La voilà enfin, cette Terre entre les nuages. Cette Terre où se terre ces anges qui ont décimé toute la famille de ma mère, et plus encore. Ces anges qui veulent ma mort, à moi, qui ne les connais que par Irysia. Et pourquoi ? Juste parce que j’existe.
Ah… Irysia. Je n’aurai surement pas dû céder sous tes belles paroles. Je n’aurai pas dû t’écouter lorsque tu me parlais si bien de ma mère. Et maintenant, me voici ici. Tu m’as dis que j’étais bien plus forte qu’eux, que je ne risquerai rien à y aller malgré leur envie de me tuer. J’espère que tu as raison Irysia. Tu as intérêt d’avoir raison…
Enfin, tu m’as quand même donné pas mal d’information durant ce chocolat qui a duré trois jours plutôt que cinq minutes. Pour me rendre la tâche encore plus simple hein ? Mouais, c’est ce qu’on verra.
Pourquoi j’ai accepté ça…
J’aurai bien envie de renoncer, de retourner ailleurs… Armada par exemple, c’est plutôt un bon endroit pour se la couler douce quand on est moi. Mais même si je sens que ça va être bien moins simple que ce que la vieille m’a dit, une part de moi à quand même envie de le faire. Et pas pour elle, pas pour ces gens qui « m’attendent », juste pour moi. Pour ma famille réduite à néant part ces anges. Pour ma mère morte afin de me protéger moi et le secret de cette île.
Alors préparez vous, anges de Stymphale ! Car me voilà. Prête à atomiser quiconque se mettra sur mon chemin. Sur le chemin que certain d’entre vous ont tracé pour moi.
The End of Loneliness
Je range cette vivre card qui me dirige vers ce volcan continuellement réveillé. Ce n’est pas ici que je dois aller pour le moment. Irysia me l’a dit : tant que la pierre reste dans ce monstre de lave, je ne crains rien de ce pays. Car ils savent que je suis la seule à pouvoir la récupérer. Et ils savent aussi qu’un jour je me présenterai à eux. Sûrement aurait-il pu m’arrêter lorsque je commençais juste ma carrière de pirate ? Mais leur haine du monde d’en dessous doit les avoir rebuter.
Et puis… Il est tellement plus simple d’attendre que de chercher…
De la où je suis, je peux voir toute l’étendu de ces îles. Cinq îles. Une cité-île au centre de quatre autres. Une volcanique, une de falaises, une autre de forêts et enfin une de lacs. Je ne sais pas combien de temps je vais être occupée ici. Mais ce qui est sûr, c’est que si ça doit mal tourner, il me faut une échappatoire. Il est donc hors de question de me faire prendre le Redcopter.
Je perds de l’altitude et me dirige vers l’île aux falaises et ceux, malgré mon attirance naturelle vers l’île volcanique. Car il est clair qu’une fois qu’ils auront connaissance de ma présence sur l’île, c’est cette île rouge qui sera la plus surveillée. Et puis, quoi de mieux que des falaises pour trouver une grotte ?
Oui, j’aime les grottes. Je m’en rends compte de plus en plus. Peut être est-ce un effet secondaire à mon fruit ? Un dragon cachant son trésor dans une grotte… Ça ne parait pas aberrant.
J’en trouve finalement une sur une des pointes inférieures de l’île. Elle est saine de toute trace de vie humaine. Seuls les oiseaux peuvent l’atteindre. Alors j’y laisse tout ce que j’ai, à l’exception de Narnak, mes lames et la vivre card. Où devrais-je la laisser là ? Non. S’ils n’ont pas déjà la pierre de feu, c’est parce qu’ils ne peuvent pas l’atteindre sans se brûler les plumes. Moi je le pourrais, et je le ferai.
Mais d’abord, je dois récupérer les trois autres.
Et pour cela, c’est les voix de l’air, la terre et de l’eau que je dois trouver. Et d’après Irysia, c’est dans le palais central qu’elles se trouvent.
Alors je prends ma forme animal pour m’envoler vers ce destin que ma mère m’a choisi. Mais…
Devrais-je le faire ? Après tout, rien ne m’y oblige. Je pourrais très bien reprendre le court de ma vie là où je l’ai laissé. Mais où l’ai-je laissée ?
Je ne sais pas vraiment.
Peut être devrais-je juste rencontrer ces gens. Aller à la recherche de l’histoire de cette île. Après tout, si ma mère était bien l’héritière d’un des quatre clans de ce royaume, alors l’histoire de ma famille doit être intimement liée à ce clan.
Le clan du feu.
Je pourrais toujours faire ce qu’Irysia veut que je fasse plus tard… J’ai le temps. Ces anes m’ont attendu plus de vingt ans, ils peuvent encore attendre.
Et puis, en vrai, je ne leur dois rien du tout.
Alors je décolle. Enfin. Je quitte cette terre de falaises pour me diriger vers la terre de mes ancêtres. La terre du feu.
Mais je sais que je suis en terrain ennemi. Alors je ne compte pas me faire remarquer. C’est donc derrière le volcan que j’atterri et que je reprends ma forme d’ange. A partir de là, je n’ai pas d’autre choix que de marcher si je veux rester discrète.
Quelle plaie.
J’ai l’impression que cette marche est interminable. Mais bizarrement je me sens bien. Le paysage est pourtant peu encourageant, avec ces étendus de terre brûlée par la chaleur de ce volcan en activité constante.
Ici, je me sens à l’aise. Comme si c’était ma place. Et peut être l’est-ce… Après tout, j’aurai dû grandir sur cette terre, près de ces puits de laves parsemées dans cette plaine déserte.
A force d’avancer, je commence à percevoir des formes d’installations humaines.
Je commence à douter…
Je dois me fondre dans la masse mais je ne sais absolument rien de cette masse. Peut être sont-ils grandement différents de moi ? Où peut être portent-ils tous des uniformes ? Où je ne sais quel autre signe distinctif ? Comment savoir ?
Je dois aller voir. Et sans me faire voir.
Mais je suis seule dans cette étendue brûlée. Et il n’y a ni arbre, ni buisson pour me camoufler. Il n’y a que le sol. Que le sol et ces trous menant à la lave.
Hm…
Ces trous menant à la lave… Serait-ce une mer de lave comme dans le volcan de Tortuga ? Si c’est le cas, alors peut être y a-t-il un espace entre la terre et la lave ? Et peut être que ces trous sont tous reliés entre eux ?!
Ça vaut le coup de regarder.
Je me dirige vers l’un de ces passages potentiels. Malheureusement, j’ai le déplaisir de voir qu’il n’y a aucun espace entre lave et sol sur celui-ci. Me voici de nouveau au point de départ. Alors je n’ai plus qu’à espérer que tout se passera bien.
Prenant mon courage à une main et la garde de Narnak de l’autre, je reprends mon chemin vers la civilisation.
Mais quelques mètres plus loin, mon regard se pose sur un de ces puits dans la terre. Et je le perçois nettement : il y a un espace entre la lave et le sol. Peut être que mon idée n’est pas encore tombée à l’eau finalement…
Je me penche prudemment dans le creux menant à cette roche liquide en fusion qui à l’air de parcourir cette île. Je fais apparaitre mes griffes et teste mes appuis. Oui, je peux le faire. Et je vais le faire.
J’enfonce mes griffes dans ce sol, une main après l’autre, un pied après l’autre. J’entame la descente. Et lorsque j’arrive à la limite de la terre solide, je regarde l’entre lave et terre. Je vois des colonnes de terre à certain endroit, coupant l’accès à cette espace. Je vois aussi des bulles de laves, explosant sous la pression et dont les projections s’étalent sur le plafond de roche, créant de nouvelles formes, de nouvelles prises pour mon avancée… Si je décide d’avancer. Car j’avoue que ces bulles de lave refroidissent un peu mon élan…
Mais merde, j’ai vécu pire ! Et puis, de toute façon, je crains surement moins le feu que les gens qui veulent ma mort. Alors je préfère assurer mes arrière de ce côté là.
J’avance donc, rampant sur ce plafond de roche volcanique. Je ressens la chaleur étouffante de cet endroit, presque aussi bouillante que celle de l’enfer brûlant d’Impel Down. Où peut être plus. Je ne sais plus trop. Je n’y suis pas resté si longtemps que ça.
Une bulle explosant un peu trop près de moi me fait accélérer le rythme. Régulièrement, je remonte à la surface pour vérifier que je me dirige dans la bonne direction.
Et enfin, je commence à entendre des voix par delà la terre. Ainsi que des martèlements de métal, de limage et tout autre son caractéristique d’une forge. Alors je cherche un point de sortie. Là où je suis, l’espace entre la lave et le sol s’est restreint. Et je peux voir un bout. Serait-ce le bord de l’île ? Peut être. Mais il n’y a aucun moyen de le savoir. Ce qui est sur, c’est que c’est la fin de cette mer de lave et que cette fin, je ne peux pas y accéder de part la finesse de l’espace interstitiel.
Je repère un trou et m’y dirige. Je consacre toutes mes forces dans la mes bras et mes jambes, mais aussi dans ma queue qui ne demande qu’à pendouiller dans cette lave maintenant trop proche de moi. A telle point que même le bout de mes plumes commence à le ressentir.
J’ai beau savoir que je ne flambe pas, je ne me sens pas prête à tester mon pouvoir dans un bain de lave.
Alors je fais attention et monte rapidement dans le puits de roche. Une fois à une distance raisonnable de la lave, je m’accorde quelques secondes pour souffler un peu.
KYAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !
UN MONSTRE ! PAPA ! UN MONSTRE ! AU SECOURS !!!
Hm… C’était sans doute quelques secondes de trop…
Bon, vite. J’creuse des appuies stables, voilà. Et Pouf, me revoici ange.
Mais enfin, Kelly, c’est pas un monstre, c’est une ange. Tu as vraiment trop d’imagination.
Mais Papa ! Elle avait des cornes, et des écailles, et une queue…
Cesse de dire n’importe quoi maintenant ! Et retourne travailler !
Excuse ma fille, elle lit beaucoup trop de livre avec des monstres.
Ah, euh, pas de problème…
La grande main de ce type aux cheveux rouges se tend vers moi. Je l’attrape et il me tire hors de mon trou. Ce n’est pas vraiment l’entrée en scène que j’espérai, maintenant, il me reste plus qu’à prier pour que je passe quand même inaperçue… Après tout, ça aurait pu être pire, hein ?...
N’empêche, t’as eu de la chance de réussir à t’agripper à temps, la lave, ça pardonne pas !
Oui, c’est sûr… ! Je devrais vraiment faire attention à où je mets les pieds !
Ouais ! Clairement ! Mais c’est quand même bizarre. T’as vraiment pas vu les barrières tout autour de l’œil ?
De… l’œil ?
Bah oui ! De l’œil ! T’es sûr que ça va ?
Il me fait un signe de tête vers le trou. Il appelle ça un œil ? Ah ? Et c’est vrai… y’a des barrières tout autour. Oups…
Euh…
T’as dû te cogner la tête. Je vais demander à Kelly d’aller chercher le superviseur de ton corps…
QUOI ?! Mon corps va très bien merci ! Et je vais juste aller, euh… part là ! Et me reposer deux minutes avant de retourner, euh… là d’où je viens !
KELLY !
Oui… Papa… ?
La petite ange aux cheveux rouges se cache presque derrière son père, comme si elle avait peur de moi.
Va tout de suite chercher l’intendant métal ! Je pense que cette ange s’est cogné gravement la tête.
D’accord…
Non ! Non, tout va bien, je vous assure ! Merci pour votre aide mais je me débrouillerai très bien toute seule ! Merci, hein ! D’ailleurs, plus besoin de m’assoir, je vais retourner maintenant travailler.
Et je tourne les talons rapidement pour tenter de fuir cet ange. Mais une main sur mon épaule me retient et le revoilà vite face à moi.
C’est plus grave que ce que je pensais… Je suis tout seul hein. Je ne sais pas en combien tu me vois mais je suis seul, d’accord ? Ensuite, tu es restée combien de temps dans ce puits ? Une heure ? Plus ? Moins ? T’as peut être soif ! Je vais te donner de l’eau. Tiens, assieds-toi là et ne bouge pas. L’intendant va arriver et il te conduira aux lacs.
Oh la vache… Qu’est ce que je dois faire, qu’est ce que je dois faire, qu’est ce que je dois faire ?! Dans quel merdier je suis tombée ?! Ça ne va pas. Ça ne va pas du tout ! Maintenant, je suis assise, là, avec ce mec aux cheveux rouges et aux ailes d’anges qui s’occupe de moi, et avec tous ces anges hommes ou femmes aux cheveux rouges qui me jettent des coups d’yeux curieux tout en travaillant le métal. C’est fou, c’est complètement fou. J’ai l’impression d’être un clone parmi tant d’autre. Complètement camouflée dans la masse.
Je me sens mal.
Qu’est ce que je dois faire ?!
Merde, merde, mer…
T’es vraiment pâle. Allez, tiens, bois un coup.
J’attrape la gourde qu’il me tend et bois tout ce que je peux avant qu’il me l’arrache des mains.
Hey ! Doucement ! Je sais pas quel est ton corps mais ici t’es chez les métallistes et chez nous, on n’a pas d’eau courante ! Et comme l’abreuveur vient de passer, il me reste que ça pour la journée !
C’est trop bizarre. Il me dit des choses et je ne comprends pas au premier coup. C’est quoi son problème hein ?! Il ne peut pas parler comme tout le monde ? Oh bordel. Dans quel merdier je suis ?!
OH ! Mais qu’est ce que c’est ?!
Hein ?!
Des armes ?! Tu as des armes sur toi ?! Mais tu es complètement folle ! Tu es une traitre à ta couleur ou quoi ?!
QUOI ?! Non non ! C’est juste… mes armes… rien de bien méchant
TES ARMES ?! Mais tu ne peux pas avoir d’armes ! Aucun rouge ne le peux ! Elles sont réservées aux blonds ! N’es tu pas au courant ?!
Je fais signe que non de la tête. Tout cela me dépasse. Complètement.
Mais d’où sors-tu ?!
De terre… ?
Medric, tu voulais me voir ?
Ah ! Intendant ! Il faut faire vite ! Elle est tombée dans un œil et je crois que son cerveau est atteint.
Bien, retourne modeler, je m’occupe d’elle.
Mais je vais très bien ! Laissez-moi partir, s’il vous plait !
Oui, je veux juste partir. Et je leur laisse une dernière chance de me laisser faire sans dommage à aucun d’eux. Je crois que j’aurai dû mieux me préparer pour cette intervention. Peut être que j’aurai juste dû rester sous terre et apprendre à connaitre leur fonctionnement.
Oh, Irysia m’en a bien touché deux mots. Les rouges chez les rouges et les bleus chez les bleus par exemple. Mais quand elle disait ça, je ne pensais pas que la séparation serait aussi drastique. Et surtout, qu’il y avait une telle différence de langage !
A bien y réfléchir, de toute façon, elle ne voulait pas que je m’intègre incognito, alors elle m’aurait sans doute rien dit de plus…
Tu avais raison Medric, son cerveau doit être atteint. La pauvre me parle comme si j’étais plusieurs.
Hein ? Mais non mais c’est du vouvoiement ! C’est de la politesse…
Du vouvoiequoi ?! Par Lyana ! Cette ange est complètement cinglée ! Il faut vite la soigner !
Ecoute, euh… angine…
Angine ?! Mais je ne suis pas une maladie !
Hein ? Non, non calme toi… Comment tu t’appelles ?
Izya Tahgel. Et tu commences à clairement me pomper l’air !
Je vois les autres anges aux alentours qui arrêtent soudainement leurs activités et laissent échapper un « Ho ! » générale. Tant pis. J’ai déjà laissé cette situation aller bien trop loin, alors autant aller droit au but !
Sache, angine, que je pourrais te faire arrêter pour tenir ce genre de propos à un supérieur vocalique ! Mais comme tu n’as pas l’air dans ton état, je serais généreux et passerai pour cette fois. Mais tiens-toi tranquille d’accord. Sinon ce n’est pas au lac des blessés que je t’enverrai mais bien à celui des déments !
Bon, alors, Tahgel, Tahgel… Hm. Ce nom ne me dit rien. Dans quelle corps modélises-tu ?
Quoi ?! Je ne comprends rien à votre charabia.
Mais c’est facile pourtant ?! Je parle pas humain !
Ouais, c’est bien ça le problème…
Bon, tu modélises quoi ?
Pfff…
Je me concentre en me massant les tempes. Qu’est ce qu’il essaye de me dire le bougre. Modélise… ça me fait penser à la pâte à modelé… Ou pet être un modèle ? Hm… Modélise… Je modélise quoi…. Hm… Irysia m’a dit que les rouges étaient les artisans non ? Et que ma mère m’avaient laissé à Géralt parce qu’il était forgeron ?
Ce serait ça ? Modéliser égal travailler ? C’est tellement débile !
Ah ! J’ai compris ! Tu veux savoir ce que je fais comme boulot c’est ça ?!
Bouleau ? C’est précis dis donc. Bon, tu es chez les boisiers donc.
Hein ?! Mais enfin, c’est fou ça ! Je croyais vous comprendre et puis pouf, d’un coup, vous me reperdez. C’est quand même dingue ça !
Ecoute, tachons de garder notre calme. Ce n’est pas simple pour tous les deux… Je vais aller chercher dans les registres de l’intendant boisiers voir si je te trouve et…
Bon. Stop. C’est bon. J’en ai marre. Arrête de chercher à Tahgel. Tu ne trouveras rien. Cherche plutôt à Sélindé. T’auras peut être plus de chance. Ou non, mieux. Cherche à Amnel…
*HAN !!!*
*Cliiingling*
Ah, bah voilà ! Maintenant ça va peut être devenir un peu plus compréhensible pour tout le monde.
QUE PERSONNE NE BOUGE ! Medric ! Vas tout de suite chercher Lyana ! Et les Bloqueurs ! Il nous faut les Bloqueurs ! …
Et voilà, l’autre andouille s’excite. Il beugle des directives dans tous les sens. Et moi, au centre de toute cette agitation, je regarde ces anges, dépitée. Certains ont l’air énervé, tenant leur marteau plus comme une arme qu’un outil, d’autre ont l’air horrifié, apeuré. Sûrement pense-t-il que je suis là pour réclamer le prix du sang de ma famille. J’y pense effectivement, mais je déciderai plus tard.
Et enfin, il y en a d’autres, plus discret, moins nombreux… D’autres se cachant presque, attendant que je pose mon regard sur eux pour me sourire, joindre leur mains, lever un pouce discret en l’air. Ils ne sont peut être pas nombreux, mais ils sont bien là, ceux qui attendaient mon arrivée. Irysia n’a pas menti finalement.
Enfin, l’autre nabo à fini de gueuler après les spectateurs. Viens alors mon tour.
Izya Amnel ! En ma qualité d’intendant métal, je t’ordonne de ne pas bouger jusqu’à l’arrivé de notre supérieur hiérarchique à tous !
Sinon quoi ?
Euh… Sinon… nous serons dans l’obligation de… de t’immobiliser jusqu’à ce qu’elle arrive !
Ouh… J’en tremble de peur. Mais bon, vous m’excusez, j’ai à faire.
Oui, parce qu’à priori, leur supérieur à tous ne m’intéresse absolument pas puisque c’est moi qui doit récupérer sa pierre de cors. Du coup, comme je ne la connais pas et que je ne sais pas de quoi elle est capable, je préfère encore l’esquiver pour aller directement à la rencontre des autres voix.
Qui sait quel genre de personne elles sont.
Du coup, j’avance nonchalamment vers le pauvre intendant qui espérait sincèrement que j’obéirai.
C’est aussi TA supérieur ! Elle est notre guide à tous, nous, anges rouges !
Hm, désolé mais moi, j’suis une pirate et j’ai pas de supérieur.
Euh… Je ne comprends pas ce que tu dis mais si ! Si tu es une ange avec les cheveux rouges elle est ta supérieur !
Bah voyons… Heureusement que Irysia m’a quand même un peu briefée sur la situation…
Ah bon, vous êtes sûr ? Parce que moi, on m’a dit…
Je baisse le ton afin de rendre le message plus secret en ajoutant ma main près de ma bouche.
Qu’elle n’avait pas sa pierre de cors… !
*HAN !*
Oui, bien sûr, j’ai fait en sorte que tout le monde entende quand même. Même cette femme, là, qui vient d’arriver… Elle a l’air vachement vexée mais tente désespérément de le cacher.Lyana, je suis désolé pour son comportement honteux. J’aurai dû t’appeler dès le début mais je n’avais pas réalisé que…
Ce n’est pas grave !
Hotson.
Ce n’est pas grave… Maintenant je suis là.
La vache ! Le comportement hautain de cette femme m’exaspère déjà au plus haut point !
Et je suis sûre que cette charmante Angine ici présente est justement venu pour me l’apporter, ma pierre de cors.
Elle me foudroie du regard, comme pour tenter de m’intimider. Pauvre fille, tu es bien loin d’être effrayante pour moi. Et je ne compte pas me laissée marchée dessus par une plaie dans ton genre. D’autant que je le sais : tu as besoin de moi ! Et je compte bien te faire savoir que je le sais ! Garce !
Oh, oui oui, bien sûr bien sûr. Mais je suis fatiguée et j’ai fait un long voyage pour arriver ici. En plus de ça j’ai faim et soif et j’aurai bien besoin d’un bon bain !
Pendant l’espace d’une seconde, son regard a reflété une folle envie de me tuer. Et puis, pouf, il a complètement changé.
Oui, bien sûr, c’est évident. Viens, suis moi, je vais te conduire au palais.
Hm, bizarre. Je l’aurai pensée plus agressive.
M’enfin, soit, j’ai vraiment faim en plus.
C’est bon, tu vas mieux maintenant ?
Mouais, ça va plutôt pas mal.
Tu…
Vas y, fait moi comprendre ce que tu veux par des regards intenses plutôt que des mots. T’as raison. Mais je t’aiderais pas sur ce coup, je préfère te voir galérer, c’est bien plus drôle. Haha !
Genre je n’ai pas compris que tu voulais que j’aille au volcan ce soir. Mais non, cherche pas, je n’irai pas, même si tu te décides à cracher le morceau. Et voilà, tu soupires déjà ! Un point pour moi !
Tu sais…
Hm.
Non, non, je ne sais pas ! Hahaha ! Allez, crache donc ton impatience !
Je ne sais pas ce que tu sais de nous.
Hein ?
Mais saches que je suis désolé pour ta mère.
Euh… Qu’est ce qu’elle me fait là ? Genre elle est désolée ? Vraiment ? Elle n’est pas plutôt contente parce qu’elle a piqué sa place ? C’est une blague, c’est ça ? Une fourberie de garce ? Hm. Je pourrais bien m’énerver, mais j’pense que je vais juste la laisser finir et la bouffer plus tard… Après tout, j’suis vraiment crevée de ce voyage que j’ai fait. Et puis je préfère ne pas perturber ma digestion.
C’est grâce à elle si je suis ici aujourd’hui, tu sais. Elle était un véritable modèle pour moi ! Alors, lorsque j’ai appris qu’il l’avait pourchassée jusque sur Terre, j’ai été horrifié. Et je me suis promise qu’un jour, je prendrai sa place afin d’honorer sa mémoire.
C’est marrant mais, j’ai comme qui dirait l’impression que c’est des salades ce que tu me chantes là…
Oh, je comprends tout à fait que tu puisses douter de moi. Après tout, je ne sais pas si tu le sais mais c’est toi qui devrais être à ma place ! Mais c’est trop dangereux. Les anciennes rancunes ne sont pas encore silencieuses. Et alors même que tu ne connais rien de nous beaucoup des notre souhaitent ta mort ! Notamment chez les rouges !
Notamment toi, oui…
Quoi ?! Moi ?! Non non non ! Moi j’aimais l’ancien système et je respectais nos quatre Voix comme des Joyaux ! Mais les autres voix, elles, ne souhaitent que te voir morte ! Elles te volent comme un danger pour notre société ! Elles ne se rendent pas comptes que ce sont les rebelles qui nous ont mis en péril ! A tel point que certain d’entre nous étions prêt à fuir chez les humains ! Tu te rends compte ! Les HUMAINS !
Tu m’excuseras, hein, mais je suis née chez les humains, j’ai grandis chez les humains et mon père est un humain. Alors non, je ne me rends pas compte.
HAN !
Quoi ?!
J’ignorais que ta mère était allé jusqu’à souiller le sang de nos ancêtres… Raison de plus pour que tu traines le moins possible chez nous ! Pour ton bien, garde tes origines secrètes tant que tu resteras sur cette île et brille pour que personne ne les découvre !
Hein ? Briller ? Quoi ?
Je suis désolé. Il est tard. Nous continuerons ce dialogue demain. Viens, je vais te monter ta partition.
Mais ? Pff, je comprends de nouveau plus rien…
Mais je la suis quand même. Car tant qu’elle n’a pas sa pierre, je ne crains rien et j’ai bien testé ça tout le long de mon altercation avec elle. J’ai beau avoir été la pire peste que je puisse être, elle n’a pas bronché une seule fois. Comme si elle était résignée à me supporter le temps qu’il faudra.
Ou alors, elle est sincère… Non, impossible. Elle voulait me tuer la première fois qu’elle m’a vu. Ah moins que je me fasse des idées…
Bah… J’ai le temps d’y réfléchir. Je ne la revois pas avant demain.
Mais oui, mais oui, je ne sortirai pas de ma « partition »… Pfff, ils ne pourraient pas dire « chambre » comme tout le monde ?! Ou appartement si c’est royal ! Vu qu’à priori, tout ce qui se rapporte à la musique est royal dans ces nuages.
Armada me manque…
C’était tellement bien de pouvoir se lever à n’importe quelle heure de la nuit et de quand même se faire servir…
Alfred… T’aurais quand même pu venir avec moi.
Parce que là, maintenant, j’ai faim. J’ai faim et il fait toujours nuit noir. Je suis dans ce pays bizarre avec ces gens pas mieux. Lyana m’a clairement fait comprendre qu’elle viendrait me réveiller quand il le faudrait.
Mais là, j’ai faim. Maintenant.
Et puis merde à la fin, si je suis pirate, c’est aussi pour pouvoir faire ce que je veux ! Alors zut ! Je me lève ! Je trouverai bien quelque chose à manger quelque part dans ce palais.
Alors je me dirige vers la porte de ma chambre, ou partition, et je m’apprête à fouiller ce lieu à la recherche de nourriture. Mais lorsque j’attrape la poignée et que je l’actionne, rien ne s’ouvre. Cette saleté d’ange m’a enfermée.
Elle a osé.
Moi. Enfermée.
Non.
Plus jamais.
Je me dirige vers la fenêtre et… fermée aussi.
Je souffle un grand coup. Il est hors de question que ces anges décident pour moi. Alors je retourne vers cette porte récalcitrante, empoignant Narnak au passage. Je me place face à l’ouverture, mon meitou bien droit devant moi. Et…
*Zioup*
Le verrou métallique se voit trancher net. Mais malgré cela, la porte ne s’ouvre pas.
Bizarre. Ces anges auraient-ils des moyens de fermeture différents des notre ? Peut être, mais ce n’est pas cela qui va m’empêcher d’aller où bon me semble. Fatiguée et légèrement contrariée, je décide de me découper directement une nouvelle porte dans le bois de celle qui ne veut pas s’ouvrir tranquillement.
Et cette fois, ça marche.
Une fois dehors de ma prison dorée, je regarde intriguée l’entrée de ma cellule. A ma grande surprise, la poignée métallique est le seul témoin de la présence d’une porte en ce lui. Pourtant, elle a été ouverte cette porte ?! Comment se fait-il qu’il n’y ait maintenant plus de séparation entre les deux bois ?!
C’est un mystère. A croire que quelqu’un y a mis beaucoup de sien pour que je reste sagement dans ma partition…
Lyana… Pourquoi voulais-tu absolument me maintenir enfermée ?
Hm. Je verrais cela plus tard. Pour le moment, j’ai des cuisines à trouver. Et ce n’est pas chose facile que de déambuler dans ces couloirs sombres la nuit. J’en viens presque à être obligée d’user de mes sens draconiens pour facilité mon avancée. Ce que je fais d’ailleurs, juste à moitié.
Mais finalement, je trouve plus vite de la vie que ce que je veux. Alors avant d’être vue, je suis obligée de redevenir simple ange rousse parmi tant d’autre.
Sauf qu’il faut croire que je ne suis pas si banal que ça, même chez les anges de ma couleur.
Angine Amnel ? Tu ne devrais pas être ici ! Vite, Stellia, va prévenir Lyana !
Compte sur moi !
Non c’est pas nécessaire ! C’est bon ! J’ai juste un petit creux ! C’est tout.
Rah…
Elle est partie. Et l’autre la regarde partir, plus me regarde. A cause de ce duo d’anges rouquines, mon quatre heure nocturne risque d’être retardé… Quelle poisse !
Mais après une minute de silence gonflant, je décide de poursuivre quand même ma route.
Attends ! Tu ne dois pas bouger ! Reste là !
Non. J’ai faim.
Les cuisines… Bon, d’accord, suis moi. Mais il faut faire vite !
Et la voilà qui commence à courir parmi les couloirs et je la suis. Elle m’entraine dans divers passages secret et en moins d’une minute, nous voilà dans les cuisines. Mais alors que j’allais attraper un simple morceau de je sais pas trop ce que c’est, la jeune ange m’attrape par un poignet et me pousse dans une espèce de chambre…
Froide.
Et me voilà enfermée avec elle dans l’un des pires endroits du monde. Si j’avais su qu’elle allait m’emmener là dedans, j’aurai riposté. Mais me voilà pigée…
Ffais… mmoii.. ssorrrtirr…
Attends ! Écoute-moi d’abord !
Sorrtirrr… Ffrroid…mourrrirrrr…
Izya ! Écoute ! Quoi que te dise Lyana…
Je m’effondre sur ce sol gelé. Je ne tiens plus. Mon corps est entrain de perdre toute sa chaleur. Cette fille là, elle dit des choses, mais je ne les comprends pas. Je n’ai plus que la force de me concentrer sur ma respiration, essayant de réchauffer mes mains avec le peu de souffle qui me reste.
Puis, enfin, la porte s’ouvre. Et quelqu’un me tire de ce lieu maudit ressemblant bien trop à l’enfer gelé d’Impel Down.
TU AS COMPRIS ! IZYA
Le son de la voix de la jeune fille ce stop net. Quelque chose l’a arrêté. Moi, je reprends petit à petit contrôle de mon corps. Et c’est la deuxième ange qui m’a interpellée dans le couloir que je vois.
Ça va mieux ?
Oui, oui. Ça va. J’aime juste pas le froid… C’était quoi cette salle ?
Le conservateur… Je ne sais vraiment pas pourquoi Alina t’y a emmenée. En tout cas, Lyana est furieuse !
Effectivement, je peux voir le dos de Lyana et le visage terrorisée de la pauvre ange qui a failli me tuer pour me dire quelque chose. Mais quoi ?
Je ne le sais même pas.
Puis, Lyana remarque que j’ai repris conscience et se désintéresse complètement d’Alina pour venir vers moi.
Izya ! Tu vas bien ? Qu’est ce qui t’as pris de sortir de ta chambre ?! Je t’avais dit que cet endroit était dangereux pour toi ! Imagine que je ne t’ai pas retrouvée, tu serais sans doute morte de froid la dedans !
Je n’aime pas beaucoup être enfermée contre mon gré Lyana…
Mais c’était pour ton bien ! Regarde ! Tu es sortie et la première personne que tu as croisée voulait ta mort !
Ma mort hein… Je jette un rapide coup d’^yeux à Alina. La pauvre est totalement ligotée et bâillonnée par ce qui semble être… du bois ? Comment est-ce possible ? Je l’ignore, mais peu importe pour l’instant. La prisonnière me regarde avec de grande bille à la place des yeux. Qu’est ce que tu essayais de me dire ?
Etait-ce juste une ruse pour passer le temps en attendant que je meure ?
Et comment aurait-elle su que je mourrais de froid ?!
Mais enfin, Izya… Tout le monde sur cette île connait ta bénédiction ! C’est pour ça que tu dois repartir au plus vite ! Tu n’es pas des notre Izya… Tu ne nous comprendras jamais vraiment.
Mais j’ai besoin de toi Izya. J’ai besoin de la pierre de cors pour garantir la paix sur Stymphale. Et grâce à ta bénédiction, tu es la seule qui puisse la récupérer.
Je marque un instant de pause, réfléchissant à ce qu’elle vient de dire.
Tu sais quoi ? T’as sans doute raison. Jamais je ne pourrais considérer cet endroit comme chez moi. Mais, Lyana, pourquoi t’aiderai-je hein ? J’y gagne quoi, moi, dans tout ça ?
Nouveau silence. Que croyais-tu Lyana, que je t’aiderai par pur bonté d’âme ? Attends… Je suis une pirate moi ! Pas une sainte !
Je ne sais pas ce que tu pourrais vouloir… Mais tu auras la gratitude de tout le peuple ! N’est ce pas suffisant ?
La gratitude de gens qui me veulent morte ? Laisse-moi rire !
Et que fais-tu de la volonté de ta mère Izya ? Si tu veux, je peux faire pour toi ce que tu voulais faire en arrivant ici !
Cette fois, c’est elle qui m’a eu… Pourquoi je suis là, déjà ? Pour cette fichue porte qui ne s’ouvre qu’avec les quatre pierres de cors ? Non, ça c’est Irisya qui le veut, et je suppose que c’est la première chose que les nouvelles voix feront si je leur donne la pierre manquante.
Alors moi, je voulais quoi ? Juste voir ? Ou bien… La vengeance ? Peut être bien…
Tu sais quoi ? Amène moi les tueurs des légitimes Voix du feu et j’irai te la chercher, ta pierre.
Alors nous avons un accord ?
Je peux la voir, cette lueur malsaine dans ses yeux. Mais qu’importe. Ce pays est corrompu de toute manière et quoi que je fasse, je ne serai jamais la bienvenue.
On a un accord.
Les voilà. Tu as de la chance, je les avais déjà fait tous enfermés dans les silences du palais. Après tout, je te l’ai dis, j’étais pour l’ancien système. Mais il est malheureusement révolu.
La nuit s’est terminée et le jour s’est levé. J’ai eu le temps de potasser ma discussion avec elle de cette nuit. Que vais-je faire de ces gens ? Je ne sais pas… Leur parler sera déjà bien. Peut être essayé de comprendre pourquoi ils ont fait cela.
Et après… Je verrais.
Mais les voilà, devant moi. Une dizaine d’ange aux cheveux rouges voulant à priori ma mort. Tous sont ligotés et bâillonnés par ces liens en bois. Cette Lyana… Elle a mangé un fruit du démon lui donnant le contrôle du bois, c’est certain.
J’aimerai leur parler…
Ah, je suis désolé Izya, mais je préfèrerai d’abord m’assurer que tu m’apportes bien la pierre avant… Pas que je ne te fasse pas confiance, bien sûr, mais j’aimerai juste m’assurer que tu ne changes pas d’avis.
Après tout, tu ne peux pas imaginer depuis combien de temps j’attends ce moment ! Ça va être enfin le début d’une nouvelle aire pour moi ! Une aire de paix durable ! Bien sûr !
Huhu…
Mouais… Bien sûr…
Je jette un dernier regard aux prisonniers. Ils ont l’air de plus en plus apeuré par la tournure des choses, je peux le voir sur leur visage. Mais en même temps, ça n’a rien d’étonnant, après tout, ils sont avec la survivante de ceux qu’ils ont exterminés non ?
Puis je m’intéresse à Lyana. Depuis qu’on a conclu notre accord, sont comportement à légèrement changer. Mais rien d’étonnant, après tout, c’est ce qu’elle voulait depuis le début, non ? Mais ce qui m’embête un peu plus, c’est quelle agit comme si elle avait du mal à me cacher quelque chose dû fait de son excitation. Mais au final, ça ne m’importe que peu, non ? Bientôt je partirai de cette île dans les nuages et je pourrais retourner faire ma vie de riche pirate sur Armada.
Alors oui, finissons en avec cette histoire d’ange.
Bon, tu la veux ta pierre ou pas ?
Quelle question ! Allez, viens, je t’emmène. Mais avant, je vais renfermer ces traitres dans leurs silences.
Le bois de leurs liens s’anime pour les faire avancer avec des petites pattes les ramenant dans l’ombre du palais.
Moi, je n’ai plus qu’à attendre le retour de Lyana dans ce jardin devant l’entrée du palais. Autour de moi, je peux voir des anges blonds posté devant les grilles et des bruns entretenant les jardins. Chacun leur tour me dévisagent. Moi qui viens de la terre.
Ne le fais pas !
Hein ?
Pas de réponse. Dans mon dos, il n’y a qu’un ange jardinier qui s’éloigne de moi sans précipitation. Je ne sais pas si j’ai bien compris ce qu’il m’a dit… « Ne le fait pas ? » mais quoi ? Je ne sais pas, alors j’ignore et je continue de m’ennuyer en attendant la rouquine.
Finalement, la porte du palais s’ouvre, mais ce n’est pas elle qui en sort. Deux anges aux cheveux bleus. L’un avec une mallette en main et l’autre avec un bloc note. Comme tous les autres, ils me dévisagent de loin avant de passer devant moi en direction de la sortie.
Ne lui donne pas !
Quoi ?
Mais ils continuent d’avancer comme s’ils n’avaient rien dit. Mais bizarrement, les anges blonds ne les laissent pas sortir et quittent leurs postes pour les conduire ailleurs.
Etrange quand même…
Ah ! Désolé de l’attente. Aller, viens, on va prendre mon carrosse.
Et quel carrosse ! Simplement fait de bois, avec de sublime sculpture sur chaque coin et chaque façade. Un vrai chef d’œuvre. Mais le plus étonnant, c’est qu’il n’y a pas de roues.
Mais comme il est entièrement fait de bois, je suppose qu’elle n’en a pas besoin…
Pendant le trajet, nous ne parlons pas. Alors j’observe ces terres qui auraient dû êtres miennes et écoute les bruits de la ville, puis des ateliers, et puis plus rien.
Mais pendant ce trajet, je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre le même genre de mots que dans la cours du palais. « Ne fais pas ça. » « Ne l’écoute pas. » « Ne la crois pas. »… Et plusieurs fois, ces phrases furent suivies par des arrestations, plus où moins violente. J’ai eu beau regarder Lyana, elle faisait mine de ne rien voir, où me disait de ne pas m’inquiéter.
Mais maintenant, nous voici à quelques dizaines de mètre du volcan et le carrosse vient de s’arrêter.
Je ne peux pas m’approcher plus que cela du volcan sans mettre ma vie en péril à cause de la chaleur. Je t’attendrai ici.
Bien.
Je descends de ce véhicule et me dirige vers ce fameux volcan.
Enfin je vais pouvoir en finir avec toute cette histoire…
Enfin…
Me voilà a l’entrée de ce monstre de lave. Là où je dois trouver ce qu’aucun ange d’ici ne peut atteindre. Sauf moi. Mais moi, je ne suis pas d’ici, et je suis contente de ne pas être d’ici.
Le peu que j’ai vu de ce pays est fou. Leur ségrégation des cheveux, leurs expressions, leurs attitudes. Oui, ce pays n’est pas le miens et ne le sera jamais. Je ne veux pas qu’il le soit, il ne m’intéresse pas.
Alors j’avance autour de ce volcan, cherchant une entrée, car il doit y en avoir une. Et je la trouve rapidement, elle n’est pas cachée. C’est une grande arche surplombée d’une statue colossale d’ange entourée de flamme. Mon ancêtre ? Fort probable. Car ma capacité liée au feu est héréditaire et la seule chose permettant d’atteindre la pierre de cors.
Je regarde derrière moi. Lyana n’a pas bougé d’un poil. Ou alors elle est trop loin pour que je m’en rende compte sous ma forme humaine…
Humaine… Dans ce pays, ce simple mot fait frémir tous ces anges… Qu’on-t-il contre les humains ? Qu’est-il arrivé dans leur histoire pour qu’ils en arrivent à cette haine ?
J’en sais rien.
Et au final, je m’en fou. D’ici quelques heures je retrouverai le Redcopter et me casserai de se trou à rat.
Alors j’entre dans cette caverne creusée à même la roche, jetant un dernier regard à mon ancêtre. Je suis le chemin tracé qui a dû être foulé par tous les miens. Je peux voir sur les murs d’autres gravures, des femmes qui se ressemblent. Des femmes qui me ressemblent… Ce volcan n’est autre qu’un lieu familial, protégé par la puissance du volcan que seul nos corps peuvent dompter.
Plus je m’avance dans ce dédale, plus j’ai l’impression que ces portraits me regardent d’un œil mauvais. Comme si je les trahissais. Mais qui a trahi qui en premier, hein ?
Ma mère !
Ma mère…
M’a-t-elle vraiment trahie ?
Je ne sais pas, je ne sais plus.
J’arrête mon avancée.
Je suis seule, loin de l’entrée. Ici, personne ne me voit, personne ne me rejoindra. Je suis en tête à tête avec mes origines les plus anciennes.
Elles, toutes ces femmes, ont toujours défendus les valeurs de ce pays. Mais je ne connais même pas ces valeurs et pourquoi m’y intéresserai-je ? Elles sont toutes mortes l’une après l’autre en gouvernant leur part de ce pays. Sauf une. Sauf Séléna. Chassée de force de sa patrie. Et moi, sa propre fille conçue pour protéger ces valeurs à sa place, souhaite juste donner à une autre la chose la plus précieuse de ma lignée ?
Peu être devrai-je y réfléchir un peu plus. Peut être que ce pays n’est pas si fou que ça. Et peut être que tous ces gens ne veulent pas ma mort…
« Ne fait pas ça. » « Ne lui donne pas. »
Irysia m’a envoyé ici pour redonner de l’espoir à ces gens. Ces gens qui n’ont rien demandé et qui sont contre le nouveau système.
Mais moi, je suis une pirate, bordel ! Qu’est ce que j’en ai à faire d’eux ?! Rien ! La seule chose qui me retient ici, c’est mes origines dont l’histoire est dans ce volcan.
Pffff.
Je ne peux pas les trahir comme ça. Et puis merde, est-elle vraiment honnête cette Lyana ?! Je n’en sais rien ! Et au fond de moi, j’en doute. Y’a trop de comportement louche qu’elle m’a montrée, trop d’envie de me tuer la première fois qu’elle m’a vu. Trop de mots réconfortants susurrés pour être vrais !
Alors non, pour mes ancêtres, parce qu’ils sont une partie de moi, je ne peux lui donner ce qu’elle veut. Je ne peux la laisser faire ce qu’elle souhaite de ce pays !
Non, je ne lui rapporterai pas. Pas tant que je ne serais pas sûre de ces intentions pour Stymphale, pour ces gens.
Ma décision est prise, et quoi qu’il arrive, je suis sûre de vivre car je ne lui amène pas ce qu’elle souhaite.
Alors je tourne les talons et sors de ce volcan. Si ce qu’elle m’a dit sur la différence de chaleur est vrai, je devrais pouvoir l’esquiver pour tenter une nouvelle approche de Stymphale.
Mais bien sûr et comme tout le reste, c’était faux.
A peine ai-je le temps de mettre un pied hors du volcan qu’elle sort de l’angle mort de la sortie pour apparaitre devant moi, main tendu.
Et à peine a-t-elle le temps d’ouvrir la bouche dans l’espoir de me dire quelque chose que trois autres anges débarquent des flancs de la montagne.VOUS DEVIEZ…
Elle ne l’a pas.
Quoi ?!
Il dit vrai.
La veine du front de Lyana commence à gonfler sévèrement.
Tu ne pensais tout de même pas que je croirai ton baratin ?!
Sourire et ton narquois. J’ai bien fait de faire demi tour, juste pour voir sa tronche énervée ! Mais je ne compte pas rester là…
Tu n’iras nulle part.
Pour le coup, c’est moi qui commence à être contrariée. Cette blonde doit avoir l’empathie et je n’aime pas beaucoup ça. Je n’ai plus qu’à me baser sur une chose : que je suis plus forte qu’ils le sont. C’est ce qu’Irysia m’a affirmé. J’espère pour elle, et pour moi, qu’elle n’a pas menti.
LYANA ! RECULE !
Ouais, t’as su le voir, que j’allais me transformer en dragon. Mais sera tu quand même capable de m’arrêter ? J’en doute !
Allez, tchao, je m’arrache d’ici pour quelque temps ! Mais on se reverr…
GRRAAAAOOOU !
La pute ! j’ai à peine eu le temps de quitter le sol que me voilà avec un sabre plantée dans la queue ! Je tourne ma grosse tête triangulaire vers elle avec la ferme intention de la décapité sec, mais elle pare le coup de son bras chargé de Haki et ose me mettre un coup de sabre sur le museau.
Je grogne, j’enrage. Je compte bien la découper d’un coup de patte !
Mai quelque chose me retient. Alors que je vais pour voir, un nouveau coup de sabre vient trancher mon corps écailleux. Je n’ai le temps de voir qu’une masse poilu et brune encercler mes membres.
Je suis bloquée, prise de vitesse par cette femme qui peut lire le moindre de mes mouvements. Mais je n’abandonne pas ! Je ne me laisserai pas faire !
Mais avant même que j’ai le temps de faire quoi que ce soit, un lourd morceau de bois me tombe sur le cou et s’enfonce dans le sol, bloquant ma tête à terre.
Comment suis-je censée me battre contre ces quatre types en même temps ! Pas sous cette forme.
Non.
Je dois être plus vive, plus forte. Plus tranchante.
Allez, je l’ai déjà fait par le passé, je peux le faire ! Je peux me transformer !
Et bien, en plus d’être une demi humaine, tu es aussi un monstre ! Nous avons bien fait d’exterminé ta race !
Lyana, tu devrais rester poli…
Exterminé ma race ?! C’est ça que tu viens de dire catin ?! Je vais te montrée, moi. Je vais te montrer comme ma race est encore bien vivante !
Claw Point !
Ma taille rétrécit en prenant cette forme hybride taillée pour la vitesse et l’attaque. Ma tête se libère et d’une rotation de la main, je coupe mes entraves ! La pince de ma queue attrape ce sabre qui la retient au sol et l’arrache de ma chair dans un hurlement que je laisse échapper. Un hurlement où se mêle rage et douleur !
Et d’un bond, je fonce sur cette rouquine qui se crois plus maline que quiconque. Mais c’est la blonde que je rencontre, me parant de son arme cette fois.
Tu l’as senti, n’est ce pas, que je me chargeais moi aussi de haki. Mais toi, tu n’as qu’une arme ! Alors que mon corps entier en est recouvert !
Pendant qu’elle retient une de mes mains, je lui envoie l’autre pour lui lacérer le bide. Mais parce qu’elle voit, elle se projette en arrière. Je ne lui laisse pas le temps de reprendre son souffle que j’attaque de nouveau ! Cependant, des cheveux viennent ralentir mes mouvements tandis qu’un bras hautement musclé me frappe le ventre.
Me voilà voltigeant sur quelques mètres en arrière. Je pourrais en profiter pour fuir, mais je ne le fais pas. Non, cette peste rousse doit mourir, et je vais la tuer de mes propres mains, ici et maintenant !
Alors j’attends simplement de me stabiliser sur la terre pour me propulser vers mon adversaire brun, toutes griffes dehors ! Je vise sa tignasse mal coiffé ! Car une fois chauve, il ne pourra plus m’emmerder !
Mais en pleine course, quelque chose vient me frapper le bide, me déséquilibrant au point de tomber face contre terre, le ventre légèrement surélevé par une poutre en bois. Bois qui s’amincit rapidement pour s’allonger et m’enlacer complètement. Me bloquant les bras contre le torse.
Mais ça ne suffira pas à m’arrêter, oh que non. Lyana a beau resserrer l’étreinte au point de m’empêcher de respirer, je refuse de me faire immobiliser par du simple bois !
Rempliant mes avant bras vers mon corps, j’assène deux coups de griffe simultané à cette armature de bois et me libère. Mais un nouveau choc vient atterrir sur mon dos, me clouant une fois de plus au sol.
Cesse de te débattre. Tu n’as aucune chance face à nous quatre.
Et pendant que la blonde me maintient, les deux autres s’attèlent à m’immobiliser grâce à leur pouvoir.
Vous êtes tous minable… Même pas capable de vous battre avec honneur. Nan, vous devez être à quatre contre un pour m’arrêter.
Tant que nous n’aurons pas la quatrième pierre de cors, nous ne nous permettrons aucune erreur. Mais si tu y tiens, va nous la chercher et je te combattrai seule.
Comme si j’allais te croire !
Je relève ma queue tranchante et tente de la déséquilibrer part un coup mortellement tranchant et chargé de haki. Par sécurité, elle préfère éviter le coup, me permettant de me débattre de mes liens pour me tenter libérer une fois de plus. Mais elle revient bien vite à l’assaut, planquant ma dernière arme encore libre au sol le temps qu’elle se fasse recouvrir de bois et de poils.
Puis elle revient immobiliser mon dos.
Tant que tu ne seras pas prête à nous la ramener, tu resteras avec nous.
Je te l’ai pas dit, monstre ? J’ai toujours ce que je veux.
Là, plaquée sur ce sol rocailleux et chaud, j’enrage face à son minois narquois de sale rousse pourrie gâtée. Alors, pour un dernier assaut, je rassemble mes forces et tente de me libérer de toutes mes entraves.
Petit à petit, je me soulève du sol, brisant mes liens un à un.
Je compte bien les fumers, tous.
Je les aurais !
Je…
*PAF !*
Un simple coup sur la tête, hein. Simple et chargé de haki.
Simple, et me plongeant dans le noir.