[Projet N] Rassemblement

Armada... Nouvelle fierté des pirates. Et il y a de quoi. Une île mobile ! Déjà qu'Impel Down avait fait du bruit, alors ça. Un beau pied de nez à toute la Marine. Seulement voilà, elle n'allait pas rester éternellement sans rien faire. Bien que le royaume des libres pirates soit loin de tout, il n'en oublie pas pour autant d'être informé. Des rumeurs sont parvenues. Pour devenir des faits certains. Quelque chose se prépare, loin, sur Reverse Mountain. Un projet gouvernemental destiné à arrêter sec les pirates qui tenteraient de s'aventurer sur Grand Line. On pourrait croire cela impossible, et pourtant...

Le port d'Armada est en effervescence. Plusieurs navires sont affrétés, les mousses sont excités, les plus vieux sont silencieux. Aujourd'hui, c'est en guerre qu'ils partent. Alors que les Capitaines sont prêts, il reste un dernier détail à régler. Tâche confiée à deux hommes de confiance.

Jumeaux Ledgen et Darry:

Ils ont l'air étrange, habillés plus en hommes du Gouvernement qu'en pirate, mais tout le monde le sait, ils sont du côté des forbans. Leur loyauté va au Gardien du Code de la Piraterie, l'Ancêtre, et c'est en son nom qu'ils remplissent leur mission.

Et leur mission, elle est devant eux. Un navire. Il ne s'agit pas de le voler, ni de tuer ses occupants. Mais de les convaincre. Ce navire, c'est celui des Ombres du Chaos. Apparus un peu de nulle part sur Grand Line, ils ont récemment fait forte impression à Whisky Peaks. Et le moment est venu de se servir de leur nouvelle renommée.

Les deux hommes montent à bord, mains dans le dos. Naturellement, ce sont des regards interrogatifs qui les accueillent.

- Nous souhaitons nous entretenir avec votre Capitaine.

Direct. Mais il n'y a pas le temps. Le Capitaine sort d'ailleurs, après avoir été appelé par l'un des ses hommes. La femme s'approche car oui, c'en est une. Evidemment, elle n'apprécie que moyennement cette incursion sur son bateau sans avoir été invités.

- Capitaine Nakajima. Nous venons de la part du Conseil des Flibustiers. Il est possible que vous l'ignoriez, mais en ce moment même, au Cap des Jumeaux...

-  Au sommet de Reverse...

- ... se prépare un plan pour contre-carrer les pirates. Ils veulent construire une base.

- Celle-ci aura pour but d'empêcher les équipages venant des Blues d'accéder à cette partie du monde. Le Conseil s'est réuni, et a décidé d'y envoyer des navires afin de mettre un terme à cette odieuse création.

- Ils désirent que vous assistiez les troupes dépêchées sur place. Vous n'aurez qu'à suivre les bateaux qui partiront dans quelques minutes.

Direct. Toujours. Pas de temps à perdre en négociations futiles. Le Capitaine des Ombres a l'air perplexe. Qui ne le serait pas. Néanmoins, elle peut se sentir flattée. Le Conseil des Neuf estime qu'elle et son équipage peuvent se révéler utiles dans cette bataille. Peut-être ajouter un petit argument ?

- Naturellement, vous ne recevrez pas d'ordres. Vous êtes tout à faits disposés à agir comme vous l'entendez, partir quand vous le désirez.

Sans forcément faire pencher la balance, cela incite le Capitaine à réunir ses camarades autour d'elle, pour en discuter. Ils parlent à voix basse. Les Jumeaux n'entendent pas,, mais ils observent. Dans le tas, il y en a qui sont excités. D'autres plus réservés. Leur débat se poursuit une minute encore. Les hommes du Conseil n'ont pas bougés d'un millimètre. Quand finalement, Aoi D. Nakajima revient vers eux, qu'elle leur annonce leur participation à cette bataille, les deux hommes n'ont pas une once de réaction. Elle leur aurait annoncé leur refus que ça aurait été pareil.

- Très bien. Nous allons transmettre.

- Il y a toutefois une règle qu'il vous faudra respecter. Ne vous en prenez pas aux hommes des Neuf par plaisir. Cela ne sera pas toléré.

- Suivez l'étendard avec le poignard qui transperce un coeur.

Et ils quittent le navire. Pas de "bonne chance". Pas de "bon courage". Ils ont une confirmation à donner. Un rapport à faire. Les engrenages sont en marche, et ce n'est plus de leur ressort.

Quelques minutes plus tard, les voiles sont levées, la flotte mise sur pied en un temps record s'élance lentement sur la mer calme. Jusqu'à prendre rapidement de la vitesse. Il s'agirait de ne pas être en retard. Le navire des Ombres est dans la mêlée, il ne reste qu'à ne pas se perdre de vue. Ce qui serait difficile. L'un des bateaux possède un objet très gros recouvert d'une toile. Impossible encore de savoir ce qu'il se cache en-dessous.







Alors que les jours passent, et après deux attaques de monstres marins dont une qui met un bateau hors d'usage, un navire se joint au groupe, en remplacement improvisé. Il provient de l'île de Jaya, ou des alentours. Le Capitaine arrivant transmet aux autres ses effectifs, tant humains que matériels. Auquel il ajoute un homme. Couvert de cicatrices, de brûlures, avec un masque. Banshee qu'il s'appelle. Inconnu au bataillon, mais remarquablement vigoureux d'après les dires. Dans ce genre de combat, les ennemis des ennemis sont les amis, comme on dit. Et c'est tout ce qui compte.







Depuis une heure, la nervosité gagne les rangs. Surtout chez les plus inexpérimentés. Les habitués du combat polissent leurs armes, ça les apaise. Ils ont aperçus la montagne. Il ne s'agit plus de penser à se battre. Il s'agit de le faire. Avec tous les risques qui vont avec. Il faut dire aux p'tits jeunes de se calmer, mais c'est pas facile. Etonnement, ils ont été bien moins impressionnés par les trois autres attaques de bêtes aquatiques qui se sont produites entre temps. Ils sont tous déjà passés par cette zone, mais rares sont à arriver par ce côté de la barrière naturelle. Le silence est de plomb. Ils sont au Cap des Jumeaux. Et il y a déjà un comité d'accueil. Trois navires de la Marine barrent le passage.

Tandis que les Ombres du Chaos choisissent la voie des airs pour parvenir au sommet de Reverse Mountain, à la surface de l’océan, un monstre de mécanique apparait. Le pacifista ouvre sa bouche, prêt à tirer un rayon laser pour intercepter l’un des Ombres, mais il est empêché par une des dizaines de projectiles lancés à nouveau dans sa direction. Déjà bien abimer par les différents affrontements, une série d’impact aux endroits les plus fragilisés de la structure fait rendre l’âme au pacista dans un cri de mécanique déchirant. L’instant d’après, c’est l’autodestruction qui met un terme à son existence. Son oraison funèbre est constituée des cris de joie des pirates avant qu’ils ne soient coupés par un autre rayon laser venu de l’autre côté. Car sous l’eau, il y avait deux pacifistas. Et si le premier a subi de lourds dégâts, le deuxième a suffisamment encaissé pour continuer à sévir dans ses eaux. Évitant les airs trop dangereux, il se contente de rester un instant en surface pour remplir son rôle d’exécuteur. Et quand ce n’est pas un rayon laser, c’est le pacifista lui-même qui fait office de projectile, se propulsant dans l’eau pour perforer les coques de bateaux. Entre le métal et le bois, c’est le premier qui gagne. Plusieurs pirates se jettent à la mer pour combattre sous l’eau, mais le pacifista est comme un homme-poisson. Agile et puissant. Et seuls les hommes-poissons de la flotte arrivent à le tenir en respect.

À la base, ce n’est plus vraiment la base. Chaque coin de la zone, chaque couloir de la base, chaque pièce ; tout est occupé par un marine combattant pour la paix ou un pirate combattant pour la liberté. Et tous deux combattent pour leur vie. Les cris, les canons et les épées forment un brouhaha assourdissant. Il n’y a pas de répits, il n’y a pas d’accalmie. Les faibles et les fatigués sont tués sans pitié et d’autres prennent leur place. La moindre faiblesse est synonyme de mort. Et dans cette marée humaine, c’est comme s’il n’y avait plus de pirates, plus de marines, plus de faction. Il n’y a que des hommes réduits à leurs plus simples instincts. Tuer ou être tué.

Il y a bien des marines et des pirates pour élever la voix au-dessus de la populace. Les Ombres du Chaos ne sont pas les seuls à vouloir se faire remarquer. Un grand nombre de capitaines y voit une occasion de se faire connaitre et d’être reconnu parmi les pirates. Des voix qui s’élèvent, attirant l’attention. Brièvement. Car quand des têtes se tournent vers les orateurs, c’est des têtes qui ne voient pas les sabres venir. Quand l’un écoute, l’autre en profite. Et c’est la mort qui fauche par dizaine à chaque fois que l’un cherche à se faire entendre.
La capitaine des Ombres de fait pas exception à la règle. Pire, plus connu, c’est un grand nombre de têtes qui se tournent et autant de sabres qui s’abattent, tranchant la chair et les vies. Le monde ne s’arrête pas pour les grandes plaidoiries. Et même si le sous-amiral Larss a un regard pour le danger que représente Nakajima, il reste surtout concentrer sur le capitaine Moore dont la perte serait un coup terrible à la détermination des pirates. Une perte qui pourrait être de courte durée avec des individus comme Anstis et Nakajima sur le champ de bataille, mais une perte quand même.

Sous les paroles d’Hathor, les combats continuent. Des pirates l’approuvent en hurlant avant de hurler de souffrance. Des marines la conspuent avant d’être transpercées par les épées. Et quand le discours se termine, les combats reprennent de plus belle. Des capitaines pirates, jaloux du moment de gloire de Nakajima, bien que taché de sang, essaient de rattraper le retard de popularité. Ils regroupent des troupes, formant des bastions de chairs imprenables. Ils liguent des hommes autour d’eux, eux, les capitaines. Un célèbre capitaine de North Blue profite d’une position dominante pour conseiller des mouvements à d’autres pirates. Ils organisent une défense et une attaque de fer. Et pour certains, la solution à leur rêve est de fendiller la gloire gagnée par la femme-magma.

Car le magma s’écoule au milieu des bâtiments où pirates et marines combattent. Les marines sombrent dans le liquide tout comme des pirates. Dans leur souffrance, ils sont égaux. Sacrifiés sur l’autel de la gloire. Jeté à travers la foule de combattants, des pirates accusent la possesseur de Logia de tuer leurs frères d’armes, les mêmes de son discours. Les relations s’enveniment. Et engagé dans son affrontement, Wilson Moore voit venir le danger de la discorde au sein de leur flotte. En temps normal, liguer des pirates ensemble est une chose bien difficile. Alors, perdre cette cohésion, ça serait la fin de tout.

Et tandis que le chaos s’immisce même au sein de la coalition pirate, un regard impitoyable se braque sur une certaine capitaine, attendant son heure.

L’apparition du Pacifista a le don pour redistribuer les cartes. La présence du monstre de métal au milieu de la bataille fait frémir de froid bon nombre de pirates à proximité. Et la soudaine impuissance du logia de la piraterie ne fait qu’accroitre le sentiment de doute dans les cœurs des combattants de la liberté. Un doute qui s’immisce même dans le cœur de Wilson Moore qui s’est vu propulser en arrière sous la sortie souterraine de l’Hesperide et à deux doigts d’être décapiter par un lieutenant opportuniste. Telle une poupée de chiffon, Nakajima est jeté plusieurs fois contre le sol par le grand gosse qu’est le pacifista. Constatant la faiblesse apparente de la pirate et décidant de marquer sa mort de façon suffisamment marquante pour l’inscrire profondément dans les esprits des pirates, l’Hesperide ouvre sa bouche. De celle-ci commence à émettre une lumière iridescente annonciatrice d’un laser au potentiel de mort plus que conséquent. Même juste avant de tirer, Wilson parvient à s’extraire de la masse de marine pour frapper par surprise l’engin de métal, forçant à déplacer la trajectoire du tir. Celui-ci part la seconde d’après pour s’abattre quelques mètres plus loin, soufflant les pirates et les marines qui se trouvaient là. L’impact est suffisamment fort pour faire lâcher prise le Pacifista et Aoi retombe lourdement au sol avant de se faire partiellement ensevelir sous des décombres et des corps meurtris.

À moitié au sol, l’Hespéride tente de se relever, mais une vingtaine de pirates hagards tentent de s’y opposer. Le sous-amiral Larss s’interpose, fauchant les pirates sans aucune pitié, le visage dur. À son tour, c’est Wilson qui revient à la charge avec une vigueur qu’on ne soupçonnerait pas sous ses airs de vieux loups de mer. Il projette le marine plus loin avant de rediriger sa lame vers le Pacifista. Mais ce dernier réagit à temps, pointant ses mains vers le pirate et lâchant une rafale d’eau de mer sous pression, propulsant le capitaine pirate dans les airs, meurtris jusqu’au sang par la puissance du jet. Il finit par atterrir aux côtés d’Aoi. Se relevant, le Pacifista exécute un tour sur lui-même, tirant de courts jets d’eau sous-pression, comme des balles, blessant tous les pirates à la ronde, laissant les marines indemnes. Marine et Machine côte à côte, ils s’avancent vers le duo de capitaine avec la ferme intention d’en finir. Il n’y a pas d’échappatoire claire avec le navire de Wilson dans leur dos. Il faut vaincre ou mourir.

Car la bataille est à son paroxysme. La quasi-totalité de la base est recouverte de pirate et de marines s’affrontant dans des combats plus ou moins longs. Les pirates des blues sont quasiment tous arrivés. Idem pour les pirates de Grandline. Plus personne ne peut venir, le nombre de présents ne peut que diminuer par le flux constant des morts. Seuls les bâtiments à l’opposé de Grandline restent encore vierges de pirates, mais ça ne veut pas dire qu’ils sont les moins en danger, car la menace vient aussi d’en bas. Sur des corniches légèrement en contrebas des structures de la marine, des pirates échoués lors de la montée sur Reverse nourrissent un feu continu sur les installations de la marine qui peine à riposter du fait de l’angle impossible de leurs canons. Certains pirates s’engagent même à gravir les dizaines de mètres les séparant des marines comme pour aborder la base. Autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, les pirates sont partout.

Wilson reprend difficilement sa respiration et son énergie malgré le calme de courte durée. Il écoute à moitié les paroles de la capitaine, l’esprit ailleurs. Son visage marqué semble toutefois déterminé à aller jusqu’au bout. Un instant, il lâche une grimace.

N’oublie pas pourquoi nous sommes ici. Nous sommes ici pour empêcher qu’un verrou du Gouvernement ne soit mis en place sur Reverse. Battre la marine n’est pas notre objectif. Car plus nous combattons, plus des innocents tombent. Et à ne penser qu’au combat, on en oublie notre objectif.

Il se redresse lentement tandis que son regard se dirige vers son navire. Il humecte ses lèvres, réfléchissant à toute vitesse.

Quoi que tu fasses, le Pacifista sera sur ton dos. Tu ne peux lui échapper. Il faut que tu regroupes les capitaines pour qu’ils forment un front uni… vers GrandLine. Ou qu’ils se retranchent sur les navires. La structure même du sommet de Reverse est rendue fragile par cette bataille. Il ne faudra pas longtemps avant que la base entière dégringole d’elle-même jusqu’en bas de la montagne. Et à ce moment-là, les pirates devront être prêts.

Je compte sur toi.

Solennellement, il lui adresse un signe de tête empli de respect.

Bonne chance.
Et … peut-être, adieu.

Profitant du trou fait par Aoi, le capitaine pirate s’extraie des profondeurs du sol, jetant des regards aux alentours. N’apercevant pas d’adversaires dignes de ce nom, Wilson se dirige vers son navire là où ces hommes s’affairent avec l’énergie du lion. Traversant la foule, il donne le même type d’instruction qu’à Nakajima qui ne tarde pas à faire de même. Car à l’endroit où elle se trouvait encore plus tôt, c’est un pacifista doublé d’un sou-amiral qui apparaissent et qui ne voient qu’elle dans cette foule.

La bataille fait toujours rage, mais la fatigue se fait sentir de plus en plus. Les tirs sont imprécis, les sabres sont lourds et les canons fument de chaleur. La masse grouillante se clairsème et bientôt, ce sont les cris des blessés qui résonneront plus fort que les hurlements de rage et le fracas des armes. Wilson voit tout cela. Et même si son visage reste impassible, son cœur vibre de voir tout ce sang versé. Pour des causes bien futiles, mais des causes qui méritent de risquer sa vie pour elle. Hélas, trop de vies ont été sacrifiées. Trop.

-Tout est prêt ?
-Oui Capitaine. On n’attend plus que votre ordre.
-Lancez les signaux. Et évacuer le navire.

Le matelot ne bouge pas. Wilson le fixe un instant, ne comprenant pas.

-Sauf votre respect, capitaine, on vous laissera pas tout seul sur ce coup.
-Ouaip. Question d’honneur.

Le vieux pirate pense bien protester, mais il reconnait ces visages. Ce sont des rocs imperturbables qui ont sillonné les mers en sa compagnie. Ils en viendraient à la mutinerie s’il le fallait. Autant ne pas souiller cet instant en choisissant le destin des autres. Il sourit. Puis il sort son arme.

-Alors préparez-vous ! Car nous serons le centre de la tourmente jusqu’à la fin !

Et au milieu des combats, c’est plusieurs fusées qui partent du gigantesque navire incrusté dans la base de la marine, éclatant dans les airs de sorte que tout le monde est mis au courant. Pour beaucoup de pirates et de marines, ça ne veut pas dire grand-chose. Pour certains capitaines dans le secret, ils savent. Pour des officiers supérieurs de la marine, tout ceci ne veut dire qu’une seule chose : une machination se prépare.

Une explosion retentit suivie d’un bruit assourdissant. Le sol tremble. Quelque part aux abords de la base, un pan entier de la base en construction s’effondre à flanc de montagne, emportant avec lui pirates et marines. Pour tous, ça en devient une évidence. Le Projet Nasse n’est désormais posé que sur un caillou en équilibre précaire sur le toit du monde. Et quand les capitaines pirates commencent à hurler des ordres de retraite, il ne faut pas longtemps pour que le chaos s’empare de la base. Le vrai chaos. Pas celui de la guerre et du sang, mais celui de la peur et de la mort. La mort par les éléments. Les pirates obéissent pour la plupart sans trop savoir quoi faire. Certains montent dans les navires. D’autres se décident à prendre la route du grand toboggan du monde en descendant Reverse Mountain dans une barque pour les plus chanceux, sur une planche de bois pour les moins débrouillards et sans rien pour les suicidaires. Du côté de la marine, c’est différent. Les marines observent leurs chefs, attendant un ordre. C’est dans des instants pareils que les officiers doivent faire preuve d’une discipline d’acier, confronté à l’imprévu le plus total couplé à un danger imminent. Des marines fuient, empruntant souvent le même chemin que leurs ennemis. D’autres vont chercher refuge dans les bâtiments. Sécurité illusoire. D’autres enfin rejoignent des navires de la marine encore en état.

Les plus courageux restent aux côtés des officiers et pour la plupart, s’il y a bien une chose à faire, c’est de mettre un terme aux machinations de Wilson Moore. Et c’est une marée humaine qui fond sur le navire amiral de la piraterie, délaissant les pirates çà et là. Le sous-amiral est de la partie. Et l’Hesperide. L’ordre est prioritaire. Et même si Nakajima ou Reyson semblait à leur portée, il y a des choses qui paraissent soudainement plus urgentes. Ce n’est que partie remise.

Et sur ledit navire amiral, c’est un capitaine entouré de ses hommes qui attend la marine. De pied ferme.

Hors Rôle Play:

Édite: J'ai rajouté une phrase de dialogue. J'ai oublié de la mettre hier, j'ai posté dans la précipitation...

-Abandonne, Blaireau ! Tu n’as nulle part où fuir !

La voix du sous-amiral se voulait implacable. Face au capitaine pirate, il semble en position de force. Les officiers de la marine prennent peu à peu le contrôle du pont, balayant les vigoureux hommes de Wilson ne reculant pas d’un seul pas sous les assauts des officiers de la Justice. Il n’y a pas d’honneur à reculer. Et là où ils vont, dans les profondeurs des mers, l’honneur est tout ce qui importe. Son sabre pointé en direction du vieux loup de mer, le sous-amiral Larss espère un abandon de la part du vieil homme. Il espère que tout ça n’était qu’une diversion pour que les pirates puissent fuir. Il espère qu’il n’y a rien d’autre. Juste lui et son sens du devoir à se sacrifier pour la cause. La cause des pirates. Celle de la Liberté.

En face, Wilson ne peut que savourer ce dernier instant de sa vie. Son sabre brisé git au sol, ne lui restant qu’une poignée brisée entre les mains. Perdre son sabre pour un pirate, c’est un signe qui ne trompe pas. Mais Wilson n’a pas peur de la mort. Il l’a côtoyé pendant bien des années. Elle est son amie. Et aujourd’hui, son amie l’attend à bras ouvert. Son regard se porte vers le bastingage et bien au-delà. Les pirates fuient comme ils peuvent. Tantôt sur le bateau, tantôt sur pas grand-chose. A nouveau, il pense à tous ceux qui ont péri et à tous ceux qui vont périr. Beaucoup ne sont pas aussi calmes que lui à l’approche de la mort. Ils pensent à ces innocents, victimes d’une guerre éternelle. Combattre pour une cause ne fait pas tout. Survivre pour cette cause est une chose encore plus précieuse. Car c’est dans la vie que résident les graines d’un monde meilleur.

-Ta décision ?

Retour à la réalité. Wilson sourit faiblement. Sa lame brisée tombe au sol. Igniss se détend un instant. Un instant de trop.

Wilson sort un dial d’une sacoche à sa ceinture. L’œil avisé du sous-amiral reconnait un heat-dial. La stupeur gagne son visage. Wilson le fixe. Un instant. Des bouches des pirates agonisants se font soudainement entendre une chanson pirate. Triste et mélodieuse. Les cœurs faiblards lâchent leur dernier soupir à cette chanson des morts recueillis par Davy Jones. Une chanson de bar miteux. Une chanson de pirates. Une chanson de vieux loups de mer.

-Ce fut un beau combat, amiral.

Et il saute en arrière dans l’écoutille prévue à cet effet. Là, il ferme les yeux, actionnant son dial qui, en arrivant au sol, met à feu le dispositif explosif préparer par Wilson.

Des tonnes de poudres et d’explosifs, soigneusement protégés pendant la montée de Reverse Mountain et préparer une fois en haut. Des trous ont été percés dans la plaque de béton servant de support à la base. Là, on y a entassé de la poudre. Beaucoup. Trop. Le bateau est une énorme poudrière.

L’explosion est titanesque. Le bateau est pulvérisé en un clignement de l’œil tandis que l’explosion de la plaque support la fendille de toute part. Les bâtiments se lézardent les uns après les autres, commençant leur descente vers les différentes mers de ce carrefour du monde. Le souffle de l’explosion est tellement puissant que ce sont des centaines de pirates et de marines qui sont soufflés et expédiées dans les airs dans toutes les directions, illustres personnalités comme sombres inconnus. Même les bateaux volent dans le ciel sous le souffle de l’explosion, permettant à un grand nombre d’hommes de s’échapper de la base de la marine devenue confettis de béton se désagrégeant à grande vitesse.

Il pleut des combattants sur Grandline.

Un nuage de poussière et de gravats s’élève du sommet de Reverse Mountain, et cela pendant une bonne dizaine de minutes. Puis, quand le nuage se disperse. Tout le monde peut enfin voir l’état final du projet où le Gouvernement mondial a tant investi. Il ne reste plus grand-chose. La base a quasiment disparu. Seuls subsistent deux tours. Deux uniques tours à l’entrée de la descente de Grandline. Deux tours branlantes et en ruine comme une porte sur la mer de tous les périls à l’image des deux phares du Cap des Jumeaux aujourd’hui détruits.

Tous peuvent voir que le projet Nasse n’est plus.
Maintenant, il est l’heure de compter les morts et de repêcher les disparus.