Ses bottes lourdes s’enfoncent dans la terre humide de ce milieu de nuit s’accompagnant des craquements que font les branches en bois lorsqu’elle les écrase violemment. Chaque enjambée est conquérante, elle gagne et vainque l’ennemi, écrase les propriétés et les terres sans se soucier du reste. Mais loin d’être la seule vie dans cette jungle luxuriante, la rousse a la tête qui va et qui vient entre les cris des animaux de la nuit et l’odeur agressive des plantes qui sont reines des lieux. Alors, lorsqu’elle piétine l’orée du camp, passant à côté de l’une des tentes fraichement montées, elle fait craquer sa nuque et s’étire pour se grandir et lâcher d’une voix forte et enjouée :
J’ai besoin d’un bain !
Drôle d’entrée en matière, Lilou ne se soucie pas vraiment de l’effet qu’elle fait. Même si elle croise le regard horrifié de la jeune Yanagiba à qui elle a déjà eu à faire par le passé, qu’elle salue distraitement en essayant de retirer les feuilles de ses cheveux et d’être un peu plus présentable devant elle. Mais peine perdue, la rouquine a à peine le temps de faire son effet en haussant les épaules, se tournant vers le reste de la petite assemblée éreintée en ajoutant d’une voix forte :
Et d’une éponge en maille pour m’enlever toute cette crasse !
La blague ne fait absolument pas rire Rei qui manque de défaillir d’horreur. Lilou, quant à elle, s’effondre devant le feu en plein milieu du camp en étendant ses jambes devant elle, se passant une main sur le visage en essayant d’en enlever la boue. Les jambes coupées par endroit à cause des ronces qu’elle a traversé avant de venir, les avants bras fendus par les lianes et les branches qu’elle a rencontré, la rouquine est sur les genoux. Revenant de la crique ou elle a déposé Horace après avoir laissé Serena et ses nouveaux copains aller dans la bonne direction, elle ne pensait pas avoir à tourner en rond pendant près de cinq heures dans cette foutue jungle, de manquer de se faire bouffer par une bête sauvage, de tomber sur un camp de pirates au milieu de la jungle cherchant un trésor et ayant envie d’en découdre avec tous les explorateurs du coin, de se faire arracher une jambe par un alligator géant en traversant des marais, de se faire asphyxier par des sables mouvants…
Jaya aurait sa peau avant Flist, se dit-elle avec un sourire amusé avant de pousser un long soupir de fatigue. Rei s’esquive pour éviter de pleurer, et Wallace sort juste à ce moment de la tente ou va la jeune fille. Lilou fronce les sourcils et salue le grand monstre qui lui rend la pareille, n’hésitant pas à venir lui tendre la grande paluche qui lui sert de main pour venir l’accueillir comme il se doit :
Enfin revenue ! On ne vous attendait plus !
Serena va bien ?
J’en ai terminé avec elle depuis près d’une heure, elle se repose désormais. Ses amis aussi vont mieux !
Bien.
Vous avez eu le temps de rencontrer les derniers arrivants ?
Absolument pas, Wallace…
Mademoiselle Yanagiba est venue nous prêter main forte avec son équipage ! Blahblahblah ! Blahblah ! Bleh ! Blahblahblah ! Il y a SAM et homme poisson avec eux, Craig Kamina ! Blahblahblah ! Blahblah ! Bleh ! Blahblahblah ! C’est fascinant vous ne trouvez pas ? Un Homme-Poisson ! Blahblahblah ! Blahblah ! Bleh ! Blahblahblah ! Il est médecin lui-aussi, et nous entendons bien partager quelques anecdotes si vous voyez ce que je veux dire…
C’est fascinant…
Et une charmante commandante d’élite qui vient de blahblahblah blahblahbleh blahblah-
Wallace ? L’interrompt-elle brusquement. Il est quatre heures du matin et ça fait deux jours que je n’ai pas fermé l’œil, j’ai la tête comme une pastèque et juste envie de me laver. On en parle demain, d’accord ?
Bien loin d’être vexé par la franchise de la rouquine qui lui affiche un sourire sincère, Wallace glisse dans la main de la jeune fille une pilule blanche, lui indique où se trouve les affaires qu’elle recherche pour se satisfaire et s’esquive un temps. Lilou, quant à elle, fait craquer son dos avant de se remettre sur ses jambes, prenant le pas vers la tente désignée par Wallace. Lorsqu’elle y pénètre, c’est pour tomber nez à nez avec une silhouette maigre dans une tenue sombre, et un visage peint à la manière d’un squelette. Et loin d’être tout à fait à l'aise dans ses chaussettes, la tête dans le brouillard et épuisée par ces dernières aventures, la rouquine se retrouve prise au dépourvu par ces grandes mirettes vertes qui la sondent profondément et la terrifie encore plus ! Et la seule chose qu'elle trouve à faire, c'est prendre le temps de la réaction, sursauter et crier :
AAAAAAAAAAAH ! UN ZOMBIE !
Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 1 Aoû 2014 - 12:12, édité 2 fois