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Ca coule de source !

"..."
"U....Uriko... Boude pas..."
"Nan ! Nan ! Naaaaan ! Ne vous parle pluuus !"
"Rah... Laisse le faire son caprice va."
"... Plus d'argent de poche pour toi Papiwan..."
"Gh ?!"

Uriko était mécontent... Et pour cause, ils avaient beau avoir de l'argent durement gagné par la capture des ombres et les revenus que l'enfant gagnait de sa boutique, ils n'avaient encore eu pour l'instant pas eu l'occasion de le dépenser. Uriko voulait un bateau, un vrai, un joli avec une grande chambre rien que pour lui et où il pourra enfin ranger proprement toutes ses peluches et jouets et la remplir petit à petit... Mais naaan, à chaque fois leurs bateaux ils coulent et pis du coup ils sont obligés de le voler à des méchants mais ils sont déjà à moitié cassé ou tout moche... Nan, Uriko aime vivre dans son petit confort figurez vous... On est enfant gâté ou on ne l'est pas.  Et tout ça, c'parce que ses amis faisaient toujours trop les fous et qu'ils voulaient même pas aller acheter un vrai bateau le plus simplement du monde...

Une chose en entraine une autre et au final il n'avait même pas sa propre chambre individuel, Spouty avait fait ses griffes sur une de ses peluches, Sammy et Fonfonce ont ronflés toute la nuit, Zegou lui a piqué son sablier sans le laisser jouer avec et Gniaki et Tatal refusait de prendre son parti... Décidément y avait que Jajam qui était réglo. Le garçon était irrité et fatigué... Peluche dans les bras celui-ci tournait le dos à ses camarades, ses jours légèrement gonflées.

"Allez, je suis sûr qu'on va trouver un beau bateau à la prochaine île."
"... Promis ?"
"P....Promis."
".... D'accord alors."

En vérité Zegou n'en savait strictement rien, mais il fallait bien lui tenter de lui remonter le moral. Restait plus qu'à prier que y ait des bateaux à vendre sur la prochaine île... Ou tout du moins de quoi trouver un navire qui convienne un minimum au petiot jusqu'à la prochaine ile.
C'est d'ailleurs Sammy qui fit l'appel pour prévenir que leur prochaine île était en vue. Rapidement le groupe monta sur le pont pour assister à la scène. Cette sensation d'excitation qui vous submerge à l'approche d'une nouvelle île, des découvertes et aventures qui les attendaient. Cela mit de suite du baume au coeur d'Uriko.

"Ouaaah ! C'est tout engloutiii ! C'trow droooole !"
"Hmm... Si je ne me trompe pas, il s'agit de l'île de Clock Work, j'ai lu à ce sujet dans le journal du monde, autrefois cette île fut... bla... Bla..."
"Ah... n'ai décroché... Tu me traduiras plus tard Tatal hein ?"
"D'a...D'accord...."

Après quelques minutes l'équipage arrivèrent finalement proche d'un résidu de l'île qui n'était pas englouti. Posant finalement pied à terre, personne n'était encore là pour les accueillir. Peut-être que ce n'était juste tout simplement pas le bon endroit à s'amarrer... Même si à dire vrai, difficile de se repérer sur ce genre d'île.

"On fait quoiii ?"
"Je vais voir si on peut trouver de quoi s'alimenter."
"Oh, j'viens avec toi, y a plus une goutte d'alcool sur le bateau !"
"Avec Iwan on va voir si on peut pas se trouver un nouveau bateau comme promis Uriko !"
"Bon... Bah j'suppose que j'vais rester ici pour garder le bateau, tu me tiens compagnie grossse tête ?"
"Oh.. Veux pas être seul... Jajaaam ! Viens avec moiii ! On va se promener et trouver des bonbons et des choses drôooles ! Tu viens avec nous Sosow ?"
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-Grmh. Combien ?

-Beaucoup.

-En chiffres exacts ?

-Vingt millions.

-Oh. Beaucoup, en effet.

-Et merde.

-Et ton porte-monnaie ?

-Un million, et encore… J’compte pas c’que je te dois aussi.


***

Il y a des choses qui n’arrivent jamais au bon moment. Comme cette soudaine dette plus ou moins lointaine, rappelée à mes oreilles, comme on sonne une cloche pour que je salue avec tout le respect que je dois à monsieur, ou à madame. Vingt millions. Frais de séjour à l’hôpital d’Hinu Town, West Blue. Putain de frais de séjour. J’ai dû mal à digérer une note aussi salée. Un problème en plus que j’aurais préféré éviter, allongeant la liste de tous ceux qui s’ajoutent au fil des jours.

Encore du grabuge vers le bunker, de ce qui se dit. Pas bien étonnant, quand on voit quel est le foutoir qui règne sur cette île. Romuald et Tim ont de bien drôles convictions. Espérer une reconstruction du royaume, sous l’eau, c’est une folie qui atteint seulement les désespérés. Et ils le sont bien, ou du moins, ils en ont l’air. J’ai pas compris pourquoi les deux lascars n’sont pas allés s’réfugier dans cette forteresse construite par les habitants. On est pas bien loin d’l’entrée, mais en quinze jours, on a essuyé un bon nombre de pillages d’la bicoque. Soit on s’est carapaté dans la cache aménagé au sous-sol, soit l’gardien et la doctoresse s’sont défendus comme ils ont pu. J’suis encore un peu boiteuse et bancale, patraque si l’on va à l’extrême. Tout mon dos me tire et me fait bien comprendre que, non, j’aurais pas dû m’retrouver face à un pirate pareil.

Et c’matin, y’a une lettre qui est arrivée. Tim m’a dit qu’c’est pas souvent qu’ils en reçoivent, ici. Romuald a espéré que ce n’était pas son grand-père.
C’est pas son grand-père. La lettre n’est même pas pour lui, si on veut être franc.

Non, la lettre m’est destinée. Destinée à me rappeler mes vingt millions de dette. J’ai sauté de joie. Si, réellement.

Et maintenant, y’a l’bon gardien qui rame pour nous emmener tous en ville. Ils n’ont pas voulu m’expliquer ce qu’ils comptent y faire. C’pas mes oignons de toute manière, alors, j’ai laissé couler, sans rien demander de plus. Et moi ? Moi, j’vais essayer de trouver un moyen de me faire de l’argent. Pas comme si j’avais le choix. Deux semaines pour rembourser complètement la joyeuse note, j’ai donc intérêt à me magner le cul.

***

-T’as croisé le pirate Lloyd Barrel ?

-Un peu. Il a une sacrée droite, l’ordure.

-T’as eu de la chance. Les autres l'ont pas eue. Mon grand-père s’est occupé d’les ent- … C’quoi c’t’odeur d’œuf pourri ?

-Eurk. Ils ont pas fait leur contrôle sanitaire, eux…


Un fumet abominable vient titiller abominablement mes narines alors que le brun arrête de ramer. Les « sfloutch » réguliers s’évanouissent. Sur un bout d’île émergée, y’a une patate géante, avec un mat planté au milieu comme si l’on servait un grand amuse-bouche à un géant,  qu’est amarrée et qui s’fait pousser par les vagues. Et qui pue, aussi. Un mélange de lait fermenté, d’fromage dévoré par les vers et d’la viande qu’a verdit. Immonde, et l’odeur colle à l’odorat en plus, comme un vieux camembert coulant. La rouquine de Tim s’bouche le nez et j’vois la face de Romuald qui tourne au jaune pâle, genre pisse de vache. Moi, j’sens juste mon estomac qui s’serre avec tous les acides qui remontent.

-Ro… Hoc ! Robuald, éloigde-toi de c’truc, s’il te plaît, j’vais perdre bon repas d’c’batin dans peu de temps ! Bagde-toi couillon !

-Grrmh, oui, c’est bon, c’est bon !

Sfloutch. Sfloutch.

On croise de ces trucs sur terre, quand même.

***

Romuald amarre la barque comme il peut. On s’est éloigné le plus qu’on a pu d’Patator Puantor 1626. Il est encore jaune de la rencontre du troisième type avec l’odeur d’pourri qui s’dégage du navire atypique.

Un sacré grain tombe et le vent souffle. Je frissonne malgré le pull que m’a prêté Tim. Des nuages noirs semblent s’amonceler vers le nord. Ça sera pas un p’tit orage, celui-là.

-J’suis trempée, grouille-toi les miches, imbécile !

-Y’a la queue d’toute manière, on est pas prêts d’être à l’abri.

-Arrête de grogner Tim !


L’vent redouble de violence. J’peux pas m’empêcher de faire tourner mes sabres entre mes mains, nerveusement. J’aime pas ce temps, beaucoup trop bourrin pour qu’mes nerfs puissent se reposer. J’suis la rouquine impatiente, avec peu de conviction, le pas lourd et le corps grelottant. J’entends le brun qui brame un « Putain de cordes » au loin, cri envolé et dissipé par les bourrasques d’un mistral galopant.

Y’a une bonne dizaine de personnes devant nous à attendre qu’on leur ouvre les portes. Les papiers sont sortis des poches, quelques paroles échangées, puis, on déverrouille le loquet avant de le refermer aussi vite. On sent les regards des pseudo-douaniers de la porte qui coulent sur le visage avec un poids dans leurs pupilles. Ils te désignent avec angoisse et silence, les yeux brillants pour te demander « Est-ce que t’es dangereux ? ». En jetant un coup d’œil devant moi, j’ai su qu’le gamin de pas plus de douze ou treize ans pourrait répondre « Non, j’suis gentil ».

Et à côté de lui, l’blond avec sa batte et ses ail-

Des ailes. Blond. Blatte. Euh, non, batte.

Cœur qui décroche un instant avant de repalpiter de plus belle. J’cligne des yeux, une fois, deux fois, pour bien être sûre, qu’j’rêve pas.

Tim remarque mon air d’ahurie qu’en revient pas, elle agite une main devant mes yeux ronds, grogne un peu, alors que Romuald est toujours occupée à se battre avec l’amarrage de la barque.

-Eh bah Honaka ? Tu veux gober des mouches ou quoi ?

-… James?

-Quoi ?


J’ai encore du mal à y croire. Il a pas beaucoup changé, à vrai dire. Et j’gueule sans m’en rendre compte, encore médusée de pouvoir le croiser ici.

C’est d’abord un murmure inaudible entre mes dents.

C’est enfin un cri qui passe sur mes lèvres.

-L’crétin d’ange ?


Dernière édition par Honaka Suzuke le Lun 22 Déc 2014 - 19:40, édité 2 fois
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Gnaaaarf ! S’il y a bien une chose que j’déteste plus que tout c’est d’attendre. Sauf Zegaï bien sûr. Bordel, j’suis un ange quand même ! Ces imbéciles d’humains ne voient pas que je suis un être supérieur ? Ils devraient m’ouvrir les portes en grand ! Et dérouler un tapis ! Ou même se jeter au sol pour que je puisse marcher sans me salir les semelles ! Merde ! Mais bon, faut les comprendre aussi, j’suis avec Uriko et vu son air fourbe et cruel, ils hésitent. Forcément.

Je sais même pas pourquoi on a débarqué ici… C’est tout petit et le reste de l’île et ben il a coulé sous l’eau. Donc en gros, Uriko et IDK pourront même pas avoir accès au reste de l’île. Et moi ben… J’sais pas trop. J’ai plus mes pouvoirs mais est-ce que j’ai encore la malédiction ou pas ? Enfin en même temps, même avant de manger le fruit du caoutchouc, je savais pas nager alors bon… C’est quand même une conne d’idée. Le principe de l’île, c’est de flotter, ça sert qu’à ça. Alors si elle est sous l’eau, ça sert plus à grand-chose. Mais bon, j’ai accepté pour faire plaisir à ma petite tête de melon. Il est en manque de sucre et il veut se trouver des petits cailloux qui fondent dans la bouche. Jamais compris l’intérêt de ces machins mais il adore ça, lui.

La porte finit enfin par s’ouvrir quand j’entends une voix derrière moi.

-L’crétin d’ange ?

Je m’retourne et j’vois une gonzesse. Genre petite pouf avec une coupe au bol et des épées à la ceinture. Je la regarde. Elle me regarde avec de grands yeux et un sourire niais. Je m’retourne. Jamais vue de ma vie celle-là. Sûrement une groupie. Je me prends alors un grand coup à l’arrière de la tête. Mais elle est complètement dingue celle-là. Je sors une balle de base-ball de ma poche, lui signe un autographe dessus et lui lance.

-Tiens, voilà, tu pourras frimer devant tes copines. Maintenant fous-moi la paix !
-Mais espèce d’abruti, c’est moi ! Honaka !
-Haaaaaa mais oui !!!! Honaka… La… euh… serveuse de… heu…
-Le désert ! Les scorpions ! La tempête de sable !
-Ah elle ! Impossible, elle avait des cheveux longs cette fille là…

Héhé, on me la fait pas à moi. Pas la peine d’essayer de m’arnaquer, je suis pas aussi bête quand même !
    Et bah, la popularité de la team Rocket avait décidément bien grandi, il y avait même un comité d’accueil rien que pour eux ! A la tête de ce groupe, une jeune femme aux cheveux courts qui paraissaient surprise, observant son ami Jajam avec attention, celle-ci semblait être une connaissance. Mais après mûr réflexion de son capitaine, il semblait y avoir erreur sur la personne. Uriko hocha la tête.

    « Ah, si elle avait les cheveux longs alors c’sûrement pas elle ! »

    Tel capitaine, tel équipage, pas un pour rattraper l’autre bien entendu. Levant haut les bras face à tout ce monde, Uriko se présenta malgré tout, ils avaient ouvert la porte rien que pour eux en plus !

    « Enchantééé ! Moi c’est Uriko ! Et lui Jajaaam ! On est chasseur de primes et on est gentiiiil ! Merci de votre accueiiiil ! »

    Et maintenant on file, attrapant la manche de son capitaine, Uriko et lui continuèrent la route, ignorant ainsi royalement la vraie fausse Honaka. Puisque y a erreur sur la personne on vous dit ! Si z’êtes pas d’accord il faudra parler à son agent, c’lui ! Et lui, il veut pas vous parler parce qu’il doit d’abord trouver ses bonbons. La célébrité c’duuuur des fois. C’surement parce que Jajam il continue d’ouvrir ses boutiques un peu partout ! Quel business man celui-là ! Et dire que c’était encore le gamin qui lui donnait de l’argent de poche. Au moins, Jajam avait compris l’importance de l’argent, il aimait ça. Sans doute que dans le ciel ça marche aussi comme ça.

    Et alors que les deux marchaient tranquillement dans les vestiges de cette île, le duo pouvait clairement entendre des bruits de pas les suivant. Ouaip, c’est madame l’imposteur. Elle va dans la même direction que nous ? Hmm… Nan, elle a bien l’air de nous suivre… Haan, qu’est ce qu’ils devraient faire ? Elle veut vraiment pas les laisser tranquille… Sosow est pas venu, y a plus de voix de la raison dans le grouuupe ! Paniquant, Uriko tira sur la manche de son capitaine préféré pour le faire se baisser et mieux atteindre ses oreilles.

    « Jajaaam… Qu’est-ce qu’on faiiit ? Est-ce que c’est ce qu’on appelle une Stalkeuse ? Maman, elle m’a toujours dis de faire attention aux Stalkers, sauf s’ils portent de très beaux vêtements et pleins de bijoux… Mais c’pas le cas. »

    Ah, il aurait ptet dû baisser son ton de voix, n’importe qui pourrait l’entendre ! Ce serait pas très prudent de laisser n’importe qui écouter leur conversation… En plus d’être une stalkeuse elle écoute aux portes… Brr… Les fans sont vraiment des gens effrayants !
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    -…Putain !Putain !Putain ! Mais ! James, c’est bien moi, m’fais pas croire qu’t’es si stupide qu’tu reconnais pas une personne qui s’est coupé les cheveux !

    Ils ont ouvert les portes. L’ange m’a répondu. Mais j’crois qu’j’avais oublié à quel point il risquait d’être aussi peu physionomiste.

    J’grogne, alors qu’j’les suis d’un bon pas dans les rues. Derrière, y’a Tim qui m’gueule qu’c’est pas la peine de les suivre, qu’je ferais mieux d’l’attendre elle et Romuald, parce qu’la ville, ça reste dangereux, quand même. Et j’en ai rien à faire, j’continue d’le suivre, lui et le gamin qui l’accompagnent. J’ai entendu « chasseur de primes » et « stalkeuse ». Pas cherché à comprendre, tout est trop flou, tout remonte à trop longtemps. Je me demande comment ça se fait qu’un gosse l’accompagne ici, comment ça se fait que lui, il est là, alors qu’j’pensais ne jamais le revoir. A vrai dire, j’ai bon nombre de questions à lui poser, mais lui, il me reconnaît pas. Je n’aurais pas autant envie d’lui parler et d’vivre, j’serais allée me pendre. Mais pas aujourd’hui, non, pas en ce jour.

    Quelques foulées de plus et j’arrive à leur hauteur, le souffle court. Et j’plante mes yeux dans ceux de James, en relevant le pull dégoulinant de pluie que je porte, pour découvrir le truc qu’il a vu en un soir dans le désert. Un sombre soir et une nuit assoiffante. La balafre qui me cisaille le dos de haut en bas, blanche et longue déchirure qu’il a entraperçue mais dont il devrait se souvenir. Et si ça ne lui rafraichit pas plus la mémoire, je soulève un de mes sabres à bout de bras. Et j’continue de le regarder, plein d’espoir dans les yeux et le visage trempé par la flotte qui tombe par seaux et cordes.

    Eh ben ? Tu t’souviens ? Allez, crétin !

    -Honaka !

    C’est Tim qui me rattrape, une point d’agacement dans la voix. Ses pas résonnent sur la terre boueuse des rues sombres et presque désertes de Clock Work Island. Seules les lueurs des maisons habitées illuminent ce temps pourri.

    -Je ne suis pas une stalkeuse comme l’a supposé ton ami, Uriko. C’est moi. Et personne d’autre.

    -Maaaiis, Jajaaaam, est-ce qu’elle veut un autographe sur son ventre ?

    -Bon, si ça chatouille, t’as pas à te plaindre, hein !

    La petite voix du gamin a retenti tout d’un coup et le silence qui a suivi sa question est mémorable. James a même sorti un stylo, persuadé que c’est réellement ce que je souhaitais. J’ai simplement rabaissé mon pull en bafouillant. On a passé plusieurs minutes à se fixer sans rien dire, arrêtés au milieu de cette rue boueuse.
    J’ai éclaté.

    -NON, NON, ET NON ! JAMES, BOUGRE D’IMBECILE, JE NE VEUX PAS D’AUTOGRAPHE ! JE VEUX SIMPLEMENT SAVOIR CE QUE TU ES DEVENU APRES HINU TOWN ET CE QUE TU FAIS ICI !
    -FERMEZ-LA !
    -RIEN A FAIRE !

    Et que je gueule, que je gueule comme un chien, que je grogne comme un dragon aux naseaux fumants, que je serre les poings d’exaspération. J’me retourne à nouveau vers l’ange qu’a toujours son stylo de sorti :

    -Ouvre les yeux bon sang ! Tu veux qu’j’te rappelle les discussions qu’on a eues et qu’j’hurle encore plus fort pour t’réveiller la caboche ?

    BLAM.

    -NE REFAIS PLUS JAMAIS. ÇA !

    Aourf. Il semblerait que j’ai oublié la rouquine de Tim.
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    Insupportable… Elle était tout bonnement insupportable cette fille. Elle arrêtait pas de hurler, de gigoter, de parler, parler, parler sans jamais s’arrêter et elle insistait malgré notre inintérêt évident. Fallait que je me rende à l’évidence, c’était bien Honaka, la fille à qui j’avais sauvé la vie dans le désert et qui était tombée folle amoureuse de moi. Visiblement, elle n’avait pas cessé de tenter de retrouver la trace de son héros depuis tout ce temps. Ha, les humaines… Forcément subjuguées par ma beauté angélique. Elle commence même à se déshabiller directement devant tout le monde. Complètement malade…

    -Bon, d’accord, c’est peut-être toi.  Admettons ! Mais il me semble t’avoir déjà dit à l’époque que je ne m’intéresse pas aux humaines, alors n’insiste pas ! Remet donc ton pull !

    Comme si j’allais souiller mon superbe corps céleste avec une souillon comme elle, non mais franchement. Qu’est ce que j’étais devenu depuis Hinu Town ? Bennnn la même chose qu’à l’époque en fait. Je suis toujours chasseur de primes, je suis toujours un ange, je suis toujours génial… Quoi dire d’autres ? Ha si ! Quand même depuis la dernière fois, l’équipage a augmenté. A commencer par notre bébé humain !

    -Ha oui, je te présente Uriko. C’est notre bébé à moi et à Sören ! Dis bonjour Uriko !

    Elle a commencé à me regarder avec des yeux ronds, passant de moi à tête de m’lon. Pourquoi elle avait l’air si étonnée ? Elle a jamais vu d’enfants humains ? Pourtant on m’avait expliqué que les filles sont grosses quand elles attendent un bébé. Honaka devait en attendre cinq ou six à vue de nez. Elle ferait mieux de s’habituer tout de suite hein…
      *Pendant ce temps, dans le cerveau d’Uriko*

      Qu’est-ce qui se passe ? Ne comprend plus rien ? C’plus qu’une fan ? Elle est amoureuse de Jajam ? Ouuuh, elle est amoureuseuh, elle est amoureuseuh la la lère.
      Oh, le ciel est vachement beau en fait.
      Donc c’bien une stalkeuse ? Le genre collante alors ? Il semblerait que Jajam il la connaisse bien, une amie alors ? Quoi que vu la façon dont Jajam parle, ptet que c’était ce que l’on appelle un amour d’une nuit. J’ai jamais compris le terme, mais c’est ce que ma maman critiquait chez le voisin d’en face, j’comprend pas pourquoi les gens ils veulent être amoureux qu’une nuit moi… C’trop court quoi, et pis, ils font quoi en une nuit ?
      Ah, une souris, elle est mignooone… Ah mais c’est sale…
      Ah ils parlent encore, je suis plus rien… J’ai un peu faim… Oh, ses chaussures sont bizarres à elle.
      N’empêche, les bâtiments sont touut abîmé… Ils devraient penser à faire des réparations…
      Oh ? Jajam a parlé de moi ! Je fais quoi ? J’ai pas tout suivi. Faut que j’dise quelque chose là ?
      J’crois qu’il a parlé de Bébé, chuis pas sûr mais dans le doute, t’as qu’à faire le bébé.
      Roger that, on joue au papa et à la maman alors ? Ptet que cette dame là elle aime jouer. Faut pas la décevoir. On envoie le signal au système nerveux, attention… Go !


      « Bonjouuuur ! Moi c’est Uriko ! Suis leur bébé ! C’mon Papa ! »

      Et ça, c’est ce qui se passe dans le cerveau d’Uriko à chaque fois avant qu’il ne se mette à prendre la parole, ses yeux observant tout, il perd rapidement l’attention, si celle-ci n’est pas capté, le jeunot se disperse et du coup il est bien souvent à coté de la plaque. Un des mystère désormais dévoilé, maintenant en mode « game » le petiot pouvait de nouveau se focaliser sur une des choses qu’il sait le mieux faire.

      « Alors… Alors…. T’es un adultèèèère ? »

      On pourrait se demander où est ce qu’Uriko a appris ce genre de mot… Et bah, tout de même, en tant qu’adolescent même si on ne dirait pas, le jeune garçon avait entendu beaucoup d’histoire… Notamment de la bouche de sa mère vu qu’elle fait partie de la catégorie des femmes à ragots. Et Uriko il aime ça aussi les ragots. C’drôle. Même si en réalité, Uriko ne comprenait que la moitié des choses, d’où le fait que sa phrase était un peu mal construite.

      « C’pas bian M’dame ! L’adultère c’maaaal ! »

      Même si en l’occurrence, si jamais c’était le cas, ce serait plutôt à Jajam qu’il fallait dire ça. Mais prenant son rôle de bébé très à cœur, l’enfant continua son speech et pointa la demoiselle du doigt.

      « J’le dirais pas ! Parce que si Maman l’apprend, elle va s’effondrer, ouip, parce qu’elle est fragile et malade, du coup, Papa et moi on travaille dans les champs pour gagner pas beaucoup d’argent mais assez pour acheter des médicaments. Et récemment des pirates ils ont détruit notre seul bateau de pêche pour nous nourrir… Et nous ont menacés si on payait pas ! »

      Ouaip, jouer au Papa et à la Maman ça rigole pas avec Uriko. Faut inventer une histoire, un contexte, bref, la totale quoi ! Mais… la m’dame elle semble pas jouer si joueuse que ça en fait… Elle en fait une de ces têtes… Faut vraiment tout lui montrer, l’enfant attrapa la manche de Jajam tout en faisant pleurant de prendre une mine triste.

      « Papa… J’ai faim allons miamer… On mange que du pain... J’veux de la viande et des bonbons… Maman aussi elle veut plein d’énergie…. »

      Ah… On a perdu Jajam aussi en cours de route…. Baaah que quelqu’un lui explique la situation au petiot quoi !
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      -Tu as… ? Avec lui… ?

      -Nan. Si c’était le cas, j’m’en souviendrais…

      -Tu l’aimes mais il a repoussé tes avances, hein ? Oui, c’est certainement ça !

      -Nean ! Strictement pas intéressée. Manquerait plus que ça, tiens.

      -Honaka, tu peux me le dire si tu as été sa maîtresse, je te ne jugerai pas pour ça, hein… Je t’en voudrai pas, c’est normal, tu as tout à fait le droit ! Enfin non, mais bon, euh…

      -Puisque je te dis qu’il ne s’est rien passé entre nous !

      -Roooh. Même pas un p’tit bisou ?

      -Ferme-là Tim !

      -Oh, d’accord, je vois, Meudâme est susceptible !

      L’ hésitation entre fou rire et exaspération, vous connaissez ?

      Fou rire devant une situation loufoque et une discussion sans aucun sens. Exaspération grâce à la stupidité de James. Il a pas changé, le bougre d’âne. Toujours aussi direct, et crétin aussi. Tim et moi, on a presque rien compris à leur histoire. Alors, quand le bout de chou qu’est apparemment le rejeton de James a rajouté son grain de sel, je vous raconte pas.

      -Euh… Si j’ai bien compris, vous n’avez plus de bateau, plus d’endroit où dormir, plus d’argent, rien, nada, sous cette pluie battante, et sa mère est malade ? Et Honaka est donc la maîtresse de James ?

      -Mais non ! C’est une simple connaissance bon dieu !

      -Pas grave, c’est tout comme ! T’inquiète pas mon petit, j’suis docteur et ta maman Sören – elle s’appelle bien Sören hein, j’me suis pas trompée ? – j’vais la remettre sur pieds en un rien de temps !

      -Maaaaiiiis, Sosow, c’est un garçon, c’pas une fille ! Hein Jajam ?

      -Bah oui, vous êtes vraiment idiotes toutes les deux ! Sören est beaucoup moins chiant que les humaines, surtout comme Honaka !

      Silence total chez Tim et moi. La rouquine a une tête de cent pieds de long alors que j’écarquille des yeux en levant un sourcil. Gné ? Un garçon ? Elle me regarde. Je la regarde.
      On recommence à marmonner tout bas :

      -Honaka, j’arrive pas à y croire, c’gars aime la b-

      -Tim !

      -Rooh, il est gay, tu t’rends compte ? J'aurais jamais cru ! Ça s’trouve, le p’tit Uriko, c’est ton fils caché dont t’avais jamais entendu parler  et dont tu n’avais aucun souvenir !

      -Arrête de spéculer Tim, j’ai vingt-cinq ans, comment j’aurais pu avoir un gosse vers quinze ou seize ans alors qu’j’ai rencontré ce gars il y a quelques années…

      -On ne sait jamais ! Ecoute, je vais les inviter au Crapaud Baveux et j’piquerai un cheveu discrètement au gamin pour ensuite faire les tests ADN ! Même si c’est déjà ton portrait craché, je trouve…

      -Euh ? Non, tu ne prendras aucun cheveu à qui que ce soit… Et c’quoi cette histoire de Crapaud Baveux ?

      -Rooh, dommage, j’aurais tellement voulu savoir… L’hôtel où on va résider le temps que tout s’arrange à l’extérieur, avec tous ces équipages pirates, ça devient bien plus dangereux qu’avant ! T’es pas contre boire un coup, vu comment tu t’es saoulée l’autre soir !

      -Oh, d’accord, aucun problème. J’aurais quelques petites choses à demander à James, ça règlera l’affaire…  Et Romuald ?

      -Il nous rejoindra, il est pas crétin à c’point-là. Vas-y, demande à ton amant caché !

      J’soupire et j’me retourne vers les deux lascars. James m’jette encore un regard condescendant, mais j’y fais pas gaffe. Mépris stupide envers mon soi-disant amour pour lui qui est inexistant, ça m’chatouille pas.

      -Beh… Si vous voulez, on vous invite à l’hôtel pour ce soir, avec Tim.

      -Repas offert ! Et on pourra lui présenter Roger aussi !

      -… Roger ?

      -Le gay de l’île !

      J’commence vraiment à avoir envie de rire, c’mauvais signe.


      Dernière édition par Honaka Suzuke le Dim 11 Jan 2015 - 20:04, édité 2 fois
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      Là, j’avais complètement décroché. J’ai essayé pendant un moment mais… Rien à faire. Depuis que j’avais présenté Uriko, tout le monde s’était mis à raconter vraiment n’importe quoi ! Même lui s’est lancé dans des délires avec ses parents malades et pauvres où je sais pas trop quoi… Et encore pire, il y a une autre gonzesse qui s’est ramenée et que j’ai jamais vu de ma vie ! A tous les coups, elle aussi elle va prétendre être ma maîtresse ou même pire !  Du coup, j’ai activé mon système de défense psychologique qui consiste à ne plus penser du tout. Vraiment à rien. Comme là, en ce moment par exemple. Les autres continuaient de parler et d’interagir pendant que mon esprit n’était habité que par une sorte de vibration qui couvrait tout. Je ne les entendais plus et ne les voyais plus. C’était calme et reposant. Enfin jusqu’à ce qu’on vienne me claquer des doigts sous le nez.

      -Ho James ! Tu m’écoutes ?!
      -Hein ? Quoi ? Mais… T’es qui toi ?
      -HONAKA IMBECILE !!!!!!!
      -Ha… ouais. Qu’est ce qu’il y a ?
      -Je viens de te dire que je t’invite à l’hôtel pour cette nuit vu que vous êtes fauchés ! Et à manger pour ton pauvre gosse !

      Je glissai la main dans ma poche, sentis quelque chose et regardai discrètement. Mouais… Effectivement… J’avais que soixante-dix millions de berrys sur moi, il valait mieux qu’elle raque. Ça m’aurait ennuyé de casser un aussi gros billet. En plus la réceptionniste risquait de pas être contente de devoir me rendre la monnaie et tout… Nan, c’était mieux qu’elle paye. Par contre, je la prévins directement que m’inviter à l’hôtel ne voulait pas dire qu’on coucherait à nouveau ensemble cette nuit ! Cette phrase provoqua une vive réaction chez la nouvelle, la fameuse Tim si j’avais bien compris. Pourtant c’était vrai ! Dans le désert, on avait dormi ensemble pour nous protéger de la tempête de sable. Je vois pas ce que ça a d’extraordinaire. Il me fallait bien un gros truc pour faire rempart contre le vent et le sable pendant que je roupillais… Sinon j’aurais eu des petits grains partout !

      -Bon, allez, on vous suit !
        « Ah mais avant d y aller, j’aimerais faire ma course moiii ! »
        « Ah, qu’est-ce que tu veux ? »
        « Des bonbons de l’îiiile ! »

        Petite marche, pendant ce temps là, la gentille dame rousse, elle me tient la main comme une grande sœur, c’qu’elle est gentille. Ca fait familial. Le petit détour vers une boutique ne semble pas les déranger, c’était sur le chemin qu’elles disaient. Ah chouette. Sur la route, ils parlent, ils parlent, quelques anecdotes sur leurs rencontre et tout le tra la la… Forcément, Uriko eut vite fait décroché, on vous refait pas la scène qui est actuellement en train de se dérouler dans sa tête. Mais très vite, l’enfant se mit en mode réflexion. Si si il en a un… Celui-ci observait l’amie de Jajam. C’une amie de Jajam donc c’est son amie aussi, c’dans le guide de l’amitié, d’abord. Et comme il s’agit d’une amie… Vous l’aurez deviné, Uriko s’était empressé de lui trouver un surnom…

        « Honaka… Hoho ? Nana ? Hoka… Hona… Nana….Ka ? Gniah ? Nya ?! N’ai trouvéééé ! Ne vais t’appeler Nanyakaaaa ! Enchantéééé ! »
        « Hein ? »
        « Fais pas attention. »


        Regard interrogateur de la part des deux femmes, mais cela laissait l’opportunité au garçon de trouver un sujet de conversation avant d’arriver au cœur de la ville. Face à eux, une petite boutique type boulangerie / viennoiserie, l’enfant entre accompagné de sa nouvelle Nounou Titmie (Nouveau surnom au passage) pour aller trouver la spécialité locale. L’enfant ressortit la mine réjouie quelques minutes plus tard en soulevant son petit paquet de bonbon gélifiés.

        « C’trooow bon ! Ils sont en forme de roue d’horloooge ! Au début c’comme des bonbons gélifiés normal et pis une fois bien croqué et avalé, y a touuuutes les saveurs qui explosent d’un coup à la fin ! Comme une bombe à retardement ! T’as déjà goûté toi hein Nanyakaaa ?! Ah, merci Titmie ! »
        « Tu les lui as payé ? »
        « Oui, ils sont fauchés après tout. »

        Ils sourient au gamin, mais à l’intérieur, on pouvait presque confirmer qu’ils s’en foutaient totalement, mais tant qu’Uriko était satisfait. Et finalement, le groupe était arrivé à l’hôtel, l’enfant sautillait d’excitement… Ah mais… Et les autres ? Ils viendront pas dodoter ici ? Haan… Bon c’pas grave, ils auront de la place dans le bateau au moins ? Uriko lui il veut prendre un bon bain chaud et dodoter dans un lit pour lui tout seuuul euuh !
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        Enseigne miteuse et ambiance à chier à l’intérieur de l’auberge du Crapaud Baveux. J’ose pas imaginer l’état de leurs chambres, vu la peinture rouge qui craquèle sur les murs et leurs tabourets rafistolés plusieurs fois. Un den-den radio grésille, comme si les ondes passaient mal sur les mers pour qu’on entende une musique sympathique. Et une masse de personnes dont on ne saurait distinguer s’ils sont des hommes ou des femmes, tant leur tristesse et leur passivité rendent leurs visages pareils à des masques.

        Devant le bar qu’une bonne femme de petite taille mais plutôt forte tient, y’a écrit noir sur blanc « Stock d’alcool vide ». J’jette un œil à Tim qui grimace.

        -Yeurk. J’reviens, j’vais toucher deux mots à Michèle  pour les chambres, le repas et puis c’te pancarte carrément insultante.

        -Ramène rien de trafiqué, hein.

        Et pendant qu’elle s’éloigne pour pousser son léger coup de gueule, j’tombe sur une chaise en soupirant, invitant James et son gosse à faire de même. Le den-den continue toujours à grésiller fortement. J’ai un mal de tête qui va finir par arriver.

        -Et vous pouvez r’partir de l’île avec un navire en bon état ?

        J’pose seulement la question parce que ça m’arrangerait de pouvoir partir d’ici. Pas forcément rapidement, ni parce que Romuald et Tim m’insupportent. Je sais simplement qu’il n’y a rien pour moi ici. Rien qui pourra me satisfaire ou me distraire. Alors, le seul moyen pour éviter de dépérir,  c’est de partir. Pour errer encore plus loin ? Probable. Encore des ruines, mais pas des ruines englouties, des ruines sur terre et qui ne risqueront pas de s’effondrer plus bas qu’elles ne le sont.

        -Gnan ! On avait un supeeer bateau patate, mais il est tout cassééé ! C’pour ça que Sösö et tout le reste sont partis pour en chercher un tout beau !

        … Le bateau patate ? M-

        -Rmmmh, j’ai pu prendre que du jus de pomme, du saucisson et des patates pour l’repas… Z’ont quasi’ plus rien dans les placards. Ah, et James, je te présente Roger !

        … Le Charlie ? Oh m-

        -Salut James ! ♥

        Hrrrffff. Je plains l'ange fortement. Jamais vu un type autant maquillé et aspergé de parfum, qui, me donne une nausée abominable au passage.

        Et il porte un jupon en plus. J'regarde Tim. La rouquine a l'air très fière d'elle.

        Mon nez lui foutrait bien une mandale, en plus de suffoquer.


        Dernière édition par Honaka Suzuke le Lun 19 Jan 2015 - 17:04, édité 2 fois
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        Hum… Ca sentait pas bon. Au sens propre comme au sens dégueulasse. A peine on était arrivé que la rousse, qui était toujours là pour des raisons toujours obscures, commença à gratter l’amitié en ramenant de la bouffe et de la boisson. Ils nous payaient déjà l’hôtel. Ce sentait clairement la demande de contrepartie bien chiantes, ça ! Et la Honaka qui surenchérit en essayant de savoir si on avait un bateau en état pour repartir ! Hooooolala, je les sentais venir les grappilleuses là ! Elles allaient essayer d’embarquer avec nous ! Je me suis mis à prier intérieurement pour qu'uriko se fasse caca dessus afin de faire fuir les vautours ! Enfin les filles. Malheureusement, bien qu’étant un petit enfant, Uriko ne nous avait encore jamais fait ce coup là. Alphonse oui mais Uriko non. Mais il était pas là. Alphonse.

        A côté de ça, ça sentait mauvais au sens propre parce que la rousse avait ramené de la bouffe, de la boisson, certes, mais aussi une espèce de malade mental qui sentait la lavande et le patchouli à pleines narines nommé Roger. Ou Charlie, j’ai pas bien suivi… De toute façon, on est tous Charlie, hein ? Hahaha… Qu’est-ce que je raconte… Le type a commencé à me parler mais j’ai pas pu lui répondre vu que j’en étais en apnée. Enfin, il me semble que c’était un type mais difficile à dire, il portait une espèce de jupe comme en ont beaucoup de femmes humaines. Au bout d’un moment, j’ai craqué et j’ai foutu un bon gros coup de battes en plein visage à l’empesteur. Il a volé et a traversé la fenêtre. J’ai alors été obligé de reprendre mon souffle.

        -HHHIiiiiaiaaaaa !!! Ha…. Ha… Enchanté !

        La femme de l’accueil a commencé à râler que je lui avais cassé sa fenêtre mais elle s’est calmée lorsque je lui ai dit de le mettre sur notre note d’hôtel qu’Honaka règlerait plus tard. On s’est ensuite mis à table. Comme je m’y attendais, elles voulaient venir avec nous pour pouvoir se barrer de cette île. Fallait bien admettre que cette île… était à chier. Enfin je suis pas expert en monde humain, mais dans mon esprit, le principe d’une île c’était justement d’être au-dessus de l’eau, non ? Alors une île sous-marine, niveau intérêt, c’était franchement moyen. J’ai réussi à esquiver la demande par une pirouette. Un salto arrière pour être précis. J’ai bondit hors de mon siège et je me suis précipité dans ma chambre. Héhéhé, elles ne s’y attendaient pas à celle-là.

        Malheureusement le lendemain matin, lorsque je m’apprêtais à rejoindre Sören et les autres, elles m’attendaient derrière la porte…
          - Eh ! Vous en avez mis du temps à vous lever !Au fait, Honak-
          -Oh, ça va, on fait ce qu’on veut après tout !

          J’ai l’estomac qui gémit et des cernes de dix pieds de long. Tim a passé la nuit à ronfler ou bien à se réveiller subitement et à grogner d’une voix presque hystérique : « On l’obligera à parler à Roger ! On l’obligera ! ».

          Si la rouquine est renfrognée du fait que le courant ne soit pas passé entre les deux, mon inquiétude se tourne vers quelque chose de bien plus fâcheux. Il faut que je parte d’ici, et j’ai bien vu comment il a évité une réponse claire qui nous aurait tous fixé. Je pourrais rester ici, compter sur la bonté de Romuald et Tim, des bons soins qu’ils m’ont donnés durant ma convalescence, mais, je l’ai senti dès le début. Quoi ? Qu’il n’y a rien d’intéressant pour moi ici. Des ruines qu’on tente de reconstruire, mais des ruines que je ne pourrais jamais remettre debout.

          -Et puis, on n’est pas très matinaux ! Bon, par contre, c’est pas tout, mais Sösö et tous les autres doivent nous attendre au navire et se demander ce qu’on fait ! On vous remercie bien pour le repas et tout, hein, mais faut qu’on y aille !
          -Attends James !

          Encore une tentative d’esquive, que je tente tant bien que mal d’arrêter. J’le mire droit dans les yeux. Pour essayer d’être convaincante ? Ouais, certainement. Sauf que ça ne marche jamais.

          -Quoi encore ? Tu le veux finalement, cet autographe ? Bon, par contre, tu enlèves pas ton pull hein ! Ton visage devrait suffire !
          -Non, pas intéressée. Faut pas qu'j'reste ici, James. Tu as vu comme moi qu'il n'y a rien pour les voyageurs de passage. Ecoute-moi jusqu'au bout et daigne me répondre au lieu de t'esquiver par une acrobatie ou autre ! Si y'a un seul moyen de te convaincre de m'emmener avec toi et tes amis loin de cette île, dis-le moi. J'serai pas faible et stupide comme j'ai pu l'être dans le désert. J'éviterais les emmerdes et j'vous attirerais pas d'ennuis. J'veux juste partir le plus vite possible sans m'retrouver morte !
          –Bah, écoute justement, on n'a pas de femmes dans l'équipage. Du coup, le pont est franchement dégueulasse et on a une serpillère qui est inutilisée alors...

          J’ai eu le cœur qu’a tapé fort tout le long qu’j’ai attendu sa réponse. Femme de ménage, mwarf. J’ai tiqué en moi-même, mais j’ai aussitôt rechigné au dédain qu’m’inspirais le poste. S’il faut ça pour partir, alors tant pis. Un balai doit pas être aussi difficile à manier qu’un sabre. Et j’suis quand même soulagée. J’serais tombée bien plus bas que ce dans quoi j’me suis retrouvée à Las Camp. Oh que oui, et c’est bel et bien ça qui est effrayant. Et là, tout de suite, j’ai bien envie de laisser éclater ma joie face à ce coup de bol légendaire : qui aurait cru que ma possibilité de départ viendrait d’une vieille connaissance que jamais on n’aurait dû revoir ?

          Tim m’interpelle alors avec une voix semblant légèrement inquiète :

          -Honaka ?
          -Tim ?
          -Romuald n’est pas venu hier soir.
          -Et ?
          -Et ben c’est pas normal, ça !
          -Peut-être est-il resté à la barque ?
          -M’étonnerais. Mais c’pas normal, ça.
          -Tu veux qu’on aille y jeter un coup d’œil ?
          -Mouais. Suivez-moi vous deux, sinon, vous allez vous perdre !

          Je n’ai jamais vu l’inquiétude pointer chez Tim. Franche, avec un parler vulgaire et un sacré culot, oui. Mais angoissée à ce point, non.

          Au fond de moi-même, j’me demande ce qu’il a bien pu arriver à Romuald et dans quel état nous risquerions de le retrouver. Mais j’pipe pas mot et j’suis la borgne, mâchonnant de sombres pensées, Uriko et James sur les talons.

          On s’en retourne au lieu d’amarrage.
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