Petits meurtres à Baterilla.
"Jooooooossseeeeeph ?! Où est ce que tu te caches encore espèce de tire au flanc ?!"
La douce voix de l'Agent Jack Séparou fit sortir l'Agent Joseph Patchett d'un rêve plaisant où il se voyait en train de tuer le même Agent Séparou. A vingt ans, Joseph était officiellement un agent du CP5 et si il avait renoncé à déserter, Séparou le retrouvait à chaque fois, il ne désespérait pas d'un jour pouvoir enfoncer son poing dans la gorge de son mentor. Histoire de lui faire payer les années d'humiliation et la perte de ce qu'il avait de plus cher, son "royaume" d'ordures.
Les deux agents étaient en mission à Bliss pour une sombre d'espionnage industriel concernant un des nouveaux modèles de canon. Rien de bien passionnant pour le Crack mais les dirigeants locaux avaient mis la pression pour qu'un agent renommé comme Séparou soit mis sur l'affaire. Ils tenaient visiblement à ce que l'espion soit mis hors d'état de nuire et le plus tôt serait le mieux. Depuis leur arrivée, Séparou passait son temps en interrogatoires tandis que Joseph esquivait le travail de son mieux.
"Joooooossssseeeeeph ! J'te donne trois secondes pour te montrer avant que je ne te sucre ta prochaine paye. Troiiiis !"
Séparou connaissait bien son Joe. Celui-ci apparut devant lui avant qu'il n'ait le temps de compter jusqu'à deux. Le vétéran eut un sourire mauvais et décocha une droite dans les ratiches de son subordonné l'envoyant au sol illico. Sa façon à lui de lui faire payer son retard.
"Ah bah quand même ! Je t'ai trouvé une mission."
Le jeune Joseph papillonna des paupières. Ses oreilles devaient l'avoir trompé. Une mission ? Mais ils en avaient déjà une non ? Son étonnement se manifesta de façon auditive par la prononciation d'un borborygme ressemblant à un gnéééééé dont l'Agent Séparou ne tint pas compte.
"Vu que t'en as rien à foutre de cette mission et que t'es infoutu de m'être utile ici de quelque manière que ce soit, j'me suis dit qu'il était temps que tu voles de tes propres ailes. J'pourrai pas être sur ton dos en permanence."
"Manquerait plus que ça."
"Pardon ?"
"Oh rien... Continue."
"J'disais donc que je t'avais dégoté une mission. Une histoire de meurtres sur Baterilla. Ouais je sais, tout le monde s'en fout de Baterilla, c'est un bled paumé. C'est bien pour ça que Mc Yavel a accepté de filer cette mission à un bleu sans expérience en solo comme toi."
La douce voix de l'Agent Jack Séparou fit sortir l'Agent Joseph Patchett d'un rêve plaisant où il se voyait en train de tuer le même Agent Séparou. A vingt ans, Joseph était officiellement un agent du CP5 et si il avait renoncé à déserter, Séparou le retrouvait à chaque fois, il ne désespérait pas d'un jour pouvoir enfoncer son poing dans la gorge de son mentor. Histoire de lui faire payer les années d'humiliation et la perte de ce qu'il avait de plus cher, son "royaume" d'ordures.
Les deux agents étaient en mission à Bliss pour une sombre d'espionnage industriel concernant un des nouveaux modèles de canon. Rien de bien passionnant pour le Crack mais les dirigeants locaux avaient mis la pression pour qu'un agent renommé comme Séparou soit mis sur l'affaire. Ils tenaient visiblement à ce que l'espion soit mis hors d'état de nuire et le plus tôt serait le mieux. Depuis leur arrivée, Séparou passait son temps en interrogatoires tandis que Joseph esquivait le travail de son mieux.
"Joooooossssseeeeeph ! J'te donne trois secondes pour te montrer avant que je ne te sucre ta prochaine paye. Troiiiis !"
Séparou connaissait bien son Joe. Celui-ci apparut devant lui avant qu'il n'ait le temps de compter jusqu'à deux. Le vétéran eut un sourire mauvais et décocha une droite dans les ratiches de son subordonné l'envoyant au sol illico. Sa façon à lui de lui faire payer son retard.
"Ah bah quand même ! Je t'ai trouvé une mission."
Le jeune Joseph papillonna des paupières. Ses oreilles devaient l'avoir trompé. Une mission ? Mais ils en avaient déjà une non ? Son étonnement se manifesta de façon auditive par la prononciation d'un borborygme ressemblant à un gnéééééé dont l'Agent Séparou ne tint pas compte.
"Vu que t'en as rien à foutre de cette mission et que t'es infoutu de m'être utile ici de quelque manière que ce soit, j'me suis dit qu'il était temps que tu voles de tes propres ailes. J'pourrai pas être sur ton dos en permanence."
"Manquerait plus que ça."
"Pardon ?"
"Oh rien... Continue."
"J'disais donc que je t'avais dégoté une mission. Une histoire de meurtres sur Baterilla. Ouais je sais, tout le monde s'en fout de Baterilla, c'est un bled paumé. C'est bien pour ça que Mc Yavel a accepté de filer cette mission à un bleu sans expérience en solo comme toi."
***
Et voilà comme l'agent Joseph "Crack" Patchett s'était retrouvé embarqué sur une caravelle de la Marine à destination de Baterilla avec pour seules ressources un maigre dossier sur les deux meurtres ayant eu lieu et la bénédiction de Séparou. C'était mince mais il s'en moquait. Il avait finalement une mission en solo. Il allait enfin pouvoir faire ses preuves et rabattre son caquet à ce prétentieux de Séparou. Il n'allait pas se contenter d'embarquer le premier guignol venu, il allait résoudre cette affaire comme un vrai agent du Cipher Pol !
C'est fort de cette conviction que le fameux agent spécial arriva à Baterilla. Sur le quai, une foule anxieuse était rassemblée. C'était parfait. Il allait pouvoir mettre en oeuvre la règle n°13 du Manuel du Parfait Petit Agent: toujours s'offrir une entrée charismatique. Debout à la proue du navire, le Crack n'attendit pas que l’amarrage soit effectué pour mettre pied à terre. Il sauta dans les cieux, effectua un saut périlleux avant et atterrit sur le quai les bras déployés à la façon d'un ange, le soleil levant l'éclairant de dos. Là il avait la classe. Les citoyens restèrent silencieux, muets d'admiration selon Joseph, plus probablement de stupeur voire même d'effroi.
"L'Agent Joseph Patchett du CP5 est arrivé !"
Aucune réaction dans la foule à part des murmures étonnés. Le Cipher Pol n'avait envoyé qu'un seul agent ? Et il s'agissait presque d'un gamin en plus. Le Gouvernement Mondial les avait il abandonné ? Inconscient de ces propres désobligeants, l'Agent se redressa et épousseta son costume cravate, dardant son regard sur les visages angoissés. Finalement il trouva celui qu'il cherchait, le Maire aisément reconnaissable à l'écharpe symbolisant sa fonction qu'il avait revêtu pour l'occasion.
"Monsieur le Maire. Le Cipher Pol est arrivé à Baterilla et tous doivent le savoir. Les jours du meurtrier qui vous terrorise sont comptés. Cet homme sera traqué sans relâche et sera arrêté par moi, Joseph Patchett ! Afin de mener ma tâche à bien, j'aurais besoin que vous mettiez à ma disposition un endroit où je pourrai conduire les interrogatoires. J'aurais aussi besoin d'une chambre à l'auberge. Tenez vous le pour dit, je ne partirai pas tant que cet homme ne sera pas arrêté !"
Dans la foule, un homme portant un manteau de Marine toussota pour attirer l'attention de l'Agent.
"Des dispositions ont déjà été prises en ce sens Monsieur. Vous pourrez rester à la Caserne autant de temps que nécessaire. Nos effectifs sont certes réduits mais nous ferons de notre mieux pour vous aider dans votre tâche."
"Ah ? Bien. Très bien... Capitaine."
"Lieutenant-Colonel... Monsieur"
"Certes... Certes... Hum. Que tous ceux ayant des informations à propos de ces horribles crimes se fassent connaître auprès de la garnison. J'entendrai tout le monde ! Bon... Et maintenant, si vous me montriez les corps... Lieutenant Colonel ?"
L'homme claqua des talons tout en saluant, un petit exploit compte tenu du mépris qui teintait son visage. Mépris dont visiblement l'agent n'avait pas conscience car il lui emboîta le pas tout sourire. Derrière lui, les murmures reprirent de plus belle. Cette fois c'était le "nous sommes foutus" qui était à la mode. A croire que ces bouseux n'avaient pas confiance en l'Agent Patchett !
C'est fort de cette conviction que le fameux agent spécial arriva à Baterilla. Sur le quai, une foule anxieuse était rassemblée. C'était parfait. Il allait pouvoir mettre en oeuvre la règle n°13 du Manuel du Parfait Petit Agent: toujours s'offrir une entrée charismatique. Debout à la proue du navire, le Crack n'attendit pas que l’amarrage soit effectué pour mettre pied à terre. Il sauta dans les cieux, effectua un saut périlleux avant et atterrit sur le quai les bras déployés à la façon d'un ange, le soleil levant l'éclairant de dos. Là il avait la classe. Les citoyens restèrent silencieux, muets d'admiration selon Joseph, plus probablement de stupeur voire même d'effroi.
"L'Agent Joseph Patchett du CP5 est arrivé !"
Aucune réaction dans la foule à part des murmures étonnés. Le Cipher Pol n'avait envoyé qu'un seul agent ? Et il s'agissait presque d'un gamin en plus. Le Gouvernement Mondial les avait il abandonné ? Inconscient de ces propres désobligeants, l'Agent se redressa et épousseta son costume cravate, dardant son regard sur les visages angoissés. Finalement il trouva celui qu'il cherchait, le Maire aisément reconnaissable à l'écharpe symbolisant sa fonction qu'il avait revêtu pour l'occasion.
"Monsieur le Maire. Le Cipher Pol est arrivé à Baterilla et tous doivent le savoir. Les jours du meurtrier qui vous terrorise sont comptés. Cet homme sera traqué sans relâche et sera arrêté par moi, Joseph Patchett ! Afin de mener ma tâche à bien, j'aurais besoin que vous mettiez à ma disposition un endroit où je pourrai conduire les interrogatoires. J'aurais aussi besoin d'une chambre à l'auberge. Tenez vous le pour dit, je ne partirai pas tant que cet homme ne sera pas arrêté !"
Dans la foule, un homme portant un manteau de Marine toussota pour attirer l'attention de l'Agent.
"Des dispositions ont déjà été prises en ce sens Monsieur. Vous pourrez rester à la Caserne autant de temps que nécessaire. Nos effectifs sont certes réduits mais nous ferons de notre mieux pour vous aider dans votre tâche."
"Ah ? Bien. Très bien... Capitaine."
"Lieutenant-Colonel... Monsieur"
"Certes... Certes... Hum. Que tous ceux ayant des informations à propos de ces horribles crimes se fassent connaître auprès de la garnison. J'entendrai tout le monde ! Bon... Et maintenant, si vous me montriez les corps... Lieutenant Colonel ?"
L'homme claqua des talons tout en saluant, un petit exploit compte tenu du mépris qui teintait son visage. Mépris dont visiblement l'agent n'avait pas conscience car il lui emboîta le pas tout sourire. Derrière lui, les murmures reprirent de plus belle. Cette fois c'était le "nous sommes foutus" qui était à la mode. A croire que ces bouseux n'avaient pas confiance en l'Agent Patchett !
Depuis son arrivée sur Baterilla, l'Agent Patchett était allé de déception en déception. Il ne s'était pas attendu à grand chose, Baterilla était une île paumée peuplée d'un unique village de bouseux mais il n'avait pas pensé qu'il se trouverait dans une telle situation de dénuement.
Pensez donc. Ils n'avaient pas de morgue ou quoi que ce soit qui y ressemble. Quand l'Agent du CP5 s'en était étonné au Lieutenant Colonel, celui-ci lui avait répondu avec hauteur que leur île n'en avait pas la nécessité vu le très faible tôt de mortalité. Cependant, pas tout à fait stupide non plus, l'officier avait fait transporter les deux cadavres (ou plutôt les quatre demi cadavres) dans la chambre froide du boucher afin de les protéger de la pourriture. Evidemment, il n'y avait pas non plus de médecin légiste sur Baterilla. Cela dit, l'utilité d'un tel praticien n'aurait été que très limitée dans ce cas tant la cause de la mort était évidente. Hémorragie. Il faut dire que quand le corps était coupé en deux, le sang circulait carrément moins bien. Tout juste pu-t-il avoir une idée sur l'arme du crime en observant les blessures. Visiblement l'homme avait été tranché en deux d'un seul coup ce qui supposait une force surhumaine. La coupure était nette, sûrement l'oeuvre d'un sabre comme l'avaient évoqué les premières constatations.
Joseph avait été déçu de ne pouvoir apprendre grand chose à la morgue mais au moins il avait pu marquer quelques points auprès du Lieutenant-Colonel en restant impassible face au macabre spectacle. Cela étant dit, la déception du Crack en constatant la non existence d'une morgue n'avait eu d'équivalence à celle qu'il avait éprouvé lorsqu'il avait découvert la Caserne. Le terme caserne faisait déjà trop d'honneur à ce bâtiment d'âge plus que mûr. Il avait dû à l'origine s'agir d'une ancienne ferme reconvertie pour l'usage de la Marine. Moche, humide, branlante et surtout dotée de fenêtres ne fermant pas correctement. A croire qu'on avait fait exprès de lui réserver la pire chambre disponible ! La garnison de l'île était à l'image de sa caserne. Des minots et des retraités, voilà ce qui la composait principalement. A eux tous, il n'y avait même pas cent hommes. Une présence somme toute symbolique. Heureusement qu'ils avaient au moins un Denden pour joindre le monde extérieur.
Car oui, le Crack était désormais pressé de repartir. Il avait été pris d'une soudaine envie de bâcler cette enquête lorsqu'il avait découvert sa "salle d'interrogatoire" (en vérité le cellier situé à la cave). Il menait donc ses entretiens entre un cuissot de jambon et un chapelet de légumes.
Cette envie n'avait fait que grandir à mesure qu'il interrogeait les habitants. Là il venait d'en finir avec le boucher, un gros type rougeaud aux mains larges comme des plats. Bilan des premiers interrogatoires très mitigé. Aux classiques "mais personne d'ici a pu faire ça, c'est forcément un vagabond !", qui aurait pu soupçonner un voisin qu'on connaissait depuis des décennies, venaient s'ajouter des accusations portant sur une gamine locale qui aurait éventré un chien récemment. Logique donc pour les habitants que la dites gamine ait aussi ouvert en deux un gosse et un homme d'âge mûr. Homme qu'elle aurait ensuite dépouillé, logique. Hum... Le vol en mobile ? Et si un vagabond était vraiment arrivé... Hum... Il devrait envoyer des Marines faire le tour de l'île à la recherche de navires s'étant échoués récemment. Mais pas possible de se concentrer, il entendait le boucher s'exciter à l'extérieur de la salle et débiter des tombereaux d'insultes.
"C'est pas bientôt finit ce bordel ?! On s'entend plus penser !"
Le gros homme devint muet sur l'instant. D'un geste las, l'agent du CP5 fit signe au soldat de l'escorter en dehors de la base. Il baissa son regard et celui-ci croisa un petit bout de blondinette en robe blanche. Il fronça les sourcils un instant puis se frappa le front.
"Hey ! Envoyez une équipe faire le tour de la côte. J'veux savoir si vous repérez des navires qui se seraient échoués récemment. Demandez aussi au QG de South Blue de nous envoyer un topo sur les équipages pirates du coin, on sait jamais."
Le Crack sourit, plutôt content de lui et s'apprêta à retourner dans son antre sombre et sentant l'ail quand il réalisa que la gamine était toujours là. Visiblement elle était venue pour lui. Minute... Ce ne serait pas elle la psychopathe dont la moitié du village lui avait parlé ? Petite, blonde, les yeux émeraudes. Ouais ça correspondait pile poil.
"Toi, tu dois être Maya. C'est bien ça ? C'est gentil à toi d'être venu sans être convoquée, cela nous fait gagner du temps. Je suppose que si tu es là, c'est que tu as des informations sur ces deux meurtres. Bien, bien. Entre, mets toi à l'aise."
L'Agent Patchett de retour dans son cellier, indiqua à Maya un tabouret où s'asseoir pendant que lui même retournait carrer son postérieur osseux dans une chaise en osier. Il l'observa un long moment en silence, essayant de laisser le malaise se développer pour forcer la gamine à cracher le morceau. Elle était suspecte après tout non ? Cela dit... Est ce que ces petits bras menus auraient eu la force de trancher un homme comme le frère du boulanger ? Sûrement pas.
"J'ai entendu pas mal de vilaines choses sur toi Maya. Il parait que tu t'es comportée très bizarrement en découvrant la première victime. Il paraît aussi que tu n'aimais pas ce garçon et que tu ne t'en cachais. Pas plus que tu n'aimais son oncle... Dans une petite ville comme ça, il en faut peu pour se mettre toute la population à dos. Là, je crois que tout le village ne souhaite qu'une seule chose, c'est que je t'offre un aller simple pour la prison la plus proche. Histoire qu'ils ne revoient plus jamais ta jolie frimousse. Si tu veux éviter ça Maya, il va falloir me dire tout ce que tu sais sur ces meurtres et je dis bien tout. Y compris ce qu'il y avait entre toi et les victimes."
L'Agent Patchett marqua une pause et sourit de toutes ses dents à l'adolescente. Un sourire cruel qui aurait convenu à un sadique. C'était là le sourire sans joie d'un homme qui avait vu son quota d'horreur et qui aimait à en faire profiter les autres. Ses yeux auparavant rieurs semblaient désormais froids et dépourvus d'émotion. C'était le regard que le Roi Joe réservait à ses sujets avant d'ordonner leur passage à tabac. C'était le sourire que Crack Joe offrait à ses victimes avant de leur trancher la gorge. C'était le visage d'interrogateur de l'Agent Patchett et il valait toutes les menaces du monde.
"Et sans mentir bien sûr..."
Pensez donc. Ils n'avaient pas de morgue ou quoi que ce soit qui y ressemble. Quand l'Agent du CP5 s'en était étonné au Lieutenant Colonel, celui-ci lui avait répondu avec hauteur que leur île n'en avait pas la nécessité vu le très faible tôt de mortalité. Cependant, pas tout à fait stupide non plus, l'officier avait fait transporter les deux cadavres (ou plutôt les quatre demi cadavres) dans la chambre froide du boucher afin de les protéger de la pourriture. Evidemment, il n'y avait pas non plus de médecin légiste sur Baterilla. Cela dit, l'utilité d'un tel praticien n'aurait été que très limitée dans ce cas tant la cause de la mort était évidente. Hémorragie. Il faut dire que quand le corps était coupé en deux, le sang circulait carrément moins bien. Tout juste pu-t-il avoir une idée sur l'arme du crime en observant les blessures. Visiblement l'homme avait été tranché en deux d'un seul coup ce qui supposait une force surhumaine. La coupure était nette, sûrement l'oeuvre d'un sabre comme l'avaient évoqué les premières constatations.
Joseph avait été déçu de ne pouvoir apprendre grand chose à la morgue mais au moins il avait pu marquer quelques points auprès du Lieutenant-Colonel en restant impassible face au macabre spectacle. Cela étant dit, la déception du Crack en constatant la non existence d'une morgue n'avait eu d'équivalence à celle qu'il avait éprouvé lorsqu'il avait découvert la Caserne. Le terme caserne faisait déjà trop d'honneur à ce bâtiment d'âge plus que mûr. Il avait dû à l'origine s'agir d'une ancienne ferme reconvertie pour l'usage de la Marine. Moche, humide, branlante et surtout dotée de fenêtres ne fermant pas correctement. A croire qu'on avait fait exprès de lui réserver la pire chambre disponible ! La garnison de l'île était à l'image de sa caserne. Des minots et des retraités, voilà ce qui la composait principalement. A eux tous, il n'y avait même pas cent hommes. Une présence somme toute symbolique. Heureusement qu'ils avaient au moins un Denden pour joindre le monde extérieur.
Car oui, le Crack était désormais pressé de repartir. Il avait été pris d'une soudaine envie de bâcler cette enquête lorsqu'il avait découvert sa "salle d'interrogatoire" (en vérité le cellier situé à la cave). Il menait donc ses entretiens entre un cuissot de jambon et un chapelet de légumes.
Cette envie n'avait fait que grandir à mesure qu'il interrogeait les habitants. Là il venait d'en finir avec le boucher, un gros type rougeaud aux mains larges comme des plats. Bilan des premiers interrogatoires très mitigé. Aux classiques "mais personne d'ici a pu faire ça, c'est forcément un vagabond !", qui aurait pu soupçonner un voisin qu'on connaissait depuis des décennies, venaient s'ajouter des accusations portant sur une gamine locale qui aurait éventré un chien récemment. Logique donc pour les habitants que la dites gamine ait aussi ouvert en deux un gosse et un homme d'âge mûr. Homme qu'elle aurait ensuite dépouillé, logique. Hum... Le vol en mobile ? Et si un vagabond était vraiment arrivé... Hum... Il devrait envoyer des Marines faire le tour de l'île à la recherche de navires s'étant échoués récemment. Mais pas possible de se concentrer, il entendait le boucher s'exciter à l'extérieur de la salle et débiter des tombereaux d'insultes.
"C'est pas bientôt finit ce bordel ?! On s'entend plus penser !"
Le gros homme devint muet sur l'instant. D'un geste las, l'agent du CP5 fit signe au soldat de l'escorter en dehors de la base. Il baissa son regard et celui-ci croisa un petit bout de blondinette en robe blanche. Il fronça les sourcils un instant puis se frappa le front.
"Hey ! Envoyez une équipe faire le tour de la côte. J'veux savoir si vous repérez des navires qui se seraient échoués récemment. Demandez aussi au QG de South Blue de nous envoyer un topo sur les équipages pirates du coin, on sait jamais."
Le Crack sourit, plutôt content de lui et s'apprêta à retourner dans son antre sombre et sentant l'ail quand il réalisa que la gamine était toujours là. Visiblement elle était venue pour lui. Minute... Ce ne serait pas elle la psychopathe dont la moitié du village lui avait parlé ? Petite, blonde, les yeux émeraudes. Ouais ça correspondait pile poil.
"Toi, tu dois être Maya. C'est bien ça ? C'est gentil à toi d'être venu sans être convoquée, cela nous fait gagner du temps. Je suppose que si tu es là, c'est que tu as des informations sur ces deux meurtres. Bien, bien. Entre, mets toi à l'aise."
L'Agent Patchett de retour dans son cellier, indiqua à Maya un tabouret où s'asseoir pendant que lui même retournait carrer son postérieur osseux dans une chaise en osier. Il l'observa un long moment en silence, essayant de laisser le malaise se développer pour forcer la gamine à cracher le morceau. Elle était suspecte après tout non ? Cela dit... Est ce que ces petits bras menus auraient eu la force de trancher un homme comme le frère du boulanger ? Sûrement pas.
"J'ai entendu pas mal de vilaines choses sur toi Maya. Il parait que tu t'es comportée très bizarrement en découvrant la première victime. Il paraît aussi que tu n'aimais pas ce garçon et que tu ne t'en cachais. Pas plus que tu n'aimais son oncle... Dans une petite ville comme ça, il en faut peu pour se mettre toute la population à dos. Là, je crois que tout le village ne souhaite qu'une seule chose, c'est que je t'offre un aller simple pour la prison la plus proche. Histoire qu'ils ne revoient plus jamais ta jolie frimousse. Si tu veux éviter ça Maya, il va falloir me dire tout ce que tu sais sur ces meurtres et je dis bien tout. Y compris ce qu'il y avait entre toi et les victimes."
L'Agent Patchett marqua une pause et sourit de toutes ses dents à l'adolescente. Un sourire cruel qui aurait convenu à un sadique. C'était là le sourire sans joie d'un homme qui avait vu son quota d'horreur et qui aimait à en faire profiter les autres. Ses yeux auparavant rieurs semblaient désormais froids et dépourvus d'émotion. C'était le regard que le Roi Joe réservait à ses sujets avant d'ordonner leur passage à tabac. C'était le sourire que Crack Joe offrait à ses victimes avant de leur trancher la gorge. C'était le visage d'interrogateur de l'Agent Patchett et il valait toutes les menaces du monde.
"Et sans mentir bien sûr..."
Maya parlait et dans son coin, le dial tournait et enregistrait le témoignage de la jeune fille. Une petite merveille ces objets, une véritable révolution dans le monde de la paperasse. Finit l'époque où l'Agent de terrain devait taper tous ses rapports à la machine. Maintenant l'Agent Patchett se contentait d'expédier les Dials à un gratte papier de sa connaissance qui se chargeait de toute la retranscription pour lui. En échange de quoi, Joseph gardait les yeux clos sur ses menus trafics. Un deal tout ce qu'il y avait de plus logique pour un serviteur aussi peu zélé du Gouvernement Mondial que Joseph Patchett.
Dommage que la gosse lui faisant face en manque à ce point, de logique. Dur de suivre le fil de ses pensées ou de trouver une quelconque cohérence dans ses accusations. Il fallait en plus rajouter la syntaxe approximative et surtout le fait de parler d'elle même à la troisième personne qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Surtout après une pénible journée d'interrogatoires. La première fois on souriait de bon cœur, la deuxième fois de façon un peu plus crispée mais là, rendu à dix fois en quelques minutes... Argh. Il sentait une veine palpiter près de sa tempe, indiquant l'imminence d'un craquage nerveux. L'Agent en prit conscience et se força donc à inspirer et expirer lentement, pour se calmer. Un sourire crispé réapparu sur son visage.
"Oui Maya. Tu m'as beaucoup aidé, merci de ton témoignage."
Pour la forme plus que parce qu'il y croyait vraiment, Joseph lui posa encore quelques questions relatives au fameux "trésor" de la première victime, histoire de bien s'assurer que ce point relevait du fantasme. La gosse répondit à ses questions sans se démonter. Elle croyait à son histoire dur comme fer Le gamin aurait trouvé un coffre qu'il aurait planqué sous son lit et se serait ensuite vanté d'avoir trouvé un trésor. Quelle connerie... Sans doute un délire de gosse voulant se faire mousser auprès des copains.
L'Agent en avait entendu plus qu'assez. Lassé, il se leva pour éteindre le Dial qu'il rangea précieusement dans son costume. S'il perdait du matériel fourni par le Service, ce serait retenu sur sa paye. Il adressa un grand sourire à la gamine, un sourire qui aurait sans doute fait fuir n'importe quel gamin normalement constitué mais Maya n'était pas une gosse ordinaire, c'était une psychopathe en puissance et Joseph l'avait senti.
"Je comptais aller dehors participer au tour de la côte que j'ai demandé. Tu m'accompagnes ?"
Evidemment que la gosse accepta de l'accompagner. Elle semblait fascinée par l'envoyé du Cipher Pol et le Crack comptait bien en tirer parti. L'Agent Patchett et sa jeune associée partirent donc de la "caserne" en direction du rivage. Disons le franchement, la côte de l'île de Baterilla était semblable au reste de l'île: merdique et sans intérêt. Ils se trouvaient sur une plage de galets quelconque, dépourvue de charmes et sans la moindre bicoque à l'horizon. Pas franchement le paradis. Et dire qu'ils allaient devoir remonter cette plage sur plusieurs kilomètres. Enfin, ça c'était le plan B. Le plan A, c'était d'utiliser son instinct de gosse des rues. Pour faire remonter la vérité à la surface, il fallait lancer un gros pavé dans la marre.
"J'ai remarqué plusieurs choses dans ton récit Maya. Plusieurs choses qui me gênent un petit peu. Tu permets que je les énonce à haute voix ? J'aime réfléchir ainsi."
"Tu m'as pris pour un idiot Maya. Ne le nies pas, je le sais. Oh je ne t'en veux pas, tout ton village me prend pour un idiot. Ils croient que parce que je suis jeune, je suis forcément un bon à rien."
L'homme soupira, semblant réellement peiné que tout ce village de bouseux l'ait méprisé. A moins que cette situation ne lui rappelle autre chose. Allez savoir.
"Tu as essayé de m'orienter sur les amis de la victime. Comment tu as dit qu'ils s’appelaient déjà ? Ted, Marshall et Barney ? T'aurais pu trouver mieux franchement. Sans déconner, comment trois adolescents auraient pu trancher en deux un homme comme Barry Mosby ? C'est que c'était un costaud ce lascar ! Tu as essayé de te servir de moi pour que je te débarrasse de ceux te posant des problèmes. Bien essayé mais ça ne prend pas."
L'Agent marqua une pause, s'arrêta sur la plage, contemplant l'Océan qui s'étendait à perte de vue. Il soupira et sortit une tige de tabac de l'intérieur de sa veste. Fumer en regardant le vaste océan. Il était presque bien là. Presque... Mais ça allait s'améliorer sous peu.
"Je vais te dire ce que je pense Maya. Je pense que plus que cette histoire de trésor à laquelle tu sembles être la seule à croire, je me dis que tout ça a un rapport avec toi. Oui toi, ne fais pas l'étonnée ! Tout le village te déteste et plusieurs des villageois s'en sont pris à toi. Tu ne vois pas le lien ? Les deux victimes s'en sont toutes deux prises à toi physiquement et ils sont morts. Coïncidence ? Que nenni ! Nous ne croyons pas aux coïncidences au Cipher Pol."
De l'Océan, le regard de l'Agent se porta de nouveau sur le petit bout de jeune fille qui se tenait à ses côtés en silence. A travers la fumée de cigarette, ses yeux bleus semblaient vouloir pénétrer au plus profond de son âme.
"En temps normal, j'aurais suspecté ton père. Un père un peu trop protecteur peut en venir aux pires extrémités pour son enfant. Mais il s'avère que ton paternel a plus honte de toi qu'autre chose. Le récit des habitants concernant l'incident avec le chien est explicite. Ton père ne t'a pas défendu contre le boucher. Oh que non ! Sa plus grande peur est que sa fille lui fasse honte de nouveau. Plutôt comique quand on pense que l'homme est alcoolique. Hahaha. Hum, je m'égare..."
"Le point essentiel ici est que ton père n'aurait sans doute jamais tué pour toi. Car oui Maya. Il y a là dehors quelqu'un qui tue ceux qui s'en prennent à toi, quelqu'un qui tue pour toi. Je pourrais sans doute te demander qui fait ça, mais ce serait trop simple. Pas drôle du tout. Non... Moi, je me demandais... Que se passerait-il si je m'en prenais à toi moi aussi ? Que se passerait-il si j'enlaidissais un peu ce joli minois ?"
L'Agent Patchett saisit le menton de la blonde, l'obligeant à le regarder. Son sourire s'était encore élargi. Plus de doute possible, l'homme était fou, son regard fiévreux le prouvait. Ses doigts caressaient la trace du bleu qu'avait laissé le poing du frère du boulanger.
"Que se passerait il hein ? Est ce que le tueur viendrait pour moi aussi ? Voudra-t-il me découper en deux ? Cela a l'air très excitant et terriblement dangereux."
Maintenant il était bien.
Dommage que la gosse lui faisant face en manque à ce point, de logique. Dur de suivre le fil de ses pensées ou de trouver une quelconque cohérence dans ses accusations. Il fallait en plus rajouter la syntaxe approximative et surtout le fait de parler d'elle même à la troisième personne qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Surtout après une pénible journée d'interrogatoires. La première fois on souriait de bon cœur, la deuxième fois de façon un peu plus crispée mais là, rendu à dix fois en quelques minutes... Argh. Il sentait une veine palpiter près de sa tempe, indiquant l'imminence d'un craquage nerveux. L'Agent en prit conscience et se força donc à inspirer et expirer lentement, pour se calmer. Un sourire crispé réapparu sur son visage.
"Oui Maya. Tu m'as beaucoup aidé, merci de ton témoignage."
Pour la forme plus que parce qu'il y croyait vraiment, Joseph lui posa encore quelques questions relatives au fameux "trésor" de la première victime, histoire de bien s'assurer que ce point relevait du fantasme. La gosse répondit à ses questions sans se démonter. Elle croyait à son histoire dur comme fer Le gamin aurait trouvé un coffre qu'il aurait planqué sous son lit et se serait ensuite vanté d'avoir trouvé un trésor. Quelle connerie... Sans doute un délire de gosse voulant se faire mousser auprès des copains.
L'Agent en avait entendu plus qu'assez. Lassé, il se leva pour éteindre le Dial qu'il rangea précieusement dans son costume. S'il perdait du matériel fourni par le Service, ce serait retenu sur sa paye. Il adressa un grand sourire à la gamine, un sourire qui aurait sans doute fait fuir n'importe quel gamin normalement constitué mais Maya n'était pas une gosse ordinaire, c'était une psychopathe en puissance et Joseph l'avait senti.
"Je comptais aller dehors participer au tour de la côte que j'ai demandé. Tu m'accompagnes ?"
Evidemment que la gosse accepta de l'accompagner. Elle semblait fascinée par l'envoyé du Cipher Pol et le Crack comptait bien en tirer parti. L'Agent Patchett et sa jeune associée partirent donc de la "caserne" en direction du rivage. Disons le franchement, la côte de l'île de Baterilla était semblable au reste de l'île: merdique et sans intérêt. Ils se trouvaient sur une plage de galets quelconque, dépourvue de charmes et sans la moindre bicoque à l'horizon. Pas franchement le paradis. Et dire qu'ils allaient devoir remonter cette plage sur plusieurs kilomètres. Enfin, ça c'était le plan B. Le plan A, c'était d'utiliser son instinct de gosse des rues. Pour faire remonter la vérité à la surface, il fallait lancer un gros pavé dans la marre.
"J'ai remarqué plusieurs choses dans ton récit Maya. Plusieurs choses qui me gênent un petit peu. Tu permets que je les énonce à haute voix ? J'aime réfléchir ainsi."
"Tu m'as pris pour un idiot Maya. Ne le nies pas, je le sais. Oh je ne t'en veux pas, tout ton village me prend pour un idiot. Ils croient que parce que je suis jeune, je suis forcément un bon à rien."
L'homme soupira, semblant réellement peiné que tout ce village de bouseux l'ait méprisé. A moins que cette situation ne lui rappelle autre chose. Allez savoir.
"Tu as essayé de m'orienter sur les amis de la victime. Comment tu as dit qu'ils s’appelaient déjà ? Ted, Marshall et Barney ? T'aurais pu trouver mieux franchement. Sans déconner, comment trois adolescents auraient pu trancher en deux un homme comme Barry Mosby ? C'est que c'était un costaud ce lascar ! Tu as essayé de te servir de moi pour que je te débarrasse de ceux te posant des problèmes. Bien essayé mais ça ne prend pas."
L'Agent marqua une pause, s'arrêta sur la plage, contemplant l'Océan qui s'étendait à perte de vue. Il soupira et sortit une tige de tabac de l'intérieur de sa veste. Fumer en regardant le vaste océan. Il était presque bien là. Presque... Mais ça allait s'améliorer sous peu.
"Je vais te dire ce que je pense Maya. Je pense que plus que cette histoire de trésor à laquelle tu sembles être la seule à croire, je me dis que tout ça a un rapport avec toi. Oui toi, ne fais pas l'étonnée ! Tout le village te déteste et plusieurs des villageois s'en sont pris à toi. Tu ne vois pas le lien ? Les deux victimes s'en sont toutes deux prises à toi physiquement et ils sont morts. Coïncidence ? Que nenni ! Nous ne croyons pas aux coïncidences au Cipher Pol."
De l'Océan, le regard de l'Agent se porta de nouveau sur le petit bout de jeune fille qui se tenait à ses côtés en silence. A travers la fumée de cigarette, ses yeux bleus semblaient vouloir pénétrer au plus profond de son âme.
"En temps normal, j'aurais suspecté ton père. Un père un peu trop protecteur peut en venir aux pires extrémités pour son enfant. Mais il s'avère que ton paternel a plus honte de toi qu'autre chose. Le récit des habitants concernant l'incident avec le chien est explicite. Ton père ne t'a pas défendu contre le boucher. Oh que non ! Sa plus grande peur est que sa fille lui fasse honte de nouveau. Plutôt comique quand on pense que l'homme est alcoolique. Hahaha. Hum, je m'égare..."
"Le point essentiel ici est que ton père n'aurait sans doute jamais tué pour toi. Car oui Maya. Il y a là dehors quelqu'un qui tue ceux qui s'en prennent à toi, quelqu'un qui tue pour toi. Je pourrais sans doute te demander qui fait ça, mais ce serait trop simple. Pas drôle du tout. Non... Moi, je me demandais... Que se passerait-il si je m'en prenais à toi moi aussi ? Que se passerait-il si j'enlaidissais un peu ce joli minois ?"
L'Agent Patchett saisit le menton de la blonde, l'obligeant à le regarder. Son sourire s'était encore élargi. Plus de doute possible, l'homme était fou, son regard fiévreux le prouvait. Ses doigts caressaient la trace du bleu qu'avait laissé le poing du frère du boulanger.
"Que se passerait il hein ? Est ce que le tueur viendrait pour moi aussi ? Voudra-t-il me découper en deux ? Cela a l'air très excitant et terriblement dangereux."
Maintenant il était bien.
Dernière édition par Joseph Patchett le Mer 22 Oct 2014 - 14:56, édité 1 fois
L'Agent Patchett était décontenancé par la réaction de la gamine. Il s'était attendu à voir de la peur dans ses yeux mais ce n'était pas le cas. Son regard brillait et elle n'avait pas peur pour elle mais pour lui. Quelle blague ! Elle ne voulait pas qu'il soit tué lui. Comme s'il y avait pouvait y avoir quelqu'un sur cette île de bouseux capable de ne serait ce seulement que le blesser. Le Crack aurait voulu pouvoir montrer à la gamine à quel point il valorisait sa sollicitude. Il avait déjà serré le poing, prêt à corriger la petite merdeuse quand un soldat vint les interrompre.
La vue de l'uniforme blanc ainsi que le message du soldat eurent pour Joseph un effet salvateur. Il desserra son poing, écrasa sa cigarette et se passa la main dans les cheveux pour se redonner une contenance. Il avait visiblement eu le nez creux en supposant que ces meurtres étaient l'oeuvre de quelqu'un cherchant à protéger la jeune fille. Le père était une cible logique après tout. Cela dit, il était encore tôt, comment l'homme pouvait il être déjà ivre ? Bah, s'il était capable de décrire le visage du tueur, cela suffirait au bonheur de l'Agent.
Le Marine qui était venu les trouver ignora ostensiblement les questions de l'enfant. Il la connaissait de réputation et n'avait pas aucune envie de parler à une fille qui ouvrait des chiens en deux pour le plaisir.
"En effet soldat, je vais aller interroger la victime. Il y a d'autres témoins de la scène ?"
Le Marine secoua la tête. On était en plein milieu de journée et les habitants du petit village de Baterilla vaquaient tous à leurs occupations au lieu de traîner dans les rues. Quand aux Marines, déjà fort peu nombreux, la moitié ratissaient la côte selon les directives de l'Agent.
"Je vois... Je suppose que ç'aurait été trop demandé... Bon, au moins cette fois la victime a survécu c'est déjà ça. Quand je pense qu'il est passé à l'attaque en plein jour, alors que je viens à peine d'arrivée. Il voudrait me provoquer qu'il n'aurait pas agi autrement. Tsssk. Vous avez conduit la victime à la base pour la soigner ?"
"Euh non. Les personnes qui étaient dans la taverne ont entendu le professeur crier comme un porc qu'on égorge alors du coup ils sont sortis voir. L'ont trouvé saignant de partout. Z'ont pas pu voir le tueur qu'avait déjà fichu le camp. Du coup ils ont ramené le prof à l'intérieur. J'crois que le Lieutenant Colonel est là bas avec le médecin. L'a dit qu'il fallait protéger le témoin."
"Bien. Merci Soldat, vous pouvez y aller, nous vous suivons."
Le Marine salua l'Agent, jeta un regard torve à la gamine puis tourna les talons et repartir vers l'intérieur de l'île au petit trot. Le Crack le laissa s'éloigner avant de se pencher sur la gamine, un sourire sur le visage.
"On dirait que ma petite théorie s'avère correcte. Tu n'aimes pas beaucoup ton père, je me trompe ? On dirait que "ton ami" le tueur a voulu t'en débarrasser. Tu aurais aimé qu'il réussisse pas vrai ?"
Le Crack n'attendit pas la réponse de la gamine et partit d'un grand éclat de rire, comme pour signifier qu'il plaisantait. Mais était ce réellement le cas ? Allez savoir avec un agent presque aussi instable qu'incompétent.
La vue de l'uniforme blanc ainsi que le message du soldat eurent pour Joseph un effet salvateur. Il desserra son poing, écrasa sa cigarette et se passa la main dans les cheveux pour se redonner une contenance. Il avait visiblement eu le nez creux en supposant que ces meurtres étaient l'oeuvre de quelqu'un cherchant à protéger la jeune fille. Le père était une cible logique après tout. Cela dit, il était encore tôt, comment l'homme pouvait il être déjà ivre ? Bah, s'il était capable de décrire le visage du tueur, cela suffirait au bonheur de l'Agent.
Le Marine qui était venu les trouver ignora ostensiblement les questions de l'enfant. Il la connaissait de réputation et n'avait pas aucune envie de parler à une fille qui ouvrait des chiens en deux pour le plaisir.
"En effet soldat, je vais aller interroger la victime. Il y a d'autres témoins de la scène ?"
Le Marine secoua la tête. On était en plein milieu de journée et les habitants du petit village de Baterilla vaquaient tous à leurs occupations au lieu de traîner dans les rues. Quand aux Marines, déjà fort peu nombreux, la moitié ratissaient la côte selon les directives de l'Agent.
"Je vois... Je suppose que ç'aurait été trop demandé... Bon, au moins cette fois la victime a survécu c'est déjà ça. Quand je pense qu'il est passé à l'attaque en plein jour, alors que je viens à peine d'arrivée. Il voudrait me provoquer qu'il n'aurait pas agi autrement. Tsssk. Vous avez conduit la victime à la base pour la soigner ?"
"Euh non. Les personnes qui étaient dans la taverne ont entendu le professeur crier comme un porc qu'on égorge alors du coup ils sont sortis voir. L'ont trouvé saignant de partout. Z'ont pas pu voir le tueur qu'avait déjà fichu le camp. Du coup ils ont ramené le prof à l'intérieur. J'crois que le Lieutenant Colonel est là bas avec le médecin. L'a dit qu'il fallait protéger le témoin."
"Bien. Merci Soldat, vous pouvez y aller, nous vous suivons."
Le Marine salua l'Agent, jeta un regard torve à la gamine puis tourna les talons et repartir vers l'intérieur de l'île au petit trot. Le Crack le laissa s'éloigner avant de se pencher sur la gamine, un sourire sur le visage.
"On dirait que ma petite théorie s'avère correcte. Tu n'aimes pas beaucoup ton père, je me trompe ? On dirait que "ton ami" le tueur a voulu t'en débarrasser. Tu aurais aimé qu'il réussisse pas vrai ?"
Le Crack n'attendit pas la réponse de la gamine et partit d'un grand éclat de rire, comme pour signifier qu'il plaisantait. Mais était ce réellement le cas ? Allez savoir avec un agent presque aussi instable qu'incompétent.
***
Le problème avec les petits villages comme celui-ci c'est que les informations se répandent comme une traînée de poudre. La foule qu'il avait vu le matin même sur les docks était de nouveau rassemblé mais cette fois, devant l'unique taverne du village. A croire que tout le monde s'était donné rendez vous là. Les conversations cessèrent quand l'étrange duo blond arriva. Le groupe s'écarta sur le passage de l'Agent, laissant voir deux soldats de la Marine en faction devant la porte et une flaque de sang sur le fronton de la taverne. Derrière l'Agent Patchett, la petite Maya suivait, entraînant dans son sillage murmures désapprobateurs et remarques acerbes. Cette enfant avait vraiment su se faire aimer de ses concitoyens. L'un des deux factionnaires ouvrit la porte devant l'Agent du CP5. Son collègue voulu barrer le passage à la gosse et la repousser. Le Crack, déjà à moitié rentré à l'intérieur, se sentit obligé d'intervenir.
"Laissez la passer. C'est quand même sa fille. Allez, vous attendez quoi, le déluge ? Bien ! Merci Soldat."
Incroyable, même les soldats de base sont montraient réticents à suivre les ordres de l'Agent. Il faut dire qu'il n'avait sur eux aucune autorité hiérarchique. Cela dit ce n'était pas le sujet. Le sujet qui les intéressait, c'était le gros homme allongé sur l'une des tables auprès de qui le "toubib" du coin s'affairait. Kaito Miso était visiblement un petit veinard. Alors que les deux précédentes victimes avaient été coupé en deux proprement, lui n'avait perdu qu'un bout de gras. A dire vrai, il lui manquait une poignée d'amour mais il s'en remettrait. On pouvait difficilement s'en tirer à meilleur compte. Pas de traces du Lieutenant Colonel dans la salle, celui-ci avait déjà du repartir. Il faut dire que le père Miso n'avait pas l'air en état de répondre aux questions.
"Hum. Ca n'a pas l'air trop grave. Vous pensez que je peux l'interroger Docteur ?"
"L'interroger ? Vous ne voyez pas qu'il n'est pas en état de répondre là ? Le malheureux hurlait tellement que j'ai du lui injecter un sédatif pour qu'il me laisse le recoudre tranquillement. Pourtant aucun organe n'a été touché. Donc en effet, ce n'est pas trop grave. Cela dit, même s'il était réveillé, vous pensez vraiment qu'il aurait quelque chose à vous dire d'utile ? Je veux dire, c'est qu'il avait pas mal bu Kaito !"
"Effectivement..."
L'Agent Patchett était forcé d'admettre que le médecin marquait un point. Cela dit, il faudrait tout de même interroger l'homme une fois qu'il serait réveillé... et sobre. Bon... Il avait encore une autre carte à jouer. La salle de la taverne était quasiment vide. Un homme derrière le comptoir, un Marine armé près de la fenêtre visiblement placé là pour veiller sur le blessé et le toubib. C'était le moment d'essayer de se servir de son Atout Maître, la gosse. Depuis son entrée dans la pièce elle n'avait pas détaché son regard du corps de son paternel. Était ce de la joie que Joseph croyait lire dans son regard ? Difficile à dire. Même si la gosse était sûrement une psychopathe, elle n'en restait pas moins une enfant. Elle devait aimer son père malgré tous ses défauts et l'Agent allait essayer de jouer là dessus.
"Maya... Quand tu es venu me voir tout à l'heure, tu as dit que tu voulais m'aider à résoudre l'affaire. Alors c'est ce que tu vas faire. Tu vas le faire pour moi mais aussi pour ton père. Tu aimes ton père pas vrai ? Oh je sais bien qu'il n'est pas le meilleur père du monde mais il n'en est pas moins ta seule famille maintenant que ta mère est euh montée au ciel."
Qu'est ce qu'il fallait pas faire pour résoudre cette affaire. Voilà que le Crack se retrouvait à prêcher l'amour filial. Comme si le sang avait quelque importance que ce soit. Comme si avoir une famille pouvait être important. L'Agent Patchett était cynique mais il était surtout crédible. On voyait là les résultats d'années de mensonges éhontés. Il pouvait faire passer des vessies pour des lanternes sans le moindre problème.
"Alors maintenant, je veux que tu te concentres Maya et que tu me dises qui est cet ami qui pense devoir tuer pour toi. Le tueur est forcément quelqu'un que tu connais et qui t'apprécie. Tu ne vas pas me dire que tu n'as pas le moindre ami ?! Tout le monde a au moins un ami bon sang, même dans un village pareil ! Allez, concentre toi !! Tu le connais forcément !!!"
Si ça ne marchait pas et qu'elle persistait à refuser de lui donner le nom du tueur, il l'emmènerait dehors et la passerait à tabac. Il n'en avait pas spécialement envie. Mine de rien, la façon qu'elle avait de le regarder comme s'il était l'homme le plus puissant du monde avait quelque chose de plaisant. Cela dit, la mission passait en premier. Qu'elle ait conscience de qui était le tueur ou pas importerait peu à ce moment là. Il viendrait forcément pour lui. Et s'il avait été négligeant au point de ne pas réussir à tuer Kaito Miso, alors il n'aurait pas l'ombre d'une chance face à lui. D'ailleurs si le père Miso pouvait se réveiller et lui décrire le suspect, ça serait parfait mais aussi sans doute trop demandé à une déesse de la chance particulièrement capricieuse.
"Laissez la passer. C'est quand même sa fille. Allez, vous attendez quoi, le déluge ? Bien ! Merci Soldat."
Incroyable, même les soldats de base sont montraient réticents à suivre les ordres de l'Agent. Il faut dire qu'il n'avait sur eux aucune autorité hiérarchique. Cela dit ce n'était pas le sujet. Le sujet qui les intéressait, c'était le gros homme allongé sur l'une des tables auprès de qui le "toubib" du coin s'affairait. Kaito Miso était visiblement un petit veinard. Alors que les deux précédentes victimes avaient été coupé en deux proprement, lui n'avait perdu qu'un bout de gras. A dire vrai, il lui manquait une poignée d'amour mais il s'en remettrait. On pouvait difficilement s'en tirer à meilleur compte. Pas de traces du Lieutenant Colonel dans la salle, celui-ci avait déjà du repartir. Il faut dire que le père Miso n'avait pas l'air en état de répondre aux questions.
"Hum. Ca n'a pas l'air trop grave. Vous pensez que je peux l'interroger Docteur ?"
"L'interroger ? Vous ne voyez pas qu'il n'est pas en état de répondre là ? Le malheureux hurlait tellement que j'ai du lui injecter un sédatif pour qu'il me laisse le recoudre tranquillement. Pourtant aucun organe n'a été touché. Donc en effet, ce n'est pas trop grave. Cela dit, même s'il était réveillé, vous pensez vraiment qu'il aurait quelque chose à vous dire d'utile ? Je veux dire, c'est qu'il avait pas mal bu Kaito !"
"Effectivement..."
L'Agent Patchett était forcé d'admettre que le médecin marquait un point. Cela dit, il faudrait tout de même interroger l'homme une fois qu'il serait réveillé... et sobre. Bon... Il avait encore une autre carte à jouer. La salle de la taverne était quasiment vide. Un homme derrière le comptoir, un Marine armé près de la fenêtre visiblement placé là pour veiller sur le blessé et le toubib. C'était le moment d'essayer de se servir de son Atout Maître, la gosse. Depuis son entrée dans la pièce elle n'avait pas détaché son regard du corps de son paternel. Était ce de la joie que Joseph croyait lire dans son regard ? Difficile à dire. Même si la gosse était sûrement une psychopathe, elle n'en restait pas moins une enfant. Elle devait aimer son père malgré tous ses défauts et l'Agent allait essayer de jouer là dessus.
"Maya... Quand tu es venu me voir tout à l'heure, tu as dit que tu voulais m'aider à résoudre l'affaire. Alors c'est ce que tu vas faire. Tu vas le faire pour moi mais aussi pour ton père. Tu aimes ton père pas vrai ? Oh je sais bien qu'il n'est pas le meilleur père du monde mais il n'en est pas moins ta seule famille maintenant que ta mère est euh montée au ciel."
Qu'est ce qu'il fallait pas faire pour résoudre cette affaire. Voilà que le Crack se retrouvait à prêcher l'amour filial. Comme si le sang avait quelque importance que ce soit. Comme si avoir une famille pouvait être important. L'Agent Patchett était cynique mais il était surtout crédible. On voyait là les résultats d'années de mensonges éhontés. Il pouvait faire passer des vessies pour des lanternes sans le moindre problème.
"Alors maintenant, je veux que tu te concentres Maya et que tu me dises qui est cet ami qui pense devoir tuer pour toi. Le tueur est forcément quelqu'un que tu connais et qui t'apprécie. Tu ne vas pas me dire que tu n'as pas le moindre ami ?! Tout le monde a au moins un ami bon sang, même dans un village pareil ! Allez, concentre toi !! Tu le connais forcément !!!"
Si ça ne marchait pas et qu'elle persistait à refuser de lui donner le nom du tueur, il l'emmènerait dehors et la passerait à tabac. Il n'en avait pas spécialement envie. Mine de rien, la façon qu'elle avait de le regarder comme s'il était l'homme le plus puissant du monde avait quelque chose de plaisant. Cela dit, la mission passait en premier. Qu'elle ait conscience de qui était le tueur ou pas importerait peu à ce moment là. Il viendrait forcément pour lui. Et s'il avait été négligeant au point de ne pas réussir à tuer Kaito Miso, alors il n'aurait pas l'ombre d'une chance face à lui. D'ailleurs si le père Miso pouvait se réveiller et lui décrire le suspect, ça serait parfait mais aussi sans doute trop demandé à une déesse de la chance particulièrement capricieuse.