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La mort est une dette que chacun ne peut payer qu'une fois.

Rappel du premier message :

*** Aujourd’hui, 21h53, Méridien d’Alubarna.

Pour Shalyne, Alabasta semblait être tout droit sortie d’un compte de fée. Sur son chameau, elle marchait dans le désert, et les milles feux de la ville d’Alubarna  disparaissaient comme un mirage, comme un rêve des célèbres nuits alabastanes emplies d’encens, d’étoiles et de sentiments. Le chameau se balançait d’un côté puis d’un autre, et la jeune femme tentait de se réajuster à chaque à-coup. Elle n’était pas du tout habituée à monter sur ces animaux à bosses. Seule dans le désert, elle se sentait minuscule devant l’univers, devant son destin qu’elle venait de sceller.

Elle frissonna, mais c’était artificiel. Shalyne ne connaissait plus la peur. Elle l’a connue lorsqu’elle vit les yeux vitreux de son ancienne coéquipière se vider de toute vie. Lorsqu’elle vit l’artilleur de son ancienne unité tripes à l’air.  Mais depuis, ce n’était qu’un vague instinct de survie qui lui servait d’ersatz. Et un désir de vengeance fou. Elle allait trouver l’assassin d’Ambardil. Et elle allait lui faire regretter sa maculée conception.  Car si la vengeance était un plat qui se mangeait froid, c’est foutrement meilleur quand c’est chaud.


Lorsqu’ils virent les lumières, elle se dépêcha d’arriver au village d’Ain Jalout. Enfin, les portes. Elle accrocha son chameau quelque part, et avança vers le seul coin illuminé de la ville. L’auberge.  Le coin n’était pas sûr, et elle devait se dépêcher de rencontrer le contact. Elle prit des raccourcis, passant par des coins étroits, mais fut bousculée par des passants qui ne lui laissèrent pas le-

Bousculée ? Dans une ruelle de patelin désertique à onze heure du soir ?

Merde. Fut la dernière pensée qu’elle eut, avant qu’un éclair blanc ne fuse dans sa pensée, et n’éteigne tout.



*** Capitale d’Alubarna, quelques jours plus tôt.


Elle resta plantée devant la porte. Un vieil homme était assis sur le bureau en bois d’ébène parfaitement ciré. Malgré cela, le Colonel Khaimenon de l’armée Royale d’Alabasta (qui ressemblait à la tête de pharaon, en costume moderne noir et à la stature massive) leva les yeux et lui fit signe d’entrer.

«  Caporal d’élite Nelson au rapport, mon colonel. »


« Caporal Nelson.  Asseyez-vous donc, nous vous attendions. (il se leva pour accueillir Shalyne) Je suis le bashar Hypnos Khaimenon, ou, pour faire l’équivalent avec les grades du Gouvernement Mondial, le Colonel Khaimenon. Je suppose que vous vous connaissez déjà. »

La jeune femme sourit poliment devant l’hospitalité de Khaimenon, et s’empressa de saluer le vieil homme qui commençait à jouer avec les accessoires de bureaux.

« Bonjour... ?»


L'homme se crispa pendant un moment, avant de parler.

« Bonjour. Ça veut tout dire, et rien dire, ce mot. Et surtout, c’est mal placé dans cette situation. »


Shalyne grinça des dents. C'est pas vrai.

« Parce que si tu devais me saluer en tant que contre-amiral, continua-t-il, t'aurais fait un salut règlementaire. Et si tu d'vais m' saluer en tant que grand-père, tu devrais m'sauter au cou. Par conséquent, dans c'te situation, ton bonjour est en effet déplacé. Mais tu peux encore te rattraper en venant embrasser ton grand-père chéri... »

Il se leva de toute la hauteur de son mètre soixante, et fit un salut réglementaire. Il avait le pantalon blanc de la marine, mais une chemise verte hawaïenne qui ne lui allait pas du tout. Shalyne sourit.

« T’es trop bête. »


Elle lui sauta au coup. C’était le seul membre de la famille qu’elle avait rencontré depuis maintenant 4 ans... Le seul à qui elle osait encore se montrer. Sa seule attache. Après un long câlin, Khaimenon se racla la gorge. Shalyne se rendit compte de la situation un peu gênante pour le pauvre colonel.

« Désolé, mon colonel. »

« Il faut pas, soupira-t-il, pensif. J’ai une petite-fille, également. J’aurais souhaité qu’elle me fasse le même accueil plus souvent ! Mais, peu importe. Cette petite parenthèse fermée, revenons au sujet principal.»

« Oui. (Danforth se tourna vers Shalyne) Comme j’en discutions avec Hypos ici présent, ton arrivée coïncide avec l’apparition d’un terrible pirate, qui a décidé de raider en masse villes et villages alabastan. Le problème, c’est que j’étais venu ici en touriste, du coup, j’ai pas de renforts gouvernementaux sous la main. Du coup, c’est une bonne chose que tu sois là. Je te rejoins avec l’unité Sakazuki pour expliquer les détails.»

« Euh... grand-p- »

« Mon amiral, l’interrompit-elle sèchement. N'oublies pas que t'es en service, et que Khaimenon ici présent est un colonel de la garde Royale d'Alabasta.  Suis-moi, j'vais aller voir à quoi ressemble votre unité, si vous le permettez bien sûr, Khaimenon. »

« Je vous en prie. » fit Khaimenon, l’air un peu trop content.

Ils s’éloignèrent alors du bureau du colonel, quittant la zone en direction de l’unité de Shalyne.

« T’as appelé tes parents ? »
fit-il.

« Non, mon amiral. » rétorqua-t-elle d’un ton cassant. Il roula les yeux, soupira et préféra ne pas creuser la discussion. Arrivés dans les baraquements, il rassembla l’unité, échangeant une poignée de main avec chacun des membres de l’unité.

« C’est lui, son grand père ? » chuchota Achab.

« Ouais, répondit Cain. Le Contre-Amiral Danforth Nelson. Héros de la faille d’Hobber. »

« C’est quoi, la faille d’Hobber ? »

« Une très longue histoire, fiston,
l’interrompit l’officier d’état-major. Et vu que j’ai le temps que pour une seule longue histoire, j’vais plutôt vous expliquer votre mission.

Il sortit un papier dans une poche arrière de son pantalon.

« Dans le repère d’Ar-Rakam, y a un pirate, qui s’appelle Makaan. C’est un pirate foireux, qu’a décidé d’installer des coupes gorges sur les routes majeures, et attaquer d'front les petits villages sans protection, avec peut-être une razzia en masse d’ici la fin du mois. Pour une raison qui m’échappe, la garde royale veut pas s’en prendre à lui pour l’instant. Du coup, je veux qu'ton équipe, et toi, Shalyne, leur coupe l’herbe sous le pied, et arrête ces bandits.  Je me fiche de savoir si vous êtes venus pour une autre mission ou même pour accueillir la venue du Christ parce que je vous ai donné un ordre direct.  Pour trouver le repaire d’Ar-Rakam. Il vous suffira de suivre la route de Rainbase pendant deux jours, et vous trouverez une oasis du nom de Ain-Jalut. De là, il vous suffira de demander la route. Le salaud est plutôt connu, dans cette contrée... Je vous laisse donc quelques jours pour vous reposer : vos chameaux seront près pour lundi.  J’espère de tout coeur que cette opération montrera une fois de plus l’efficience de nos forces d’élite. Au revoir, ma puce. Prends soin d'toi.»

L’amiral les laissa sur place.  Lorsqu’il fut suffisamment éloigné, et que les autres se soient suffisament bauchés de la 'puce', Shalyne n'eut aucune vergogne à appeler directement Vanderspool, l’agent du CP9 qui l’avait envoyée sur Alabasta. Si quelqu'un pouvait régler ce problème, ça sera lui.

Sa voix grave et déguelassement séduisante répondit sans la moindre hésitation.

« Allo ? Mademoiselle Nelson, votre appel n’était pas prévu pour aujourd’hui, me trompé-je ? Même si j’admets qu’écouter le doux son de votre voix ne m’importune pas, j’ai d’autres choses un peu plus importantes à... »

« Vous inquiétez pas. C’était juste pour vous dire que Danforth Nelson m’envoie contre un pirate d’Alabasta, dans un coin près d'un patelin appelé "Ain Jalout".»

« Pardon ? » Il espérait avoir mal entendu.

« Vous m’avez bien entendu. Un certain Makaan, d’Ar-Rakam. Familier? »


« Hmm... Non. Je vais faire une petite recherche, mais ça risque de me prendre un peu de temps. Le problème, c’est que le temps nous manque.»

« Bah tiens. Vous, vous pouvez pas appeler grand père et le ramener à la raison ? »


« Inutile, et je pense que vous le savez autant que moi. Danforth est au courant pour la mission de Goa, et notre traque officielle de Rafaelo, fit-il en insistant bien sur le terme ‘officiel’.  Du coup, rien de ce que je lui dirait ne changerait quelque chose. Ce que je peux faire, par contre, c’est abattre une carte de ma main. Sauf votre respect, il y a des chances pour que vous ne fassiez pas le poids contre un capitaine pirate ayant survécu jusqu’à Alabasta. Après, je pense pas que votre grand-père vous ait mis contre trop dangereux, mais j’ai cette bizarre impression que quelque chose déconne, parce que ce ‘Makaan’ me dit quelque chose... Peu importe. »

Il s’arrêta de parler une minute, pondérant les possibilités. Un agent du CP ? Non... Il incluerait l’histoire dans son dossier personnel. Vanderspool préférait tout contrôler et tout gérer seul. L’ingérence d’un autre agent, qui plus est d’une autre division, ne ferait que rajouter un grain de sel à un engrenage déjà bien instable. Il lui fallait de l’aide clandestine. Une aide clandestine qui allait coûter foutrement cher.

« Bon... Je connais quelqu’un qui va vous aider. Donnez lui quelque jours, et il vous rejoindra à Ain Jalout. Professionnel, méthodique. Mortel. Sur ce, je dois vous laisser, mais je vous rappelerai dès que j’ai plus d’information sur ce Makaan... Et Caporal ?»


« Oui ? »


« C’est une intervention au noir. Ce coup de fil n’a jamais été passé, cet homme n’est jamais venu vous aider. Vous avez tuée ce pirate seule, sans aide. »


Il raccrocha, et alluma un cigare. Au poste de Logue Town, Il y avait un fichier avec tout les primés rangés par ordre alphabétique. Quatre ou cinq jours suffiraient tout au plus. Il était quand même étonné par le comportement de Danforth Nelson. Bordel, pensa-t-il, c’est lui qui m’a dit d’aller aider Shalyne. A quoi ça sert, si ce con s’amuse à me mettre des bâtons dans les roues ? Avait-il flairé une bonne affaire ? Ou y avait-il un stratagème derrière tout cela ?

Le CP9 secoua la tête et sourit. Il avait d'autres chose à faire. Comme appeler un vieil ami.


Dernière édition par Shalyne Nelson le Mer 25 Fév 2015 - 18:39, édité 5 fois
    Le cœur ~

    L'aube est jeune, le soleil effaçant de ses rayons ardents les dernières traces de la nuit. Devant moi, une quarantaine d'hommes effrayés, perclus de douleurs et de souffrances. Moi aussi j'ai mal, je suis fatigué. Fatigué de me battre contre la bêtise et la violence, si je pouvais les effacer d'un coup de baguette magique, cela serait parfait. Seulement, notre monde est fait d'imperfections, d'irrégularités et de surprise. Notre monde est aussi humain que n'importe lequel d'entre nous. Il se nourrit de nos peurs, de nos joies et de nos peines. Il croit à une vitesse folle, et parfois j'ai un peu de mal à le suivre. Je comprend le désir de vengeance, de possession et de colère. Je n'en suis pas un étranger. Je comprend la frustration, l'envie et la jalousie. Seulement je n'arrive pas à comprendre ce ramassis d'hommes marginaux, rebus d'une île qui maudit leurs noms, et qui au lieu de penser à se racheter, continuent à faire les mêmes erreurs encore et encore.

    Cette incompréhension fait croitre le monstre au creux de mon estomac. Peu à peu, les cavaliers perdent de leur humanité, au fur et à mesure que le Sanguinaire qui se cache en moi se dévoile. Peinture de guerre contre peinture de sang. Mes bras sont couverts de celui des alliés d'hier, et des cadavres d'aujourd'hui. La peur est définitivement dans leur camp, et je ne la laisserais pas changer de propriétaire. Il y'a trop longtemps que vous vous acharnez sur les mauvais bougres. Il y'a trop longtemps que le faible ploie face aux criminels, sans jamais briser pourtant. En cela, il sont bien plus forts et braves que vous.

    Je lis dans les regards en face de moi la même incompréhension que celle qui me tenaille. Il se demandent pourquoi le ciel m'a mit sur leur route, pourquoi ils n'arrivent pas à me battre, pourquoi Est-ce qu'aujourd'hui leurs armes sont inefficaces. La conviction. Dans mes poings sont présent tous ceux qui ont souffert, tout ceux qui souffrent et qui souffriront encore. L'esprit de vengeance d'un milliers d'âmes que vous avez volées. La soif de vivre de milliers d'âmes qui tremblent en regardant à travers leurs volets la nuit venue, priant pour qu'on les épargne encore aujourd'hui. Et finalement, l'espoir de ceux qui n'ont pas encore connu ce sentiment pernicieux de perte que l'on éprouve quand quelqu'un vous enlève jusqu'au dernier berry, et ne vous laisse même pas vos chaussures pour marcher dans le désert.

    Un cris de guerre s'échappe, partant de mon cœur, traversant l'espace de ma cage thoracique. Il prend naissance dans toutes les galères, tous les combats, tous les vilains que j'ai connu. Il termine dans ma bouche, et je m'empresse de le relâcher, comme un crachat en pleine face de mes ennemis. Je n'ai aucune respect pour eux. Je ne leur souhaite même pas une mort honorable ou un enfer pour pouvoir y cuire.
    C'est la fin de ta petite armée Makaan. On dit qu'on peut connaître une personne en rencontrant ses amis. Et tu n'en a aucun ici. Juste des sous-fifres tenus par la haine et la peur. Seulement, ce soir, je suis plus effrayant que toi. Un monstre, une bête qui se bat bec et ongles contre leurs convictions bien trop faibles. Regarde ceux qui m'accompagnent. Même si c'est la marine qui fait battre leurs cœurs, c'est la même passion qui nous pousse à nous battre le soir venu. Être juste, être un bouclier protecteur contre l'oppression et les tyrans. Ne jamais reculer face aux intempéries, toujours se relever après une défaite. Parce que nous avons quelque chose à protéger, et que notre vie vaut bien moins que ce désir là. Alors ne compte pas sur un ramassis de forban pour nous entraver. De loin et du coin de l'œil, j'aperçois Salem qui réussit un véritable tour de force. Alors comme ça, lui aussi en est capable ... Et après c'est moi le monstre.
    Le retour à la vie... Une capacité redoutable du camp Fenyang. Et si le petit fils suit les traces de son grand père, cela me donne mille raisons de plus de me méfier de lui. Sacrée grosse épine dans le pied que tu me mets là, cher destin. Mais je vais le relever le défis, je le fais toujours.

    - Amenez vous maintenant, ou fuyez pour l'éternité dans vos grottes, dans vos caves et dans les jupons de vos mères ! Que je lâche finalement.

    Je dois avoir un truc sur le visage, le genre d'expression inhumaine qui se rapproche plus du fauve qui gronde que de l'homme qui beugle parce que c'est à cet instant que tous se mettent à reculer. Seulement, ce n'était que pour laisser passer une masse de graisse et de muscles à l'aspect extérieur aussi fétide que l'intérieur. Il pointe sa grosse masse d'arme sur moi, et surtout garde bouche clause. C'est une bonne chose, et je ne peux m'empêcher de le prendre au sérieux dès l'ors. Il a plus l'air d'un ours que d'un homme celui là. Ses petits yeux me fixant avec toute la méchanceté du monde, un peu comme s'il voulait me tuer avec le noir de ses pupilles.

    On se rue l'un sur l'autre dans un silence irréel. Les seconde passent comme des minutes, les minutes comme des heures. Je sens le vent chaud sur mon visage, le soleil aussi. La lumière ne me gêne pas, au contraire. Elle me donne de la force. Je distingue toutes les imperfections de son visage, depuis ses pommettes trop proéminentes jusqu'à sa mâchoires avancés et ses dents noircis par les excès. Bientôt, tu n'en auras plus à t'en soucier. Cette pensée me fait sourire. Me battre me donne des frissons et le suspens et à son comble. Lequel des deux mastodontes tomberait le premier ? La rencontre se fait imminente, et je retiens mon souffle.
    Sa masse d'arme gigantesque passe au dessus de ma tête, me ratant d'un cheveux. Elle aurait pu aussi bien passer à des kilomètres. Je relâche mon souffle. Force, précison et vitesse. Mon poing est fulgurant, traçant une marque violacée sur ses côtes. Mon père m'a toujours appris à bien attendrir la viande avant de la dévorer. Et je n'allais faire qu'une bouchée de ses deux cents cinquante kilos de méchanceté. Adieu la certitude d'être le plus fort. Adieu l'apologie de la violence. Il ne reste que la douleur sur ce visage presque enfantin tant il est bombé. Pourtant il n'abandonne pas face à mes poings. Ce sont eux qui me dictent ma conduite à présent. Pourtant, et même si je m'en brise les phalanges, je sens que mon combat est juste. Alors mon corps et mon esprit ne font plus qu'un. Et même s'il me rend coup sur coup, je lui montrerais que ma volonté est la plus forte.

    Il amorce un mouvement trop large pour être autre chose qu'une feinte. Je l'esquive, et reçoit pour la peine son manche en pleine figure. Nos yeux se rencontre à nouveau. Je lui montre que j'ai délibérément pris son coup. On continue notre danse, comme une casserole sur le feu prête à bouillir. A tout moment on risque l'explosion. Tout doucement, le feu continue d'alimenter notre guerre des nerfs. Je percute son plexus solaire du genou. Il frappe sur mes côtes comme un batteur de hard rock. Je réplique d'un violent coup de coude pile sur l'arrête du nez, et il lâche enfin la masse dont je me méfiais comme la peste. C'est le signal, c'est ma seule fenêtre de tir, et je ne louperais pas celui là. Seulement, avant de pouvoir l'achever, une détonation assourdissante dans le silence tendu tout autours de nous vint assurer ma victoire.

    Ismael s'effondre toujours aussi étonné du trou sanguinolent dans sa poitrine. Cette expression ne quitterait désormais plus jamais son visage.  Et le peu de confiance et d'organisation qu'il restait aux hommes de Makaan  fond comme neige au soleil. Eux aussi par ailleurs. Je lève le pouce en l'air, mais ma joie reste passagère. Perché sur son toit, le sniper qui m'a sauvé la vie une dizaine de fois aujourd'hui est au prise avec les archers du pirate. Ni une ni deux, je fonce. Complétement désintéressé par le combat de Salem, ni part le sort de Shalyne. Judas honore toujours ses dettes, qu'elles soient d'or ou de sang. Personne ne me ferait jamais mentir là dessus, parole de Judas !

    - BOUGE PLUS OU ON TE TROUE LA PEAU SALAUD ! que crie le premier des archers, alors que j'arrive à peine à leur portée.

    Bien sûr, on est pas là pour la courtoisie non plus. Profitant de mon élan, je bondis. Un saut inhumain et digne du plus pro' de tous les perchistes. Sauf que je saute sans perche, et me réceptionne sur le parapet au nez et à la barbe de tous. Une flèche part dans un moment de panique, et me manque de loin. Puis une deuxième et une troisième. Finalement ce sont des dizaines de piques en bois pourvu d'une tète en métal qui me foncent droit sur le séant. Je protège les parties les plus vitales de mon corps en attendant la douleur. Elle ne tarde pas à pointer le bout de son nez, mais j'étais déjà prêt à en subir les foudres.

    Ce qu'il y'a de pratique avec les poings, c'est qu'on a pas besoin de les recharger. On peut pas en dire autant des fusils, des arbalètes ni des arcs. Je ne fais qu'une bouchée du petit contingent, plus habitué à se battre de  loin que de jouer des coudes sur le devant de la scène. Le dernier meurt dans un râle, lâchant un "Comment ..." qu'il ne parvient pas à finir. Je lui montre mes pieds, bien qu'il soit déjà mort.

    - Je porte pas de chaussettes.

    J'aide mon collègue d'un soir à se relever, nos querelles du passé déjà oubliées.

    - Allez, ramène toi, on a encore du boulot. Que j'lui dis, montrant du poing les archers alignés de l'autre côté de la rue.

    Et sans un mot, le sniper arme son fusil et met son œil dans le viseur.

    Ce soir, la lune serait aussi rouge qu'une orange.

      - « Alors Fenyang ? Qu’est-ce que tu penses de ce bijou ? Je l’ai eu lorsq… »

      Sans lui laisser le temps de bavasser comme un gros con, je fis demi-tour avec mon cheval avant de commencer à galoper en sens inverse. Makaan, bouche ouverte, écarquilla ses yeux sous la surprise, avant de rager et de commencer à me poursuivre sur son chameau plutôt rapide dans le genre. L’un des archers encore vivants voulut me décocher une flèche de l’endroit où il était, mais une balle venue de nulle part mit fin à sa pitoyable existence. Pas de quoi alarmer ou émouvoir son capitaine qui continuait de me pourchasser en criant mon nom à tue-tête. L’idiot voulait que je m’arrête et qu’on s’affronte comme des hommes. Venant d’un froussard de son genre, sa phrase eut l’art de me faire rire, sauf que je ne pouvais pas me battre en protégeant ces deux poids lourds. Oui, sur le coup, j’étais dur envers Shalyne et son homme, mais ma méchanceté était à la hauteur de leur prétention assez conne. Cependant, j’eus quand même un petit sourire. Cette péripétie allait lui servir de leçon à l’avenir et forger son expérience. J’étais sûr et certain que cette petite pouvait devenir une grande femme sur qui la marine pourrait compter.

      - « Ow ow ow… »

      - « Oh, tu es réveillé ? »


      Le fameux Mallory émergeait de ses blessures. Parfait. Du coup, j’immobilisai soudainement le cheval et je fis un bond périlleux pour me retrouver au sol, sur le sable, en plein milieu du désert. Notre course poursuite nous avait un peu éloignés des ruines d’Ain Jalout. Mallory se redressa rapidement pour pouvoir prendre le contrôle de ma monture et redresser le corps encore inerte de sa supérieure qui pendait dangereusement en direction du sol. Puis il se retourna pour assister au combat qui allait s’en suivre. A quelques mètres, Makaan avait stoppé son chameau et me toisait comme un fou furieux. Il était laid à m’observer comme ça. Pas mieux que la majorité des pirates obsédés par l’idée de vengeance. Encore un cliché qui se confirmait. Encore l’un de ses défauts qui allait me servir. Je gardai mon sourire moqueur tout en soutenant son regard. Puis je posai le plat de ma lame sur l’une de mes épaules en soupirant et en mimant un air ennuyé. Sur cet affront intolérable, le pirate s’énerva plus qu’il ne l’était déjà et braqua son meitou vers moi comme on braquerait une arme à feu. Puis le temps se figea. Carrément.

      C’était comme dans un rêve. Ou plutôt un cauchemar, si on veut. Tout fut soudainement peint de noir et blanc autour de moi. Une scène bien troublante, ma foi. Puis je vis une balle, sortie d’on ne sait où, filer à vitesse grand V vers ma poitrine. J’avais voulu bouger, esquisser le moindre mouvement d’esquive, de repli, mais ma réaction fut tardive. Trop tardive même, puisque la balle avait fini par m’atteindre en plein cœur, sans bavures. J’écarquillai les yeux de stupeur en crachant un jet de sang. En titubant sous ce tir fatal, j’entendis un rire froid, glaçant. Makaan se fendait la poire. En portant une main à ma poitrine ensanglantée, j’entendis derrière-moi les cris de Mallory. Je n’écoutais pas vraiment ses paroles, mais je l’entendais clairement gueuler. J’aurais voulu me retourner, lui demander de fuir, d’emmener Shalyne très loin, mais mon corps s’engourdit, se raidit. Mes forces m’abandonnaient petit à petit, à un tel point que je chutai complètement dans le sable. Mon sang giclait de ma poitrine, jaillissait comme un geyser, si bien qu’une mare de sang se forma rapidement autour de mon corps inerte. Ma vue finit par se flouter, s’obscurcir et…

      - « CRÈÈÈÈVE FENYANG !!!! »

      J’étais soudainement revenu à moi-même sous l’impulsion de la voix criarde de Makaan. Et là, je vis une nouvelle fois la balle meurtrière filer vers moi façon missile. D’un geste rageur mais précis, je réussis à fendre en deux la chevrotine qui menaçait de me tuer, avant de lancer un regard de bête blessée à mon adversaire qui s’était figé devant mon exploit. Cette fois-là, mon fameux sourire avait disparu, au profil d’une mine serrée. Autant dire que j’avais même des sueurs froides. Ce que je venais de voir, de vivre, n’était ni plus ni moins que mon haki de l’observation. Mais jusqu’ici, cette capacité n’avait jamais été aussi intense, aussi précise, aussi réaliste, aussi alerte. Le tout s’était même joué en une seule seconde. Mallory pour sa part n’y croyait pas. Cette prouesse était digne des plus grands. Du coup, tous ses doutes s’étaient dissipés en un clin d’œil. Cet homme, qu’il se disait, était vraiment le contre-amiral Fenyang. Parce que pour distinguer un tel projectile et le trancher en deux comme si de rien était, il fallait le faire ! Aussi sentait-il son cœur battre à la chamade. Il vivait quelque chose d’extraordinaire…

      - « Putain, mais crève, crève, CRÈÈÈVE, CRÈÈÈÈÈÈÈÈVE !!!! »

      Makaan perdait son calme. Il se mit à tirer plusieurs fois vers ma direction. Illuminé par ce haki d’une intensité sans précédents, je me mis à éviter ou à dévier les balles avec aisance et sans beaucoup trop d’efforts. Je voyais clairement leur trajectoire, je ressentais leur vibration, je ne faisais plus qu’un avec l’environnement ce qui me permettait de m’en sortir sans une seule égratignure. Ce n’est que lorsqu’il finit de gâcher ses munitions que je me rappelai des caractéristiques de son meitou pour les avoir étudiées dans ma jeunesse. Chérie (C’était le nom du sabre) avait une arme à feu qu’on pouvait difficilement voir ou distinguer. Cette arme était pratique pour les fourbes de son genre. De mon côté, je la considérais comme une honte. Comme si on pouvait être un bon bretteur et un bon pistolero à la fois. Conneries ! Conscient qu’il ne pouvait pas m’avoir de loin, le pirate consentit enfin à descendre de son fidèle destrier, si on peut dire comme ça. Son visage était déformé par la colère. Une colère qui semblait le rendre on ne peut plus fort puisque son sabre, l’un des plus puissants sur cette terre, se teinta carrément de noir.  

      - « Je vais te faire payer ton audace des mois passés ! »

      - « Cause toujours, imbécile ! »


      Confrontation de bretteur, confrontation de haki. Lui avait l’armement, moi l’observation. De quoi pimenter encore plus le combat. De loin, le soldat Mallory retenait son souffle. Jusqu’à présent, il ne savait pas qui pouvait gagner. Une tension particulièrement insoutenable, même pour l’observateur qu’il était. De notre côté, nous nous tournâmes autour, non sans se regarder en chiens de faïence, avant que Makaan ne me charge enfin sous un cri complètement insoutenable. Sans trembler, je fis de même. Nous eûmes la même idée, au même moment, puisque chacun de nous avait bondi jusqu’à une dizaine de mètres dans les airs. Et là, nos lames s’entrechoquèrent. Suite à ce contact, il eut un impact lourd. Violent. A un tel point qu’il repoussa complètement le sable en dessous de nous avec une force inouïe. Lorsque nous atterrîmes chacun sur le sol, ce fut autour d’un gigantesque cratère de plusieurs mètres de profondeur, preuve même de la force que nous avions exercée sur le premier coup. Mais je ne comptais pas m’arrêter en si bon chemin, puisque je m’amorçais déjà une attaque à distance.

      - « Mange ça ! »


      Le sabre que je bougeai avec force dans le vide, comme si je voulais trancher quelqu’un, condensa l’air autour de la lame. C’est cet air comprimé que je lâchai sous forme d’une onde tranchante vers mon adversaire. Une gigantesque lame de vent, capable de cisailler n’importe quel bâtiment en deux. Sentant qu’il ne pouvait pas bouger avec aisance dans le sable qui se déversait dans le cratère, Makaan n’eut d’autre choix que de contrer l’attaque avec son épée de sorte à la renvoyer dans les cieux. Ce qu’il fit non sans mal. Mais à peine avait-il fini sa besogne qu’il me vit encore une fois dans les airs. Profitant de son moment de faiblesse, je lui décochai une grosse boule contendante qui partit s’écraser à l’endroit où il se trouvait. Pour ma part, je me mis à reculer. L’endroit devenait instable du fait de notre combat. Les dunes s’affaissaient, glissaient çà et là, de sorte à former des sables mouvants, signe même qu’il y avait de l’eau dans le sous-sol. Ceci expliquait donc pourquoi les habitants d’Ain Jalaout n’avaient pas de problèmes, même en étant ainsi isolés. Ils devaient avoir un savoir-faire pour forer le sol et ainsi s'approvisionner en eau.

      - « FENYAAAAAAAAAAANG !!!! »

      Malgré le rideau de fumée ou plutôt de poussière qui envahissait les lieux, j’entendis la voix de Makaan, puis je sentis une lame de vent filer vers moi. Je la dégageais d’un coup de sabre, avant d’avoir l’étrange sensation que ce dernier devenait plus léger. Je l’observai attentivement et constatai une légère fissure. Vu que l’ennemi avait un meitou et l’armement, ce fait était normal et je risquais de payer cher. Mais qu’à cela ne tienne ! J’étais prêt à relever le défi. Mais à peine avais-je eu cette pensée que je sentis une présence toute proche. Sans chercher à trop réfléchir, je fis un bond arrière, ce qui m’évita un coup d’estoc d’un Makaan qui sortit de nulle part. Le pauvre était mal en point. Vraiment mal en point, puisqu’il avait dû bouffer mon attaque de plein fouet. En plus de présenter des blessures plus ou moins graves, ses vêtements étaient réduits en lambeaux par endroits. De quoi m’arracher un sourire, même si l’homme semblait toujours en état d’en découdre. Malgré la destruction totale de son équipage, il ne lâchait rien. Un courage admirable qui changeait de sa couardise d’antan. Je lui reconnaissais au moins ça.

      - « Abandonne. Tu vas mourir… »

      Avertissement inutile, puisqu’il commença à m’assaillir de coup d’estocs. Lisant parfaitement ses mouvements, je m’amusai donc à éviter ses frappes. Mon haki n’avait jamais été aussi fluide, aussi précieux. Un fait qui agrandit mon sourire naissant. Sauf que je prenais un peu trop la confiance et que j’oubliais un fait majeur. Mon épée était sur le point de se casser. C’est en voulant le contrer et le désarmer avec mon arme, qu’il réussit à la briser sous un coup rageur. Surpris, j’avais voulu reculer, mais l’homme profita à son tour du fait que je sois plus ou moins sans défense pour m’attaquer à la poitrine. La couche de vêtements et mon mouvement de repli ne me permirent pas d’éviter le tranchant de sa lame qui me lacéra la poitrine de façon oblique. Le sang gicla follement, mais habitué à ce genre de blessures, je réussis à reculer. Galvanisé par l’aboutissement de ses efforts, Makaan me chargea une nouvelle fois. Sans épée, je fis pousser rapidement ma chevelure de sorte à l’attaquer voir l’immobiliser, mais en vain, puisqu’il me tailla les mèches comme un vrai coiffeur. J’usai alors de ce timing où il avait encore le meitou dans les airs…

      - « AAAAAAAAH ! »


      … Pour lui infliger un coup de poing plein de hargne et de détermination dans le bide. Le forban s’immobilisa et me cracha du sang à la gueule. Ce poing, il l’avait senti passer et pas qu’un peu. Ceci dit, ce coup ne l’empêcha pas de réunir toutes ses forces pour abattre violemment son meitou vers moi. Dire que je dus mon salut à mon haki n’était pas du tout exagéré. Car j’avais réussi à esquiver partiellement son offensive censée me décapiter. J’essuyai juste une autre blessure au niveau du bras droit. Celui qui lui avait infligé la droite. Enfin… Blessure était un faible mot puisqu’il avait failli me le couper. Autant dire que j’avais le cul bordé de nouilles. Du reste, ma baraka alla encore un peu plus loin parce que Mallory qui avait suivi toute la scène en restant dans les parages, réussit à me balancer une lame. Juste parfait. Ambidextre depuis fort longtemps, je récupérai l’épée (de mauvaise facture, mais c’était déjà ça) de la main gauche avant de me mettre en garde. Makaan, lui, avait du mal à bouger. Mais il se concentra une toute dernière fois, au point que Chérie (Le meitou) fut recouverte d’une couche de haki, finalement. Le dénouement était proche.

      - « FENYAAAAAAAAAAANG !!!! »

      Avec le sourire, j’aurai voulu lui crier d’arrêter de gueuler mon nom à tout va, mais je préférai le charger de toutes mes forces. L’homme fit de même. Un dernier contact s’établit, moins violent que le tout premier, mais tout aussi intense. L’instant de vérité se joua en un éclair, à la vitesse de la lumière, puis nous nous immobilisâmes, l’un à quelques mètres de l’autre, dos à dos. Mon épaule gauche s’ouvrit et laissa jaillir un jet de sang à faire trembler n’importe qui. Puis je sentis mon corps me lâcher. Alors que j’allais tomber la gueule la première, je réussis à planter au sol l’arme que Mallory m’avait balancée, de sorte à avoir un point d’appui. Puis la scène se tourna vers Makaan. Ce dernier avait les yeux grands ouverts et le sourire aux lèvres. On aurait dit qu’il avait gagné. Sauf que non. Une grosse entaille, bien profonde comme il faut, barrait son ventre. Inutile de vous dire qu’il se vidait de son sang, de ses boyaux et de tout ce que vous pourrez imaginer dans le genre. Il hurla tout de même, comme s’il voulait me lancer une malédiction quelque chose du genre, avant de tomber au sol pour la toute dernière fois de sa pitoyable existence.
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      Ils avaient gagné. Contre toutes les attentes de Vanderspool, du grand-père de Shalyne et du Destin, ils les avaient mis en déroute. Shalyne s'était réveillée au dernier hurlement de Makaan, se grattant la tête paresseusement, le traumatisme ayant déclenché une légère amnésie temporaire et une sensation de déboussolement. Shalyne se leva doucement, reprenant conscience et se rappelant progressivement de la situation. C'est alors qu'elle vit le contre-amiral Alheïri s'appuyant tant bien que mal sur une épée, l'épaule en charpie. Elle tituba vers lui. Bordel, pensa-t-elle, il est dans un sale état.

      Mallory agita sa main pour attirer son attention. "Y'a plus grand monde. Les chefs sont morts, les gars s'enfuient. "

      "Putain, au moins une bonne nouvelle,"
      lâcha le sergent d'élite. " Allez voir si Judas et Achab ont survécu. Ramenez de la flotte et du linge propre."

      Parce qu'ils allaient avoir besoin d'un paquet de premier secours pour soigner la plaie qui avait l'air grave. Elle respira. Quelque chose gênait sa respiration. Elle se frotta le nez, pour voir que du sang coulait, et en même temps, elle eut une crise de vertige, manquant de tourner de l'oeil. Mallory voulait l'aider, mais un regard autoritaire de Shalyne le convainquit du contraire.

      Arrivée au niveau de l'amiral, elle posa sa main sur son épaule valide et saillante. Elle frissonna en palpant la puissance pulsant du muscle malgré le sang, la fatigue et l'état de faiblesse apparente de l'amiral.

      "Mon amiral? C'est fini, on a gagné. Posez vous un instant, que je vous nettoie vos blessures."

      D'un des poches de son pantalon, elle sortit une flasque. Shalyne ne buvait que rarement de l'alcool, mais ce petit flacon non réglementaire était assez pratique pour nettoyer les blessures en l'absence d'eau.
      Elle déchira un pan propre de son pantalon, l'imbibant d'alcool.

      "Attention, ça va piquer un peu,"
      l'avertit-elle. Et tandis qu'elle le traitait, elle était rouge de honte. L'amiral et Judas avaient fait les trois quarts du boulot, tandis que rien ne s'était déroulé comme prévu. Vraiment, c'était une bien triste journée. Elle continuait à essuyer l'épaule de Fenyang, mais le sang ne s'arrêtait pas. La blessure était profonde.

      "J'crois que c'est du sérieux... Merde, désolée mon amiral."


      Elle continua les premiers soins jusqu'à l'arrivée de Mallory.

      "Achab et Judas ont bientôt fini. On avait pas ramené de médocs, mais voilà la flotte et les tissus que vous avez demandé."


      La flotte, c'était pour boire. La guerre, ça donne soif. Elle passa la cruche à Fenyang, après avoir terminé le pansement. Avec les tissus, elle put installer une écharpe qui supporterait son bras et stabiliserait son épaule, afin de fermer la blessure.

      "Lorsque je suis partie de Goa, fit-elle tout haut, j'ai vu votre père, là-bas. Je le connais plus que vous, c'est un ami de mon père, et on allait ensemble à Marijoie et..."

      Elle se perdait dans ses souvenirs d'une joie déjà passée. Elle secoua la tête et se reprit aussitôt.

      "Bref. Il vous soupçonnait d'être encore en vie. Vous lui manquez terriblement."


      Shalyne avait envie de lui dire de le rappeler. De lui dire d'appeler son père et lui dire à quel point il l'aime, l'admire et le respecte. De lui dire de faire ce qu'elle n'a jamais osé faire avec ses parents depuis 5 ans maintenant... Et que plus le temps passait, et moins il oserait le faire

      Mais après l'humiliation qu'elle avait subi, elle préféra s'en tenir à cela. Elle fit signe à Mallory de venir surveiller l'amiral, et sans plus attendre, partit se cacher derrière un des murs de la maison, cachant ses larmes derrière une énième cigarette.

      Elle avait envie de tout plaquer. Vanderspool, Rafaelo, Uther... Après ce qui venait de se passer, à dormir pendant la moitié du combat, elle envisageait sérieusement de poser sa démission. Shalyne rit amèrement. Comme si Grand-père allait me laissait faire... Pffft, de toute façon, c'est pas à lui de décider. Il est pas marine d'élite.
      Elle entendit alors une voix familière.

      "Bordel de cul ! Si c'est pas l'rejeton Fenyang ! Et r'garde moi ça... Tu sais ce que cette arme..."


      "Grand-père?"

      "Shalyne? SHALYYYYNE !"

      Il courut vers elle, se faisant dominer d'une bonne tête du haut de son mètre cinquante, avant de se prendre un gros poing sur la tête.

      "MAIS T'ES COMPLETEMENT MALADE DE M'AVOIR ENVOYE CONTRE UN PRIME PAREIL? TU VOULAIS ME TUER C'EST CA? A CAUSE DE TOI L'AMIRAL FENYANG A FAILLI PERDRE SON FILS... Je t'aime Grand-Père."

      Elle se jeta dans ses bras, ne retenant plus ses larmes.
        No place for no hero~

        Aujourd'hui, je prend conscience de ma faiblesse face à ce nouveau monde. C'est ... Nouveau. Et c'est un choc. Une enclume vient s'écraser sur mon front en laissant un poids énorme sur mes épaules. Celle de devenir plus fort, et de toujours progresser. Je suis un insecte en plein milieu de géant, a peine capable d'entailler leur chevilles. Tellement faible. Tellement seul. Je retire une flèche de mon épaule en parlant dans ma barbe. Le duel est couru d'avance, décidé depuis le moment ou Makaan avait dévoilé la particularité de son meitou, qui dissimulait une arme mortelle. Un épistolier non, une Pisto-lame qui n'aurait dû laisser aucune chance aux adversaires du pirate. Sauf qu'Alheiri n'était pas n'importe lequel de ses adversaires, et qu'il lui dit "non merci" en esquivant avec le sourire. L'issue du duel est alors décidé d'avance dans mon esprit, et je me détourne instantanément du combat. Je préfère ne pas connaître les capacités inhumaines de cet adversaire là (car je suis persuadé que nous seront ennemis dans un futur proche) ... Pas envie de me décourager à aider l'autre fumeux à l'avenir. Je lui dois trois vies, et sur celles qui me restent, je compte bien lui rendre. Peu importe le coût, ce serait laisser une tâche sur mon honneur, et je préfère l'effacer en mourant que de vivre avec. Derrière moi, y'a une longue lignée d'hommes qu'ont toujours vécut selon leurs propres règles, et n'ont jamais laissé l'injustice régner dans leurs vies. Oh, il n'ont pas toujours été honnête, c'est sûr ... Qui peut l'être dans notre ère, et qui pouvait l'être il y'a déjà une centaine d'année ? Monkey D. Luffy ? Peut-être son père lui avait déjà montré la voie à suivre pour pouvoir vivre en se regardant dans une glace.
        Je me demande comment certain ici bà y arrive encore. La huitième flèches a ripé contre un os, et je souffre en grognant quand je la retire. Putain de pirate ! Je hais cette engeance, qui ne sert qu'à piller les honnêtes gens, à tuer, ripailler et baiser comme des porcs. Y'en a des biens, mais franchement ceux là sont bon pour les ordures. Il n'y a plus rien à espérer d'eux, quand bien même ils verraient un mur qu'ils fonceraient dedans la tête la première. J'salue simplement mon acolyte d'un coup de tête, et je saute prestement de mon perchoir en soulevant du sable à mon atterrissage. Peut-être que je devrais me mettre au régime ... Bwahahahah ! Je déconne.

        Dans  une ruelle je croise des pirates vivants qui tentent de s'enfuir, sauf que j'suis pas du même avis. Peut-être qu'en payant de leurs temps libre le fruit de leurs crimes, ils seront moins enclins à sombrer dans ses travers la prochaine fois. Toute façon ils ont plus envie de se battre, à quoi bon ... J’assomme quelques uns des fuyard (cinq ou six, à vrais dire) et les attache solidement avec ce qui me tombe sous la mains. Shalyne s'est réveillée et s'est précipitée vers Salem. Il est encore vivant mais salement amoché ... Quelle surprise. Un monstre je vous dis. Je garde mon sourire mais j'ai presque les fesses qui font bravo. C'est pas de la tarte tes "amis" Rafaelo Di Auditore. J'ai jamais eu de bol dans la vie. J'aurais pû tomber sur Uriko bordel. Je commence lentement à perdre tout scrupule, et après avoir déposé mon colis près des représentant de l'ordre, je coupe proprement la tête de Makaan devant le regard indéchiffrable de Shalyne. Est-ce que je la déçois ? Est-elle dégoutée ? Cette fille est un vrai mystère que je ne tenterais pas de déchiffrer. Je risquerais de pas aimer ce que je vais découvrir, je le sens.

        - Bon, j'te laisse le sabre ... Je prend deux trois machins et je m'en vais.

        Quelque chose me dit que la cavalerie va débarquer, et j'ai toujours eu horreur des chevaux. Une aberration partagée avec nos chers amis équidés, puisque ceux ci me le rendent très bien. Heureusement, sur Alabasta on utilise des chameaux, et ma porte de sortie gambade joyeusement dans tout le désert. Je commence décidément à apprécier ses maudits pirates. Je salue Salem comme le ferait un soldat, un ptit sourire sur le visage.

        - Si vous voulez m'trouvez, je vais rester quelques jours en ville. J'vous attendrais ptêt. Que je lâche un brin mystérieux.  

        Les réunions de famille c'est pas mon truc. J'ai donc déjà disparu quand arrive pépé Nelson. A la grande surprise de Makaan deuxième du nom, je me retrouve devant lui à son réveil. Il croit encore à l'arrivé des renforts...Mahaha, qu'ils sont mignons ses pirates. Je l'assomme avant qu'il gueule quelque chose comme des insultes ou des menaces inutiles, et l'embarque sur mon chameau bâillonné et solidement ficelé comme un rôti.
        Je quitte le village avec le soleil dans le dos et les voix du désert comme compagnie. Sa me rappelle une chanson...

        I'm poor Lonesome cow-boy ... Ou quelque chose comme ça.  

        ***


        - Bon bah Mr André, ça fait 180 millions de berrys pour Makaan recherché mort ou vif, par contre le deuxième y'a rien vous pouvez le reprendre... Que fit l'impitoyable secrétaire tiré à quatre épingles.

        Je m'en foutais, tout ce que je savais, c'est que j'étais riche maintenant. Je me frotte les mains, et le petit bout de papier que m'a confié le CP devient un sésame. Celui qui va me permettre de retrouver Rafaelo, bien qu'il se trouve dans les îles célestes. Foutu assassin ! Il pouvait pas rendre les choses plus compliquées encore ? Heureusement, je pouvais compter sur mon allié pour m'aide à arriver bon port. Je crois qu'il m'aime bien, si tant est que ce maudit sorcier aime quelque chose. C'est pire qu'une enigme.

        J'ai trop de question sur la mort de Rafaelo, et c'est pas lui qui va y répondre le salaud. J'empoche la prime du chasseur André, et je m'en vais royal.

        La capitale est pleine d'agitation et d'odeurs. Sa fait du bien de rentrer dans la jungle urbaine. Elle a comme une odeur de chez soi. Je m'installe dans une auberge sans nom à la devanture craquelé, et campe devant la marine tous les après midi en attendant un signe de Shalyne et Salem. Y'a quelque chose qui m'dit que son retour va faire grand bruit, alors j'me fais tout petit.

        Bon, et si j'allais me jeter quelques godet en dépensant l'argent du gouvernement ?

          - « Nous sommes désolés, contre-amiral… »

          Mallory et Achab se tenaient maintenant devant moi, au garde à vous. Leurs doutes s’étaient totalement dissipés maintenant.

          - « Je suis Fenyang. Tout est pardonné, nfufufu ! »


          Puis il se passa plein de choses ensuite. L’arrivée tardive d’un autre équipage marine et le départ de grande classe de Thomas entre autres. J’aurai voulu faire pareil, sauf qu’avec mes blessures, j’allais avoir du mal à bouger. Puis, je sentis leur présence. De loin, Moktar, le chef de la caravane qui m’avait accepté parmi les siens pendant une bonne année se tenait au sommet d’une dune de sables, unissait ses mains et s’inclinait vers notre direction. Un autre vieil ami de mon père qui m’avait recueilli quand j’étais déboussolé et perdu. Oh, sur le coup, j’avais dit la vérité. J’avais passé près de dix mois avec lui et tout. Mais en ce qui concernait mon sauvetage et ma perte de mémoire, c’était de très gros mensonges que j’avais inventé sur le moment pour que les soldats de la gamine me lâchent la grappe. Et pour éviter aussi d’en arriver aux mains si jamais, parce qu’ils allaient clamser sans avoir eu le temps de comprendre comment. Pis « la voix » de Moktar s’affaiblit, signe qu’il s’en allait avec les siens dans les profondeurs du désert.

          - « ‘Tudieu ! En v’la une nouvelle fiston ! J’en connais un qui s’ra ravi d'te savoir en vie ! »

          - « Mes respects, contre-amiral. »


          - « Oh, pas d’chichis entre nous ! »


          Le vieillard tapota mon épaule intacte, tandis que les médecins de son équipage se hâtaient vers moi pour me prodiguer des soins plus décents. Pour ma part, je regardais le ciel d’un air rêveur. Mes pensées se tournaient maintenant vers Uriko, mon fameux fils. Où se trouvait-il actuellement ? Bonne question. Mais à peine m’évadais-je dans mes pensées qu’il revint à la charge, pour parler concret cette fois. Ce qui était inévitable, ma foi :

          - « On r’vient dans les rangs ? »

          - « J’ai pas le choix. Entre le vieux et l’amirauté, faut bien. J’aimerais pas être taxé de déserteur si je reviens au devant de la scène. Ça ruinerait mes projets et l’avenir de m… »


          Blanc. J’ai failli balancer que j’avais un fils. Il n’en était pas question pour le moment.

          - « Pis, si je dois démissionner, je le ferai en bonne et due forme. On verra bien. »

          - « Tu rentres avec nous dans c’cas ? »

          - « Vu mon état, je peux pas faire le fou… D’ailleurs, il est où le meitou ? »


          - « Là, contre-amiral ! »


          Un jeune marine se hâta de me le présenter. Je le pris avant de mimer un air dégouté. Définitivement…

          - « Il est vraiment moche ! Shalyne ? »

          Lorsque je la vis, je lui balançais l’affaire, comme ça. Presque dangereusement, si si.

          - « Cadeau. Ça te fera un allié de poids pour le futur, nfufufufufu ! »




          Quelques jours plus tard. Ville d’Alubarna, dix heures et quart.




          - « SAAAAAAAAAAAAAAAALEEEEM ! C’EST PAPAAAAAAA ! »

          - « Tu sais quel âge j’ai ? »
          Demandais-je, un brin irrité.

          - « WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

          - « Tu m’écoutes même pas… »


          C’était la 586ième fois qu’il m’appelait en quelques jours seulement. Il parait que le pauvre ne faisait que pleurer. Ça se voyait à chaque fois à la gueule de l’escargophone d’ailleurs, qu’il chialait comme un gosse. Et ça commençait à me gonfler comme jamais. Mais niveau agacement, on faisait pas mieux que la presse locale d’Alabasta et les reporters venus du monde entier qui se pressaient devant l’hôpital où j’étais hospitalité, histoire de m’arracher quelques mots lors d’une interview à l’arrache ; sans compter les groupies qui se tassaient devant l’hôpital. En même temps, c’était normal. La nouvelle selon laquelle j’étais toujours en vie s’était répandue comme une trainée de poudre à travers le monde. Et vu que je comptais reprendre du service en dépit des sanctions que je pouvais essuyer, c’est le GM et l’État-major qui se frottaient les mains. Alors que j’avais éloigné le combiné de l’escargophone d’où gueulait mon vieux, j’eus une pensée pour les Rhinos et tous mes alliés, amis qui me pensaient mort et enterré. Tous comme la plupart de mes vieux ennemis. Rafaelo et Shoma notamment.



          Et c’est à cet instant précis que je me dis, comme souvent, que l’avenir promettait.


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          Shalyne sourit poliment. Elle aurait tant voulu lui sauter au cou, ils venaient de vivre un sacré enfer ensemble, mais plus que le protocole, c’était le lourd regard de son unité et de son grand-père qui la paralysèrent sur place, se mordant la lèvre inférieure, le rouge lui montant aux joues. Elle n’aurait pas du accepter ce meitou. La jeune femme posa ses mains sur l’arme, fixant intensément et durement les yeux de Fenyang, lui faisant parvenir un message simple et clair.

          La promesse de se surpasser, de s’améliorer, et de faire en sorte que leur prochaine rencontre soit encore plus glorieuse que celle-ci.

          Car c’était à cela que l’on distinguait les héros des gens normaux. Plus que des surhommes, c’était des gens dont le charisme et l’aura inspiraient le commun des mortels, les poussant à donner le meilleur de soi-même. Et Salem Fenyang était un héros, il n’y avait aucun doute là-dessus.


          Les brancardiers éloignèrent le contre-amiral blessé hors de son champs de vision. Shalyne ne bougea que lorsqu’il disparut.

          «Mon amiral... J’dois vous parler quelques minutes en privé. »

          L’amiral la suivit.
          «  Ecoute. Il y a un gars qui est venu avec nous. Il faut l’omettre des rapports de mission. »


          « Un ami à Vanderspool ? »

          Il y eut un long silence.
          « Oui. Un contracteur privé. Il a pris la tête de Makaan comme prix. Il le mérite, d’ailleurs. Bloqué des dizaines voire une bonne centaines de bandits à lui tout seul.»


          Danforth réfléchit un instant.
          « Peu importe. Dans les gazettes d’Alabasta sera conté comment Alheïri Salem Fenyang fit un retour fracassant, aidé du caporal Nelson qui sauvèrent les nomades du désert alabastan. Le reste n’est pas digne de mention. Briefe tes soldats pour l’écriture du rapport, j'me doute qu’ils savent qu'tu as ma bénédiction. Mais je n'serais pas là pour réparer les pots cassés la prochaine fois. Certains des collègues me doivent une fière chandelle, c’est vrai, mais ceux là traînent plus du côté des blues. Fais gaffe. »
          « C’est un peu à cause de toi que je me suis retrouvé dans une mouise pareille, quand même. »


          Il planta ses yeux vers Shalyne, amusé. Ne trouvant rien à dire, il tenta de noyer le poisson.



          «Au fait, j’me demandais... Si Fenyang n’était pas là, tu aurais quand même fait le truc ? »


          « Bien sûr.» mentit-elle.
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