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Le Chat et l'Oiseau [PV Serei]

Ces derniers temps, le monde me semblait potentiellement trop calme. La routine, le train-train quotidien, semblaient indubitablement s'être installés. Pas de grandes batailles depuis un moment, le monde continuait de tourner et les jours défilaient sans même une quelconque petite guérilla à mener envers un pays adepte des frasques du Gouvernement Mondial. Bien entendu, j'aurai sans doute mieux fait de m'en réjouir. Les temps de paix sont tellement rares qu'il est préférable d'en profiter avant d'être à nouveau plongé dans la tourmente causée par la guerre. Mais indubitablement, je ne me sentais pas à mon aise dans ce genre de climat. Même si je savais que la Révolution œuvrait pour créer un monde de paix, de justice et de liberté, je savais aussi que ce n'était pas le genre de monde palpitant dont je rêvais. Cela, mes supérieurs n'avaient pas eu de mal à le remarquer. Voilà plusieurs jours que j'avais passé à tourner en rond comme un lion en cage, entre les séances d'entraînement à l'épée où je laissais ma frustration due à l'ennui s'extérioriser par quelques acharnement envers les nouvelles recrues que l'on m'avait chargé de former. Bien évidemment, cette attitude n'était pas des plus recommandées pour se faire bien voir par la hiérarchie, même si ce détail était le cadet de mes soucis. Néanmoins, un doute demeurait dans mon esprit. J'ignorais si c'était parce que j'avais brutalement humilié le fils de l'un des officiers de notre armée au cours d'un entraînement en lui tranchant sa ceinture, le laissant dévoiler son magnifique caleçon sur lequel était dessiné le motif d'un rat jaune faisant des éclairs, ou si c'était le fait d'avoir traité de gratte-papier incompétent le supérieur chargé de me sermonner pour cela, qui m'avait valu d'obtenir une mission que l'on pourrait aisément qualifier de punition.

Voilà désormais à quoi j'en étais réduit : jouer les messagers. Tel Zéphyrin le pigeon, éternellement pourchassé par Satanas et Diabolos, on m'avait remis une sacoche avec un certain nombre de missives à distribuer à plusieurs de nos bases à travers tout le secteur où je me trouvais. Jamais la citation "Ô rage ! Ô désespoir" ne m'avait aussi bien convenue. Rancunier comme pas deux, ce ne fut qu'après avoir convaincu notre charmante réceptionniste, sexagénaire pleine de fougue, que l'officier m'ayant ainsi puni était en réalité fou amoureux d'elle et qu'il l'attendait dans ses quartiers pendant qu'il prenait sa douche du soir, que je me décidais à prendre mon envol. Imaginant les deux individus se rencontrer me fit légèrement sourire, tandis que je regardais autour de moi si personne ne m'observait, derrière l'entrepôt d'arme de la base. Constatant qu'aucun petit malin ne se trouvait ici, je laissais donc apparaître trois majestueuses paires d'ailes dans mon dos, le tout dans un léger tourbillon des mêmes ornements. Le noir de jais de celles-ci était en parfait accord avec mon accoutrement habituel, à savoir mon long manteau noir à capuchon. Sans plus tarder, je m'envolais donc, restant à basse altitude pour ne pas être aperçu par des personnes de la base. Sans doute que le fait de voler à raz de l'eau aurait pu paraître dangereux, mais sentir l'écume me fouetter légèrement le visage, alors que mon odorat s'éveillait pleinement en sentant l'odeur d'iode de l'océan, n'avait tout simplement pas de prix. Après tout, je n'étais plus sur Grand Line, mais à South Blue. Les risques d'être confronté à un évènement météorologique majeur et catastrophique étaient pour ainsi dire proche de zéro. Chose rare, je pouvais donc parcourir la distance séparant les différentes îles sans avoir à me soucier des détails risqués de ma situation.


Ma sacoche solidement tenu en bandoulière, j'attendais d'être à quelques miles nautiques pour finalement prendre de l'altitude. Après tout, si je n'avais aucune chance d'être pris dans un cyclone, les probabilités de rencontrer un vaisseau de la Marine étaient néanmoins toujours présentes. Battant rapidement de mes appendices séraphiques, je continuais ma route, retrouvant sans vraiment m'en rendre compte, un semblant de sourire. Il fallait dire que s'élever au-dessus des nuages était une chose des plus agréables. Même si cela demandait plus d'efforts à cause de la raréfaction de l'oxygène, le sentiment de liberté que cela procurait était largement compensatoire de ce fait. Pouvoir observer le monde depuis le toit de celui-ci, avoir l'impression d'être un privilégié parmi le restant des hommes... c'était sans doute l'un des points qui m'avait fait apprécier l'acquisition de l'Hane Hane no Mi. Même en voguant à toute vitesse sur un navire prévu à cet effet, les sensations n'avaient tout bonnement rien à voir, largement inférieures à celles de voler à pleine vitesse sans se soucier du reste. Après avoir effectué plusieurs vrilles en tendant mes bras de chaque côté pour mieux sentir les courants aériens, je décidais de m'offrir une petite dose de sensations fortes en piquant droit vers le premier îlot où je devais jouer les facteurs. A peine à quelques miles de la plage, je chutais donc, les ailes parfaitement repliées en arrière pour atteindre la vitesse la plus vertigineuse possible. Je plissais mes yeux afin de pouvoir discerner le plus clairement possible ce qui se trouvait en-dessous de moi et pouvoir réagir avec un bon timing quant au redéploiement de mes appendices séraphiques. Les sensations fortes étaient décidément une chose dont je ne pouvais pas me passer.

Tout en chutant, je repérais l'emplacement de la base de l'Armée Révolutionnaire, afin de calculer l'itinéraire le plus rapide pour m'y rendre à pied. A peine à quelques kilomètres du niveau de l'eau, je décidais d'augmenter la dose d'adrénaline que je produisais en corsant la chose, me mettant à vriller, à la manière d'une perceuse qui fendait l'air. Ce fut finalement à une quarantaine de mètres du sol que je déployais successivement mes six ailes pour finalement modifier mon cap et me redresser. Le choc produit alors que je me trouvais à nouveau au raz de l'eau créa un léger sillon sur mon passage, tandis que ma main gauche touchait la surface de l'eau et que je souriais toujours sans vraiment m'en rendre compte. Finalement, j'arrivais sur la plage de cette île qui m'était on ne peut plus familière. Il s'agissait de l'un des endroits où j'avais fait mes premières armes en tant que soldat de la Révolution. Quelques années avaient passées depuis, mais je me sentais tout de même nostalgique, alors que je faisais disparaître mes ailes dans un tourbillon de plumes qui disparurent en se dispersant au gré du vent. Reprenant mon souffle, je commençais à marcher, remettant correctement mon sac postal en laissant quelques empreintes dans le sable. En face de cette plage d'un blanc immaculé se trouvait une jungle, ou plutôt une forêt, car très peu hostile, où j'avais passé le plus clair de mon temps à me cacher pour continuer à m'entraîner en secret. Parcourir ses sentiers et croiser de vieux arbres portant encore les marques de coups d'épées que j'avais jadis prodigué me redonnait ma bonne humeur. Tout en continuant mes pas, je me souvenais de pourquoi j'avais opté pour l'affectation dans cette île. Son simple nom était des plus appropriés pour un musicien tel que moi. "Rock N'Roll"... j'avais, à l'époque, pris cela pour un signe du Destin, et avais affirmé à mon recruteur que je n'irai nulle part ailleurs que sur une île au si joli nom.

Plus je m'enfonçais dans la forêt et plus je me remémorais les longues soirées passées à mettre l'ambiance à l'aide de ma guitare. Je l'avais jadis acquise par un marchant Céleste de passage dans le coin et qui me l'avait vendu pour une bouchée de pain. Cet artéfact de mon passé se trouvait toujours ici, et j'étais certain de le retrouver lorsque j'arriverai en face des portes de la base, ce qui ne tarda pas. Frappant à trois reprises du dos de la main pour que l'on m'ouvre, je voyais le vigile au sommet de son mirador m'annoncer, avant qu'un bruit de cliquetis métallique ne retentisse, laissant l'épais blindage se scinder en deux pour m'ouvrir la voie. Plusieurs soldats présents dans la cours attendaient visiblement la venue du facteur, espérant sans nul doute recevoir des lettres de leur famille. Commençant ma distribution au centre de cette masse de plus en plus grande, il me fallut bien une bonne demi-heure pour vider la quasi-totalité de la sacoche, faisant l'appel des soldats dont le nom était inscrit sur les missives. En voyant leur visage s'illuminer, je me rendais compte que cette punition n'était pas si terrible que cela, car gratifiante lorsque l'on se rend compte du bonheur que l'on transmet autour de soi. Vint alors le tour du chef de section en charge de la base qui, lorsqu'il reçut sa lettre, ne tarda pas à me reconnaître avant de m'annoncer à la foule, ainsi que le fait que ce soir, il allait y avoir un peu plus d'ambiance grâce à la musique. En réalité, je n'avais pas l'impression d'avoir mon mot à dire dans cette histoire. Je n'allais pas me désister maintenant que l'annonce était faite. Qui plus est, il était bon de parfois passer du temps avec ses confrères œuvrant pour la liberté. Aussi déposais-je mes affaires dans le quartier des officiers, retrouvant ma guitare qui m'avait, il fallait bien l'avouer, énormément manqué.

Le reste de l'après-midi passa relativement vite, même si le chef de section semblait pour le moins soucieux. Apparemment, la lettre qu'il avait reçue du haut commandement lui indiquait des mouvements de troupes appartenant au Gouvernement Mondial dans notre direction. Néanmoins, la venue d'un visage familier semblait l'apaiser. Après avoir passé quelques heures à évoquer de vieux souvenirs, et en raconter de nouveaux, l'heure de manger était déjà arrivée. Autant dire que j'allais devoir me livrer à mon repas le plus rapidement possible afin de pouvoir jouer pendant que les autres continueraient de déguster leur dîner. C'est ainsi qu'en l'espace d'une quinzaine de minutes, je finis par engloutir mes pommes de terre vapeur, haricots et chipolatas, avec tout de même quelques hauts de cœur dus à mon empressement. Il ne fallut pas attendre très longtemps pour me voir apparaître sur le promontoire de la cantine, instrument posé sur les jambes, alors que je m'appliquais à accorder ce dernier. Un léger silence s'installa pendant ces quelques accords, avant que je n'en vienne à jouer les premières notes d'une mélodie entraînante, rappelant ce que j'éprouvais lorsque je parcourais le ciel en toute liberté. C'était cette même mélodie qui m'habitait un peu plus tôt alors que je fendais les cieux en battant des ailes pour venir ici. Au rythme s'ajoutèrent quelques applaudissement et sifflements d'ovation, suivis par une autre nuée d'applaudissements une fois terminé. Mais je ne comptais guère m'arrêter là. Continuant alors en enchaînant les morceaux, le repas venait de se changer en véritable banquet, l'envie de manger une fois assouvie cédant aux discussions entre collègues, frères d'armes et compagnons de fortune. Voilà comment nous restâmes ainsi dans la cantine jusqu'à ce que onze heure du soir ne vienne à sonner.

Même si nous avions tous envie de prolonger cette nuit festive, nous savions tous que nos responsabilités nous en empêchaient, car demain, nous devions tous être en forme pour continuer notre lutte incessante contre le Gouvernement et la Marine, ou même simplement pour nous entraîner à cela. Voilà pourquoi, à onze heure et demi du soir, j'arrivais finalement dans un bon lit bien douillet, après m'être douché pour enlever la transpiration ayant perlé sur mon front suite à mon concert improvisé. Enfin, j'allais pouvoir me reposer un peu et récupérer de ma longue traversée. Il ne me fallut guère attendre longtemps pour tomber dans les bras de Morphée et sombrer dans le sommeil le plus profond qui puisse être. Mais lorsque l'on est réellement fatigué, les heures alors que nous sommes endormis semblent défiler à toute allure. Voilà comment, le lendemain, au réveil, j'avais l'impression d'avoir à peine cligné des yeux alors qu'il était déjà sept heure du matin. Néanmoins, mon réveil ne fut pas des plus doux, car au lieu des trompettes du rassemblement, c'étaient des cris de panique et une explosion qui retentissaient. Les canons de la base semblaient battre la mesure. Mes cheveux complètement en vrac, un œil à moitié collé et l'air complètement stone, je compris néanmoins rapidement que dehors, ce n'était pas un exercice qui se déroulait, mais bien une véritable opération de défense. Sans attendre une seconde, je me levais, enfilant mon large manteau à capuchon, rabattant ce dernier de manière à dissimuler le haut de mon visage après m'être passé la main dans les cheveux pour les coiffer de manière pour le moins rudimentaire. C'est en courant vers la porte que je saisis mon épée, rattachant son fourreau à ma ceinture, avant de déambuler dans les couloirs des dortoirs en direction de la sortie de ces derniers. Ouvrant la porte d'un vif coup de pied, j'arrivais ainsi au beau milieu de la cours... ignorant ce qui m'y attendait...


Dernière édition par Damien Reyes le Lun 18 Avr 2011 - 18:20, édité 1 fois
    - pv zk bschk pv zk pv bschk zk pv zk bschk pv zk pv bschk zk bschk pv bschk bschk pv kkkkkkkkkk bschk. Tu vois, c’est comme ça qu’il faut beatboxer. C’est un nouveau genre, mais j’te parie qu’il va se populariser rapidement.

    C’est à croire qu’il m’écoute pas… Pourtant c’que je lui dis est super intéressant. Une p’tite claque humiliante derrière la nuque devrait l’aider à retrouver sa concertation sur moi. Et bim, comme ça a claqué haha. Un feu d’artifice dans une nuque. Ah, il a récup’ son attention, c’est bien. Oulah bonhomme, t’essaie de t’rebifer? Dis toi qu’j’suis plus gradé et laisse la pilule agir, c’est le mieux pour toi haha.

    - Donc je te disais…

    Et cette fois-là, mon copain, je te dit tout et n’importe quoi, tu m’écoutes parce que tu peux pas faire autrement. C’est chiant? Je sais, c’est fait pour. J’t’apprendrai à toujours écouté les plus gradés que toi. Bon, j’suis pas l’bonne exemple, mais comme on dit, on est salit que par plus sale. Et niveau saleté dans le respect de la hiérarchie, je suis pas au top. C’est encore ça qui m’a perdu pour cette mission. Va falloir que j’arrête de répondre au supérieur moi. Mais qu’est-ce que je vois? Le gars s’empourpre. Ah la bonne blague, t’as la rage de voir un gars de dix huit ans te filer des ordres. Ouais, moi aussi à ta place j’aurais les glandes. Mais moi j’suis pas toi, moi j’suis un génie mon pauvre ami. Tu peux pas m’test. T’étais encore à l’école des officiers en train de rater ton année pour devenir soldat de base que j’arrivais à résoudre e=mc².C’est rageant je sais. Mais j’vais continuer à te dire ce qui me passe par la tête jusqu’à ce que…

    - Eheh, ton calvaire s’arrête, terre en vue.

    Là, le gars vient de comprendre que je me foutais de lui royalement depuis maintenant vingt bonnes minutes. C’est triste, mais c’est drôle en même temps. Mais bon, plus l’temps de penser à lui, on arrive sur l’île. Rock N’ Roll, en voilà de l’île qui me plaît. J’pourrais m’installer ici. J’aurais mes groupies, Rei à la batterie, moi à la gratte et en avant la musique. Aaaah, moi, moi et encore moi. Sous les feux des projecteurs avec devant mes belles mirettes, une foule en délire scandant mon nom. Serei ! Serei ! Serei !

    - Monsieur Serei, quelles sont vos instructions?

    - Mais enfin mon brave, t’es au courant qu’c’est pas moi l’patron ici? Bon, sûr qu’j’suis un poil plus gradé qu’toi, mais s’tu veux des ordres, va voir le capitaine et basta non?

    - Euh, oui… oui, je suppose Monsieur.

    Monsieur. Haha, la blague. Théoriquement, ouais, j’suis majeur, mais bon, faut pas pousser l’bouchon. J’comprends pas qu’on donne dans l’Monsieur pour un type qui pourrait être ton fils voir ton p’tit fils pour certains. Bon, ça me va quand même, j’vais pas faire ma fine bouche. Faut savoir profiter des petites choses après tout.

    Tiens, j’avais jamais vu à quel point l’uniforme de la marine était ringard. Ils ont vraiment pas d’chance. Nous on nous laisse encore nous fringuer comme on veut. Heureusement d’ailleurs. Si j’devais me saper comme tout le monde, je craquerai-je pense. À moins que j’ai déjà craqué. Bref, on s’en tape. Voilà le commandant qui débarque. Moi aussi j’suis sous ses ordres et cette fois, j’vais la jouer clean. J’ai pas envie qu’on me retire dans les pattes. Il parle, fort, très fort. Faut qu’tout l’monde puisse l’entendre. Chaque fois qu’il s’arrête devant un marine, j’vois des postillons lui gicler d’sus. Haha, les pauvres. Mais le plan est simple, avant d’mettre pied à terre, tout le monde le connaissait. Rester sous un faux prétexte mis en place un peu plus tôt dans le mois. Une sorte de combine de contrebande d’alcool organisé par les marines pour donner le change. Le commandant nous beugle de retrouver ces sales rats, mais c’est un leurre. Si un révolutionnaire venait à penser qu’on venait pour leur foutre une rouste, ça ferait capoter tout le plan. Pendant qu’une petite section fait le tour de la ville pour récolter les fausses infos, moi et ma troupe, on s’éclipse discrétos du bateau et on prends la tangente direction la forêt avec, derrière, la base des méchants. Ensuite, les hommes sortent 5 par cinq pour pas éveiller les soupçons et ils se rejoignent à l’orée de la forêt pour attendre le signal et venir jouer avec les cibles aussi. On laisse des hommes sur le bateau pour donner l’change et on laisse l’escouade à son boulot de récolte. Ça fait que dix-huit hommes en moins dans les effectifs, c’est rien.

    Moi, j’commande ma trentaine d’hommes et on avance vite et sans bruit. Enfin, en faisant le moins d’bruit possible quoi. Et là? Bah j’vois l’bastion, arrête de jouer au con. Mais il a d’la gueule pour sûr. Ils doivent être cent cinquante à tout casser là d’dans. Forcément, j’me r’trouve avec une section pour tout pourrir d’l’intérieur. Ça, c’est d’la mission comme j’aime. Mettre un bordel monstre avant l’arrivée du gros des troupes. Les révolutionnaires ne sauront même plus où donner d’la tête. Du boxon, pur et dur et j’en serais l’instigateur.

    - Allez, viendez ma bande.

    Silencieux comme la mort, rapide comme le vent, aussi puissant qu’un séisme. Et j’choisis bien mes termes. On va tuer et ébranler leur fondation. Le vent? C’est parce que ça va s’passer aussi rapidement qu’une petite brise. Ouais, ça veut rien dire, mais c’est pas bien grave. Faut d’la frappe chirurgicale ici. Mais il faut faire vite. On est déjà entre loup et chien et le grand astre va pas tarder à dire bonjour à la contrée. Faudra frapper juste après la relève et neutralisez le système d’alarme. J’passe en premier et les autres me suivent. On rampe comme des guépard dans les broussailles en attendant de sauter sur nos proies totalement désemparée. Elles resteront armées quand même, mais c’est pas un souci. Les mecs qu’on m’a collé dans les pattes, c’est des pro de l’infiltration. Pareil que ce foutu Solid Snake. Tu connais pas? Ça tombe bien moi non plus, j’viens d’inventer l’nom. Ils font l’tour pour se positionner juste en dessous de chaque garde. Et on grimpe.

    C’est pas l’moment de se foirer, faut la jouer finaude. J’ai pas d’dague moi, juste mes poings et faut pas qu’il fasse de bruit. Facile, j’lui casse la nuque. Ça fera un sale bruit, mais ça reste ce qu’il y a de plus efficace. Arrivé en haut j’me la joue assassin, comme mes nouveaux potes. Chacun son garde. Le seul bruit qui perturbe ce début d’aurore, c’est un bruit de craquement. Hm, nice. On chope au débotté les gardes qui nous tombent sous la main. Et là c’est l’erreur. Pendant qu’un mec se rue sur un garde un peu plus vif, ce dernier se met à beugler. Direct, ça rameute du monde. Merde, faut envoyer l’signal maint’nant. On m’a remis un flingue tout nouveau créé par les scientifiques. Il peut cracher des fusées, si ça c’est pas l’top pour se faire repérer, je sais pas ce qu’il te faut. Et ça fuse, un p’tit point rouge qui devient vite éclatant. Comme c’est beau.

    - La belle rouge…

    Mais j’ai pas l’temps d’admirer, la sonnette d’alarme retentit deux coups avant de se couper. Bon au moins, on réduit les dégâts. Y a d’la bouteille qui traîne, avec de la chance, ils ont bu jusqu’à plus soif hier soir et certains d’entre eux ont rien entendu. En tout cas, ceux qui ont entendu se ruent dans les couloirs pour choper leurs armes. Y en a bien quatre-vingt qui nous tombent dessus à bras raccourcis. On r’cule, on peut faire que ça pour sauver nos vies. Sinon, on crève tous. Faut gagner du temps avant l’arrivée du gros des troupes.
    Ah, heureusement qu’il ferme le portail, ça aurait été trop beau si on avait pu sortir pépère par la porte d’entrée. Tant pis, faut batailler. J’plonge le premier pour donner l’exemple et j’casse un genoux d’un joli tampon. Et de un. Le deuxième, j’lui dévisse la nuque d’un coup d’talon dans la mâchoire. Je sais ou taper pour faire mal moi. Devant cet élan d’courage digne de David qui combat Goliath, mes copains d’infiltration se disent qu’il faut s’sortir les doigts. Ils dégainent leur dague longue -mouais, toujours plus efficace qu’une dague hein - et partent à l’assaut. Au loin on entends les troupes arriver. Mais j’en ai rien à battre, j’me balade ici moi. J’distribue à droite, à gauche, devant, derrière et même au d’sus des fois. J’casse tout c’que j’peux et ça m’plaît. J’y vais même de mes petites technique de Cipher Pol pour impressionner. Un tekkai par ci, un soru par là. Bon, ils sont pas fulgurant, mais ils marchent un peu quand même. Le principal dans c’genre de mêlée, c’est pas s’laisser submerger. Le nombre de mes hommes diminuent alors que le leur gonfle. La poisse, ils se réveillent tous petit à petit. Joue la finaude mon p’tit Serei, te laisse pas piéger, ce s’rait trop con.
    D’un coup j’me met à beugler un nom de technique qu’en effraie plus d’un :

    - Gura gura no…

    Haha, ça a marché, ils ont hésité. Ils ont saisi la portée de puissance de l’attaque. Mais j’ai pas d’fruit moi les amis, j’en ai juste entendu parler. Et j’dois dire que j’ai bien accroché à celui d’une ancienne légende vivante. Barbe Blanche je crois et son fruit du séisme, ça c’était violent. Ouh que oui. Les révolutionnaires ont eu le sphincter un peu relâché sur le coup. J’profite de la faille pour mettre un bon gros taquet dans les mentons de deux gardes. Les dents claquent, la tête bascule en arrière et le corps suit. Pendant qu’j’me fraie un chemin, le commandant et le reste des troupes enfoncent la porte. Parfait, mon escouade commençait à faire un peu la tronche niveau effectif. Plus besoin de fuir maintenant. J’me retourne et j’prends au dépourvu les deux gars qui voulaient me charcuter un coup. Leurs bras plongent dans l’vide. Bouge pas j’vais t’arranger ça. Un coup de genoux dans la mâchoire pour l’un. L’autre, une bonne droite bien furieuse aussi dans la mâchoire inférieure. J’suis un innovateur moi. J’tape jamais au bon endroit. Faux. Faut taper là où tu fais tomber l’autre et leur pomme d’Adam était pas visible, j’ai du me retrancher sur des tempes bien des fois. Maintenant, c’est une bataille bien sanglante. Deux gros monstres se battent en duel et c’est beau. C’est l’moment d’chanter. Et cette fois, j’chante un air bien d’chez moi. Entrainant et rapide.

    - So don't stop me now don't stop me
    'Cause I'm having a good time having a good time

    I'm a shooting star leaping through the sky
    Like a tiger defying the laws of gravity
    I'm a racing car passing by like Lady Godiva
    I'm gonna go go go
    There's no stopping me

    I'm burnin' through the sky yeah
    Two hundred degrees
    That's why they call me Mister Fahrenheit
    I'm trav'ling at the speed of light
    I wanna make a supersonic man out of you

    Don't stop me now I'm having such a good time
      Difficile de récapituler ce qui se passait sous mes yeux. En fait, un grand ami aurait tout bonnement qualifié cela de "Grand Bazar", du moins, si l'on traduit ses mots en version poli et censurée. Pour ma part, ce fut le traditionnel mot magique commençant par un grand M qui sorti de ma bouche, alors que je vis l'un des miradors s'effondrer, laissant choir le vigile situé à son sommet. En un mot comme en cent, inutile d'être un génie de la toute dernière génération pour comprendre que le camp était attaqué, et sûrement pas par la ligue des féministes, aussi dangereuse soit-elle. Fronçant les sourcils, je sorti machinalement mon foulard et mon bonnet de la poche intérieure de mon imperméable. Enfilant ces derniers de manière à masquer mon faciès, je vis rapidement arriver un groupuscule de soldats se détachant du lieu de conflit principal. Au nombre de six, trois d'entre eux firent feu, laissant leurs balles ricocher sur moi sans m'atteindre. L'efficacité de mon armure de plumes renforcées était assez pratique face à ce genre de situation. Alors que les trois artilleurs restèrent plutôt désemparés face à ce phénomène, je laissais trois plumes jaillir de ma manche pour se retrouver dans ma main, d'un geste vif, comme s'il s'agissait de poignards que j'avais sorti d'on ne sait où. Levant mon bras de manière nette et rapide, je laissais les projectiles frapper violemment les artilleurs, s'enfonçant dans leur corps comme si ce dernier eut-été du beurre. Quant à leurs confrères qui se ruèrent vers moi sabre en main, je stoppais la lame du premier en levant juste le pied, laissant une étincelle jaillir lorsque sa lame entra en contact avec mon membre, faisant de même avec le second à l'aide de mon bras droit. Quant au dernier, je le contrais d'un geste en levant ma lame avec la main libre qui me restait.

      Une légère pause laissait transparaître l'incompréhension de mes assaillants, avant que je ne me mette à pivoter sur mon seul point d'appui qu'était ma jambe encore libre, de manière à faire vaciller tout ce joli monde pour frapper chacun d'entre eux avec mon épée dans trois mouvements rapides, en avançant d'un pas à chaque offensive et me débarrassant des Marines sans trop de difficultés. M'avançant sur le champ de bataille pour essayer de trouver le responsable de cette bataille et y mettre fin en lui arrachant la tête devant ses hommes, je fus joyeusement accueillit par tout un bataillon qui se rua vers moi en hurlant comme s'il eut s'agit d'un film au budget réduit avec des figurants amateurs. Pris d'une légère panique en voyant une trentaine d'hommes me foncer dessus, j'aperçus rapidement l'entrepôt 2-B à côté duquel ils venaient à foncer pour essayer de m'atteindre. Plus rassuré, je restais immobile en observant les hommes du gouvernement continuer à longer le bâtiment. Laissant apparaître à nouveau une plume comme s'il s'agissait d'un poignard, je lançais celle-ci à travers l'immense entrepôt, entre les portes d'acier fracassées sur lesquels le numéro deux et la lettre B étaient imprimés en grand format. Inutile de dire qu'un objet très dur qui frotte un baril en métal en produisant une étincelle est rarement bénéfique lorsque l'entrepôt est plein de munitions et de carburant. Cependant, sans doute avions-nous reçu un arrivage de joyeux joujoux explosifs, car l'immense brasier qui résultat de ce mélange détonnant et son onde de choc furent plus important que je ne l'avais prévu, m'envoyant moi-même voltiger dans les airs pour atterrir au loin à travers une caisse de rations nutritives à quelques vingt mètres plus loin.

      Me relevant en faisant craquer mon dos qui, bien que protégé par mon armure à la fois souple et résistante, avait quand même pas mal morflé, je vis que le bataillon de mariolles avait lui aussi sévèrement dégusté. La cinquantaine de soldats gisaient sur le sol, la majeure partie d'entre eux étant carbonisée de manière à ne laisser aucun doute sur leur mort pour ainsi dire foudroyante, ou plutôt « embrasante ». Mais pendant ce temps, la charmante guérilla ne cessa pas pour autant, plusieurs autres explosions se produisant tant sur l'immense cours de la base que dans les bâtiments de celle-ci. Il restait encore pas mal de soldats et il fallait tout de même gagner du temps pour permettre aux troupes d'évacuer. Ramassant mon épée laissée à terre suite à ma projection, je me mis à courir à toute allure afin de me diriger vers l'entrée principale, là où les combats les plus féroces semblaient avoir lieu. Il allait être difficile pour moi de me jeter dans la mêlée sans avoir à déployer les capacités de mon Fruit du Démon, malgré le fait que je cherchais toujours par tous les moyens à cacher ce pouvoir aux yeux de mes confrères et de mes opposants. Après tout, je n'étais aux yeux du monde qu'un Révolutionnaire Bretteur et lanceur de poignards, doté d'une très grande résistance et dont on se demandait souvent où il cachait toutes les lames qu'il sortait de ses manches. En l'occurrence, même si je cachais le fait d'être une haute autorité dans l'Armée en me faisant passer pour le dernier des larbins, je n'en restais pas moins quelqu'un avec un fort potentiel... chose grandement difficile à camoufler en combat à mort, à plus forte raison en situation de bataille ouvertement dangereuse. Me retenir en me faisant passer pour un simple postier qui aime la guitare risquait de me coûter la vie, aussi risquais-je fortement de devoir utiliser toutes mes capacités si je voulais survivre à ce genre de situation.

      Avançant en frappant d'un coup de sabre très net chaque Marine que je croisais, je finis par arriver devant les principales infrastructures situées à l'entrée de la base. Je vis alors ce qui était comparable à un carnage, le gravier de l'immense cours centrale étant teinté de rouge, le tout recouvert par un monceau de cadavres, mêlant Révolutionnaires et Soldats du Gouvernement Mondial. Plusieurs de mes camarades avaient ici péri, et si l'on venait à me demander où se trouvait l'esprit de la Révolution dans ce carnage, ma seule et unique réponse aurait été "un peu partout". Néanmoins, je n'eus pas véritablement le temps pour de l'humour glauque, bien qu'intérieurement, je bouillonnais de rage de voir des frères d'armes ainsi étalés sur le sol, au milieu d'un amas d'ennemis dans le même état. En effet, non loin de là, je pus voir une scène pour le moins atypique, un homme visiblement amusé par cette attaque contre la base se livrant à une expérience sociologique des plus inhabituelles. Cette dernière consistait à utiliser les légendes d'autrefois pour faire peur à l'ennemi et profiter de l'ouverture pour l'occire. Cela sembla porter ses fruits étant donné qu'à la simple mention des attaques du légendaire Barbe Blanche, il finit par se créer une opportunité des plus inattendues, faisant passer de vie à trépas plusieurs camarades. Il aurait pu être facile de lire sur le visage de l'adversaire qu'il bluffait... si ce dernier n'avait pas un étrange masque à gaz qui le recouvrait. Encore un excentrique, mais qui au moins, savait y faire.

      Je ne pouvais cependant accepter de le laisser continuer sa route meurtrière en tuant d'autres de mes confrères. Cet homme était indéniablement d'un autre acabit que le tas de soldats incapables qui nous courait après en temps normal. Aussi fallait-il un individu plus apte à le stopper que mes compagnons quelques peu débordés à appliquer le plan de retraite. Vu ses capacités, cet homme devait faire partie de la hiérarchie qui gérait l'offensive contre notre planque. Sans doute que le mettre à bas aurait pour effet de déstabiliser les troupes, ainsi que de nous offrir un court répit pour nous replier. Dans le meilleur des cas, sa défaite pourrait également sonner le glas de la retraite pour les Marines. Bref, peu importait la manière dont on analysait la chose : défaire cet homme ici et maintenant ne pouvait être que bénéfique. Je l'observais chanter alors qu'il se baladait allègrement au milieu des macchabées. Son large costume noir laissait à penser qu'il faisait partie de l'un des Cipher Pol. Quant à savoir lequel, j'espérais qu'il ne s'agissait pas de la section des assassins, connue pour être la plus redoutable, à tel point que l'on ne savait d'elle si elle n'était que légende ou réalité, tant les histoires contées à son sujet étaient douteuses. L'être que j'avais en ligne de mire était cependant tout ce qu'il y avait de plus réel, vêtu de cet accoutrement particulièrement austère, ainsi que d'un ample chapeau noir et d'un étrange masque qui me laissait à présager quelques tours pour le moins fumants. Qui plus est, l'aisance qu'il avait eu pour abattre les gardes ne laissait présager rien de facile dans la tâche que je désirais remplir en l'abattant.

      Alors que la porte principale s'ouvrit pratiquement en deux suite à l'intervention de renforts Marines. Malheureusement pour les soldats, ils n'eurent pas le temps d'avancer bien loin, car un déluge de feu s'abattit sur eux en un rien de temps. A quoi s'attendaient-ils en même temps ? Nous étions sur une base Révolutionnaire, et il ne suffisait pas de dire coucou pour entrer comme dans un moulin. Une fois le système de défense enclenché, cela risquait d'être potentiellement plus difficile pour eux de progresser. L'entrée étant bien ciblée par les mitrailleuses et les canons placés au sommet de plusieurs bâtiments, un mur de flamme s'immisça entre l'entrée et les renforts restés en seconde ligne, la première s'étant pour ainsi dire fait réduire en chair à saucisse, le tout par un boucher tout juste sortie de son école et n'étant pas vraiment au point avec ses instruments. Si la quelque quarantaine d'hommes désirait entrer, il allait falloir qu'elle trouve un autre moyen. Mais pour le moment, j'allais principalement m'occuper de notre invité plutôt indésirable. Faisant un moulinet avec mon épée, je décidais d'interrompre son petit refrain qui n'était pas vraiment au goût du jour, trop timoré et manquant cruellement de punch pour ce qui était une scène de carnage et un champ de bataille. Bondissant dans sa direction en brandissant ma lame sur le côté pour la rabattre d'un coup horizontal assez ample et violent, j'atterris face à lui en même temps que le mouvement arrivait au moment où il était destiné à trancher ce qui se trouvait devant moi. Qu'il pare ou esquive, peu m'importait réellement, car il s'agissait après tout, d'une simple introduction de ma personne auprès de mon futur opposant.


      - Charmantes paroles, mais sans le rythme qui convient réellement à la situation. Laisse-moi t'interpréter une musique radicalement plus violente et prenante !

      Étant face à lui, ce dernier ne pouvait voir de moi que la couleur de mes iris azurés, le reste de mon visage étant recouvert parfaitement, de manière à ne laisser aucun trait apparaître au grand jour. La légère brise qui apportait avec elle une odeur de sang des plus nauséabondes souleva très légèrement mon long imperméable, donnant un aspect plutôt tendu au niveau de l'ambiance, à la scène qui se jouait en cet instant. J'ignorais encore ce que cet homme avait dans le ventre, mais j'étais désireux de le découvrir, tant au sens propre qu'au sens figuré. L'un dans l'autre, mon instinct de combattant me laissait présager un combat qui serait, j'en étais certain, des plus intéressants. Ce dernier point qui me traversa l'esprit aurait pu être aisément compris par mon adversaire s'il avait pu apercevoir le léger rictus satisfait qui se dessinait sur mon visage. Néanmoins, le foulard recouvrant la partie inférieure de mon faciès rendait cela impossible, même si n'importe quel combattant confirmé aurait pu lire cette excitation dans mes yeux à la simple manière que j'avais de les plisser, prêt à en découdre en observant la moindre contraction musculaire de mon opposant. Le véritable combat allait enfin pouvoir commencer... même si j'aurai préféré prendre un petit-déjeuner avant de me livrer à ce dernier.
        Le champ de bataille était un lieu béni. Chaque explosion, chaque choc d’arme et chaque cri d’agonie sonnaient comme une symphonie. J’avais terrassé les révolutionnaires qui m’entouraient un instant plus tôt et désormais, je me trouvais dans un îlot de paix. Dans un rayon de deux mètres, personnes mis à part des cadavres. J’en étais le centre et je me sentais bien. Mais comme dans tout plaisir, il faut un trouble-fête. Le mien se présentait sous la forme d’un révolutionnaire aux allures de ninja. Je ne saurais dire s’il avait la classe ou s’il était ridicule. Ce qui m’importait pour le moment, c’était la lame qui compter bien me couper dans mes élans. Le coup partait horizontalement et, dans un souci d’originalité, je me surpris à faire le pont. Vous savez, quand on met les mains par terre alors que les pieds le sont aussi. La lame fendit l’air sans rencontrer de résistance. Le coup manquait de puissance, m’étais avis qu’il s’agissait plus d’une introduction.

        - Charmantes paroles, mais sans le rythme qui convient réellement à la situation. Laisse-moi t'interpréter une musique radicalement plus violente et prenante !

        Et distingué avec ça. Haha, la bonne blague. Un ninja avec un beau parlé. C’était assez rare. À le voir, il rigolait pas, c’était le genre à dessouder à tout va sans poser de question, tant qu’ils étaient pas dans son camp. Ça m‘allait, j’étais aussi fine bouche que lui. Mais il me prenait pour quelqu’un d’autre le type. Dans l’genre "bouge pas, j’vais t’imposer mon style moi". Un peu trop grande gueule comme entrée. J’allais lui en filer du clinquant comme discours moi.

        - Attends, attends un peu voir Shinobi. Tu t’es cru dans un mauvais roman ou pas? Tu crois que c’est parce que tu viens devant moi pour me défier que les combats alentours vont cesser? Crois-moi, tu serais plus utile sur le champs de bataille à semer la désolation dans les rangs marines plutôt que de jouer avec moi. Et c’est mon cas aussi. T’as du voir en moi une sorte de champion de la marine. Pour sûr, j’suis au-dessus du lot. Mais dans la guerre que l’on mène contre les révolutionnaires, il ne suffit pas de couper la tête d’un serpent pour que l’ennemi prenne la fuite. Tu peux me tuer, mais cela ne va démoraliser personne.

        Fallait lui laisser le temps de digérer la diarrhée verbale.

        - Voilà ma proposition : chacun part de son côté faire ses petites affaires et on ne s’en portera que mieux.

        Et en plus j’avais fait l’effort de pas mâcher mes mots. Plutôt classe. Mais j’allais pas non plus me retourner pour lui offrir mon dos. J’voulais bien qu’on passe notre chemin, mais pas non plus qu’il me poignarde. C’était pas l’but de la manœuvre. Mais voilà, le type semblait pas vouloir bouger et la détermination que je pouvais lire dans ses yeux bleus me laissait de marbre. "Tu veux t’la coller, on va s’la coller bonhomme. Mais pleure pas derrière.". C’était plus ou moins ma pensée sur le moment. Ensuite, fallait réfléchir. Il avait un sabre, moi, mes poings et lame + poings = mauvais calcul. Heureusement que les champs de bataille laisse trainer des objets un peu partout. J’ai fait l’signe du temps mort. Soit ça l’avait surpris, soit il observait, mais en tout cas, il m’avait laissé ramasser deux poings américains sur le cadavre d’un soldat de la marine.

        - Si mon monologue t’a pas suffit. J’suis ton homme. Fais-moi danser pieds tendres.

        Ne surtout pas laisser le temps à l’adversaire de se lancer à l’attaque. Le tester. Au contact. Alors que je m’élançais, poing droit serré et prêt à frapper, la distance se réduisait et, en un battement de cil, j‘étais sur lui. Voir les réflexes. Enchaîner une droite sur le flanc gauche, à hauteur des côtes flottantes, puis une gauche au niveau du menton et si jamais le moralisateur se relâche, chopper sa tête de fouine (sinon pourquoi la cacher) entre mes pognes et lui péter l’nez à coup d’genoux.

        Il avait fait son entrée à sa manière, j’faisais la mienne à ma façon.
          Le moins que je puisse dire de mon cher opposant, c'était qu'il était souple le bougre. Le premier assaut qui faisait lieu de présentation en bonne et due forme n'eut pour résultat que de trancher l'air. Je m'attendais à une quelconque parade, du genre avec les pieds, ou même une arme improvisée, mais apparemment... rien. L'un dans l'autre, cela me confortait dans l'idée que j'avais à faire à un combattant qui, soit n'était pas armé comme il le voulait, soit officiait dans le domaine du corps-à-corps. Dans un cas comme dans l'autre, j'étais plutôt avantagé par la situation. Peu importait ses coups, la plupart d'entre eux risquaient de rebondir sur moi comme un Flubber un peu trop excité après avoir bu de la caféine. Mais ce détail, notre cher assassin n'en avait pas conscience, et c'était une carte que je ne devais pas dévoiler tro soudainement. Après tout, les meilleures opportunités se créées toujours lorsque l'on utilise le bon atout au bon moment, et cela, je comptais bien l'apprendre à mon invité surprise sans autre forme de préambule.

          Et justement, parlons-en de préambule. L'agent du Gouvernement Mondial semblait plutôt doué pour ce genre de choses. Personnellement, je n'ai jamais été fan des longs discours, en particulier lorsqu'ils viennent d'assassins qui débarquent par la grande porte à coups de canon. S'il pensait que j'allais l'écouter blablater pendant quatre heures alors qu'ici, c'était clairement un champ de bataille, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu'au coude. Si je devais rester au bout de tous les speeches que l'on me fait quand on essaie de me tuer, j'aurai moitié moins de combats à mon actif à cause du temps perdu. Voilà pourquoi, alors qu'il causait encore... et encore... et encore, à l'image du célèbre Ginosaji, tueur connu pour frapper ses victimes à mort avec une cuillère encore et encore... et encore... et encore... je coupais mon interlocuteur dans sa charmante tirade, n'allant pas plus loin que le terme désolation. Laissant jaillir de ma manche quatre plumes avec une résistance aussi grande que l'acier, je lançais celles-ci dans la direction du mariolle pour le faire taire un peu.


          - Comme le dirait ce cher Tuco : Quand on tire, on raconte pas sa vie !

          Manière plus distinguée de lui dire de se taire et de se battre pour qu'on en finisse rapidement qu'un simple "Ta gueule ! Baston !" comme certains les aiment. Au lieu de faire jaillir les plumes de manière classique, j'avais néanmoins pris la peine de donner l'impression qu'il s'agissait de poignards dissimulés dans ma manche, chacun d'entre eux venant alors se placer entre mes phalanges avant que je ne les lui envoie. Étant donné la vitesse d'exécution, il n'aurait sans doute pas le temps d'analyser que ce qui lui volait en direction de ses jambes et son abdomen n'était autre que des plumes. Sans doute les prendrait-il pour des poignards. Et quand bien même il pourrait observer la chose, leur rigidité semblable à des couteaux de lancer ferait juste penser que j'étais un peu excentrique sur la forme de mes ustensiles de mise à mort. Je n'aimais pas vraiment couper les gens dans leurs élans lyriques, mais il fallait avouer que rester là à écouter pendant que ça explose un peu partout était passablement déplacé.

          Malgré cette attaque dont j'ignorais si elle avait ou non portée ses fruits, cet énergumène trouva le moyen de l'ouvrir une nouvelle fois en me faisant une proposition assez particulière. Le laisser partir ? Oui, bien sûr... si cela ne le gênait pas que je massacre ses petits copains Marines, cela me posait problème qu'il aille ôter la vie à mes potes Révolutionnaires. En l'occurrence, la solution la plus sage consistait à lui donner une certaine correction avant d'aller dire bonjour à ses copains. Cependant, mon objectif principal était tout de même de limiter les pertes, ce qui serait plus facile avec un homme comme lui en moins du côté adverse. En ce sens, gagner du temps jusqu'à l'évacuation de la base et le lancement du compte à rebours de l’autodestruction des locaux était la seule alternative que j'avais. Si les Marines avaient des procédures en cas d'incendie, nous autres, nous en avions en cas d'attaque ennemi. Règle une : détruire tout document qui aiderait à localiser nos alliés. Secundo, évacuer. Tertio, tout faire exploser histoire de leur apprendre la vie. Simple, radical et sans aucun compromis. En somme, l'offre de mon opposant était tout simplement impossible à accepter.

          Comme ma réponse fut plutôt... contrariante pour le grand gaillard masqué, ce dernier ramassa une paire de poings américains sur l'un des cadavres environnants. Ainsi donc, il s'agissait bien d'un combattant au corps-à-corps. Voilà qui allait être amusant. Mon corps entier était recouvert d'une armure faite de plusieurs couches de plumes aussi résistantes que l'acier, et je comptais bien m'amuser un peu en voyant comment notre cher ami allait réagir suite à ce qu'il risquait de se prendre. Et les hostilités commencèrent assez rapidement. En moins de temps qu'il n'aurait fallu pour le dire, il s'était pour ainsi dire jeté sur moi. Si je voulais agir rapidement, je n'avais pas d'autre solution que de mettre un terme le plus vite possible à ce duel. Et pour ce, il fallait que je frappe fort d'entrée de jeu. Malgré une certaine célérité, cet assassin était tout de même sensiblement plus lent que moi. Certes, ce n'était pas un écart flagrant, mais il pouvait se montrer significatif dans la mesure où je ne craignais pas vraiment ses attaques aux premiers abords. S'il désirait imposer son propre rythme au combat, il allait voir que c'était mal parti.

          La pluie de coups commença à tomber et j'en parais la plupart en levant et abaissant mes avant-bras, laissant les attaques se briser sur mes membres comme l'aurait fait une lame sur une autre lame. Je ne sentais pas vraiment de douleur en parant ainsi. Certes, j'étais un poil plus rapide que lui, mais pas assez pour esquiver. Néanmoins, ce n'était pas en restant sur la défensive que j'allais remporter le duel. S'il voulait de l'offensif, il risquait d'être servi. Au moment où il tenta un coup en direction de mes côtes, je posais ma paume de main devant son poing, interceptant le coup, pour refermer mon étreinte sur sa main en la saisissant fortement. Le coup avait été assez fort pour laisser entendre un son métallique semblable à un "Bunk" plutôt grossier. Mais arrêter le coup n'était pas ma principale priorité. Sans lui laisser le temps de réfléchir au son qu'il venait d'entendre ou quoi, je tirais l'agent du Gouvernement vers moi de manière à le déséquilibrer, tout en relevant d'un coup sec mon épée que je tenais avec l'autre main, afin de l'entailler en diagonale au niveau du torse, toujours en serrant son membre avec une certaine force. Aucune trace d'hésitation dans le regard. Juste cet air sérieux et concentré que l'on pouvait voir rien qu'au froncement de mes sourcils qui me donnait un air plutôt sévère. Je me demandais comment allait réagir cet homme face à une contre-attaque aussi...


          Particulière ?
            En voilà qui n’aime pas les préambules et qui n’aime pas qu’on mène la danse, même si c’est sur un temps plutôt court. Le premier coup passe, mais ne semble rien lui faire, le deuxième se fait arrêter avec un Blonk caractéristique. C’est mauvais, très mauvais. Non seulement, ça le pique pas un peu, mais il est plus rapide. Et par-dessus tout, l’enculé a de la poigne. Et j’sens poindre le coup de schlass dans la gueule. Bon, c’est plus grand qu’un coupe-choux, mais le résultat va pas être jojo. À peine le temps de m’remettre d’mes émotions que l’type me tire vers lui, ouais, ça sent l’coup d’fouine. Pas d’doute possible. J’perds pieds, c’est pas l’moment de rester comme un con. Réfléchis putain, réfléchis ! Et la réponse m’apparaît comme à un Neutron dont l’cerveau est en éruption. Dans un murmure, le mot sort de ma bouche et mon corps part vers l’avant :

            - Soru.

            Ma main reste solidement ancrée dans celle de l’autre, si bien que l’élan prit avec le Soru nous propulse tout les deux dans un coin de bataille quelconque. Mais cette technique, je la maîtrise pas… Forcément, je tombe, mais la force de l’habitude et mes réflexes me sauve la mise, comme d’hab. Je roule sur deux-trois mètres avant de me réceptionner sur mes pattes, comme un grand bonhomme. Mon adversaire? J’l’ai perdu d’vue… Il a dû rouler un peu plus loin ou moins loin, au choix. Mais plus important maintenant, c’est les deux révolutionnaires qui viennent sur moi. J’ai toujours mes poings américains, parfait. Ils courent vers moi, criant leur rage envers la marine et ce qu’elle représente, épées brandies en l’air, prête à frapper. Ils sont lents et lourdauds aussi. Le premier s’écroule après avoir reçu mon poing dans le ventre alors qu’il n’avait pas fini sa course. Le deuxième, étonné de ma vélocité se retourne sur son collègue, mais ma gauche s’abat sur sa tempe. Lui aussi tombe. Leur mort ne m’apporte rien, je les laisse en l’état. Ma priorité retourne vers le Blonker. Qu’est-ce qui a bien pu m’empêcher de le blesser? Est-ce qu’il planque des plaques de métal dans ses manches? Alors pourquoi est-ce qu’il aurait sa main tout aussi « métallique »? Sois logique…… Mais peut-être que le problème qui se pose n’est pas logique… Un fruit du démon? Probable. Si c’est le cas, cet homme peut créer du métal partout sur son corps et le propulser, comme le montre les petites dagues sorties de sa manche. Si ce n’est pas ça, c’est quelque chose de semblable.

            Mais alors que mon cerveau s’échauffe, je vois ma proie qui semble pas en être une. Lui aussi il me cherche et ferraille avec tout ce qui croise sa route. Finalement, je retire ce que j’ai dit mon bonhomme, j’ai envie de me fritter avec toi autant que t’en a envie. On va faire dans l’sanglant et l’pas beau. J’vais y laisser des plumes, mais toi aussi. Juste le temps de trouver un… voilà. Ce petit fusil de marine base va m’servir plus qu’à toi l’ami. L’ami, c’est un marine tombé au champs d’honneur, la gorge ouverte d’une plaie joliment dessinée. Mais c’est pas le moment de penser à ça. Ce qu’il me faut, c’est tirer sur mon autre pote. En joue et feu. J’vise la hanche mais j’me préoccupe pas de ce qui est arrivé, maintenant, l’astuce c’est de contourner l’obstacle très rapidement. J’pars à droite en position de ninja, ma tête pas loin du sol. Ne pas gêner de combat, c’est primordial. Cet homme a l’air d’aimer observer plus que de parler. Mais qu’est-ce que….? Putain, je tombe, j’ai mal. Un foutu mal de chien. C’est quoi l’délire, mon bide me lance… J’met les mains dessus par réflexe mais je sais c’qu’y s’passe. L’autre sodomite m’a entaillé l’bide. Comment j’ai fait pour pas m’en rendre compte. L’adrénaline? Ouais, sans doute. Ma tête part à droite, à gauche et j’trouve encore ce qu’il me faut sur un macchabé. File moi ça trouduc. Une bande de gaze pour retarder l’hémorragie et plus tard, j’me ferai ausculter toussa. J’me relève de la poussière et déjà, j’ai reperdu mon partenaire de marave.

            Chienne de vie…

              Merde... voilà le mot qui me vint à l'esprit au moment où je sortis mon épée après avoir entendu le seul et unique son émaner de la bouche de l'assassin. Le terme "Soru" n'avait pour moi rien de véritablement mystérieux. J'avais déjà affronté un agent du Cipher Pol Nine qui m'avait fait la démonstration de cette technique si particulière. En l'analysant, il avait résulté que le déplacement était dû à un tapotement excessivement rapide du pied sur le sol à une dizaine de reprises. Entendre mon adversaire prononcer ce mot alors que je le tenais fermement d'une main était synonyme d'ennui. Et je n'étais pas très loin de la réalité. Un instant avant que mon épée n'arrive à son niveau, je me fis brusquement embarqué par l'inconnu en costume, un peu comme un train qui passerait d'une vitesse inexistante à du deux-cent à l'heure. Ça fait mal aux articulations et ça secoue pas mal. Qui plus est, peu importait la force de ma poigne, avec une pareille détonation, nous pouvions être certains que je ne pourrais pas conserver mon étreinte sur le poing de l'étranger. Je fus donc propulsé avec lui avant d'avoir le temps de réagir, le laps de temps entre mes pensées quant à cette technique et la réaction qui s'imposait pour la contrer étant trop court.

              Lâchant mon opposant pendant sa course en sentant sa main glisser, mon corps fut pratiquement expulsé, rebondissant sur le sol et roulant sur plusieurs mètres pour m'écraser dans un amas de caisses en bois. Le brouhaha généré par le choc fut suffisant pour attirer l'attention d'un groupe de Marines qui se baladait en tirant sur tout ce qui ressemblait à un Révolutionnaire, de près ou de loin. Comme si j'avais le temps de jouer les nounous avec eux. J'avais perdu de vue mon principal adversaire, et je n'aimais pas trop cela. Après tout, s'il utilisait des mêmes techniques que les agents du Cipher Pol Nine, c'était que lui aussi, était un assassin professionnel. Se concentrer sur le menu fretin risquait de lui laisser le temps et l'opportunité de me retrouver et me porter un coup en traître. La seule question que je me posais était de savoir si j'avais été assez vif pour le blesser lors de mon attaque. Nous étions partis si vite que je n'aurai su le dire avec précision. Dans tous les cas, qu'il soit blessé ou non n'allait sans doute pas l'arrêter.

              Tout en pensant à cela, je me relevais pour essayer de faire face au groupe de Marine, jetant brièvement un coup d'œil un peu autour de moi pour essayer de retrouver le drôle d'oiseau. Je sentis alors une vive douleur me lanciner les côtes. En baissant mon regard, je vis un morceau de bois qui dépassait, m'ayant assez sévèrement embroché le flanc gauche. Par chance, bien que je fus pratiquement traversé de part en part, cela n'avait touché aucun organe vital. Mais retirer ce qui dépassait risquait de me faire me vider de mon sang et me mettre hors d'état de nuire en quelques minutes seulement. Si je devais combattre maintenant, ce serait avec ce "petit problème" logé dans le bide. Tsss... Ce ne serait jamais arrivé si l'on avait transporté le matériel dans des caisses métalliques. Tout en pensant à cela, je levais mon arme vers les Marines. Ces derniers n'étaient alors plus que trois suite à l'explosion provoquée par un mortier tiré par notre artillerie en retrait. Pas le temps de jouer avec eux, je devais en finir rapidement si je voulais pouvoir me concentrer sur l'autre guignol tout aussi masqué que moi.

              Sans la moindre trace d'hésitation, je m'élançais vers le trio encore un peu sonné, frappant tout en continuant d'avancer le premier, m'étant légèrement penché en avant. Le coup avait été assez net, le tailladant au niveau du bas-ventre, comme pour le couper en deux. Mais mon potentiel physique étant grandement amoindri, je ne pus le trancher complètement, même si c'était mon idée première. Son ventre à moitié ouvert suffit tout de même à lui être fatal, libérant ses entrailles alors qu'il s'effondra. Toujours en pleine course, je stoppais le coup de lame de son équipier, levant l'épée que je tenais d'une main, pour apposer celle encore libre sur son visage. Je laissais alors quatre plumes surgir de l'intérieur de ma paume, posée contre son faciès, à la manière d'épines qui viendraient le trouer de part en part. Rétractant les appendices pour ne laisser aucune trace, je vis son collègue arriver, tentant à son tour une attaque, cette fois-ci horizontale. Parant en tenant ma lame dans l'autre sens, le bougre leva la jambe pour frapper au niveau du bout de bois qui dépassait, l'enfonçant un peu plus dans ma chair et me laissant libérer un cri de douleur. Mauvais choix l'ami, au lieu de m'affaiblir, cela me rend tout bonnement fou de rage.

              Alors que je m'apprête à faire glisser mon épée, un coup de feu retentit et je sens une vive pression sur ma hanche droite. Un sniper ? Une chance que je conserve mon armure de plume sous mes vêtements. Mais le choc me pousse sur le côté opposé à l'endroit touché, créant une ouverture pour le Marine face à moi. Ce dernier abat son épée d'un geste net et, davantage dans un réflexe qu'autre chose, je lève mon bras valide, laissant le fer se fracasser sur mon membre et les plumes dissimulées sous mes manches. Le pauvre bougre est à son tour surpris et plein d'ouvertures. N'ayant besoin que d'une seule, je plonge alors mon épée dans son ventre, avant de me relever et me remettre soudainement en mouvement. J'ignore qui est l'arsouille qui m'a tiré dessus, mais rester immobile risquerait de lui laisser une nouvelle opportunité de m'atteindre. Voilà pourquoi je saisis l'épée d'un des Marines morts avant de me mettre à courir. A en juger le choc reçu, je pouvais à peu près estimer d'où venait la balle, du moins, la direction du tireur, mais guère plus. Une chose était sûre, il était au niveau du sol tout comme moi. C'est dans cet optique que je fis un bond sur plusieurs autres caisses avant d'atterrir sur les toits, à la recherche du vil planqué qui s'amusait à faire du tir aux pigeons.

              Tout en parcourant les toits, je maudis ma propre faiblesse en sentant le morceau de bois me chatouiller les côtes. Si je n'avais pas relâché mon attention au moment de l'impact, la densité de mes plumes n'aurait pas faibli et je ne serais pas dans un état aussi pitoyable. Je m'occupe du sniper et après, je refais le portrait au maroufle qui m'a fait ça ! Après notre duel, s'il porte encore un masque, ça sera pour cacher la tête au carré que je lui aurais fait. Tout en parcourant les toits vers la direction que j'estimais être celle de mon tireur, j'attachais mon filin d'acier à l'épée du Marine que j'avais pris, serrant le nœud avec mes dents pour enrouler une partie du cordon d'acier autour de mon poing droit. Mais tout en courant, je finis par percevoir une trainée de sang au bout de laquelle git l'agent du Gouvernement avec qui je m'étais pris le bec un instant plus tôt. Et le plus beau dans tout ça ? C'est qu'il porte avec lui un fusil. Serait-il l'incorrigible andouille qui m'avait mis des bâtons dans les roues un instant plus tôt ? En observant de mon perchoir la traînée de sang qui mène dans la même direction que celle où était parti le coup de feu, j'en déduis que c'est une possibilité parmi les plus probables.

              Tout en restant silencieux, je commence à saisir fermement le filin d'acier relié à l'épée, pour la faire tournoyer à côté de moi, de plus en plus vite. Tu veux jouer aux attaques fourbes et lointaines mon bonhomme, tu vas être servi. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la lame se met à tournoyer à côté de moi, à la manière d'une hélice verticale. Ni une ni deux, je tends alors le bras vers l'avant, laissant l'arme filer à toute allure vers l'arsouille situé en contrebas. Contrairement à un fusil, pas de détonation, pas de bruit de chargeur ou quoi. Dans le style attaque à distance, la mienne avait au moins le mérite d'être plus furtive qu'un vulgaire coup de feu. La question était de savoir comment l'assassin allait gérer la chose. Se prendrait-il l'attaque ? La verrait-il venir ? Serait-il à-même de l'éviter dans son état ? Les réponses à toutes ces questions arriveraient d'un seul coup, et dans la seconde qui suivait...
                J’ai mal. J’vois pas mon adversaire. J’suis au milieu du champ de bataille et j’ai aucune trace de lui. Même si ses habits sont bien pour s’planquer la nuit, ici, on devrait l’griller en deux-deux. Pourtant, personne. Où que se porte mon regard, je vois que des Révolutionnaires et des Marines se battre pour les idéaux qu’ils protègent. C’est beau. C’est con, mais c’est beau. Haha. Ah, merde, ça me lance. Bon, dans ces moments, faut la jouer finaude. Réfléchir à chaque position que peut occuper l’ennemi. Le débusquer. Le tuer. Su le papier, ça sonne bien. En réalité, c’est une autre paire de manches. Mais faut pas jouer le défaitiste. Le seul qui mérite de perdre ici, c’est l’ninja aux yeux bleus. Enfin… peut-être… Bon, on s’ressaisi, qu’est-ce que les livres d’horreurs et les films m’ont appris? Que le tueur se trouve toujours derrière. J’fais volte-face avec rapidité. Et je souffre putain. Bah ouais, il m’a bien entaillé. J’risque de douiller pour un bout de temps. Sauf qu’y a rien. ‘Fin si, y a des types qui se tapent dessus, mais pas mon bonhomme à moi. Mon ninja tout pas choupi. Et j’peux pas m’en empêcher, un air me trotte dans la tête. Faut que je le sorte de là.

                - You'd better do your dance 
                You'd better take that chance 
                You'd better move your butt 
                You gotta show me what you got 
                You wanna check this man 
                Jump on the line 
                You gotta shake that ass 
                If you wanna have mine
                It's soon the perfect time… 


                Pendant que je fredonne gentiment, je sent un sale regard se poser sur moi. Vous savez, c’est ce genre qu’on sait alors qu’on ne voit pas, comme un sixième sens. J’me re-retourne juste à temps pour voir un foutu révolutionnaire qui me charge épée à la main. Facile. J’ai envie de me la jouer et si mon Pas-choupi-ninja me mate, je le refroidirai peut-être un peu dans ses ardeurs. Il lève l’épée bien haute. Un coup vertical, sans aucune classe. Efficace contre un trouffion, pas contre moi. J’adopte la position de profil, laissant le flanc gauche recevoir l’attaque et le fusil toujours dans la main droite. Je lève la main et :

                - Tekkai

                Il reste sur le cul. Il comprend pas bien ce qui se passe. J’t’expliquerai pas. Tu m’ennuies et tu vas mourir. Le sabre toujours dans la paume de ma main, malgré le fait que je ne sois plus aussi raide qu’avant, j’oriente le fusil sur le torse de mon agresseur et tire une décharge. Le recul l’envoie dans les airs sur un bon mètre. Sacré tromblon. Et sacré vol. Tu es d’une beauté fatale dans la mort, sache-le. Je viens de te rendre service en faisant de toi une œuvre d’art. tu es plus beau que tu ne l’aurait jamais été dans ta misérable vie de rebut.

                - I'm sounding lighter 
                You wanna hang, wanna hang…


                Le frisson me reprends. Sauf que cette fois-ci, c’est pas un regard que je sens. L’instinct guerrier en moi s’anime et me souffle un mot dans un moment de lucidité.

                - Half step

                Merci mon instinct. Une lame se plante à deux doigts de mon pieds droit. Un étrange filin, dessus, brille au soleil. De toute la vivacité dont mon état me laisse jouir, je remonte ce filin des yeux. Trouvé toi. Mon bras se tend et les décharges se suivent.

                - So do the dance and 
                Bang bang bang bang bang 


                Un coup. Deux coups. Trois, puis quatre et cinq. Le fusil vient de cracher son dernier poumon. Est-ce que le ninja a esquivé? Aucune idée. Il sait où je suis. Plus moi. Il reprend l’avantage. J’ai aucune envie de rester planté là. Je marche et j’vois tout au ralenti. La sensation tant attendue pendant ce combat daigne pointer le bout de son nez. Envahis-moi. Fais de moi ta chose…

                Simple spectateur du ballet macabre de mon corps, je me vois courir. Oui, courir. La blessure hérité un poil plus tôt me bloquait dans les mouvements les plus simple ou tout du moins me faisait assez souffrir pour grincer des dents et voilà que je cours. Un révolutionnaire passe devant moi et tombe. Un coup dans la nuque. Je comprends le raisonnement de ma marionnette. Si je ne trouve pas l’homme d’acier, je tue ses copains. Pas bête. Mais combien de temps il va laisser faire? J’ai perdu la notion du danger, de la douleur, de la peur dont l’adrénaline me procurait des bouffées curatives. Je connais cet état. La suite ne me plaît pas. Je n’y peux rien. Le contrecoup sera affreusement douloureux. J ‘espère tomber sur mon copain avant que ça arrive.

                Aaaah, si seulement la chance pouvait être avec moi…
                  Contrairement à mes attentes, l'épée ne toucha pas l'Agent du Gouvernement, se plantant juste à côté de lui. Était-ce ses réflexes et ses sens qui étaient affutés, ou alors était-ce moi qui, à cause de ma blessure, n'avait pas pu donner le meilleur de moi-même ? Pas le temps d'y réfléchir. Le bougre se retourner vers moi, fusil à la main, pour commencer à me canarder. Une balle ricoche sur mon armure, une autre passe à côté. Puis d'un coup, la douleur. Je sens quelque chose pénétrer mon épaule droite et ressortir de l'autre côté. Le choc est assez fort pour me pousser en arrière, laissant les autres projectiles passer au-dessus de moi. Ainsi sur les toits, je commence à avoir la respiration haletante. Je retourne ma tête vers la blessure et commence à voir le sang couler. L'engourdissement disparait pour laisser place à la douleur, m'arrachant une grimace de douleur alors que je serre les dents. Par chance, cette nouvelle douleur parvient à me faire oublier celle de mon flanc transpercé. Mon adversaire est visiblement meilleur que je ne l'aurai cru. Mon endurance a assez diminuée pour que la résistance de mon armure soit pratiquement nulle. C'est mal parti. Me redressant pour rester assis en tailleur, j'arrache la manche gauche de mon manteau pour faire un bandage de fortune avec. La douleur est encore plus grande alors que je sers le tissu, ressentant un picotement des plus désagréables.

                  Au beau milieu de ce tumulte, j'entendis alors mon escargophone retentir. Comme si c'était le moment. Serrant les dents alors que je déplaçais ma main vers ma poche, je décrochais pour aller aux nouvelles. Apparemment, celles-ci étaient loin d'être bonnes. La plupart des soldats avaient été évacués et seules les troupes en service étaient encore présentes pour assurer la retraite. C'est alors que l'on m'informa que la séquence d'autodestruction des installations allait être lancée dans moins de trois minutes. En gros, il me fallait tirer mon postérieur d'ici si je voulais éviter de finir en caramel fondu. Cependant, au milieu des tirs et du brouhaha environnant, j'en venais à penser à cet individu que j'avais combattu. Il semblerait que notre duel devait s'arrêter là. Cependant, mon instinct et ma volonté de guerrier me laissait un goût amer dans la bouche. Plus qu'autre chose, j'aurais voulu terminer mon duel avec cet homme, pour décider une bonne fois pour toute qui de nous deux était meilleur que l'autre. Les circonstances étant ce qu'elles sont, je n'avais pas d'autre choix que de mettre un terme à cette bataille en essayant de sauver le plus de vie possible.

                  Sans attendre, je me relevais, sautant de toits en toits. Ma tête commençait à tourner à cause de l'importante perte de sang. Je voyais parfois le paysage pencher comme si j'étais en mer, alors que des vertiges et autres effets de profondeur m'assaillaient. Plus je courais et plus je sentais mes forces décliner. Ma respiration se faisait de plus en plus haletante, mes muscles de plus en plus lourd, mon corps s’ankylosant d'instant en instant. J'aurais bien aimé tomber sur l'assassin, mais au milieu de cette bataille qui s'estompait d'instant en instant, les Marines gagnant de plus en plus de terrain, c'était loin d'être chose aisée. Si je voulais éviter la syncope, j'avais tout intérêt à rester concentré pour ne pas laisser la fatigue et la douleur avoir raison de moi. Finalement, dans les rares recoins où il y avait toujours de la résistance, j'entendis plusieurs cris. Sans perdre un instant, je changeais de direction, retrouvant un semblant d'énergie qui n'était sûrement que temporaire. En fin de compte, je surplombais l'un des recoins de la base où je vis mon adversaire s'en prendre aux quelques soldats encore en poste. L'heure n'était pas à ce genre de fioriture. Faisant abstraction de mon état, je m'adressais à l'ensemble des soldats présents, et à l'assassin par la même occasion.


                  - Que tout le monde s'en aille ! La procédure d'urgence a été lancée. Dans moins de deux minutes... il ne restera rien de cette base !

                  Posant mon regard sur l'Agent du Gouvernement, je me doutais qu'il n'allait pas laisser les autres, ainsi que moi, s'en sortir si facilement. Peut-être même était-il désireux de mettre sa vie en jeu en combattant jusqu'à ce que tout explose. Sans l'ombre d'une hésitation, je portais ma main gauche à ma ceinture pour en ressortir trois sphères que je lançais d'un seul geste ample aux recoins de la cours. Dès qu'ils touchèrent le sol, les trois projectiles explosèrent en un nuage de fumée noire recouvrant toute la zone. Les Révolutionnaires encore présents avaient, selon moi, une assez bonne connaissance de la base pour pouvoir se diriger malgré ce handicap. Quant au membre du Cipher Pol, j'ignorais ce qu'il allait devenir... et pour l'heure, ce n'était pas mon souci le plus important. Me remettant à courir de toits en toits, je finis par sur un bâtiment située à l'extrême Est du camp. Sans prendre le temps d'y réfléchir à deux fois, je sautais pour m'accrocher à l'un des arbres de la jungle qui nous entourait, descendant ce dernier pour me mettre à courir à travers l'épaisse végétation. Me tenant le flanc qui saignait de plus en plus, laissant pendre mon bras droit inerte, je m'enfonçais dans ce milieu des plus denses pour mettre les voiles. Quelques instants plus tard, l'explosion parvint à mes oreilles, produisant un souffle qui me propulsa au loin.

                  N'étant pas suivi, et étant sur le versant opposé à celui par où avaient débarqué les Marines, je profitais de cette poussée pour déployer mes ailes et me laisser porter. J'étais trop faible pour déployer plus d'une paire d'ailes, et sans doute ne pourrais-je pas voler bien loin. Battant de l'aile alors que je me dirigeais vers l'île la plus proche, j'espérais réussir à l'atteindre pour me soigner efficacement. Dans tous les cas, il me faudrait sans doute me cacher le temps de cicatriser. Tout ce que j'avais à faire était de tenir le coup encore une vingtaine de minutes. Ce n'était cependant pas chose aisée, car à chaque battement, je sentais ma vue se troubler et seule la douleur me maintenait encore éveillé. C'est la raison pour laquelle je fis la plupart du trajet en planant. Il me faudrait reporter cet incident au commandement, et tenter de savoir quelle était la cause de ce débarquement dans l'une de nos bases. Peut-être même y avait-il un traître parmi nous. Mais pour l'heure, mon esprit était trop embrumé par la fatigue pour se lancer dans ces réflexions tordues.
                    Et la danse continue. Les révolutionnaires se font de plus en plus rare, mais mon corps parvient encore à en dénicher certains. Il doit avoir une sorte de radar parce que je vois pas comment il fait. Bon, c’sûr que sur le champs de bataille, c’était facile de repérer ses cibles : tout ceux qui n’ont pas d’uniforme. Alors que là, il part les chercher sur les hauteurs ou derrière les vieux bâtiments déjà déglingué. Tant mieux pour la marine, tant pis pour la révolution. Où se trouve mon meilleur ami dans tout ça? Si seulement j’avais un début d’idée ou la capacité de me contrôler à nouveau. Mais non, impossible. La solution la plus logique, c’est qu’il se trouve encore sur un toit quelconque. Est-ce que je l’ai seulement blessé? Sans doute une fois je suppose et encore, j’en suis même pas sûr. J’ai beau dire pas mal de saloperies sur l’état dans lequel je me trouve en ce moment, mais il apporte un avantage qui pourtant n’est d’aucune logique : je peux réfléchir à tellement de choses inappropriées alors que la machine à tuer continue son bout de chemin. J’ai envie d’aller sur les toits, retrouver le ninja. Évidemment, mon corps fonce dans une autre direction. Chaque fracas d’arme mobilise son attention. Ce n’est plus qu’un bout de chair mu par des réflexes et l’envie de tuer ses opposants.

                    Le paysage est désolé, les morts sont plus nombreux que les vivants. Ça pourrait être beau, mais j’ai jamais été fan des natures mortes. Les visages défilent et se tordent de douleur. Les poings fusent et touchent à tout les coups. Je sens que j’ai déjà mal. C’est que des paroles bien sûr, parce que là, je sens rien. Mais j’suis sûr d’un truc, j’vais douiller ma race après ça. J’vais p’t’être même tomber dans l’coma qui sait. En tout cas, ce sera logique avec tout le sang qui s’amuse à fuir mon corps. À croire que c’est la course entre les centilitres. Celui qui touche le sol a gagné.

                    Là !!! Là putain. Mon pote. Il dit un truc. J’entends peau d’zob bordel. J’comprends pas et la pantin de chair non plus. Il continue à faucher alors que le type parle. C’pas fair-play? C’est la guerre ouais. Te laisse pas distraire, c’est tout. Puis, sans prévenir, un nuage de fumée noire se dresse entre lui et ses adversaires. Bah ça c’est pas banal. Alors que les révolutionnaires s‘égayent un peu partout, du moins je le pense, et qu‘il ne peut pas tous les suivre, il se tourne vers le ninja, ou vers l’endroit où il était censé se trouvé et focalise toute son attention sur mon meilleur adversaire du moment. Nickel, pour une fois que j’suis d’accord avec lui. Allez, trace, va lui torcher la tronche. Sors de cette merde de fumée. Ça peut pas t’faire de mal, t’as un masque, donc reste pas planté là. C’est l’moment où jamais. Aucune envie de le laisser filer. J’le capturerais et j’l’enfermerai dans une cage pour le titiller avec un bout de bois comme un gosse qui s’amuse à traumatiser son hamster. Et il était temps.


                    - Geppou.

                    Bon, au moins on voit clair, c’est le principal. Où est passé l’ninja? Voilà qu’il saute de toit en toit. Plus cliché tu meurs. J’ai déjà vu des shinobis un poil plus originaux quand même. Il manquerait plus qu’il coure avec les bras volant au vent. Allez, hop, j’lui cours aussi après. Ça pue la mort à la con tout ça, mais je me serais bien amusé au moins. Je crois en tout cas. Niveau course par contre, va savoir pourquoi, il me met la pilule et pas de celle qui passe sans faire de mal. Non, non, celle qui laisse un sale goût dans la bouche ou ailleurs. Ouais, celle qui pique là où faut pas. Allez merde, rattrape-le et fais lui bouffer son bulletin de naissance. Et enfin, t’arrives au bout du chemin l’ami. Tu vas sauter dans le vide? Mais il le fait en plus ce con. Merde, dépêche-toi sale carcasse. Ah d’accord, tu m’étonnes qu’il se soit pas fait dessus avant de sauter. Y a des arbres. Je saute? En fait j’vois même pas pourquoi je me pose la question. Sans rien commander, je saute dans le vide. Je sais pas où est passé mon adversaire, mais je saute. L’illogisme ça me connaît on va dire.

                    Alors que je saute, les prémices d’une explosion de grande envergure arrive à mon niveau. Deux petits bâtiments de l’aile Est venaient d’éclater dans une bonne détonation. Le souffle me souffle. Mouais, c’est pas classe à dire, mais j’vois pas d’autres façons pour l’instant, on verra plus tard. Pendant quand je vole littéralement comme une poupée de chiffon, mes réflexes me sauvent encore la mise.

                    - Geppou.

                    Ça a le mérite de ralentir ma chute et c’est le principal. Maintenant, il faut voir à se casser vite fait bien fait s’il te plaît mon corps.

                    - Soru.

                    P’tain la classe, j’l’ai maîtrisé sans aucun ’blème. Si ça c’est pas la classe. Derrière, ça y a un feu d’artifice de toute beauté qui me donne une autre poussée dans l’dos. Celle là est bien plus violente alors que plus lointaine, mais plus massive aussi. Cette fois-ci, pas de réflexes viable, mon corps me lâche. Je sens déjà que mes yeux se ferment. Pour rien arranger, je vois un arbre me foncer dessus, à moins que ce soit l’inverse. J’espère avoir la tête assez dure pour le briser… ah non…

                    ---------------------------------------

                    Mes yeux s’ouvrent. La luminosité est affreusement forte. Tout est blanc. Le paradis? Que nenni. J’entends des types qui parlent tout autour de moi. Et c’est pas un langage d’angelot, plutôt celui de charretier.

                    - Eh bah tu t’réveilles enfin p’tit gars ! On croyait que t’allais nous claquer entre les doigts. Pas que ça ait été très difficile de te soigner, mais t’avais perdu un paquet de sang.

                    J’essaie de me relever pour voir où je suis et la tête me tourne affreusement.

                    - Reste couché bonhomme, t’es entre de bonnes mains ici. Ils t’ont rapatriés dans un sale état, mais tout va bien maintenant, prends du repos et d’ici deux jours tu devrais sortir sans soucis.

                    - On est quel jour là?

                    - Jeudi.

                    Merde, ça fait au moins une semaine que je comate…

                    J’espère que Rei s’est pas trop inquiété…

                    Ça y est, j’suis sûr que j’vais m’faire gueuler d’sus. C’est pas une vie pour une période de convalescence…