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D'aussi loin que je me souvienne.

Marijoa, taverne de la dernière erreur, 22h50




Tu bois quoi ?







Ben, un révo comme d’hab






J’paye la première.
Ouais c’est cool.


23h30

Bon, tu payes ton coup ?
Euh, ouais, tu prends quoi ?
Ben, un révo, comme d’hab.
Deux révos, c’est parti.


23h50

Ça commence à faire chier.
Ben, un révo, comme…
Nan, j’dis que ça commence à faire chier.
Hum… Ah ouais, tu m’étonnes…
Ouaip.

Deux révos ?
Ben, ouais…


00h30

Alors, tu le craches ton souci ?
Je suis censé poursuivre un type dans le coin le plus pourri du monde.
Las camp ?
Pire.
Pire ?
L’Amerzone tu connais ?
Hum…
Enfin, si t’aimais pas la plaisanterie fallait pas t’engager hein ?
Ouais…
Et toi tes congés forcés, tu les prends ou ?
Bah, je sais pas encore.
Veinard…
Hey, tu sais quoi ? Je la prends ta mission, l’Amerzone ça me parle.
Tu déconnes ?!
Non non, je t’échange ta mission contre mes congés, lève donc cette môme des bureaux pour moi.
J’peux pas croire que tu sois sérieux, tu dois être fou mec !
Fou ouais, si tu veux, allez Gilles, passe ton dossier.
T’es un frère Red, je t’en dois une !
Ouais ben tu sois quoi faire.
Hey mec, deux révos qui marchent.


02h05

Hey Red, tu m’as jamais dit d’où tu venais…
Non.
Pourquoi ?
J’y étais tellement bien que j’en suis parti, qu'est ce que tu veux que je te dise de plus ?
Rien t’as raison… Deux révos ?
Ouais…



Dernière édition par Red le Lun 23 Mar 2015 - 8:55, édité 6 fois
    South Blue, au large de l’Amerzone.

    Vous êtes sur lieutenant ? Si vous débarquez la dessus vous serez livrés a vous mêmes, on pourra pas venir vous chercher.
    Sur, c’est le boulot.
    Et ben, j’aimerais pas être à la place du type que vous poursuivez ça c’est sur, vous êtes un sacré lascar lieutenant, sauf vot’ respect.
    Ouaip.
    Bon ben bonne chance, il nous faudra quatre jours pour finir notre boulot de livraison a la garnison, j’espère que vous aurez trouvé votre homme parce qu’on ne repasse pas avant six mois.
    Ouaip.
    Z’étes pas causant non plus.
    Non.
    Bon ben... Lâchez la barque les gars ! Et un salut pour l’officier corbeau !
      La première chose qui frappe quand on arrive en Amerzone, c’est l’odeur de vase qui exhale des mangroves et imprègne tout, la seconde étant généralement un habitant qui n’aime pas les touristes, un habitant normal en somme
      Heureusement l’agent Red n’est pas un touriste, et même s’il n’a pas mis les pieds dans le coin depuis au moins dix ans, l’Amerzone est une de ces choses qui vous marquent assez pour qu’on ne s’en débarrasse jamais, c’est comme une vieille cicatrice chez un serpent, on a beau muer et changer de peau, elle reste la bien ancrée dans votre chair.

      La chaloupe de Red s’amarre à une jetée déserte de la périphérie de Freetown. Juste le temps de ramener à la surface assez de l’argot local pour convaincre les deux mômes occupés à jeter des caillasses aux crocos de garder sa barque quelques jours. Et de partir à pied vers la ville.

      Dix ans. Dix ans et à chaque pas, pour une chose qui a changé Red en trouve dix qui sont restés telles qu’il s’en souvient. La boue noire qui colle aux pieds dés qu’on sort des rares rues ou on s’est donné la peine de poser quelque chose par-dessus. Les regards durs des locaux  et cette façon qu’ils ont tous de se promener comme s’ils étaient les rois du monde. Ici même le plus pauvre a quelque chose de plus que le reste du monde. La fierté d’être Amerzonien et de l’avoir choisi. La fierté qui reste de ses ancêtres que le monde a jeté dans un trou et qui se sont relevés pour lui cracher à la gueule.

      Quand on vit dans le trou du cul du Gouvernement Mondial, il faut bien se raccrocher à ce qu’on peut.

      Les pas de Red le ramènent vers le port. La seule zone côtière ou un touriste peut débarquer avec une espérance de survie raisonnable et éviter de se faire becter par les crocodrilles et les maringouins. Ici on se veut civiliser. Ou du moins on essaye. Sur Amerzone on n’exporte pas grand-chose. Du porc et des gens essentiellement, ici chasseurs de primes et pirates quittent Freetown ensemble et y reviennent de même, fortune faite ou les pieds devant.  Difficile de faire la différence d’ailleurs, la plupart des expatriés ne voyant la piraterie que comme un à coté toujours pratique à n’importe quel métier. Et on s’étonne que les Amerzoniens aient mauvaise réputation…

      Sur le port Red cesse d’observer les bateaux et de noter leur provenance pour s’arrêter sur un rade toujours debout. Un rade qu’il connait bien. C’est ici qu’enfant il venait se planquer pour écouter les récits des vieux loups de mers locaux. Ici aussi qu’il a claqué toute sa fortune de l’époque pour qu’un ancien marine alcoolique lui trouve un contrat de mousse et le vende contre un peu de rhum a un navire de contrebandier. Dix ans, ça fait loin.
      Autant commencer par la non ?

      Laissant les navires Red rejoint le bar. Sordide, étriqué, puant. Faut croire que le môme qui y prenait son pied était moins regardant que l’agent d’aujourd’hui. Ou qu’il avait vu moins de bar. Plutôt ça.
      C’est dingue. Derrière son comptoir La Trique est toujours la. Encore plus maigre et l’air plus teigneux qu’avant, avec de nouvelles cicatrices sur la gueule, mais c’est bien le même. Et la, dans le coin de la salle, avachi et bourré comme s’il n’avait pas bougé depuis dix ans, Borgnefesse. Le pilier de bar à une fesse le plus connu du coin. Putain de flash back. Red voit presque le gamin qu'il était venir trouver le vieux vétéran et lui filer tout son pognon contre une place à bod d'un navire.

      Alors eu’l borgne ? Toujours confit dans ton jus ?
      Eurk ?
      C’moi le piaf. T’souviens pas hein ? Rossignol. Eu’l mome piaf.
      Arrh…
      T’souviens pas de moi, c’pas grave.  J’va t’aider à te souvenir.

      Méme l'accent étrange du coin est revenu. Après tous ces efforts pour le faire disparaitre et cesser de passer pour un putain de péquenaud. Chassez le naturel... Pff

      Allez l'éponge, on lave gratis asteur !

      Et Red de crocheter la nuque de l'ivrogne pour lui lever le cul de la chaise, et lui coller dans l'élan un petit croche patte qui l'envoie a peine réveillé mais déja gesticulant en diable, s'écraser comme une grosse serpillére tout droit dans l'abreuvoir d'eau sale qui traine devant le rade. Plouf.

      Ostie de câlice de ciboire d'esti de tabarnak de crisse !
      Alors Borgne ? T'aimes pas ça l'eau ?
      J'va te défoncer volaille de merdre !
      Mauvaise réponse...

      Écrasant la main du vieux qui tente d'agripper le bord du bac pour se sortir de la, Red chope les cheveux gras du poivrot pour le replonger un bon coup dans la flotte. Et le ressortir. Aspirations, insultes, glou, retour en plongée. Mine de rien l'épave a de la ressources et Red le renvoie tutoyer le fond du bac trois fois de plus avant d'obtenir une sortie qui soit un poil plus calme...

      Stop stop ! C'est bon j'va me taire !
      Oh mais je veux pas que tu te taises borgne, j'ai même plutôt le gout à t'entendre. Mais j'cause pas aux éponges...
      Tabarnik mon gars ! T'aurais pu commencer la avant d'me pogner ! J'va tout te dire ! T'façon c'est pas moi qu'ai fait le coup ! Parole !
      T'entrave vraiment rien hein ? Viens le borgne, j'va t'offrir à boire.
      Attend ‘tend ! J'crois bien que j'te remet ! Une gueule frais chiée comme ça dans un froque rouge... Tu serais pas le ptit Ross revenu des enfers pour achaler encore un pov' vieux marin comme moi hein !?
      Les fantômes ont pas soif eu'l borgne. J'suis pas plus mort que toi.
      Maudusse ! J'savions bien qu'on me charriait, la mort croque pas les ptis crosseur dans ton genre hein ?!
      Ouais, faut croire…
      T'en as mis une sacré s’cousse à rentrer. Tu t'es perdu ?
      Bah, c’est grand la mer.
      Pour sur gamin, pour sur. Pis ça t’as réussi hein ? T’as plus l’air d’un capitaine que d’un mousse maint’nant.  T’va me raconter ça !

      Une heure et un nombre importants de verres plus tard, Red a renoncé a savoir jusqu’où pouvait consommer Borgnefesse sans tomber. L’organisme du vieux doit être si habitué à l’alcool qu’il semble de plus en plus lucide et en forme a mesure qu’il boit. Incroyable. Incroyable et pratique.

      Bon l’borgne, c’pas que j’en ai mon voyage de taper la jasette. Mais j’ai un service à te demander.
      Tss… J’ma doutais bien que tu me rinçais pas à l’œil pour rien. Héhé… Quoi qu’tu veux gamin ?
      Je cherche un type.
      Un type hein ? Une tête oui. Alors c’est ça que tu chasses maintenant ? J’espère que t’oublies pas les règles…
      Chez nous c’est chez nous. J’oublie rien. Ma c’est un touriste que je chasse. Un touriste qu’a veut se terrer icite.
      Héhé, le con ! T’as une image ?
      Ouaip, mate ça.
      Hey… Marrant ça. J’a dja vu c’te sale trogne la pas plus tard que l’aut’ jour.
      Quand il a débarqué ?
      Nooon. Quand un aut’ que toi est venu me poser les mêmes questions.
      Merdre ! Qui ?!
      Des presque chum à toi héhé. Avec un D. D comme D’altons.
      Rah. Toujours à chier dans mes bottes ces cons la. Dis moi ce que tu leur as dit et je m’arrache.
      Bonne chasse Piaf. Repasse boire un coup un de ces quat’.
      Mouais…


      Retour dans la rue avec une bonne pioche en main, mais pas de quoi mener la donne pour l’instant. Le touriste est la, et il prépare une expédition vers l’intérieur des terres, le crétin pense surement que tout ce qu’on raconte sur le coin est un poil exagéré et qu’il pourra s’y planquer quelques mois le temps de perdre ses chasseurs. Quel con. Il risque surtout de se faire bouffer tout seul sans rapporter de fric à personne. Ce qui serait probablement une satisfaction pour lui cela dit. Un peu comme ses bestioles qui se rendent immangeables pour faire chier jusqu’au bout le prédateur qui les a butés.
      Mais ce n’est pas le problème actuel. Ou plutôt ce n’est un problème que pour le premier prédateur, et pour l’instant Red n’est que le second sur la piste.

      La cible loge dans un hôtel crasseux de la périphérie de Freetown. Probablement occupé à réunir de quoi se lancer dans le veld. Pas évident pour un touriste, il faut un guide, des armes, des montures.  En temps normal Red prendrait le temps de localiser le type, le situer, le connaitre. Mais avec d’autres chasseurs sur le coup il n’y a pas de temps à perdre, il faut choper le touriste, et le choper vite, brutalement. A l’horizon le soleil finit de se coucher, laissant une fraicheur bienvenue se répandre dans le coin en dissipant la chaleur de plomb de la journée. Bientôt il fera même franchement froid, mais pour l’instant la ville s’éveille à la nuit. Une nuit pleine de bruits et d’odeurs, cris joyeux, fumée grasse, nourriture grésillante sur des braises. Une nuit qui semble dire bienvenue chez toi à l’agent sans attaches.

      Bienvenue chez toi… Au détour d’une rue Red s’arrête soudain. Plus loin doit se trouver la maison. Cette maison dont il est parti il y a dix ans sans prévenir personne et sans se retourner. Le père, la mère, les frangins. Toujours la surement. A l’attendre peut être ? A attendre autre chose que les quelques enveloppes pleine de pognons qu’il leur a envoyé quand il pouvait, pour jouer au bon fils, pour leur prouver qu’il n’était pas mort. Ou juste pour se dire qu’il lui restait toujours un endroit ou rentrer.

      C’est long dix ans. Assez pour grandir, vieillir, accumuler un paquet de non dits et de regrets. Et plus le temps est long plus ils pèsent et s’alourdissent, et plus il faut de courage pour s’y attaquer et s’en débarrasser.

      Oi mon gars ! Tu bouges de la ou tu payes !

      Red se secoue. Un jour il retournera les voir c’est sur. Un jour, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui il a du boulot.

      Une fois dans le bouge, trouver la chambre du touriste ne prend guère de temps. Comme prévu le type est sorti et il ne reste qu’à appliquer le plan le plus simple du monde, monter attendre son retour dans sa chambre pour lui tomber dessus sauvagement.

      La serrure est si simple que Red pourrait la forcer les yeux fermés. La pièce sent le refermé et on y a visiblement pas ouvert les rideaux depuis un bail. L’agent marque le pas quelques secondes, le temps de s’habituer à la pénombre ambiante, puis rentre dans la chambre pour y prendre ses aises.

      Clac

      C’est la porte qui se referme un peu trop vite qui alerte Red, juste assez tôt pour que la lanière qui se referme autour de son cou attrape aussi son avant bras et qu’on ne puisse pas l’étouffer tout de suite ou lui briser la nuque. Coup de bol, le type est tout seul, ce qui lui interdit de procéder à une strangulation dans les règles de l’art avec deux assistants qui tiennent les bras de la cible. Et qui permet à Red de répliquer immédiatement par la parade appropriée, longuement étudiée pendant les cours du Cipher Pol. D’abord, bloquer l’agresseur et le faire lâcher prise. Bandant ses muscles Red se jette en arrière vers la porte contre laquelle il écrase son attaquant qui loin de lâcher prise lui saute sur le dos et continue de lui cisailler la main et le cou avec application. Bam, Red cogne encore, se jetant de toutes ses forces contre les cloisons pour assommer son parasite pendant que l’étau se resserre lentement sur sa gorge. Bam, nouveau coup, cette fois avec bris de miroir et sept ans de malheur pour les deux combattants, et enfin un geignement de douleur du coté de l’adversaire qui relâche sa prise une seconde. Bien assez pour Red qui attrape immédiatement la cordelette et d’un mouvement sec envoie son adversaire voler par-dessus son épaule et s’étaler sur le lit. Deux lames brillent une seconde dans le noir. Celle de Red sabre un coussin lancé vers son visage, l’explosion de plumes l’empêchant de parer le coup de pied venant du lit. Une botte douloureusement solide lui heurte le bas ventre, l’envoyant se plier en deux contre un des murs de la chambre pendant que l’ennemi se redresse déjà pour lui foncer dessus. Tâtonnant sur le mur Red attrape un tissu, le rideau ! Et l’arrache d’un coup sec, comptant sur l’éblouissement momentané de son adversaire pour se remettre d’aplomb. La lumière inonde la pièce et les deux combattants se figent soudain en s’apercevant au même moment que ni l’un ni l’autre ne sont la cible qu’ils recherchent.

      Merry ?!

      Rossignol ?!

      Encore un flash back ? On ne devrait jamais revenir en arrière. Mélodie d’Alton. Une fée dans une famille de brutes. L’une des rares amies de Red au sein de la bande qui le pourchassait et le tabassait régulièrement. Et surement la fille la plus convoitée du quartier malgré la présence de ses voyous de frangins qui martyrisaient méchamment tous les gamins osant trainer à coté de leur sœur adorée.


      Calice de merde ! Qu’estu fous la Ross ?!
      Questu veux que j’fout hein ? J’fais comme toi !
      Moi je me jette pas dans les pièges ! T’as donc rien appris dans le grand monde ?
      Roh ça va hein ! Je t’aurais eu si on avait continué.
      Crois donc ça oui. Si ça peut t’faire plaisir…

      Melody chasseuse de primes. Pas vraiment étonnant au demeurant, dans le clan d’Alton on est chasseurs de primes de père en fils et de mère en fille. Pas par conviction, mais parce que c’est le statut le plus rentable quand on veut se faire du pognon au dépend du monde en restant ouvertement du coté de la loi le moins générateur d’emmerdes.

      T’es toute seule ?
      Héhé. T’as encore peur des frangins Ross ? Vrai qu’il y en a un qui t’as jamais pardonné la jolie balafre que tu lui as laissé dans le gras... Je suis sur qu’il serait content de t’mettre la main dessus.
      Tsss. C’était y’a dix ans.
      Dix ans déjà ? T’es vraiment en dessous de tout Ross, t’aurais pu donner des nouvelles !
      Ouais j’aurais pu. Déjà je t’aurais dit que je m’appelle Red maintenant. C’est fini le nom de piaf.
      Red ? Héhé, et t’as pas fini pirate avec un blaze pareil ? Coup de bol. A moins que tu le sois et que ta tête soit mise à prix. Je crois que ça me plairait assez ça…
      Pff. Pourquoi tu crois que je chasse le touriste hein ? J’suis chasseur comme toi.
      Dommaaage… C’est tellement plus excitant les pirates. Alors que si t’es chasseur, on va devoir continuer à se battre… Parce que, celui la je l’ai vu la première !
      Je crois pas non. Je suis sur ses traces depuis son dernier carton, alors ça m’étonnerait que tu lui ais collé au train avant moi.
      Huuum. Alors quoi ? Tu vas me proposer de bosser ensemble ? C’est d’accord !
      Euh…
      Allez debout, c’est mort ici de toute façon, allons le coincer dehors ce sera plus amusant.  Et puis tu pourras m’offrir à manger.
      Hein ?
      Pff. C’est bien la peine de partir en mer si c’est pour rester aussi épais que les rustres d’ici. Allez Red ! En avant !



      Dernière édition par Red le Jeu 7 Aoû 2014 - 19:47, édité 1 fois
        Premier jour. Une longue et dure nuit plus tard.

        Hey debout la dedans !
        Erf ?
        C’est le matin !
        Hein ?
        Rah ! Mais comment on peut se prétendre marin et tenir l’alcool aussi mal ! Debout Red !

        Un plein baquet d’eau glacé se déverse sur le crane endolori de l’agent Red, douleur atroce s’ajoutant à la lourdeur laissée par la gueule de bois de la veille, la sensation qu’on pourrait avoir en se faisant marteler le crane violemment à l’aide d’un pain de glace enveloppé d’une rondelle de citron.

        ARGHHH !
        Et ben quand même. Allez c’est l’heure !

        A coté du lit d’où l’agent trempé vient de bondir, Melody a l’air on ne peut plus fraiche et dispo, et semble déjà harnachée pour une dure journée de route. Tout le contraire de Red qui peine même a se souvenir de la chaine d’événements qui l’ont ramené au lit.

        L’heure ? Mais l’heure de quoi bordel ?
        L’heure de filer vers le désert. On l’attendait pour rien hier soir. Il a avait déjà filé vers le bush. Et maintenant il a toute une nuit d’avance, alors faut qu’on se magne.
        Tu veux le suivre la bas ?
        Bien sur. J’ai déjà préparé les chevaux et les vivres. Avec le pognon que tu trimballais c’était rapide.
        Le pognon que… On a fait quoi hier soir ?
        Héhé ? Tu te souviens pas de tout ?
        Vaguement…
        Le meilleur moment c’était quand ce type a essayé de me draguer et que tu lui as épinglé la main sur la table avec ton couteau. J’avais jamais vu quelqu’un dégainer aussi vite que moi.
        Je m’entraine beaucoup…
        Et puis évidemment ses potes sont arrivés et ça a un peu dégénéré. On s’est battus, on a changé de bar. Et puis on a pas mal bu aussi. Enfin surtout toi. Et puis t’as beaucoup parlé aussi.
        Ah…
        T’inquiète. J’ai rien contre les révolutionnaires. Au contraire. Je les trouve plutôt marrant…
        Marrant ?!
        Bah, t’occupes. Habille toi plutôt, on prend du retard la ! Y’a des œufs et du lard en bas. Si t’es pas prêt dans dix minutes, je pars sans toi !


        Dernière édition par Red le Mer 9 Juil 2014 - 8:38, édité 1 fois
          Ce qu’il y a de bien en Amerzone. C’est que le coin a beau être pourri, on trouve malgré tout toujours pire un peu plus loin. Ici le pire c’est le veld. Le veld c'est comme un désert ou presque. On y crève de chaud le jour, on y gèle la nuit, et on y trouve pas d'eau. Sauf qu'ici on a mis des cailloux à la place du sable. Et qu'il y a juste assez de végétations pour que des bestioles puissent y vivre. Enfin y vivre, y survivre, et mal. Du coup toutes ce qui vit ici est devenu méchant. Méchant et dangereux. Les buissons sont piquants et coupants, brulent mal, nourrissent peu, et abritent des serpents et des scorpions pour se protéger des herbivores. Herbivores qui pour survivre sont devenus omnivores, et ne crachent plus sur un bout de bidoche ou de charogne quand ils peuvent se la mettre sous la dent. Et les prédateurs. Mieux vaut ne pas penser aux prédateurs, pas plus aux nocturnes groupes de Wendigos qu'au infâme diable des sables. Le veld est déjà assez moche et dangereux sans qu'on parle de ceux la. Et il faut vraiment être le dernier des désespérés ou des crétins pour s'enfoncer la dedans quand on est pas d'ici.

          Bordel, ça fait trois heures qu'on marche et j'ai déjà l'impression de sortir d'une essoreuse. Je me sens plus sec qu'un bout de cuir tanné.
          Héhé. T'es resté loin trop longtemps Red, il était temps que tu rentres, encore un peu et on te prenait pour un toubab.
          Pff. Quel enfer...
          Tu sais ce qu'on dit Red... T'as quand même pas oublié non ?
          Ouais je sais. C'est un enfer, mais c'est le notre...
          Tu vois que t'es pas encore perdu pour l'Amerzone Red. Tu peux t'éloigner aussi loin que tu veux, mais au final tu viens d'ici. Et tu en viendras toujours.
          Ouais, je crois que je commence à le croire aussi. On va marcher longtemps ?
          Pour l'instant il doit suivre la piste. Mais en avançant de nuit il a du ménager ses chevaux plus que les notres, alors on va pas le rattraper aujourd'hui. Il file vers les rocks. On y sera ce soir pour le bivouac, ensuite on verra.
          Ce soir...
          Ouais, je t'avais dit de prendre un chapeau. La journée va étre longue.
          Génial...
          Parle moi encore de Saint Uréa. Comment t'as fait pour rentrer dans la révo la bas ?
          Bah, c'est une longue histoire. En fait ça c'est passé plutôt par hasard au début...
            Troisième jour, quelque part dans le désert.

            Rah, va t'en, laisse moi, j'suis foutu, d'toute façon je vais mourir ici...
            N'importe quoi...
            J'le sens bien j'te dis. Ce putain de trou aura eu ma peau finalement. Je savais que j'aurais pas du revenir. Quelle ironie...
            Tiens, bois ça.
            Laisse moi crever j'te dis...
            Rah les mecs franchement, vous êtes tous les mêmes. Une petite insolation et tout de suite c'est la fin du monde. Et dire que c'est nous le sexe faible...
            Touss touss
            Hola moins vite. Bois plus doucement ou tu vas t'étouffer.
            Eurk, ça a un gout dégueulasse !
            J'ai mis du crotale dedans, c'est bon pour ce que t'as. Bois tout et d'ici quelques heures tu te sentiras mieux.
            Pouah !
            Ah bravo ! Si tu savais le mal que j'ai eu a choper ce serpent. Je te préviens, je t'en donne encore un peu mais c'est tout ce qu'il me reste, alors ne le gaspille pas cette fois.
            Faut vraiment que je boives ce truc ?
            Si tu veux pas que je t'abandonne ici, oui !
            Bon d'accord. Vas y donne.
            Et ?
            Et merci.
            Je préfère ça. Je vais faire un tour dans le coin voir s'il a laissé des traces du coté du point d'eau, pis je vais faire le plein de flotte aussi. En attendant t'as qu'a faire chauffer le lard et les fayots...


            Dernière édition par Red le Mer 9 Juil 2014 - 8:40, édité 4 fois
              Alors ? T'as trouvé quoi ?
              Je trouve que tes fayots sont dégueulasse. Moi qui croyais que tous les marins savait cuisiner. Je suis un peu déçue.
              Oh ça va hein ! C'est mangeable non ?
              Mouais. A peine. Enfin, pendant que tu massacrais la bouffe j'ai trouvé quelques trucs amusants.
              Vu ton sens de l'humour il doit y avoir au moins un cadavre dans le lot je parie.
              Deux en fait. Et ils trempent tous les deux dans la seule mare du coin.
              Aie... Je présume que c'est une mauvaise nouvelle.
              Seulement pour ceux qui ont besoin d'eau pour survivre dans le désert.
              Je vois. Et... Qu'est ce qui est amusant la dedans ?
              D'abord le nom des cadavres. Le touriste s'est disputé avec ses deux guides, et les a tué tous les deux. Je pensais le vieux Mac Gyre et son fils plus coriace que ça.
              Ensuite ?
              Ensuite le fait qu'il les a pas tués et mis dans la mare. Il les a butés pendant qu'ils remplissaient leurs gourdes.
              Ce qui veut dire qu'il a pas plus d'eau que nous ?
              Peut être...
              Je sens comme un mais dans ta phrase, un mais qui va pas me plaire.
              Mais... Mais il est parti vers le Nord Est plutôt que vers le Nord.
              Le Nord Est ? Mais y'a pas de pistes par la non?
              Non, plus maintenant. Mais avant y'en avait une. Et si tu marchais assez loin dans cette direction tu arrivais directement aux Rocks Sanglants.
              Les Rocks Sanglants ? La mine déserte c'est ça ? L'exploitation de ces crétins d'étrangers qui ont payés une fortune un droit d'exploitation minier sans jamais rien ramener que des pierres ,
              Hey, tu as dit "ces étrangers" C'est bien Red. Et en plus tu as tout bon. Et je présume que pour un criminel en fuite, un coin comme les Rocks a du paraitre vachement intéressant. Désert, habitable, tranquille. Pas étonnant qu'il se soit énervé quand ces guides ont refusés d'y aller...
              Et je suppose qu'ils ont refusés pour la même raison qu'il n'y a plus de pistes de ce coté la non ?
              Tout juste Red. Tout juste. Et tu ne te souviens pas pourquoi on a fermé cette route ?
              Oh merde... Si je me souviens. On l'a fermé parce que tout ce putain de bout de désert est infesté de diable des sables.
              Précisément.
              Alors il est mort.
              Peut être. Ou peut être pas. Y'a qu'un seul moyen de le savoir.
              Attends ? Tu veux vraiment y aller ? Je viens d'éviter de mourir de chaud, j'aimerais autant ne pas finir bouffé par des monstres.
              Et ça se tient. Sauf que d'un, ce type, ou sa tête suivant ce qu'on retrouve, vaut soixante millions de dollars. Ce qui fait un paquet de pognon.
              Le pognon c'est pour les vivants.
              Et deux. Avec l'eau qui nous reste, la source la plus proche c'est celle qui doit stagner aux Rocks Sanglants. Qu'on retourne sur nos pas ou qu'on continue on en a pour trois jours. C'est long trois jours sans eaux. Surtout à pied. Parce que je peux t'assurer que nos chevaux tiendront pas jusqu'au bout de la route.
              Ouais. Donc en fait, soit on va mourir de soif dans le désert, soit on va peut être se faire bouffer par des putain de vers mangeurs d’âmes.
              Et peut être toucher trente millions de Berrys chacun...
              T'es plutôt convaincante comme fille en fait.
              Tu ne devines même pas à quel point Red. Moi je n'ai pas changé.
                Quatrième jour, quelque part dans le désert, mais plus loin.

                Tu te souviens comment on les repère ?
                Quoi ?
                Les Diables. Est ce que tu te souviens comment on les repère.
                Bien sur. Quand on meurt d'un coup en disparaissant dans le sable happé par un vers de dix mètres, c'est qu'ils sont la.
                Ahah, ptit marrant...
                C'est parce que tous les premiers du mois, je bute un clown. C'est fou le nombre de clowns qui finissent par virer criminel psychopathes.
                Red...
                Les stries. Les stries et les cailloux qui sautent quand ils reviennent se déplacer en surface pour chasser.
                Bien. Et s'ils nous rattrapent, qu'est ce qu'on fait ?
                Quand ils sautent. Quand ils sautent leur ventre est découvert et en tirant dans l'anneau juste derriére la bouche on peut atteindre le crane.
                C'est le seul moyen de les fumer avec un flingue Red. Le seul moyen de ne pas se faire bouffer s'ils nous rattrapent. Et t'auras jamais de seconde chance.
                Mouais. J'ai vu une de ces saloperies manger une vache une fois. Tu connais vraiment quelqu'un de vivant qui a déja réussi le tir dont tu parles ?
                Moi. Moi je l'ai fait. Une fois.
                Ah oui ? Bon ok. Alors d'accord, c'est possible. Du coup tout va bien, je me sens vachement plus rassuré.
                Allez rigole. Personne ne prend cette route depuis des années. Les diables ont du tous mourir de faim ou  partir depuis longtemps.
                C'est sur que ça se serait bien. Tiens, on parie ? Je te parie dix millions de la prime qu'on va toucher qu'on tombe sur des diables avant le bout de la piste.
                Tenu.
                Il reste de l'eau ?
                Non.
                Génial, j'adore ce pays.

                Au dessus des têtes des deux silhouettes perdus dans le désert le soleil se transforme en plomb fondu. Le sol et l'air deviennent brulant, le sable chaud brule les pattes des chevaux qui hésitent et marquent le pas, le souffle du désert brule les poumons pendant que le sable balayé par le vent oblige à garder les yeux mi clos et on est partagés entre la tentation de les fermer pour se reposer un instant et la peur de louper les signes de l'approche du plus gros prédateur du coin.

                La !
                C'est juste le vent.
                Chier...

                Le sable use les yeux, l'attente use les nerfs, la soif rend fou. Il fait si chaud que l’air semble bruler et ondule, générant d’étranges et inquiétant mirage, et empêchant de d’évaluer l’avance des montures et l’éloignement des Rocks qui surgissent du sable au loin.

                Derrière Red un roulement de cailloux, la bas sur le flanc d’une dune une avalanche de petits cailloux est en train de grossir et de rouler, comme soudain dérangés par un marcheur. Mais il n’y a personne.

                La !
                Cravache !

                Pas la peine d'éperonner les chevaux qui eux aussi ont senti le danger et se mettent immédiatement à galoper droit devant eux, vers l’illusoire sécurité des rochers qu'on aperçoit au loin. Pendant que derrière eux le sol se craquelle et enfle a toute vitesse, dessinant une ligne qui progresse droit vers eux comme si un énorme taupe était en train de creuser un tunnel juste en dessous de la surface.

                La ! D'autres arrivent.
                Suis moi !

                Embusqués dans le sable comme des crocodiles dans la vase, les diables se mettent en branle de partout. Et très vite c'est prés d'une dizaine de lignes souterraines qui surgissent de partout pour se rabattre vers les deux chevaux des fuyards.

                La chasse commence.


                Dernière édition par Red le Jeu 7 Aoû 2014 - 19:50, édité 1 fois
                  Ils nous rattrapent !
                  On change de cheval ! Saute sur ton second et abat le premier, avec un peu de chance ça les occupera.
                  Changer de cheval ? Je sais pas faire ça au galop !
                  Alors apprends ! Et vite.
                  Merde merde merde... YAHAaAH !

                  Red manque laisser un pied dans l'étrier de sa monture et se rattrape in extremis à la selle du second cheval, son pied va heurter brièvement le sol, puis l'entrainement reprend le dessus et un Red pestant et crachant se hisse à la force des bras sur la bête.

                  Tu vois que t'as réussi, à part le cri c'était parfait.
                  Ils nous suivent toujours.
                  Ouais.

                  A coté de lui le cheval épuisé et soudain libéré reprend un peu de souffle et se remet à courir. Pas longtemps. Juste le temps que l'agent dégaine un flingue pour lui loger une balle dans la patte. Le cheval trébuche en hennissant pendant qu'immédiatement les trainées dans le sable obliquent vers lui. La bête blessée se relève mais n'a pas le temps d'aller bien loin. Tout autour de lui le sable semble soudain exploser quand deux diables surgissent du sol pour lui retomber dessus. Les diables des sables. La pire saloperie de l'ile. Des vers annelés qui peuvent aller jusqu’à une dizaine de mètres. Une bouche assez grosse pour engloutir un homme d'un seul coup, un corps semblable a celui d'un scolopendre parsemé de dizaines de griffes empoisonnées plus longue et tranchantes que des épées, et recouvert d'une armure qui l'immunise à tout ce qui est plus léger qu'un canon de marine.
                  Le pauvre cheval n'a pas le temps de tourner la tête que les deux monstres le percutent et le coupent littéralement en deux. Immédiatement rejoint par un troisième les diables se jettent sur leur proie et transforment instantanément le coin de désert en étal de boucherie. Pov bête...

                  Tu as vu la zone ou tu dois tirer ?
                  Non.
                  Alors essaye encore.

                  Bang, le cheval de rechange de Melody rejoint celui de Red dans la catégorie bouffe à diables. Et quelques monstres de plus s’arrêtent pour becter de la viande fraiche facile plutôt que de la viande qui court. Assez pour offrir aux fuyards assez d'avance pour s'en tirer.

                  On est presque aux rocks! Regarde la brèche la bas, le canyon. Si on arrive à s'engouffrer la dedans c'est gagné !
                  On va pas y arriver !
                  Gaffe !

                  Trop occupé par les derniers instants des montures sacrifiés, Red à loupé un diable. Un petit, rapide. planqué, embusqué plus loin sur la piste et arrivant de face a toute vitesse, trop vite. Le monstre surgit devant eux, bondissant assez haut pour déployer ses griffes au dessus des chevaux et retomber sur celui de Red. Piètre cavalier mais agent aguerri, Red a déjà un flingue en main et tire. Deux balles claques et le monstre retombe, vivant, ne loupant sa cible que grâce à Melody qui le percute de sa monture et le bouscule. L'envoyant replonger immédiatement dans le sable pour y reprendre de la vitesse.

                  Tu l'as raté !
                  C'est un putain de tir impossible !
                  Apprends !

                  La bas le canyon salvateur n'est plus qu'a une centaine de mètres. Une centaine de mètres de trop. Blessé en frappant le monstre, le cheval de Merry bronche soudain et plonge en avant, s'écrasant dans le sable en envoyant rouler sa cavalière. Et Melody a beau se relever immédiatement avec une adresse de gymnaste elle n'est malgré tout pas assez rapide pour attraper le cheval de Red qui l'a déjà dépassé.

                  Merry !
                  T’arrêtes pas !

                  Déja à l'entrée de la passe étroite qui s'ouvre dans les rochers Red n'a désormais plus la place de faire demi tour. Juste celle de se laisser tomber de cheval en attrapant le fusil d'arçon pour se précipiter en arrière, vers le sable. Vers Merry qui court aussi vite qu'elle peut et que déjà le diable à rattrapé.

                  Plonge !

                  Red épaule son arme, le ver surgi dans le dos de Merry qui se jette au sol pour dégager la ligne de tir. La bouche, la grappe d’œils vicieux sur le haut de la tête, et juste la, le ventre mou de la première articulation de la bête.

                  Bang !

                  Le fusil de gros calibre perce un trou de la taille du poing dans le ventre du ver pendant que la balle le traverse jusqu'au cerveau avant de heurter la carapace qui protège le dessus. Et pendant que Merry roule sur le coté le ver retombe comme une masse. Crevé avant de toucher le sol.

                  Et le temps que les suivants arrivent Merry s'est relevé et a franchi comme Red les premiers contreforts de rocheux ou les vers ne vont plus.

                  Joli tir. Tu vois quand tu veux.
                  En fait c'est comme les gâteaux de maman. Dur dessus, mou dessous...
                  Et merci Red. Merci beaucoup.



                  Dernière édition par Red le Jeu 7 Aoû 2014 - 19:51, édité 1 fois
                    Quatrième jour, nuit froide.

                    Le feu c'est bien, mais ça bouffe du bois. Et le bois pousse mal sur les rochers. Une leçon de vie que Red réapprend lentement en regardant se consumer les quelques arbustes qu'il a réussi à arracher du sol glacé. Quelle plaie ce pays. Et quel guigne d'avoir perdu la moitié des couverture en même temps que le cheval de Melody. Et quelle idée aussi de lui avoir filé celles qui restait en prétextant qu'avec un feu allumé Red pouvait très bien se passer de couchage pour dormir.

                    Qu'est ce qu'il caille bordel...

                    Rah, putain de feu. Y'a déjà plus de bois. Tout ce chemin pour mourir gelé, quel gachis !
                    T’arrêtes jamais de te plaindre hein ?
                    Tu peux parler toi. T'as les couvertures.
                    Pff. Tu comprends vraiment rien...Allez viens idiot. Y'a juste assez de place pour deux la dessous. Et je suis curieuse de voir ce que j'ai manqué ces dix dernières années.
                      Cinquième jour, Rock Sanglants.

                      Les Rocks Sanglants. Un amas de rocher au sommet plat dressés comme surgis du désert, un bloc de falaise érodés par le vent du veld et creusés de canyons qui serpentent entre les hautes parois rocheuses, chemins souvent semés d'embuches pour le voyageur imprudent qui peut s'y perdre et y disparaitre comme un rien.

                      Alors ?
                      Alors celui la aussi est un cul de sac. j'ai rampé aprés le coude ou le canyon se rétrécit. il devait y avoir une source derrière mais il n'y a plus que du sable, et aucune chance de passer par la.
                      Encore un coup pour rien. Dans combien de temps tu penses qu'on sera obligé de manger le cheval pour pas crever de soif ?
                      On a le temps, t'as soif toi ?
                      Pff, frimeuse.  
                      Allez, on essaye un coup de l'autre coté avant de faire une pause ? Je le sens bien ce passage la.
                      C'est pas comme si on avait autre chose à faire à part mourir de soif de toute façon.

                      Trainant les pieds dans la poussière et la gorge aussi sèche qu’après avoir avalé un plein de bol de sable, Red suit Melody qui part à la conquête d'une nouvelle ravine. La progression est lente et difficile, le sol est glissant et accidenté, la lumière faible, du haut de la mesa tombent régulièrement des graviers et du sable, et par moment les parois du canyon sont si proches qu'il faut défaire le harnachement du cheval pour qu'il puisse y passer.

                      Et puis soudain lumière. L'un derrière l'autre Red et Melody débouchent dans ce qui devait être un cul de sac il y a encore quelques temps. Une cavité circulaire laissé par un probable ruisseau antidéluvien, des murs de pierre lisses impossible à escalader. Et un éboulis. Ploin au fond de la gorge la falaise s'est effondré, laissant la zone encombré d'un vaste pierrier en pente douce qui monte jusqu'au sommet de la mesa.

                      Tu penses qu'on peut monter par la ?
                      Je vois vraiment pas comment on pourrait faire autrement. Et puis regarde ici. Lui il est passé par la.

                      Quelques pas mènent Melody jusqu'au pied de l'éboulis ou elle ramasse un objet brillant. Un berry. Neuf.

                      Je t'avais dit que les diables l'avaient pas mangés. Nos soixante millions sont encore en train de courir devant. Et on se rapproche.
                      Je les échangerai bien contre un verre de flotte pour le moment.
                      Y'en aura aussi. Allez, suffit de monter la haut, la mine est juste au milieu du plateau. Et la source aussi.
                      C'est parti.

                      Tenant le cheval par la bride Red se lance en premier dans l'ascension du pierrier. Un sol friable et mouvant, des pierres qui roulent sous les pieds obligeant à une vigilance constante pour ne pas glisser et rouler jusqu'en bas. La pente augmente, les minutes d'ascension s'allongent et semblent devenir des heures...

                      Attention !

                      Entre deux pierres dérangés par le sabot du cheval un scorpion vient de surgir, rendu nerveux par le saccage de sa planque il se jette toutes pinces dehors sur le canasson qui se cabre, balançant Red dans la pente avant de s'y renverser et de s'y abattre à son tour. Red se mange un caillou dans la gueule, un autre, puis c'est le noir.
                        Red !

                        Plus que le cri, c'est le caillou lancé de main de maitre qui vient lui entailler la joue qui sort Red de sa torpeur. Une torpeur douloureuse. Mal partout, sensation d'écrasement, postion inconfortable. Bordel. Qu'est ce qu'ils s'est passé.

                        Ne bouge surtout pas !

                        Red tente d'ouvrir les yeux mais il n'y en a qu'un qui répond. Pas étonnant qu'il y ait comme un inconfort. Emmené par l'éboulis Red est enfoui jusqu'a la taille dans les cailloux. Puatin, manquerait plus qu'il ait un truc de cassé. Autant se tirer une balle tout de suite.

                        Pourquoi Melody n'est pas la ?

                        Tu as un crotale juste à coté de toi. Et il est trop prés de toi pour je le tire. Hoche lentement la tête si tu m'entends.

                        Un crotale. La pire calamité à écaille qu'on puisse trouver dans le sable. Une détente de félin et un venin qui se répand si vite que parfois même couper le membre mordu ne suffit pas. Red hoche lentement du chapeau, très lentement. S’arrêtant instantanément en entendant le cliquettement caractéristique du serpent à sonnette juste a coté de sa nuque.

                        Va falloir que tu le tues. Tu peux bouger ton bras ?

                        Sur le flanc opposé au serpent Red fait bouger un à un ses doigts. Visiblement tout fonctionne. Génial...

                        Je vais lui lancer le fouet et il va se tourner pour l'attaquer. A ce moment la tu te te retournes et tu lui cloues la nuque. Ok ?
                        Ouais.
                        Alors c'est parti. MAINTENANT !

                        Le fouet claque pendant que la lame planqué dans la manche de Red jaillit droit dans sa paume. L'extrémité du fouet vient frapper la poussière a quelques centimètres de Red et du serpent. Le serpent frappe, Red aussi.

                        Melody ? Je crois que j'ai le poignet démis. Faut que tu me sortes de la. Ou est le cheval.
                        Des deux c'est toi le plus chanceux. On a plus de cheval.
                        Comment je me tire de ce piége ?
                        Je t'envoie le lasso, essaye de te le caler sous le bras. Je vais te tirer. On fait comme si c'était des sables mouvant.
                        j'ai dit que j'adorais ce pays ,
                        Ouais, comme nous tous. allez caid, accroche toi. Et oublie pas le serpent, c'est riche en vitamine et en flotte.
                          Cinquième jour, Rock Sanglants, soir.

                          Alors ?
                          Alors ça a pas l'air de bouger. Soit il est mort soit il nous attend...
                          Avance toi encore, je te couvre.

                          Dans les mains de Red le fusil pèse une tonne. Dans sa bouche, sa langue à la consistance et le gout de la brique sèche. Sous ses fringues déchirés et couvertes de poussière son corps est endolori et marqué comme s'il s'était fait piétiner par un troupeau de bovins, son visage rouge vif est couvert de croutes et de sang séché, ses lèvres plus craquelés qu'un sol argileux en période de sécheresse, et sans le coup de couteau que Melody lui a collé dans la paupière pour la dégonfler il n'aurait qu'un œil pour viser la mine en contrebas.

                          La mine, la source. La tente.

                          En bas dans la vallée terrée au cœur du rocher il y a quelques bâtiments en ruine qui encadre les quelques tunnels miniers que personne n'a pris le temps de boucher en quittant les lieux. Et juste devant il y a une tente. Celle de la cible. Cible dont il  n'y a pas grand chose à savoir si ce n'est que c'est un criminel, qu'il est assez méchant ou dangereux pour avoir écopé de soixante millions de berrys sous le mort ou vif qui souligne son nom et son visage, et que pour l'instant il n'a pas bougé de sa tente depuis quasiment une heure.

                          Pendant que de son perchoir, œil vissé à la lunette de son arme, Red inspecte chaque pouce du terrain à la recherche d'un piège, Melody elle, s'impatiente vachement. Une heure qu'elle progresse de couverts en couverts pour se rapprocher de la tente. Une heure de plus à cuire au soleil sans une goutte d'eau depuis le serpent du pierrier. Une heure sans que rien ne bouge ou ne laisse présager un piège.

                          J'en ai marre ! J'y vais.
                          Ok, Fais juste gaffe à pas me boucher la mire. Je te garde en joue.

                          Melody jette un dernier regard par dessus sa planque, assure ses deux flingues dans ses mains et jaillit soudain de son couvert, parcourant a toute vitesse la dizaine de mètres qui la sépare de la tente pour l'ouvrir d'un coup de pied et disparaitre à l'intérieur.

                          Mélody ?

                          Pas de réponses. Inquiet , Red se relève péniblement et se presse jusqu'au chemin de descente. Descendant mi chutant mi boitant la pente qui mène en bas pour clopiner vers la tente fusil brandi devant lui. Et ouvrir à son tour la porte d'un coup sec pour découvrir une Mélody maintenant effondré sur le dos dans l'ombre de la tente, juste à coté d'un corps ensanglanté.

                          Mélody ? T'es morte ?
                          Non...
                          Alors quoi ?
                          Alors les Mac Guire étaient meilleurs que ce que je pensais. Il est mort Red, à nous les millions !
                          Mort ?
                          Mort, archimort et déjà sec. Apparemment il s'est pris une balle dans le bide l'autre nuit. Et ensuite il s'est trainé jusqu'ici pour y crever. Je sais même pas comment il a pu tenir jusque la. ça devais être un putain de gros dur.
                          Ouais, un putain de gros dur. Pour le bien que ça lui a fait...
                          Bonne épitaphe ça.
                          Ouais, c'est presque dommage qu'on l'enterre pas.
                          Allez. Il doit avoir ses chevaux planqués quelque part dans la mine, surement a coté de la source. Allons chercher ça, je commence à avoir un peu soif.
                          C'est parti. Vivement qu'on se tire de ce trou.


                          Dernière édition par Red le Sam 12 Juil 2014 - 0:45, édité 1 fois
                            Dixième jour, dans un palace de Freetown.

                            Melody ?

                            Réveil tardif dans un lit double modèle kitch et grand luxe. Pas vraiment le genre de Red mais c'est Melody qui a choisie. Et qui a payé rubis sur l'ongle avec sa part des soixante millions. Trois jours dans le plus outrageusement luxueux des lupanars de Freetown, presque en amoureux. Le pied total non ? Et bien le strict minimum pour se remettre sur pied après la traversée du désert en sens inverse, par un chemin plus long et plus tranquille, mais relativement éreintante quand même.

                            Melody ?

                            Personne. Red sort du lit, enfile des tongues et se traine mollement dans la suite en se réveillant par a coups.

                            Personne dans la baignoire plaquée or taille piscine. Personne sur les chaises longues du balcon...
                            Tiens, c'est bizarre. Elle a rangée ses affaires aussi. Ah non, son chapeau est encore la, toujours sur le sofa ou elle l'a lancée la veille.

                            Ding !

                            Ah, le groom.

                            Red ouvre la porte sur un gros plateau de fruits de mer sur table a roulettes argent. A coté des plats un grand saladier de mojito et sa petite ile avec parasol en papier. Le pied...

                            Un message pour vous monsieur.

                            Un message ? Une enveloppe. Une enveloppe et une image de vision den den avec un mot.



                            Salut le citadin. Inutile de me chercher, je suis partie.
                            Tu t'es souvenu de beaucoup de choses mais t'en a oublié une.
                            Je prends et je donne, mais je partage jamais.
                            Et d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé emmerder les gens.
                            Je t'ai quand même payé l’hôtel, merci pour la prime.
                            Bisous Rossignol, à la prochaine
                            Merry.


                            Dernière édition par Red le Sam 12 Juil 2014 - 15:57, édité 2 fois
                              Marijoa, taverne de la dernière erreur, 22h50

                              Salut Red. Tu bois un coup ?
                              Ouaip.
                              ]J’paye la première.
                              Ouais c’est cool.
                              Un révo, comme d'hab ?
                              Un double.
                              Un double ? Avant 23h ?
                              Ouais. Double.
                              Houla. Toi tu files un mauvais coton...
                              Pff.


                              23h50

                              Deux révos de plus qui tournent.
                              Un double.
                              A tous les coups y'a une histoire de cul la dessus, parce que...
                              Parce qu'il y a toujours une histoire de cul la dessus...Gnagnagna...
                              Héhé. Comment elle s'appelle ?
                              Melody.
                              Jolie nom. jolie fille ?
                              Tiens.
                              Ah oui, très jolie...
                              Ouais.
                              Mais t’inquiètes pas, tu vas la revoir.
                              Tu penses ?
                              D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé emmerder les gens... Ouais Red, je suis sur que tu vas avoir de ses nouvelles. Peut être pas tout de suite, mais t'en auras. C'est sur.
                              Cool.
                              héhé, ça c'est moins sur par contre.
                              Bon, deux révos ?
                              Ouaip.


                              00h30

                              Au fait, joli ton nouveau chapeau. Pile poil de la bonne couleur.
                              Ouais. C'est un cadeau... Je crois que je vais le garder.