... et alors là, Anatole, y demande à Edgard s'qu'y va faire ce soir. Et ce bon vieux singe de Edgard qui lui dit en gloussant qu'il va remettre le couvert avec bobonne, que ça fait déjà une semaine et que ça commence à bien faire. Et paf' arrivé chez lui, ben Edgard, ni une ni deux, il se jette sur sa bourgeoise, excité comme un puceau devant un décolleté plongeant. Sauf qu'elle, elle veut pas. Il insiste, elle refuse, il insiste encore mais la rombière, inflexible. Le bon Edgard, y comprend pas, y d'mande ce qui va pas, et sa poule lui dit :
" La femme d'un de tes collègues m'a appelée, il parait qu'il y a une pouf' à ton boulot qui s'est tapé tous les gars d'ton service. Tous, sauf un. "
Alors là, le Edgard, bien embêté, y réfléchit, y réfléchit, puis il tire une moue assez convaincue de c'qu'y va balancer et y bave :
" Oh, ça doit être Anatole, quelle andouille ce mec ! "
...
Avoue qu'elle est bien bonne hein ! Meeh, où tu vas ?
Rha l'hallu, j'balance une blague du tonnerre, et vlan, elle s'en moque la p'tite dame, elle s'envole, comme ça. C'est ça l'problème de nos jours, plus personne prend l'temps d'profiter. He bah, vas-y, barre toi, libellule, n'empêche, tu m'y r'prendras plus, à taper la discute pour faire passer le temps. Bwahf, pas grave. Cool journée, aujourd'hui. C'est tout c'qui compte. Paisible. J'suis le cul vissé dans un canap' avec rien d'autre à foutre que d'tirer sur un petit cône de délice en zieutant ces myriades de gouttelettes qui crépitent contre la vitre. Temps à la con. J'dis à la con, pas dans sa connotation péjorative, hein, attention, plus dans le sens détaché et totalement sudiste du coin qui veut dire " teh, il est couillon ce temps ". Pourtant, avant d'me poser ici, j'avais miré les cartes postales qu'on fait de la région; beh, y'avait pas un pet de pluie, que du bleu, un azur puissant et immaculé, avec la machine à t'donner envie d'taper barbec' qui flambait joliment tout là-haut. Mais là, non, pas possible.
Y'a pas un pelé hors du rade. Pas un temps à foutre le nez dehors quand on est pas habitué aux averses et qu'on sait pas apprécier leur charme presque exotique. Pas un gusse dans la rue, et, pour rien gâcher, personne dans l'caftard non plus. Le tavernier, l'est pas troublé pour si peu, à moi tout seul, j'lui fais son chiffre de la journée. Et pour chaque chope que je tombe, il s'en siffle deux, en bon habitué de la profession. On est là, on boit, on s'lance une phrase ou plusieurs parfois, toutes les cinq minutes, et on fout rien. C'est chouette. Y'a rien à faire en même temps. Et c'est parfait ainsi. C'est quand ton quotidien t'offre ce genre de temps-mort que t'as tout le loisir de laisser ton esprit flirter avec les étoiles. De vagabonder peinard et sans retenue dans le théâtre infini des rêves, des pensées éphémères et des visions alternatives. Explorer, découvrir, profiter. C'est la panacée, toute simple et évidente.
Le tout, c'est d'en prendre conscience. De pas sous-estimer, ignorer ces moments de pause qui peuvent te sembler contre-productifs au premier abord. Parce que si tu prends le soin de creuser un peu derrière les apparences, tu réalises que les merveilles dorment dans les profondeurs de ton âme. Y'a les trésors, lovés au creux du lit de l'océan, dans la carcasse déchirée du fier navire qui dans le temps domptait les vagues, et y'a les perles de l'esprit, timides, fragiles, toutes scintillantes derrière le manteau de mystère qui les protègent. Hé ouais, tout s'mérite; ceux qui auront cet esprit bohème, qui combineront le goût du voyage et la passion pour l'art, la vie et sa compréhension possèderont toujours cette petite flamme en eux qui les amènera à voir les choses différemment. Et c'est quand on sort de l'ordinaire qu'on est le plus susceptible de caresser ce doux et parfait bien-être fait de découverte et d'aventure. Effleurer l'épiphanie, c'est l'état perpétuel qu'il faut rechercher. La saisir constamment, c'est impossible, et même de manière fugace, peut-on apparenter ça à un succès ? Quand tu prends conscience, que tu réalises un truc bien perché derrière des contours indistincts à la base, tu obtiens une solution, mais la vie, c'est une perpétuelle quête. Une perpétuelle remise en question qui tend à te guider vers le point de compréhension suivant. Une fois que tu piges ça, tu te contentes pas d'une réponse. Ou même des réponses. T'aspires aussi à connaître les questions.
Seulement quand tu fais ça, t'en arrives parfois à chambouler les certitudes qui t'ont façonné en tant qu'individu. S'qu'il faut, en fait, c'est adopter la méthode de l'équilibriste : tu cherches à avancer en gardant d'un côté, tes acquis, tes convictions profondes et inaltérables, et de l'autre, ce grand inconnu susceptible de te faire rebondir vers une voie totalement différente de celle que tu arpentais. Sans jamais trop s'appuyer sur l'un ou l'autre, pour pas s'casser la gueule. C'est ce même schéma, toujours répété, jamais identique. Tout ça parce que tu cherches les questions qui t'inciteront à aller plus loin. La question.
Mais la bonne question, c'est quoi ?
Dites, j'vous r'connais vous ! J'suis sûr que j'vous r'connais. C'est vous pas vrai ?
Tiens, un individu qui m'parle. Dans un bar, c'est pas banal. C'est même plutôt singulier. Il a une tignasse en bataille et une constellation de tâches de rousseur absolument extra. C'est décidé, y m'est sympathique.
Ah ouais ? Bah dans c'cas, si vous êtes sûr, c'est qu'ça doit être moi, que j'dis.
J'aurais ptetre pas dû. Déjà, ben je sais pas si le lui qu'il cherche, c'est moi. Et en plus, y repart en braillant comme un buffle d'un truc genre : " Yahoo, je l'savais ! Patroooon ! Patroooon ! Jl'ai r'trouvé ! " qui fait pas plaisir aux tympans. Ni aux miens, ni à ceux de l'autre coco là, qui essaie de rentrer le plus possible sa tête chauve dans ses épaules en se massant les oreilles et en tirant la grimace.
Bordel, Alphonse, j'suis juste à côté d'toi, tu l'fais exprès ou bien ?
Oh, désolé Patron.
Bon, quoi, on s'prend une bière les gars ?
Oops. C'était le truc à pas lâcher apparemment. Dire qu'y z'ont pas l'air hyper-emballés par la proposition, c'est un doux euphémisme. Mieux, j'dirais plutôt, j'aime pas trop le regard qu'ils me bazardent. Bien furax, bien glauque.
Euh ...j'aime pas trop le regard que vous me bazardez, les gars, bien furax, bien glauque. J'ai dit une connerie ? Ancien alcoolique peut-être ? On peut trinquer au jus d'pomme vous sav'...
Tu vas d'abord nous rendre c'que tu nous dois sans faire d'histoire, l'ami, et pas d'entourloupe !
Hm, vous êtes sûr ? Parce que si c'que j'vous dois vaut moins d'une bière, vous loupez une affaire. ... Ah oui, euh, j'vous dois quoi déjà ?
Ça, faudrait demander au patron.
Beeh... C'est pas vous Patron ? Y vous a appelé comme ça.
Non, moi, en vrai on m'appelle 2D.
Alphonse. Deudet. C'est noté. Sur la vie. Et c'est pas lui l'patron ? que j'dis en visant le barman. Parce que moi jl'appelle comme ça tout l'temps.
Mais noon, c'est pas du tout ça ... j'cause à un demeuré ou quoi ?! ... c'est ... Aaah ! J'ai dit pas d'entourloupe !
Pas dans quoi ?
Merde !
Ah oui, là, on est pas dans la merde, c'est sûr.
Allez patron, faut pas s'mettre dans des états pareils pour autant.
Pour autant ? Bah, donc, ça a d'la valeur c'que vous venez chercher. Encore que moi, j'aurais dit pour si peu, sinon, ça veut plus rien dire, là, dans l'contexte.
Alphonse ...
Deudet ?
Y va m'rendre chèvre c'gars.
Moi, c'est pas Seguin, m'sieur Deudet, c'est Eustache Ier. Rock Star. Et comme j'vois qu'on a comme un malentendu, voilà c'que j'vous propose : on voit tous ensemble c'qu'il faut retrouver autour d'un bon verre et on avise. Ok ?
Mais c'est à dire que ...
À la bonne heure ! Patron, une tournée !
" La femme d'un de tes collègues m'a appelée, il parait qu'il y a une pouf' à ton boulot qui s'est tapé tous les gars d'ton service. Tous, sauf un. "
Alors là, le Edgard, bien embêté, y réfléchit, y réfléchit, puis il tire une moue assez convaincue de c'qu'y va balancer et y bave :
" Oh, ça doit être Anatole, quelle andouille ce mec ! "
...
Avoue qu'elle est bien bonne hein ! Meeh, où tu vas ?
Rha l'hallu, j'balance une blague du tonnerre, et vlan, elle s'en moque la p'tite dame, elle s'envole, comme ça. C'est ça l'problème de nos jours, plus personne prend l'temps d'profiter. He bah, vas-y, barre toi, libellule, n'empêche, tu m'y r'prendras plus, à taper la discute pour faire passer le temps. Bwahf, pas grave. Cool journée, aujourd'hui. C'est tout c'qui compte. Paisible. J'suis le cul vissé dans un canap' avec rien d'autre à foutre que d'tirer sur un petit cône de délice en zieutant ces myriades de gouttelettes qui crépitent contre la vitre. Temps à la con. J'dis à la con, pas dans sa connotation péjorative, hein, attention, plus dans le sens détaché et totalement sudiste du coin qui veut dire " teh, il est couillon ce temps ". Pourtant, avant d'me poser ici, j'avais miré les cartes postales qu'on fait de la région; beh, y'avait pas un pet de pluie, que du bleu, un azur puissant et immaculé, avec la machine à t'donner envie d'taper barbec' qui flambait joliment tout là-haut. Mais là, non, pas possible.
Y'a pas un pelé hors du rade. Pas un temps à foutre le nez dehors quand on est pas habitué aux averses et qu'on sait pas apprécier leur charme presque exotique. Pas un gusse dans la rue, et, pour rien gâcher, personne dans l'caftard non plus. Le tavernier, l'est pas troublé pour si peu, à moi tout seul, j'lui fais son chiffre de la journée. Et pour chaque chope que je tombe, il s'en siffle deux, en bon habitué de la profession. On est là, on boit, on s'lance une phrase ou plusieurs parfois, toutes les cinq minutes, et on fout rien. C'est chouette. Y'a rien à faire en même temps. Et c'est parfait ainsi. C'est quand ton quotidien t'offre ce genre de temps-mort que t'as tout le loisir de laisser ton esprit flirter avec les étoiles. De vagabonder peinard et sans retenue dans le théâtre infini des rêves, des pensées éphémères et des visions alternatives. Explorer, découvrir, profiter. C'est la panacée, toute simple et évidente.
Le tout, c'est d'en prendre conscience. De pas sous-estimer, ignorer ces moments de pause qui peuvent te sembler contre-productifs au premier abord. Parce que si tu prends le soin de creuser un peu derrière les apparences, tu réalises que les merveilles dorment dans les profondeurs de ton âme. Y'a les trésors, lovés au creux du lit de l'océan, dans la carcasse déchirée du fier navire qui dans le temps domptait les vagues, et y'a les perles de l'esprit, timides, fragiles, toutes scintillantes derrière le manteau de mystère qui les protègent. Hé ouais, tout s'mérite; ceux qui auront cet esprit bohème, qui combineront le goût du voyage et la passion pour l'art, la vie et sa compréhension possèderont toujours cette petite flamme en eux qui les amènera à voir les choses différemment. Et c'est quand on sort de l'ordinaire qu'on est le plus susceptible de caresser ce doux et parfait bien-être fait de découverte et d'aventure. Effleurer l'épiphanie, c'est l'état perpétuel qu'il faut rechercher. La saisir constamment, c'est impossible, et même de manière fugace, peut-on apparenter ça à un succès ? Quand tu prends conscience, que tu réalises un truc bien perché derrière des contours indistincts à la base, tu obtiens une solution, mais la vie, c'est une perpétuelle quête. Une perpétuelle remise en question qui tend à te guider vers le point de compréhension suivant. Une fois que tu piges ça, tu te contentes pas d'une réponse. Ou même des réponses. T'aspires aussi à connaître les questions.
Seulement quand tu fais ça, t'en arrives parfois à chambouler les certitudes qui t'ont façonné en tant qu'individu. S'qu'il faut, en fait, c'est adopter la méthode de l'équilibriste : tu cherches à avancer en gardant d'un côté, tes acquis, tes convictions profondes et inaltérables, et de l'autre, ce grand inconnu susceptible de te faire rebondir vers une voie totalement différente de celle que tu arpentais. Sans jamais trop s'appuyer sur l'un ou l'autre, pour pas s'casser la gueule. C'est ce même schéma, toujours répété, jamais identique. Tout ça parce que tu cherches les questions qui t'inciteront à aller plus loin. La question.
Mais la bonne question, c'est quoi ?
Dites, j'vous r'connais vous ! J'suis sûr que j'vous r'connais. C'est vous pas vrai ?
Tiens, un individu qui m'parle. Dans un bar, c'est pas banal. C'est même plutôt singulier. Il a une tignasse en bataille et une constellation de tâches de rousseur absolument extra. C'est décidé, y m'est sympathique.
Ah ouais ? Bah dans c'cas, si vous êtes sûr, c'est qu'ça doit être moi, que j'dis.
J'aurais ptetre pas dû. Déjà, ben je sais pas si le lui qu'il cherche, c'est moi. Et en plus, y repart en braillant comme un buffle d'un truc genre : " Yahoo, je l'savais ! Patroooon ! Patroooon ! Jl'ai r'trouvé ! " qui fait pas plaisir aux tympans. Ni aux miens, ni à ceux de l'autre coco là, qui essaie de rentrer le plus possible sa tête chauve dans ses épaules en se massant les oreilles et en tirant la grimace.
Bordel, Alphonse, j'suis juste à côté d'toi, tu l'fais exprès ou bien ?
Oh, désolé Patron.
Bon, quoi, on s'prend une bière les gars ?
Oops. C'était le truc à pas lâcher apparemment. Dire qu'y z'ont pas l'air hyper-emballés par la proposition, c'est un doux euphémisme. Mieux, j'dirais plutôt, j'aime pas trop le regard qu'ils me bazardent. Bien furax, bien glauque.
Euh ...j'aime pas trop le regard que vous me bazardez, les gars, bien furax, bien glauque. J'ai dit une connerie ? Ancien alcoolique peut-être ? On peut trinquer au jus d'pomme vous sav'...
Tu vas d'abord nous rendre c'que tu nous dois sans faire d'histoire, l'ami, et pas d'entourloupe !
Hm, vous êtes sûr ? Parce que si c'que j'vous dois vaut moins d'une bière, vous loupez une affaire. ... Ah oui, euh, j'vous dois quoi déjà ?
Ça, faudrait demander au patron.
Beeh... C'est pas vous Patron ? Y vous a appelé comme ça.
Non, moi, en vrai on m'appelle 2D.
Alphonse. Deudet. C'est noté. Sur la vie. Et c'est pas lui l'patron ? que j'dis en visant le barman. Parce que moi jl'appelle comme ça tout l'temps.
Mais noon, c'est pas du tout ça ... j'cause à un demeuré ou quoi ?! ... c'est ... Aaah ! J'ai dit pas d'entourloupe !
Pas dans quoi ?
Merde !
Ah oui, là, on est pas dans la merde, c'est sûr.
Allez patron, faut pas s'mettre dans des états pareils pour autant.
Pour autant ? Bah, donc, ça a d'la valeur c'que vous venez chercher. Encore que moi, j'aurais dit pour si peu, sinon, ça veut plus rien dire, là, dans l'contexte.
Alphonse ...
Deudet ?
Y va m'rendre chèvre c'gars.
Moi, c'est pas Seguin, m'sieur Deudet, c'est Eustache Ier. Rock Star. Et comme j'vois qu'on a comme un malentendu, voilà c'que j'vous propose : on voit tous ensemble c'qu'il faut retrouver autour d'un bon verre et on avise. Ok ?
Mais c'est à dire que ...
À la bonne heure ! Patron, une tournée !