Precedently
Je n'ai pas de mains. Sacrifiées pour ma liberté. Je n'ai jamais regretté ce jour où je me suis échappé. La patience d'un détenu est vaste comme les constellations. J'ai vu l'étoile filante et j'ai mimé son caractère. Ma souffrance est dérisoire face à mon envie de vivre. Mon corps n'entrave pas la vague fermeture.
Les pirates de la main morte sont curieux de me voir disparaître, mais ils continuent de boire leur café comme si de rien n'était. Et je laisse le navire sur l'océan sous la bonne garde de Joe, puis je m'envole vers Reverse Mountain. Je sautille sur la voûte à la recherche d'une caverne dans la montagne.
La grotte d'Hattori, l'épine dans un champ de roses. Une entrée protégée par d'étranges créatures. Comment la trouver ? Où es-tu forgeron ? J'ai besoin de ton talent. Et soudain, l’écho du métal battu par le fer céleste m'indique la voie.
Je pénètre l'antre...
Je suis étouffé par une chaleur torrentielle. Un homme titube, il avance d'un pas léger vers moi. Un katana en bois accroché à son dogi et la température monte en flèche. L'éther s'évapore au contact de son regard. La réalité se manifeste par sa force. Sa voix éraflée par la dépression exprime une image spirituelle.
- Le désir n’est pas mort. Il disparaît simplement comme un feu éteint. Il somnole en toi attendant le prochain essor. Comme les mouettes posées sur les phares, le petit oiseau blessé souhaite l'impossible.
J'ai fait la promesse de rester muet, le corps comme seule réponse à ses sagesses. Je pose les genoux à terre et je m'incline devant le forgeron solitaire. Son aura éblouie mes sens et j'écarquille les yeux au moment où Hattori me montre mon salut.
- Et pour avoir l'impossible, il te faudra une poigne de fer. Dépasses les limites du possible, récupères la lame de 12 et je soulagerai ton handicap.
Secourir la compagnie.
Je me sens démuni, entraîné dans un courant d'eau salé. J'exprime ce sentiment, le sourire aux lèvres et les larmes sortant du lit de la rivière. Elles s'échappent du bonheur et s'évadent dans un étang de condamnés. Comme une bouteille à la mer, elles dérivent et je me laisse aller par un instant de jouissance.
L'arc-en-ciel cueille les perles dans un chaudron doré et mon âme apaisée rencontre la compagnie d'un dragon. Mon tatouage sur le dos brûle et des lettres argentés apparaissent...
Tu souhaites être aimé. Tu Veux... Mais l'action succède à l'envie comme le verbe à ses sujets. Le prince à son roi, le fils à son père. Alors Tu Dois... combattre le Smaug en toi.
Mon royaume pour un chameau. Ainsi, j'esquisse un geste de ma main morte. Je deviens un surhomme. Je joue de mes mains froides comme un enfant qui grince. Mince ! Je vais vous serrer la pince. A moi, le nouveau monde. La roue qui se meut d'elle-même. Tous les dieux sont morts ! Je veux, maintenant que le surhumain vive ! Que ceci soit un jour, au grand midi, ma dernière volonté !
O toi, Hattori... Tu te dérobes aux hommes dans la solitude de ta caverne. Pareil au semeur qui, après avoir répandu sa graine dans les sillons, attend que la semence lève. Je réussirai ton défi et j'accomplirai ma tâche sans entracte.
J'ai trouvé ma volonté de puissance. Cachée dans l'ombre de mon Titan, Le petit prince a trouvé le dépassement de soi. La cape noire le rend plus fort. Je me vois de l'autre côté du miroir, le visage flou, un coulis de buée sur la glace.
Je trace de mes doigts argentés une succession de quatre lettres. Lentement devant les yeux d'Hattori Zarathoustra.
ANDO
Je l'efface d'un tintement métallique. Je suis proche de ton heure. De cette horloge qui dégouline, qui a fait son temps. Je m'incline tel le bretteur Sutero et j'accepte votre présent. L'éternel retour du Lion.
Je mûris.
Je serre d'une poigne de fer mon précieux outil. Je le salue avec la grâce d'un roi. Je me retourne vers l'aube matinale. Je quitte ta caverne, ardent et fort comme le soleil du matin qui surgit des sombres montagnes.