Rouge, soleil couchant.
Shri, ton île est malade. Ils me remontent jusqu’aux narines alors que je n’y suis pas encore vraiment. Les relents d’inhumanité qui s’y côtoient, qui y végètent et qui la gangrènent. Tueurs, violeurs, sabordeurs, j’ai été chacun d’eux, je les reconnais sans peine. Mais qu’ils s’acoquinent entre eux et s’en satisfassent et s’y reproduisent ? La vermine ne devrait pas s’agréger à la vermine aussi durablement. Elle est la fange du monde, le liant morcelé qui lui sert de fondement. L’ennemi contre qui les honnêtes gens s’allient et que les imaginaires combattent sans relâche, sans lui permettre de devenir une nation, un tout à part entière.
Et moi je n’entends que le bruit qu’ils crachent en permanence, tous ensemble, ce chuchotis sorti d’entre leurs dents jaunes dans la nuit du monde, qui devient litanie macabre puis logorrhée guerrière à mesure que j’approche. J’approche, Shri, j’approche de ton île et je crois bien que je n’ai plus très envie d’y aller. J’ai le souffle qui s’accélère et mes tempes bourdonnent parce que trop de voix m’appellent, résonnent sous mon scalp sans que je puisse les en empêcher. Mais si la course du lion marin m’a guidé jusqu’ici, mais si les étoiles là-haut qui savent et si les maelstroms impossibles et si les rousses du monde m’y ont ramené quand je me suis égaré sur le chemin que ton pose traçait, c’est que je dois y passer. Non ?
Mais je n’ai pas envie, pas envie de savoir ce que je viens faire là.
Il y a trop de monde sur ton île, Shri. Comme sur l’Usage Modéré au sortir d’Impel Down, il y a trop de monde autour de moi et moi je ne supporte plus bien le monde. Déjà avant je ne l’aimais pas bien. Maintenant c’est… Et à travers les cris et les jurons qui me parviennent de la ville je guette le chant qui pourrait me guider comme les chants d’Alma montraient la voie à l’égaré de Down Below. Mais je sais bien qu’il ne viendra pas, il n’y aura pas de mélopée qui traversera vents et marées pour indiquer la direction à suivre, et il n’y aura plus de petit Tahar non plus pour me mener là où je dois aller. Elle m’a expliqué. Et puis pourquoi m’aiderait-elle alors que je l’ai laissée là-bas à gâcher sa vie pour guider son peuple, laissée comme j’ai laissé Lilou retourner changer le globe selon ses idées et comme j’ai laissé Izya pour me trouver le mien. Mon monde.
Peut-être bien que c’est celui-ci, mon monde. Jaya…
Elle est ce que j’ai été. Une fosse à purin, une écurie pleine d’étalons fous trop asservis par leurs bas instincts pour voir encore leur propre lie dans laquelle ils marchent, se roulent et se complaisent à survivre.
Mais je ne t’aime pas, Jaya. Je t’aimerais peut-être si j’étais en bonne compagnie, seulement je suis seul aujourd’hui alors que j’avance vers toi. Et je ne t’aime pas. Tu me rappelles des souvenirs où j’étais joyeux près d’endroits qui te ressemblent, pourtant. Las Camp, Dead End. Villes de chaos, villes perdues comme toi. Peut-être que c’est justement pour ça, peut-être que tu es comme cette nouvelle conquête qui ressemblerait trop à l’ancienne, ancienne qui aurait toutes les raisons de l’être devenue. Mais moi je ne veux pas te conquérir.
Moi je veux m’enfuir. Moi Tahar Tahgel, empereur en ces lieux pourtant.
Il y a deux pôles opposés et une zone tampon au centre. Des pics çà et là. De bons pics qui font comme une chaîne de montagnes depuis le premier pôle jusqu’au second, mais seuls quelques vrais sommets se découpent. Deux, ou trois, et un de plus dans la zone vers laquelle j’ai laissé partir Lilou et Maal. Et des sommets que je pourrais atteindre à l’aise. Mais il y a trop de courant autour de chacun de ces endroits, trop de concentration, d’allées et venues, de vies baveuses et criardes et excessives. La prison a dû me rendre ascète. Moi ?
Je ne t’aime pas Jaya, les ouailles que tu vomis me crient l’ironie de ce que je suis devenu.
Shri, ton île est malade. Ils me remontent jusqu’aux narines alors que je n’y suis pas encore vraiment. Les relents d’inhumanité qui s’y côtoient, qui y végètent et qui la gangrènent. Tueurs, violeurs, sabordeurs, j’ai été chacun d’eux, je les reconnais sans peine. Mais qu’ils s’acoquinent entre eux et s’en satisfassent et s’y reproduisent ? La vermine ne devrait pas s’agréger à la vermine aussi durablement. Elle est la fange du monde, le liant morcelé qui lui sert de fondement. L’ennemi contre qui les honnêtes gens s’allient et que les imaginaires combattent sans relâche, sans lui permettre de devenir une nation, un tout à part entière.
Et moi je n’entends que le bruit qu’ils crachent en permanence, tous ensemble, ce chuchotis sorti d’entre leurs dents jaunes dans la nuit du monde, qui devient litanie macabre puis logorrhée guerrière à mesure que j’approche. J’approche, Shri, j’approche de ton île et je crois bien que je n’ai plus très envie d’y aller. J’ai le souffle qui s’accélère et mes tempes bourdonnent parce que trop de voix m’appellent, résonnent sous mon scalp sans que je puisse les en empêcher. Mais si la course du lion marin m’a guidé jusqu’ici, mais si les étoiles là-haut qui savent et si les maelstroms impossibles et si les rousses du monde m’y ont ramené quand je me suis égaré sur le chemin que ton pose traçait, c’est que je dois y passer. Non ?
Mais je n’ai pas envie, pas envie de savoir ce que je viens faire là.
Il y a trop de monde sur ton île, Shri. Comme sur l’Usage Modéré au sortir d’Impel Down, il y a trop de monde autour de moi et moi je ne supporte plus bien le monde. Déjà avant je ne l’aimais pas bien. Maintenant c’est… Et à travers les cris et les jurons qui me parviennent de la ville je guette le chant qui pourrait me guider comme les chants d’Alma montraient la voie à l’égaré de Down Below. Mais je sais bien qu’il ne viendra pas, il n’y aura pas de mélopée qui traversera vents et marées pour indiquer la direction à suivre, et il n’y aura plus de petit Tahar non plus pour me mener là où je dois aller. Elle m’a expliqué. Et puis pourquoi m’aiderait-elle alors que je l’ai laissée là-bas à gâcher sa vie pour guider son peuple, laissée comme j’ai laissé Lilou retourner changer le globe selon ses idées et comme j’ai laissé Izya pour me trouver le mien. Mon monde.
Peut-être bien que c’est celui-ci, mon monde. Jaya…
Elle est ce que j’ai été. Une fosse à purin, une écurie pleine d’étalons fous trop asservis par leurs bas instincts pour voir encore leur propre lie dans laquelle ils marchent, se roulent et se complaisent à survivre.
Mais je ne t’aime pas, Jaya. Je t’aimerais peut-être si j’étais en bonne compagnie, seulement je suis seul aujourd’hui alors que j’avance vers toi. Et je ne t’aime pas. Tu me rappelles des souvenirs où j’étais joyeux près d’endroits qui te ressemblent, pourtant. Las Camp, Dead End. Villes de chaos, villes perdues comme toi. Peut-être que c’est justement pour ça, peut-être que tu es comme cette nouvelle conquête qui ressemblerait trop à l’ancienne, ancienne qui aurait toutes les raisons de l’être devenue. Mais moi je ne veux pas te conquérir.
Moi je veux m’enfuir. Moi Tahar Tahgel, empereur en ces lieux pourtant.
Il y a deux pôles opposés et une zone tampon au centre. Des pics çà et là. De bons pics qui font comme une chaîne de montagnes depuis le premier pôle jusqu’au second, mais seuls quelques vrais sommets se découpent. Deux, ou trois, et un de plus dans la zone vers laquelle j’ai laissé partir Lilou et Maal. Et des sommets que je pourrais atteindre à l’aise. Mais il y a trop de courant autour de chacun de ces endroits, trop de concentration, d’allées et venues, de vies baveuses et criardes et excessives. La prison a dû me rendre ascète. Moi ?
Je ne t’aime pas Jaya, les ouailles que tu vomis me crient l’ironie de ce que je suis devenu.
Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 21 Fév 2014 - 15:19, édité 2 fois