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Les prémices de PANDORA : du sang, de la sueur et du FUN !



La mer, cette étendue sidérante tant qu'illusoire d'eau salée qui s'effiloche à l'horizon et coule sous nos pieds. Petit point dans ce vaste océan rempli de vie, du plus petit plancton au plus grand monstre marin, notre bateau semble impertinent dans l'harmonie bleue de cette vaste plaine dont la couleur rappelle vaguement le méthylène au coucher du soleil.

- Aaahh...

Le ciel, cette carte de terres blanches vaporeuses, délimitées par des fleuves oranges et mauves plus ou moins larges se joignant chaleureusement à l'astre doré qui disparaît au loin. Je me demande finalement comment je peux être capable de réfléchir, desséchée comme je suis. Mes camarades gisent là, eux-aussi, mais en moins piteux état. Il faut dire que le rhum n'avait pas arrangé les choses, que les effets secondaires s'étaient voulus tardifs et que j'avais finalement rencontré le plancher quelques jours plus tôt pour ne plus trop m'en détacher, sinon aller bouffer un bout de nos maigres réserves ou boire un peu d'eau. De l'eau, c'est ça, il me faut de l'eau.

- On est perdus. Mugit une voix un tantinet braillarde dans mon crâne.

Je me retourne, l'écureuil me zieute avec un regard interrogatif, dressé sur ses pattes arrières. S'en suit une conversation muette de pupille à pupille, parfois accompagnée d'un sourcil dubitatif ou interrogateur.

- Hum...

J'approche du tonneau d'eau. Ça au moins on risque pas d'en manquer : comme le temps est jamais fixe sur Grand Line, le beau soleil s'amuse à danser avec le temps pluvieux, le venteux et le nuageux et nous on est là, ballotés ; et ce grand tonneau qui se fait remplir et vider est la preuve de notre plus grand malheur. Des trucs flottent à la surface, mais je m'en balance. J'y plonge ma tête, ça me refroidit. Quand je la ressors, j'apprécie mal le caractère sec de l'atmosphère : j'aurais aimé y rester plus longtemps, me dé-zapper, là, m'y enfoncer toute entière comme dans un grand bain et m'endormir. Fascinée telle Narcis, je regarde mon reflet dans le miroir ondulant de la barrique.

- Huh...

Des mèches blanches, plus, toujours plus nombreuses, toujours plus blanches, un peu partout. Jour après jour, ce phénomène prend de l'ampleur et ma belle couleur de cheveux disparaît, déjà éparse au sein de ma crinière. Je ne m'interroge plus, ne cherche plus à savoir pourquoi, c'est comme ça : un jour je saurai ce qui m'arrive. Je plaque mes longs cheveux vers l'arrière, regarde tout autour de moi. Ils sont pas là, probablement dans la loge du capitaine. C'est comme ça, y'a que deux lits. Balisto s'approche, grimpe le long de mon mollet et retrouve sa place sur mon épaule.

- Vous allez bien, ma dame ?

J'ai toujours rêvé qu'il y ait une personne capable de s'enquérir de mon état de santé, mais jamais que celle-ci soit un écureuil. M'enfin des fois je reste sceptique, peut-être cette voix n'appartient pas à l'écureuil, peut-être que j'invente tout. Non, probablement pas, c'est trop coïncident, beaucoup trop. Je fais un pas, puis deux. Tiens ? Je recule, appuie du pied gauche, avance à nouveau puis cours jusqu'au bastingage. Rien ne bouge. En pleine mer. Nous avons du accoster sur un banc de sable. Je le vois, un peu difficile à remarquer à cause du crépuscule, mais il est bel et bien là : une longue plage de sable blanc. Je sors de ma poche le Logpose : l'aiguille indique l'exacte opposée.

***
Çà fait tellement du bien de s'allonger dans le sable chaud. Ces derniers jours, j'en avais même oublié quel plaisir c'était de se trouver sur un lopin de terre, véritablement immobile. Collée au sol, sur le dos, l'écureuil en profite et vient se nicher sur mon ventre, s'élevant et s'abaissant sous mon regard au rythme de ma respiration. J'en viens même à me demander où il a pu trouver la noisette qu'il tient entre ses petites griffes. Posée comme ça, je tâte mon sein, satisfaite de la tournure que prend ma blessure : cicatrisée mais pas entièrement guérie, je peux néanmoins respirer sans ressentir de douleur, à condition de ne pas forcer.

Cela allait tout de même faire une semaine que nous ne faisions rien que dormir et vider la réserve de nourriture du bateau. Certes cette dernière était assez imposante pour permettre un long voyage pour une personne, mais certainement pas pour trois adultes et une gamine maladive. Ainsi donc, si nous ne trouvons pas d'île dans les prochains jours, nous serons condamnés à dépérir, emportés par la disette.C'est finalement le couinement des gonds grinçants de cette satanée porte qui résonne dans ce silence absolu, bientôt suivi par des bruits de pas. A la pesanteur de ces derniers, je devine Kaitô avant même de le voir.

J'avais plutôt changé ces derniers temps, peut-être était-ce du au pétage de cable que m'avait valu ma blessure au poumon, ou peut-être était-ce autre chose, en tout cas je n'avais pas eu de crise de démence depuis. Pas eu envie d'en finir brutalement avec Scarlet car elle avait dévoré l'intégralité des digestifs des réserves, pas non plus eu envie de jeter sa mioche par dessus bord pour l'empêcher de se plaindre constamment de son mal de mer et de ne rien avoir à vomir désormais. Toutes ces petites choses me tapaient sur le système, mais j'étais rassurée de voir que mes problèmes psychologiques n'avaient pas empiré comme j'avais pu m'y attendre. Non en fait tout allait mieux, Bachibouzouk ou quel que soit son nom ne se manifestait plus.

- Le Logpose indique qu'on a pris le mauvais chemin, enfin je crois...

Je pousse la bestiole et me redresse, dévisageant le vieil homme qui rejoint la terre ferme à son tour. On échange les politesses routinières, s'inquiète de l'état de chacun, partage notre haine commune pour la gamine de Scarlet et son comportement bizarre avant de finalement en venir à un sujet crucial, celui que j'avais gardé sous silence depuis que nous avions quitté Innocent Island.

- Çà va faire longtemps que j'y songe, mais désormais c'est même certain. Grand Line est peuplé d'individus plus forts et plus dangereux, je ne peux pas rester un poids mort comme je l'ai été jusqu'alors. Mon regard se perd dans l'astre couchant, je réajuste l'une des mèches blanches qui me tombent sur le front derrière mon oreille. Il me faut être plus forte. Peut-être que le moment est mal choisi, mais...

Le concerné soulève un sourcil interrogateur tandis que je me tâte à lui demander ce service. Honteuse donc, le visage fixé vers le sol tandis que je modèle des petites boulettes de sable, je demande finalement :

- ...tu serais capable de m'initier au rokushiki ?


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Mer 25 Juin 2014 - 19:25, édité 4 fois
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Loin d’être d’émérites navigateurs, on s’était paumé dans l’immensité, Sweetsong s’était saoulé copieusement la gueule et son petit séjour aux portes de la mort semblait avoir éveillé en elle de profonds bouleversements tant au niveau physique que psychique. L’était déjà pas assez amoché comme ca la gamine, fallait que la vie s’acharne sur sa couenne encore et encore au point de nous la ramener du long tunnel, au point de la happer à son sort annoncé. Tantôt cruelle, toujours sadique, le coup du sort n’avait pas fini les supplices et autres tourments qu’il lui réservait, de l’hémoglobine et de la niaque, de la sueur et des larmes, c’était tout ce à quoi le créateur avait dans ses plans, tout ce à quoi on nous désignait pour vivre nos misérables existences.

Dans la déperdition de Innocent Island et notre dérive manifeste, on avait fini par s’échouer sur une sorte de presqu’île aux allures paradisiaques. Une longue plage de sable blanc qui se profilait à perte de vue, protégé par les ombrages d’une flore arborescente et luxuriante où les feuilles palmées des grands spécimens donnent à ce décor pictural ce charme presque idyllique, presque édénique qu’on lui connait si bien. Au vu de la profondeur de quille encastrée dans le sable, on risquait pas de lever les voiles avant un bon moment, le temps que la marée décide de remonter ce qui pour l’océan de tous les périls pouvait tout aussi bien prendre une heure ou durer plusieurs jours. Sweetsong, la zélé et fieffée comparse, opportuniste pour un sou, qui fait le forcing pour se faire initier au fin du fin, aux arcanes secrètes du gouvernement, à ce qui différencie le gratte-papier de l’agent d’expérience sans vouloir donner dans l’auto-promotion, ce qui différencie l’efficience à l’incompétence, le succès retentissant à l’échec cuisant. L’air penaud, elle est toute empruntée, toute confuse et embarrassée par sa requête, elle avait matière à l’être.

Toutes deux s’étaient bel et bien foirées comme deux grosses quiches bien faites sur Innocent, je vais mettre ca sur le compte de la fougue de la jeunesse et pas me montrer désobligeant avec ces dames bien qu’elles mériteraient toutes deux mon quarante-quatre fillette au coin du derch. Lyla n’y avait pas été de main morte sur les jolis minois, elles avaient mangés une sacrée plâtrée et ce sans compter la petite humiliation qui résultait d’un affrontement clafté en quelques minutes par ma feu collègue du CP9. Scarlet finit à son tour par sortir du navire, laissant la gamine moribonde aux mirettes jaunasses sur le pont. La coquette Scarlet et ses escarpins, son cracordéon ne lui avait guère été d’aucun secours face à son adversaire, battu à plat de coutures, rendu à devoir se la jouer infirmière au chevet de sa partenaire convulsante. Fraîchement éprouvée, elle semblait avoir repris sa sérénité glauque sous sa quiétude apparente. La gosse dont elle s’était entiché devait sans doute être la cause de cet état de fait et quant au sort que la lady allait réserver à son chérubin, je ne voulais résolument pas y songer.

Les deux agents devaient en avoir gros sur la conscience, toujours dur à accepter que d’avoir été un poids mort pour ses camarades, un fardeau dont le gouvernement n’a que faire dans ses petits papiers et encore moins dans ses escouades. Leur échec avait d’ores et déjà sans doute marqué à jamais leur existence, sorte d’empreinte indélébile dans leur passif qui se rappellerait toujours à leur bon souvenir lorsque l’amertume s’instillera en leurs esprits dérangés.

« Hmmmh… on a pas digéré la petite dernière ? Qu’est ce qui te fait dire que t’as les aptitudes nécessaires pour parachever le sixième art ? C’est loin d’être à la portée de tous les bienpensants et des petits gus qui se figurent avoir le trempe de maîtriser un tel art. Il m’a fallu de nombreuses années pour maîtriser cet art si exigeant et particulier à la fois Hmmmh «

« Va m’en falloir davantage pour me faire infléchir chères amies. C’est que d’une simple pichenette… »


L’agent du Cipher Pol fait volte-face en direction des deux agents aux culs juchés sur le sable chaud, la première à se tortiller ses bouclettes rosâtres tout escarpins au-devant, la seconde me reluquant d’un air interrogatif, les bas et bottines noirs par devant également. D’un geste véloce, je pointe mes deux index en direction des trombines un peu trop sûres, un peu trop certaines que j’allais mettre la patte à l’étrier. Un déplacement d’air fugace, une onde brève mais intense, fendant l’atmosphère en deux, avant de passer in extremis près des faciès pantois du tandem de midinettes. Derrière elles, deux impacts épars sur l’étendue sablonneuse, deux impacts qui auraient pu faire mouche sans qu’elles n’aient rien pu faire pour entraver leur progression.

« Je pourrais si l'envie m'en prenait, vous décalquer la tête.»

« Le rokushiki est bien davantage qu’une simple technique martiale, c’est un art ancestrale mêlant corps et esprit, une discipline de vie qui dépasse l’entendement des hommes. Le corps devient une prolongation de l’âme qui l’habite, une lame qui ne peut s’émousser, le quintessence de l’homme avec un grand H. J’ai peur que vous ne compreniez pas ce que revêt le sixième art à moins que je ne fasse fausse route mais j’en doute Hmmmh. »

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Je dévisage le maître incontestable de l'arrogance et du machisme. Depuis le temps que je le connais, je n'affiche même plus ma surprise ; quant à Scar, visiblement, elle s'en contrefout. Je serais bien tentée de lui faire ravaler ses mots à grands coups de savate verbale, mais je me retiens. Laissons le croire ce qu'il veut, penser qu'il est le mâle alpha et que nous autres, femmes, ne sommes là que pour le servir. N'empêche, je lui ferais bien bouffer ses dents après le coup qu'il vient de nous faire. Salaud. Je me relève et m'approche à quelques centimètres de lui tout en le regardant dans les yeux, pour finir par lui décrocher.

- Je suis pas là pour rire.

Ça me ressemble pas, c'est pas moi, mais ça me plait. J'ai l'impression de prendre le taureau par les cornes et de le manœuvrer, vigilante. Jamais je n'ai fait ça dans ma vie, toujours je me suis effacée, toujours je me suis laissée être manipulée comme une poupée de son ; et là ça change. Alors je continue à le regarder droit dans les mirettes et tant pis si je dois me prendre une poire en plein milieu du visage : j'en ai plus qu'assez d'être considérée comme une moins que rien.

- Ce n'était pas une suggestion. Apprends-moi le rokushiki car ta vie en dépendra un jour, comme elle a très bien pu déjà en dépendre. S'il faut, je redoublerai d'efforts pour cela. Qui plus est, sache que désormais nous formons une équipe : tu ne peux pas rester avec nous deux derrière et chercher à régler les affaires que l'on nous confie tout seul. C'est pas une équipe ça, pas une unité.

Alors maintenant mon gros Kaitô, t'as le choix entre poursuivre ton misérable discours ou te plier à nos exigences, car tu sais très bien que tu es capable de le faire, car tu sais très bien que j'ai raison, car tu sais très bien que tout cela c'est dans ton intérêt. Non mais sérieux c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : si on peut même plus attendre le soutien de ses propres compagnons, s'il faut que même ceux que l'on considère comme nos amis en viennent à nous rabaisser. Je darde mon regard sur Scarlet, qui s'est à son tour remise debout et semble visiblement toute aussi déterminée... enfin je crois. Le vieux a conservé son visage habituel, morne et inexpressif. Mais je le connais, je sais que c'est suffisant, que cette démonstration de bonne foi a suffit à lui faire comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une question, mais d'un ordre.

- Oula, Ma Dame, vous vous êtes levée du mauvais pied !

Balisto a raison, je dois me calmer. Comme le gusse l'a dit, s'il veut il peut nous supprimer n'importe quand. Mais il est hors de question que je me laisse faire, pas après tout ce qu'il m'est arrivé jusque là. Je me baisse, récupère doucement la bestiole qui se love dans ma main et la caresse délicatement. Les passages de mes ongles sur sa fourrure m’apaisent, plus qu'aucune cigarette ne l'avait jamais fait jusque là. D'ailleurs, en y repensant, ça ne me manque même pas. Tranquillement, la vague de violence qui m'a fait crisper les poings et la mâchoire s'évade, me laissant là gros-jean comme devant.

***
Avant que puisse se faire l'entraînement, Kaitô nous avait intimé l'ordre de prendre quelques minutes de repos et de marcher le long de l'infini banc de sable qui s'étendait sur des kilomètres. Entre temps, la nuit était tombée et je n'arrivais plus à me repérer que grâce au bruit des vaguelettes s'abattant régulièrement sur la rive. Volontairement, j'étais partie dans la direction opposée à celle de Scarlet. De toute manière, je ne pensais pas qu'elle trouverait forcément louche le fait que je sois en train de parler seule, sinon le contraire.

- ...je ne suis pas sûr de saisir, Ma Dame. Me répond l'écureuil ave un air ahuri.

C'était la première fois que je me déchargeais. Il me fallait à tout prix une personne à qui raconter ce que j'éprouvais depuis notre départ d'Innocent Island, ce sentiment de... changement. Même si cette personne était un écureuil et que sa voix résonnait dans mon crâne sans passer par le canal auditif habituel.

- Je crois que je ne suis plus tout à fait moi-même. Celle que j'étais avant, la Annabella fofolle et pittoresque, elle est enfouie tout au fond de moi. Par contre cette partie acerbe et cruelle que j'ai toujours détesté, j'ai l'impression qu'elle prend le dessus.

L'écureuil continue à me regarder, marchant à côté de moi, buvant mes paroles comme du petit lait. Est-ce qu'il comprend au moins ce que je dis ? Évidemment, sinon il ne me répondrait pas.

- Et le pire c'est que j'aime ça.

Plongée dans mes pensées et ma discussion avec mon animal de compagnie, c'est à peine si je remarque la rousse passer à ma gauche et continuer son chemin dans le sens inverse. Je réfléchis deux secondes quant à l'impossibilité du croisement. A moins que...

- Donc selon vous, vous seriez en train de vous transformer en... Bachibouzouk ?

C'était brusque, c'était grossier, mais grosso-modo c'était véritablement ça. Cependant je me dis que ça ne date pas d'y hier, non-non, mais de plein de petits événements accumulés. Les sévices de mon enfance, le meurtre d'Angela, les différentes missions auxquelles ont m'avait affairée : tout ceci s'était congloméré en un immense tas de traumatismes psychologiques appuyant durement sur mes problèmes mentaux. J'étais ainsi devenue progressivement plus forte, mais aussi plus sensible à un dédoublement de personnalité complet, mis à part que désormais il ne subsistait aucune trace de cette voix intérieure qui avait tant l'habitude de me rabaisser et me faire agir ridiculement. Pourtant, des fois dans des grands moments de solitude, il me semble toujours sentir au fond de moi des bribes incompréhensibles, mais tout est différent.

Et progressivement le doute me gagnait et cette tranquillité, cet apaisement que m'avait valu le fait d'être soulagée de Bachibouzouk présageait quelque chose de mauvais. J'avais déjà eu l'occasion, plusieurs fois, de perdre toute humanité et trouver un certain plaisir dans la cruauté, cependant ce n'est jamais ce que j'ai voulu. Seules certaines personnes sont foncièrement mauvaises et méritent les pires châtiments, mais tout le monde n'est pas empreint de cette farce macabre que l'on appelle méchanceté. Après tout, plusieurs fois il m'est arrivé de défendre les cas de certains révolutionnaires, de certains civils ou même d'une population globale lors d'un débat avec Kaitô. Contrairement à lui, je suis loin de penser que l'être humain est une aberration en lui-même, cependant pour Bachibouzouk il n'en a jamais été autrement.

- C'est le bateau de Ma Dame, nous sommes revenus au point de départ !

En effet, toujours solidement ancré dans le sable blanc, le navire pointe au loin, une lanterne perchée à sa figure de proue éclairant la silhouette sombre de l'agent du CP9 à ses côtés. Qu'est-ce qu'il fabrique ? Une espèce de rite d'initiation ou bien ? Pourquoi nous avoir envoyées nous balader, sinon pour préparer quelque chose dans notre dos. En tout cas mes soupçons se confirment. Et tandis que je m'approche de lui, je lui lance :

- Ce banc de sable fait tout le tour du trou d'eau dans lequel nous sommes amarrés. Même si nous voulions quitter l'endroit maintenant, cela ne serait pas possible.

L'homme acquiesce, je reste sceptique. Scarlet revient dans son sens. Qu'est-ce qu'il fabrique, on était pas censés s'entrainer ? Au lieu de ça, l'homme semble récupérer différentes choses du bateau et en faire un tas, il compte se la jouer MacGyver ? Il me tend alors un galet bien plat et m'incite à le prendre avant de faire de même avec la rouquine.

- Avant de vous enseigner la première technique, le Tekkai, je compte bien vous mettre en garde. Le Rokushiki, c'est pas comme les petits jeux de gamins à la récréation, c'est clairement pas non plus pour les lopettes, ce qui explique peut-être pourquoi tu ne l'apprends que maintenant Anna, alors si vous l'utilisez, utilisez le bien : c'est à dire au bon moment, de la bonne façon. Sinon vous en faites pas que je serai là pour vous botter vos derches. Prêtes ?

La paume tendue devant moi, toujours stoïque avec le galet dans la main, je hoche la tête en signe d'approbation. Ma comparse fait de même. Le vieux lève un index indicateur, signant le début de l'entrainement tout en ne dérivant pas son regard de mes yeux, puis de ceux de Scarlet.

- Alors pour ce premier entrainement, je veux que vous gardiez ce galet sur votre tête sans effectuer le moindre mouvement !
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Depuis le départ en trombe d'Innocent Island, Scarlet avait passé le plus clair de son temps à panser la blessure d'Annabella et avais assistée à sa métamorphose progressive sans rien pouvoir y faire par manque de matériel. Ses analyses de sang étaient correctes pour une femme de son âge et de son gabarit, peut-être une légère carence en vitamine B mais rien qui ne puisse expliquer l'étonnante transformation. Sans doute avait-elle été contaminée par une quelconque bactérie dans la salle du trône d'Innocent Island, mais hormis le blanchissement capillaire cette étrange mal ne semblait pas affecter le corps d'Annabella. Alice, elle, était ravie d'avoir suivi Scarlet même si le mal de mer l'incommodait de temps à autre, la gamine aidait de son mieux sa nouvelle mère et jouant de temps à autre avec la boule de poils rousse qui accompagnait Annabella. Quand à Kaitô, et bien il resta égal à lui même. Il resta dans son coin à bougonner ou en râlant de temps en temps après Alice, qu'il semblait trouver trop turbulente.

oooooooooooooooooo

On arrive sur une île, terminus tout le monde descend, Alice et Annabella semblent ravies de poser à nouveau le pied sur la terre ferme. Kaitô continue de tirer la troche et se renfrogne encore plus lorsqu'on lui annonce qu'on s'est trompés d'île. Le seule chose que les deux collègues semblent avoir zappé, c'est que Scarlet a l'ouïe fine. Rien d'inhabituel dans la conversation jusqu'à ce qu'une phrase éveille l'intérêt de la rousse. "Initier au rokushiki". Scarlet ordonna immédiatement à Alice de retourner sur le bateau. Ces techniques capables de faire accomplir des prouesses extrêmes au corps humain sans le blesser, la petite était encore trop jeune pour se mêler de ça. Aussitôt Scarlet se rapproche et appuie à son tour la demande d'Annabella, mais à cela Kaito répond par une démonstration relativement impressionnante d'une des sept techniques.

Malgré un léger éclat de frayeur dans son oeil, Annabella ne moufta pas et renouvella l'ordre.Quand à Scarlet, elle imagina déjà quelles applications elle pourrait faire d'une telle puissance, sans pour autant ne rien en laisser paraître. Une Lady doit toujours rester imperturbable, quelque soit la situation. Elle aussi devait devenir plus forte pour un jour atteindre son but. Pendant sa marche dans le sable ( ce qui est loin d'être pratique lorsqu'on porte des talons hauts), Scarlet commença à triturer son cracordéon pour l'accorder sur le bon instrument après s'être assise sur un tas de rochers, à l'ombre d'un palmier, tout en essayant d'imaginer quel type d'entraînement allait leur faire subir Kaitô. Lasse de se torturer la cervelle, Scarlet entama l'un de ses morceaux favoris en fixant l'onde marine. Cette mélodie, Rondo Alla Turqua, avait le pouvoir de faire recouvrer ses forces à tous ceux qui l'entendaient. Scarlet continua ensuite le concert improvisé par la vieille chanson de sa mère, si vieille que ses paroles s'étaient perdues dans le temps.
Peut-être que le vent en porterait les notes jusqu'à Annabella et qu'elle se souviendrait de ces mêmes notes jouées durant son sommeil, et qui semblaient à chaque fois apaiser son agitation. Après une dizaine de minutes, Scarlet revint vers le navire, tentant tant bien que mal de ne pas chuter dans le sable et et de ne pas salir sa robe. Commença alors un bien étrange exercice pour apprendre le Tekkai, faire tenir en équilibre un galet plat sur le crâne. La chose fut plutôt aisée pour Scarlet grâce à son épaisse crinière qui se creusa légèrement sous le poids de la pierre. La rousse avait également eu des cours de maintien, donc un dictionnaire ou une pierre, cela importait peu.

"A présent, focalisez vous sur votre centre d'équilibre. Un fil tendu doit relier la pierre jusqu'à vos pieds, votre corps est une tour d'acier ancrée dans le sol."
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La volonté, oui, le souhait inextinguible de parfaire, de maîtriser l’environnement avant de se connaître soi-même, de se figurer que parce que l’on veut, la chose est dans nos cordes. J’avais foi en ces petites, ou plutôt foi dans leur volonté, dans la colère qui rongeait la blondasse et son derch potelé et dans la folie de la nouvelle recrue aux chicots crénelés, elles avaient pt’et une chance de s’en tirer à bon compte mais le chemin serait long et tumultueux. Elles allaient en suer comme jamais, Innocent n’était qu’une mise en jambes, un tour de chauffe pour qu’elles crachent leurs tripes, jusqu’à ce que la bile fileuse leur arrache leur petits minois fragile, jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus rien déglutir. Le sixième art, c’est un entrainement contre soi-même, contre ce qui sommeille au fond, ce qui se complaît à se terrer dans le soi profond et à quoi on s’est habitué à vivre avec.  

Travailler l’équilibre était essentiel, jouer les perches avec de la caillasse sur le coin de la tronche constituait l’une des préliminaires héhé. Elles flanchent souvent, encore et encore, se ramassent la gueule dans le sable, elles mouftent un peu au début, maugrée des paroles fielleuses puis finissent par se remettent en selle, bien conscientes qu’elles n’avaient pas leur mot à dire dans le dit apprentissage. Des heures durant, elles s’affairent à faire le poirier en équilibre, sans vaciller, sans tanguer, sans même y songer, qu’importe ce qui advient autour, qu’importe même si le sol devait se dérober sous leurs pieds. Chaque fois qu’elles tombent, je joins l’utile à l’agréable, je les mitrailles de pierrailles en tous genre, l’apprentissage par la douleur, il y a rien de tel pour gagner en rigueur martiale, tu fautes, je te plombe, tu sais que tu peux t’en prendre qu’à toi-même auquel cas. Fin de journée, le résultat est loin d’être celui escompté, alors on réitère plusieurs jours durant jusqu’à ce qu’elles puissent tenir en suspension sur le gros orteil. Pas de chialeries qui tienne, je mange pas de ce pain et je veux pas le savoir, je vous passerais rien, je me démerde pour vous donner le minimum syndical pour becter, il appartient qu’à vous de faire ce que je débite, l’entrainement ne sera que moins long.

Allez pas vous figurer que vous êtes des rob Lucci en puissance, pas de génie ou de petit virtuose dans le coin, vous êtes la merde de ce monde, la lie, et vous apprenez doucement les cuisantes vérités. Celles que vous vous croyiez acquises, celles que vous pensiez indubitables et foncièrement évidentes, vous apprenez que rien n’est vrai, que tout est permis. Je m’improvise marchand de sueur et je donne dans la réplique pour grossir le trait, parce que je me prends au jeu et que leurs petites bravades me font l’effet d’une écharde dans ma pompe.  

« Haïssez-moi, je m’en contrefous si vous pouvez pas me blairer, utilisez cette frustration à bon escient, vous voulez me dépasser ? Eh bien qu’est ce que vous attendez ? Vous voulez botter des culs et arrêter d’être la risée du monde ? Vous voulez avoir les moyens de vos ambitions ? Alors suez sang et eau, je veux de la chique et du mollard, que vous en vouliez même à la terre entière. «

Canalisez donc votre frustration pour me la balancer au visage si ca vous chante, je mets pas les mains dans le cambouis pour pas obtenir de résultats, c’est loin d’être dans ma politique et ma ligne de conduite. Je me découvre bon pédagogue, j’ai les épaules pour jouer le maton et faire infléchir les bas du front un peu trop obstinés, j’ai le profil pour faire briseur de grève et faire piger aux plus coriaces qu’ils ont tout intérêt à m’avoir avec eux et pas contre eux.  

Les jours se succèdent, inexorablement, une semaine déjà. Je zieute dans la baie du côté des deux jeunettes, en équilibre sur un rondin, planté dans le sable. Une mer déchaînée les encercle, des vagues furieuses viennent taper les piloris sur lesquelles les femelles sont dressées, verticales, stoïques, depuis six putains d’heures à se tenir sur les deux pattes comme des grandes. L’équilibre est désormais du passé, reste maintenant à se durcir le cuir suffisamment pour que les phalanges s’écrasent dessus.

« Alors, pas trop vanné ? bwahaha, c’bien, vous progressez, voyez je témoigne de ma satisfaction, j’en suis capable, aussi. La seconde étape est cruciale pour obtenir l’effet escompté. Vous devez vous dire, qu’il faut vous durcir le bulbe ? Bah, vous êtes dans le faux, et pas qu’un peu, c’est même tout le contraire. Il s’agit désormais de relâcher tous vos muscles au moment de l’impact de manière à dispatcher la puissance de la frappe, pour mieux l’absorber complètement. Faites donc un peu appel à vos réserves ! On rentre dans le noyau dur là ! Allez au turbin ! «
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« J'ai... j'ai réussi ! »

Découvrant mon bras rigide et dur comme l'acier, invulnérable au vent qui me vient de face et me balance dans tous les sens, droite sur mon poteau en bois juché en plein milieu de la baie, je le mets en évidence, bien levé vers le ciel. Comme ça, avec la concentration, avec l'entrainement, j'avais réussi à maîtriser le Tekkai sur une partie de mon corps. Et à partir de là, les heures s'enchaînent et ma pratique s'améliore, pour finalement être capable de bloque les coups de l'entraineur sur l'intégralité de mon corps, fixe comme statue.

Il avait été tellement difficile de tenir sur ces rondins, alors que le temps passait, que les crampes se faisaient violence et que l'estomac se nouait sous la pression de la faim. Pourtant, le pire ennemi avait bel et bien été le vent. C'était ce vent qui avait fini par nous permettre de développer cette technique. Car la principale difficulté était dans la contenance, dans le fait de devoir rester imperturbable face aux précipitations et aux bourrasques qui cherchaient constamment à nous évincer et nous faire tomber dans le bas-fond, tout autour de nous. Tantôt soufflant de la gauche, tantôt de la droite, cette force omniprésente et insistante nous avait obligées à nous cramponner, à forcer sur l'intégralité de nos muscles, à tenir bon comme un marin tenant son gouvernail. Et finalement, accentuant nos forces d'une telle façon, il était arrivé un moment où à bout de force nous relâchâmes brusquement nos muscles et ça avait été ça, la clé de notre succès. La première fois avait alors été la plus dure et comme un bambin apprenant à marcher, le geste fut de moins en moins difficile à répliquer. Et j'avais été la première à le réussir. Cette épreuve étant terminée, sous le regard patibulaire de Kaitô, nous nous étions donc attelées à une seconde tâche.

***
Deux palmiers, deux « objets » en hauteur à atteindre et ramener à terre, quatre mètres de haut. La tâche est d'autant plus ardue qu'elle semble impossible, enfin impossible pour n'importe quel néophyte bien entendu. Pour ma part, tout en haut, sur une grande feuille de palmier, menaçant de me faire tomber involontairement des noix de coco sur le coin de la tronche, c'est Balisto qui m'attend.

« Allez-y ma Dame, vous pouvez le faire ! »

Facile à dire. Sautant à en perdre haleine pendant plusieurs dizaines de minutes, j'en viens finalement à être totalement essoufflée. Au bout d'une heure, je suis tentée d'abandonner, de prendre une pause de m'alimenter. A côté de moi, Scarlet gît, le derrière vissé dans le sable, avec une expression crédule. Il doit bien y avoir un moyen. Sans faire exprès, je saute trop près du tronc et mon pied dérape. A un moment, je me surprends le corps quasiment à l'horizontale, en équilibre sur l'arbre, avant de rejoindre le sol à mon tour. Vidée et le dos douloureux, c'est pourtant la satisfaction d'avoir fait un pas en avant, un petit pas pour le Rokushiki mais un pas de géant pour moi. Pendant cet instant, j'ai eu l'impression de tenir dans les airs, même si ma jambe était restée en contact avec le tronc. Je jette un coup d’œil à Kaito, immobile non loin à nous regarder et me relève.

***
Mon dos meurtri refuse de me soulever une fois de plus. Trois, mon record c'est trois. Trois pas à l'horizontale sur le palmier ; ma camarade jette des regards furtifs sans véritablement comprendre le sens de mon entrainement. L'abandon n'est plus loin, pourtant, chaque échec est continuellement suivi d'une envie terrible de retenter ma chance, comme l’appât du gain dans un casino. Ainsi mue par ce désir de remporter la victoire, de gagner, d'y parvenir, j'augmente le nombre de pas que j'arrive à effectuer en parallèle avec le sol. Trois, quatre, cinq, six. Progressivement l'habitude s'installe, et mes chutes se font en douceur, si ce n'est parfaitement gérées. Alors finalement, je recommence l'entrainement de base, visant à récupérer la bestiole en sautant plus haut, plus fort, plus vite. Ma détente est incroyablement plus souple tandis que mon endurance s'en retrouve largement améliorée.

Et l'espace d'une seconde, le pied droit dans les airs, au beau milieu de mon saut, je me sens portée, je me sens voler.
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Un roc au milieu de l'océan. Voilà ce qu'était devenue Scarlet. La rousse n'aurait jamais cru que le corps humain, et encore moins le sien, pût supporter un tel traitement. Perchées sur des poteaux, le vent marin menaçant de les faire tomber à tout instant et cette fichue pierre qui au fur et à mesure du temps leur comprimait le crâne, sans compter les vagues qui se fracassaient contre les piliers... Au final, il suffisait de parfaitement ajuster son centre d'équilibre sur celui du poteau et de contracter au maximum ses muscles pour résister aux ravages de l'eau salée et du vent. Scarlet a perdu son habituel parfum de rose, mais elle ne s'en préoccupe pas, l'odeur du sel et des algues n'est pas si désagréable tout compte fait. La seule chose qui lui importe c'est de ne pas tomber à l'eau, car si une telle chose devait arriver... Non, elle ferait tout pour ne pas qu'une telle chose se produise.
Au final, ce fut Annabella qui réussit la première à rendre une partie de son corps aussi dure que l'acier, mais une heure plus tard, Scarlet réussit à son tour à durcir ses jambes. La sensation était vraiment étrange car la peau durcie perdait toute sensibilité et devenait extrêmement sure sans pour autant que les membres durcis ne perdent de leur flexibilité. Ainsi c'était cela, le Tekkai...

***

"Bon maintenant, j'vais essayer de vous apprendre quelque chose de plus difficile. La technique du Geppou, ou Pas de Lune, comme vous voulez. Avec ça, vous serez capables de marcher dans les airs. L'astuce consiste à faire fi du sol. Grimpez dans les airs comme si vous montiez un escalier..."

En premier, on essaie de marcher dans le vide mais on se sent une peu connes à pédaler pour rien. Pour nous motiver, Kaito nous montre comment faire mais le hic c'est le comment. Le voilà qui s'envole et qui attrape Alice, restée sur le sable de la plage à nous regarder, puis voilà que Kaito la perche au sommet d'un palmier, alors que l'écureuil d'Anna grimpe de lui même au sommet d'un autre arbre. Un profond regard de haine jaillit des yeux de Scarlet, l'écureuil ne risquait pas de tomber, mais Alice... Contre toute attente, la gamine ne fut pas effrayée le moins du monde, bien au contraire, elle semblait ravie d'être perchée à plus huit mètres de hauteur.

***

Encore une fois, ce fut Annabella qui parvint à obtenir un résultat en premier, frappant littéralement l'air à l'aide de la plante de ses pieds, elle réussit à faire trois sauts dans les airs, ce qui constituait un gros progrès, cependant insuffisant pour parvenir à attraper sa boule de poils. Scarlet regarda sa collègue retomber mollement sur le sable, elle-même n'avait réussi qu'à rebondir deux fois dans le vide. Toutes deux étaient exténuées autant moralement que physiquement. Une dizaine de minutes plus tard, une violente bourrasque commença à agiter les palmiers, provoquant les cris d'Alice. Quelques secondes après, un nouveau cri se fit entendre, Alice avait perdu l'équilibre et commençait à glisser le long des feuilles du palmier. Scarlet observa la petite qui tentait tant bien que mal de s'agripper aux feuilles glissantes, partagée entre l'idée de la laisser tomber ou bien de voir si elle était assez forte pour se redresser. Mais au final, Alice finit par lâcher prise et commença à chuter lentement, trop lentement, du moins c'est l'impression qu'eus Scarlet car avant même qu'elle ne s'en rende compte, la petite était dans ses bras tandis qu'elle-même se trouvait à plus de sept mètres du sol. Au final, Scarlet dût parfaitement imiter la technique qu'avait utilisé Annabella, à savoir piétiner le vide sous la plante de ses pieds afin de créer une bulle d'air éphémère dont la pression était suffisante pour qu'on puisse prendre appui dessus. En regardant en direction du sol, Scarlet vit Annabella la regarder d'un air furieux, parce qu'elle avait réussi à maîtriser cette technique avant elle ou parce qu'Alice n'était pas tombée? La rousse profita de sa chute pour se propulser en direction du navire et après avoir déposé sa "fille" sur le pont, Scarlet chuchota à l'oreille d'Alice.
"Tu vois, Maman ne te laissera jamais tomber. Jamais..."
Immédiatement après, Scarlet retourna auprès d'Annabella, qui continuait d'essayer d'attraper son écureuil. Malgré le regard que celle-ci lui addressa, la rousse lui administra un conseil, en prenant comme à son habitude une expression théatrale.
"Tu as encore trop peur de perdre pied, lâches-toi entièrement et ne pense plus qu'à ton objectif, le vide est un appui comme les autres et l'altitude un vaste escalier."
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« Hum, okay. »

Peu importaient les conseils, ce qui me dévorait sur le moment était surtout la rage. Tant mieux si Scarlet avait réussi à maîtriser la technique, mais mes nombreux et infructueux essais me mettaient les nerfs en pelote, faisant monter incontestablement ma jauge de patience vers son sommet. J'en avais marre de sauter pour retomber pour me relever et sauter à nouveau. Depuis plusieurs minutes, alors que la rousse avait réussi à sauver sa gamine in-extremis, j'avais l'impression d'être bloquée dans un cercle infernal : si je n'y arrivais pas, j'allais continuer à tomber, mais il me fallait sauter pour y arriver. Enfin, selon les enseignements de Kaitô, dont la majeure partie des cours se résumait à nous regarder simplement, silencieusement, c'était la méthode à appliquer. Sur le coup alors, c'était à peine si les précieuses informations de Madame L'Évidente me semblaient utiles autant qu'elles apparaissaient déjà depuis le début, en rouge, en gras et en lettres capitales, gravées dans mon crâne et luisantes à chaque effort. Et puis, il me sembla qu'à un moment où ma fatigue avait laissé place à la haine et la rage de réussir, je réussis à grimper les marches invisibles, à sauter, prendre appui sur l'air fixe, resauter et atteindre Balisto. Et contrairement à l'envie précédente d'atteindre ma cible pour la ramener en bas, une puissante envie d'écharper l'animal et m'en faire une toque me prit. La haine me dévorait au point que mes doigts se refermèrent sur la boule de fourrure, laissant échapper un petit couinement à la bestiole.

« Ma Dame ! Ma Dame vous me faites mal !! » entendis-je hurler dans mon crâne.

Alors brusquement, reprenant conscience, ma prise autour de la petite touffe rousse se relâcha, libérant l'écureuil qui alla se nicher timidement au creux de ma poitrine. Je sentis alors cette force instable, fruit de quelque chose de nouveau, me quitter et mon corps dégringoler dans l'air. Et alors que la chute allait être douloureuse, je réussis à me protéger à l'aide d'un Tekkai et perforer le sol. C'est ainsi que se termina l'entrainement au Geppou.

***
Le soleil se couche à nouveau, sur ce paysage qui n'a plus rien anodin, là, au milieu de la mer, l'astre descend comme il le fait chaque jour depuis que nous avons débarqué ici. Nous ne mangeons plus rien, n'avons plus grand chose à boire non plus et, si à la base l'hygiène n'était pas terrible, il en devient désormais inquiétant. La marée ne semble visiblement pas non plus prête à remonter ; pire, elle continue de descendre, agrandissant le banc de sable chaque jour de quelques mètres supplémentaires, libérant peu à peu ce précieux terrain d'entrainement. Mon ventre grogne et Miss Dents-de-Scie ne cache même plus son besoin de nourriture ; Kaitô pour sa part ne laisse rien paraître. Encore une. Encore une preuve qu'il a le droit de se sentir supérieur à nous, du haut de son grand âge, de son expérience, de son doigté du Rokushiki et des arts martiaux et de sa moustache.

Aujourd'hui est le dernier jour. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais c'est le dernier jour. C'est le vieux qui l'a dit. Est-ce que ça signifie qu'il va nous sortir de ce pétrin si l'océan ne s'en charge pas à sa place ? Est-ce que ça veut dire qu'il va se débarrasser de nous ? Ou sont-ce juste les derniers rayons du soleil qui éclairent notre souffrance vis-à-vis de l'entrainement. J'en sais vraiment rien et pour la Verrci, c'est probablement pareil, à compter déjà qu'elle y pense. En tout cas l'épreuve est sèche, difficile et douloureuse. Tout d'abord tenir en équilibre sur une jambe, la plus forte ; rien de difficile en soit, mais il s'agit de le faire pendant une heure sans discontinuer. Je relève le challenge, j'ai hâte de partir. Depuis le jour des palmiers, Balisto ne me parle même plus et cela m'attriste au plus haut point, c'est mon seul support psychologique. Du coup, déséquilibrée, je le suis déjà assez au niveau mental. Nous demander de rester une heure sur une jambe alors que la faim et la soif nous taraudent, c'est du sadisme. Seulement voilà, le temps passe vite, plus vite qu'on ne le pense et cela fait déjà une heure. Les efforts payent, ces efforts que l'on n'a cessé de donner depuis une semaine, ces danses acrobatiques que l'on a accompli, ces immobilités qui nous ont tanné la peau, tout ça finit par rendre la monnaie.

« Bien. Désormais on en vient au choses sérieuses. Si cette mise en bouche vous a semblé douloureuse, vous feriez mieux de renoncer tout de suite les minettes. Car je veux désormais, qu'avec votre jambe, vous abattiez l'un de ces palmiers. »

Il n'y en avait que trois sur l'île, trois gigantesques arbres tropicaux aux dimensions aussi larges que trois hommes mis dos à dos. Je m'imagine difficilement trancher l'un de ces géant avec une hache, alors avec ma jambe... Néanmoins rien n'est impossible, si le vieux donne l'ordre de le faire, ce n'est pas sans raison. Alors, levant ma jambe, je frappe l'écorce du palmier d'un grand coup. L'os rencontre le bois, la douleur se répercute. J'ignore mes nerfs et continue encore une fois, puis une autre et encore une autre. Mon pantalon sur ma guibole droite git en lambeaux, tandis que je continue. Et rapidement, un cycle se définit : le mal se transforme en haine et la haine en puissance. Et puis soudain, j'ai l'impression que les barrières de mon esprit se lèvent ; je discerne alors très bien cette partie de mon corps, responsable du Tekkai et du Geppou, apprivoisés précédemment. Alors je relève une dernière fois, prends de l'élan et avant même que le contact se fasse, j'entends un sifflement aigu résonner dans l'air, tandis que ma jambe traverse le palmier comme du beurre et se poursuit sur sa lancée à une vitesse folle, me faisant réaliser une rotation à trois-cent soixante degrés.

*CRUCK*

Le palmier est tranché net et menace de s'effondrer directement sur moi, j'ai à peine le temps de me jeter à terre pour l'esquiver. La tête dans le sable, je soupire, inconsciente de ce qui me tombe dessus. Puis soudain, je me retrouve enveloppée dans des branchages et feuilles de palmiers, écrasée par la masse. Je me relève et contemple le spectacle : non seulement j'ai brisé l'arbre sur lequel ma jambe s'est abattue, mais la vague d'air s'est prolongée et a entamé l'arbre adjacent sur lequel s'entraînait ma coéquipière, manquant de la trancher elle aussi de peu. Soudain, une main se pose sur on épaule. Je me retourne pour discerner le regard du moustachu : est-ce du respect ?

« Tekkai, Geppou, Rankyaku. J'en ai terminé avec ces trois-là »lui dis-je, exténuée.

Il comprend, il ne pipe mot. Pourtant ce n'est que la moitié, il me reste toujours trois autres techniques à développer. Dans tous les cas, je prends ma retraite.

« Si vous voulez bien, désormais, je vais rejoindre le bateau et dormir un peu... »

Personne ne conteste, de toute manière je suis déjà partie. Je grimpe l'échelle, me soulève difficilement par dessus le bastingage et retombe sur le pont. Et c'est alors qu'une voix, une voix que je pensais disparue m'interpelle.

« Félicitations, Anna ! »

Félicitations ? C'est étrange. Et ce timbre de voix, cette gentillesse subite... Ah, le sommeil l'emporte, peu importe cette folie, le temps est propice au réconfort des rêves ! Sans laisser une seconde de plus à la réalité, je m'endors alors, là, sur ces planches en bois inconfortables. Puis, au cours de mon sommeil, enveloppée dans le doux draps de mes songes, je me rends brutalement compte que cette voix n'est plus aussi grave et cynique qu'elle ne l'était auparavant. Cette voix...

...c'est la mienne.
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A présent, la technique pour apprendre l'étape suivante consistait à combiner les deux techniques apprises précédemment en une seule, à savoir le Rankyaku ou "Pied Ouragan", une technique permettant à celui qui la maîtrisait de créer de puissantes lames d'air à l'aide de ses jambes. La chose semblait aisée et pourtant celle-ci se révéla aussi douloureuse à apprendre que les précédentes. Une heure à faire le poireau perchées sur un pied, et encore ceci ne constituait que la mise en bouche en quelque sorte. Ensuite, abattre un palmier à l'aide de la jambe porteuse...

Scarlet comprenait assez bien le principe, mais la pratique se révéla bien plus difficile à exécuter. Annabella, elle, semblait moins sûre d'elle et s'entailla la jambe sur l'écorce de l'arbre mais au final, cet échec eut un effet salvateur car la douleur ressentie sembla la doper de telle sorte que son second coup de pied eût finalement l'effet escompté, à savoir couper net le tronc épais du palmier cependant la puissance du coup fut tel que la lame d'air générée par Annabella poursuivit sa course bien plus loin que prévu, manquant de blesser Scarlet. Bienheureusement, celle-ci sentit le souffle d'air arriver sur elle et esquiva la lame, qui finit sa course dans son propre palmier, entamant profondément son écorce. Décidément, le moteur de la puissance cachée d'Annabella semblait véritablement se cacher dans ses sentiments, dans ses pulsions destructrices de rage plus précisément. Cette information se révèlerait sans doute utile en temps voulu, mais qu'avait donc pu vivre Annabella pour qu'une telle rage existe en elle? Scarlet l'ignorait car la demoiselle aux cheveux d'ivoire n'étais pas très loquace concernant son passé, la seule information que la rousse avait pu deviner était que cela avait un rapport certain avec les enfants, vu la réaction d'Annabella sur Innocent Island.

Comprimer l'air sous la plante des pieds, comme avec le Geppou, et ensuite durcir au maximum les muscles de la jambe, comme pour le Tekkai... Cet exercice se révéla épuisant pour Scarlet qui était en plus de cela affamée. Mais au final, celle-ci finit même pour créer sa propre version du Rankyaku. En tournoyant de plus en plus vite sur la pointe de sa jambe porteuse et en concentrant le Tekkai dans son autre jambe, celle-ci finit par créer un épais tourbillon autour d'elle, qui lacéra de part en part le tronc avant que celui-ci ne chute au sol. Ce résultat n'était vraisemblablement pas celui attendu par Kaitô au départ, mais au vu du résultat, celui-ci sembla juger le résultat concluant sans pour autant qu'il ne prononce aucun mot.

« Tekkai, Geppou, Rankyaku. J'en ai terminé avec ces trois-là »

Annabella avait vraiment l'air exténuée, et Scarlet aussi d'ailleurs. Sans prononcer un mot de plus, la demoiselle retourna sur le bateau. Scarlet, elle, resta encore un peu avec Kaitô pour discuter avec.

"Décidément, tu nous en aura fait baver. Mais bon, ça en vaudra le coup, j'en suis sûre et lors de notre prochain combat, nous pourrons enfin prétendre à un résultat optimal de notre côté. Je vais essayer de garder un oeil, si je puis dire, sur Anna'. Une lady doit savoir prendre soin de ses compagnons."
La lady adressa un de ses habituels sourires aux dents aiguisées à Kaitô avant de remonter à son tour sur le bateau à coup de Geppou. Il était à présent devenu rare que Scarlet ne se déplace autrement, trouvant beaucoup plus amusant de voler dans les airs du moment que  personne ne puisse voir ses dessous.
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Les minettes rendaient leurs tripes et les maigres collations qu’elles s’étaient enquillés pendant l’exercice. Pousser les hommes dans leurs derniers retranchements et vous entreverrez leur vérité, c’était l’une des règles élémentaires de la neuvième, bien loin des couilles molles et des pisses froid qui cancanaient et se haussaient le col dans les huit premières. Le Cipher Pol, faut l’avoir dans les ovaires mesdames, faut que vous inhaliez CP, que vous suiez CP, que vous boustifailliez CP, que vous dormiez CP, que vous l’ayez jusque dans vos putains de viscères et si possible même vos étrons soient gravés du bel emblème. La camaraderie, tu peux te la carrer profond, et tu peux toujours fouiller plus loin encore pour dégoter une bribe d’assistance de ma part. J’aime voir vos faces blêmes mordre la poussière et apercevoir votre détermination se briser, s’émousser au fil des tentatives perpétrés. Chialez donc comme des gamines esseulées, vous pisserez moins. Vous plaignez pas surtout, vous avez pas encore besoin de la boire. Vos faces blêmes et vos regards humides laissent entrevoir votre vérité, vos jolis minois fanés sont encore plus délectables de cette manière.

Vous voir réveiller vos plus bas instincts, relève presque du divertissement sordide, mais du spectacle quand même. Dommage que l’averse se soit pas faite sentir, vous auriez vraiment mouillé pour quelque chose. Livrés à vous-même, Robinson Crusoé que vous êtes, vous êtes redevenus primaires et assoiffées, des primates en bout de course qui se rongent le frein. Je suis pas une pince, vous auriez pu aller chasser votre graille à mains nues, soyez reconnaissant à votre bourreau. Je vous entends exhaler à grandes bouffées, c’est bien, c’est l’esprit, une mêlée de tous les instants. Tu la sens bien cette chienne de vie qui te palpite dans les valves ? Tu la sens crier tout sa vigueur, toute sa foutue animosité latente qui demande à ce qu’on lui titille le jonc pour qu’elle explose ? Elle bat à cent à l’heure dans ta poitrine si fort qu’elle vous éventrerait la chair suintante et c’est seulement à ce moment-là que tu regrettes d’être un homme. Tu t’es dis que le vieux briscard allait mettre la main à la pâte mais tout ce qu’il fait c’est te fourrer le fer rouge du tisonnier à chaque fois que tu cries victoire, à chaque fois que tu pousses ce râle de triomphe, fugace et succinct avant de remanger ta pâtée. Vous êtes de belles et copieuses brêles, comme je l’étais à votre époque, présomptueuses et impétueuses, tu te targues de tout savoir des méandres de l’existence mais tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude, foutaises et balivernes que tu serviras à un autre péquenaud mais surtout pas à moi. Vous êtes la merde de ce monde, prête à servir à tout.

Regardez-vous donc, c’est une putain de foire aux monstres. Vous vous donnez une consistance pour combler la coquille vide et affreuse qui sommeille en vous. Toi, doucechanson, t’es loin d’être vernie, t’es encore plus barrée que je le croyais, tu passes tes nerfs sur ton écureuil parce que tu manques de cran, t’es une gonz impatiente en plus d’être une défenestrée du bocal, falloir que je te garde à l’œil, toi et tes élans mortifères, toi et tes pulsions morbides de psychotique. M’étonnerait guère que tu donnes dans l’infanticide tellement t’as le cervelet dézingué. Belle plante savoureuse mais mante religieuse qui coupe au choit, je t’ai dans le collimateur désormais.

Quant à toi, la nouvelle, c’ loin d’être plus mirobolant. Je sais bien qu’à ta décharge, on peut concilier sur le fait que Mère Nature t’a pas gâté à la naissance en te refourguant une apparence toute droit sorti des tiroirs de la famille Hadams mais bordel, quand je te vois voler au secours de ton chiard, ca me file les pétoches. Elle est dérangeante cette gamine et quand elle me zieute avec ses grands yeux torves jaunasses, elle a un air d’Hannyabal Lecteur. Que t’aies pu t’enticher d’une gamine condamné comme celle-ci me sidère, je suis doc’, le syndrome Cohen, j’en connais les symptômes, tu vas en faire un monstre de foire, ton petit Frankentein des chaumières. Rien qu’a y songer, ca me file des aigreurs et encore davantage quand tu la zieutes avec ce sourire crénelé tellement lourd de signification. Lorsque tu lui susurres à l’oreille des mots doux, c’est ptet le reflet d’une  pseudo maternité qui me fout en branle. Faut dire que toi et doucechanson êtes aux antipodes, vous vous tirez la bourre comme si vous convoitiez le même sieur. Les opposés s’attirent, sorte de polarité officieuse entre vous autres de la gente de Vénus, je suis trop viril’, la testostérone suppure et vous donne mal au crâne et vous fait voir trouble, c’mon haki royal personnel qui s’exprime dans l’air.

Lorsque la poussière retombe, les chieuses ont pris un sacré plomb dans l’aile, le sixième style c’est pas pour les tafioles pouponnés, ca se peaufine par le coin d’un zinc avec du houblon en intraveineuse, faut avoir de l’aplomb et lever son gros croupion de quiche pour le mettre en mouvement, faut utiliser ses méninges et sa matière grise je sais que ça pèche par chez vous. Cette petite démo grandeur nature aura eu le mérite de sonder vos carcasses, et z’avez plutôt du bol d’avoir réussi le test, il aurait été fâcheux que je doive étêter vos crânes vides en cas de cuisant échec et que je groupe le colis avec celui de Lyla.  

Doucechanson’ a fini par rendre sa copie, la moyenne seulement. Vraie cancre, pourtant j’ai été bon pédagogue. La gamine se retire dans ses quartiers, convaincu qu’elle me l’a mise droit à travers les gencives, brave petite va. M’empêche pas de rester de marbre, raide comme la justice, Va donc pieuter ouais’, tu l’as quand même mérité en dépit de ta performance à peine potable. T’auras que de la morue séché à becqueter en te réveillant, ou pt’et que je vais charcuter ton écureuil façon civet pour le lendemain. Vercci et sa petite protégée, pas mieux, va falloir sérieusement potasser les donzelles.

Le ciel tourmenté d’une nuit noire, laissait augurer rien de cocasse pour nos poires. Les bourrasques se lèvent, les tourbillons se forment, ca sent le déluge qui s’annonce. On rembarque fissa, je barde la voile, la flotte s’engouffre sous la quille du navire le faisant glisser du banc de sable sur lequel on s’était échoué. Je me démerde en solo, compte tenu des deux lavettes qui pioncent à points fermés, c’pas comme si elles m’avaient laissés en plan. Je m’improvise marin d’eau douce, j’y capte pas une bribe, je me démerde pour que le rafiot chavire pas, pas de sextant, d’astrolabe et toutes ces conneries, on vogue à vue sur l’immensité chaotique d’iode et de Salmon. Grand déchaînement des éléments, des creux de plusieurs dizaines de mètres se forment et s’abattent sur le pont, pas de cap, plus je devrais dire, je savais qu’on aurait dû prendre à nouveau la translinéenne bordel. Le navire vire de bord, le mât manque de casser tant la voilure mange dans les dents, le bois crépite, la coque raque sévère, je fais mes ablutions pour que cette merde tienne debout jusqu’à la prochaine île. L’ondée tempétueuse me fouette atrocement la gueule tandis que je tiens la barre comme une buse. Une aubaine qu’on n’ait pas encore rencontrée de récifs ou de bestiole géante désireux de nous transformer en cure dent. La nuit va être longue, très longue. Qu'importe ce qui devra nous advenir dans ces torrents impétueux, Dieu là-haut reconnaîtra les siens.
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