Le sifflement persistant avait pénétré son ouïe, infecté sa perception de ce qui l'entourait. Elle avait été transporté, ballottée, depuis une épaule raide. Ses tempes lui donnaient l'impression de vouloir exploser, de n'être plus qu'une fine membrane qui risquait de se percer. À l'image de ses tympans furieusement attaqués par les acouphènes des sifflements de Flist.
…
Elle reprenait connaissance, parfois, et faisait l'inventaire mental de tout ce qui la faisait souffrir. Son estomac. Sa tête. Une horrible douleur naissait aux alentours de sa pommette, de son œil, de son nez. Elle bougeait et remuait sa mâchoire sans déceler de fracture. Étonnant après avoir été agitée comme un hochet. Elle avait du mal à respirer, prenait des inspirations sifflantes et douloureuses. Son larynx avait été malmené par une force de la nature, une poigne aux services d'un Empereur. Elle était stupéfaite de pouvoir encore déglutir.
…
La lumière était agressive, pressante sur ses paupières. Elle ne s'autorisa malgré tout pas à ouvrir les yeux. Pas tout de suite. En fait, elle ne le voulait pas. Le brouillard était encore trop attirant et, même en mal de conscience, elle savait que son corps n'était pas encore assez reposé. Et puis elle se sentait encore transportée. Et il lui semblait que...
…
… les coups sourds qui résonnaient çà et là la faisaient sortir de son repos tourmenté. Les craquements autour d'elle, les frémissements de l'air autour d'autres personnes, parlant à voix basses, échangeant, l'un intimant à un autre. Ou bien était-ce des cris lointains. Des hurlements murmurés à ses tympans emplis de ce sifflement joyeux. Des ordres hurlés tout bas. Et du...
…
… bois dans son dos. Des planches aux odeurs familières. Aux odeurs qu'elle avait toujours connue. Sel. Humidité. Et ces sons si bien apprivoisés. Des claquements avec lesquels elle avait toujours grandi. Cette impression d'être à la maison. Mais d'avoir une pommette éclatée. Elle en était persuadée à présent. Elle sentait l'hématome gonfler. Son épaule la faisait souffrir mais sans qu'elle ne dût pour autant la laisser inerte. Elle répondait – les doigts aussi. Bon point. La hanche était engourdie, probablement salement amochée. Bouger la jambe lui faisait mal. Il aurait été tellement évident qu'il ait touché une articulation ou un tendon avec son épée qu'elle craignait de se remettre à boiter...
*****
Rachel ouvrit les yeux. L'endroit était sombre. Il faisait froid. Il faisait humide. Mais elle n'était pas seule. Elle devinait dans l'étroitesse de l'endroit plusieurs respirations différentes. Trois ? Quatre ? Une certitude cependant, il semblait que des litres d'air étaient aspirés à chaque bouffée, quelque part sur sa droite. Et le son venait de haut. C'était une chose énorme. À l'expiration pourtant étrangement calme. Pour la troisième fois, elle fit l'inventaire de tout ce qui la faisait souffrir. Et en résumé, elle avait tout un côté du visage qui n'était qu'un hématome géant et douloureux,sa gorge ressemblait à de la guimauve chaude tant elle avait de difficulté à respirer et déglutir, ses bras et ses jambes étaient percluses de douleurs diverses et variées, mais également sa hanche quelle avait des difficultés à bouger. Du moins à froid. Ah, et elle avait une migraine à déterrer Walters. Alors elle détailla ce qui l'entourait. L'endroit. Une pièce étroite, capitonnée de fer de tous côtés, aux barreaux solides au-delà desquels elle ne voyait rien. Elle se serait crue sous terre tant la lumière était faible. À peine une modeste lampe à huile oscillait au-dessus d'eux. À ses chevilles et à son poignet, de lourdes chaînes en métal la ceignaient et lui interdisaient tout mouvement. Enfin, pour le moment.
-La barbe.
Et niveau colocataires ?
Rachel se dévissa le cou pour observer les personnes qui l'entouraient. Des personnes qu'elle avait déjà vues, aperçues, ou dont elle avait entendu parler. Wallace, par exemple. Inratable. Avec sa carcasse massive et imposante, courbé pour entrer sous le plafond bas. Il était nu et les menottes qu'il avait faisaient presque la taille de Rachel. Il avait les yeux ouvert et restait calme. Du moins en apparence. Un bonze en méditation. Il était véritablement impressionnant. Une force de la nature qu'elle admirerait une fois sortie d'ici. Elle croisa son regard mais ne trouva rien à dire, alors elle hocha simplement la tête. De toute façon, se présenter dans ces conditions aurait été pas aussi pertinent qu'elle aurait voulu le faire face à une bête de cet acabit. Un grand homme ce Wallace. Elle préférait le lui dire en de meilleures circonstances.
Non loin de lui elle reconnut Serena pour l'avoir croisée au camp des Rhinos ; elle aussi entravée par des menottes en granit marin. C'était elle qui avait mené une mission avec Lilou pendant un mois ou deux – elle n'avait pas retenu exactement – et qui avait fini par se laisser attendrir par des pirates. Assez pour les ramener à bord du léviathan et leur offrir les bienfaits de repas, de repos et de soins. Quelque chose que Rachel aurait pu qualifier de « faiblesse d'âme » si elle n'avait pas laissé filer Toji. Et puis, Wallace soignait également les blessés ennemis pendant une bataille. En juger une et pas le second aurait été hypocrite. Ça ne l'empêcha pas d'avoir une opinion peu glorieuse de la rousse malgré ses états de faits et ses galons.
De l'autre côté, à gauche, gisait Craig. Enchaîné comme les autres, et en plus piteux état encore. Il était allongé et lui tournait le dos. Elle eut un pincement au cœur en se rendant compte qu'elle n'avait pas pu le protéger, tout comme elle n'avait somme toute pas réussi à se protéger elle-même.
Mais objectivement ils étaient encore en vie. Ce n'était pas un échec si cuisant que ça finalement.
-Craig... ? Craig ? Comment tu te sens ? Puis, aux deux rhinos prisonniers : Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ça fait longtemps qu'on est là tous les quatre ?
-Tous les cinq.
Rachel, surprise, se retourna pour observer un grand black torse nu. Il avait la musculature d'un bodybuilder, mais surtout, elle l'avait déjà vu. Plus tôt dans la journée. En train de prendre le thé à la même table qu'elle, que des pirates, et qu'un lapin bleu géant.
-Bonjourman ? Qu'est-ce que tu fais là ?
-C'est Salumen ! Ben c'est Justin qui m'a capturé t'as vu ?
-Nous sommes bien avancé tiens.
Et toujours ces bourdonnements dans l'oreille. Cet acouphène perturbant qui la hantait. Cet air guilleret que Flist avait incrusté dans son tympan.
Comme un Vinyle qu'on graverait au diamant.
Génial.
…
Elle reprenait connaissance, parfois, et faisait l'inventaire mental de tout ce qui la faisait souffrir. Son estomac. Sa tête. Une horrible douleur naissait aux alentours de sa pommette, de son œil, de son nez. Elle bougeait et remuait sa mâchoire sans déceler de fracture. Étonnant après avoir été agitée comme un hochet. Elle avait du mal à respirer, prenait des inspirations sifflantes et douloureuses. Son larynx avait été malmené par une force de la nature, une poigne aux services d'un Empereur. Elle était stupéfaite de pouvoir encore déglutir.
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La lumière était agressive, pressante sur ses paupières. Elle ne s'autorisa malgré tout pas à ouvrir les yeux. Pas tout de suite. En fait, elle ne le voulait pas. Le brouillard était encore trop attirant et, même en mal de conscience, elle savait que son corps n'était pas encore assez reposé. Et puis elle se sentait encore transportée. Et il lui semblait que...
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… les coups sourds qui résonnaient çà et là la faisaient sortir de son repos tourmenté. Les craquements autour d'elle, les frémissements de l'air autour d'autres personnes, parlant à voix basses, échangeant, l'un intimant à un autre. Ou bien était-ce des cris lointains. Des hurlements murmurés à ses tympans emplis de ce sifflement joyeux. Des ordres hurlés tout bas. Et du...
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… bois dans son dos. Des planches aux odeurs familières. Aux odeurs qu'elle avait toujours connue. Sel. Humidité. Et ces sons si bien apprivoisés. Des claquements avec lesquels elle avait toujours grandi. Cette impression d'être à la maison. Mais d'avoir une pommette éclatée. Elle en était persuadée à présent. Elle sentait l'hématome gonfler. Son épaule la faisait souffrir mais sans qu'elle ne dût pour autant la laisser inerte. Elle répondait – les doigts aussi. Bon point. La hanche était engourdie, probablement salement amochée. Bouger la jambe lui faisait mal. Il aurait été tellement évident qu'il ait touché une articulation ou un tendon avec son épée qu'elle craignait de se remettre à boiter...
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Rachel ouvrit les yeux. L'endroit était sombre. Il faisait froid. Il faisait humide. Mais elle n'était pas seule. Elle devinait dans l'étroitesse de l'endroit plusieurs respirations différentes. Trois ? Quatre ? Une certitude cependant, il semblait que des litres d'air étaient aspirés à chaque bouffée, quelque part sur sa droite. Et le son venait de haut. C'était une chose énorme. À l'expiration pourtant étrangement calme. Pour la troisième fois, elle fit l'inventaire de tout ce qui la faisait souffrir. Et en résumé, elle avait tout un côté du visage qui n'était qu'un hématome géant et douloureux,sa gorge ressemblait à de la guimauve chaude tant elle avait de difficulté à respirer et déglutir, ses bras et ses jambes étaient percluses de douleurs diverses et variées, mais également sa hanche quelle avait des difficultés à bouger. Du moins à froid. Ah, et elle avait une migraine à déterrer Walters. Alors elle détailla ce qui l'entourait. L'endroit. Une pièce étroite, capitonnée de fer de tous côtés, aux barreaux solides au-delà desquels elle ne voyait rien. Elle se serait crue sous terre tant la lumière était faible. À peine une modeste lampe à huile oscillait au-dessus d'eux. À ses chevilles et à son poignet, de lourdes chaînes en métal la ceignaient et lui interdisaient tout mouvement. Enfin, pour le moment.
-La barbe.
Et niveau colocataires ?
Rachel se dévissa le cou pour observer les personnes qui l'entouraient. Des personnes qu'elle avait déjà vues, aperçues, ou dont elle avait entendu parler. Wallace, par exemple. Inratable. Avec sa carcasse massive et imposante, courbé pour entrer sous le plafond bas. Il était nu et les menottes qu'il avait faisaient presque la taille de Rachel. Il avait les yeux ouvert et restait calme. Du moins en apparence. Un bonze en méditation. Il était véritablement impressionnant. Une force de la nature qu'elle admirerait une fois sortie d'ici. Elle croisa son regard mais ne trouva rien à dire, alors elle hocha simplement la tête. De toute façon, se présenter dans ces conditions aurait été pas aussi pertinent qu'elle aurait voulu le faire face à une bête de cet acabit. Un grand homme ce Wallace. Elle préférait le lui dire en de meilleures circonstances.
Non loin de lui elle reconnut Serena pour l'avoir croisée au camp des Rhinos ; elle aussi entravée par des menottes en granit marin. C'était elle qui avait mené une mission avec Lilou pendant un mois ou deux – elle n'avait pas retenu exactement – et qui avait fini par se laisser attendrir par des pirates. Assez pour les ramener à bord du léviathan et leur offrir les bienfaits de repas, de repos et de soins. Quelque chose que Rachel aurait pu qualifier de « faiblesse d'âme » si elle n'avait pas laissé filer Toji. Et puis, Wallace soignait également les blessés ennemis pendant une bataille. En juger une et pas le second aurait été hypocrite. Ça ne l'empêcha pas d'avoir une opinion peu glorieuse de la rousse malgré ses états de faits et ses galons.
De l'autre côté, à gauche, gisait Craig. Enchaîné comme les autres, et en plus piteux état encore. Il était allongé et lui tournait le dos. Elle eut un pincement au cœur en se rendant compte qu'elle n'avait pas pu le protéger, tout comme elle n'avait somme toute pas réussi à se protéger elle-même.
Mais objectivement ils étaient encore en vie. Ce n'était pas un échec si cuisant que ça finalement.
-Craig... ? Craig ? Comment tu te sens ? Puis, aux deux rhinos prisonniers : Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ça fait longtemps qu'on est là tous les quatre ?
-Tous les cinq.
Rachel, surprise, se retourna pour observer un grand black torse nu. Il avait la musculature d'un bodybuilder, mais surtout, elle l'avait déjà vu. Plus tôt dans la journée. En train de prendre le thé à la même table qu'elle, que des pirates, et qu'un lapin bleu géant.
-Bonjourman ? Qu'est-ce que tu fais là ?
-C'est Salumen ! Ben c'est Justin qui m'a capturé t'as vu ?
-Nous sommes bien avancé tiens.
Et toujours ces bourdonnements dans l'oreille. Cet acouphène perturbant qui la hantait. Cet air guilleret que Flist avait incrusté dans son tympan.
Comme un Vinyle qu'on graverait au diamant.
Génial.
Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mer 7 Jan 2015 - 18:24, édité 3 fois