Je me savais parfois impulsive. Généralement, il s'agissait d'acheter une paire de chaussures ou un bijou. Aujourd'hui, c'était une envie de meurtre qui me prenait aux tripes. J'étais aveugle à tout sauf cette vision hautement jouissive de moi en train d'éclater la tronche de cet abruti de Lieutenant. J'avais été pourtant claire : une approche DISCRETE ! Or « on souviendra de moi pendant un certain temps », ça semblait être tout sauf discret. Mais qu'est-ce que j'avais fait aux instances karmiques supérieures pour mériter ça ? J'avais dû en faire, des saloperies, dans ma vie précédente.
- « Lieutenant Tas'Natak, j'espère pour vous que vous savez ce que vous faites. » lui répondis-je d'une voix capable de reformer des icebergs en pleine mer tropicale. « Mes ordres sont clairs, et si vous décidez de faire autrement, je ne vous couvre pas. Mieux, je n'hésiterai pas à vous accuser de tous les maux si cette mission devait foirer. Mais je vous laisse agir à votre idée. » Si tant était qu'il pût en avoir, autre que des mauvaises, cela s'entendait. C'était peut-être ça, le rôle d'un chef : de croire dans les capacités encore cachées de ses subordonnées. Personne n'agirait comme moi, car il n'y avait qu'une Shaïness Raven-Cooper au monde. Je ne pouvais leur en vouloir de ne pas être à ma hauteur. Donc, à moi de rabaisser mes exigences. Pff, la vie de chef, j'vous jure. Je me demandais bien pourquoi certains intriguaient autant pour avoir des postes « à responsabilités ». Certes, la paye était grasse. Peut-être que passé un niveau de chefitude, il y avait tellement de gens entre vous et les clampins qui faisaient réellement le boulot que vous vous en foutiez complètement. Les Intouchables. Ce n'était jamais de leur faute, et toujours celle d'un des sous-fifres.
Ce fut donc pourquoi je suivis, MOI, le plan à la lettre, postant mes hommes autour du bar, laissant les Marines faire leur « enquête ». Au fur et à mesure que le ton des voix montait, mon risque d’infarctus grimpait en flèche. Le coup de feu qui détonna faillit m'achever. PUTAIN ON A DIT DISCRET !!! avais-je envie de hurler !!!!
J'étais plus ou moins calme quand je rejoignis Clotho devant la maison qui servait d'entrée/sortie des hommes de Basalte. Le propriétaire du bar se faisait juste graisser la patte pour fermer les yeux sur ce qu'il pourrait voir.
- « Lieutenant, pour l'amour de ce que vous avez de sacré dans votre caboche... quand on vous dit de faire discret, vous faites discret. Je vais vous faire copier mille fois la définition du mot, à votre retour. Avec votre sang, espèce de bourrin ! Pensez avec votre cerveau, pour une fois ! » Comme quoi, on ne se refaisait pas. Certes, on avait des résultats mais... « Maintenant, on se dépêche ! Avant que les Marines du coin ne viennent enquêter sur votre faux coup de feu. On sait qu'ils ne vont pas se presser, mais ils vont arriver. Alors, on se dépêche. Mais on ne fonce pas tête baissée. Lieutenant, réfléchissez ! C'est un ordre ! »
Avec ces derniers mots, nous nous engageâmes dans les tunnels. Je m'étais préparée à quelque chose digne des bonnes séries B : des passages voûtés, trop petits pour qu'on se tienne debout, aux remugles de pourriture humide, voir même des jonctions avec les égouts. En conséquence de quoi, je fus surprise de trouver des couloirs certes aux dimensions réduites, mais suffisamment larges pour faire passer des marchandises, secs, poussiéreux et constellés de toiles d'araignées. On entendait dans les murs le son furtif de rôdeurs qui fuyaient à notre approche, avec des petits cris d'alerte pour leur congénères.
- « Bon qu'est-ce qu'on a... …. Là, et là, des traces de pas qui vont et viennent. »
La poussière et la crasse avaient gardé l'empreinte des chaussures des malfrats. Après une étude rapide des lieux, nous identifiâmes trois semelles distinctives, ce qui nous permettait de remonter la piste. Aussitôt dit, aussitôt fait. L'équipe mixte CP-Marine se mit en branle, avec un éclaireur de chaque groupe pour marquer le chemin et faire face à tout colocataire des tunnels indésirables. Je laissai le soin aux Marines de gérer cette situation, fidèle à mes plans.
Après presque une heure de tâtonnages, de mauvaises pistes et de rebrousse-chemin, nous arrivâmes devant une porte en métal. Visiblement récemment changée, elle montrait tous les signes d'une utilisation régulière. Tous nos instincts étaient passés en mode « sauvage » : pourquoi quelqu'un irait remplacer les usuelles portes en gros bois qui avaient parsemé les couloirs ? Nous avions trouvé la planque de Basalte, nous le sentions. Un de mes hommes s'approcha et passa quelques minutes à forcer la serrure, entre ses talents de crocheteur, vestige d'une vie antérieure un peu trouble (un peu beaucoup, oui!) qui faisait de lui l'excellent CP qu'il était, et son utilisation des plus délicates du Shigan. Il arrivait à faire des shigans du bout des doigts, de telle sorte que les dégâts étaient toujours là, peut-être moins étendus, mais extrêmement ciblés. Et c't enfoiré refusait de m'apprendre comment il faisait !
La porte s'ouvrit sur l'entresol d'un entrepôt, lui-même situé du côté des quais, comme l'indiquait le bruit de ressac et le parfum iodé qui flottait dans l'air. Un autre coin où la Marine ne mettait pas les pieds, laissant pulluler les petits échanges pas très légaux. Ce n'était pas du laxisme, c'était de la prévention contrôlée. Tout le monde savait que si le Gouvernement décapait trop en surface, cela ne réglait pas le problème : ça ne faisait que chasser les brigands, les poussant à s'enterrer encore plus profondément, loin des yeux. Alors qu'en admettant une zone à la mode court des miracles, le Gouvernement pouvait contenir le crime. Je savais d'ailleurs qu'à de nombreux endroits, le roi des voleurs était expressément « nommé » par le Gouvernement. Sur Logue Town, Ackbar avait la dure mission de présenter l'île comme la Marie-Joie des Blues, aussi les choses étaient plus subtiles. Disons que la pègre locale savait qu'elle devait se contenter de survivre, et que pour survivre, il fallait coopérer. A ce titre, Basalte était encore plus dangereux, puisqu'il avait réussi à s'implanter partout sur East Blue, et notamment Logue Town, sans se faire dénoncer par ses « petits camarades ». Quels moyens de pression avait-il ainsi sur la vermine des bas-fonds ? Et dire que ma hiérarchie n'avait pas cru que mes rapports méritaient qu'on s'y attardât !
L'endroit tenait presque plus d'un atelier de réparation nautique qu'un simple entrepôt. Partout, des machines en métal assez colossales, avec des pitons et des tiges qui s'élevaient haut vers le plafond situé à plusieurs mètres au-dessus de nos têtes. Avisant un escalier qui permettait de rejoindre les bureaux qui courraient en mezzanine tout le tour du bâtiment, je grimpai. L'équipe se dispersait, pour étudier les lieux. Pour le moment, tout était silencieux et on n'avait pas vu âme qui vive.
Tout allait changer quand une sentinelle donna l'alerte. Nous étions découverts ! Alors nous passâmes à l'attaque. Puisque nous n'avions aucune information, pas même savoir si nous étions au bon endroit, nous ne pouvions les tuer. Les nouvelles lois passées en 1625 nous permettaient de faire à peu près ce qu'on voulait, si on maquillait ça de façon astucieuse, mais je n'étais pas révo pour rien. Je répugnais à utiliser de méthodes fatales sur des innocents ou de non-coupables du crime que je cherchais à élucider. Oh, en général, la plupart des types pris dans ce genre de situation méritaient largement un coup voire la mort. Mais dans le doute... et puis quid de la présomption d'innocence ? Ce n'était pas parce que beaucoup étaient pourris qu'il fallait assumer que tous l'étaient.
Bref !
Un peu partout, des combats s'engageaient, avec des détonations, des cris, et le tout dans une pénombre ambiante que nos lampes éclairaient par à-coups. J'évitai un premier adversaire en me glissant sous son bras, laissant mon acolyte CP s'en charger. Ma mission était désormais claire : faire le tour des bureaux sur la mezzanine pour vérifier que personne ne s'échappât ou ne fit disparaître les preuves dont j'avais besoin pour justifier ma présence ici, et pas sur XXX. Je filai donc, utilisant mon soru pour distancer toute menace physique. Bien entendu, ce fut à l'avant-dernière pièce que tout se joua. J'avais déjà rapidement scanné les trois précédentes et une pierre de plus en plus grosse coulait dans mon estomac. Rien, ziet, nada. L'opération était un échec complet... Du coup, je m'attendais vraiment à trouver les deux dernières petites cellules vides, mais non. Décidément, c'était une soirée de rebelle, entre moi qui défiais les ordres directs et les éléments narratifs qui ne donnaient pas dans la facilité du cliché.
Un homme sortit donc de la pièce comme un diable de sa boite et étendit son bras pour venir me percuter à pleine vitesse. Lui aussi avait un soru, bien que très particulier. Peut-être un élève recalé de l'EGLISE, un aspirant n'ayant pas donné suite à son ambition ? Ou avait-il simplement développé sa propre version du rokushiki ? Aucune idée.
Je fis un bond en arrière pour mettre une distance de sécurité entre nous et je déroulais mes fils. Avec le peu de luminosité, mon adversaire ne put en contrer que quelques-uns et bientôt j'avais saucissonné ma proie. Celle-ci poussa une sorte de gémissement très peu viril et s'écrasa au sol, sans pouvoir amortir sa chute. Cet affrontement avait duré peut-être trente secondes, mais ce fut suffisant pour le dernier pirate. Profitant que nous étions tous occupés, il était sorti doucement de son bureau et avait pris le temps de viser. La détonation se répercuta en écho le long des poutrelles en métal qui soutenaient le toit, et je partis en arrière, une douleur fulgurante me cisaillant les côtes. Je venais de me prendre une balle. Logée dans mon abdomen, celle-ci n'avait pas autant de dégâts que prévu. Peut-être avais-je bougé au dernier moment, de telle sorte que j'avais été trouée dans le « gras » du bide, là où les hommes avaient des poignées d'amour – ce qui n'était pas mon cas. Aucun organe n'était touché, et si je saignais abondamment, ce n'était pas une hémorragie. Ceci dit, ça ne faisait pas du bien.
- « OK, c'est bon. Vous êtes en état d'arrestation, vous venez de tirer sur un agent du Cipher Pol. Lâchez votre arme ! » ordonnais-je en me remettant difficilement sur pieds. Devant moi la silhouette de l'homme au pistolet n'avait pas frémi.
- « Je refuse. Et vous allez mourir. » Il réarma le chien et tira. Cette fois, je réagis à temps. Je sautai sur le côté, grimaçant en sentant une douleur vrillante au ventre. Le bandit continua de me viser, et je continuai d'esquiver, allant jusqu'à jaillir hors du couloir supérieur, pour m'échapper dans les airs. Cependant, ma blessure m'empêchait d'être aussi mobile que d'habitude et en plus d'être à bout de souffle, je sentais le sang s'écouler. Tôt ou tard, ça allait rendre cette situation critique. Je m'abritai donc sur une poutrelle du toit. La barre de métal me cachait presque totalement à la vue du pirate. Une ou deux balles ricochèrent avec une étincelle avant qu'il ne comprît.
Glissant un coup d’œil prudent au coin de mon abri, je m'aperçus qu'il avait disparu. S'était-il échappé ? Prise d'une peur soudaine, je fis l'erreur stupide de trop bouger et cela ne manqua pas : une balle me frôla, mangeant dans la chair de mon bras, laissant un sillon sanglant derrière elle. Ainsi il avait déjà rechargé son arme, ou il en avait une de rechange. Qu'importait : je devais le capturer. Je pris mon élan et me précipitai sur lui en zigzag, avant d'utiliser un soru pour me déplacer derrière lui. Encore une fois, il lut dans mes mouvements, quoi qu'il ne put m'empêcher de lui asséner un coup du tranchant de la main. Ainsi, au lieu de tomber net inconscient, il trébucha en avant, mit un genoux à terre et resta un instant sonné. Je commençai à le saucissonner quand un rayon de lune, transperçant la nuit, inonda de sa clarté laiteuse l'entrepôt. Automatiquement, nous nous regardâmes.
- « A... Adrian ! » Le nom m'échappa en un souffle. Le temps n'avait pas été clément avec lui. Deux ans à peine, mais le bel homme viril aux côtés de voyou, au charme canaille, avait laissé place à un être noueux, à la musculature sèche bien que terriblement acérée, aux yeux emplis de la folie de la vengeance. Des rides marquaient son visage et preuve de ses expériences passés, ses cheveux jadis châtain blond avaient viré au jaune pisseux tirant vers le gris.
- « Stella. Ou plutôt, Shaïness. Je ne m'attendais pas à te trouver encore à Logue Town. »
« Mais que fais-tu ici ? Tu... tu bosses pour ce Basalte ? »
- « Basalte ? Pitié, dis-moi que ce n'est pas toi qui a trouvé ce nom de code. »
Le fait que nous échangions en toute « tranquillité » alors que clairement, nous étions ennemis, se rappela à moi.
- « Non, mais quand bien même ! ... Je peux encore peut-être t'aider, si tu coopères ! » Pour moi, Adrian n'était encore qu'un homme de main. Un homme que j'aurais pu aimer, dans un monde parallèle. Un homme pour lequel j'aurais parjuré mon serment de CP. Je serais devenue pirate à ses côtés plutôt que révolutionnaire à ceux de Raven.
- « Oh, tu veux m'aider ? Comme tu m'as aidé avant ? » Parce que la rencontre avec un homme que je ne pensais jamais revoir m'avait figée, je n'avais pas fini mon geste. Adrian en profita pour attraper les fils qui pendaient mollement autour de lui, pour les arracher, les couper et les jeter loin de lui. Il était libre et moi, déstabilisée par l'onde de choc. Il tendit le bras et je crus qu'il allait me retenir, toujours aussi galant, mais il m'attrapa à la gorge et me plaqua violemment contre le mur le plus proche. J'émis un chuintement étouffé de protestation avant de devoir me battre pour respirer. « Tu m'as trahi, tu m'as vendu au CP. »
Je finis par recourir à la bonne vieille méthode consistant à lui envoyer un coup dans les roubignoles. Classique, mais efficace. Toutefois, mon coup ne porta pas exactement au bon endroit et je dus me contenter de lui écraser la cuisse. Cela suffit cependant à ce qu'il me lâchât. Je glissai, prenant de grande goulées d'air, puis me redressai :
- « J'étais déjà agent CP, Adrian. Mais je ne t'ai pas vendu. Au contraire, j'ai tenté de te sauver la vie. Comme j'essaie encore de le faire maintenant. Sois raisonnable, bon sang ! Tu ne vas pas t'en sortir, surtout si tu te fais de nouveau capturer. Cet entrepôt est cerné. Tu es fait ! »
Je mentais, mais ça, il n'était pas censé le savoir.
- « Si tu crois que je vais me laisser reprendre ! Regarde, regarde-moi ! Regarde ce que tu m'as fait quand tu m'as livré à Impel Down !!! » clama-t-il en se désignant.
Je n'étais pas au courant de son devenir. J'avais eu autre chose à faire, notamment mes débuts dans la révolution, mais je savais parfaitement que j'avais volontairement éludé le problème. Je ne voulais pas savoir. Trop de remords étaient attachés à cette mission. Finalement, j'étais destinée à trahir, et je regretterais toujours ne de pas avoir vécu aux côtés d'Adrian Salvatore. Les fameux « et si... » qui vont empêchent parfois de dormir et qui vous hantent jusqu'à votre lit de mort.
J'étais sous le choc. Impel Down, rien que ça. Pour avoir étudier un minimum son dossier, je savais qu'Adrian n'était pas un enfant de cœur et que ce qu'il avait fait avant de tenter de faire chanter Akbar, ce n'était pas bien joli-joli. Mais de là à l'envoyer à Impel Down? Ça me semblait bien trop excessif.
- « Ben justement ! Travaille avec moi, et je t'évite Impel Down. Aide-moi à capturer Basalte et je te garantis que tu t'échapperas. Tu pourras recommencer à zéro quelque part, et sans besoin de retomber dans le crime comme maintenant. »
- « … je me demande vraiment comme j'ai pu me faire capturer par une bécasse comme toi. » La haine dans sa voix me glaça. Ce fut à ce moment que je compris que j'avais raté une marche. Il avança rapidement, profitant de – je l'avoue – de ma très, très grande stupidité sur ce coup. « C'est pourtant assez évident. JE suis Basalte ! C'est moi qui aie monté toutes ces opérations, et il a fallu que ça soit toi, TOI d'entre tous, qui vienne pourrir mes plans une fois de plus. » Tout en parlant, il m'avait agrippé les cheveux, me tordant le cou, me forçant à tomber à genoux et il m'avait envoyé un coup de poing dans le ventre. Pas forcément exactement sur ma blessure, mais ça suffisait à m'envoyer dans les vapes pour une seconde. Le temps qu'il m'assenât une claque monumentale pour me faire revenir à moi. « Bah, c'est aussi bien comme ça. Tu étais la prochaine sur la liste, après Akbar. Apparemment je vais m'occuper de toi maintenant avant de me farcir le vieux demain. »
Ce fut la faute qu'il le perdit. Pas de me raconter son plan en un très attendu soliloque du méchant. Mais de mentionner Akbar. J'étais bêtement loyale au contre-amiral. Hé, j'étais devenue révolutionnaire pour lui sauver ses miches flétries, au vieux ! Il incarnait exactement ce que je voulais que la Marine fût : droiture, probité, avec un zeste d'humanité pour ternir juste ce qu'il fallait la description d'un héros en armure brillante, donc forcément pas crédible. Donc, quoi que fut le plan d'A-- de Basalte, aussi machiavélique fut-il, je me devais de l'arrêter. Je ne laisserai pas Logue Town tomber entre les mains d'un remplaçant qui serait forcément moins bien qu'Akbar. Je n'avais pas trahi mon serment CP pour que le vieux clamsât deux ans après ! J’attendais un meilleur rendement de mon investissement.
- « Dans tes rêves, mon vieux. » lui crachai-je au visage. Littéralement. Et j'enchaînai avec un coup de boule montant tandis que je me redressai, chose que je m'étais jurée de ne plus refaire depuis mon affrontement avec Jo, mais je faisais avec les moyens du bord. Aïe.
Je me relevai, fauchant ses jambes d'un mouvement pas si gracieux que ça – balle dans le bide, je le rappelle – puis, pendant qu'il se tassait sur lui-même, je levai mon genou haut pendant que j'assenais sur sa nuque mes deux poings regroupés en une même masse, de telle sort que son front vint s'empaler sur mon genou. Encore une fois, mémo à soi-même : ne pas recommencer. Ou alors, boire plus de lait. L'os du genoux, ça peut se fêler ? Au final, je n'étais vraiment pas faite pour le corps à corps. Je reculai d'un pas, pour porter mon shigan depuis l'épaule, et mes doigts s'enfoncèrent dans son épaule, brisant nerfs et tendons au passage, effleurant son cœur d'un peu trop près. Il était cuit.
- « Je suis déçue, Adrian. Je ne te pensais pas assez bête pour te faire bouffer par un désir stérile de vengeance. » lui dis-je alors que je l'attachai avec mes fils. Il ruait comme un beau diable, mais il ne pouvait plus gagner.
- « La vengeance, c'est la seule chose qu'Impel te laisse. Je ne suis rien d'autre que le produit de ton Gouvernement. Je voulais vous détruire tous, comme ça, plus personne n'aurait eu affaire avec vous. Vous êtes tous des pourritures, et on devrait me remettre une médaille pour ce que j'ai fait. »
- « Tenter de faire, mon cher. Si tu crois que je vais laisser Akbar se rendre à la parade demain, tu te goures. » J'avais facilement additionné deux et deux. Basalte avait clairement menacé la vie du Gouverneur, avec une action qui devait avoir lieu « demain ». Or, demain, c'était la mise à flot d'une énième frégate reçue des chantiers navals de la Marine. Akbar devait assister aux célébrations militaires qui s'étaient transformées en une sorte de mini festival d'honneur dans les rues de Logue Town. L'occasion rêvée pour le tuer. « C'est fini, Monsieur le révolutionnaire. Game over. »
- « J'suis pas révo ! »
- « Et c'est bien là le problème. » Si seulement.
Sur ses mots fatidiques, je lui donnai un dernier coup, l’assommant pour de bon.