"De l'indifférence qui nous régit, moi et tous mes semblables, de l’égoïsme qui nous dissocie, qui nous consigne, nous borne à notre propre peur comme à celle de l'autre, j'aime à croire que ces temps obscurs, aussi profonds et épais puissent t'il être, emboîteront bientôt le pas à une époque miséricordieuse, placés sous de meilleures auspices. Oui, j'en suis bel et bien certain. Et Sache bien, qu'en dépit de toutes les apparences, je ne meurs pas isolé, esseulé sur ce lit de fortune, l'amertume en bouche, le regret dans l'âme. Je meurs mais auprès des miens, de tous les miens car ce qui nous unit, qu'importe l'adversité, qu'importe la fatalité et toute les tribulations de nos existences, est bien plus grand et bien plus prodigieux, que ce qui nous divise." Hans Jaeger
J'eus beau relire toutes ces notes des journées et des nuits durant, l'essence même de ces mots m'échappaient encore. J'eus beau me murer dans l'introspection et la solitude, réfléchissant interminablement, mettant en abîme ces quelques lignes avec ma propre vie et toutes ses incohérences, de débauches, de vices et d'excès, le sens profond me glissait encore à travers mes phalanges toutes crispées, désireuses de capter ce savoir secret. Lorsque le sage pointe la lune, l'imbécile regarde fiévreusement le doigt.
Pourtant cette année entière à potasser les lignes griffonnées de Hans m'avait profondément et radicalement changé et avant que je m'en aperçoive, j'avais peu à peu épousé la philosophie de vie de Jaeger. Au fil des mois, j'avais accepté mon passif haïssable et déplorable, parfois funeste et toujours répréhensible, qui me rejaillissait bon gré malgré droit dans la trogne chaque fois que l'occasion s'y présentait. J'étais l'un des dépositaires de sa volonté, de cette flamme éternelle, indomptable qui l'anima jusqu'à ce qu'il rende dans le silence le plus abscons, son dernier râle de douleur. Le dépositaire et le garant. Aussi avais-je changé fondamentalement de vie, avais-je regagné la grande Logue Town où nul âme n'avait jamais eu à subir les affres de celui qui répondit au nom de Sharp Jones. M’immisçant dans la foule qui me servait autrefois de souffre douleur, je me fondais désormais dans tous ces aspects fussent t'ils aussi étranges que nombreux, j'étais devenu l'un des maillons de cette chaîne bien huilé, et je savourais d'une certaine façon cette existence rangé à laquelle je n'avais jamais été accoutumé. Une vie teinté de hauts et de bas, de ses péripéties quotidiennes, de ses joies frivoles et souvent futiles comme ponctué de ses frustrations toutes aussi superficielles.
Toutefois, cette chaîne là, suffit d'un rien, même d'un grain de sable malencontreux pour l'enrayer et emballer tout le mécanisme de pointe qui se figure derrière et ce jour là, j'étais bien loin de me douter que l'heure était venue pour la mienne, de dérailler salement. Ce jour là devait voir sur cette terre-ci, l'arrivée de Costa Bravo et d'un autre de ses comparses, escortè par une vice-amirale et toute sa cohorte de navires armés jusqu'aux canines. Exécution en place publique que gueulaient à tue-tête les colporteurs des rues à travers toute la cité portuaire. La marine avait mis les petits plats dans les grands et n'avait rien laissé au hasard puisque nos deux amis allaient avoir l'insigne honneur de se vider comme Gold Roger périt autrefois sur les mêmes planches. Fallait que çà en jette et que çà ait du cachet. Une véritable pièce de théâtre savamment orchestré par les émissaires de la mouette, lesquelles n'avaient pas lésiné sur les moyens pour que le dernier acte de la tragédie se fige dans toutes les caboches de nous autres, mauvaise graine, au cas où il nous prendrait pas l'envie de prendre le large.
L'affaire était sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes, véritable sujet de conversation auquel chacun, des artères pullulantes aux coupe-gorge les plus sordides, y allait de son petit mot, de son grain de sel pour grossir le trait et gonfler davantage tout le brouhaha qui entourait l’exécution. Toute la presse de Loguetown s'était bien entendu engouffré dans la brèche et se faisait les choux gras de l'affaire, l'encre coulait à flot et apportait son lot de ragots et de rumeurs en tous genres. Bien entendu, la garnison de Logue town n'était pas en reste, des interviews inédites étaient donné pour l'occasion, grand défilé de témoignages en tous genre où mêmes les soldats les plus émérites donnaient leurs avis sur l'épineuse question Costa. Moyen de se refaire dorer les épaulettes pendant les temps troubles vécues aujourd'hui.
En fin de compte, cette exécution capitale déchainait les passions inavouables de toute une frange de cette population. Une envie de sang presque insondable, comme seul sait l'être la nature humaine, une envie de spectacle funeste et atroce où les têtes des condamnés seront dressés sur des pics et présentées au peuple, souverain, libre, unifié, scandant la mort dans un élan d’infamie qui dépasse l'entendement de chacun.
Un amas de gens ininterrompu se massait aux embarcadères du grand port de Logue town pour porter main forte à l'Amirale et réserver aux détenus un accueil de circonstance.Dans cette attente presque providentielle, la garnison de Logue town spécialement dépêché pour l'occasion livrait en pâture à cette foule avide, carnivore, tous les actes répréhensibles imputés à Costa & consorts. Une masse informe, sourde, dénué d'identité et de personnalité, comme un bourdonnement permanent, à l'affût de la figure de proue du vaisseau de l'Amirale s'amassait. La tension déjà palpable, qu'on pourrait presque couper à la serpe était pesante et ne faisait que s'envenimer encore et encore, échauffant davantage les esprits déjà incandescents des citoyens. J'avais, de mon côté, pris position sur les hauteurs du port, mirant à la longue-vue, les appontements en contrebas, lorsqu'à quelques encablures de la côte, la tête de pont du cortège se profilait. La clameur populaire s'éleva des tréfonds du port, une huée forte qui ne désemplissait pas, jusqu'à exploser lorsque Costa finirait fatalement par poser le pied sur le ponton, les fers aux chevilles.
Ce n'était pas tant Costa qui m'intéressait, c'était celui qu'on avait identifié comme son compagnon de cellule, un certain Richard Bradstone, un homme riche en facettes, qui a plus d'une corde à son arc, à en croire le Logue télégramme. Un homme qui en dépit de toute attente avait connu Hans Jaeger dans sa jeunesse et qui pour ce seul attribut, ne mourra pas ce jour. Le vaisseau finit par accoster dans la rade dans un tumulte que seul l'histoire de Loguetown pourrait produire. Le goudron et les plumes, c'était tout ce que cette assemblée d’assoiffées avaient au plus profond du crâne et ils n'hésitèrent guerre à lancer aux prisonniers fruits et autres joyeusetés moisies par leurs soins, dés qu'ils foulèrent l'appontement, du moins jusqu'à ce que l'Amirale fit cesser ce spectacle pourtant si salutaire, si délectable, pour les autochtones. La grande première, l'acte premier, débutait et c'était à tout à chacun de prendre toute mesure de ce qui allait advenir sur les planches.
J'eus beau relire toutes ces notes des journées et des nuits durant, l'essence même de ces mots m'échappaient encore. J'eus beau me murer dans l'introspection et la solitude, réfléchissant interminablement, mettant en abîme ces quelques lignes avec ma propre vie et toutes ses incohérences, de débauches, de vices et d'excès, le sens profond me glissait encore à travers mes phalanges toutes crispées, désireuses de capter ce savoir secret. Lorsque le sage pointe la lune, l'imbécile regarde fiévreusement le doigt.
Pourtant cette année entière à potasser les lignes griffonnées de Hans m'avait profondément et radicalement changé et avant que je m'en aperçoive, j'avais peu à peu épousé la philosophie de vie de Jaeger. Au fil des mois, j'avais accepté mon passif haïssable et déplorable, parfois funeste et toujours répréhensible, qui me rejaillissait bon gré malgré droit dans la trogne chaque fois que l'occasion s'y présentait. J'étais l'un des dépositaires de sa volonté, de cette flamme éternelle, indomptable qui l'anima jusqu'à ce qu'il rende dans le silence le plus abscons, son dernier râle de douleur. Le dépositaire et le garant. Aussi avais-je changé fondamentalement de vie, avais-je regagné la grande Logue Town où nul âme n'avait jamais eu à subir les affres de celui qui répondit au nom de Sharp Jones. M’immisçant dans la foule qui me servait autrefois de souffre douleur, je me fondais désormais dans tous ces aspects fussent t'ils aussi étranges que nombreux, j'étais devenu l'un des maillons de cette chaîne bien huilé, et je savourais d'une certaine façon cette existence rangé à laquelle je n'avais jamais été accoutumé. Une vie teinté de hauts et de bas, de ses péripéties quotidiennes, de ses joies frivoles et souvent futiles comme ponctué de ses frustrations toutes aussi superficielles.
Toutefois, cette chaîne là, suffit d'un rien, même d'un grain de sable malencontreux pour l'enrayer et emballer tout le mécanisme de pointe qui se figure derrière et ce jour là, j'étais bien loin de me douter que l'heure était venue pour la mienne, de dérailler salement. Ce jour là devait voir sur cette terre-ci, l'arrivée de Costa Bravo et d'un autre de ses comparses, escortè par une vice-amirale et toute sa cohorte de navires armés jusqu'aux canines. Exécution en place publique que gueulaient à tue-tête les colporteurs des rues à travers toute la cité portuaire. La marine avait mis les petits plats dans les grands et n'avait rien laissé au hasard puisque nos deux amis allaient avoir l'insigne honneur de se vider comme Gold Roger périt autrefois sur les mêmes planches. Fallait que çà en jette et que çà ait du cachet. Une véritable pièce de théâtre savamment orchestré par les émissaires de la mouette, lesquelles n'avaient pas lésiné sur les moyens pour que le dernier acte de la tragédie se fige dans toutes les caboches de nous autres, mauvaise graine, au cas où il nous prendrait pas l'envie de prendre le large.
L'affaire était sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes, véritable sujet de conversation auquel chacun, des artères pullulantes aux coupe-gorge les plus sordides, y allait de son petit mot, de son grain de sel pour grossir le trait et gonfler davantage tout le brouhaha qui entourait l’exécution. Toute la presse de Loguetown s'était bien entendu engouffré dans la brèche et se faisait les choux gras de l'affaire, l'encre coulait à flot et apportait son lot de ragots et de rumeurs en tous genres. Bien entendu, la garnison de Logue town n'était pas en reste, des interviews inédites étaient donné pour l'occasion, grand défilé de témoignages en tous genre où mêmes les soldats les plus émérites donnaient leurs avis sur l'épineuse question Costa. Moyen de se refaire dorer les épaulettes pendant les temps troubles vécues aujourd'hui.
En fin de compte, cette exécution capitale déchainait les passions inavouables de toute une frange de cette population. Une envie de sang presque insondable, comme seul sait l'être la nature humaine, une envie de spectacle funeste et atroce où les têtes des condamnés seront dressés sur des pics et présentées au peuple, souverain, libre, unifié, scandant la mort dans un élan d’infamie qui dépasse l'entendement de chacun.
Un amas de gens ininterrompu se massait aux embarcadères du grand port de Logue town pour porter main forte à l'Amirale et réserver aux détenus un accueil de circonstance.Dans cette attente presque providentielle, la garnison de Logue town spécialement dépêché pour l'occasion livrait en pâture à cette foule avide, carnivore, tous les actes répréhensibles imputés à Costa & consorts. Une masse informe, sourde, dénué d'identité et de personnalité, comme un bourdonnement permanent, à l'affût de la figure de proue du vaisseau de l'Amirale s'amassait. La tension déjà palpable, qu'on pourrait presque couper à la serpe était pesante et ne faisait que s'envenimer encore et encore, échauffant davantage les esprits déjà incandescents des citoyens. J'avais, de mon côté, pris position sur les hauteurs du port, mirant à la longue-vue, les appontements en contrebas, lorsqu'à quelques encablures de la côte, la tête de pont du cortège se profilait. La clameur populaire s'éleva des tréfonds du port, une huée forte qui ne désemplissait pas, jusqu'à exploser lorsque Costa finirait fatalement par poser le pied sur le ponton, les fers aux chevilles.
Ce n'était pas tant Costa qui m'intéressait, c'était celui qu'on avait identifié comme son compagnon de cellule, un certain Richard Bradstone, un homme riche en facettes, qui a plus d'une corde à son arc, à en croire le Logue télégramme. Un homme qui en dépit de toute attente avait connu Hans Jaeger dans sa jeunesse et qui pour ce seul attribut, ne mourra pas ce jour. Le vaisseau finit par accoster dans la rade dans un tumulte que seul l'histoire de Loguetown pourrait produire. Le goudron et les plumes, c'était tout ce que cette assemblée d’assoiffées avaient au plus profond du crâne et ils n'hésitèrent guerre à lancer aux prisonniers fruits et autres joyeusetés moisies par leurs soins, dés qu'ils foulèrent l'appontement, du moins jusqu'à ce que l'Amirale fit cesser ce spectacle pourtant si salutaire, si délectable, pour les autochtones. La grande première, l'acte premier, débutait et c'était à tout à chacun de prendre toute mesure de ce qui allait advenir sur les planches.