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Animal Instinct


Vers 1625, East blue

Cela faisait désormais quelques temps que j'avais pris mon affectation comme chef d'équipe du Cinquième Bureau, QG de East Blue à Logue Town. Les débuts avaient été un peu difficiles, puisque j'étais par définition, plutôt une solitaire, sans aucune réelle expérience de la conduite d'équipe. Mais j'avais démontré des capacités certaines à penser « hors de la boîte » comme ils disaient, et prouvé mon désir de m'améliorer. Ma promotion m'avait surprise, et pas que moi, mais elle semblait méritée. Et qu'est-ce qu'une dizaine d'agents à encadrer pouvait avoir de pire qu'un entraînement avec les gars du BAN ? J'avais survécu à ça, à l'attaque des bases principales de la Marine à North et South Blue. Donc, le management, ça ne pouvait pas être SI terrible.

Facile à dire. Le premier gars que j'avais eu à « guider », je l'avais envoyé à l'infirmerie, à deux doigts du cimetière. Bon, il l'avait cherché, mais ce n'était pas une raison. Mes chefs me l'avaient bien fait comprendre. Ce fut pourquoi je ne bronchai pas à l'écoute de la mission qui m'était confiée en ce joyeux matin :
- « L'îlot aux perroquets. Dénomination non officielle par les locaux. Les cartes répertorient l'endroit comme île 465-E74. Vous allez prendre une petite équipe de gens « terrain » et mener une investigation en règle de cet endroit. Des petits malfrats auraient pris possession des ruines pour y dissimuler des activités peu légales. »
- « Je veux bien, chef, mais pourquoi envoyer des CP pour ça ? Une patrouille de Marine ne suffirait-elle pas ? »
- « La Marine a mieux que ça à faire, surtout quand les agents CP ont besoin d'entraînement. Vous encore plus. En tant que chef d'équipe, vous êtes garante de l'intégrité du personnel et des moyens. Vous avez intérêt à faire un sans-faute ici, et pas une égratignure, sur la moindre caisse ! »
- « M'ouais chef. » Je baissais le nez, piteuse. C'était moche, comme punition.
- « Et comme ici au CP, on ne reste jamais sur un échec, alors vous allez reprendre ce jeune Marine, et il a intérêt à être en bonne santé quand il revient. En bonne santé et un peu moins con. »
- « Ce n'est pas ma faute s'il est un bourrin de Marine, voy--- »
- « Je ne veux pas être ennuyeux par des détails techniques. Vous êtes chef d'équipe, vous vous débrouillez. »

Et on s'étonnait encore que la Révolution ne fut toujours pas éliminée. Mais avec de tels raisonnements, comment vouliez-vous que quelque chose de productif ressortît de cette organisation ? M'enfin, je n'allais pas me plaindre non plus.
Réunir mon équipe, y compris Clotho, faire faire les recherches nécessaires, surveiller la préparation du matériel, affréter une petite vedette pour nous conduire à proximité de l'îlot aux perroquets – ainsi nommé parce qu'il y avait beaucoup de perroquets sur l'île... ben quoi, on n'allait pas l'appeler l'îlot aux girafes ! - et nous voilà en route.
Nous étions partis avec l'aube. L'horizon était dégagé, il faisait beau, il allait faire chaud. L'idée d'avoir à faire un trek dans un environnement de style jungle sauvage me déplaisait, mais bien entendu, ces satanées ruines n'étaient pas au bord de l'eau, non. Il avait fallut que ces abrutis de premiers peuples se décidassent pour le quasi-milieu de l'île, avec des grands arbres et leur foutues racines, des insectes qui crissaient, vibraient, stridulaient à-qui-mieux-mieux, des odeurs de feuilles en décomposition près des flasques d'eau croupie, le tout dans la pénombre fournie par les feuillages épais desdits arbres qui empêchaient le soleil de passer pour la majeure partie. De temps à autre, il y avait une trouée dans la canopée, un fait inexplicable – pourquoi les branches ne poussaient-elles, ou repoussaient-elle pas là ? - et un rayon de soleil s'engouffrait, comme un petit miracle au détour d'un énième rocher moussu. J'aurais pu trouver ça beau si je n'étais pas aussi insensible. Moi, la nature, je l'aimais en tube, de crème pour la peau ou en gel douche. CP peut-être, révo sûrement, aventurière, aucunement.

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Au bout d'un moment, alors que le soleil avait déjà bien décliné, sous le couvert de la végétation, nous regardions les pirates qui s'activaient dans ce qui restait d'une sorte de château. Déjà dans la forêt, nous avions croisé les ruines d'habitations modestes. Les historiens n'avaient pas conclu de façon définitive sur la raison de la disparition des habitants, il y a déjà plus de cinq cents ans. Sûrement une maladie quelconque.
Le bâtiment avait été construit le long d'une falaise, rendant ainsi la nécessité de garder ce côté complètement caduque. Bon, pour des agents maîtrisant le geppo, ce n'était pas ça qui allait arrêter quoi que ce soit.
- « Bon, nous allons attaquer des deux côtés. Les CP, sous le commandement de Dorst, prendront les bandits à revers. Les Marines, avec moi, et nous fonçons droit devant. L'idée, ce n'est pas de les tuer, mais de les arrêter. Et ne détruisez rien ! On ne sait pas ce qu'ils ont pu ranger dans ces ruines ! Les CP, je vous donne une heure pour vous mettre en position. Silence radio sauf en cas de nécessité. »
Les den-dens de service terrain étaient connus pour être difficilement traçables, mais prudence était mère de sûreté... La mission n'était pas difficile, mais bon. Si le Gouvernement était connu pour la justesse de ses renseignements, ça se saurait. - « Lieutenant Clotho, vous restez près de moi, je veux vous avoir à l’œil. »
Parce qu'il ne faisait que s'écorcher le genou en glissant tout seul sur un caillou, on était capable de me décapiter...

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Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:10, édité 1 fois
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Être convoqué dans le bureau d'un lieutenant colonel, ce n'est jamais très bon. Surtout s'il s'agit de celui qui nous a bien sermonné parce qu'on s'est mutilé le bras volontairement, mis à dos une agente expérimenté du Cipher Pol, qu'on a subit les techniques du rokushiki, et qu'on a presque finis mort. Du coup, c'est un peu à reculons que j'entre dans le bureau. Je doute qu'il veuille prendre de mes nouvelles. Non, ça doit être pour une mission ... Je frappe à la porte, puis j'entre après qu'il m'ait répondu.

"Sergent Tas'Natak.
C'est lieutenant, lieutenant colonel.
Quand on agit comme un stupide sergent, on est sergent, sergent."

Mmm ... Ouaip, je crois qu'il ne m'aime pas celui-là. Il me tend un ordre de mission. Pas un mot, pas une explication. Je lis rapidement le dossier. L'îlot aux perroquets ... Jamais entendu parler. Mais le terme îlot désigne clairement un endroit où se faire chier royalement. Mes yeux s'attachent maintenant à lire le nom du responsable de la mission. Raven Cooper ... Jamais entendu. Mais la photo qui accompagne le nom éclaire mes idées.

"Mais ... monsieur, c'est elle qui va diriger la mission ?! Elle m'a presque tué la dernière fois.
Presque, oui. Et vous êtes encore là que je sache ... Vous irez sur l'îlot. Vous aurez cette Raven Cooper comme supérieure directe. Vous obéirez. Et la mission se passera sans aucun accroc. Une simple mission basique qui servira de tremplin entre le CP et la marine. Je compte sur vous pour une totale collaboration, et surtout, pour ne pas entacher l'honneur de la marine. Car dans le cas où quelque chose se passe mal, je suis sûr que vous apprécierez d'être muté à a sécurité de votre île natale, Troop Erdu."

J'hésite quant à sa voix. C'est de la joie ou de la tristesse ? Il est content que je sois en vie ou il est triste que je n'ai pas encore passé l'arme à gauche ? Mais la menace à la fin de ma phrase me fait froid dans le dos. J'ai quitté mon île pour plusieurs raisons. Le fait qu'il n'y a rien à faire, que personne ne m'aime font parti de ces raisons. S'emmerder sur une île à la con jusqu'à la fin de ma vie, non merci. Moi, j'suis marin. J'suis lieutenant. J'vais faire la mission. J'vais obéir. On va passer outre le passé. Et on réussira la mission. Le lieutenant colonel m'explique qu'on part à l'aube. Je sors du bureau après avoir reposé le dossier. J'ai vraiment l'impression 'être babysitté et j'aime pas ça. J'suis lieutenant bordel de merde. Bon, ok, j'ai mes preuves à faire avant qu'on me fasse pleinement confiance.

Quelques heures de sommeil plus tard, on arrive sur l'île. Mouais, ça ressemble à chez moi. C'est mort, pas accueillant, vide, avec une dense végétation. Une sorte de jungle ... Eurk, j'aime pas. Mais je ne dis rien, je garde tout pour moi. On marche dans la flotte, dans la boue, dans de la .. ... j'sais-pas-trop-quoi-et-j'veux-pas-savoir. On réduit l'allure sur l'ordre de madame aux cheveux rose. Des pirates sont visiblement en train de faire des choses. J'vois pas trop d'ici. Ils sont dans un château. J'fais un zoom avec mes yeux de sniper pour mieux voir. Shaïness donne les ordres. Foncer droit devant. Pas sûr que ce soit le plus intelligent à faire, mais bon. Elle dirige. Alors je ferme ma gueule. J'suis un bon petit soldat. Elle m'ordonne de rester près d'elle. Génial ... Non seulement j'suis babysitté mais en plus, j'suis babysitté comme un gamin en bas âge venant de faire une connerie. Youpi ! J'voulais qu'elle m'apprenne le rokushiki moi, pas faire une stupide mission avec elle. Une bande de bandit lambda, chouette. Une simple patrouille aurait suffit. Le tissus bleu et blanc de l'uniforme, ça n'aide pas vraiment à rester discret. Ca sera aussi facile pour eux de nous dégommer que pour un aveugle de tirer sur quelqu'un à bout portant. Je ramasse de la terre humide et me la colle sur les vêtements. Les autres font pareil. On s'étale le long de la barrière que procure la forêt. On ne bouge pas pour l'instant, on observe. Si on agit maintenant, il nous manque des données. Est-ce que tous les types sont là ? Est-ce que d'autres se cachent et font les guets ? Surement. Je prends mon fusil et regarde avec mes yeux. Les gars font de même. Malheureusement pour eux, ils n'ont pas mes yeux, habitués aux longues distances. Je compte mentalement les ennemis. J'en compte une petite vingtaine. On est largement plus. On a l'élément de surprise comme avantage. On observe nos cibles tandis que le soleil bouge à l'horizon.


"Si vous voulez rester près de moi, va falloir vous bouger. La patience, c'est pas vraiment une de mes qualités. On va les distraire, ça sera plus facile pour vos copains de les avoir par derrière."

Sans vraiment attendre de réponse de sa part, je me mets en marche rapidement. Je fais signe à la division de me suivre, en mode furtif. On marche rapidement, mais en faisant attention où on met les pieds, histoire d'éviter les branches qui craquent et révèlent notre position. J'suis pas du genre à attendre gentillement qu'on me donne des ordres. J'aime être actif, prendre des initiatives. Parfois ça tombe bien. Mais la plupart du temps, non, j'ai pas assez d'expérience. Alors je me dois d'apprendre à diriger les hommes sous mon commandement. Et cette mission est la raison rêvée. Elle tombe du ciel. Je fais signe aux autres en donnant mes ordres. On avance doucement, par groupe de trois, toujours à couvert par la végétation. Je retiens un cri quand je sens un serpent glisser sur mon épaule, puis le long de mon corps pour atteindre le sol. J'ai plaqué la main sur ma bouche et me suis mordu les doigts. Une fois ce petit incident passé, on se remet à avancer, groupe après groupe. On est à la lisière. Je dis aux gars de rester ici, je vais en reconnaissance. Moi, fou ? Sans aucun doute. Suicidaire, je ne crois pas, non. Je range mon fusil dans mon dos, il va me gêner sinon. J'avance rapidement, comme une ombre parmi la distance qui me sépare du palais. Je me colle aux ruines. Ouf, personne ne m'a vu. J'entends des bruits de pas, des voix. Les deux se rapprochent. Combien d'hommes ? Aucune idée. Je ne vois plus mes hommes. Ils doivent attendre mon signal pour agir. Quel est mon signal ? Vous le découvrirez bien assez tôt. J'estime que les hommes qui arrivent sont à moins d'un mètre de moi. Je reste caché dans mon coin. Ils tournent devant moi. Aussitôt, je leur saute dessus, littéralement. Les deux poings serrés, je les abats sur leur nez, et accompagne leurs tête au sol. Personne d'autre. Deux de mis hors d'état de nuire. Aux suivant. Je me mt légèrement hors de ruines, et fais signes aux marins d'avancer groupe après groupe pour venir dans les ruines.

J'en laisse trois groupes de trois en dehors, pour surveiller la zone. Les premiers arrivés menottent les individus. On recommence. On avance prudemment. Je m'arrête avant le tournant. Pan ! Une balle se dirige vers moi et me manque de peu. Merde, on est repéré ! Okay, on arrête la finesse et on fonce dans le tas. Au moins, on distrait les types jusqu'à ce que les agents arrivent. On ouvre le feu. Enfin, les gars ouvrent le feu. Moi, je m'agrippent aux murs, saute de mur en mur, et finit par marcher dessus. Mes ordres sont clairs, on tir pour abîmer, par pour tuer. Donc les gars essayent de viser les jambes, les bras, les épaules ... Tout sauf la tête, le torse et les parties intimes. J'espère que les CP ne vont pas tarder. J'attrape le type qui me menaçait et le balance sur le sol, prenant sa place dans une des parties les plus hautes de l'ancien château. Je me met en position, et ouvre le feu à mon tour. Les ennemis sont au centre. Mes gars devant eux. Les CPs derrière. Moi, à la droite des criminels. On hurle de se rendre, qu'on est la marine, que ça ne sert à rien de se battre. Mais comme d'habitude, personne n'écoute. On alors on se tire dessus. Certains essaient de quitter les lieux. Mes hommes postés dehors les empêche pourtant de passer. La solution pour les criminels de quitter les lieux ? Prisonniers. Ou alors, sauter de la falaise. mais est-ce qu'un secret vaut vraiment ce prix là ? Ce que Shaïness fait, aucune idée. J'la vois pas. Elle est ptet parti. Ou alors, elle me laisse essayer de gérer tranquillement les choses.
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Je ne savais si je devais blâmer leur marinitude ou leur virilitude. L'un dans l'autre, c'était juste dégueu. Se tartouiller de la boue comme ça, sans même penser à ce que le service blanchisserie allait devoir endurer après, c'était barbare. Je regardais Tas'Natak et ses hommes se la jouer camouflage dans le plus grand silence, cherchant à garder une expression neutre. N'avais-je pas dit « nous fonçons droit devant » ? En quoi ces ordres manquaient de clarté ? Je ne savais pas, mais j'avais appris auprès de la très grande sagesse de mes aïeules qu'on ne critiquait pas un homme que se la jouait soldat. Ils voulaient faire comme des commandos d'infiltration alors que nous allions mener un assaut direct, frontal ? Après tout, si ça leur faisait plaisir... Personnellement, je n'avais pas l'intention de me prêter à ce rituel très peu hygiénique. Ma tenue de terrain grise et noire resterait ainsi, et mes cheveux roses continueraient à être noués en un chignon serré à la nuque.
Clotho Tas'Natak prit les choses en main. L'espace d'un instant, je fus tentée de lui rappeler sèchement que c'était moi, la chef, ici, mais me rappelant mon rôle de formatrice, je le laissais faire, me contentant de regarder, ignorée de tous. Aussi, quand ils se mirent à ramper et à se tortiller pour faire une approche discrète, je les suivis à pied, bien droite, faisant attention à ne pas me fouler une cheville dans une racine. Pas un seul ne me jeta un regard, donc pas un seul ne me reprit. Je soupirai en sortant un petit calepin pour prendre des notes, m'attachant à juger le plus impartialement Clotho : c'est-à-dire, un chef de troupe qui ne se souciait pas des ordres et de sa supérieure. Ses troupes, il semblait savoir comment communiquer avec elles, mais pas une fois il les consulta. Vous allez me dire, moi non plus, quand j'avais établi cette stratégie divisant nos troupes en deux. Mais c'était une manœuvre classique, enseignée par l'EGLISE et approuvée par le BAN. En moi-même, je m'étonnais qu'elle fonctionnât encore, après tout ce temps. Mais apparemment, le fait de se faire prendre d'assaut avait tendance à faire oublier aux gens leur bon sens. Je ne pouvais qu'approuver sans plus légitimité, vu que je n'avais jamais eu à subir d'attaque.

Une balle fusa. Quelqu'un dans les ruines m'avait vue. Comme je ne cherchais absolument pas à me cacher, ce n'était pas non plus un fait d'armes exceptionnel. Le chaos se déchaîna, avec les Marines qui menaient l'assaut... Enfin, pourrais-je dire, mais n'avais-je pas donner à tout le monde le délai d'une heure avant l'attaque ? Certes, l'avancée en mode furtif avait ralenti le groupe de la Mouette, et mes hommes étaient tous plutôt expérimentés (ça allait de soi, on ne nommait pas une newbie à la tête de newbies. Même le Gouvernement avait compris que c'était de la folie furieuse), mais je doutai fortement qu'ils fussent déjà en place. Je fis contre mauvaise fortune, bon cœur, en me disant que là, ils devaient se douter que la bataille avait commencé et devaient mettre le turbo pour nous rejoindre. Pendant que l'effarouchée continuait, je suivis Clotho, usant du Tekkai et du Soru pour éviter les coups, mettant moi-même un ou deux pirates à terre, mais sans plus d'efforts. En fait, je regardais déjà les ruines en vue d'indices, et je ne pouvais qu'être déçue par ce voyage. Pourquoi nous avoir envoyés en si grand nombre pour cette poignée de mécréants ? Il me vint à l'esprit qu'il me manquait une donnée, mais l'instant s'envola, alors que Clotho prenait une position supérieure, à la sniper en lieu et place d'un autre bandit. Une initiative osée, puisqu'il se coupait du reste de sa troupe, et ne pouvait donc plus leur donner d'ordre ou de recevoir des nouvelles du terrain. Puis mes hommes arrivèrent et le combat reprit avec une nouvelle ardeur, celle du désespoir pour les hors-la-loi, celle du plaisir d'en mettre plein la vue à la concurrence pour les Marines et les CP.

Je posai ma main sur l'épaule de Clotho, le faisait sursauter, manquant de lui faire transpercer d'une balle un de nos gars.
- « Et là, si j'étais un pirate, je vous tranchais la gorge sans que personne, même pas vous, ne s'en aperçut. » fis-je d'un ton docte. « Non seulement vous êtes mort, mais en plus, vos hommes ignorent probablement où vous êtes passé, et pourraient se trouver désorganisés. Prenez toujours quelqu'un avec vous, pour assurer vos arrières et agir comme messager ou aide de camp, lorsque vous dirigez un groupe. En l’occurrence, ici, vous étiez mon aide de camp, et vous étiez sensé me coller au cul, et non pas l'inverse. Vous avez de la chance que je sois de bonne humeur. » Et d'une poussée aidée par des techniques rokushiki, sans être une technique par elle-même, je l'envoyais voler par dessus le petit parapet. J'avais vérifié, il y avait une succession de sortes de petites terrasses en-dessous, ce qui expliquait pourquoi l'endroit était plus ou moins facile d'accès. Je n'avais pas envie de lui faire dégringoler la montagne ! Cet abruti serait capable de se faire tuer juste pour m'embêter.

Pendant qu'il se relevait ou pas, assimilait ou pas la leçon, je m'avançais vers le groupe mélangé de CP et Marines qui entouraient les maraudeurs, tous maîtrisés et en plus ou moins bon état.
- « Félicitations ! Un très beau travail, agents comme soldats. » C'était dans le bouquin de management des groupes : complimenter, même s'ils n'avaient jamais fait que leur travail. J'avoue que ça ne m'arrachait pas les lèvres, et que, pour avoir vécu une situation semblable alors que j'étais de grade I, je connaissais à quel point un « merci » ou « bien joué » pouvait être apprécié. « Des pertes ? »
- « 3 Marines blessés, superficiellement et Kezrt s'est déboîté le genou en grimpant, Ma'am » Un agent me fit son rapport d'une voix laconique, avec une pointe de dégoût envers son collègue.
- « Je vois... Je suppose que les premiers soins ont été donnés ? Oui, bien. Dans ce cas.... deux hommes pour escorter les blessés vers la plage. Apparemment, « on » a surestimé la dangerosité de la mission, et nous devrions bientôt en avoir fini ici. Autant qu'ils prennent de l'avance, nous les rattraperons bientôt. Les autres... Une partie ici pour surveiller les prisonniers et les autres, faites-moi une fouille des lieux, récupérez tout ce qu'il y a récupéré. Un CP et un Marine minimum par équipe, pour que chacun puisse faire ce qu'il a à faire, et sans dispute. Nous sommes tous là pour la même chose. » Il allait sans dire que je me chargeai de questionner les bandits. Au dernier moment, je m'interrompis : « Lieutenant Tas'Natak, voulez-vous m'assister dans l'interrogatoire ou préférez-vous prendre le commandement de l'équipe terrain ?  » Je n'étais pas à ce point hypocrite, que de lui reprocher un manque de collaboration avec ses équipiers, et faire exactement pareil sans remords.

Quelque sera sa réponse, j'avais déjà sélectionné une « pièce », ou ce qu'il en restait, pour isoler un par un les pirates, afin de leur tirer les vers du nez sans qu'ils eussent le temps de se concerter. Alors que j'étais en train d'asticoter le premier, je remarquai l'un des autres qui avait un sourire mauvais en regardant vers la jungle. Et là, l'inspiration que j'avais eu plutôt se transforma en déclic :
- « Mince ! Les rapports préliminaires ne s'étaient pas plantés ! Une partie de la bande est dans la jungle !! » Je m'exclamai avant de repenser aux blessés que j'avais renvoyés avec deux hommes pour les accompagner. Avaient-ils été pris en embuscade ? Les avais-je envoyés à leur mort sans le savoir. Et là, que faire ? Rester ici et endurer un assaut ou prendre nos clics et nos clacs et foncer vers la plage ? Non, sacrement non ! Je n'allais pas laisser une ribambelle de malfrats de seconde zone me forcer la main et bâcler mon enquête. Nous allions tous les capturer et fouiller cette endroit en bonne et due forme.
- « Préparez-vous à subir une attaque. Prenez des positions défensives... et les prisonniers actuels ? assommez-les tous, qu'ils ne nous gênent pas. »

Hum, n'avais-je pas dit un peu plus tôt que je n'avais pas encore vécu de siège ? Je crois que je vais devoir apprendre à fermer ma grande bouche moi ! Parlant du loup, on en voit la queue et tutti quanti, je veux bien, mais l'ironie du sort était bien trop flagrante, là. Dans le genre karma pourri... C'était forcément la faute de Clotho, ça !


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:11, édité 1 fois
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Ou alors, elle est juste au dessus de moi. Je pousse un cri quand elle me touche. Heureusement pour le marine en bas, j'ai enlevé mon doigt de la gâchette. Sinon, il se serait retrouvé avec un troisième œil mal placé ... Elle me sermonne. Et elle a raison. Vrai, j'ai été trop hâtif. Vrai également, j'ai négligé mon job et mes qualification. Toujours aussi vrai, je n'ai pas pensé à surveiller ms arrières. Alors que c'est pourtant la base de ce qu'on nous apprend. Sans que je ne comprenne ce qui se passe, je me retrouve en train de voler dans les airs. La garce ! Elle a encore utilisé une technique ultra secrète. J'atterris plus bas, sur une sorte de terrasse à la con. Pendant que je me relève, sans blessure apparente, elle fais un débriefing. Je reviens juste à temps lorsqu'elle s'adresse à moi. Elle me propose de commander ou d'assister. Entre les deux, généralement, le choix est vite fait. Pourtant, là, je reste indécis. J'ai envie de commander des hommes, de partir à la chasse aux rebelles, aux criminels. Mais mon instinct me pousse à rester ici, à apprendre.

Je souhaiterais rester à vos côtés, mademoiselle Raven Cooper. J'aimerais apprendre.

D'habitude, j'aurais tranché ma langue pour avoir prononcé ces mots. Mais la dernière fois que j'ai interrogé un type, sur Las Camp, je lui ai râpé les doigts, lui ai enfoncé des objets dans le corps ... Je dois améliorer mes méthodes d'interrogatoire. Alors c'est avec plaisir que je resterai ici et découvrirai celles du CP5. Shaïness commence avec un gus. Je prends bien note de tout ce qu'elle fait, dit, sa façon d'agir, de se tenir. Moi aussi je veux savoir interroger les gens "civiquement". Malheureusement, elle s'interrompt en regardant le type qui ne cesse de pointer ses mirettes vers la forêt. Et là, le déclic. Nos arrières sont découverts. En même temps que la jeune femme lance les ordres, je ma plaque contre le mur. Les hommes, ne comprenant pas de trop restent là, comme des cons. Ok, c'est ta responsabilité mon pt'i.

Couvrez les entrées et sorties par groupe de trois. Mettez-vous le long des murs, longez les comme votre ombre le fait si bien. On sort les fusils, mais on garde les sabres à portée. Laissez un trou côté sud. J'veux qu'ils viennent nous envahir par là, c'est clair ? Tout le monde me regarde avec les gros yeux. Suis-je fou ? Voyant que je dois m'expliquer, je le fais rapidement. On ne sait pas combien ils sont, ni s'ils ont des renforts. Nous, on est bloqué ici. S'ils ont des renforts, ils peuvent tranquillement prendre le temps de nous assiéger, et qu'on crève par manque de nourriture, déshydratation ... Hors de question. Alors que s'ils voient une ouverture dans notre défense, ils vont se précipiter pour nous abattre. Donc, on aura plus qu'à les cueillir.
Mais lieutenant, vous nous avez de laisser un trou, alors il n'y aura personne pour les arrêter, et on va se faire envahir des deux côtés.
C'est clair qu'il va falloir tenir deux fronts en même temps. Mais croyez moi, ça ira bien plus vite comme ça que si on subit un siège. Vous restez tous et tirer à vue. Dégommer les jambes. Ils ne pourront plus partir, et on pourra les interroger plus tard. Dix hommes avec moi.

Dix hommes se mettent derrière moi. Je regarde Shaïness avec un air disant "on prend les arrières, mais un coup de main, c'est pas de refus". Il reste quand même ici près d'une quarantaine de marine, plus des agents du gouvernement. On se précipite derrière l'intérieur des ruines. Pendant ce temps, les hommes assomment les ennemis. On aurait bien mis une chanson de Céline Dion, mais aucun de nous n'a la capacité de la supporter. On se colle au mur. Contrairement aux autres, ce sont les sabres que l'on sort, et les fusils que l'on range. On va se battre au corps à corps. J'explique rapidement aux soldats qu'on doit laisser un maximum d'ennemis rentrer par le trou. Parce que oui, à l'endroit précis où nous sommes, le mur a été abattu, ce qui laisse une ouverture assez grande pour permettre à deux hommes de passer en même temps. On entends rapidement des tirs de l'autre côté. J'envoie les gars un peu plus loin derrière. Je décide de monter sur les pierres afin de prendre une position plus élevée. Je me couche dessus pour que personne ne me voit, tandis que moi, je vois bien le trou. Quelques mètres plus loin, on a les gars, prêt à en découdre. Juste avant que les ennemis n'arrivent de notre côté, un petit speech, ça ne fait jamais de mal. Mais pas le temps, on entend des branches craquer sur le sol. Inutile de lever le poing à hauteur de mon visage et de le fermer, les gars savent que c'est un ordre de se taire, pas de bruit. Je serre mon sabre et mon poignard dans mes mains. Je suis prêt. Mon premier siège. Une seconde branche craque, pas trop loin. Les gars regardent à droite, à gauche, devant et derrière. Ils se sont mis dans les angles, de façon à ne voir le trou qu'en faisant un pas sur le côté. De cette façon, les ennemis vont avancer sans les voir, et se faire cueillir juste après. Moi, je suis au dessus. Dès que je vois que mes hommes sont en mauvaise position, que tous les ennemis sont rentrés ou qu'il y a besoin d'aide, je descend, et on prend ainsi les ennemis en tenaille. Deux hommes sautent le petit tas de pierres et entrent dans le mur. Fusils braqués, ils regardent à droite, à gauche. Rien. Ils font signe aux autres de rentrer. Ils tiennent leurs position tandis que les malfrats rentrent deux par deux. Rapidement, ils sont une vingtaine. Ok, erreur de calcul Clotho. Pas grave, on peut se les faire facilement. Ils sont tous accroupis, ou presque. Puis ils se mettent à avancer sans faire de bruit. Arrivé au croisement de l'angle, mes gars leur tirent dessus. Aussitôt, les "méchants" se replient.

"Stop, arrêtez ! On est des marines aussi. On est en mission d'infiltration."

Les balles arrêtent de fuser, le silence s'installe. Alors ça ... Je ne m'attendais pas à ça, j'avoue. Mais on m'a déjà fait le coup sur Las Camp, alors je ne me laisserai pas avoir une seconde fois. Les chances pour qu'un groupe de marine sans décoration soit envoyé en mission d'infiltration sont quasiment nulles.

"Qui a donné l'ordre ?
Le contre amiral Ackbar.
Feu nourrit les gars !"

Sans qu'ils ne comprennent ce qui arrivent, les criminels voient les troupes de marine avancer vers eux. Deux étages de fusils sont pointés sur eux. Un groupe accroupis, un autre debout. Puis les balles sifflent de nouveau, les détonations grondent. Je descends rapidement de mon perchoir et attaque moi aussi. Les types se retournent, me découvrant en train de trancher leurs copains. Ils sont désormais pris en étau. Et leur nombre ne compte plus. Les marines tirent. Lorsqu'ils sont à court de balles, ils se cachent dans le coin et rechargent pendant que d'autres tirent. Puis les premiers reviennent. Mes malfrats ont beau tirer, leurs balles touchent le mur. Moi, ils m'affrontent avec leurs fusils, n'ayant pas le temps de dégainer leur sabre. C'est balo les gars. On s'affrontent rapidement. Mais mon entraînement sur Shimotsuki a fait son œuvre. Les derniers jettent les armes sur le sol et se mettent à genoux, histoire d'éviter de finir en passoire. Les autres sont soit morts, soit blessés, soit assommés. On passe les menottes à ceux qui capitulent. Je vérifie rapidement l'état des autres en essayant de sentir leur pouls. Ceux en ayant un se voient passer les menottes. Une chance qu'on en ai amené plusieurs paires chacun ... On profite du fait qu'ils aient perdu conscience pour les mettre autour d'un grand pilier, puis on les menotte les uns aux autres. Ainsi, ils se retrouvent enchaîné autour du pilier. S'ils veulent s'échapper, ils vont devoir grimper pour faire passer les menottes, et les hommes, par dessus. Donc, globalement, on est tranquille. Je ne doute pas une seconde que l'équipe de Shaïness ai déjà finit depuis longtemps. On part la rejoindre au pas de course, vérifier que tout se passe bien pour elle, quand même.


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Bonne réponse, mon mignon. On va peut-être faire de toi quelque chose. Du coup, il a eu droit à un remontage de bretelles, mais un gentil. Parce que je ne suis pas Marraine la Bonne Fée non plus. Si j'étais de bonne foi, je ne travaillerais dans les Bureaux.
- « Bien. Apprenez déjà qu'on ne dit pas « mademoiselle ». Il n'y a pas de demoiselle ou de damoiseau dans le Gouvernement. C'est « chef », « boss » ou tout autre qualificatif qui ne soit pas vulgaire. » Je vis mes hommes avoir un sourire torve. En effet, aucune chance qu'un Marine appelât un CP, fût-il joli comme un cœur comme moi, chef. «Agent ou Madame peut aussi faire le job. Mais pas mademoiselle. Méfiez-vous des apparences, donc restez neutre.  » Je pouvais parler en toute connaissance de cause : mon grand, tu causes à une révolutionnaire, là...

Les choses se déroulaient à peu près bien, jusqu'à ce que je compris que le pont devant nous avait été détruit et que la loco gouvernementale allait dérailler. A peine avais-je eu le temps de mettre en garde mes troupes que Clotho me coupait l'herbe sous le pied. Hum, je prenais mes dits précédents : il n'écoutait donc rien ? La chef, ici, c'était moi. Et c'est moi qui dressais la stratégie et qui prenais les décisions. Oh, il allait m'entendre ! Surtout que, alors que les CP et moi, bras croisés le long d'un mur en retrait, regardions les Marines suivre aveuglement les ordres d'un jeunot, du nez duquel je pourrais tirer du lait en serrant un peu, avions tout le loisir de voir qu'il recommençait à se la jouer solo. L'envie de prendre un fusil et de lui tirer une volée dans les miches me brûla sérieusement les doigts, mais même si la punition était amplement méritée, je savais que ma hiérarchie trouverait là à redire. Bien entendu, si j'avais été un mec, ce genre de petite mise au point serait accueillie par un rire goguenard et même des félicitations – en plus de laisser une impression mémorable au lieutenant qui plus jamais n'oublierait d'assurer ses arrières. Mais non, j'étais femme dans une position de pouvoir, donc j'étais soumise à une évaluation partielle et sexiste. Personnellement, si j'avais pu donner des ordres, les choses auraient été réglées bien plus rapidement et bien moins bruyamment. La technique de la prise à revers aurait aussi bien fonctionné dans ce sens que dans l'autre, avec des agents CP capables de se déplacer rapidement et silencieusement. Ou même un bon petit speech. Et puis bon... la position défensive des ruines, en plus de notre supériorité tactique les aurait laminé.
Mais je n'avais pas eu mon mot à dire.

Pas encore.
Au bout d'un moment, Clotho et ses amis eurent la bonté de se souvenir de notre existence. Je sais, c'est assez injuste comme commentaire, vu qu'ils s'étaient tapé tout le boulot. Mais à l'époque, j'étais jeune et assez intransigeante. Bon d'accord, ça n'a pas tellement changé depuis. Mais n'oubliez pas, c'était mes premières missions en tant que chef, je manquais d'expérience en ayant tout à prouver.

- « Lieutenant Tas'Natak ? » appelai-je d'une voix doucereuse. Quiconque avec un minimum d'intuition savait dès à présent qu'il allait en prendre pour son grade. « Auriez-vous l'amabilité, je vous prie, de bien vouloir nous rappeler à tous, qui est le chef de cette mission ? » Je le fusillai du regard. « Oui, en effet, c'est moi. Moi, et pas vous. Puis-je savoir ce qui vous a pris de prendre le commandement d'hommes et de femmes qui sont sous MA responsabilité ? Que vous avez établi une stratégie sans me consulter ? Voudriez-vous passer en court martiale, Lieutenant ? » Mes yeux se portèrent sur les Marines, qui pour le coup n'en menaient pas large. « Quant à vous, soldats. J'attendais mieux que vous. Vous êtes habitués aux jeunes officiers qui ont du mal à tempérer leurs ardeurs toutes naturelles. Vous saviez parfaitement que vous n'aviez pas à suivre ses ordres sans en référer à qui de droit. Si vous êtes trop bornés pour bosser sous les ordres d'une femme, ou d'un CP, ou d'une femme CP... » La menace n'avait pas besoin d'être poussée à son terme. « Si je dis ça, ce n'est pas parce que je boude. Ôtez-vous cette idée ridicule de votre cerveau, si tant est que vous en ayez un. Un chef, c'est là pour endosser une responsabilité. S'il avait eu des morts parmi vous, cela aurait été de MA responsabilité. Ces pirates que vous avez tué, leurs morts sont sur MA conscience. Enfin auraient dû l'être. Maintenant, c'est celle du Lieutenant qui trinque. Si tout le monde n'est pas chef, c'est que tout le monde n'est pas à même de savoir qui et quand tuer ou sacrifier. La hiérarchie, ce n'est pas simplement là pour donner des ordres, mais aussi pour vous protéger. En vous la jouant solo, tous autant que vous êtes, vous avez mis en danger la totalité de nos vies. Et qu'on soit bien clair... si la bataille avait mal tourné, si vous aviez été sur le point de vous faire submerger, nous serions intervenus, mais pas pour vous sauver... mais pour nous sauver, nous. Parce que nous croyons en la collaboration. Et je sais que le fait de ne pas vous avoir aidé ne semble pas compatible avec mes mots, mais je ne pense pas que vous soyez capable de comprendre, puisque vous n'êtes pas capables de respecter un protocole.
Tout ce qu'il faut savoir, c'est qu'à un moment donné, il faut assumer les conséquences de vos actes. Lieutenant Tas'Natak... ne venais-je pas de vous démontrer que vous n'étiez pas apte à mener des hommes ? Alors, j'espère que vous aimerez le travail de fond, car je vous nomme responsable de trouver le nom et l'adresse de la famille des pirates que vous avez tués sans ordre, en ce qui est une attaque non sanctionnée par votre hiérarchie, et d'aller prévenir chaque père, chaque mère ou femme, enfant ou sœur que vous trouverez. Vous veillerez aussi à ce que ces malheureux soient convenablement enterrés.
Vous m'avez bien entendu : une attaque que je ne sanctionne pas. Il y avait bien d'autres méthodes pour gérer cette crise que le combat. Vous avez tué sans ordre. Ça fait de chacun de vous des meurtriers, soldats.  Des meurtriers. Vous n'êtes pas mieux que ces pirates que vous avez tués. Vous avez peut-être gagné la bataille, et sans perte de votre côté, mais je ne vous félicite pas.
Ceci dit, je ne souhaitais la mort d'aucun d'entre vous. »


J'étais folle de rage. J'avais envie de réduire Clotho en pulpe. Voilà donc comment la Marine se gangrenait !!! Naïve que j'étais, je pensais que cela n'arrivait que plus tard, une fois les galons et la position d'autorité acquis. Mais dès leur plus jeune âge, les officiers étaient assoiffés de sang. J'avais fait le BAN, je savais parfaitement que si l'accent était mis sur les combats, les options de pourparlers et de paix n'étaient pas écartées du programme. Alors pourquoi les hommes choisissaient-ils ne de vivre pas autrement que dans, par et pour la violence  ?

La fouille des ruines se fit dans un silence assez pesant. Personne n'avait plus envie d'être ici, les « méchants » comme les « gentils ». Les preuves de leur trafic, sous la forme de cargaison portant le sceau d'une compagnie de commerce homologuée, ainsi que leur résistance aux forces de l'ordre et leur pathétique bluff, s'accumulaient. Cadavres et prisonniers furent regroupés et on retraversa cette satanée jungle. Ma colère ne diminuait pas, et chaque caillou, chaque racine qui nous retardait me donnait l'envie de hurler et de détruire cette île. Je voulais quitter cet endroit au plus vite.
De retour à Logue Town, les pirates furent conduits aux geôles, les cadavres à la morgue, les preuves sous scellés dans l'aire de stockage. CPs comme Marines firent leur rapport, et le débriefing devant les supérieurs Marine et CP confondus n'apporta rien de plus. Aucun de nos deux chefs ne voulait désavouer son « poulain » devant l'autre, pas plus qu'humilier « l'adversaire » par des remarques plus ou moins légitimes. Les retombées, de qui avait raison ou pas, auraient lieu en privé. Je souhaitai de ton mon cœur à Clotho l'engueulade de sa vie et même une destitution de rang. En tous les cas, je ne sus pas si ma punition concernant les annonces mortuaires avait été maintenue, car, comme il me le fut rappelé, je n'avais aucun pouvoir disciplinaire sur des Marines.  

Quelques jours après, peut-être une semaine, l'interrogatoire croisé des prisonniers avait porté ses fruits. Aucun des pirates n'avait fait long feu devant les spécialistes de la question des forces gouvernementales. Ils avaient rapidement dénoncé un contact qui leur servait d'indic sur les cargaisons à piller. Eux se contentaient alors d'attaquer les navires et ramener les marchandises là où il leur avait été demandé de les laisser. Puisqu'ils n'agissaient pas par eux-mêmes, l'enquête se porta donc sur le commanditaire. Les critères de sélection des bâtiments ciblés n'avaient, pour le moment, pas été trouvés et il apparaissait que la logique derrière les attaques nous échappait. Que cela ne tint ! Nous allions donc interroger le cerveau de l'opération. L'homme se planquait dans les entrepôts de la ville de Logue Town. Il travaillait au port, aux services des douanes. A ce titre, il était bien placé pour savoir qui transportait quoi, d'où à où, quand et comment.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:14, édité 1 fois
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Il y a des jours où on a juste envie de retourner se coucher. Mais pas aujourd'hui, non. J'ai juste envie de lui enfoncer sa face dans le sol, de coudre sa bouche pour qu'elle ne puisse plus émettre un son. Sa voix est si agaçante ... autant qu'un clairon dans les oreilles lorsqu'on a une gueule de bois. Mais c'est ma supérieure. Et puis j'suis pacifique après tout, donc j'en fais rien. Mais elle continue. Reproche, après reproche, après reproche, après reproche. Sait-elle dire ou faire autre chose ? J'ai pas spécialement fait l'école des officiers, elle le sait. Elle est donc au courant que j'ai quelques lacunes niveau commandement, et que c'est pour ça qu'on m'a mis avec une agente expérimentée comme elle. Ce qu'elle dit sonne à la fois comme la vérité toute crue et comme des insultes. Je me retiens vraiment de lui dire ce que je pense de tout ça. Déjà, parce que c'est une femme. Ensuite, parce que c'est une CP, pas une marine. De plus, elle est la responsable de l'opération, pas moi. J'ai fait en fonction de ce qu'elle m'a donné. J'ai fait ce que je pensais le plus juste à l'instant donné, avec les informations que j'avais. Si ça ne va pas, tant pis. J'assume, conneries comme réussites. Mes ordres, mes gestes, mes actes, ma responsabilité. Durant le voyage, quelques gars m'ont parlé rapidement de la famille de cette Shaïness. Les Raven-Cooper sont visiblement riches, puissants, influents, et surtout, partout. Mais c'est pas ça qui va m'empêcher de faire ce qui doit être fait. Une fois qu'elle a finit sa tirade, que j'ai malgré tout écouté entièrement, je lui répond, aussi calmement que possible.

Agent Cooper. Vos ordres étaient de prendre une position défensive et de les assommer, ce que nous avons fait. Si vous attendiez autre chose de nous, il aurait peut-être fallut être précise. On ne devine pas les pensées, nous. Ô non ... J'y crois pas, j'ai osé. J'suis un homme mort. Je sens qu'elle m'en veut déjà, et qu'elle se ferait une joie de m'arracher la tête si ses supérieurs ne lui avaient pas demandé de ne pas le faire. J'suis allé trop loin pour arrêter. Alors quitte à la fâcher, autant mettre les choses au clair une fois pour toute. On est des marines. Et on est tous bien plus cons que vous. Ca, vous nous l'avez bien fait sentir. On a ni votre force, ni vos capacités bizarre, ni votre expérience. On obéit aux ordres explicites, pas à ceux qui ne sont pas clairement prononcés. Si vous attendiez autre chose de nous, il aurait peut-être fallut en parler avant d'arriver sur l'île. Si vous allez là où nous étions, vous verrez les hommes enchaînés autour d'un poteau. Incapable de fuir, mais vivants. Ce n'est pas parce qu'on revient les mains vide, après avoir tiré qu'on a tué tout le monde. Vos ordres étaient de les assommer. Mais comme c'est difficile durant une bataille, on les a attaché pour qu'ils ne puissent pas s'enfuir. Alors oui, on a été forcé d'en tuer quelques uns. Parce qu'on avait pas le choix. Parce que nos hommes, VOS hommes étaient menacés. J'ai fait au mieux avec le manque de stratégie que vous avez fourni. On a pas la capacité de lire dans votre esprit. Si vous vouliez qu'on reste ensemble, il fallait le dire clairement. Le Cipher Pol et les marines n'ont pas la même façon de réagir. Faute d'ordre clairs de votre part, j'ai fais ce que je pensais être la meilleure solution.

Trop loin ? Trop fort ? Bien sûr que oui. Mais au moins, je crève l'abcès. Je ne peux plus reculer, sinon je serais un faux-jeton. Les seuls ordres qu'elle nous a donné, qu'elle m'a donné, étaient de prendre une position défensive et de les assommer pour qu'ils ne nous gênent pas. Elle n'a jamais parlé de rester ensemble. Si elle veut qu'on lui obéisse, elle n'a qu'à être plus claire, plus précise. Non, je ne suis pas de mauvaise foi. Mais avec un manque d'info flagrant, que suis-je censé faire ? J'suis habitué aux commandants qui disent explicitement tout ce qu'ils veulent qu'on fasse. Elle a l'habitude d'agir avec des CPs, surement pas des marines. On a ni les mêmes méthodes, ni les mêmes formations tactiques, pouvoirs, capacités, ordres ... On a beau travailler pour un gouvernement, la marine et les CPs sont deux organes totalement distinct. Maintenant, je comprends pourquoi. Qu'elle remette en cause ma façon d'agir, c'est normal. Qu'elle doute de l'efficacité de mes plans, c'est logique aussi. Mais qu'elle juge sans connaître le résultat, non. Pour moi, elle a un flagrant manque de compétence de gestion. Quand elle dit une phrase, on est censé comprendre un paragraphe. Moi, quand on me dit "défense", je m'occupe de tout l'endroit, pas seulement un point. Je fais avec l'option que je pense la meilleure dans le délai impartis. Si elle m'avait dit "défense, on reste groupé, vous assurez les arrières", j'aurais bien sûr agis autrement. Mais non, je ne lis pas ses pensées, désolé.

On récupère les prisonniers, les morts, le reste, puis on fou le camp de l'île. Vraiment pas un mal. De retour sur Logue Town, une entrevue m'attend avec le lieutenant colonel qui m'a donné la mission. Il n'a rien dit devant les CPs tout à l'heure. Mais j'ai bien vu son visage. On l'a tous vu. Je frappe, j'entre, j'attends. Aucun son pendant cinq minutes. Une fois que j'ai bien stressé, il entame.


" Êtes-vous fier de vous sergent ?
... Non, mon lieutenant.
Pour quelles raisons ? Êtes-vous déçu par le Cipher Pol ? Par les marins qui vous accompagnaient ? Par le gradé vous ayant confié la mission ? Par l'agent Raven-Cooper ? Par vous même ?
... C'est à dire que, lieutenant colonel ... Je /*
C'était une merde. Une merde monumentale. Vous réussissez un petit exploit et vous pensez tout de suite que vous êtes apte à commander ?!
Non ! Non chef. Je ... J'ai juste ...
Pas tenu compte de la chaine de commandement ? Pas respecté les ordres de votre supérieure ? Hein ? Dîtes moi lieutenant, qu'avez-vous juste fait ?
RIEN !
Nous sommes d'accord. Vous avez agis comme un abruti tout juste sorti de l'académie. Bon sang, on ne vous a pas formé ou quoi ?
Chef oui chef. Mais je ne lis pas dans les pensées.
Oui, c'est déjà marqué dans le dossier et le rapport. Vous vous rendez compte que toute cette merde ne va pas arranger les choses entre la marine et le Cipher Pol ? Que les relations sont déjà assez tendues entre nos deux organes pour qu'il n'y ai pas besoin d'un rapport de merde en plus. Alors que suis-je censé faire ? Vous affecter autre part ? Vous donner une autre mission ? Non, trop facile. Vous allez restez avec l'agent Cooper.
Mais, lieutenant ... /*
PAS DE MAIS ! C'est ainsi, point. Est-ce que vous osez discuter les ordres, lieutenant ?
... Non, chef.
Bien. Alors reprenez vos positions rapidement. Reposez-vous, car le reste va arriver bientôt. Disposez."

Je quitte le bureau la queue entre les jambes. J'viens de me faire passer un savon ... Et je l'ai bien en travers de la gorge. J'ai envie de fracasser des choses, là, pour me détendre. Je suis en colère contre Shaïness. C'est pas une tendre, c'est clair. Mais de là à agir comme elle l'a fait, j'trouve qu'il y a un fossé. Pour moi, on a vraiment deux méthodes de fonctionnement trop différentes pour qu'elles puissent être mis en coopération efficace et durable. Pourtant, on s'acharne. Une punition, sans aucun doute. Je pense que pour qu'elle m'enseigne le rokushiki, c'est mort. Un peu mon n'veu. Je vais me défouler dans la salle d'entraînement.

Quelques jours plus tard, je suis toujours dans la même salle, en train de fracasser les pauvres sac de frappe. J'ai toujours un tel quotient de rage en moi que je ne réussis pas à évacuer malgré tout le sport que je fais. J'espère que je pourrais y arriver avant de recroiser la jeune femme. Sinon ... Je risque de faire un truc encore plus con que la dernière fois. J'suis sûr qu'elle m'en veut encore. On dirait une fille à papa celle-là, qui n'a pas eut ce qu'elle voulait pour noël, donc elle s'est engagé dans le CP pour faire chier sa famille. Résultat, elle se venge sur tous les nouveaux. parce que soyons honnête, notre problème de relation, ça ne vient pas que de moi, hein ? Soyez sympa, dîtes moi que non. Parce que j'ai beau me remettre en question, me repasser les scènes qu'on a vécu ensemble, je trouve des défauts dans les deux parties, des deux côtés. Elle est moins irréprochable qu'elle le pense, pour moi. Quant à ma personne, je sais que je suis jeune, que j'ai énormément à apprendre si je veux évoluer. J'ai jamais vraiment trop commandé de troupes. Mais je fais avec ce qu'on me donne. Je me débrouille comme je peux. Il n'y a pas un manuel du parfait officier. Espérons que la prochaine fois sera meilleure.


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La petite tirade du lieutenant ne me fit pas plus d'effet que ça. Je le toisai avec mépris, chose que je savais faire avec une excellence frisant la perfection :
- « Si seulement vous aviez pu utiliser votre bouche pour autre chose que brasser du vent... Comme par exemple, poser des questions ? Si les choses ne sont pas suffisamment claires pour vous, vous vous devez de réfléchir, plutôt que de suivre les ordres aveuglement. A vous entendre, je vous aurais demander de vous immoler, vous l'auriez fait. Être Marine ne veut pas dire être stupide, bien au contraire. C'est justement parce que je pensais que vous n'étiez pas un abruti que je n'ai pas plus développé que ça. Mais je note que la prochaine fois, je dois amener un manuel vous expliquant comment vous torcher le cul, Lieutenant. »
S'il pensait qu'il avait raison, et que je lui laisserais la moindre possibilité de penser qu'il avait bien agi, il se trompait.
- « Mais bon, la prochaine fois, j'aurais peut-être la possibilité de travailler avec des Marines qui sont fiers de leurs compétences et de servir le Gouvernement, plutôt que de se contenter d'être vus et d'agir comme des gros bras. Continuez ainsi, Lieutenant, et vous suivrez le chemin d'un certain Arashibourei. Le genre de type qui détruit un village entier pour écraser un scorpion, et tant pis s'il y avait des civils au milieu. »
Je n'allais même pas réagir sur sa vision complètement nocive des différences entre CP et Marines. Qu'il osât me sortir sa petite tirade du pauvre petit Marine brimé par la méchante CP, lui qui n'est « qu'un » Marine, à moi, issue de deux lignées de Marines... Il ne me restait qu'à conclure que ce type était juste con. Dans sa cervelle, les neurones jouaient au ping-pong, sauf qu'ils étaient tous aveugles et manchots...

.oOo.

L'arrestation de l'agent des douanes se fit en douceur. Pas un geste, pas un mot plus haut que l'autre. A ce jour, je reste convaincue qu'il voulait être arrêté. A se demander s'il n'avait pas laissé tomber une information ou deux dans certaines oreilles pour que sa garde-à-vue n'arrivât plus tôt. De ce fait, je n'eus aucun besoin des forces Marines qui avaient été stationnées ici et là en cas de tentative de fuite ou de combat, et je ne fis aucun effort pour les inclure dans les procédures qui suivirent. Après tout, une arrestation dans le calme et un interrogatoire courtois, c'était totalement dans les cordes des CP. Pas besoin d'être cent. Une remarque que ma hiérarchie ne semblait pas partager.
- « Vous avez reçu l'ordre de faire en sorte que cette mission soit menée par les deux forces. Ce n'était pas bien difficile d'inclure un ou deux Marines dans l'opération au port ! »
- « Je ne peux pas inclure des Marines sans exclure leur Lieutenant. »
- « Alors, incluez-le ! »
- « Mais c'est un idiot fini ! »
- « Il est Lieutenant, non ? »
- « Il ne mérite carrément pas ses galons de meneur d'hommes. »
- « Et bien entendu, vous êtes une experte en la question, hein ? » Je rougis sous l'affront. Sauf que je n'avais pas l'intention de me laisser faire. Pour avancer dans l'échelle CP, il savait savoir ruer dans les brancards. Douce ruade, à bon escient, certes, mais se contenter de suivre les ordres, c'était la meilleure façon de se faire reléguer à jamais dans un placard.
- « Le bon sens veut que cette mission ne fonctionnera jamais si les deux chefs de file sont l'un comme l'autre en... apprentissage. Puisque vous me le faites remarquez, je patauge déjà assez pour en plus avoir à gérer un morveux qui ni ne suit les ordres, ni n'est capable d'en donner – des bons, donner des bons ordres. »
- « C'est sûrement parce que nous avons toute confiance en votre capacité à vous en sortir. Nous n'avez qu'à apprendre plus vite, pour ne plus être en apprentissage, comme vous dîtes. » Bien entendu, les chefs n'auront jamais tort, surtout quand ils n'ont pas raison.

Petit à petit, nous remontions l'organisation. Ce qui, de prime abord, semblait n'avoir été qu'un trafic et détournement de marchandises, devenait l'embryon de quelque chose de beaucoup plus ambitieux. Un réel réseau d'agents corrompus, de recels, de faux et d'usage de faux. Nommez un crime qui ne fut pas de sang, et il était sur la liste. Le plus inquiétant peut-être dans tout ça était, à mes yeux, ce dont tout le monde se félicitait : avoir pris cette affaire à temps, avant qu'elle ne se fut développée en une véritable mafia. De mon côté, je trouvais qu'un tel déploiement en si peu de temps ne présageait rien de bon, que celui ou celle derrière les rideaux n'avait rien d'un amateur pour avoir fait autant en si peu temps. Et ce « autant » n'englobait que les recherches préliminaires. Que pourrions-nous découvrir en creusant un peu plus ? Clairement, le malfrat à la tête de ce réseau avait les moyens financiers en plus des moyens intellectuels. Ça voulait forcément dire un appui depuis Grand Line. Personne ne pouvait mettre sur pieds une telle organisation comme ça. Personne de local. Sinon, cela aurait été déjà fait. En plus, le choix d'East Blue comme terrain d'opération... Avec West Blue, c'était la plus calme, car la plus militarisée, des mers. Surtout depuis les problèmes avec Goa. C'était tout de même assez pervers de venir s'installer sous le nez du Gouvernement. Je voulais bien croire que tous les pirates avaient cette envie presque atavique de vouloir narguer les autorités, mais nos renseignements ne collaient pas avec un cerveau qui aurait des tendances suicidaires. A se demander si lui aussi ne voulait pas se faire attraper. Ce qui me laissait penser que toute notre enquête n'était que du vent : nous courrions après des leurres lancés pour nous détourner de la vraie question.
Bien entendu, quand je fis part de mes conclusions à mes chefs, je ne fus pas prise au sérieux. C'était, je le concevais, bien trop de « il me semble », « on a l'impression que... » et autres soupçons. Or, la Justice ne se fondait pas sur des vagues suspicions, mais des faits. Et les faits, c'était les interrogatoires, les indices, les arrestations. Quelque part, la révo en moi était contente de voir que le système n'était pas compromis à ce point, que les standards d'impartialité et de preuves tenaient encore. Sur le coup, j'avais surtout envie de hurler.
Les choses devenant de plus en plus grosses, je fus dessaisis de l'enquête en tant que chef principal. J'étais toujours à la tête d'une unité, mais je prenais mes ordres d'une chaîne de commandement. Et franchement, ce n'était pas pour me plaire. Oui, j'avoue. Sûrement une histoire d'égo mal placé. Mais quand on avait été en haut du podium, s'en faire éjecter, même si la procédure était on-ne-pouvait-plus classique, c'était dur à avaler. Mais encore plus quand on était dans le vrai. Je ne pense pas qu'on eût particulièrement cherché à me faire taire ou à m'ignorer. C'était juste le système qui voulait qu'une voix était facilement perdue dans le brouhaha global.

Au bout du compte, je dus me résoudre à admettre que si je continuais à utiliser les armes fournies par l'ordre établi, je n'arriverais à rien. Je devais obtenir des preuves, pour être écoutée. Et pour se faire, je n'avais qu'un seul moyen. Il ne me plaisait pas, mais faute de grives, hein. Dans la petite pièce où mon unité se réunissait, je dus faire face à mon pire cauchemar : le Lieutenant Tas'Natak.
- « Très bien. Notre prochaine intervention a été décidée. Sauf que je ne vais pas suivre la feuille de route. J'ai obtenu des informations par mon propre réseau, mais ces informations ne sont pas assez consistantes pour que cela ne débouche sur quelque chose. Aussi, nous allons mener notre propre enquête. Cependant, cela revient à enfreindre les ordres, mais pour la bonne cause. Vous avez le choix, Lieutenant. Vous pouvez ignorer cette conversation. Dans ce cas, vous serez en charge de la mission qui nous a été confiée. Ou vous pouvez me suivre dans ce qui n'est qu'un « feeling » sur des info non officielles. L'un dans l'autre, ça sera sous ma responsabilité, donc vous serez partiellement épargné. Tout ce que je vous demande, c'est de faire un choix, et de ne pas me mettre des bâtons dans les roues si vous ne me suivez pas. »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:15, édité 2 fois
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Poser des questions ... Ah ouais, pas con comme idée. J'essaierai d'y penser la prochaine fois. Pour le coup, je suis en faute, alors je ferme ma gueule, et je deviens rouge comme un caméléon d'un certain dessin animé. Par contre, je ne comprends pas trop quand elle me compare à Arashibourei. C'est quoi le truc ? J'suis pas assez subtile pour madame ? Excusez moi de ne pas avoir été élevé dans un manoir à cent vingt quatre chambres, et d'avoir quatre domestiques pour me "torcher le cul", comme elle dit si bien. La disciple et tout ce que je sais de la stratégie, ça me vient de l'académie et de l'école. Si c'est pas grand chose, tant pis. C'est déjà mieux que rien.

~°O°~

La "charmante" frustrée-d'en-bas qui nous commande nous fait nous réunir dans une petite salle. Elle nous parle d'ordres qu'elle a reçu. Mais qu'elle ne va pas suivre. Madame je-suis-le-règlement-à-la-lettre va oser briser les règles ? Alors là, je suis outré. Pas vous, mon cher Charles Édouard de Pompadour ? Mais là où elle me troue le cul, c'est quand elle me demande de faire un choix alors que je ne connais même pas les débouchés de chaque côté.

En fait, vous proposez le choix entre croire vos sources, dont je ne connais rien et qui peuvent aussi bien nous mener à notre perte que d'effectuer une mission dont je ne connais rien et qui peut tout autant nous mener à notre fin ? La suite est facile à deviner. Je vais refuser ses deux choix, pour faire le mien. Rester dans la légalité, la laisser seule avec ses hommes alors qu'elle est supposée être notre chef au risque qu'ils se fassent tous tuer, ou bien enfreindre un ordre direct donné par un supérieur, rester avec elle et l'aider. J'ai beau me torturer l'esprit, je ne trouve pas de réponse appropriée. C'est alors que ma conscience entre en jeu. Je dois obéir à cette Raven-Cooper. Mais je ne lui dois pas fidélité. Je ne sais pas du tout qui fait parti de son réseau. Ca pourrait tout aussi bien être un piège pour se débarrasser de nous, car elle est en fait une espionne. Tout comme ça peut être vrai, et rapporter gros au final. Le tout est une question de couilles. Aurais-je les couilles pour tenter un tapis et risquer la banque route tout autant que le jackpot, ou bien vis-je préférer la sécurité et le risque de ne rien avoir à ramener ? Et merde. Aux chiottes la sécurité. J'suis ici pour aider, alors aidons ! Mes ordres sont de vous aider dans votre mission. Alors quelle que soit cette mission,  si vous pensez que ça a plus de chances de réussir à rendre le monde meilleur que la mission officielle, vous pouvez compter sur nous. On ne laisse jamais tomber les nôtres.

Je crois que pour la première fois, je la considère comme un membre du gouvernement mondial. Le même gouvernement dont je fais parti, en tant que rouage de la marine. En faisant ce choix, je lui montre que je lui fais confiance. Je suis peut-être long à venir, mais quand je comprends, tout se déclic. Je pense ce que j'ai dit. Même si on ne s'apprécie pas spécialement, même si on ne manque pas de se le dire ou de se le faire comprendre, on a le même but : rendre le monde plus sûr. Alors oui, je peux franchir quelques lignes pour ça.



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C'était bien parce que j'avais besoin de son aide – merde, ce que ça faisait mal à avouer, ça – que je ne roulais pas des yeux devant sa première réaction. Qu'il eût des doutes sur la portée et les conséquences de la mission telle que je la concevais, je pouvais comprendre. Mais remettre en question les ordres stratégiques de la hiérarchie ? Lui, Monsieur « chef oui chef » ? Monsieur « j'ai pô cerveau ? » Pff, on pensait à sa place et il n'était pas content ! Un comble. Ou alors, mais c'était tout de même lire des petites lignes là où il n'y en avait pas, cela voudrait dire qu'il avait confiance en mon avis de « suivre les ordres = déboucher sur que dalle ».

Et ce fut à ce moment qu'il eut son illumination. Je ne l'attendais pas, celle-ci. Surtout pas venant de lui. Ce « rendre le monde meilleur », c'était un peu tout et n'importe quoi, mais je savais que ça venait du cœur. A défaut de neurones, il avait des valeurs. Vous allez me dire, ce n'était pas antinomique. Suffisait de regarder mon cas : aucun honneur, mais une conscience. On dit que les opposés s'attirent, mais là, c'était des différences similaires. Nous étions tous les deux, à notre façon, hors norme.
Je baissais la voix, de telle sorte qu'il fut le seul destinataire de la suite de mon discours.
- « Vous comprenez bien que si vous commencez à avoir ce genre de réflexion, ce genre de comportement, vous passez une ligne sans pouvoir faire marche arrière ? Dire tout haut que la Marine, et donc le Gouvernement, n'est pas infaillible, c'est mettre le doigt dans un engrenage dangereux. C'est commencer à voir que le super-héros a des plis au bide, mauvaise haleine et perd ses cheveux. » Pour le moment, je n'allai pas au-delà, bien que j'eusse pu dire, avec facilité, un truc pro-révo du genre ''c'est voir le super-héros sniffer de la poudreuse ou défoncer la tronche de l’acolyte du méchant pour le faire parler'' ou pire encore ''c'est voir le super-héros participer au trafic de drogue pour s'en mettre plein les fouilles, et envoyer au maqu' du coin les filles de l'acolyte''.
Bref. Il était prévenu. S'il voulait changer d'avis, il le pouvait encore. Hors de question de me faire accuser de l'avoir contaminé à l'insu de son plein gré, hein.

Je repris l'exposé :
- « Jusqu'à présent, nous avons remonté une à une les opérations de cette bande, menée par un dénommé Basalte – nom de code de l'ennemi. Plus on remonte, plus on trouve de trucs louches et pas légaux, et donc plus on a d'enquêtes, et plus on se disperse et les effectifs sont dilués. Tout cela me laisse à penser que toutes ces opérations sont autant de paravents, de fausses alertes, pour nous empêcher de voir le vrai but de ce Basalte.
Or, quand on prend cinq secondes pour regarder une carte, et en accord avec mes informateurs, »
et là, je ne mentionnais ni mes contacts de la pègre de Logue Town, ni mes affiliations révo. Raven n'en savait pas plus que ça sur ce réseau, mais se félicitait que je fusse sur le coup. En effet, la population locale commençait à souffrir des malversations de ce criminel : trafic de marchandises, de drogues, détournement de navires et de fonds, extorsion en bande organisée. C'était comme si toute la lie de East Blue s'était soudainement réveillée avec une paire de couilles, et bien décidée à faire chier, tous en même temps, le Gouvernement. « … on se rend compte qu'il y a une île qui est encore relativement épargnée : Logue Town.

Je sais ce que vous allez me dire : c'est normal, c'est là qu'il y a le gros des forces Marines, c'est complètement con d'installer une base juste là. Mais je vais vous dire comment un pirate pense : c'est aussi ici, à Logue Town qu'il y a le plus de population, le plus de richesse et où toutes les informations se croisent. Ce Balsalte ne peut pas avoir monter un tel réseau sans avoir une sacrée base ici. Et tant qu'on ne l'aura pas déterrée, ben, on pourra courir East Blue dans tous les sens, on n'en finira pas. Il ne suffit pas d'éclater le bubon, il faut le drainer et le cautériser.
Je pense savoir où cette base est. Un ancien club tombé en désuétude suite à une banqueroute financière. Il s'appelait le Red Carpet. Je crois que maintenant, c'est le Cedar Cinder. Un bar louche. Il était dans un quartier chic qui a souffert de la rénovation du quartier des Halles, et je pense qu'il y a des tunnels qui courent sous la ville, et précisément du côté du Cedar.

Techniquement, nous sommes censés embarquer demain pour nous rendre sur l'île XXX pour mener l'enquête sur des enlèvements qui déboucheraient sur l'approvisionnement d'une traite des hommes. Ce que je propose, c'est qu'on prenne la navette, qu'on fasse demi-tour au bout d'un moment, et qu'on revienne ici, faire notre enquête. Et plus, si mes infos sont exactes, et elles ont tendances à l'être, croyez-moi. Je ne proposerai pas ce genre de pirouette juste sur la base de vagues indices.
Par contre, je propose qu'une partie non négligeable de l'équipe se rende sur XXX, et que seule une poignée d'entre nous revienne. En effet, c'est peut-être une base, mais je ne pense pas que ça soit LA base. Au besoin, on pourra toujours compter sur les renforts des unités stationnées ici pour la défense de la ville. Ça serait trop bête de tomber sur un bon filon et au lieu d'être félicités, d'être passés en cour martiale pour abandon de poste. Puisque le Lieutenant a dit qu'il s'engageait à mes côtés, je dirais... trois-quatre agents de chaque corps, soit une troupe maximum de 10 personnes.
Des questions ? Des trucs à rajouter, Lieutenant ? »

Puisqu'on allait bosser ensemble, autant le faire dès le départ, alors que nous étions encore penchés sur une carte...


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:16, édité 2 fois
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C'est clair, ma réaction la surprend. Elle ne s'attendait pas à ça. Elle me donne un conseil à voix basse, de telle façon à ce que je sois le seul à l'entendre. "Je préfère dire la vérité et risquer la mise à mort que de devoir mentir éhontément en disant que la marine est parfaite. Rien n'est parfait dans ce monde. Pas même le gouvernement. Mais on essaie de le redorer, chacun à notre façon, de le rendre plus juste." J'redresse la tête en parlant à voix basse, moi aussi. Puis elle enchaîne. Elle nous explique sa vision des choses d'une façon tout à fait logique. Et quand elle mentionne le Red Carpet, un frisson me parcourt. Ca ne serait pas, à tout hasard, un des bâtiment de l'ancien sous amiral qui a trahit la marine au profit des pirates ? Elle enchaîne. Quand sa voix disparait enfin, elle me demande si j'a des trucs à dire. Alors je prends la parole et résume le tout.

En fait, on part tous, on revient à dix sur Logue Town pour fouiner dans le coin de Cedar Cinder et chercher des tunnels. Mais comment trouver les tunnels ? Ils peuvent aussi bien être dans des habitations dont se servent les criminels, que des anciens égouts désormais inutilisés. Nous n'avons aucune légitimité pour demander de l'aide aux soldats externes, puisque on est censé aller sur XXX. Ca signifie qu'on est seuls. Je réfléchis un peu. "Il suffirait de trouver un type, de le faire avouer où se trouvent les tunnels et d'avancer prudemment à l'intérieur de ces derniers. Ou alors, je propose une diversion somme toute basique. Les criminels, en voyant des marins, iront se cacher dans des endroits de confiance. Je propose donc d'utiliser les hommes que j'aurais avec moi pour faire une patrouille, les forcer à rentrer. Ainsi, vous pourrez les suivre discrètement, découvrir où ils vont. Une fois cela effectué, vous nous appelez, on se rejoins et on y va ensemble. En équipe."

Ma proposition est basique. Mais j'ai pas vraiment d'autre solution pour essaie de découvrir l'emplacement de leur tunnels. Mon plan a le mérite d'être raide à mettre en place, de ne pas éveiller de soupçons de la part des marines ou des habitants. C'est pas le plus brillant que j'ai eus, certes. Mais avec l'intervalle de temps dont on dispose, la marge de manœuvre est considérablement réduite.

"Ou alors on fonce directement au Cedar en essayant de passer en force. Sans connaître le nombre d'ennemis, leur forces, la disposition des lieux ... Ou on peut aussi y aller en infiltration rapide. A moins que vous n'ayez déjà un plan précis en tête, et que vous souhaitiez le partager avec nous." J'ai dit tout ce qui me passait par la tête comme plan. Ils ne sont pas géniaux. Très loin d'être géniaux même. C'est comme si ... comme si mon cerveau était en panne, et je ne sais pas pourquoi.


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Risquer la mort ? Cette fois, je roulais des yeux. La Marine était corrompue, je ne disais pas le contraire, mais de là à « mettre à mort » un jeune officier pour ne pas avoir suivi les ordres ? La cour martiale donnait plus dans la rétrogradation, la mise au placard, l'envoi dans un poste bien dangereux et/ou chiant. Au pire, la prison. Même Toji Arashibourei avait gardé sa tête sur les épaules. Oui, si on devait, par notre absence sur XXX, merder au point d'être responsables de la mort de centaines de civils, je ne disais pas... Et c'était pour ça que j'envoyais le gros de l'équipe effectuer la mission qui était, si mes sources se révélaient bonnes, un énième enfumage. Oh, je ne doutais pas que des pirates s'en prenaient à ces crétins de paysans. Par contre, j'avais toutes les raisons du monde de penser qu'il ne s'agit que d'une bande de mollassons qui s’enfuiront comme des moineaux à notre arrivée. Enfin, l'arrivée des troupes.

Le lieutenant Tas'Natak proposa quelques idées pour piéger nos cibles. Personnellement, j'étais restée sur l'idée de chercher dès à présent les tunnels, pour attaquer depuis cette position, mais je devais admettre que cela comportait un gros risque. Et si nous ne les trouvions pas, dans les temps ?
- « Je n'aime pas l'idée de devoir traquer des bandits dans un réseau de tunnels que nous ne connaissons pas. C'est donner l'avantage du terrain, mais je suppose qu'on se contentera de ça si on ne trouve pas les tunnels d'ici notre départ pour XXX. Car une fois partis, nous aurons une marge de manœuvre restreinte, en plus de la nécessité d'être absolument invisible. De ce fait, la « diversion basique » est encore ce qu'il y a de plus discret : sous le prétexte de mener une patrouille, vous irez fouiner dans le bar, et vous en ressortirez, avec le max d'info. Après ça, on donnera tous ensemble l'assaut. »

Le plan fut peaufiné un petit peu, puis nous nous séparâmes pour les préparatifs. A l'heure dite, nous embarquâmes pour l'île XXX, et ce sans avoir trouvé d'accès aux tunnels. Mes contacts étaient restés muets, j'en déduisais donc qu'il n'y avait pas que nous qui voulions les utiliser pour progresser dans la ville de façon furtive. Charge à mes « indics » d'en conclure qu'il serait pourtant bon pour eux de laisser place nette, au moins pour un moment. Tout ce que je savais était que lorsque nous donnerons l'assaut, tous ceux qui se mettront en travers de mon chemin tomberont. Pas de prisonnier, pas quand on cherchait à mettre la main sur Basalte. Personne de totalement innocent ne se trouverait dans des tunnels désaffectés, de toutes les manières. Un bon coup pour les assommer, et je ferai le tri plus tard. Ou plutôt, je laisserai ce soin à Clotho : fallait bien qu'il servît à quelque chose, et si ça pouvait l'aider, que d'arrêter en prime deux-trois criminels de bas étage...
Le transfert de l'équipe nous accompagnant sur la navette de retour se fit sans heurt. Je laissai à la tête de l'escouade « officielle » un des hommes les plus expérimentés de mon service, et j'avais toute confiance en lui. A mon avis, il était meilleur que moi pour ce genre de mission.

De retour à Logue Town, nous fîmes route vers le quartier du Cedar Cinder. Bien malgré moi, je me pris à me rappeler les circonstances qui m'avaient amenée à fréquenter ce lieu pour la dernière fois. J'étais encore une jeune agent sans trop d'expérience, et je n'étais pas encore révolutionnaire. Cette mission avait un côté « retour aux sources » qui ne me déplaisait à moitié : j'avais devant moi la preuve du voyage accompli, mais je devais admettre avoir accumulé un certain nombre de regrets pendant le trajet. Bah, il suffisait d'en tirer les leçons, de faire en sorte qu'au bout du compte, il y avait plus de victoires que de défaites ou d'erreurs, et surtout, pas deux fois les mêmes. C'était la décision que j'avais prise après ma rencontre avec Caïus et Mosca.
Les agents CP sous mes ordres se déployèrent pour surveiller le bar, et en apprendre le maximum, pendant que les Marines se préparaient à jouer leur petite comédie de « inspection, on nous a informé de la présence de matières illicites dans cet établissement », ce qui permettait de justifier leur présence surprise et la fouille qu'ils allaient mener.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:16, édité 1 fois
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Diversion basique. Pas de soucis. A l'exception près que chez moi, RIEN n'est basique. Je réfléchis à la façon de procéder rapidement, puis décide de ne pas informer Shaïness de mon idée complètement surréaliste. Moins elle ne saura plus elle sera crédible en tant que témoin. J'lui dit juste qu'on se souviendra de moi pendant un certain temps. J'vais marquer les esprits. Le temps passe rapidement. Chacun reprend sa route et entame ses préparatifs. A l'heure prévu, on se rejoins pour prendre le bateau en direction de XXX. Arrivé à une certaine distance, l'échange s'opère. On prend un autre moyen de locomotion, laissant les autres membres faire la mission officielle. Je garde quatre soldats avec moi. Lorsqu'on pose le pied à terre, chacun part effectuer sa mission. Moi, je fonce dans le bar. Je laisse mes quatre hommes devant la porte, en leur demandant de rester poser contre le mur, l'air nonchalant, quoi qu'il arrive. Je pousse la porte du bar, en tenue officielle. Les regards se portent sur moi. Je ne m'en occupe pas le moins du monde et avance droit vers le bar. Pas de tabouret de libre. J'me plante devant un type.

"T'es sur mon tabouret. Dégage."

Le ton est sec et ne souffre d'aucune gentillesse. Je suis rude, car c'est le rôle de mon personnage. Le type me regarde de haut en bas. Il me dit d'aller jouer dehors avec mes copines les mouettes. Je l'empoigne par le col, lui colle une mandale droit dans sa face, lui arrachant une dent au passage, et l'envoie sur le sol, plus loin. Tous les regards se reportent sur ma personne. Si Shaïness est ici avec ses agents, elle peut en profiter pour essayer de chercher discrètement. Le type se relève. Sa bouche pisse le sang. Il me regarde méchamment. Ses copains se lèvent et avancent vers moi. Il les arrête, puis sors du bar, la queue entre les jambes. J'me tourne vers le barman, et me pose sur le tabouret.

"Un rat m'a prévenu que certaines matières traînerai dans ton bar. Des matières que t'es pas censé avoir.
J'vois pas d'quoi tu parles.
Me forces pas à chercher, j'ai autre chose à foutre de ma journée. J'sais pas de combien était l'arrangement avec Bob, mais moi je double.
Bob ?
Celui qui a finit troué comme une éponge au fond d'une petite ruelle sombre, après avoir un peu trop parlé. Un trafic de drogue il paraîtrait.
De quel arrangement tu parles ?
Joues pas au con. Mes hommes sont dehors. J'te fou la baraque sans dessus dessous si tu continues à me casser les couilles. Capiche ?
...
Sors les biffetons. Les gros, et j'oublie c'que j'ai entendu. Si t'es généreux, j'dirais même que ça a rien donné, et tu seras tranquille pendant un bon moment.
Hey, faut faire quoi pour avoir à boire ici ?
Toi, ta gueule. On cause.
Parce que tu crois qu't'a le ..." *pan*

C'est le seul bruit qu'on entend. Le type qui nous a interrompu tombe sur le sol, baignant dans son sang. De la fumée s'échappe de mon arme, pointé vers le désormais cadavre. Je me retourne vers le proprio.

"Tu casque, ou j'fais fermer ta boutique et j'te colle au trou.
Tu viens de buter un homme ! Tu peux pas faire.
On est sous loi martiale, crétin. Crache ton blé, ou rejoins tes copains en prison. Personne ne viendra vérifier pourquoi j'ai perquisitionné ici, et personne ne sera surpris de te savoir sorti les pieds devant.
Tu vas pas me tuer quand même.
Ca dépend de ta générosité.
J'ai rien. On st en début de semaine. J'ai déposé les sous hier.
Ca, c'est con pour toi. Allez, tout le monde sors d'ici. Le bar est fermé jusqu'à nouvel ordre !
Attendez ! C'est une blague."

Il essaie de rattraper les clients comme il peut. On se jette un regard glacial.

"J'ai pas d'argent, c'est vrai. Mais j'ai mieux.
J'suis pas patient, alors craches vite ou c'est tes dents que tu vas cracher.
Des infos. Sur un réseau de tunnels.
Mais encore ?
Des tunnels dont quelqu'un se sert pour faire ... des choses. J'sais pas quoi, ni qui, et j'veux pas savoir. Mais c'est pas des gentils. Par contre, je sais où. Promets moi de partir d'ici juste après et de rien faire à mon bar ou à moi.
... ça a intérêt à valoir son pesant d'or. Sinon je reviens et je crame tout. J'finirai par toi, que tu puisses voir ta merde brûler et ta vie s'effondrer.
Derrière le bar, il y a une maison. Ils s'en servent pour passer. Le passage est sous une commode. Vous tomberez directement dans les tunnels.
Si c'est pas vrai, on se revoit d'ici une heure. Merci pour l'info. J'te laisse nettoyer le désordre, moi j'm'occupe du corps. Les poissons ont faim ces temps-ci."

Un rictus envahit mon visage. La satisfaction se lit facilement dessus. J'me lève, enjambe le cadavre. je l'attrape par les bras et le traîne jusqu'à la porte que je pousse avec mon dos. Une grande trainée de sang est visible. Va falloir qu'il frotte pour faire partir tout ça. Les soldats se précipitent auprès de moi. Voyant le corps sans vie, ils sont surpris, choqués et me posent mille question. Je leur fait signe de se taire. Ils m'aident à traîner le cadavre plus loin, dans une ruelle sombre. Là où personne ne peut nous voir, le cadavre se met à bouger.

"Vous m'avez fait mal aux bras lieutenant en me tirant comme ça.
Désolé, mais j'devais être crédible. Très belle performance au passage.
Merci. Cinq ans dans une troupe d'acteurs, ça aide. Par contre, la note de frais, j'passe ça comment ? Parce que vous m'avez envoyé depuis trois heures quand même dans ce bar.
Bah ouais. Si on était entré en même temps, ça aurait pas fait très crédible. Bon, on a les infos. La chef les a surement entendu aussi. Elle devrait nous rejoindre d'ici peu. Vous restez en surveillance discrète du périmètre. Je ne veux personne qui alerte qui que ce soit. Si vous voyez un type prévenir quelqu'un, vous me l'arrêter Peu importe le prétexte. On sait où est l'entrée des tunnels. Ils ne savent pas qu'on sait. On a un avantage. On doit en profiter et utiliser l'élément de surprise dans notre plan."

J'attends pas la demoiselle pour aller dans la dite maison. On entre, après avoir vérifié l'absence de possible opposition.


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Je me savais parfois impulsive. Généralement, il s'agissait d'acheter une paire de chaussures ou un bijou. Aujourd'hui, c'était une envie de meurtre qui me prenait aux tripes. J'étais aveugle à tout sauf cette vision hautement jouissive de moi en train d'éclater la tronche de cet abruti de Lieutenant. J'avais été pourtant claire : une approche DISCRETE ! Or « on souviendra de moi pendant un certain temps », ça semblait être tout sauf discret. Mais qu'est-ce que j'avais fait aux instances karmiques supérieures pour mériter ça ? J'avais dû en faire, des saloperies, dans ma vie précédente.
- « Lieutenant Tas'Natak, j'espère pour vous que vous savez ce que vous faites. » lui répondis-je d'une voix capable de reformer des icebergs en pleine mer tropicale. « Mes ordres sont clairs, et si vous décidez de faire autrement, je ne vous couvre pas. Mieux, je n'hésiterai pas à vous accuser de tous les maux si cette mission devait foirer. Mais je vous laisse agir à votre idée. » Si tant était qu'il pût en avoir, autre que des mauvaises, cela s'entendait. C'était peut-être ça, le rôle d'un chef : de croire dans les capacités encore cachées de ses subordonnées. Personne n'agirait comme moi, car il n'y avait qu'une Shaïness Raven-Cooper au monde. Je ne pouvais leur en vouloir de ne pas être à ma hauteur. Donc, à moi de rabaisser mes exigences. Pff, la vie de chef, j'vous jure. Je me demandais bien pourquoi certains intriguaient autant pour avoir des postes « à responsabilités ». Certes, la paye était grasse. Peut-être que passé un niveau de chefitude, il y avait tellement de gens entre vous et les clampins qui faisaient réellement le boulot que vous vous en foutiez complètement. Les Intouchables. Ce n'était jamais de leur faute, et toujours celle d'un des sous-fifres.

Ce fut donc pourquoi je suivis, MOI, le plan à la lettre, postant mes hommes autour du bar, laissant les Marines faire leur « enquête ». Au fur et à mesure que le ton des voix montait, mon risque d’infarctus grimpait en flèche. Le coup de feu qui détonna faillit m'achever. PUTAIN ON A DIT DISCRET !!! avais-je envie de hurler !!!!
J'étais plus ou moins calme quand je rejoignis Clotho devant la maison qui servait d'entrée/sortie des hommes de Basalte. Le propriétaire du bar se faisait juste graisser la patte pour fermer les yeux sur ce qu'il pourrait voir.
- « Lieutenant, pour l'amour de ce que vous avez de sacré dans votre caboche... quand on vous dit de faire discret, vous faites discret. Je vais vous faire copier mille fois la définition du mot, à votre retour. Avec votre sang, espèce de bourrin ! Pensez avec votre cerveau, pour une fois ! » Comme quoi, on ne se refaisait pas. Certes, on avait des résultats mais... « Maintenant, on se dépêche ! Avant que les Marines du coin ne viennent enquêter sur votre faux coup de feu. On sait qu'ils ne vont pas se presser, mais ils vont arriver. Alors, on se dépêche. Mais on ne fonce pas tête baissée. Lieutenant, réfléchissez ! C'est un ordre ! »

Avec ces derniers mots, nous nous engageâmes dans les tunnels. Je m'étais préparée à quelque chose digne des bonnes séries B : des passages voûtés, trop petits pour qu'on se tienne debout, aux remugles de pourriture humide, voir même des jonctions avec les égouts. En conséquence de quoi, je fus surprise de trouver des couloirs certes aux dimensions réduites, mais suffisamment larges pour faire passer des marchandises, secs, poussiéreux et constellés de toiles d'araignées. On entendait dans les murs le son furtif de rôdeurs qui fuyaient à notre approche, avec des petits cris d'alerte pour leur congénères.
- « Bon qu'est-ce qu'on a... …. Là, et là, des traces de pas qui vont et viennent. »
La poussière et la crasse avaient gardé l'empreinte des chaussures des malfrats. Après une étude rapide des lieux, nous identifiâmes trois semelles distinctives, ce qui nous permettait de remonter la piste. Aussitôt dit, aussitôt fait. L'équipe mixte CP-Marine se mit en branle, avec un éclaireur de chaque groupe pour marquer le chemin et faire face à tout colocataire des tunnels indésirables. Je laissai le soin aux Marines de gérer cette situation, fidèle à mes plans.

Après presque une heure de tâtonnages, de mauvaises pistes et de rebrousse-chemin, nous arrivâmes devant une porte en métal. Visiblement récemment changée, elle montrait tous les signes d'une utilisation régulière. Tous nos instincts étaient passés en mode « sauvage » : pourquoi quelqu'un irait remplacer les usuelles portes en gros bois qui avaient parsemé les couloirs ? Nous avions trouvé la planque de Basalte, nous le sentions. Un de mes hommes s'approcha et passa quelques minutes à forcer la serrure, entre ses talents de crocheteur, vestige d'une vie antérieure un peu trouble (un peu beaucoup, oui!) qui faisait de lui l'excellent CP qu'il était, et son utilisation des plus délicates du Shigan. Il arrivait à faire des shigans du bout des doigts, de telle sorte que les dégâts étaient toujours là, peut-être moins étendus, mais extrêmement ciblés. Et c't enfoiré refusait de m'apprendre comment il faisait !
La porte s'ouvrit sur l'entresol d'un entrepôt, lui-même situé du côté des quais, comme l'indiquait le bruit de ressac et le parfum iodé qui flottait dans l'air. Un autre coin où la Marine ne mettait pas les pieds, laissant pulluler les petits échanges pas très légaux. Ce n'était pas du laxisme, c'était de la prévention contrôlée. Tout le monde savait que si le Gouvernement décapait trop en surface, cela ne réglait pas le problème : ça ne faisait que chasser les brigands, les poussant à s'enterrer encore plus profondément, loin des yeux. Alors qu'en admettant une zone à la mode court des miracles, le Gouvernement pouvait contenir le crime. Je savais d'ailleurs qu'à de nombreux endroits, le roi des voleurs était expressément « nommé » par le Gouvernement. Sur Logue Town, Ackbar avait la dure mission de présenter l'île comme la Marie-Joie des Blues, aussi les choses étaient plus subtiles. Disons que la pègre locale savait qu'elle devait se contenter de survivre, et que pour survivre, il fallait coopérer. A ce titre, Basalte était encore plus dangereux, puisqu'il avait réussi à s'implanter partout sur East Blue, et notamment Logue Town, sans se faire dénoncer par ses « petits camarades ». Quels moyens de pression avait-il ainsi sur la vermine des bas-fonds ? Et dire que ma hiérarchie n'avait pas cru que mes rapports méritaient qu'on s'y attardât !

L'endroit tenait presque plus d'un atelier de réparation nautique qu'un simple entrepôt. Partout, des machines en métal assez colossales, avec des pitons et des tiges qui s'élevaient haut vers le plafond situé à plusieurs mètres au-dessus de nos têtes. Avisant un escalier qui permettait de rejoindre les bureaux qui courraient en mezzanine tout le tour du bâtiment, je grimpai. L'équipe se dispersait, pour étudier les lieux. Pour le moment, tout était silencieux et on n'avait pas vu âme qui vive.
Tout allait changer quand une sentinelle donna l'alerte. Nous étions découverts ! Alors nous passâmes à l'attaque. Puisque nous n'avions aucune information, pas même savoir si nous étions au bon endroit, nous ne pouvions les tuer. Les nouvelles lois passées en 1625 nous permettaient de faire à peu près ce qu'on voulait, si on maquillait ça de façon astucieuse, mais je n'étais pas révo pour rien. Je répugnais à utiliser de méthodes fatales sur des innocents ou de non-coupables du crime que je cherchais à élucider. Oh, en général, la plupart des types pris dans ce genre de situation méritaient largement un coup voire la mort. Mais dans le doute... et puis quid de la présomption d'innocence ? Ce n'était pas parce que beaucoup étaient pourris qu'il fallait assumer que tous l'étaient.
Bref !
Un peu partout, des combats s'engageaient, avec des détonations, des cris, et le tout dans une pénombre ambiante que nos lampes éclairaient par à-coups. J'évitai un premier adversaire en me glissant sous son bras, laissant mon acolyte CP s'en charger. Ma mission était désormais claire : faire le tour des bureaux sur la mezzanine pour vérifier que personne ne s'échappât ou ne fit disparaître les preuves dont j'avais besoin pour justifier ma présence ici, et pas sur XXX. Je filai donc, utilisant mon soru pour distancer toute menace physique. Bien entendu, ce fut à l'avant-dernière pièce que tout se joua. J'avais déjà rapidement scanné les trois précédentes et une pierre de plus en plus grosse coulait dans mon estomac. Rien, ziet, nada. L'opération était un échec complet... Du coup, je m'attendais vraiment à trouver les deux dernières petites cellules vides, mais non. Décidément, c'était une soirée de rebelle, entre moi qui défiais les ordres directs et les éléments narratifs qui ne donnaient pas dans la facilité du cliché.
Un homme sortit donc de la pièce comme un diable de sa boite et étendit son bras pour venir me percuter à pleine vitesse. Lui aussi avait un soru, bien que très particulier. Peut-être un élève recalé de l'EGLISE, un aspirant n'ayant pas donné suite à son ambition ? Ou avait-il simplement développé sa propre version du rokushiki ? Aucune idée.
Je fis un bond en arrière pour mettre une distance de sécurité entre nous et je déroulais mes fils. Avec le peu de luminosité, mon adversaire ne put en contrer que quelques-uns et bientôt j'avais saucissonné ma proie. Celle-ci poussa une sorte de gémissement très peu viril et s'écrasa au sol, sans pouvoir amortir sa chute. Cet affrontement avait duré peut-être trente secondes, mais ce fut suffisant pour le dernier pirate. Profitant que nous étions tous occupés, il était sorti doucement de son bureau et avait pris le temps de viser. La détonation se répercuta en écho le long des poutrelles en métal qui soutenaient le toit, et je partis en arrière, une douleur fulgurante me cisaillant les côtes. Je venais de me prendre une balle. Logée dans mon abdomen, celle-ci n'avait pas autant de dégâts que prévu. Peut-être avais-je bougé au dernier moment, de telle sorte que j'avais été trouée dans le « gras » du bide, là où les hommes avaient des poignées d'amour – ce qui n'était pas mon cas. Aucun organe n'était touché, et si je saignais abondamment, ce n'était pas une hémorragie. Ceci dit, ça ne faisait pas du bien.

- « OK, c'est bon. Vous êtes en état d'arrestation, vous venez de tirer sur un agent du Cipher Pol. Lâchez votre arme ! » ordonnais-je en me remettant difficilement sur pieds. Devant moi la silhouette de l'homme au pistolet n'avait pas frémi.
- « Je refuse. Et vous allez mourir. » Il réarma le chien et tira. Cette fois, je réagis à temps. Je sautai sur le côté, grimaçant en sentant une douleur vrillante au ventre. Le bandit continua de me viser, et je continuai d'esquiver, allant jusqu'à jaillir hors du couloir supérieur, pour m'échapper dans les airs. Cependant, ma blessure m'empêchait d'être aussi mobile que d'habitude et en plus d'être à bout de souffle, je sentais le sang s'écouler. Tôt ou tard, ça allait rendre cette situation critique. Je m'abritai donc sur une poutrelle du toit. La barre de métal me cachait presque totalement à la vue du pirate. Une ou deux balles ricochèrent avec une étincelle avant qu'il ne comprît.
Glissant un coup d’œil prudent au coin de mon abri, je m'aperçus qu'il avait disparu. S'était-il échappé ? Prise d'une peur soudaine, je fis l'erreur stupide de trop bouger et cela ne manqua pas : une balle me frôla, mangeant dans la chair de mon bras, laissant un sillon sanglant derrière elle. Ainsi il avait déjà rechargé son arme, ou il en avait une de rechange. Qu'importait : je devais le capturer. Je pris mon élan et me précipitai sur lui en zigzag, avant d'utiliser un soru pour me déplacer derrière lui. Encore une fois, il lut dans mes mouvements, quoi qu'il ne put m'empêcher de lui asséner un coup du tranchant de la main. Ainsi, au lieu de tomber net inconscient, il trébucha en avant, mit un genoux à terre et resta un instant sonné. Je commençai à le saucissonner quand un rayon de lune, transperçant la nuit, inonda de sa clarté laiteuse l'entrepôt. Automatiquement, nous nous regardâmes.

- « A... Adrian ! » Le nom m'échappa en un souffle. Le temps n'avait pas été clément avec lui. Deux ans à peine, mais le bel homme viril aux côtés de voyou, au charme canaille, avait laissé place à un être noueux, à la musculature sèche bien que terriblement acérée, aux yeux emplis de la folie de la vengeance. Des rides marquaient son visage et preuve de ses expériences passés, ses cheveux jadis châtain blond avaient viré au jaune pisseux tirant vers le gris.
- « Stella. Ou plutôt, Shaïness. Je ne m'attendais pas à te trouver encore à Logue Town. »
« Mais que fais-tu ici ? Tu... tu bosses pour ce Basalte ? »
- « Basalte ? Pitié, dis-moi que ce n'est pas toi qui a trouvé ce nom de code. »
Le fait que nous échangions en toute « tranquillité » alors que clairement, nous étions ennemis, se rappela à moi.
- « Non, mais quand bien même ! ... Je peux encore peut-être t'aider, si tu coopères ! » Pour moi, Adrian n'était encore qu'un homme de main. Un homme que j'aurais pu aimer, dans un monde parallèle. Un homme pour lequel j'aurais parjuré mon serment de CP. Je serais devenue pirate à ses côtés plutôt que révolutionnaire à ceux de Raven.
- « Oh, tu veux m'aider ? Comme tu m'as aidé avant ? » Parce que la rencontre avec un homme que je ne pensais jamais revoir m'avait figée, je n'avais pas fini mon geste. Adrian en profita pour attraper les fils qui pendaient mollement autour de lui, pour les arracher, les couper et les jeter loin de lui. Il était libre et moi, déstabilisée par l'onde de choc. Il tendit le bras et je crus qu'il allait me retenir, toujours aussi galant, mais il m'attrapa à la gorge et me plaqua violemment contre le mur le plus proche. J'émis un chuintement étouffé de protestation avant de devoir me battre pour respirer. « Tu m'as trahi, tu m'as vendu au CP. »
Je finis par recourir à la bonne vieille méthode consistant à lui envoyer un coup dans les roubignoles. Classique, mais efficace. Toutefois, mon coup ne porta pas exactement au bon endroit et je dus me contenter de lui écraser la cuisse. Cela suffit cependant à ce qu'il me lâchât. Je glissai, prenant de grande goulées d'air, puis me redressai :
- « J'étais déjà agent CP, Adrian. Mais je ne t'ai pas vendu. Au contraire, j'ai tenté de te sauver la vie. Comme j'essaie encore de le faire maintenant. Sois raisonnable, bon sang ! Tu ne vas pas t'en sortir, surtout si tu te fais de nouveau capturer. Cet entrepôt est cerné. Tu es fait ! »
Je mentais, mais ça, il n'était pas censé le savoir.
- « Si tu crois que je vais me laisser reprendre ! Regarde, regarde-moi ! Regarde ce que tu m'as fait quand tu m'as livré à Impel Down !!! » clama-t-il en se désignant.
Je n'étais pas au courant de son devenir. J'avais eu autre chose à faire, notamment mes débuts dans la révolution, mais je savais parfaitement que j'avais volontairement éludé le problème. Je ne voulais pas savoir. Trop de remords étaient attachés à cette mission. Finalement, j'étais destinée à trahir, et je regretterais toujours ne de pas avoir vécu aux côtés d'Adrian Salvatore. Les fameux « et si... » qui vont empêchent parfois de dormir et qui vous hantent jusqu'à votre lit de mort.
J'étais sous le choc. Impel Down, rien que ça. Pour avoir étudier un minimum son dossier, je savais qu'Adrian n'était pas un enfant de cœur et que ce qu'il avait fait avant de tenter de faire chanter Akbar, ce n'était pas bien joli-joli. Mais de là à l'envoyer à Impel Down? Ça me semblait bien trop excessif.
- « Ben justement ! Travaille avec moi, et je t'évite Impel Down. Aide-moi à capturer Basalte et je te garantis que tu t'échapperas. Tu pourras recommencer à zéro quelque part, et sans besoin de retomber dans le crime comme maintenant. »
- « … je me demande vraiment comme j'ai pu me faire capturer par une bécasse comme toi. » La haine dans sa voix me glaça. Ce fut à ce moment que je compris que j'avais raté une marche. Il avança rapidement, profitant de – je l'avoue – de ma très, très grande stupidité sur ce coup. « C'est pourtant assez évident. JE suis Basalte ! C'est moi qui aie monté toutes ces opérations, et il a fallu que ça soit toi, TOI d'entre tous, qui vienne pourrir mes plans une fois de plus. » Tout en parlant, il m'avait agrippé les cheveux, me tordant le cou, me forçant à tomber à genoux et il m'avait envoyé un coup de poing dans le ventre. Pas forcément exactement sur ma blessure, mais ça suffisait à m'envoyer dans les vapes pour une seconde. Le temps qu'il m'assenât une claque monumentale pour me faire revenir à moi. « Bah, c'est aussi bien comme ça. Tu étais la prochaine sur la liste, après Akbar. Apparemment je vais m'occuper de toi maintenant avant de me farcir le vieux demain. »

Ce fut la faute qu'il le perdit. Pas de me raconter son plan en un très attendu soliloque du méchant. Mais de mentionner Akbar. J'étais bêtement loyale au contre-amiral. Hé, j'étais devenue révolutionnaire pour lui sauver ses miches flétries, au vieux ! Il incarnait exactement ce que je voulais que la Marine fût : droiture, probité, avec un zeste d'humanité pour ternir juste ce qu'il fallait la description d'un héros en armure brillante, donc forcément pas crédible. Donc, quoi que fut le plan d'A-- de Basalte, aussi machiavélique fut-il, je me devais de l'arrêter. Je ne laisserai pas Logue Town tomber entre les mains d'un remplaçant qui serait forcément moins bien qu'Akbar. Je n'avais pas trahi mon serment CP pour que le vieux clamsât deux ans après ! J’attendais un meilleur rendement de mon investissement.
- « Dans tes rêves, mon vieux. » lui crachai-je au visage. Littéralement. Et j'enchaînai avec un coup de boule montant tandis que je me redressai, chose que je m'étais jurée de ne plus refaire depuis mon affrontement avec Jo, mais je faisais avec les moyens du bord. Aïe.
Je me relevai, fauchant ses jambes d'un mouvement pas si gracieux que ça – balle dans le bide, je le rappelle – puis, pendant qu'il se tassait sur lui-même, je levai mon genou haut pendant que j'assenais sur sa nuque mes deux poings regroupés en une même masse, de telle sort que son front vint s'empaler sur mon genou. Encore une fois, mémo à soi-même : ne pas recommencer. Ou alors, boire plus de lait. L'os du genoux, ça peut se fêler ? Au final, je n'étais vraiment pas faite pour le corps à corps. Je reculai d'un pas, pour porter mon shigan depuis l'épaule, et mes doigts s'enfoncèrent dans son épaule, brisant nerfs et tendons au passage, effleurant son cœur d'un peu trop près. Il était cuit.

- « Je suis déçue, Adrian. Je ne te pensais pas assez bête pour te faire bouffer par un désir stérile de vengeance. » lui dis-je alors que je l'attachai avec mes fils. Il ruait comme un beau diable, mais il ne pouvait plus gagner.
- « La vengeance, c'est la seule chose qu'Impel te laisse. Je ne suis rien d'autre que le produit de ton Gouvernement. Je voulais vous détruire tous, comme ça, plus personne n'aurait eu affaire avec vous. Vous êtes tous des pourritures, et on devrait me remettre une médaille pour ce que j'ai fait. »
- « Tenter de faire, mon cher. Si tu crois que je vais laisser Akbar se rendre à la parade demain, tu te goures. » J'avais facilement additionné deux et deux. Basalte avait clairement menacé la vie du Gouverneur, avec une action qui devait avoir lieu « demain ». Or, demain, c'était la mise à flot d'une énième frégate reçue des chantiers navals de la Marine. Akbar devait assister aux célébrations militaires qui s'étaient transformées en une sorte de mini festival d'honneur dans les rues de Logue Town. L'occasion rêvée pour le tuer. « C'est fini, Monsieur le révolutionnaire. Game over. »
- « J'suis pas révo ! »
- « Et c'est bien là le problème. » Si seulement.
Sur ses mots fatidiques, je lui donnai un dernier coup, l’assommant pour de bon.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:17, édité 1 fois
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Lorsqu'on m'engueule, j'ai une tactique imparable pour éviter les balles. J'utilise la techniques des femmes à se concentrer sur autre chose. Elles pensent généralement à du shopping, des fringues, un nouveau porte feuille ou tout autre chose aussi futile. Moi, je pense à … rien. Purement et simplement rien. Pas de plage, pas de sable fin, blanc et chaud qui réchauffe les pieds ni même de cocotier. J'imagine un endroit blanc, entièrement, sans aucune tâche. Pourtant, mes yeux en voient une tâche. Et une grosse même. Avec ses cheveux roses criant on a juste envie de les lui arracher pour passer inaperçu. Mais on ne peut pas parce que ''madame'' est notre chef intérimaire. Alors on se retient. Je penche la tête vers le bas pour faire comme si ce qu'elle me reprochait me touchait, secoue la tête de temps en temps pour avoir l'air crédible. Quand elle parle de mon cerveau, c'est tout naturellement que je baisse la tête pour le regarder. Elle ne semble pas comprendre la blague. Ok, pas grave. Je suis de retour dans la réalité. Puis elle se décide quand même à baisser le volume et à rentrer dans l'inconnu.

Certes, je ne m'attendais pas à un hôtel quatre étoiles caché derrière. Certes, je ne m'attendais pas non plus à un endroit propre et nettoyer huit fois par jour. Mais alors ça … ça dépasse mes cauchemars. Je n'ai pas peur de grand chose dans ce monde. Mais les araignées, ça ne passe pas. Dès que j'en voie une, je suis OBLIGE de l'écraser. Ces créatures sont tout simplement immondes et ne devraient pas exister. Oui, je sais, elles participent à la régulation de blablablabla. Je m'en fou ! C'est moche, ça a huit pattes, plein d'yeux. C'est malsain ces bestioles là ! Aussi, lorsque mes yeux en aperçoivent une dès notre entrée dans le tunnel, je me blottis de l'autre côté comme si l'animal jetait de l'acide. Puis, d'un revers de coude bien placé, je lui écrase le sternum. Et tout son corps avec, au passage. Je me frotte contre la paroi pour nettoyer cette … chose. Enfin, ce qu'il en reste quoi. Puis j'avance en suivant Shaïness. Après un temps qui me semble incroyable, on arrive devant une grande porte. C'est pas trop tôt. On a fait … huit, neuf cent demi tour, à quelques centaines près. Les femmes n'ont vraiment pas le sens de l'orientation, ceci est confirmé par l'heure perdue dans les tunnels.La prochaine fois, c'est un homme qui dirigera !

Tandis qu'un des hommes du Cipher Pol règle la question problématique de la porte, les marins surveillent nos arrières. On est tous sur le qui-vive, sentant qu'on touche au but. Rien ni personne n'échappera à mon super rad … ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Je plaque ma main sur ma bouche tandis que je vois la chose la plus horrible se produire devant mes yeux. Une araignée est descendue du plafond pour venir jusque sous mes yeux, littéralement. Elle vient de se poser sur mon nez. Là, je suis partagé entre l'idée d'hurler, de me secouer dans tous les sens comme un roseau, de me frapper un grand coup en me brisant le nez et écrasant cette saleté, de me balancer violemment contre le mur pour éliminer cette chose ou bien de me frapper avec mon arme. Finalement, c'est instinctivement que je réagis. Je me jette sur un marine et enfonce ma tête droit sur  son dos. Les yeux fermés, je ne vois rien. Je me frotte contre lui pour me débarrasser de cette chose. Après plusieurs secondes de calinage intense, j'arrête et relâche le prisonnier de mon étreinte. Tout le monde me regarde avec surprise.


'' Une araignée. ''

Ils poussent un soupir de compréhension et retournent à leur poste. Chacun de la division à Logue Town sait que je suis arachnophobe depuis que j'ai accidentellement réveillé toute la base en hurlant après avoir retrouvé un spécimen de dix centimètres juste sur mon lit alors que j'allais m'asseoir. Ils ne sont donc plus étonné. La porte finit par sauter sous les assaut de l'homme de l'ombre. Une odeur bien connu de toute les personnes présentent se répand. L'océan. On est sur les quais, ou presque. On regarde partout autour de nous. Des trafiquants, des commerçants … comment peuvent-ils vivre ici ? Comment peuvent-ils faire leur commerce ici alors que l'île est la plus sécurisée des Blues ? Comment ont-ils fait ? Par quels prodige la marine ne les a-t-elle pas encore découverte ? C'est purement improbable qu'elle n'en ai jamais entendu parler. Un truc de cet ampleur … C'est donc qu'elle a fermé les yeux ? Mais … comment ? Pourquoi ? Quelles raisons peuvent être assez importantes pour laisser courir ce quartier de non droit ? Je suis stupéfait par ce que je vois et semble comprendre. Ils seraient de mèche avec le gouvernement ?! Ackbar les laisserai faire ? On le saura bien assez tôt s'ils n'agissent pas suite à mon rapport. On est dans ce qui ressemble à un entrepôt de réparation de bateaux. Des trucs énormes sont entreposés ici, des machines toutes aussi énormes pour les réparer. Du métal à droite, du métal à gauche … Shaïness décide de monter en haut dans les bureaux. Notre rôle, lui faire gagner du temps. Avant qu'on ne comprenne, l'alerte est donné. Des hommes sortent de partout, semblant cachés sous les lattes de bois. Armés de fusils, de couteaux et d'autres armes, ils commencent à nous canarder.

'' A couvert ! ''

Ayant juste le temps de prononcer la phrase tout en me retirant moi même derrière un gros morceaux qui abrite cinq d'entre nous, je ne peux qu'espérer que les hommes m'ont entendu. Je vois chacun d'eux se protéger derrière des morceaux de métaux sur le sol, des bouts de bois qui dépassent du sol … Mais beaucoup ne tiendront pas longtemps. On doit aller les aider. J'ordonne aux hommes de fournir un feu nourri de tirs pendant que les autres avancent un peu pour trouver un meilleur endroit. Trente secondes durant lesquelles ont entend plus rien d'autre que le bruits de la poudre, des balles qui fusent et rebondissent sur le métal. On arrête. Les bandits recommencent. Certains se pointent derrière nous. On les allume comme on peut. Certains sont près. Trop près. On termine au corps à corps. J'ai à peine le temps de sortir mon sabre qu'un agent du Cipher pol retire ses doigts fumants des désormais victimes qui tombent sur le sol. Il les a transpercés avec son doigt ou je rêve ?! Peu importe. Je lui donne des instructions claires et précises auquel il se conforme. Avec deux de ses collègues, ils prennent notre protection, la soulève légèrement. Nous, on se tient près à tirer. Trois. Deux. Un. Action. En utilisant le … soru je crois, ils disparaissent pour atterrir en plein milieu du groupe ennemi. Ils rendent leur corps aussi solide que possible via une de leur technique secrète. Les défenseurs ne nous calculent même plus, considérant ces agents comme menace supérieure. Ça me vexe. Mais le fait est qu'ils ont raison. Les dits agents se font tirer comme des lapins, mais les balles ricochent sur leur peau. Les marins en profitent pour tirer sur les ennemis qui nous ont oublié. Rapidement, ils se re-concentrent sur nous, se faisant ainsi piéger par les agents vers qui ils se retournent … et ainsi de suite, jusqu'à ce que les derniers décident de se rendre. On était pris entre deux feux, on leur a rendu la monnaie de leur pièce.

On vérifie rapidement que chacun soit maîtrisé, arrêté et désarmé. On fait l'état de nos effectifs. Tout le monde est entier. Certains sont blessés. Deux graves, trois légers. Je me précipite vers mes hommes blessés. J'appuie sur la blessure pour faire un point de compression, comme on nous a appris, rapidement, à l'école. Mais sas médecins, ils ne survivront pas je pense. Vu la quantité de sang qui s'écoule de leur corps, j'ai peur pour eux. Aussi, l'objectif est de terminer la mission le plus rapidement possible et se précipiter dans un hôpital, une clinique ou un truc pour soigner. Tandis qu'en bas il n'y a plus que des râles, des gémissements de mécontentement, des suffocations dus aux blessures, on entend le bruit d'une balle qui fuse en haut. On lève la tête vers le ciel. Des cheveux roses dépassent. Shaïness. Est-elle blessée ? Impossible à voir d'ici. Elle se réfugie derrière une poutrelle, dans les airs pour se mettre à l'abri, tandis que d'autres balles fusent vers elle. Puis elle fonce vers son adversaire après un certain temps. On ne voit plus rien. On entend plus rien, sauf le bruit de fils qu'on déroule. Plus aucun bruit. Que faire ? Aller la voir et l'aider au risque de laisser s'échapper des malfrats ou bien rester ici, risquer de voir sa chef prise en otage ou mourir et le criminel responsable s'enfuir ? Je ne sais que faire. Pendant que tout les marins regardent en haut, les prisonniers ne profitent pour essayer de s'échapper. L'un d'eux parvient à attraper le fusil d'un des soldats, sans même qu'on ne le remarque. C'est un des blessés qui tousse assez fort pour nous tirer de notre observation. C'est grâce à lui qu'on se tourne et qu'on voit la scène. Cinq hommes se jettent sur le futur cadavre et ne le relâchent que lorsqu'il lâche son arme de force. Je pointe mon fusil sur sa tête tandis que les autres mettent en joug ceux qui veulent s'enfuir et les rappelle.


'' Toi, j't'aime pas. ''

Puis je lui colle un grand coup avec la garde, lui fracassant le nez. S'il était resté à sa place, comme les autres, il aurait gardé son nez en l'état. Les presque évadés reviennent contre leur gré sous la menace d'être transformés en gruyère. On entend quelques bruits à l'étage. Je prends la décision d'aller voir quand même ce qu'il se passe. Si jamais Shaïness s'est faite tuer, on ne va pas rester là comme des cons à attendre que l'évadé aille chercher des renforts pour nous faire la peau. Je monte les escaliers rapidement, enjambant trois marches à la fois. Je saute les dernière pour atterrir tout en haut. Je pointe mon fusil vers l'avant et marche prudemment. Je vois deux silhouettes au loin. Les cheveux roses m'indiquent ma supérieure. Elle bouge. Donc elle est en vie. Chouette. J'avance plus rapidement en baissant mon arme. Elle tient son adversaire en respect, à sa merci. Ils échangent des mots. J'suis trop loin pour entendre, alors je me rapproche. Les dernières phrases parviennent à mes oreilles ceci dit.

« C'est fini, Monsieur le révolutionnaire. Game over. »
- « J'suis pas révo ! »
- « Et c'est bien là le problème. »

J'identifie la première voix comme celle de la noble. Et là, je ne comprends pas le sens de ses propos. En quoi c'est un soucis de ne pas être un révolutionnaire ? Normalement, on devrait être content de ne pas être révolutionnaire. Veut-elle dire qu'il aurait mieux valu qu'il soit révo pour qu'on lui pardonne ? Non, pas possible. Alors qu'est-ce qu'elle veut dire bordel ? Je me racle la gorge pour la prévenir que je suis là. " Agent Raven-Cooper ? On est bon en bas. On a arrêté tous ceux qu'on a pu. On a une dizaine de criminels menottés qui attende vos ordres. On a aussi deux blessés graves qui ont besoin de soins urgemment, et deux plus légers qui survivront sans soucis. " Voilà. Moi, j'ai fait ma part. A elle de décider de la marche à suivre ensuite.


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- « Alors on y va.  » répondis-je laconiquement. « J'ai arrêté Basalte. » J'avais trop mal pour parler plus. On était bien loin de la Shaïness Raven-Cooper qui avait désobligeamment dévisagé un certain Lieutenant arachnophobe. Son petit manège me m'avait pas fait rire, loin de là. Je comprenais bien la notion de phobie. Quelle chance, je n'en avais aucune. Sûrement parce que je considérais que les phobies, c'était bon pour les faibles. Seul un faible pouvait laisser un élément extérieur influencer son comportement à ce point. S'il y avait bien une chose que je n'étais pas, que je ne serai pas, c'était bien ridicule.

Sortant un den-den, j'appelai les renforts, qui nous rejoignirent rapidement, prenant en charge les blessés. Techniquement, j'aurais dû faire partie du lot des évacués vers l'hôpital, mais techniquement aussi, j'étais censée être sur l'île XXX, donc ce don d’ubiquité soudaine me valut un aller-direct pour le bureau de mon chef. Le Lieutenant Tas'Natak n'était pas là, pour le moment mis au garde-à-vous dans le couloir, pendant que moi, la chef d'équipe, devait répondre de mes actes.

- « Agent Raven-Cooper, vos ordres étaient pourtant clairs, non ? Que faites-vous donc ici ?»
- « Chef, cet interrogatoire est officiel ?  »
- «Bien sûr qu'il est officiel !! Qu'est-ce que vous pensez qui se passe ici ? Qu'on joue à la dînette ?  » me hurla-t-il dessus. Le truc, avec le chef, c'était qu'il savait hurler, sans hurler. Le volume de sa voix était resté le même, pourtant, je venais de me prendre une soufflante. Il désignait d'une main tremblante une assistante qui prenait des notes d'un air pincé. Une agent de niveau un, extrêmement ravie de me voir ainsi réprimandée. Avec un peu de chance, pensait-elle sûrement, j'allais me faire virer, ce qui faisait une place de libre à prendre.
- « Ah. Si c'est officiel, je peux donc déclarer, de façon à ce que ça reste ainsi dans les comptes-rendu que votre plan a fonctionné à merveille. »
- « Mon plan ? »
- « Mais oui, Chef, votre plan. Bien entendu. Le plan qui consistait à brouiller les pistes, et qui s'est conclu par l'arrestation magistrale dudit Basalte. » Et je lui fis un gros clin d’œil peu, très peu subtil. Sachant que la subtilité m'était ce que le pathétique était à Clotho - une seconde peau, donc, pour ceux et celles qui en douteraient – chose que mon boss n'ignorait plus, il s'arrêta. Fronça les sourcils. J'entendais presque les rouages de son cerveau se mettre en branle. Finalement il congédia l'assistante d'un geste et j'eus le plaisir de pouvoir faire glisser le tapis sous ma chaussure, de telle sorte qu'elle trébuchât légèrement en sortant de la pièce.
- « Parlez-moi donc plus en profondeur de mon plan génial. »

Ah, l'ambition et l'opportunisme. Les pêchés mignons de tout agent Cipher Pol qui se respectait. Mon coordinateur avait bien vu qu'il pouvait avoir plus d'intérêt à tirer profit de cette arrestation forte opportune, que je lui livrais clés en main, qu'à devoir me punir officiellement, avouant ainsi un manquement à la formation de ses agents, sans parler de toute la paperasse que cela allait provoquer. N'oubliez pas que j'étais aussi la protégée d'Akbar, ce que tous ceux un peu démerde savaient – et que si le Contre-amiral n'allait pas fermer les yeux sur une violation grave, il ne validerait pas une mise à pieds aussi facilement.

- « Votre plan génial consistait à laisser croire que mes informations ne vous intéressaient pas, au cas où le dénommé Basalte aurait eu des contacts au sein du Gouvernement. Vu l'étendu de son réseau, c'était une piste à ne pas négliger. Malheureusement, bien entendu. »
- « Bien entendu. » en convint-il avec le ton chagriné approprié.
- « Vous avez fait donc croire que mon équipe partait vers une énième opération montée de toute pièce par la cible pour nous égarer, lui faisant croire que nous n'étions pas sur ses véritables traces. Vous avez autorisé un petit groupe d'agents expérimentés ou prometteurs à enquêter en toute discrétion sur une piste à laquelle peu auraient prêté attention. Mais vous, vous avez du flair, de l'intuition. Vous êtes un bon agent. »
- « Un très bon agent.. »
- « Vous êtes coordinateur, après tout. Et voilà. La piste a dépassé vos espérance. Ce qui devait être un coup de filet de petite envergure se trouva être, par la plus grande des chances, la capture du criminel le plus recherché du moment. Tout ça grâce à vous. »
- « Et je suppose, grâce à vous ? » me fit-il, bien caustique.
- « Oh, le Lieutnant Tas'Natak et moi-même sont des agents au service du Gouvernement. Nous n'avons fait que suivre les ordres. Notre mission était très bien définie, et nous avons su, en effet, la mener à bien. Surtout étant données les circonstances. »
- « Hum... » Il se renversa dans son fauteuil, contemplant les différentes options à sa disposition.

En lui laissant tordre un peu la réalité des choses, à présenter cette opération comme étant le fruit de son travail d'investigation, en partageant avec lui les résultats de MON succès, je me le mettais dans ma poche. Nous savions tous les deux qu'il n'aurait pas forcément eu cette idée de lui-même, mais que s'il l'avait eu, rien ne l'empêchait de tirer la couverture à lui. Il n'avait pas besoin de ma bénédiction pour ça. Mais en la lui donnant, je nous sauvais des foudres à venir. Je jouais le jeu d'équipe : couvre-moi, et je te couvre.

- « Puis-je aussi ajouter que le suspect a avoué la préparation d'un attentat contre le Contre-amiral Akbar demain ? Une action qui pourrait toujours avoir lieu, en dépit de l'arrestation de Basalte. Une que vous pourriez arrêter de vous-même. Le prisonnier est actuellement dans un cachot. Nul doute que vous serez lui arracher tous ses secrets. »
- « Nul doute, en effet. C'est bon, vous pouvez disposer. Je veux votre rapport sur mon bureau demain. »

Après avoir mis Clotho au courant, pour que nos rapports fussent concordants, je n'eus plus qu'à attendre les retombées. Mon chef fut félicité de sa grande perspicacité et de sa prise d'initiative, et parce qu'il avait, dans sa grande bonté, mentionné nos états de service dans son compte-rendu, Akbar en personne vint nous serrer la paluche. Enfin, c'était ce qui était prévu. Nous héritâmes de son aide de camp. C'était déjà pas mal. Ça voulait surtout dire, pour moi, que désormais, c'était moi qui devais une faveur au chef. En me faisant briller ainsi, il avait renversé la balance du pouvoir. Bah, que voulez-vous ? Il était chef pour une bonne raison.

Quelques jours de repos me furent imposés. Prendre une balle dans le bide, ce n'était vraiment pas facile à gérer. Je n'étais pas suffisamment fatiguée pour rester au lit dormir, mais c'était suffisamment handicapant pour ne me laisser rien faire d'autre. Finalement, je m'assis sur un banc longeant le terrain d'entraînement extérieur, où j'avais convoqué Clotho.
- « Bon, Lieutenant. On va tenter de nouveau. Avez-vous compris quel était le message à retenir, celui qui vous a totalement échappé la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ici ? »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 17 Mar 2015 - 18:20, édité 2 fois
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Manipulation. Mensonges. Flatter l'égo de son supérieur pour s'attirer ses faveurs. Nul doute que ma chef d'équipe baignait dans cette atmosphère depuis sa plus tendre enfance. Car pour jouer ainsi le jeu de la politique, il faut s'y connaître. Cette attitude ne me plait pas du tout. Je ne la cautionne pas. Non pas que ça me gêne que ce soit son chef qui s'attirer tout le mérite d'une telle opération, mais parce que je ne suis pas pour le mensonge, tout simplement, quel qu'il soit. Pourtant, on a menti à nos supérieurs. On a trahit notre acte de mission, celui pour lequel on avait signé. On en a fait à notre tête. Et ça a payé. En suivant Shaïness, l'opération a été un franc succès, total et complet. Et ça n'empêche pas que j'ai un mauvais goût dans la bouche. Mais je ne dis rien. Et je ne dirais rien. Ca serait ma parole contre celle d'une chef d'équipe et de son supérieur. Autrement dit une fourmis affrontant un ouragan. Je comprends pourquoi elle a menti ainsi éhontément au gouvernement. Mais je n'aime pas ça. En même temps, j'suis pas sûr que me faire radier de la marine et me condamner à mort soit forcément très utile au monde, au contraire. Lorsque l'on veut évoluer, doit-on vraiment jouer le jeu de la politique ? Dont on mentir sans cesse ? A tout le monde ? Doit-on dire aux autres ce qu'ils veulent entendre ? Pourquoi est-ce que l'honnêteté, la franchise, le respect, les actions et les gestes ne suffisent pas ? Ca serait tellement simple si tel était le cas. Plus de mensonge, un état propre, clair et net. L'aide de camp du contre amiral vient nous voir pas longtemps après et nous félicite. Ca me fait autant d'effet qu'une bonne tranche de fromage. Ca pourrait partir à la poubelle que ça ne me gênerais pas. Enfin, ça fait quand même un peu plaisir. Mais un aide de camp n'est pas un contre amiral.

Un peu de temps passe. Quelques jours en fait. Mon départ approche, mais Shaïness me convoque. Aussi je la rejoins près du terrain d'entraînement, là où on s'est vu il n'y a pas si longtemps. Elle me demande si j'ai compris. Compris quoi ? Telle est la question. Compris qu'on doit suivre son cœur ? Avoir des informateurs fiables ? Savoir désobéir pour mieux obéir ? Mentir à ses supérieurs ? Mettre en jeu sa vie dans une mission qui aurait pu tous nous faire tuer sans être couvert par la marine ? Savoir faire de la politique ? Savoir brosser son chef dans le sens du poil ? Tellement de choses à retenir, et une si petite tête pour le faire.


" Vous parlez du message disant que pour obéir il faut parfois savoir désobéir, mentir, trahir et risquer sa vie tout en étant dans son tord ? Celui-là même qui conduit à prendre les bonnes décisions pour de mauvaises raisons ? Ou alors que le travail d'équipe, basé sur la confiance, peut accomplir bien des choses ? Désolé de ne pas saisir tous les aspects, mais c'est difficile quand on est pas vous. " Paf. Chocapics ! Je retiens mon sourire. Je suis sûr qu'elle va comprendre pourquoi je dis ça et ce qui en découle. En attendant, je m'assois enfin sur le même banc qu'elle, en ayant marre de rester debout. " Mes hommes vont mieux au fait, merci de demander. Ils s'en sont sorti tous les deux, même s'ils écopent de quelques semaines de rééducation. "


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Énième roulage d'yeux vers le ciel. Ce garçon allait m'épuiser et pire, me donner des rides avant ma trentaine.
- « Franchement, Lieutenant ? Vous en êtes arrivé à tomber si bas ? Soit... Pour votre gouverne, je vais bien aussi, merci de ne pas avoir pris de mes nouvelles. » Je lui glissai une œillade froide. « Franchement, et cette fois, sans ironie. Le boulanger est payé pour faire du pain, le comptable pour tenir les comptes et les soldats comme vous et moi, pour protéger les autres. Ça implique parfois se prendre des balles, tout comme le boulanger se lève à 4h du matin et se brûle avec son four. C'est notre métier, et on ne va pas nous donner une médaille dès qu'on le fait plus ou moins bien.
Si vous espérez que votre hiérarchie vous dise merci à chaque fois que vous suez votre litre, que vous y aller de votre goutte de sang, je vous conseille de changer de voie, et rapidement. J'espère pour vous que vous avez choisi d'être Marine. Que ce n'était pas un boulot au pis aller, ou une carrière tracée par Papa. Et j'espère que vous avez choisi d'être Marine pour les bonnes raisons. Par pour la gloire, l'argent, le poste en haut de la hiérarchie, le fait de commander des troupes ou d'avoir une zolie barrette dorée à l'épaulette. J'espère que vous partagez réellement l'envie de bien faire, de mettre ses compétences au service du boulanger et du comptable. Pas taper sur les pirates. Protéger et aider. Si demain, la piraterie devait être mise sous clé, le Monde aurait toujours besoin de la Marine. Une Marine qui au lieu d'arrêter des criminels, porterait les courses des mémés, construirait des maisons pour les démunis, mènerait des missions d'explorations scientifiques, ou autre. C'est, je vous l'accorde, une vision très utopique. Une vision dans laquelle beaucoup d'entre nous n'ont pas vraiment de place, car justement, nous sommes trop orientés vers la guerre. Honnêtement, je déteste le jardinage et il est hors de question que je fisse la lecture aux pépés de la maison de retraite. Cependant, je serai contente de prendre ma retraite, pour laisser ma place à des agents CP ayant cette fibre.
Je suis femme de guerre, parce que je ne suis pas née en temps de paix. Mais j'y aspire. J'aspire à ma propre destruction.  »


Je n'étais pas certaine que Clotho eût les capacités mentales à me suivre, ici. Ce n'était pas un discours compliqué, juste paradoxal. Peu, très peu de personnes devaient lui avoir dit ce genre de choses. Dommage.
- « Quant à vos premières interrogations.
Quelque part, votre naïveté me rappelle un peu celle que j'étais au départ. Je pense qu'on a tous une idée de ce que devrait être la Marine, le Cipher Pol, le Gouvernement. Je pense qu'on est tous déçus un jour ou l'autre, et j'espère que nous le restons tous.
Lieutenant, ce que j'ai fait sur cette mission.... je peux difficilement vous dire de ne pas le faire, jamais... parce que je l'ai fait. Je vous donne un mauvais exemple. Mais je vous donne aussi un bon exemple. Le système est ce qu'il est. Il a été monté comme ça au fur et à mesure des besoins. Oh, il y a bien des modifications, des allégements, des améliorations à y apporter, mais grosso modo, il fonctionne. Et c'est une bonne chose, car s'il ne fonctionnait pas, ça serait le chaos. Chercher à détruire le système est la pire des idées que vous pourriez avoir. Il ne faut jamais abattre le système. Il est lourd, parce qu'il gère un monde à lui tout seul.
Et parfois, cette lourdeur fait que le système se marche sur le pied et se fait mal tout seul. Vous me suivez ? C'est ce qui s'est passé ici. Mes infos, ma théorie... quelque part, mes chefs ont fait la bonne analyse. C'était trop peu plausible, par rapport à d'autres idées, d'autres actions. Ils ont appliqué les formules, calculé les probabilités, ils ont suivi le système. D'ailleurs, veuillez croire que la capture de Basalte était un énorme coup de bol. En règle générale, jamais il ne fréquentait cet endroit. Cette opération, menée un jour plus tôt ou plus tard, aurait eu des résultats, mais pas autant de résultats. Il ne faut pas l'oublier. Mais ils n'ont pas eu tort. Ils ont juste « pas vu » que le colosse continuait de s'écraser l'orteil.
J'ai contourné le système. A mes risques et périls. Et je ne vous parle pas de blessures. Si cette opération avait été un échec, j'aurais été congédiée. Ou mise dans un tel poste-placard que j'avais autant fait de donner ma démission. J'assume ce fait. Mais je n'ai pas agir dans le but de mentir, de trahir. J'ai fait les mauvaises choses, pour les bonnes raisons, et non pas les bonnes choses pour les mauvaises raisons.
Est-ce que ça, c'est clair ?  »


Je parlais beaucoup. De base, j'étais une pipelette. Mais si je m'étendais autant, ce n'était pas pour le plaisir d'entendre ma propre voix. C'était pour sauver Clotho d'une dérive que je percevais, dans la colère dans ses mots, par la désinvolture de son attitude. Laissé sans surveillance, il allait devenir aigri. Et c'était la porte vers le Côté Obscur, celle qui menait vers la transformation en ce qui nous dégoûtait au départ. Ou alors, il allait devenir un de ses flamboyants objecteurs de conscience, qui mettaient mal à l'aise, et qui perdaient leur temps à vouloir abattre le système. Non seulement c'était idiot, stérile... mais dangereux. Je n'avais pas menti en disant que l'anarchie n'était pas la solution.
Ça pouvait vous sembler étrange, pour une révolutionnaire, que de croire au système. Moi aussi, cela m'avait angoissée. Des nuits et des jours, à me dire que j'avais trahi le GM pour une cause à laquelle, in fine, je n'appartenais pas. Puis je compris que chacun avait sa révolution, et que les grands pontes partageaient cette vision d'un monde uni. Ben oui : pourquoi agir dans l'ombre depuis cent ans, sans avoir porter l'affrontement sur le champs du combat ? Parce que c'était autrement plus « facile » de détruire que de changer. Mais justement, ils voulaient changer, pas détruire.

- « Tout ça pour dire. Ça ne sert à rien d'être ironique sur la situation. Par contre, oui, le travail d'équipe peut accomplir bien des choses. Une équipe, ça veut dire une personne qui mène, les autres qui travaillent derrière. Pendant longtemps, vous avez travaillez contre moi. Ou en parallèle. Ou en diagonale. J'ai arrêté de chercher à comprendre pourquoi vous vous êtes évertué à penser que j'étais contre vous. Pas une seule fois vous avez écouté et accepté ma parole. Pas une seule fois vous avez tenté de voir les choses comme moi, je les vois.
Donc je vous repose la question : lorsque nous nous sommes rencontrés ici, sur ce terrain, c'était pour que je vous apprenne le rokushiki. Je vous ai dit plusieurs choses, notamment sur la façon dont il fallait considérer les techniques rokushiki. J'ai tenté de vous apprendre quelque chose. Libre à vous de choisir, après, d'ignorer ma leçon, ou de la juger inepte. Mais pour le moment, on en est encore là : quel était ce message, et en avez-vous compris la teneur ? »



Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 24 Mar 2015 - 20:38, édité 1 fois
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Pas pris de ses nouvelles ? J'l'ai en face de moi. Elle est vivante. Elle semble en presque pleine forme. Alors forcément, non, j'ai pas pris de ses nouvelles, puisque je les ai en direct. Je ne comprends pas trop sa remarque suivante. J'lui ai déjà donné des raisons de douter de mes motivations ? uais, ok, peut-être une. Ou deux. ou quelques unes. Mais c'est parce que j'me sens pas bien. Il y a un truc qui ne va pas en moi. J'sais pas c'que c'est. Depuis Las Camp, depuis que j'ai vu que la marine pouvait être corrompue à ce point, le savoir et ne rien faire, ça m'a dégouté de la marine. J'ai voulu démissionner, partir loin et ne pas regarder derrière moi. Mais ça, c'est une attitude de lâche. Alors j'l'ai pas fait. J'suis resté. Pas par devoir. J'dois rien à personne, moi. Mais parce que je sais que c'est ce que je dois faire. Je sais que c'est la meilleure chose à faire. Non pas pour moi, mais pour le Monde, pour les gens qui y vivent. Et même si depuis cet incident je ne suis plus le même homme, je reste un marine. Je dois juste retrouver l'étincelle qui m'anime, reprendre du poil de la bête. J'suis lieutenant maintenant. Une figure, un modèle d'autorité en principe. J'peux pas ne pas trouver de réponses. Ma vision des choses n'a pas changé. J'ai l'impression que c'est simplement le monde entier qui a changé. Comme si ... je n'y correspondait plus, que je n'avais plus ma place. Elle enchaîne rapidement, ceci dit, et avec un rythme de parole très très très très imposant. C'est comme écouter en boucle huit concerts de heavy métal en même temps. Incompréhensible.

" Si un système ne convient pas, on peut toujours le détruire. " Je prononce cette phrase le plus sérieusement du monde. Je ne peux pas dire que je n'y ai jamais pensé. Le conseils des cinq étoiles qui se tient au sommet du monde, les dragons célestes qui dominent chaque personne vivante ou morte ... Qu'un centième de pourcent dirige le reste du monde, je trouve ça scandaleux. Mais le système est ce qu'il est. Et Shaïness a raison, il fonctionne. Pour l'instant. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas l'améliorer. " Mais ça demande un effort colossal, à tous les niveaux. Aussi, on se contente de colmater les fissures, de réparer certaines brèches, mettre des pansements temporaires en quelque sorte. Ca demande moins de temps, d'argent et d'effort. Mais est-ce mieux pour autant ? J'ai compris qu'il y a des choses qui devraient changer. Des façons de faire qui ne devraient pas être. Mais pour créer la paix, il faut savoir faire des sacrifices. Une chose que je n'ai pas encore compris. Ce monde a deux poids, deux mesures. L'esclavage est interdit partout dans le monde. Sauf pour les dragons célestes. C'est ... c'est tout simplement ... "

J'en pers mes mots tellement ça me perturbe cette histoire. Je hoche la tête lorsqu'elle me pose sa question. Tout ça, c'est très flou pour moi. C'est que de la théorie. Et c'est bien là que je pêche. Pourtant, en remontant dans mon passé, j'ai fais la même chose. Sur Las Camp, juste après avoir aidé à dégager Mogaba, j'ai laissé Ivan partir, volontairement. Parce qu'il ne m'a pas semblé dangereux. Parce qu'il n'était pas un danger pour la marine. Parce qu'au contraire, le mettre dans une cellule ne ferait que nous nuire. Pourtant, mon devoir était soit de le tuer, soit de le mettre en prison. Mais mon cœur a été plus fort que ma raison. Shaïness avait fait avec ses informations. Avait-elle écouté son intuition ?

" Pas une seule fois vous avez écouté et accepté ma parole. Pas une seule fois vous avez tenté de voir les choses comme moi, je les vois. " Sa phrase me fait réagir. C'est vrai. Entièrement vrai, et j'en ai honte. Mais grâce à la mission d'aujourd'hui, j'ai compris au moins une chose. " Depuis Las Camp, depuis l'affrontement avec la base contrôlée par le l'ex-sergent Mogaba, depuis que j'ai véritablement faillit mourir, depuis que j'ai compris que la marine n'est pas toute blanche, j'ai des problèmes de confiance. Principalement avec les personnes non affiliées à la marine. Majoritairement les agents du Cipher Pol. Parce que je n'arrive pas à vous cerner, à vous comprendre. Vous restez un mystère pour moi. Et j'aime pas ça. Ca me dérange. Ca m'empêche de vous faire confiance à cent pourcent. J'ai l'impression de toujours devoir surveiller mes arrières, qu'à n'importe quel moment vous allez me planter vos doigts dans le corps pour m'empêcher de dire ou faire quelque chose. Et ça, ça me bloque. J'suis surement trop paranoïaque, mais j'y travaille. J'suis désolé que ça se ressente dans le travail, agent Cooper. "

C'est bien la première fois que je suis aussi franc avec elle. Je repense à notre dernière rencontre. Plus précisément lorsqu'elle est devenue folle après que je lui ai dit que les techniques du rokushiki étaient jolies, pratiques et utiles. Et aussi si on pouvait faire le rankyaku avec ses bras au lieu des jambes, pour gagner en efficacité. Depuis, j'ai eu l'occasion de parler à quelques personnes, de voir ce qu'elles pensaient de ces techniques. Et à chaque fois, on m'a répondu la même chose.

" Le rokushiki est un art martial porté à son summum. Il es utilisé par des agents entraînés et sert à régler diverses situations. La combinaison de ses techniques est mortelle. Ce ne sont pas juste de belles techniques. Elles sont redoutables, dangereuses. Ce sont des armes. " Je regarde Shaïness droit dans les yeux. " Mais on peut aussi les voir autrement. Ce sont des techniques belles, d'un point de vue tactique, qui offrent un avantage stratégique, et qui permettent de sauver des gens. Et c'est sur ça que je préfère me concentrer. Que les agents du Cipher Pol utilisent ces techniques pour tuer. Je les utiliserai pour sauver des personnes. Le soru permet d'aller plus vite que n'importe quoi, le geppou donne la mobilité. En les combinant, on peut arriver avant qu'une catastrophe n'arrive. Le tekkaï permet de faire de son corps un bouclier pour protéger les gens derrière. Le rankyaku et le shigan permettent d'appréhender des ennemis, d'arrêter des projectiles. Ces techniques ont tellement plus de possibilités que de simplement tuer des gens. Alors oui, moi, je trouve qu'elles sont belles. Car tout ce qui permet de sauver des vies est beau. Et si vous voulez me refrapper, allez-y. Parce que c'est ce que je pense vraiment. "

Je lui ressors le même discours qu'avant. Mais cette fois, je vais au fond de mes pensées. La dernière fois je ne lui ai pas dit pourquoi je les trouvais belles. Ou peut-être l'ai-je fait. Je ne sais plus. J'ai eu tellement mal en me faisant transpercer le corps par ses attaques. L'important ici, ce n'est pas d'apprendre les techniques, mais de s'en montrer digne. Savoir faire la différence entre bonne décisions et mauvaises décisions, bonnes et mauvaises raisons quand il faut la faire.


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Je ne savais pas comment, mais j'avais amené Clotho à se confier à moi. En temps ordinaires, je l'aurais envoyé se faire paître ailleurs. Avais-je la tête d'une psy ? Mais voilà, le rôle de chef commençait à venir, les chaussures ne faisaient plus autant mal qu'avant. Comme toute chose, il fallait un temps d'apprentissage, et j'avais mûri. Se retrouver nez à nez avec un amour-qui-aurait-pû exister, devoir le recoffrer, ça vous pousse une femme à réfléchir sur deux-trois trucs, notamment le chemin parcouru. Et si j'avais décidé de lui suivre ? Et s'il était mort ce jour là ? Ce genre de questions à la con qui vous fait prendre un air pensif derrière votre bureau, et vous colle des rides si vous ne faîtes pas gaffe.

Retour à Clotho. Impulsivement, je lui pris la main, pour la serrer bien fort, pour que là, il m'écoutât de toutes ses écoutilles.
- « Lieutenant. Cette conversation, je vous le promets, elle restera entre vous et moi.

La Marine, les Bureaux, la Justice, tout, le Gouvernement, est corrompu. Je ne vais pas vous dire que non. La chose est que le système est corrompu parce qu'il est composé d'hommes et de femmes, de toutes les races, et que l'un des points communs entre toutes ces races, est que nous sommes tous faillibles. Nous avons tous cette part sombre en nous. Nous sommes tous nés avec une proportion à être égoïstes, avides, cruels. Certains... certains sont amenés à le devenir par la force des choses, d'autres embrassent leur défauts comme s'ils entraient en religion. Pourquoi les agents du GM seraient-ils différents ? Alors oui, il y a des soldats et des officiers qui trichent, trompent, dévient le système.
La question que vous devez vous poser est celle-ci : est-ce une minorité ou la majorité des agents ?

On va faire plus simple. Une comparaison.
Le GM est un barrage qui retient l'eau. Le barrage est fait de plein de briques. Les briques, c'est chacun d'entre nous. L'eau, c'est les pirates. Si le barrage cède, l'eau va se déverser sur la vallée, noyant les paysans, et les paysans, c'est les civils. Si le GM cède, les pirates s'en prendront aux populations civiles.
Maintenant, le barrage montre des signes de faiblesse. Faut-il mieux colmater comme vous avez dit, ou détruire le barrage dans son intégralité pour en faire un nouveau ? La logique veuille qu'on dise « colmater », parce que même si l'intention est bonne, le résultat reste le même, que l'on détruise le barrage ou qu'il cède : on aura noyé la population en bas. C'est pour ça que je vous ai dit que le système ne se détruit pas, il se contourne. Détruire le système, c'est avant tout une période de chaos. Peut-être qu'à la fin, il en sortira quelque chose de bien. Mais à quoi bon, s'il ne reste plus personne dans la vallée pour ne serait-ce aider à reconstruire le nouveau barrage ?
Par contre, si le barrage est vraiment, mais vraiment trop faible... qu'il y a tant de briques cassées que finalement, on n'arrivera jamais à réparer à temps... Il faut peut-être envisager d'en finir avec ce barrage. Mais cela veut dire soit avertir et évacuer la vallée, soit construire un autre barrage avant d’abattre l'ancien. Tout cela demande du temps... et honnêtement, vous voyez le GM avouer aux civils des Blues et de Grand Line que ça y est, on est au bout du rouleau ? Vous imaginez les retombées d'une telle annonce ?

On est donc bien coincés, vous et moi. Autant espérer, donc, pouvoir remplacer les briques, une par une. Parce que sinon... »


Je laissai mes mots planer dans le vide du non-dit. Il y avait des choses auxquelles ne pas donner de nom. D'habitude, je suis pour sortir le diable de dessous le lit, pour le regarder bien en face et de l'appeler par son vrai nom. Il ne faisait pas bon avoir peur des ombres. De ne pas savoir ce à quoi on faisait face. Mais là... Si le GM devait appeler de soi-même à sa propre dissolution. Ce n'était pas le chaos qui se profilait... Mais le néant.

- « Les mystères du CP. Hum, je ne suis pas vraiment sûre de pouvoir vous répondre. Personnellement, je nous vois comme ceux et celles qui se salissent les mains de façon non officielle, par rapport à la Marine qui elle, attaque et peut-être tue dans le cadre d'une mission. Nous sommes ceux qui font les mauvaises choses pour les bonnes raisons. Nous sommes ceux exposés le plus à cette part sombre en nous. A cette tentation de franchir la ligne, de faire les mauvaises choses, pour les mauvaises raisons. Quelque part, vous avez raison de vous méfier de nous. Nous sommes... dangereux. D'un côté, on pourrait dire que nous sommes les véritables héros du GM, ceux qui se sacrifient, corps et âme, pour le bien-être des populations.  De l'autre côté, nous acceptons ce rôle en toute connaissance de cause. Nous sommes les pirates du Gouvernement. Pourquoi croyez-vous que nous sommes si hautains, ou brusques ou louches ? C'est notre métier qui veut ça. Bien entendu, nous abusons souvent du système pour nous laisser aller à nos mauvais penchants.
Si vous deviez retenir quelque chose du CP... Lieutenant, nous sommes là pour nous salir les mains. Pour contourner le système. Pour que la corruption se limite au CP, et évite la Marine. Un peu comme un symbole 'zen' : vous êtes la part blanche avec ce petit point noir, nous sommes la part noire avec ce petit point blanc. Alors nous faire confiance ? Peut-être. Choisissez avec soin vos alliés CP. Nous utiliser ? Nous sommes là pour ça. N'ayez pas de cas de conscience à nous demander de faire des choses 'non-officielles'. Nous, nous n'en avons plus, de conscience. »
Je lui fis un sourire diabolique à ce moment. « Sauf qu'en nous utilisant, vous prenez la responsabilité de juger quand nous arrêter. De juger ce qui sert le GM, et ce qui sert votre propre corruption. Avoir un blanc-seing pour faire des choses louches, c'est tentant, n'est-ce pas ? De se dire que ce n'est pas notre faute, mais celles des CP. Et que puisqu'ils sont là, à patauger dans le sang, autant ajouter une vie ou deux qui arrange nos petites affaires. Voilà comment la Marine se retrouve corrompue, même si ce n'est pas la faute que du CP.
Sauf qu'un GM sans CP... ça ne fonctionnerait pas. »


Je haussais les épaules. Ça faisait des années que je battais avec ces questions, et je n'avais pas encore trouvé la réponse. Au bout du compte, c'était encore à Clotho de prendre sa décision. Je ne pouvais que lui donner ma vision de la chose.

- « Nous ne sommes pas des tueurs, Lieutenant. Nous avons du sang sur les mains, mais nous sommes et restons des agents du Gouvernement. Nos ordres ne sont pas écrits, mais ils existent, même si le GM est le premier à s'en dédire. Il faut que vous compreniez ça. Nous deviendrions des tueurs si nous tuions sans ordre. Et si nous tuons, c'est aussi, c'est surtout pour protéger. Pas juste pour tuer. Il y a forcément une raison, un intérêt derrière chacun de nos gestes. La prochaine fois que vous voyez un CP en action, demandez-vous ce qui a motivé son chef ?

Je ne sais pas pour les autres agents, mais moi, quand j'utilise une technique, quand je frappe un pirate, je ne cherche pas à le tuer. Parce que tout méchant qu'il soit, il est le fils de quelqu'un. Il est une personne, dont je ne connais pas l'histoire. Refuser son humanité à un pirate, juste parce qu'il est pirate, c'est refuser aux CP leur humanité, juste parce qu'ils sont CP.
Du coup, j'évite de tuer. Pendant longtemps, je n'ai appris que les techniques défensives. Hé oui, ne soyez pas surpris comme ça ! J'ai failli ne pas devenir CP, parce que je refusais de répondre au combat, par le combat. Idéalement, j'aimerais pouvoir encaisser les coups de l'adversaire jusqu'à son épuisement, et pouvoir le coffrer à ce moment. Mais j'ai compris que c'était impossible. Alors j'ai appris à porter des coups. Mais ce n'est pas parce que je PEUX le faire, que je DOIS le faire. Et d'ailleurs, que je VEUILLE le faire. Pouvoir, devoir, vouloir. La sainte trinité.

C'est comme ça que je vais vous enseigner le rokushiki. Vous allez pouvoir, mais avant, vous allez apprendre quand vous devez pouvoir utiliser ces techniques qui tuent. Et je vais vous enlever du corps comme de l'esprit toute envie de vouloir les utiliser. Vous avez déjà goûté à certaines d'entre elles. Vous savez ce que ça fait de recevoir un Shigan. J'espère que vous saurez faire preuve de discernement avant de l'appliquer à un autre être humain.
Je suis en train de me demander si je ne devrais pas plutôt commencer par les techniques défensives en fait. Ou le soru. Le déplacement rapide, qui permet d'en finir le plus vite possible, de minimiser les pertes, et non pas de faire le guignol avec sa cible en le titillant de tous les côtés par surprise. »


Je me levai, invitant Clotho à me rejoindre au milieu du champ d'entraînement. Avec ma blessure en cours de cicatrisation, je n'allais pas pouvoir lui montrer plus que la façon de canaliser son énergie et de la diffuser là où on en avait besoin. Le reste... l'histoire nous le dira.


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Sam 2 Mai 2015 - 17:14, édité 1 fois
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Et bah ça promet dis donc … Généralement, lorsque quelqu'un commence une phrase par ''cette conversation restera entre vous et moi'', la suite promet d'être intéressante. Aussi j'écoute plutôt deux fois qu'une. « La Marine, les Bureaux, la Justice, le Gouvernement, est corrompu. » Inutile de dire que j'suis sur le cul. Elle ose … oui, elle ose le penser. Mais plus encore, elle ose le dire. Même si c'est en comité restreint. Jamais un marine, ô grand jamais, ne dois parler en mal du gouvernement qu'il a juré de servir. Elle continue en m'expliquant pourquoi elle est parvenu à cette conclusion. On est des Hommes. Le gouvernement mondial est composé d'Hommes. Les Hommes sont faillibles, mais moins que les hommes quand même, puisqu'on a des femmes au sein des Hommes. Son analyse du barrage me rend la visualisation des choses plus aisée. Et tandis qu'elle parle, mon esprit se met en place. C'est vrai que colmater, c'est plus facile. Mais construire un nouveau barrage, c'est plus sûr. Alors pourquoi ne pas garder le vieux tel qu'il est, construire un nouveau barrage, puis dégager l'ancien petit à petit ? Parce qu'avoir deux gouvernements en même temps, c'est juste … impossible. Pourtant, si on regarde bien, des royaumes sont sous la tutelles du Gouvernement Mondial, mais sont dirigés par un roi, un maire, un sénateur … Et le GM n'intervient pas dans leurs affaires privées. Donc, techniquement, c'est faisable. Mais comment le rendre réalisable ? Là est toute la question.

« Même si les mots utilisés ne sont pas les mêmes, le gouvernement a déjà admis ses faiblesses et la montée en puissance de la piraterie. Les trahisons des divers contre et sous amiraux, des colonels, les disparitions soudaines, les évasions massives de prisons les mieux gardées au monde sont autant de signe qui montrent que le gouvernement commence à vaciller. S'il était aussi fort qu'avant, jamais il n'aurait cédé. La dernière grande guerre l'a affaiblit, et il ne s'en ai pas encore remis. Les pirates prennent de plus en plus le pas sur le Monde. La marine s'affaiblit. Le gouvernement décline. La révolution gagne en puissance. La piraterie s'impose. Les signes précurseurs d'un monde dont on ne veut pas se profilent à l'horizon. »  

Le Cipher Pol, la garce du gouvernement ? La part d'ombre dans la lumière, celle qui entacherait le monde s'il les connaissait. Les agents du gouvernement faisant le sale boulot, exécutant dans l'ombre ce qui doit être fait. Des hommes de l'ombre. Bureaucrates pour certains, agents de terrain pour les autres, meurtriers pour la majorité. Que ce soit avec des papiers ordonnant des exécutions, ils sont aussi coupable que le bourreau qui va aller planter un shigan dans le cœur de la victime désignée. C'est vrai qu'avoir des agents comme ça sous ses ordres, c'est tentant. Pouvoir les dominer, leur faire faire ce qu'on désire, leur faire porter le chapeau … c'est grisant. Tentant. Et c'est l'engrenage. Commencer à se servir de quelque chose pour son propre intérêt, c'est devenir Mogaba. C'est devenir Toji. Et c'est pour contrer ça que je me suis engagé. C'est la distinction entre volonté et soumission. Je ne serais pas l'instrument du pouvoir. Mais j'utiliserai ce pouvoir pour respecter mon serment de fidélité envers les nations du monde.

« La prochaine fois que vous voyez un CP en action, demandez-vous ce qui a motivé son chef ? »

Pouvoir. Survie. Chantage. Mensonge. Sécurité. Voilà les mots qui me viennent en tête après son 'petit' discours. Une institution corrompue. Elle se dit utile au gouvernement. Et je n'ai aucun doute quand à ce qu'elle croie ce qu'elle raconte et pense. Je comprends la nécessite de régler des affaires dans l'ombre, sans que le public le sache. Mais tuer pour garder le contrôle, ça, je ne cautionne pas. Et je ne cautionnerai jamais. Assassiner des gens simplement parce qu'ils expriment autre chose que ce qu'on leur demande, parce qu'ils refusent d'être de simples poupées qu'on manipule à notre guise, je dis non ! Le libre arbitre existe pour de bonnes raisons. Priver les gens de ça, c'est privé un humain de son humanité et en faire un robot. Il existe d'autres manières de faire plier quelqu'un à sa volonté. On peut le raisonner, le convaincre, le persuader, l'acheter, l'envoyer ailleurs où il ne causera aucun problème … Tuer, c'est radical. Un acte qui ne peut être défait, même si l'on éprouve des remords plus tard. Une action qui me gêne encore, malgré mon garde et mes actions sur Las Camp.

« Les rumeurs qui courent sur les CPs, dans la marine, c'est pas joli. Les marins n'aiment pas coopérer avec, principalement parce qu'ils en ont peur. Un mot de trop, un geste mal fait, et des agents peuvent recevoir de tuer quelque marins. Après tout, on a tellement de gens qui s'engagent dans la marine qu'une centaine de plus ou de moins, ça ne changera rien. Alors que pour devenir agent, il faut des compétences particulières. Tout le monde ne peut pas y parvenir. Un marin qui se sait irremplaçable peut, ouvrir un peu trop sa bouche, agir un peu trop. Mais personne n'est irremplaçable, malheureusement. Et même si, officiellement, tous les Cipher Pol n'ont pas reçu l'autorisation de tuer, chacun donne une raison aux marins de les craindre. Car dans l'ombre, tout peut arriver. Et des coins d'ombre, il y en a partout. »

Elle enchaîne sur le fait qu'elle n'aime pas tuer les gens, elle aussi. Qu'elle préférerait se laisser frapper jusqu'à ce que l'ennemi s'épuise au lieu de devoir le frapper. Tiens, on a plus en commun que ce que je pensais … Quand elle parle du shigan, je me touche l'épaule. Celle que je me suis bêtement entaillé la dernière fois. Celle qui pissait le sang. Celle dans laquelle elle m'a enfoncé violemment son doigt avec un shigan. Ça a cicatrisé depuis. Mais j'ai encore la marque. Je ne sais pas combien de temps ça va rester. Peut-être à vie … Elle m'invite à la suivre sur le terrain. C'est vraiment une bonne idée ? J'ose pas lui demander, alors je la suis sans rien dire. Mais finalement, je vais oser lui demander. « Je préférerais apprendre le tekkaï plutôt, si c'est possible. » Je me dépêche de justifier ma demande avant de me prendre une attaque Cipher polesque dans la gueule ou toute autre partie du corps.

« Rendre son corps aussi dur que de l'acier, ça permet de prendre un maximum de coups, de détourner l'attention des ennemis afin de les focaliser sur soi. Ça leur fait perdre leur confiance en eux quand il voient qu'une centaines de balles ça ne fait rien à leur cible. Et pendant ce temps, nos équipiers peuvent les encercler, les forcer à se rendre, les prendre par surprise … Ça fait économiser des vies, qu'elles soient celles de marins, de pirates, de criminels, d'agents ou de civils. Je sais que je n'ai aucun droit de vous le demander. Pourtant, je le fais. Parce que je ne me suis pas engagé pour dominer les autres, ni pour combattre. Je suis ici pour sauver des vies, pour protéger la Vie. Et je préfère apprendre comment encaisser plutôt que de blesser. Ma vie sert à protéger les gens. Mon style de combat est en adéquation avec ça. Et je n'ai pas envie que ça change. »

Je regarde Shaïness dans les yeux, redoutant sa réaction. Va-t-elle accepter ? Va-t-elle se mettre en colère ? Peu importe. Tout comme la dernière fois, je subirai ce qui adviendra. Et je ne flancherai pas. Parce que je n'ai pas le choix. Pour devenir meilleur, il faut souffrir.


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