, dans le grand pays, là. Comment il s’appelle, déjà ? L’Hammerique. Pays le plus fort du monde, au point qu’il a le droit d’installer des bases militaires un peu partout dans le monde grâce à des accords internationaux.
-Whohoho. Vous lisez des livres, capitaine ?
-Nan, mais j’avais un prof qui n’arrêtait pas de nous parler de ce bouquin. Alors laissez moi utiliser le peu de références que j’ai sans faire de commentaires, merci.
-Chi hi hi hin hin, ricana la lieutenante. Désolée.
-Bin voyons, faîtes vous plaisir, hein.

Faisant mine d’être faussement contrarié, Dogaku s’attaqua à ses tartines et se replongea dans son journal. Il n’était pas du genre à se tenir informé de ce qu’il se passait dans le pays, et encore moins dans le monde, mais était un afficionado des mots croisés qui ne quittait jamais la table sans les avoir terminé. Ce qui lui prenait rarement plus d’une dizaine de minutes.

Toutes les semaines, une mouette lui livrait l’édition hebdomadaire du Village des Lettres, le magazine préféré des cruciverbistes enfiévrés. Et toutes les semaines, il s’écoulait de longues heures durant lesquelles le blondinet noircissait avec entrain les cases de ses grilles, entre deux dossiers aussi tristement ennuyeux que la majorité des trucs-importants-de-capitaine-nécessitant-qu’il-passe-beaucoup-de-temps-dans-un-bureau-au-lieu-de-siester-toute-la-journée.

-« Chef dans le milieu » en quatre lettres, marmonna-t-il. Chef ? Boss ? Caid ? Vous l’appelleriez comment, votre patron, si vous étiez une criminelle ?
-Mon chou ?
-Gn’hein ?
-Héhé. Bin je sais pas, moi, se défendit la blonde. J’ai une tête à être une criminelle ?
-…
-…
-Bah eh, z’avez pas une tête à être dans les commandos, non plus…
-Vous n’avez pas une tête à aimer les mots croisés, lui rétorqua la lieutenante en souriant. C’est pas très One Piecien, en plus.
-« Arme de renom » en six lettres. Meitou. Là, c’est One Piecien, maintenant. Laissez moi tranquille.

-Chi hi hi hin hin…

Rapidement, Dogaku l'ignora pour se consacrer exclusivement à la définition de la colonne H. La jeune femme en profita alors pour jeter un coup d'oeil à l'horoscope, sur la page d'à coté. Elle n’y croyait pas vraiment… comme tout le monde, bien sûr. Ce qui ne l’empêchait pas du tout de le lire dès qu'elle en avait l'occasion. Le sien, mais aussi celui des autres. Et lorsqu'elle passa sur celui de son collègue...

"Vu la mauvaise position d'Uranus dans votre Ciel, vous pourriez vous sentir en grande difficulté dans votre milieu professionnel, et serez en proie à de nombreuses pressions extérieures. Gardez à l'esprit qu'il est parfois plus simple de conquérir que de construire."

-Euh... capitaine? Dîtes, on a quelque chose de prévu, après l’hôpital ? Des pirates à récup’, autre chose ?
-Nan, pas que je sache. Pourquoi ?
-Mmmh… boah, oubliez. Probablement rien.

Probablement n’importe quoi, se dit-elle. Après tout, ce qu’ils allaient faire à Mairkureau Krom, c’était simplement de la livraison de fournitures médicales. Contrairement à ce que l’on pouvait croire, tout ce qui était pansements, seringues, aiguilles, scalpels, cathéters, sondes, tubes, appareils en tous genres, prothèses toutes catégories, stéthoscopes, tensiomètres et bien plus encore n’étaient jamais fabriqués sur place. Toute une industrie, composée d’une myriade de petits acteurs en forte concurrence, vivait de cette production. Parce qu’elle en avait l’habitude pour ses propres installations, c’était la milice locale qui se chargeait de l’approvisionnement de la Marine sur son territoire.

C’était une mission parfaitement ennuyeuse, et parfaitement sans danger comme les aimait tout particulièrement le capitaine Dogaku. Il ne pouvait décemment rien leur arriver, voyons.

Absolument rien.



Spoiler:
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t9504-sig
Une nuit, quelque part dans North Blue, à distance relative du Royaume d'XXXXX


    Un navire solitaire voguait, balancé uniquement par les vagues, porté par le courant. De loin, il semblait être déserté, car aucune voile n'était sortie, aucune lumière éclairait le pont ou illuminait les hublots... Car c'était dans les entrailles de la bête de métal, à l'abri des regards, que les êtres vivants se tenaient, échangeant sur la vie et la mort.

    De mon côté, cette mission m'amusait, me dégoûtait et m'indignait à la fois. En dépit de mes croyances révolutionnaires selon lesquelles je ne devais reconnaître aucune valeur au Gouvernement Mondial, force m'était de constater le génie de l'opération dont j'étais la meneuse. Après, je ne pouvais que lever les yeux au ciel en soupirant en me demandant pourquoi Marie-Joie déployait autant de forces pour mettre la main sur ce petit bout d'île. Le Royaume d'XXXXX ne présentait absolument aucun intérêt stratégique. Certes, tout exécutif local indépendant de l'Ordre de la Mouette pouvait à tout moment basculer du côté des sales anarchistes que nous étions, nous, les révolutionnaires.  Le truc, c'était que même nous, étions totalement désintéressés par ce caillou. Je le savais parfaitement ; dès que j'avais eu vent de la mission, j'avais contacté Raven par den-den pour savoir si je devais torpiller l'expédition. Ce à quoi elle m'avait répondu que la Révolution ne pouvait se battre sur tous les fronts et qu'il fallait savoir choisir ses combats. En plus, nous ne pouvions pas condamner toutes les actions du Gouvernement, ne nous en déplaisent. Ce n'était qu'une partie du corps militaire et administratif – partie grandissante, à notre plus grand regret – qui pourrissait ce qui pourrait être un grand bien pour l'ensemble des populations. Si XXXXX ne se portait pas mal sans le GM, il devrait ne pas s'en porter plus mal avec. Pas forcément mieux, je le concède. Mais bon, voilà...

    Je regardai la troupe autour de moi. Des agents CP, pleins d'agents CP. Trop même. Encore une fois, pourquoi mobiliser autant de compétences pour ce joli tour de passe-passe, pour un gain médiocre ? Devais-je pour une fois écouter ma paranoïa, ou simplement conclure que la mégalomanie gouvernementale n'avait juste aucune limite ?
    - « Bon, je ne vous répéterai pas ce que nous avons déjà dit et décidé. Vous connaissez le plan, vous savez ce que vous devez faire et comment le faire : déstabiliser la situation du Royaume d'XXXXX, en détruisant ses installations et en semant la peur des révolutionnaires, pour qu'à terme il signe la CUL, la charte universelle législative, et fasse partie des quelques 160 pays au sein de notre gouvernement.
    Je vous rappellerai juste de ne pas trop abîmer la population locale. Évitez de détruire une école remplie d'enfants, par exemple. Des pertes locales seront un mal nécessaire, mais si nous pouvions éviter les drames nationaux... ça risquerait de faire venir la presse et plein de fouineurs. Et nous ne voulons pas que quelqu'un mette son nez dans nos affaires.
    Souvenez-vous aussi, pour l'équipe A, que vous devez jouer le rôle des révolutionnaires. Ça veut dire, pas de techniques rokushiki, hein. Et pas de techniques ultra personnelles qui pourraient vous identifier maintenant ou plus tard. »

    Je foudroyai des yeux « mes » hommes. Le premier qui désobéissait à ces deux consignes, je le rétrogradais agent simple dans la demi-seconde.

    - « Pour l'équipe B, évitez donc de jouer les gros bras face à vos compagnons qui ne pourront pas se défendre au mieux de leur capacité. Rappelez-vous que les combats doivent durer et se déporter au-delà de l’hôpital... c'est quoi déjà, le nom... Mairkureau Kröm ? Pff, qui est l'abruti qui a inauguré ce truc ? » Je grommelai pour tenter de cacher ma satisfaction à l'idée que j'allais pouvoir, en toute impunité, foutre une tatanée à un agent CP. Pas une grosse, mais même une bonne gifle symbolique me procurait des petits frissons de plaisir.

    - « Le capitaine m'a dit que nous étions suffisamment près des côtes pour que l'équipe A entre en action. A l'heure qu'il est, l'équipage a dû sortir l'embarcation qui vous permettra d'arriver près des côtes, en profitant de la nuit. Elle n'est pas bien vaillante, évitez de couler avant d'être arrivés. Par contre, après, ne laissez aucune trace. Et prenez d'assaut l’hôpital tôt le matin. Vous devez le tenir jusqu'en fin d'après-midi, l'heure à laquelle l'équipe B pourra arriver sans éveiller les soupçons. Han, Krueger, Archer et Hisachi, vous êtes l'équipe A, comme convenu. Paladinno, Balko, avec moi. Des questions ?  »

    Je m'attendais à la négation générale qui suivit. En fait, le premier qui aurait ouvert la bouche se prenait un carton jaune mental de ma part. J'avais supervisé les moindres détails de la mise en place de l'opération. Tout ce que j'avais pu contrôler, l'avait été. Il n'y avait plus que les impondérables du terrain pour conchier mes plans. Mon rôle de chef d'équipe ne pouvait pas être entaché par une question. Ça n'existait pas. A part peut-être l'éternelle interrogation de « je peux aller pisser ? » qui semblait tellement fasciner les hommes... Tiens, je me demandais ce qui se passerait si je répondais « non ». Bref... Nous étions partis.


[HRP : je propose que les 4 CP-révo postent pour décrire comment ils arrivent jusqu'à l'hosto, puis Sigurd et Epsen qui posent leur personnage, puis les 3 CP-CP qui arrivent en vue du port, mettent en place le brouilleur d'ondes et … se rendent compte que Sigurd est juste là... Si ça ne convient pas, on se retrouve sur le sujet de recherche de membres pour régler ça?



Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mer 1 Oct 2014 - 17:47, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t1165-l-agent-double-s-habille-e
  • https://www.onepiece-requiem.net/t1127-shainess-raven-cooper-termine
Mon corps se sentait fatigué. Très fatigué. Les nombreux allers-retours entre Marie-joie et les différents Q.G du gouvernement que l’on avait du se coltiner depuis quelques temps en était probablement la cause.

Et pourtant….

Et pourtant, mon esprit, lui, était éveillé, sur ses gardes,  attentif à tout ce qui se déroulait autour de lui… Presque excité, un peu comme un enfant la veille de son anniversaire n’arrivant pas à dormir car s’imaginant déjà nager dans la montagne de cadeau qu’il recevrait le lendemain.

Enfin…. Il me semblait que c’était comme ça que réagissaient les enfants la veille de leur anniversaire. Je n’avais moi-même jamais fêté mon anniversaire, donc je ne pouvais pas vraiment savoir…. Il faut dire que j’ignorais à quelle date j’étais né… Je m’en fichais un peu aussi. Je n’aimais pas le concept d’anniversaire après tout : « Hey les gars, encore une année en moins à vivre, vite, faisons la fête ! »… Comment les gens pouvaient trouver ça super ?! Et après on dit que c’est MA logique qui est bizarre…


Bizarre, c’était un peu comme ça que je considérais la mission que l’on m’avait confiée. Enfin… que l’on NOUS avait confié. Car sur ce coup ci, Anko et moi ne travaillions pas seuls, et la était toute la source de mon excitation : en effet, afin de mettre en place toute une mascarade pour qu’un petit royaume paumé tombe entre les griffes du Gouvernement Mondial, plusieurs agents du CP venu de différents services s’étaient vu attribuer un rôle dans l’énorme magouille politique qui était en train de se mettre en place.

S’il y avait bien une chose que j’aimais, c’était vivre de nouvelles expériences, et c’était justement la première fois que je pouvais travailler avec autant d’agent venu d’autre CP sur le terrain !

Mais comme je l’avais dis plus haut, à mon excitation se mêlaient quelques craintes, craintes qui s’étaient réveillées quant j’avais réalisé quelque chose : j’étais le seul agent de la mission à venir du CP9. Et c’est ce que je trouvais bizarre : certes, le CP9 était le plus secret des services du gouvernement (enfin, officiellement), et ses agents n’étaient convoqués que pour des missions très importantes, alors pourquoi ne faire appel qu’à un seul CP9 ? Et pourquoi à moi en particulier, de ce que j’avais cru comprendre, je n’étais pas forcément l’agent considéré comme le plus performant aux yeux de certains, alors pourquoi moi ? Cela voulait donc dire que cette mission n’était pas si importante que ça ? Dans ce cas la, pourquoi tout de même envoyer un CP9 y participer ? Pour la spécialité du CP9 : l’assassinat ? De ce qu’avait dit l’agente en charge de cette mission, « des pertes humaines seront inévitables », ça voulait dire que l’on comptait sur moi pour aller butter deux/trois innocents au passage pour rendre un peu plus crédible toute notre mascarade ? Faut dire que les membres du CP s’aiment rarement entre les différents services, mais ceux du 9 sont généralement détesté de tous. Du coup, on voulait se servir de moi comme tête de turc et pour faire tout le sale boulot ? Surtout que visiblement on allait se taper dessus à un moment ou a un autre, j’étais donc le punching ball attitré de l’histoire ?

Peut être, peut être pas, en fait, je n’en avais pas grand-chose à faire. Je n’étais pas l’agent le plus apprécié, mais mes supérieurs avaient au moins reconnu mes capacités. Je devais surement passer pour le psychopathe de service dans l’équipe, mais qu’est ce que ça pouvais me faire, l’avis de personne dont je me fichais au final. Ces agents et cette mission, c’étaient juste mes passe-temps du moment, ayant pour but de me donner des sensations fortes ou de me faire passer des instants agréable, rien de plus, rien de moins.

Et ils devaient probablement penser la même chose en fait. Au final, nous allions tous jouer une double mascarade : celle qui nous permettrait de prendre le contrôle de cette île, et celle que nous allions jouer entre nous pour donner la sensation que l’on travaillait en équipe.

Tout cela n’était qu’une pièce de théâtre géante, chacun ayant ses rôles, ses répliques, et son déguisement. Il n’y avait plus qu’à réciter son texte en attendant les applaudissements du public.



-Docteur Omadaire ?


La porte du bureau dans lequel je me trouvais s’ouvrit lentement, dans un long grincement plutôt désagréable. Une jeune femme d’une vingtaine d’année, infirmière aux vues de sa tenue, glissa timidement sa tête à l’intérieur de la salle, me cherchant du regard avant de poser ses yeux sur moi, refrénant un petit sursaut. Je ne pouvais pas lui en vouloir, ça surprenait toujours d’apercevoir un homme mesurant plus de deux mètres de haut, particulièrement fin, avec un sac en papier sur la tête ne laissant paraitre qu’un œil et une imposante coupe afro. Le serpent rouge dormant sur le bureau en face de moi ne devait pas non plus inspirer la confiance. Enfin, le fait de me tenir en équilibre sur un scalpel géant devait perturber un peu la demoiselle.

Au plaisir de vous asservir 1395378932030779600


Elle était facilement impressionnable tout de même.  



-Ouiiiiiii très chère enfant ?  Puiiiiiis-je soulager vos tourments ?


-Euh…. Je… Je voulais savoir si vous vous étiez bien installé ?



Bondissant de mon scalpel, j’atterris devant la petite infirmière tout en effectuant une pirouette, provocant un nouveau sursaut chez elle. J’attrapai sa main et je me penchai suffisamment pour mettre mon visage au niveau du sien, cherchant à l’inciter à se détendre.


-Voyoooooons, voyoooooons très chère, que vous arrive t-iiiiiiil ? Le bon vieux Docteur Omadaire vous rend fébrile ? Voyoooooons, voyooooooons très chère, mais il n’y a pas de raison à cela ! Il est vrai que mon comportement semble un peu sortir de la norme, mais n’ayez crainte, je ne mords pas !


-N-non, voyons docteur, vous ne me faite pas du tout peur, quelle idée. Enfin, pas trop….

-Alloooooooooons, alloooooooooons très chère ! Ne soyez pas si formelle, appelez-moi Omadaire !  Pour répondre à votre question première, je me sens ici comme chez mon adorée mère. Tranquille, comme à la maison. En même temps, pourquoi m’en faire, il n’y a pas de raison !

-P-parfait alors doc…Monsieur Omadaire. Et encore désolé de ne rien avoir préparé pour votre arrivée, mais nous n’avons été prévenus qu’à la dernière minute.

-Mais nooooooon, mais nooooooon très chère. Ne vous en voulez pas pour les soucis du vieil Omadaire. Vous n’y pouvez rien si l’administration laisse à désirer. Moi ils m’avaient carrément dit que j’allais sur l’île du Karaté !

-Ah, oui, plutôt problématique, en effet…… Do…Monsieur Omadaire ? Puis-je vous poser une question…indiscrète ?

-Rien n’est secret chez ce cher Omadaire…..Enfin, à part son visage, qu’il préfère garder à couvert ! Un triste accident arrivé dans ma jeunesse,  et quant je ne le cache pas, sur mon chemin les yeux se baissent. Mais passons, quelle est votre question ?

-Pourquoi vous gardez ce serpent avec vous ?

-Aaaaaaah, vous n’êtes pas la première à demander ça au vieil Omadaire. J’utilise ce serpent pour mes recherches sur la maladie du sommeil, malheureusement, pour des résultats concret, ça sera pas demain la veille. C’est une longue étude que j’ai la entrepris, et j’irais jusqu’au bout, même si je dois rechercher toute ma vie !

-Oh…. Noble cause qu’est la votre…. Et il a un nom ?

-Pionceur est le nom du serpent, parce que, vous l’aurez deviné, il dort tout le temps.

-Oh, je vois, malin… Pas très inspiré aussi… B-bon, monsieur Omadaire, je vais vous laisser finir de déballer toutes vos affaires….et votre serpent…. Et vous n’aurez qu’à me prévenir quant tout sera terminé, okay ?

-Paaaaaaaas de soucis ma chère, et repassez voir quant bon vous semble le vieil Omadaire !



La jeune femme se dirigea rapidement vers la porte, un sourire gêné sur le visage, et la referma d’un coup sec. Je l’entendis s’éloigner de l’endroit à grand pas. Visiblement, « le bon vieil Omadaire » lui semblait toujours aussi étrange, mais elle ne remettait pas en doute son statut de docteur, et c’est tout ce dont j’avais besoin.

J’avais sortis le grand jeu pour cette affaire : relooking complet pour moi (masque pour cacher mon visage et mes yeux vairons, perruque afro pour cacher mes cornes, vêtements couvrant tout le corps pour cacher mes cicatrices) et aussi pour Anko (qui avait été repeinte en rouge, en plus d’un ajout de caractéristiques physiques de vipères, comme des petites « cornes » au dessus des paupières), création d’une fausse identité , petit bidouillage au niveau des fichiers de l’hôpital que moi et les autres CP devions attaquer en nous faisant passer pour des révos, afin de faire croire que j’étais un docteur assigné à cet endroit, ce qui me donnait accès à pas mal de pièce et surtout, à pas mal de clés, repérage des lieux effectués, bref, de mon coté, le décor avait commencé à se mettre en place sans trop de problème.


Pendant que le public était en train d’arriver, en coulisse, tout le monde préparait son rôle…. Anko et moi, nous avions nos costumes, et nous connaissions nos textes, il ne restait plus qu’à attendre que les rideaux se lèvent…. Alors, pour patienter, on pouvait bien se détendre un peu….


Ou en profiter pour aider les autres à répéter.







[HRP] Comme je l'ai dis, étant donné que j'ai réussi à m'infiltrer en temps que docteur dans l'hopital, n'hésitez pas à demander si vous voulez de l'aide pour vous infiltrer aussi en temps que patient, agent d'entretient ou autre. [/HRP]
  • https://www.onepiece-requiem.net/t5533-le-petit-guide-de-survie-d
  • https://www.onepiece-requiem.net/t5368-enzo-p-hisachi-le-fin-du-faim
Seule. Pourquoi n’étais-je pas seule? Certes la mission nécessite forcément plus d’une personne. Mais pourquoi m’y avait-on assigné? Cette mission a rassemblé une grande force provenant des CP. Plusieurs que j’ai pu voir de loin dans un couloir de Marie-Joie et certains qui me sont inconnus. C’est normal après tout, on ne peut pas avoir croiser tous les gens qui existent. Mais pourquoi cela me dérange tant de travailler avec des personnes que je ne connais pas? Peut-être est-ce dû au fait qu’ils me font légèrement peur.

Je n’ai pas envie de remettre en question le but et les moyens entrepris pour la réalisation de cette mission. Ce n’est pas mon boulot, et je n’ai pas envie d’y penser. Je suis là pour agir. Ce n’est, je pense, pas à moi de décider de toutes les conséquences possibles de nos actions dans ce royaume et cet hôpital.

Et pourtant, on m’a prise moi pour une mission où ce sera le spectacle, le fait de se mettre en avant dans un rôle qui fera tout le travail. Moi qui suis plutôt discrète et réservée. Moi qui peux passer inaperçue devant beaucoup de monde. Pourquoi me donner un rôle où j’aurais besoin de me montrer devant une foule? Pourquoi nous laisser tuer quelques personnes pour faire de l’effet quand on envoie des gens spécialisés dans l’assassinat?

Il reste beaucoup de question, beaucoup de faits incohérents dans leurs choix. Peut-être ont-ils prit des personnes au hasard les faires passer pour des révolutionnaires et réellement les tuer. Dans tous les cas, je pense qu’ils m’oublieront.

Un peu comme ils ont oubliés de me demander si j’avais besoin d’aide pour m’introduire dans l’hôpital. Autant j’ai entendu quelqu’un du groupe parler du fait qu’il était sur un genre de liste du personnel ou je ne sais plus quoi. Bon c’est pas comme si j’avais besoin d’aide, mais j’ai toujours l’impression d’être laissée derrière. C’est un peu irritant, même si j’en ai l’habitude.

Pour rentrer j’aurais aimé dire que c’était compliqué, que j’ai dû faire preuve de patience ou quoique ce soit. Malheureusement, rentrer a été simple. Il est vrai qu’au début je me suis demandé par où passer, savoir quel chemin serait le mieux. Et puis j’ai simplement essayé la porte principale. C’est sûr que ça parait pas intelligent dit comme ça. Mais même avec le manteau et la capuche, les armes cachées dessous, personne ne me regardait, ne me trouvait un peu suspicieuse. C’est un hôpital aussi, ils ont des patients et autre chose à faire que de regarder toutes les personnes qui passent par la porte d’entrée.

Une fois en plein milieu du grand hall je me suis rendue compte que si je commençais à rentrer dans le reste de l'hôpital sans être membre du personnel je risquais d’être repérée. J’ai donc décidé de chercher autour de l’hôpital. J’ai très vite trouvé une fenêtre ouverte au premier étage. Passer par cette petite fenêtre n’a pas été simple avec les armes, et les lancer dedans avant de vérifier si il y a quelqu’un est plutôt dangereux. J’ai donc jeté un rapide coup d’oeil dans la salle. Personne. Juste de grandes armoires en métal

Je me suis donc permise de ranger mes armes en essayant de les dissimuler au mieux. Je regardais un peu autour de moi. Je voyais que la plupart des armoires avait un nom inscrit dessus, pas celle dans laquelle j’ai stocké mon matériel. Elles étaient pour le reste toutes fermées. Soudain la porte de la salle s’ouvrit et une infirmière entra. Pendant quelques secondes elle ne remarqua rien d’étrange et ferma la porte. Au moment où cette dernière claqua, elle remarqua ma présence mais c’était trop tard pour elle. Je m’étais déjà précipité sur elle lançant un coup sec du tranchant de la main au niveau de sa nuque pour l’endormir. Elle commença à tomber, inconsciente, et je la rattrapai pour empêcher son corps de faire du bruit. Elle avait une clé dans sa main. Je la lui pris. J’essayai alors d’ouvrir les autres armoires. La première fut la bonne. Le compartiment avait plusieurs tenues d’infirmière.

Il m’était alors plus facile de me dissimuler avec un déguisement. J’ai donc caché le corps de l’infirmière dans sa propre armoire. J’ai rangé mon manteau dans l’autre, avec mes armes et je me changeai. Une fois fait, je sortis de cette salle et me retrouvai alors dans un couloir. Le couloir était rempli de médecin et d’infirmière. Je commençai à avancer avec hésitation. Mais voyant que tout le monde était occupé quelque part je pouvais me balader tranquillement dans l’hôpital.


Hey! Vous! J’ai besoin d’aide avec ce patient!

Je commençai à me dire que c’était une mauvaise idée de me déguiser. Je cherchais une excuse à donner mais je vis alors une infirmière derrière moi qui accourra pour aider le médecin. Je me sentais soulagée. Mais pas en sécurité, d’autres pouvaient m’interpeller. Par chance la porte à coté de moi n’avait pas l’air d’être occupé : elle n’avait aucune enseigne, aucune indication, aucun nom. Une opportunité à saisir. J’ouvrai la porte rapidement et la refermai en collant mon dos contre, comme si je bloquais un mal qui me poursuivait.

Je regardai devant moi et vis un médecin avec un sac sur la tête et coiffé d’une afro.
Dans quelle galère m’étais-je retrouvé?
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10507-fiche-de-l-agent-eylina-
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10305-une-histoire-de-crepe
La porte de mon bureau fut ouverte une fois de plus par une infirmière, me forçant à jouer de nouveau les faux docteurs. Je fis un petit bond dans la direction de la demoiselle, prêt à de nouveau sortir un speech façon Omadaire, lorsque je remarquai un petit détail qui me coupa dans mon élan. La demoiselle qui venait d’entrer dans la pièce, je la connaissais : il s’agissait de l’agent Han, une des CP affectée à cette mission avec moi.  Je ne pouvais m’empêcher d’être un peu surpris.

Non pas de voir la miss arriver, mais plutôt de voir qu’elle ne portait pas son habituel masque. Par pure curiosité (et peut être aussi par pure méfiance), j’avais pris soin de lire le dossier de chacun des agents avec qui j’allais devoir travailler. Et de ce que je savais de la CP5 en face de moi, il s’agissait d’une nouvelle recrue qui cachait constamment son visage.

C’était bien dommage ma foi, elle était plutôt mignonne la petite. Mais si je l’avais reconnu assez facilement, elle, en revanche, ne semblait pas avoir réalisé qui j’étais. Visiblement tout le monde n’avait pas lu le mémo que j’avais laissé concernant mon déguisement. Les choses commençaient bien….



-Détendez-vous un peu miss Han, j’suis de votre coté.


Je pu lire un peu d’étonnement dans ses yeux au moment eu j’eu prononcé son nom. Sans toucher à mon masque, je me contentais de m’accroupir devant la CP5 et de lui faire un clin d’œil.

-Je suis l’agent Hisachi, ou l’agent P. comme tout le monde m’appelle. Rappelez-vous, sur le bateau, c’était moi le grand bonhomme qui piquait dans l’assiette des autres pendant qu’ils ne regardaient pas.


Je me redressai, puis je fis un demi-tour pour me rendre vers mon bureau, pointant du doigt Anko, allongée dessus, toujours en train de jouer les narcoleptiques.


-Et ça, c’est ma partenaire, Anko. Enfin, le temps de cette mission, nous sommes le docteur Charlie Omadaire et Dormeur le serpent. Quel est votre faux nom déjà, très chère ?


La jeune-fille restait particulièrement stoïque, observant la pièce et attardant un peu son regard sur Anko, puis sur moi. Je n’arrivais pas à savoir si elle n’osait pas parler ou si elle ne voulait pas parler.


-Allons, ne faites votre timide, mam’zelle. Vous n’aviez jamais vu un agent du CP9 auparavant ou quoi ?

……

Ah, oui, c’est vrai, vous êtes une nouvelle…. Du coup j’suis ptet vraiment le premier CP9 que vous croisez…..Boulette….. Vous inquiétez pas, hein, on est pas aussi monstrueux que les gens le disent. Je ne vous ferrais aucun mal….Enfin, tant que l’on ne m’en donne pas l’ordre.



Une petite bleue…..ça me faisait bizarre d’appeler un agent « bleu »…. Après tout, je n’avais pas rejoins le CP depuis si longtemps que cela……. Néanmoins, j’avais déjà pu vivre un bon paquet d’aventure, et puis, avant de rejoindre le CP, j’avais été entraîné au jeu de la survie….. Ce genre de vécu me donnait le droit de considérer n’importe quel haut gradé comme un néophyte.

Malgré tout, l’agent Han semblait rester de marbre, et vu la façon dont on s’était organisé entre nous, j’allais devoir traîner avec elle jusqu’au déclenchement des opérations, alors autant essayer de détendre l’atmosphère. Dans le pire des cas, je n’aurais qu’à taper la causette avec Anko, elle au moins elle était bavarde.



-Alors, c’est votre première grosse mission ? Vous vous sentez comment ? Pas trop stressée ? Pas trop dégoutée de devoir jouer les ennemis du gouvernement ?
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Je ne m’attendais vraiment pas à croiser un autre membre de la mission à cet endroit. De plus… c’est un CP9… J’aurais préféré au final que ce fut juste un docteur, c’est beaucoup moins dangereux. Ça faisait un moment qu’il parlait, que je l’écoutais à moitié. Je restais sur mes gardes légèrement appeurée, plaquée contre la porte pendant un long moment. Seulement, l’agent en face de moi n’avait aucune intention de m’attaquer. Je m’étais donc calmée un peu et avais arrêté d'agripper la porte.

Il est vrai qu’il est un peu bête d’avoir peur d’un allié, mais c’est une personne qui a cherché des informations sur moi et probablement les autres aussi. J’ai quand même tenté d’être comme lui, amicale, et je lui ai répondu, pleine d'hésitation :


Bonjour!

Je ne sais vraiment pas ce qui m’était passé par la tête pour engager le dialogue avec ça, alors que lui ne l’avait pas fait, mais l’agent Hisachi me regarda, m’encourageant à continuer où je m’étais arrêter.

Eh bien, oui, c’est effectivement ma première grosse mission, du moins au sein du CP. C’est assez étrange de se retrouver dans un mission avec de si grands moyens déployés.

Le CP9 semblait intéréssé et tant mieux. Je poursuivai :

Le fait de se retrouver à la place de révolutionnaire ne me dérange pas trop. C’en est même plutôt amusant… dans un sens. Certes, le spectacle, le fait de jouer un rôle n’est pas tellement mon genre, je ne sais pas vraiment pourquoi on m’a choisi pour cette mission, mais ça me change un peu.

Je reprenais confiance en moi, et prenais confiance en lui. Peut-être peut-il m’aider à trouver quoi faire lors de l’assaut. Assassiner des gens… c’est bien mais si il n’y a plus personne je ne sais pas comment ils feront pour remercier le Gouvernement Mondial lorsqu’il les aura sauver “des révolutionnaires”.

Et vous, que pensez vous de cette mission? Comment pouvons nous réussir notre objectif?
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La petite semblait s’être un peu décoincée, et c’était tant mieux. Elle était intéressée, Elle allait jusqu’à poser des questions et tout, il était donc de mon devoir, en temps qu’ainé dans le métier, de lui faire part de ma… « sagesse ».  J’inclinai la tête sur le coté, faisant mine de chercher une réponse, même si je savais déjà parfaitement ce que j’allais dire. Ce genre de questions, j’avais arrêté de me les poser depuis bien longtemps déjà.


-Ce que je pense de cette mission ? Hummmm….. Je dirais : rien.



J’eu la sensation que ce n’était pas la réponse à laquelle la miss s’attendait, et ça ne me surprenait guère. Après avoir laissé passer quelques secondes de silence, je me remis à parler.


-Enfin, plus exactement : je n’ai pas à trop y penser. Bien sur, j’ai mon avis dessus, comme tout être vivant doué de logique, je me fais ma petite idée évènements auxquels je prends part, mais en temps qu’agent, je n’ai aucun avis sur cette mission. Car, retenez bien ça très chère : si je suis au CP9, c’est parce que justement je ne me pose pas ce genre de question. Ou plutôt, je ne laisse pas ce genre de question m’alourdir l’esprit. On me donne un travail, je l’accomplis, quel qu’il soit, point. Pas besoin de réfléchir plus loin.


Me redressant, je fis quelques pas dans le bureau, attrapant un crayon trainant sur la table au passage et commençant à le faire danser entre mes doigts. Puis, après quelques secondes, je m’installai près d’Anko, et je me mis à gratouiller la tête de cette dernière, pour son plus grand bonheur.


-Concernant le déroulement de la mission, on va tout simplement appliquer le plan que l’on a mis en place sur le bateau avec les autres. On va se faire passer pour des révo, tenter d’attirer un maximum l’attention sur nous, et attendre que nos collègues adorés viennent nous casser la tronche. D’ailleurs, maintenant que l’on est à l’intérieur de l’hôpital, il est temps de mettre en place les dernières installations avant de lancer notre assaut. Et pour ça, j’ai prévu un petit quelque chose qui pourrait nous aider…. Anko ? Crache !


A l’entente de ma demande, mon bien aimé ange à écaille, toujours prête à me rendre service, leva sa tête et ouvrit grand sa gueule, pour finalement recracher après quelques secondes de raclement un sac en toile remplit de petites fioles. Voyant le regard un peu confus de ma collègue, je m’empressai de lui expliquer ce que contenait le sac: des explosifs fait maison. Pour cette mission, on m’avait donné accès à de la poudre à canon et à quelques autres substances « dangereuses » en quantité respectable, de quoi faire de jolis feux dirigeront tous les regards sur nous.


-C’est une pièce que nous nous apprêtons à jouer, alors rien ne nous empêche de rajouter quelques effets spéciaux pour enjoliver le tout, pas, n’est ce pas ? Au passage, agent Han….. Dans votre dossier, il est dit que vous êtes douée pour la discrétion, c’est bien ça ? Alors ceci est une parfaite occasion de mettre à profit vos talents !





Quelques heures plus tard





Mes yeux étaient rivés sur l’horloge accrochée au mur en face de moi. Il ne restait plus que deux minutes avant le début de l’opération. Normalement, tout était prêt : les autres agents étaient tous positionné à différents endroits du bâtiment, attendant juste le signal pour agir. Anko, Eylina et moi, nous avions terminés de mettre en place les derniers détails…. Il ne restait plus qu’à attendre.

Oui, dans deux minutes, chacun allait devoir jouer son rôle à la perfection afin d’assurer le bon déroulement de la mission. Normalement, tout était calculé, et tout devait se passer comme sur des roulettes…. Alors pourquoi est ce que je stressais autant ? Faisant les cent pas dans cette pièce, tournant, retournant, jouant avec tout ce qui pouvait me passer sous la main, incapable de grignoter quoi que ce soit, de peur que quelqu’un réussisse à voir sous mon masque…. Même parler avec les membres des personnels de Mairkureau Kröm que j’avais pris en otage n’arrivait plus à me changer les esprits.


Pourtant, au début ça m’amusait de les voir essayer de dire quelque chose malgré leur baillons, gigotant et se débattant désespérément. Mais non, ça ne réussissait plus à m’occuper. Ils étaient tous les cinq la, sur le sol, incapable de bouger, en train de me regarder marcher comme un lion en cage comme une vache des mers regarde passer le train de Water Seven.

Anko tentait de me rassurer comme elle le pouvait, mais rien n’y faisait, je stressais malgré tout. Qu’était-ce donc ? Le trac ? Peut être, peut être bien, après tout, ne pas bien jouer son rôle dans cette sombre mascarade pouvait avoir des conséquences assez mortelles. Brrrr, le simple fait d’y penser me donnait des frissons.

Mais ça n’était pas la première fois que j’allais jouer la comédie ou baratiner pour ma survie…. Alors pourquoi ? Pourquoi j’étais habité par cet étrange sentiment…. ?
Tout était parti pour bien se passer justement….

…..Oui, la mission semblait bien partie pour se dérouler sans problème….. Et c’était ça qui me stressait. Tout était trop parfait, trop idéal. Hors, si le temps m’avait bien apprit une chose, c’est que Dame Fortune ne laissait JAMAIS les choses se dérouler sans encombre.




TING




Le petit tintement de l’horloge me tira de mes pensées. L’heure était arrivée, la mission allait commencer. J’inspirai un bon coup, et je tentai de me débarrasser de toutes ces ondes négatives : il n’était plus l’heure de dramatiser ou d’anticiper le pire. La pièce allait commencer, alors, comme un bon acteur, je devais me débarrasser de ma peau habituelle, oublier tous mes soucis, et uniquement me concentrer sur mon rôle.





BOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOUM




Le signal était lancé, la première charge d’explosif qu’Eylina avait placé dans l’un des étages supérieurs avait été activée. Désormais, toute l’activité de l’hôpital avait du s’arrêter l’espace de quelques secondes pour se demander d’où venait cet énorme bruit. Et donc, l’attention de tout le monde pouvait être rapidement redirigée sur moi.

Saisissant l’escargophone que me tenait Anko, je me mis à parler dedans, ma voix résonant à travers tous les escargophones haut parleur qui était positionné un peu partout dans l’hôpital.



-Mesdames et messieurs, écoutez moi un peu. Le bon vieil Omadaire, a une petite annonce à faire : LE CONTROLE DE CET HOPITAL NOUS PRENNONS, AU NOM DE LA REVOLUTION !!!



Eeeeeeeeeeeeet….. Action !
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-Ah, c'est rigolo, ça, remarqua Dogaku. Le Docteur Omadaire? Quand vous l'écrivez, ça fait drom...
-Je ne pense pas que quiconque ait besoin d'une explication, l'interrompit un sous-officier.
-Eehr. Correct. 'Temps pour moi.
-Ce qu'il faut savoir, reprit une autre, c'est pourquoi il fait ça. Et quelles sont ses revendications.
-Et ça, on n'en a pas la moindre idée. Non?
-Boah, si on y réfléchit bien..., commença Dogaku. C'est un docteur, et il veut prendre le contrôle d'un hôpital. Un hôpital du gouvernement mondial, très spécifiquement, hein. Qui a donc probablement de gros moyens à disposition. À moins qu'ils ne soient radins, mais je ne pense pas que ça soit le cas. Sinon, ils auraient accepté de récupérer un vieux bâtiment, plutôt que d'en construire un neuf. Ouais, j’me suis fait un poil renseigner. Donc, va pour retenir l'hypothèse comme quoi ils ont effectivement du matos de qualité, peut être même de pointe. Si c'est le cas, ça a sûrement du intéresser Monsieur Chameau. Or, il a parlé de prendre le contrôle de ces installations au nom de sa révolution.

C’était à bord du Tarmac, dans l’une des quelques salles de réunion que comportait le navire. L’équipage avait été chargé de faire la navette pour livrer des fournitures médicales à Merkureau Kröm. A l’approche de la cote, pourtant, ils parvinrent à capter un étrange message, qui relayait succinctement le discours de l’épisode précédent. C’étaient quelques membres du personnel militaire de l’hôpital qui s’étaient empressés d’appeler à l’aide, sans toutefois pouvoir réussir à contacter qui que ce soit sur l’île, et encore moins dans l’archipel. Seul le Tarmac avait répondu.

Ces hommes ne savaient pas grand chose, et devaient les recontacter une fois les premiers éléments rassemblés.

A bord, on était en attente depuis une demi-heure. Depuis, plus rien.

Ca n’était pas tout. En plus d’être les seuls à le recevoir, ils n’avaient capté le message que très tardivement, et ce dernier était de piètre qualité. Tout portait à croire que les communications dans la zone étaient entravées par un brouilleur, et que ce dernier se trouvait au sein même de l’hôpital. Plus on s’en éloignait, plus le signal était difficile à retranscrire.

-Ce qui nous amène donc à... allez, réfléchissez, continua Dogaku. Un docteur. Des installations dernier cri. Une révolution. Dans le jargon médical, révolution est synonyme de progrès, d'avancée. ‘Devriez faire des mots croisés pendant vos temps morts, ça aide à faire le...
-...
-Bref. Tout porte à croire que nous avons affaire à un savant fou, et qu'il a simplement pété les plombs en se retrouvant comme un môme dans une usine à bonbons. Vu l’environnement et le matos qu’il y a.

La Révolution ? Ici, on ignorait tout de cela.

Le Royaume d'XXXX était un ensemble d'îles localisé dans la frange septentrionale de North Blue. À proximité de Calm Belt, et loin de tous les grands chenaux commerciaux. Ici, le gouvernement mondial n'était qu'un vague organe international aux contours assez flous pour la majorité des habitants. Ici, on vivait assez bien pour se satisfaire amplement de l'autarcie, et on ne se souciait guère de ce qui se passait au delà des pays voisins. Ici, le mouvement contestataire de Freeman était aussi bien ignoré du grand public que de la vaste majorité des institutions. Quant aux rares organisations chargées de se soucier de ce genre de choses, elles n'y avaient jamais prêté qu'une oreille à moitié endormie. Et personne à bord du Tarmac n'avait la moindre idée de ce que cela pouvait signifier.

En conséquence, l'explication du capitaine ne fut pas trop mal accueillie. Les projections du jeune militaire étaient bien souvent difficiles à admettre, mais rarement loin de la vérité. On lui accordait généralement beaucoup de crédit, depuis le temps. Mais de là à dire qu'on le prenait au mot, il y avait tout un monde à retenir.

-Et l'explosion?, objecta un lieutenant.
-Facile, indiqua le capitaine.
-...
-Laissez moi deviner, hésita une autre. Puisqu'il est un savant fou, il sait forcément manipuler des explosifs?
-Yup, confirma Dogaku.
-Boah. Comme si nos médecins à nous savaient faire ça.
-En fait, c'est assez facile, intervint l'un des médecins de bord. Les détails varient selon la spécialisation, mais la base...
-Pfff.

Et c'est ainsi que l'on cru d'abord, dans la milice, avoir simplement affaire à un forcené en puissance. En conséquence, l'ordre de priorité retenu fut légèrement inversé. Les militaires estimèrent qu'il serait très facile de maîtriser le Docteur Omadaire. La véritable difficulté serait d'y parvenir sans compromettre la situation des otages.

-Comme c'est un psychopathe, ça serait triste qu'il soit pas mentalement instable. Et vaut mieux pas qu'il fasse un carton. Du coup, euh... des idées sur comment procéder?

Les gradés se perdirent en conjonctures, et dressèrent quelques plans sur la comète. Ils n’avaient que ça à faire, ils n’étaient pas encore arrivés. Tout l’équipage se préparait à intervenir, ça n’était plus qu’une question de quarts d’heures avant qu’ils ne puissent débarquer. Ils savaient tous qu'ils ne pourraient rien deviner. Simplement envisager, et se préparer.

Pourtant, il y avait quand même deux choses qui chiffonnaient Dogaku. Et cette impression était partagée, lui fit comprendre l’un de ses sous-officiers.

-Excusez, mais… j’ai un peu de mal avec cette version. S'il était vraiment en train d'agir comme un dingue, pourquoi les communications auraient été brouillées? Ca n'est absolument pas le genre de choses auxquelles on pense normalement quand on vous parle d'un hôpital. À moins qu'on vous apprenne aussi à jouer aux agents secrets, dans les académies de médecines?
-Tsss, siffla l’officier médical.
-Yep, concéda Dogaku. Y'a aussi le fait que comme c'est un hôpital militaire, non seulement y'a de la sécurité, mais en plus elle est renforcée. Alors si notre bonhomme a pu prendre des otages, okay. Mais pour les soldats sur place? D'ailleurs, c'est des bonshommes à nous ou bien des internationaux?

La discussion continuait. Plus qu’une demi-heure avant d’arriver. Il leur faudrait un peu de temps pour se déployer, et ils ne savaient même pas quelle serait la meilleure approche à adopter.

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    Je n'avais aucun moyen de savoir ce qui se passait sur l'île d'XXXXX. La petite dizaine d'agents qui était partie depuis déjà plusieurs heures avait eu des consignes claires, mais je me doutais bien qu'il ne serait pas facile de les appliquer à la lettre. Ça se saurait, si la vie vous aidait. Et s'il y avait bien une chose qui caractérisait les Bureaux, c'était la capacité de leurs membres à s'adapter. Je devais leur faire confiance pour respecter l'esprit, si ce n'était la lettre. A l'heure H, ils commenceraient à jouer aux révos. Et à l'heure H+2, mon groupe entrerait en scène. C'était dans l'ordre des choses.
    Encore une fois, je me maudissais d'avoir à jouer un tel rôle. La révolutionnaire en moi agonisait à chaque seconde qui passait. Encore une victime de l'avidité gouvernementale. Pourquoi, mais pourquoi, s'acharner ainsi sur XXXXX ? Je ne comprenais pas. Il n'y avait aucune raison économique ou politique. L'île n'offrait aucun avantage, et ne s'opposait en rien à la toute puissance GM. La révolution ignorait totalement l'existence de ce coin perdu, où il aurait fait bon se cacher. Et cette pensée tournait en boucle, puisque je n'avais pas mieux à faire. L'attente, l'ennemi mortelle de toute personne paranoïaque qui se respecte.
    Enfin...

    Notre bâtiment, frappé aux couleurs du gouvernement et du CP, entama un virage pour déboucher sur la baie où nous devions débarquer. Et quelle ne fut pas notre surprise d'y trouver un navire local. Local et officiel. Ça aurait été une barque de pêcheurs, nous aurions pu les faire chavirer, et ni vu ni connu. Sauf que jamais je n'autoriserai un tel massacre d'innocents. Pas plus que je me résoudrais à ordonner de tirer discrètement sur ce bateau. Après tout, les ondes étaient brouillées, non ? S'il n'y avait aucun survivant, nous pourrions rajouter ce crime sur le dos des « révolutionnaires ». Mais je ne pouvais pas.
    - « Euh, on fait quoi, là ? » m'interpella Bob, un agent du cinquième bureau. Ouais, bonne question. Difficile désormais de dire « on a capté un message d'appel au secours », puisque ce... Tarmac – sans blague, qui avait nommé ce bâtiment ? Il avait pioché les lettres aux hasard au scrabble ou quoi ? - se trouvait là. Et impossible de faire machine arrière, vu comment on venait de croiser le cap.
    - « Mettez-nous en relation. » Le brouilleur ne devrait pas empêcher les courtes ondes. Au pire des cas, une navette serait mise à l'eau, pour amener les chers autochtones sur place. Mhmmm, ça serait peut-être mieux que ça fut nous qui venions à eux. On ne savait jamais ce qu'ils pourraient voir ou entendre ici. « Tarmac ? Ici le bâtiment le Tomahawk du Gouvernement Mondial. Nous sommes en opération à la poursuite de dangereux criminels. Nous vous demandons votre entière collaboration jusqu'à nouvel ordre. Je suis l'agent Raven-Cooper et je serai bientôt à vos côtés pour coordonner les forces.  »
    Et je raccrochai. Le Gouvernement ne prenait jamais de pinces avec quiconque et encore moins quand la sûreté des peuples était en jeu. De plus, je jouais le rôle de la chef d'équipe aux trousses d'un commando révolutionnaire prêt à tout, donc je devais montrer toute ma détermination. Je n'étais pas là « par hasard ». Le hasard, c'était le choix de retraite des révos – mais quelle idée d'avoir fui par ici, hein, je vous le demande. Du coup, cette prise d'assaut de l’hôpital d'un trou paumé pouvait passer pour un acte désespéré.

    Peut-être une demi-heure plus tard, je mettais pied sur la passerelle du Tarmac, avec des intérêts conflictuels en tête. D'un côté, ça m'agaçait considérablement d'avoir à traiter avec ces gens là. Certes, comme tout bon agent CP – et j'en étais une bonne, vu que j'étais devenue chef d'équipe – j'étais adaptable. Adaptable avec un don pour le mensonge voire la manipulation. Après, je me disais que je pouvais peut-être enrayer la mission en blâmant l'intervention des forces locales. D'un autre côté, je ne pouvais m'empêcher de savoir que tout échec n'était que partie remise, et cette fois, sans moi pour faire tampon entre les desiderata du GM et la protection des locaux. Alors, le choix était facile.

    Après les présentations d'usage, j'allai droit au but :
    - « Quelle est la situation ? Mes hommes sont prêts à intervenir, face à des criminels qui sont considérés comme extrêmement dangereux. Eux seuls sont compétents pour faire face à cette bande armée et prête à toute. Bien entendu, nous ferons notre possible pour protéger les civils et les habitants. Avez-vous des cartes ? Quelque chose d'utile ? »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mer 1 Oct 2014 - 17:48, édité 1 fois
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Un peu avant...

Le premier message des gouvernementaux n’avait pas été reçu de première main par les officiers miliciens. Les opérateurs des communications avaient retranscrit le message sur papier, puis envoyé plusieurs exemplaires aux principaux intéressés. Dans la salle de réunion, la nouvelle avait fait grand bruit. Tous voyaient ces étrangers comme des sources d’informations particulièrement utiles, mais certains avaient quelques retenues quant à leur arrivée.

Le capitaine, lui, avait surtout quelques ennuis. C’était la première fois qu’il devrait composer avec des extérieurs, et il ne savait pas vraiment comment faire.

Trois minutes plus tard, il s’installa tranquillement dans son bureau, accompagné de sa principale conseillère en la matière. Ils avaient relu le message en boucle, plusieurs fois, depuis que Dogaku avait interrompu la réunion pour consulter tranquillement sa spécialiste.

-« Dangereux criminels ? », s’étonna la commissaire. Je croyais que nous avions affaire à un…
-... un savant fou, glissa Dogaku, souriant à moitié.
-Un forcené, corrigea-t-elle. Ca ne peut décemment pas être un scientifique fou.
-Bien sûr que si ! Si c’est un savant fou de haut vol, il a for-cé-ment des trucs incroyables dans sa sacoche, qui justifieraient qu’une organisation internationale balance toute une force de frappe juste pour l’éliminer.
-Capitaine…
-Imaginez qu’il soit venu chercher de quoi achever un dangereux virus pro évolutionnaire qui risque de transformer tout le monde en zombis encéphalophages…
-Encépha… ?
-… ou que cet hôpital contienne un exemplaire de machine high-tech qui lui permettrait de faire revivre sa bien-aimée façon Frankenstein… ça serait pas trop la classe ?
-Capitaine.
-Mmmh ?
-Vous ne m’avez pas faite venir simplement pour me faire enrager avec des histoires à dormir debout, n’est-ce pas ?
-…
-…
-…
-…

Mauvaise approche. La commissaire Haylor lui asséna son plus noir regard, celui-là même qui effrayait les fauves, tyrannisait ses sous-fifres, et faisait pleurer les petits enfants. Mais depuis le temps, lui avait l’habitude.

-Boh… c’est une question que je dois absolument répondre, ou bien… ?
-…, répliqua-t-elle d’un léger dilatement de pupille, courroucée.
-Ben j’dois bien avouer qu’une fois de temps en temps, c’est plutôt rigolo de vous…
-…, l’interrompit finalement la jeune femme, en dosant davantage ses ondes négatives.
-Rhooo. Bon. Plus sérieusement… le gros truc pour lequel je vous ai fait venir, c’est ça. Z’en dîtes quoi, vous ?

Au travers du hublot, il pointa du doigt le navire du gouvernement mondial. Ce pavillon là, il ne l’avait pas vu depuis quelques années. Et jamais chez lui.

-Qu’est ce qui vous tracasse ?, s’enquit-elle.
-Ben chais pas. On a un navire plein de soldats étrangers qui veut débarquer pour casser du méchant. Dans l’absolu, ça m’a l’air un poil beaucoup pour ça vu ce qu’on est déjà, mais ‘sûr, ça m’va. Par contre, je sais pas comment ça se passe. Juridiquement, ils ont le droit, et j’ai le droit, ou bien ? Chuis sûr que y’a une histoire de souveraineté nationale là-dedans, blablabla et tout et tout, mais j’y connais rien et… c’est votre domaine.

La jeune femme ne répondit pas. Oui, en effet, c’était à elle de savoir ce genre de choses. Non, elle n’en avait pas la moindre idée en l’occurrence. Elle devinait que la question s’était déjà forcément posée auparavant, mais n’avait jamais rien entendu à ce sujet. De même, elle doutait fort de pouvoir retrouver quoi que ce soit d’utile dans sa jurisprudence.

Et les interrogations de son collègue ne se limitaient pas à ça.

-Pis on sait même pas s’ils sont là pour la même chose que nous. Imaginez qu’en plus d’un psychopathe en blouse blanche, on ait toute une bande de commandos terroristes qui veuillent les semer et se soient retrouvées jusqu’ici à cause d’eux ? Dans le genre sale journée, ça se poserait, là.

Imaginer ? Non, elle n’imaginait pas. Personne n’imaginait ce genre de choses, à part lui.

-Pis en plus, ils se font pas chier. « Entière coopération jusqu’à nouvel ordre ». J’veux bien croire qu’ils aient l’habitude d’être chez eux, mais… on prend nos ordres d’eux, maintenant ? C’est vexant.
-…
-Ouais, c’est pas le bon moment pour vider mon sac avant qu’on soit plongés dans les ennuis, et vous n’avez rien d’une confidente habituée à tenir le bureau des pleurs, mais…
-…
-Okay, j’arrête de geindre comme un môme et on y retourne. Meh. Pas besoin de me regarder comme ça.

Sur ce, Dogaku se leva, et fit mine de quitter le bureau pour s’en retourner en réunion. Le navire gouvernemental en était encore à manœuvrer pour son approche, et ils avaient encore un peu de temps. Et pourtant, la commissaire ne le laissa pas faire trois pas avant de le retenir, l’air désapprobateur.

-Vous n’allez pas les accueillir comme ça, tout de même ?
-Mmmh ?
-Vous savez pertinemment de quoi je parle. Votre tenue.
-J’ai pas envie de porter mon uniforme.
-Il est absolument hors de question que vous vous fassiez l’ambassadeur de tout notre pays en étant habillé en civil. Et encore moins comme ça. Une chemise à fleurs ?
-Mais l’uniforme c’est serré de partout, chiant à porter, et… vous êtes pas ma mère pour me dire comment m’habiller, d’abord.
-Je ne suis pas non plus votre mère pour écouter vos petites contrariétés.

-…
-…
-D’accord, d’accord. Uniforme de capitaine. Tssss.


*
*     *
*



C’était donc un Dogaku presque aussi fringuant que sur son avatar qui se présenta sur le pont du navire, prêt à accueillir la visiteuse d’outre-mer. Un fait suffisamment rare pour le signaler.

Et qui ne changeait pas grand-chose au personnage, peu importe l’inconfort de sa tenue.

-Tiens, c’est marrant, c’est une fille, remarqua-t-il en l’apercevant. Allez savoir pourquoi, Raven-Cooper, j’avais pensé à un grand gars ténébr… ‘ttendez, Cooper c’est son nom de jeune fille, et Raven, le mari ? Ils iraient bien ensemble, en tout cas.
-On s’en cogne ?, lui glissa poliment le sous-officier qui l’accompagnait.
-Mmmh, correct.

Une passerelle fut installée entre les deux navires, et cette femme se présenta jusqu’à eux. Elle n’était accompagnée que de deux personnes, peut être en guise d’escorte : tout ça n’avait rien d’inhabituel. Le capitaine en profita simplement pour jauger l’autre navire, et surtout, estimer dans quelle mesure pourraient aider ces nouveaux venus. Leur navire pouvait transporter moitié moins d’hommes que le Tarmac, soit un peu plus d’une centaine. Pour autant, tout ça lui semblait largement inutile. Il pourrait déjà mettre cent cinquante soldats sur l’affaire si le besoin s’en faisait sentir. Largement assez pour venir à bout d’une bande de criminels, ou d’un savant fou, peu importe le nombre de mort-vivants qu’il aurait à sa disposition.

Raven-Cooper le ramena très vite à la réalité. Après les salutations d’usage, elle alla droit au but. Par pure habitude, Dogaku répondit docilement à ses questions, plutôt que de poser les siennes.

-Euh, ouais, on a des cartes. Pas du bâtiment, par contre. On a balancé nos drones aériens pour survoler la zone, ils seront bientôt dessus. Pour voir ça, c’est dans la salle de réunion, avec tout le monde.

Il l’invita, elle et sa suite, à les rejoindre à l’intérieur de cette salle. Tout en progressant dans les couloirs du navire, il continua sur sa lancée. Les drones aériens.

-Des escargots, résuma-t-il sommairement en sentant bien que ses interlocuteurs ne connaissaient pas. On avait un peu peur, mais ça passe plutôt bien malgré le brouilleur. Probablement parce que c’est des commandos, qui font ça. Restera plus qu’à installer un relais à mi-chemin, et ça sera nickel. Y’a pas grand-chose de particulier de ce point de vue-là. Mais en ce qui concerne vos… euh…

En fait, non. Raven-Cooper avait été bien trop directe pour lui. Elle savait de quoi elle parlait. Lui pataugeait dans l’incompréhension depuis près d’une heure.

-D’ailleurs c’est plutôt costaud, aujourd’hui. Je sais pas pour quoi vous êtes là, mais j’ai déjà un prob’ sur le dos. Un savant fou. Probablement. Dromadaire, en tout cas. Dans un hôpital. Votre, hôpital, d’ailleurs. Le gouvernement mondial. Du coup, vos dangereux criminels, ils ont quoi à voir là-dedans, exactement ?




Spoiler:


Spoiler:
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    Ah, les péquenauds. C'était presque rafraîchissant, cette innocence candide. Comme s'ils n'avaient jamais vu le grand méchant loup. Non, comme si le grand méchant loup resterait indéfiniment un personnage de conte de fée. Ce qui voulait précisément dire qu'on croyait aux fées, à la magie et à la fin «  heureux pour toujours ».
    Ça aurait été rafraîchissant si ce n'avait pas été aussi pathétique. L'envie de prendre ce Dogaku par les épaules et de le secouer jusqu'à aligner ce qui lui restait de neurones non assignés aux arc-en-ciel et aux petits lapins sur la réalité et la cruauté du monde, m'étreignait avec une force surprenante. Quelque part, ce genre d'attitude me poussait à comprendre l'attitude du Gouvernement à mettre son nez partout et à décider à la place d'autrui. Pensée qui était assez dérangeante, à vrai dire.
    En tant que révolutionnaire, je n'étais pas une anarchiste. Je croyais à un ordre qui devait soutenir les initiatives privées. Mais pas à un ordre qui chapeautait, qui avait la main mise sur tout toujours, agissant de façon proactive sans gouvernance par le peuple, pour le peuple. Contrairement à beaucoup de mes collègues, CP ou révolutionnaire, je croyais sincèrement que les Bureaux n'étaient pas un mal nécessaire, mais un outil utile, et j'étais souvent plutôt fière de mon engagement. Ce n'était pas parce que le toit et la déco étaient pourris qu'il fallait démolir la demeure.

    Bref. A l'heure actuelle, il fallait détruire une ville. Un gouvernement. C'était presque plus jouissif. Oui, j'avais des nerfs à passer, et XXXXX allait en payer le prix. D'autant plus que je n'arrivais pas à me décider si c'était une bonne ou mauvaise chose pour ce bout de royaume. Raven avait raison : nous ne pouvions pas aller sur tous les fronts. Un jour ou l'autre, le GM aurait fini par tourner son regard sur ce fond de placard, et XXXXX serait passé à la trappe. Ce jour, c'était aujourd'hui, et c'était avec moi. Autant prendre le plaisir qu'il m'était offert.
    Ce n'était pas comme si j'étais un petit ange, à la base. Contrairement au GM ou à la population xxxxxième, j'étais totalement sincère avec moi-même. Je me connaissais sur le bout des doigts.

    - « Capitaine Dogaku, laissez-moi résumer la situation. Vous n'avez pas à faire à un savant fou. Les hommes et les femmes qui ont attaqué l'hôpital sont des membres d'une unité révolutionnaire extrêmement dangereuse. Nous les traquons depuis déjà un bon bout de temps. Quand je vous dis qu'ils sont près à tout, ce n'est pas une figure de style. »
    Mais qu'est-ce que Enzo et ses acolytes avaient fabriqué ? Savant fou ? Certes, ils semblaient avoir l'imagination fertile, les xxxxxiens. Et Enzo avait un comportement que personne de normal appellerait justement normal. Mélangez le tout, et vous obtenez un savant fou. A l'intérieur de moi, j'étais morte de rire et j'avais des envies de pop-corn. Bien salés, bien beurrés, bien dégueux.

    - « Et vous allez nous laisser le champ libre. La souveraineté nationale ne s'applique pas dans le cas présent. L’hôpital est une propriété du Gouvernement, et la menace est clairement dirigée vers le Gouvernement. S'ils sont venus ici, c'est qu'ils n'avaient plus d'autres endroits où fuir... mais surtout parce qu'il y avait une enclave GM ici. Donc, je ne veux pas impliquer votre population plus encore. Vous comprenez, j'espère, que nous voulons limiter les possibles pertes et dommages collatéraux.
    Mais je ne veux pas non plus négliger nos responsabilités et puisque vous êtes là, autant coordonner nos actions. Puisque que vous avez des drones de reconnaissance et que vous connaissez le terrain, je pense que la décision stratégique serait pour vous d'être responsable de l'évacuation et de la mise en sécurité des lieux. Et l'assaut serait porté par mes troupes, parce que nous pourrons ainsi assumer la responsabilité de ce qui se passe entre les murs. »

    Quelque part, j'espérais qu'il allait protester, et que j'allais devoir, au nom de la sacro-sainte règle de la gouvernance nationale – et ce en dépit de mon discours qui était absolument réglementaire, mais nullement diplomatique – l'autoriser à débarquer et participer à l'assaut, parce qu'ainsi, je pourrais reverser toute erreur sur le dos de la présence de civils, fussent-ils militairement civils. Héhé, j'étais absolument horrible, parfois.

    - « Si vous n'avez pas d'autres questions... je vais faire la navette auprès de mes hommes et nous débarquerons d'ici quinze minutes. Voulez-vous vous joindre à moi dans la cabine de crise ? Ou préférez-vous que le QG soit transféré ici ? Puisque vous y avez le contrôle des commandos ? »
    Shaïness et l'art de totalement ignorer ce que les autres ont dit l'instant d'avant. J'étais horrible, et je m'aimais comme ça.

    [HRP : bon, histoire de rendre les choses claires et ordonnées, une bonne fois pour toutes :
    Ordre de poste : Sigurd, Shaïness (nous avons déjà joué pour ce « round »), Cesare, Enzo et Eylina (ou Eylina puis Enzo).
    Celui/celle qui ne peut pas poster prévient sur le topic ici. Au bout de 3 jours sans message, le tour saute et la prochaine personne poste directement sans se poser de questions. Merci d'être réactifs!]
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    Il en avait bégayé, le bougre. Tenté d'argumenter, mais voilà, déjà qu'en temps ordinaire, je n'étais pas forcément bien empathique, mais là, j'étais passée en mode tête de mule. Je lui souris, hochant la tête avec un « mais oui, mais oui » silencieux, puis j'effaçai tout son joli discours, aussi crédible et argumenté fût-il – et il fût - d'une petite tape réconfortante sur le bras. Je lui aurai ébouriffé les cheveux que cela n'aurait pas été moins dédaigneux. Presque un « siffle, beau merle, parle à mon arrière-train », mais fallait-il encore prêter attention au merle pour ainsi le narguer. Là, je le renvoyai au bac à sable.

    Avec toute l'efficacité qu'on connaissait aux Bureaux, surtout quand ils sont tyrannisés par une femme à hauts talons, le Tarmac fut investi en quelques minutes au bout desquelles j'étais dans le poste de commandement, Capitaine Dogaku à mes côtés, pendant que je contemplais, pour la première fois, la bâtisse qu'était l'hôpital  Mairkureau Kröm, siégeant sur les ruines de ce qui avait été un manoir local, mais reconstruit le front audacieux. Le front audacieux venait ceci dit de se prendre une bosse, avec un pan de mur de l'aile gauche qui s'était écroulé sur le proche d'entrée. Les drones volants nous envoyaient des images suffisamment claires pour qu'on puisse discerner sans problème la plaie béante à ce noble édifice, tandis qu'une fumée noire drapait les environs, telle la queue d'un paon qui s'ouvrait en un arc, mais en beaucoup plus funeste. Voilà donc ce que les CP avaient fabriqué en guise d'attentat révolutionnaire. Ma foi, pourquoi pas ? Ils auraient pu être plus précautionneux des biens du Gouvernement grinçais-je intérieurement. C'était les impôts des peuples qui avaient payé les rénovations de ce sanatorium. D'un autre côté, cela expliquerait pourquoi, plus tard, nos combats seraient aussi ravageurs. Que voulez-vous, face à des forcenés...
    A travers la fumée les den-den ne purent montrer quoi que ce fut qui ressemblait à un brouilleur, et cela me soulagea. Il ne manquerait plus que Dogaku et ses hommes, pris dans un élan d'intelligence alimenté par l'envie de bien faire, se défissent de cet utile petit instrument trop vite.

    - « Bon... Les images parlent d'elles-même, je pense. Capitaine, nous allons débarquer au pied de l'hôpital. Vos troupes passeront par la porte principale pour récupérer le maximum de civils et de blessés. Pas d'initiatives idiotes, je vous prie. Non seulement ça vous mettrait en danger, mais en plus ça nous empêcherait d'agir. Car, bien entendu, nous allons nous porter immédiatement au contact des individus. »
    - « Une approche plus discrète serait plus logique, non ? »
    - « Nous sommes CP. Nous sommes de nature discrète.  »
    - « Sûrement. Mais je voulais dire, nous. Pourquoi nous faire passer droit devant ? L'hôpital a forcément des issues de secours ou des portes de service. » Je notai avec un certain plaisir que déjà, nul ne contestait le fait que les forces locales n’intervinssent pas dans le conflit. Peut-être que les images de cette explosion dont la force égalait la gratuité avait refroidi quelques ardeurs martiales.
    - « Les révolutionnaires ne sont pas idiots. Ils s'attendent à une réaction. Si rien ne se passe, si votre approche est trop discrète, ils se méfieront. »
    - « Mais nous serons en plein ligne de mire, dans ce cas. » Une pluie de cadeaux pour le milicien du coin. J'eus un sourire torve, bien glauque, et je ne m'en cachai pas.
    - « Certes. Mais n'ayez crainte. Nous, mon équipe et moi, serons sur eux avant qu'ils n'aient réellement agi. Le Gouvernement prend soin de ses alliés. » Ou plutôt, voilà comment le Gouvernement prend soin de ses alliés. Dogaku ne me semblait pas particulièrement débile, mais pas forcément aussi brillant que moi. Il arriva à cette conclusion avec un peu de retard ; je vis son front se creuser, et ses yeux lentement s'allumer d'en dedans d'une lueur de compréhension méfiante.
    - « J-- »
    - « Ne vous inquiétez pas. Vous et moi allons pouvoir régler tout cela rapidement et en limitant les pertes. » Enfin, les vôtres. « Il ne faut pas douter de nos capacités, cher Capitaine. » Je le laissai digérer la menace subtile, puisque que je quittai la passerelle de commandement sans un regard en arrière.
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    Les distances, c'est souvent trompeurs. Surtout avec des collines et des pentes. On se dit toujours que c'est proche, que dans une heure, on en aura fini avec la traversée de la plaine s'étalant entre deux rondeurs du paysage et le soir venant, on se retrouvait encore à patauger dans les herbes noueuses. En l'occurrence, il n'y avait qu'une seule hauteur, celle depuis laquelle trônait le lieu du crime, et nous étions sur le sable. Mais là cela n'enlevait rien au fait que j'avais des difficultés à évaluer combien de temps il faudrait aux gardes côtes de XXXXX de gravir tout cela, tout en gardant à l'esprit que mon équipe prenant la voie des airs, nous allions devoir nous adapter.
    - « Vous ne venez pas avec nous ? » me demanda la  lieutenante Gurgenidze, en charge des troupes locales fraîchement débarquées.
    - « Nous sommes plus rapides que vous. Nous partirons plus tard. »
    Contrairement à son supérieur, celle-ci n'avait pas forcément des problèmes étiques à me considérer comme une langue de pute. Fallait dire qu'elle n'avait pas tort. Je la vis étrécir les yeux, calculer les réponses et le degré d'affront que je pouvais y voir, sans oublier la tangente de l'aide que nous apportons à la situation présente. Si le roi de XXXXX devait expliquer au Gouvernement que ses soldats avaient repoussé l'aide CP alors même que cela voulait dire la destruction d'un hôpital, gouvernemental qui plus était... je ne donnerais pas chère de sa petite tête galonnée. La moindre plainte, le plus petit reproche ou commentaire insidieux, et c'était pour elle, la mort du petit cheval.
    - « Vous pourriez au moins faire semblant. »
    - « Nous pourrions. » Mais nous ne le faisions pas. Pour diverses raisons, l'officieuse étant un complot pour renverser ton gouvernement, l'officielle étant que j'étais d'humeur très... gouvernementale. « Il y a des tas de choses que vous ne connaissez pas du dossier. Je prends mes décisions en fonction de tant d'éléments qui vous échappent, mais croyez bien que je fais au mieux. Et le mieux, c'est de ne pas être vus, ou de prendre le risque d'être vu. » Et là, j'étais sincère. Je faisais au mieux. Il fallait aussi que je ménageasse la susceptibilité locale. Le Gouvernement n'apprécierait pas si je mettais les locaux en rogne avec une attitude trop altière.
    - « Je ne vous fais pas confiance. »
    - « Et c'est pour ça que vous êtes lieutenante. Vous avez raison, c'est une très mauvaise idée de faire confiance à des CP. » Tous les hommes et les femmes en noirs derrière moi eurent un ricanement entendu. Nous adorions jouer les épouvantails en cape de héros.
    Gurgenidze se contenta d'un énième regard noir et d'un « pfff » digne du plus chat des chats, le dos rond, le poil hérissé.
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    En dû temps, nous nous envolâmes. Le soru et le geppo nous étaient des gestes aussi familiers que le brossage de dents – et pour certains, plus encore. Nous étions tels des oiseaux noirs s'élevant dans les airs, disparaissant parfois, porteurs de la mort. Souvent, on nous comparait à des corbeaux ou des vautours, mais je trouvais ça particulièrement mal trouvé. Nous n'étions pas des charognards, nous étions les oiseaux de proie qui fondaient sur notre cible. Certes, nous vivions de la misère humaine. Si tout n'était que monde d'arc-en-ciels et de bonheur infini, les espions seraient race éteinte et même fossilisée. Nous étions oiseaux de proie, comme des milans noirs. Peut-être devrais-je prendre ce nom de code ; en ma qualité de chef d'équipe, je pouvais choisir l’appellation donnée à l'unité que je dirigeais. L'administration, je l'avais compris, était tel un grand enfant, et donc friande de   pseudonymes aussi cousus de fils blancs que nécessaires. Le culte du mystère se mariait assez mal avec les lieux-communs.

    Dès que cela fut possible, mes collègues abattirent quelques drones à coups de lames de vent bien placées. Ne maîtrisant cette technique que depuis peu, je n'avais pas voulu prendre le risque de mettre main à la pâte, au risque d'étaler aux yeux de tous un échec pitoyable. Et oui, j'étais chef. Ils étaient là pour faire ce que moi, j'avais décidé. Mais, et quel heureux hasard pour mes subordonnés, je n'étais pas n'importe quel chef. J'étais une cheffe révolutionnaire.
    Pour moi, la révolution n'était pas que coups d'éclats, prises d'assaut de bastions inexpugnables et explosions en tous genres. Au contraire. Je prônais la révolution douce, de l'amour et non de la violence. Changer les mœurs, se montrer soi-même irréprochable, devenir le portrait vivant de ce à quoi on aspirait que la société devinsse.
    Aussi, il était hors de question pour moi de me montrer suffisante – et pourtant, la suffisance m'allait tellement bien ! - et de déléguer les basses œuvres tout en restant à l'abri derrière son bureau. Cette attitude m'avait exaspérée lorsque j'étais jeune recrue. Quitte à passer pour une excentrique – ou d'autres noms d'oiseaux bien plus persiflants – j'allais briser le cycle. Que n'importait de n'être que l'unique parmi tant d'autres ? Au moins mourrai-je avec la conscience tranquille. Mais j'avais l'espoir ancré en moi, qu'il suffisait de montrer pour être imité. Si je n'avais pas cette foi profonde en l'Humanité capable de renoncer à la facilité des mauvaises actions si on lui montrait ses errements ainsi que la route plus dure mais méritante à suivre, je ne serais pas là. Si j'étais persuadée que mes efforts étaient vains, cela ferait longtemps que je me serais forgée un petit paradis loin de tout, à l'instar de certains pirates. Voilà bien la différence entre ces êtres misérables et les révolutionnaires. Aussi gentils fussent-ils, comme Luffy and co l'avaient été de leur vivants, les pirates restaient inexorablement d'égoïstes lâches, qui n'agissaient que par opportunité ou par rencontres fortuites. Si le Chapeau de Paille n'avait pas croisé la Princesse Vivi, aurait-il de lui-même chercher la confrontation avec Crocodile et ainsi mené les Baroques à leur pertes ? Non, je ne le pensais franchement pas. Il aurait continué, sourire aux lèvres, heureux de son petit bonheur. Entre être empathique, comme il l'était, et convaincues comme nous l'étions, il y avait tout un monde de différence.
    Quelque part, les révolutionnaires étaient pour moi ce que les Bureaux et la Marine avaient échoué à être.

    Le vent tumultueux chassa les volatiles de reconnaissance. Libre à Dogaku de chercher et de trouver une explication à leurs mouvements agités. Si je ne m'étais pas trompée sur son compte, jamais il ne gobera le concept de vents maritimes changeants. Bien sûr, il nous soupçonnera. Bien sûr, il se méfiera à l'avenir des CP et par extension, du gouvernement. Bien sûr, il s'engagerait dans une mouvance que beaucoup d’intransigeants à Marie-Joie qualifieraient avec une exultation hargneuse frôlant l'hystérie de révolutionnaire. Qui a dit que ce n'était pas ce que je cherchais à faire ? J'avais besoin de pouvoir agir sans être filmée, et j'avais besoin de planter une petite graine. Personne n'avait jamais prouvé que les deux étaient incompatibles.

    Plus loin, sous nos pieds, les gardes-côtes progressaient rapidement. Sans être au niveau d'exigence de la Marine, ils n'étaient pas mauvais. Cela ne changerait pas grand chose.
    - « Bon, nous allons prendre les « révolutionnaires » par l'arrière. Hardings, Escobar, vous vous chargez de l'équipe de devant. Rejoignez-les vite, faites leur un point sur la situation : laissez-les canarder un peu les civils... » car tout 'uniformés' qu'ils étaient, ils restaient à nos yeux, des autochtones non militarisés.   ...« puis faites en sorte qu'ils vous voient en train de mettre à terre les terribles agresseurs . Puis vous restez avec eux pour guider leur évacuation. Qu'ils ne viennent pas voir ce qu'ils n'ont pas à voir. En cas de doute, vous m’assommez tout ce beau monde et vous blâmez une bombe soporifique. Quant à vous autres... ne faites pas preuve de trop de célérité. »
    Tous acquiescèrent. Pas la peine de répéter encore une fois le plan, mais ils savaient que je devais faire des recommandations de dernière minute. J'étais peut-être encore une chef devant faire ses preuves ; eux étaient des guerriers accomplis. Pour un peu, c'était eux qui me chaperonneraient.

    Nous fendîmes les airs. Je me choisis une fenêtre au troisième étage pour y faire une entrée fracassante, arrivant avec un style très spectaculaire, avec des débris volant tout autour de moi.
    CLAP CLAP CLAP !
    - « Joli, Chef ! Faites attention, il reste encore un gros bout qui dépasse.  »

    - « Ledfet, moins de blabla et laissez-moi vous botter le cul. »
    - « Si vous pouvez, chef. »
    Et sans attendre, il bondit sur moi, poing fermé en ce que je savais être une frappe capable de briser un mur épais de plusieurs mètres. Si je m'étais prise ce coup, j'étais sonnée pour le reste de la journée. Il n'y allait pas à moitié et comptait vraiment sur ma capacité à esquiver. C'était ambitieux et optimiste de sa part. Était-ce une preuve de sa foi en moi ? Ou encore un test des vieux sur la p'tit chef ? D'un autre côté, si je n'avais pas été capable d'éviter ou d'encaisser, je ne serais pas chef. Parfois, il y a de ces évidences qu'il semble pourtant nécessaire de questionner, pour finir par conclure que les mystères de la vie, ce n'était pas qu'une figure de style.
    Je tournai sur mes talons, pirouettant avec grâce tout en me ramassant sur moi-même. Plus petite, encore plus vive, j'étais le contraire de mon opposant. Pourtant je savais que Ledfet était capable de réflexes surprenants pour un type de son gabarit. Ce fut pourquoi je n'hésitai pas à balancer toutes mes forces, magnifiés par une impulsion d'air, en plein dans l'estomac. Je m'étais préparée mentalement à avoir mal : mes doigts contre ses abdominaux, j'avais déjà tenté, et je n'avais pas aimé. Mais là ! La sensation de m'être auto-écrasée la main contre du granit !
    - « On avait dit pas de pouvoirs CP ! » sifflai-je en me retenant d'agiter ma main comme une gamine. Au contraire, je canalisai ma douleur pour porter une nouvelle attaque dans son épaule, qu'il bloqua facilement. Je pris alors appui son poing ainsi logé dans sa paume pour virevolter dans les airs, et atterrir sur ses épaules.
    - « Je ne vois pas de quoi vous parlez, chef ! » me nargua-t-il en sautant sans perdre une seconde, de telle sorte que je fus littéralement encastrée dans le plafond.
    - « Kof, kof... c'était pas du tekkai, ça, peut-être ? » répliquai-je avec un coup porté par le biais de la main sur son oreille. Je touchai juste et Ledfet recula en secouant la tête, du sang coulant le long de son cou.
    - « J'suis CP. Je triche tout le temps. »
    - « Tss, ça sera mis dans votre rapport. »
    - « Si vous aviez lu mes autres rapports, vous l'auriez su. »
    - « Je savais que vous trichiez, mais je ne pensais pas que vous vous abaisseriez à tricher contre moi. » Je tentai de glisser sous sa garde en me demandant pourquoi je m'étais laissée entraînée dans un combat en corps à corps où j'étais clairement désavantagée. Cette pensée m'échappa alors que j'étais plaquée au sol, puis remontée pour être secouée.
    - « Si vous êtes devenue chef, c'est que vous êtes clairement plus forte que moi. J'vois pas pourquoi j'devrais vous faire un cadeau. »
    - « En effet, je suis chef.... et moi, je suis CP. » coassais-je en me redressant, puisque, grand noble, il me laissa le temps de me reprendre.
    - « Ben, moi aussi ? » fit-il stupidement.
    - « Justement non. » Et je lui envoyai un shigan qu'il ne put bloquer. A trop se laisser-aller, il m'avait laissé l'opportunité d'utiliser mes armes CP contre lui, qui n'était pas censé les utiliser. « Bon, vous vous éjectez tout seul par la fenêtre ou par les escaliers, ou je vous aide ? Il est temps de perdre, là. »
    - « OK, chef mais--- »

    Le reste de sa phrase fut noyée dans une explosion retentissante qui fit trembler tout le bâtiment. A notre plus grand horreur, le plafond, déjà mis à mal par ma précédente collision, se fissura... miroitant ainsi les zébrés qui se dessinaient au sol,
    - « Purée, dites-moi qu'il n'y a plus personne en bas. »
    - « … je crois que c'est l'aile des comateux, ici... » fit-il au départ en se grattant la nuque d'un air songeur, avant que nous ne blanchîmes. Tout était en train de s'écrouler et nous avions encore à sauver quelques crétins qui n'avaient pas eu la décence de crever. Ledfet et moi nous précipitâmes vers les escaliers... qui disparurent sous nos yeux. Ce n'était pas un problème pour nous, si ce n'était que cela signifiait que le compte à rebours venait d'entamer ses dernières secondes.

    L'injustice du monde m'avait inspiré d'être révolutionnaire. Sa misère, par contre, me dégoûtait au plus haut point. Je n'avais pas la fibre médicale. Je fuyais les hôpitaux comme la peste, et vous ne me ferez jamais au chevet d'un malade. Je n'avais que mépris pour ceux qui succombaient, trahis par leur propre corps et c'était bien là une de mes terreurs les plus absolues, celle que de ne plus être apte, une phobie pour laquelle Paranoïa ne pouvait être que partiellement blâmée.
    La vision de la double rangée de lits, dans le calme le plus apparent, sans mouvement, me figea sur place. Ce dont ces gens souffraient au point d'en être réduits à des cadavres respirant à peine, je ne voulais pas le savoir. Pas plus que je ne voulais savoir si les déplacer était une bonne idée. Personnellement, à ce moment, j'étais prête à faire demi-tour et à faire comme si je n'avais jamais été ici. Après tout, c'était la mission de Gurgenidze, que d'évacuer les malades. Mais Ledfet n'avait pas mes états d'âmes, et il se contenta d'ouvrir les fenêtres et d'y passer les macchabées en sursis en les éjectant d'un mouvement précis. Les comateux roulaient sur la pelouse ou s’écrasaient comme des merdes. Qu'importait. Mieux valait une épaule brisée qu'une mort étouffée, bien que quelque part, je me demandai si dans certains cas, cela n'aurait pas été plus humain de les laisser mourir, abrégeant leur souffrances et celles de leur proches.
    Il en avait fini avec la rangée de droite et revenait vers moi en s'occupant des patients les plus éloignés sur ma gauche quand le bâtiment eut un frémissement. C'était délicat, comme la caresse du vent sur le pétale d'une fleur, comme le soupir d'un enfant qui tente de ne pas faire de bruit. C'était un moment d'éternité qui se fanait. C'était le baiser d'un ange.

    Plus que les briques et les morceaux de ciments, c'était la poussière, qui aveuglait et s'infiltrait dans vos yeux, dans votre nez. Cette sensation de manger de la cendre et de respirer de poudre de pierre. Vous deveniez comme étranger à vous-même. Il n'existe, à mon sens, aucune belle morte, à part peut-être s'endormir du repos perpétuel, passant du rêve à l'éther ; mais de toutes les morts, être enterré vivant doit être une des plus horribles. L'ange s'était transformé en démon et son baiser ne dissimulait qu'une morsure brûlante.
    - « CHEF ! » Ledfer trouva en lui le moyen de beugler.
    - « Par ici ! » appelai-je incapable de savoir quoi faire. Mon instinct me criait de faire un trou dans ce qui restait de mur et partir en courant. Mon collègue se matérialisa à mes côtés. Le sang qui maculait sa peau ne venait plus de la blessure interne que je lui avais infligée. Il portait dans ces bras les deux dernières personnes qui seraient sauvées ce jour-là.
    Devant l'imminence de notre mort, mon corps agit, en dépit de mon cerveau qui trouvait que fragiliser ce qui retenait, bon grès, mal grès, le toit et les étages ne constituait pas une solution viable. Un, deux et trois coups, et la pelouse, la pente et l'horizon bordé du bleu des Blues apparurent, comme une vision du paradis. Un corps, passé tant bien que mal dans l'espace peu commode, réduit à la seconde par les débris qui continuaient de tomber. Au moment de passer le second, l'hôpital éternua.
    Le sol se déroba sous mes pieds et je chus, entraînant avec moi le patient. Pff, sans lui, je serais déjà dehors, et Ledfet sûrement aussi. Au lieu de cela, je ne pus que regarder une énorme poutre tomber, droit devant elle, broyant les cloisons qui gênaient sa progression sans jamais la ralentir. Je me voyais déjà morte et pas forcément enterrée, quand le silence s'installa, si ce n'était pas pour ma respiration haletante. J'avais, je tiens à le préciser, réussi à ne pas hurler. Je pense que cela tient encore à l'envie de rester en vie : automatiquement, votre corps vous interdit tout ce qui est superficiel. Crier ne m'aurait pas sauvé. Ledfet l'avait fait pour moi. Arc-bouté sur ses deux jambes, il supportait sur ses épaules le poids de la poutre et tel le Portos de mon D'Artagnan, empêchait la structure de nous dégringoler dessus.
    Moitié rampant, moitié marchant, je nous extirpai, l'anonyme et moi. Il avait intérêt à ne pas être mort ! Après tout ce que nous avions fait pour lui. Ledfet mit un genou à terre, les muscles de son cou saillant sous l'effort et moi, je ne savais comment l'aider. Je pourrais, bien entendu, expulser une partie des ruines pour alléger son fardeau, mais cela serait-il pour autant judicieux. Quel équilibre délicat pouvait encore retenir plus de poids ? Et au-delà de Ledfet... il y a avait encore une grande partie de Mairkureau Kröm encore debout, vacillant mais vaillamment luttant.
    - « Partez... » souffla-t-il comme s'il n'avait plus de force pour autre chose que ce murmure.

    Je fis un pas en arrière, récoltant l'autre survivant, les traînant à une distance de sécurité. Au moment où je me retournai pour porter assistance à mon compagnon, il disparut, avalé par la terre.
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Des cris me firent pirouetter encore une fois. Le flot des évacués s'était réduit à quelques dernières personnes occuper à descendre les marches du perron qui tenait encore debout par un miracle que je ne m'expliquais pas, avec l'aile gauche à moitié explosée par l'avant, et l'aile droite en ruines. Il n'y avait encore que le bâtiment principal qui semblait encore intact. Pourtant, je ne trouvais pas que cela méritât les regards ébahis qu'on lui dédiait. Puis je compris que ce n'était pas la façade que tous regardaient mais sa toiture.
Là haut, sur les tuiles d'ardoises Enzo Hisachi faisait face à trois de mes collègues que je ne reconnus pas de prime abord. Il n'y avait que le CP9 que je pouvais identifier, étant données ses particularités physiques. Comment une telle personne avait-elle pu devenir espion du gouvernement ? Il était plus visible qu'un clown. Venant de la personne qui accentuait volontairement les reflets roses de ses cheveux, c'était assez hypocrite, comme interrogation, me direz-vous. Que voulez-vous, j'avais beaucoup de qualités.
Mais ce n'était pas la réalisation de ma sournoiserie mentale qui me faisait froncer les sourcils. C'était le fait de se demander ce qu'un assassin de haut rang venait faire dans cette mission. Il n'y avait aucunement besoin de ses compétences. Au contraire ! Son côté solitaire était plus une entrave au travail de groupe qui faisait la spécificité du Cinquième Bureau. Bon, d'accord, les CP9 pouvaient agir en groupe. Mais ce n'était pas systématique, comme chez nous. Du coup, quelque chose me disait que ce zozo là avait une mission bien à lui, que le Gouvernement m'avait cachée.
Et ça, je n'aimais pas.
Parce que la seule chose que je voyais faire faire à un CP9 dans le coin, c'était l'assassinat du Roi Löve.

C'était un élément qui finaliserait à merveille le plan : le révolutionnaire qui tue le dirigeant local. Pour faire plonger un territoire dans la poche du Gouvernement, il n'y avait pas mieux. Bien entendu, mon équipe serait blâmée pour ne pas avoir su arrêter le forcené. Mais après ça, ce n'était qu'une question de temps avant de voir un Gouverneur tout engalonné venir poser ses bagages sous le couvert d'Ambassadeur. Si cela était le cas, j'aurais dû être avertie en tant que chef d'équipe. Si je n'avais pas été mise au courant, c'était clairement pour éviter que je m’opposasse avec la dernière énergie à ce qui allait être un échec public, et publiquement avoué, un raté en tant que meneuse, un bide qui sera inscrit dans mon dossier... sans la moindre trace de ce petit complot, bien entendu. Hé oui, les dossiers pouvaient être consultés par beaucoup de personnes, et pas forcément toutes devaient apprendre que le Gouvernement n'avait pas été très fair-play ici.
Donc encore une fois, je serais la victime sacrifiée sur l'autel du plus grand bien au nom d'un serment de fidélité juré à ma sortie de l'EGLISE. Après, j'aurais peut-être accepté de me faire souffleter ainsi, si on m'avait démontré un zeste de respect. N'importe quel agent, double ou pas, serait indigné de se voir ainsi traité comme quantité négligeable. Ou comme un idiot, comme si personne dans la hiérarchie ne supposait que la présence d'un CP 9 n'allait soulever quelques questions. Mais puisque pas une seconde les hauts gradés eussent considéré que cette absence d'information pouvait déboucher sur des ordres conflictuels de ma part – conflictuels à leurs petites magouilles – je n'allais pas m'en priver :
- « Là, en haut !! » fis-je d'une voix force. « Griland, Chadon, sur lui. Ne laissez pas ce terroriste s'échapper ! Il paiera pour la mort de Ledfet ! »
Nul doute que Enzo était responsable de cette triste disparition. Un CP9, c'était la crème de la crème, envoyé sur des missions délicates. Jouer les faux révo ? Il avait sûrement mal calculé sa force ; responsable mais non coupable. Par contre je n'allais pas laissé passer l'occasion de faire ma révolutionnaire : occuper l'île, l'annexer même, oui s'il le fallait. Décapiter la royauté que tous les rapports qualifiaient de règne éclairé, ça non. Le GM avait, dans sa stupidité, tué Ledfet. J'allais utiliser sa mort, oui, car c'était ce que les révolutionnaires faisaient. Pour le coup, nous pouvions être de gros charognards. Mais j'allais aussi la venger.

Tant pis pour le gouvernement et ses plans machiavéliques.
Il devra se contenter de l'étape une.
Ça lui apprendra à dénigrer l'intelligence de ses agents. (même si je savais qu'en agissant ainsi, en faisant celle qui ne faisait preuve d'aucune « étincelle », je ne faisais que conforter ledit gouvernement dans sa piètre opinion de ses subalternes. Bah, on ne pouvait pas gagner à tous les coups, sur tous les coups.).

D'autant plus que mon ordre de mobiliser cinq agents pour mettre à terre un « révo » s’imbriquait parfaitement avec le plan initial : une poignée de « révo » profitant du relâchement de la barrière de sécurité pour partir ventre à terre se cacher dans la ville la plus proche. Comme convenu. Bon, l'un d'entre deux fut immobilisé par l'action assez stupéfiante de la lieutenante Gurgenidze qui aurait eu plus que sa place parmi les agents du CP.
L'important était que me voilà, assistée des trois derniers membres « CP » de l'équipe, en chasse.

Au royaume de XXXXX, la ville de XXXXX, qui en était la seule ville et de facto, la capitale, se trouvait être, à mes yeux, quelque chose à mi-chemin entre le village pittoresque digne de la gravure de carte postale et l'opulente petite bourgade qui se tenait à la pointe de la technologie. La grande tour de métal et de verre, matériaux importés en quantité et qualité depuis la réouverture du commence en grand chaland avec le GM, qui pointait son nez dans le ciel, dépareillait à côté des constructions plus courtaudes de pierre. L’institution Mondiale avait, dans son infinie générosité, offert ce minaret de modernité au roi Löve, en guise de bonne grâce, de remerciements pour Mairkureau Kröm, de pomme tentatrice. Goûte aux plaisirs décadents de la civilisation, petit sauvage, et deviens-en accro, dépendant.

Nous nous déployâmes en éventail court. L'escouade du Milan était en chasse. C'était plus un jeu du chat, et j'avoue que je m'amusai à chercher les « révo » pendant quelques instants avant qu'une première explosion du côté du port ne mit fin à cet amusement. Je vis deux ombres décrocher et filer ventre à terre. Des cris outragés m'apprirent que l'un devait être Copla, qui avait un usage très personnel des lames d'air, appliqué aux jupons des femmes. En dépit de la situation, je me pris à rouler des yeux.
Et bien mal m'en prit car je ne pus éviter le coup qui venait vers moi. Théodora venait de surgir du coin d'ombre où elle se terrait pour se porter vers moi, en traître, dans mon angle mort. Ses lames, en plus d'acérées pouvaient être empoisonnées. Rien que pour cela, je l'aimais bien.
Pour tous, Théodora était le produit d'une photosynthèse inédite et instantanée sur les marches de l'Eglise. Un jour, elle avait été là, et ça n'avait jamais choqué personne. C'était comme si elle avait toujours été ici. Posez-lui d'autres questions et elle se transformait alors en le rejeton improbable entre une huître et un coffre-fort. Sèche, nerveuse, elle pourrait passer pour un de ses ado ayant grandi trop vite, avec une masse de cheveux noir qu'elle rasait avec une application digne d'une dévotion. On sentait qu'elle avait vécu des choses et que si jamais elle nous autorisait à penser qu'elle eusse eu un passé, ce n'était qu'un passé trouble et troublé.
Ce que j'aimais par-dessus tout chez elle, c'était ses yeux. Deux petits yeux ronds comme des billes, détonnant dans ce visage taillé à coup de serpe mal aiguisée, qui reflétaient tout, signe d'une absence d'âme totale. Pour certains, cette figure de style adoucissait l'énonciation d'une psyché perturbée, profondément mauvaise.  Théodora n'était pas dans ce cas : elle en était dépourvue. Elle agissait comme un robot et les rumeurs voulaient qu'elle fût un prototype en phase de test. Le seul moment où elle manifestait une émotion, c'était lorsqu'elle tirait ses lames.
Elle en maniait deux. Où est le mal, me direz-vous ? La garde à deux mains était un art noble du combat et Roronoa Zoro  avec ses trois sabres avait marqué son temps. Mais Théodora ne pratiquait pas avec des katanas. Non, ses lames étaient à son image : torturées, faites vraisemblablement de récup, mais affûtées et fourbes. Les puristes de l'académie avaient poussé des hauts cris de vierges effarouchées en la voyant s'entraîner. Cependant, ils s'étaient cassés les dents à vouloir lui enseigner la bonne façon de se battre. Ce à quoi elle avait répondu qu'elle n'était pas là pour apprendre à se battre, mais à gagner et qu'un couteau dans le bide, planté dans les règles de l'art ou en biais, ça avait le même effet. La question fut réglée.
C'était ce détachement glauque qui m'avait toujours plu chez elle. J'aurais pu l'envier, la haïr même, elle qui pouvait tuer sans sourciller, alors que j'étais à l'époque avocate de la défense absolue. Le fait que je n'eus aucune jugement à son encontre (en fait, aucun avis, puisqu'elle m'inspirait au mieux une indifférence placide) lui convenait. Quand j'étais passée chef, j'avais demandé à l'avoir dans mon équipe.

Et voilà qu'elle me remerciait ainsi ? Ses lames sifflaient encore autour de moi, et la brise marine emporta quelques cheveux roses. Là, je vis rouge. Je voulais bien m'amuser, je voulais bien donner du mien pour les apparences, mais mon apparence était la limite à ne pas franchir. Je sortis mon wakizashi pour parer des attaques  portées avec la précision d'une chirurgienne. Je répondis avec l'allant de celle qui ne savait pas ce qu'elle faisait. Le truc, c'était que j'étais censée gagner. Vous savez, ce détail récurrent, dans ce RP, que tout le monde semblait oublier. Oh, un trois fois rien. La mission. Tout ça parce que certaines personnes que je ne nommerai pas ne voulaient pas être mises à terre sans un certain show. Comme si mon égo ne suffisait pas et ne remplissait pas tous les quotas. Cette team souffrait d'un réel manque de clarté dans la répartition des tâches !
Finalement, je réussis à bloquer nos trois lames en une improbable parade. La chance était avec moi. Théodora me regarda de l'autre côté de l'écran d'acier, ses yeux noirs aussi impénétrables que jamais. Pourtant, je crus y lire un reflet de surprise... et de respect. La joie que cela me procura fut rapidement balayée par une rage intense. Quoi ? Fallait-il encore que je prouvasse ma valeur, à cette fille d'entre tous ? Ne suffisait-il pas que j'eusse été nommée par nos supérieurs ? Mais où était l'égard que l'on devait aux aînés ? Certes, venant d'une révolutionnaire, ce genre de pensée était risible. Justement ! Au contraire ! Je jugeais en toute connaissance de cause : certaines valeurs morales héritées de notre passé n'étaient pas mauvaises. Elles avaient un sens profond, inscrit dans notre être en tant que membre d'une communauté. Le « vivre ensemble » quoi. Hé oui, être révolutionnaire, pour moi, ce n'était pas être anarchiste !

J'eus un sourire mauvais et Théodora cligna des paupières. Pour dire à quel point elle était émue ! En un instant, j'activai mon tekkai, et rompai la garde. La rapidité du geste fit que ma collègue était encore en train d'opposer une force lorsqu'il n'y avait plus de résistance ; elle partit en avant, je la rattrapai... non pas en un geste de gratitude, mais pour lui asséner un bon coup de boule. Heureusement que j'étais en mode « armure d'acier », parce que je me serais auto-achevée ainsi. La fausse révo tituba en arrière et je lui décrochai un coup tournoyant de jambe, l'envoyant voler dans le bâtiment le plus proche, une sorte de mairie ou de stockage d'archives locales. Des pluies de papiers en tous genre s’abattirent sur nous – ne rigolez pas ! Un rapport en cent dix-huit pages, plus annexes, relié en cuir bouilli, ça fait des dégâts, quand on prend en compte la force et la propulsion proportionnellement à... bon, vous avez compris.
Elle se releva, et cette fois, elle se soumit à la mission, ou à mon autorité. Nous échangeâmes encore quelques coups, ravagèrent quelques habitations – que j'espérais être vide, mais fallait-il être idiot, de ne pas se carapater alors qu'un combat féroce se déroulait en bas de chez soi ! - avant d'arrêter ce simulacre.

Toutefois, si je devais en juger par les lourds nuages de fumée noire qui s'élevait du port, je devais me rendre à l'évidence que mes autres camarades faisaient du zèle. L'idée était de soumettre, pas de ruiner ! Abandonnant Théodora au bon soin des hommes en noir, les « petits » CP qui nous suivaient, je glissai dans les airs jusqu'aux lieux des derniers combats.
- « Cela suffit !! » tonnai-je d'une voix forte. Plusieurs des accusés se firent penauds, quel que fut le « côté » qu'ils incarnaient. Cela me permit de déployer mes fils, ma technique la plus ultime.  Je capturai ainsi les derniers « ennemis », qui ne firent pas preuve d'une grande volonté à s'échapper.
Le combat était fini.
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- « –- notre traque a donc fini sur votre île, où ces dangereux criminels ont donc décidé de faire une dernière action en pied-de-nez au Gouvernement Mondial. C'était un geste désespéré du coyote qui se sait acculé. Et malheureusement, tout le monde sait que quand la bête se fait acculer, elle est autrement plus dangereuse. »
- « Oui, nous avons pu le remarquer. » Le fonctionnaire en face de moi – peut-être devrais-je dire dignitaire ? - avait eu un petit ton pincé. Pour sûr qu'il désapprouvait la rage de la bête ! Nous avions méchamment amoché la ville.
- « Nous avons tenté de limiter les pertes civiles au maximum, Monsieur. » commentai-je d'une voix neutre. « L'aide du Capitaine Dogaku et de son équipage a été très précieuse à ce titre. » rajoutai-je en me disant que passer une couche de pommade supplémentaire ne pouvait pas faire de mal.
- « En effet, nos troupes ont toutes reçues un très bon entraînement. » Sa remarque n'avait pas été faite au hasard. Lui n'était pas né de la dernière pluie, et il avait senti le piège avant même que j'eusse commencé mon rapport aux autorités locales, une version édulcorée de celle que j'avais faite par les canaux officiels à mon directeur. Mais s'il pensait que le fait de souligner que XXXXX n'était pas un mouton sans défense allait l'empêcher de se faire tondre, il allait tomber de haut.
- « Je ne manquerai pas d'en faire mention dans mon rapport. Et je ne doute pas que vous aurez l'occasion de le rappeler de vive-voix lors des audiences. »
- « Les audiences ? Quelles audiences ? »
- « Oh, je ne suis pas une grande spécialiste du fonctionnement judiciaire et pénal du Gouvernement Mondial, mais il semble bien que vous serez invité à témoigner lors du procès en huit-clos contre ces terroristes. »
- « Mais ces hommes seront jugés par NOTRE justice ! » s'offusqua mon interlocuteur. « Ils sont coupables de destruction et... et de meurtres !!! »
- « Je comprends tout à fait votre indignation et votre désir d'offrir compensation à vos citoyens, mais je dois vous rappeler que ces hommes viennent de nos territoires, où ils ont commis de graves actes de terrorisme, et qu'ici encore, ils s'en sont pris à l'hôpital gouvernemental avant tout. De plus, ils ont tué un de mes hommes. »
- « …. tout ça, c'est de votre faute. Si votre hôpital n'avait pas été là ! » Je lui dédiai une œillade blasée.
- « Je ne suis pas en mesure de discuter les accords précédemment signés. Je ferai part à ma hiérarchie de votre désir de renégocier la teneur de nos relations. » Il blanchit. Une telle discussion ne se ferait pas forcément en faveur de XXXXX. « Transmettez nos respects à votre roi, avec tous nos remerciements pour l'aide apportée. Je pense que le Gouvernement Mondial enverra bientôt un émissaire pour faire la liaison du procès, en déférence à la haute amitié que le Conseil des Cinq Etoiles portent à sa Majesté. » Et là, c'était le glas final. L'invasion avait commencé.

De mon côté, je m'étais arrangée pour éviter toute cérémonie officielle avec Löve. Aucune envie de voir un autre élément de mon équipe se révéler être un agent dormant, et se précipiter sur la tête couronnée pendant qu'elle me remettait une médaille ou autre. J'avais prétexté le désir ardent du Gouvernement ne faire ça « dans les formes », avec un banquet et une personnalité à la hauteur de événement. Sûrement pas moi, petite chef d'équipe qui n'avait fait que son devoir.
Et zou, emballé, c'était pesé. Après les premiers secours, nous avions remballé nos blessés, et nous voilà sur le départ. Je n'avais aucune envie de m'attarder dans ce coin perdu.
Le reste appartenait à l'Histoire.
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