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Infiltration caleçon.

Un goéland fend le ciel et lâche des journaux qui s’abattent les uns après les autres sur le sol sablonneux. Voilà maintenant plusieurs mois que j’ère en mer, et me voilà de retour ici. Il faudrait que je pense à trouver de quoi m'occuper de nouveau. J’ai entendu parler aux détours d’une taverne qu’il existait un endroit plein d’aventures dont personne n’est jamais revenu. Commet il a appelé ça déjà ? Grend Lagne il me semble. Pas d’importance. Je ramasse la paperasse et commence à  parcourir les pages blanchâtres surplombées d’encre noire, cherchant un quelconque renseignement qui pourrait m’être utile.

Au sommet d’une des feuilles qui claquent à chaque coup de vent, je remarque un article mentionnant un pirate qui attire mon attention.

Kendricko Lemor "L’écharpe sanglante"
Capitaine pirate en plein essor

Infiltration caleçon. 140128060040599550

Pirate qui a évolué sur North Blue, recrutant ses acolytes dans le but de conquérir Grand Line et d’y semer la terreur pour des raisons qui ne sont pas encore très claires pour le gouvernement, si ce n’est parce qu’il aime la couleur du sang. Il s’est fait connaître dans le mauvais sens du terme après ses massacres d’innocents sur plusieurs îles. Il a aussi exterminé un équipage pirate à Luvneel dans le but dans voler leur embarcation. Il paraîtrait qu’il essuie une partie du sang de chacune des victimes subissant les atrocités commises par son équipage avec son écharpe, pour se souvenir à jamais des crimes commis.

Nos dernières informations signalent qu’il serait actuellement en direction de Manshon pour ses derniers préparatifs avant de partir sur Grand Line, où les autorités puissantes l’attendent de pied ferme. Le gouvernement mondial vous conseille la plus grande des prudences et vous recommande de signaler à l’autorité locale le moindre détail suspect que vous pourriez remarquer à propos de cet homme.

Grand Line, c’est ça, ça me revient. Alors voilà l’endroit où je dois me rendre pour vivre quelques péripéties qui feront chanter mon nom dans le monde. Cela dit, cet homme a l’air sérieux, une certaine pointure, faudrait pas que je me le mette sur le dos, mais ça pourrait être une porte d’entrée gratuite pour moi. Et j’aime pas débourser inutilement. Enfin, en réalité, le problème vient surtout du fait que je n’ai actuellement pas un sous en poche. Cette île est l’endroit parfait pour n’importe quel hors-la-loi qui compterait faire une escale. La marine est bien trop occupée à gérer ses affaires locales ces temps-ci, c’est fort possible que cet équipage soit vraiment ici.


(…)


Je m’écarte progressivement du port commercial de l’île. Au pas de course, aux aguets, je scrute les bords de mer pour trouver ce fameux bateau pirate. J’espère qu’il sera à la hauteur de mes perspectives. Je passe devant la forêt dans laquelle je m’étais enfui à mon arrivée. Nostalgie. Ces deux abrutis doivent maintenant se résumer à des corps en pleine décomposition, là où je les avais laissés. La folie, cette maladie qui se transmet comme la peste, combien de personne a-t-elle déjà prit à ce monde ? Voilà une question à laquelle on ne trouvera jamais de réponse. J’écarte ces idées noires de ma mémoire et décide de penser à quelque chose de plus lumineux, comme ce soleil si éblouissant malgré les jours qui s’écoulent.

A peine le temps de m’imaginer ma future vie glorieuse que j’arrive au niveau d’une crique surplombée par quelques reliefs qui empêchent de voir ce qui s’y trame. Bingo. L’embarcation est amarrée, un navire qui parait robuste, parfait pour une aventure en mer digne de ce nom. Je rampe au sol et me fond dans le paysage. Je prends mes repères pendant quelques minutes d’observation. Apparemment, le capitaine n’est pas à bord. Seulement deux pirates aux airs peu inquiétants  discutent et guettent sans trop s’investir au niveau du pont.

Je ne dois pas les mettre hors service pour le moment, c’est une infiltration dans les règles de l’art. Je prends un peu de recul. Je ne suis pas un stratège, mais il était évident que je devais y aller à la nage, sinon ma couverture tomberait à l’eau. J’ai pas beaucoup pratiquer ce domaine mais je connais les bases. J’enlève ma chemise et mon short récemment achetés et j’essaie de les garder hors de l’eau alors que je commence à nager péniblement. C’est peine perdue. Je ne pourrais pas y échapper, ils devront finir trempés, tel était leur destin. Mon revolver sera complètement hors d’usage également.

Après quelques brasses silencieuses dans la mesure du possible, je m’approche dangereusement de l’embarcation. Il ne faudrait pas que les deux gusses sur le pont me remarquent. Je prends une grosse bouffée d’air et je décide de finir la traversée en apnée pour être le plus discret que possible. Le sel tiraille mes yeux que je dois garder ouverts pour mon orientation.

J’atteints le bois de la coque du navire sans me faire remarquer. L’étape la plus facile, en somme. Mes fringues sur l’épaule, je grimpe avec des prises improvisées jusqu’à atteindre le plancher supérieur sans trop de peine. J’examine rapidement ma situation. J’ai perdu les deux pirates de vue. Cela veut tout de même dire qu’ils ne me voient pas non plus. Partant de cette logique, je m’élance sur le pont sans même réfléchir à ce que j’allais faire par la suite. Je reste figé pendant quelques instants. Mon irruption avait fait un sacré boucan, décidément je ne prendrais jamais assez de précaution. Les pirates m’avaient sûrement entendu.

Je discerne un craquement. Puis une voie dans sa continuité.

- Hey, Marco, t’aurais pas entendu quelque chose à l’instant ?

- J’sais pas, va vérifier toi-même, tu vois bien que j’suis en train d’boire.

Des bruits de pas se rapprochent. Je m’improvise une cachette. Cloc, cloc, cloc. Le bruit brisait constamment le silence. C’est le son émit par les gouttes qui s’écoulent de mes habits fraîchement imprégnés d’eau. Un choix dur s’offre à moi. Je pourrais le distraire si seulement je l’acceptais. Je dois prendre mon courage à deux mains. Je jette mes habits par-dessus la rambarde pendant que je me dirige dans la direction opposée, mon sabre et mon revolver à la main, dans une discrétion convenable dans la mesure du possible. Je jette un regard désespéré en arrière, le pirate naïf est penché et épluche rapidement ce qui lui parait être anodin. Il baragouine quelque chose d’inaudible à mon niveau et retourne auprès de son compagnon. Abruti !


En caleçon, je m’avance lentement au niveau du pont inférieur pour prendre la direction des cabines. De l’endroit où je suppose qu’elles se trouvent, du moins. Je suis partagé entre fureur et tristesse d’avoir dû abandonner pour la deuxième fois mes vêtements depuis mon arrivée sur l’île. Je me mords la lèvre pour étouffer mon mécontentement et je m’infiltre discrètement dans ce qui semble être la salle de réunion de l’équipage. Un frisson me parcourt l’échine alors que la fraicheur du lieu frappe mon visage.
Je remarque quelques bouteilles de Rhum sur la table. L’alcool, c’était pas vraiment mon truc et je connaissais pas grand chose à ce sujet, mais l’effort m’avait donné soif, et j’ai envie de tester quel goût ça a, cette fameuse boisson de pirate. Je vérifie brièvement que personne n’est en approche, j’attrape une bouteille dé-bouchonnée et je me lance. Une, deux, trois, cinq grosses gorgées. Je ne suis pas plus hydraté malgré tout. Au contraire même. Je sens le liquide se propager dans ma trachée et j’ai l’impression qu’il m’étouffe. Je tousse pour essayer de dégager l’infect goût de ma gorge mais rien n’y fait. Mon torse semble brûler de l'intérieur.

Une porte claque. Je me jette sous la table par instinct, masquant mes halètements désagréables d’une main devant la bouche. La bouteille roule et tout le breuvage s’écoule sur le sol. J’entends un bâillement, puis un braillement.

- Putaaaain ! Vous pouvez pas faire moins de bruit bande d’abrutis, y’en a qu’y aimeraient se reposer. Je vais vous faire la peau, vous allez comprendre qu’il faut pas m’emmerder.

Pour une raison qui m’échappe, il ne remarque pas la boisson au sol et s'oriente vers l'extérieur nonchalamment. Je distingue une sorte de dague dans une de ses mains. Ce type avait l’air louche et dangereux par rapport aux autres matelots.

Faisant abstraction de ces détails, je me dirige sans plus attendre vers la porte par laquelle il avait déboulé. Les cabines se trouvaient logiquement par là. J’avais vu juste. Je m’introduis dans l’une d’entre elle sans vraiment me préoccuper de la mise en scène. Pour cause, ma tête commençait à tourner et j’avais l’impression d’avoir l’estomac à l’envers, comme si quelqu’un s’amusait à malaxer mes organes internes. Je referme aussi soigneusement que je peux la porte et je m’avachis dans un coin. Je me sens abasourdi.

Je n’étais pourtant pas si fatigué, mais c’est comme si j’avais pris un gros coup de massue dans le visage, sans les répercussions physiques. Je m’efforce de garder les yeux ouverts, mais c’est peine perdue. Les ombres s’entrelacent et se détruisent les unes après les autres. Mes cils décomposent le peu de lumière que je peux encore distinguer à travers mes verres teintés. Cette avalanche de couleur ne me gêne pas pour le ressentir. Le bateau tourne et tourne comme un manège en folie. Je suis à bord, mais je ne m’amuse pas. Ce bateau ivre m'emmène dans des contrées qui me semblent toujours plus lointaines, à l'écart de cette folie réelle. Je m’écroule sur le flanc dans un bruit sourd et je sombre.


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Spoiler:

La suite : Brokeback Mountain, sans le bisou.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10255-epsen-airy
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9944-epsen-airy-brah#124441