J'ai souvent eu l'impression de pas être à ma place dans le monde. D'avoir quelque chose de trop différent de mes congénères, une sensibilité malvenue aux yeux de ma race. Et... à côté, de clairement pas pouvoir me fondre aux humains sans inspirer peur et mépris, bien sûr. Pour la simple raison que j'ai des grandes dents et des branchies. J'ai pas le physique de l'humain, j'ai pas le mental de l'homme-poisson. Pour résumer grossièrement, j'suis celui qui aura perpétuellement rien à foutre là. C'est quelque chose qui me lâchera jamais. Tout comme cette conviction que j'trouverai jamais ma place nulle part, et que le monde se fout constamment de ma gueule. Que le destin a trouvé en moi son bouc-émissaire des mauvaises journées, celui qui passera son temps à naviguer d'ironies en ironies sans jamais pouvoir tenter de prendre sa vie à contre-courant.
Aujourd'hui, le destin doit encore s'en payer une bonne tranche. J'suis p'tete parano, mais non, quoi. Y a vraiment quelqu'un là-haut qui aime me caser dans ce genre de situations.
Ils ont monté une équipe de diplomates pour négocier une implantation mineure de la marine dans les environs de Zaun, un repère d'anarchistes timbrés. En gros. C'est ce que j'ai retenu, en gros, du briefing de l'équipe. L'équipe, tous des gens avec de la verve, du charisme, de la prestance, un zeste de psychologie et experts de la poudre aux yeux. Des communicants, qui croient en leurs mensonges, qui réussissent, d'une certaine façon, à vendre un avenir meilleur aux côtés d'un gouvernement élitiste, hypocrite et barge.
Moi au milieu. L'homme-requin puant et muet au milieu de tout ces beaux gens qui vendent du rêve. Mmmh. Ma série noire ne s'arrêtera jamais.
Le port de Zaun. On attend ceux qui sont censés nous accueillir et nous amener devant le tyran local. J'pense pas qu'ils vont venir. Ça sentait dès le début le plan foireux, leur truc. Mais j'ai pas gueulé une seule fois, pour pas les vexer. Enfin, ils sont vachement dans leurs trips. J'sais pas s'ils font semblant ou quoi, mais on dirait qu'ils sont certains que notre fine équipe fera avancer les choses auprès de ces types obsédés par la liberté et la compétition. Un enfer pour moi, au passage, moi qui, avec trop de liberté, me perd en détours inutiles et dans la peur de mal faire, et, avec trop de compétition, me laisse écraser par tout ce qui a réussi à trouver le coeur tout mou derrière la carapace du prédateur marin.
J'me tourne vers mon voisin... Un vieux barbu. J'crois que c'est un commandant vétéran. Un type cool. Mais collant. Mon supérieur direct dans la base de West. Et dans les entraînements, j'crois qu'il a finit par s'attacher à moi, comme il s'est lié au reste du régiment. Comme on s'attacherait à des animaux de compagnie mignons, j'suppose. P'tain, si ça c'est pas de la comparaison décalée. Non. J'pense plutôt qu'il m'a pris en pitié parce qu'il a peur que j'me sois pas bien intégré parmi ses subordonnés chéris. J'déteste ça. J'demande jamais rien d'autre que la tranquillité, moi. Il me traite comme un gosse qui traîne en solo dans la cour de récré, ces mômes inquiétants qui tripent tout seul dans leur coin, qui s'font pas d'amis et que personne n'arrive à sortir de leur mutisme... Hum, c'est ce que j'étais avant, certes.
Le commandant disait que ce serait... enrichissant pour moi de venir avec sa bande. Une genre de sortie pédagogique en milieu extrême. Voir comment survivent des diplomates chez des anarchistes. Hmm.
'pouvez me rappeler ce que j'fais là ? J'serai un vrai boulet, vous le savez.
Mais non. Je vois que vous avez fait un effort sur votre hygiène, comme je vous l'ai demandé. C'est bien. Vous vous êtes même coiffé !
C'est votre copine, là, qui l'a fait avant de partir.
Oh, Lucienne ? Je vous l'ai présenté, c'est notre agent de liaison. Et vous ? Pas trop le trac ? Vous avez appris votre texte par coeur ?
Le truc sur la paix, l'harmonie entre les peuples et l'amour ? Ouais. J'le connais bien. Vous savez ce que vous faites. Choisir un homme-poisson pour déblatérer ces conner...
Effectivement, vous servirez indirectement l'image de la marine. Il s'agit de montrer qu'elle est bien plus ouverte aux autres races et aux autres cultures qu'antan. Vous êtes une espèce rare, un homme-poisson dans la marine. Il s'agit de mettre en avant votre singularité, leur démontrer que tout est possible. Que malgré les différents entre votre race et le gouvernement, il y a quelques îlots d'entente qui ont fini par émerger, peu à peu, comme autant d'endroits fragiles à entretenir, à étendre, afin d'y construire, plus tard, les fondations d'une paix solide et durable.
Ok.
Le noeud papillon vous va à ravir !
J'trouve pas.
C'moche. J'me sens con. Personne fait attention à nous. Ouais, j'me sens très gêné. Parce que d'un sens, ce genre de mission, ça aurait pu me plaire. J'veux dire, apporter la stabilité, ranger un peu le désordre du monde, construire un avenir joli et souriant, c'est un peu ce qui m'faisait rêver dans la marine à la base. Entre autres. Mais comme d'hab, ces rêves sont à sens unique. J'suis encore la bonne poire de service. Mais ! Cette fois, j'suis pas seul, on est tout un poirier.
Bon... Ils ne viendront pas. Allons au palais du gouverneur...
Tout le monde acquiesce, même moi, dans un malheureux réflexe. C'est que j'bous d'envie de lancer un "C'est quand qu'on rentre ?", mais tout compte fait, j'préfére me faire discret et attendre que l'équipe rentre dans un mur de Rien à foutres et décide de se casser d'elle-même. Je reste à l'arrière de la troupe, qui avance en ville. Sous les regards défiants des autochtones. J'me cache derrière ces gens bien vêtus et présentables. Mais j'fais tâche, j'ressors du décor, faut pas se mentir. J'suis l'éternel intrus.
Aujourd'hui, le destin doit encore s'en payer une bonne tranche. J'suis p'tete parano, mais non, quoi. Y a vraiment quelqu'un là-haut qui aime me caser dans ce genre de situations.
Ils ont monté une équipe de diplomates pour négocier une implantation mineure de la marine dans les environs de Zaun, un repère d'anarchistes timbrés. En gros. C'est ce que j'ai retenu, en gros, du briefing de l'équipe. L'équipe, tous des gens avec de la verve, du charisme, de la prestance, un zeste de psychologie et experts de la poudre aux yeux. Des communicants, qui croient en leurs mensonges, qui réussissent, d'une certaine façon, à vendre un avenir meilleur aux côtés d'un gouvernement élitiste, hypocrite et barge.
Moi au milieu. L'homme-requin puant et muet au milieu de tout ces beaux gens qui vendent du rêve. Mmmh. Ma série noire ne s'arrêtera jamais.
Le port de Zaun. On attend ceux qui sont censés nous accueillir et nous amener devant le tyran local. J'pense pas qu'ils vont venir. Ça sentait dès le début le plan foireux, leur truc. Mais j'ai pas gueulé une seule fois, pour pas les vexer. Enfin, ils sont vachement dans leurs trips. J'sais pas s'ils font semblant ou quoi, mais on dirait qu'ils sont certains que notre fine équipe fera avancer les choses auprès de ces types obsédés par la liberté et la compétition. Un enfer pour moi, au passage, moi qui, avec trop de liberté, me perd en détours inutiles et dans la peur de mal faire, et, avec trop de compétition, me laisse écraser par tout ce qui a réussi à trouver le coeur tout mou derrière la carapace du prédateur marin.
J'me tourne vers mon voisin... Un vieux barbu. J'crois que c'est un commandant vétéran. Un type cool. Mais collant. Mon supérieur direct dans la base de West. Et dans les entraînements, j'crois qu'il a finit par s'attacher à moi, comme il s'est lié au reste du régiment. Comme on s'attacherait à des animaux de compagnie mignons, j'suppose. P'tain, si ça c'est pas de la comparaison décalée. Non. J'pense plutôt qu'il m'a pris en pitié parce qu'il a peur que j'me sois pas bien intégré parmi ses subordonnés chéris. J'déteste ça. J'demande jamais rien d'autre que la tranquillité, moi. Il me traite comme un gosse qui traîne en solo dans la cour de récré, ces mômes inquiétants qui tripent tout seul dans leur coin, qui s'font pas d'amis et que personne n'arrive à sortir de leur mutisme... Hum, c'est ce que j'étais avant, certes.
Le commandant disait que ce serait... enrichissant pour moi de venir avec sa bande. Une genre de sortie pédagogique en milieu extrême. Voir comment survivent des diplomates chez des anarchistes. Hmm.
'pouvez me rappeler ce que j'fais là ? J'serai un vrai boulet, vous le savez.
Mais non. Je vois que vous avez fait un effort sur votre hygiène, comme je vous l'ai demandé. C'est bien. Vous vous êtes même coiffé !
C'est votre copine, là, qui l'a fait avant de partir.
Oh, Lucienne ? Je vous l'ai présenté, c'est notre agent de liaison. Et vous ? Pas trop le trac ? Vous avez appris votre texte par coeur ?
Le truc sur la paix, l'harmonie entre les peuples et l'amour ? Ouais. J'le connais bien. Vous savez ce que vous faites. Choisir un homme-poisson pour déblatérer ces conner...
Effectivement, vous servirez indirectement l'image de la marine. Il s'agit de montrer qu'elle est bien plus ouverte aux autres races et aux autres cultures qu'antan. Vous êtes une espèce rare, un homme-poisson dans la marine. Il s'agit de mettre en avant votre singularité, leur démontrer que tout est possible. Que malgré les différents entre votre race et le gouvernement, il y a quelques îlots d'entente qui ont fini par émerger, peu à peu, comme autant d'endroits fragiles à entretenir, à étendre, afin d'y construire, plus tard, les fondations d'une paix solide et durable.
Ok.
Le noeud papillon vous va à ravir !
J'trouve pas.
C'moche. J'me sens con. Personne fait attention à nous. Ouais, j'me sens très gêné. Parce que d'un sens, ce genre de mission, ça aurait pu me plaire. J'veux dire, apporter la stabilité, ranger un peu le désordre du monde, construire un avenir joli et souriant, c'est un peu ce qui m'faisait rêver dans la marine à la base. Entre autres. Mais comme d'hab, ces rêves sont à sens unique. J'suis encore la bonne poire de service. Mais ! Cette fois, j'suis pas seul, on est tout un poirier.
Bon... Ils ne viendront pas. Allons au palais du gouverneur...
Tout le monde acquiesce, même moi, dans un malheureux réflexe. C'est que j'bous d'envie de lancer un "C'est quand qu'on rentre ?", mais tout compte fait, j'préfére me faire discret et attendre que l'équipe rentre dans un mur de Rien à foutres et décide de se casser d'elle-même. Je reste à l'arrière de la troupe, qui avance en ville. Sous les regards défiants des autochtones. J'me cache derrière ces gens bien vêtus et présentables. Mais j'fais tâche, j'ressors du décor, faut pas se mentir. J'suis l'éternel intrus.
Dernière édition par Craig Kamina le Sam 31 Mai 2014 - 9:53, édité 1 fois