Manshon, Balty, une cité à ton image : éhontée, impudique, libéré de tout ces petits tracas hypocrites fardés par la dignité. Manshon, Balty ! Le vice en norme et la norme au service du vice. Manshon, Balty ! Manshon, Balty ! Sa réputation a envahi tes oreilles comme un doux hymne à ton avarice ! Ses fruits pourris qui se cueillent comme s'il en pleuvait dans l'un des jardins les plus pollué de notre pestilentielle planète ! Des primes à foison et une marine léthargique qui ne mettra aucun bâton dans les roues carrées de tes putrides méthodes.
Bien sûr, tout bac à sable compte son lot de caïds ! Tu devras la jouer serré pour éviter de te mettre à dos l'une ou l'autre mafia locale. Le jeu en vaut la chandelle, mais gare à ne pas déclencher d'incendie, mon impétueux feu follet ! Quoique le spectacle d'un noble bâtard noircissant sa chair tout en émanant un délicat fumet de porc grillé doit être particulièrement réjouissant !
Le plus difficile sera de me décider sur ma proie. Je dois trancher les têtes présentants plus avantageux rapport risque/prix ! Hinhinhin ! L'embarras du choix ! Cela me rappelle ces gigantesques buffets à volonté d'antan que nous organisions pour mon anniversaire !
Ce n'était pas pour fêter ton anniversaire, Balty ! Mais plutôt pour hâter la Mort de venir s'emparer des âmes de tout ces nobliaux pantouflards qui se vautraient dans l'opulence en l'attendant. J'adorais les voir nager dans l'ivresse et la bidoche à s'en rompre la panse, à les voir ramper à mes pieds dans des lacs de vomissures et de fange immonde. Pénètres donc en ce bar, là au coin, Balty. Il sent la laide vinasse d'ici, répand son atmosphère viciée dans toute la ruelle. Son mauvais goût me rappelle étrangement celui de nos congénères...
Bonne idée. Traquer les renseignements n'est pas aussi grisant qu'écarteler l'un de ces pendards déviants, mais il faut bien un début à tout...
Oooh, mais ! Tu approches de ta trentième année, au fait, Balty ! Quel effet cela fait-il, misérable amas de chair presque pourrie, de sentir sa jeunesse lentement préparer ses bagages ? Ce genre de sentiments me paraissent si lointains et maintenant, je ne peux qu'en savourer leurs sévices sur la conscience des autres...
Je ne me sens pas vraiment vieux...
Usé, aigri, malsain, c'est comme si tu trimbalais une éternité de déchéance sous ta carcasse, mon pauvre Balty. Dois-je te sonner la cloche, damné corniaud ? Regarde toi ! Tu es une âme faisandée dans un corps de trentenaire négligé. Hinhinhin !
Tandis que tu pousses la porte du vil tripot, l'infection qui l'habite, à base de vapeurs d'infâme gnole, de tabac chaud recyclé et de tout ce panel de relents charnels commun aux basses extraces, vient te mordre les naseaux et t'essorer les tripes. Quant à la merdaille qui tapisse ce plancher crasseux, on ne peut la qualifier autrement que de repoussante. Trois rats dispatchés à travers la salle putride, et ce barman silencieux enfonçant ses torchons dans ses verres. Ah ! La criminalité des nobles, elle se parait d'un prestige superficielle, elle s'embarrassait d'un fallacieux sens de l'honneur, elle avait la prétention de tendre vers l'Art ! Mais la criminalité des bouseux... Fange abjecte ! Dégénérés désespérés trop feignants pour affronter les problèmes ! Pillent les honnêtes péons pour émerger de leur océan de crasse !
Cette haine qui te submerge, Balty ! Elle n'altère rien à la vacuité exaspérante de cette gargote. Admettons que tu te fonds à merveille parmi cette masse de cafards. Aucun ne te calcule, vaquant à leurs creuses occupations sans douter du moindre instant de ton appartenance à leur caste. Une humiliation traditionnelle, un orgueil habitué aux morsures ! Admettons le, Balty ! On jurerait que tu es l'un des leurs, mais, attention, ne confondons pas cafards et cancrelats !
Ô Seigneur, Ô, Seigneur irrécupérable qui crachez sur moi depuis vos confortables cieux ! Qu'ai-je bien pu vous faire pour que vous décidiez de me précipiter tête la première dans ce nid grouillant de la plus rance des lies de l'humanité... ?
Le "Seigneur" doit bien te rire à la figure, au moins autant que ton auditoire, qui s'esclaffe en prenant bien soin de ne guère retenir leurs postillons.
Wow, mec, génial. T'es un genre de bouffon errant, c'ça ?
Vas-y, fais nous rire, l'comique !
Crachez moi les noms de vos maîtres, cohorte de gorets ! Les noms et leurs valeurs !
Tu t'y prends mal. Tu dois d'abord convaincre un p'tit public, et ensuite t'iras te produire devant les grands patrons.
Ouais c'est ça ! Fais nous rire, l'comique !
C'est à croire qu'ils lisent dans les pensées d'un fantôme, plus dématérialisées que dématérialisées. Vois-tu, ton entrée en scène laissait dès le début à désirer, Balty, et tu es passé pour un pitre. Laminant d'office tes chances de leur soutirer des informations en usant de ta crédibilité et tes capacités... embryonnaires, pour être gentille, de manipulation.
Non, Balty, chez toi, la parole ne sert à rien. Seule la peur les fera parler.
Par la crinière tu attrapes l'un de ces gueux, tandis que ta lame colorée d'une rouille glaciale lui caresse la pomme d'Adam. Il a commis le triste exploit d'avoir des muscles moins puissants que les tiens, il ne parvient guère à se desserrer de ton emprise. Dans ton étau il sue, et ta menace fait se lever toute l'assistance. Tu captes toute l'attention désormais, Balty, sordide humoriste ! Hinhinhin. L'ambiance du vieux bar s'électrifie, et toi avec ! Tu ne peux décemment pas résister à l'appel du sang vain...
Woh, c'est pas drôle ça, l'comique ! Lâches moi !
L'un de vous est-il primé ?
T'es qui ? Un cinglé du gouvernement ? Un de ces sales chiens de chasseurs de primes ?
T'sais à qui tu t'attaques, crétin ?
Tu as les dents longues, mon mignon et vicié petit bébé, de longues dents qui se brisent contre des obstacles trop coriaces pour sa ridicule mâchoire de chiot enragé. Un vilain petit bouledogue aussi sournois et têtu qu'une mule sans en avoir la puissance et encore moins la sagesse ! Enfoncer tout ton bras dans la ruche pour en éprouver la virulence des habitants est devenu coutume chez toi ! Faute de prudence, tu ne manques pas de culot déraisonné...
Mec, mec, mec, t'es sûr de vouloir faire ça ?
Cherches dans ton noyau rabougri la réponse, pendard !
Putain ! Tu vas regretter cette blague, l'comique ! Fais pas ça !
J'sais pas qui tu es. Mais si tu fais ça, tu sortiras pas de Manshon vivant, fils de catin.
C-Ce bar est sous la protection des Mancinelli ! Wayne Fuglace, le plus gros proxénète du quartier ! Il est primé à cinq millions ! Laissez nous tranquille !
Le barman, tremblant sur ses deux grosses pattes de pourceau, n'a pas tenu bien longtemps avant de vendre la mèche, au grand dam de ses habitués qui lèvent les yeux au ciel, semblant y chercher une réponse à sa lâcheté. Aucune réponse ! Seulement l'argumentaire d'un couteau sous la trachée d'un de ses clients ! Ta lame glisse, ouvre le cou caillé du minable, qui s'effondre tête la première sur sa table dans un gargouillement sordide, repeignant le gris boisé d'un rouge vif du plus bel effet, mis en valeur par ses lueurs froides. Je m'avoue conquise, Balty ! Il y a du potentiel en la barbarie aveugle, lorsqu'elle lorgne sur l'Art !
Recommences donc avec ces deux gorilles qui mugissent quelques vérités blessantes à ton encontre.
Celui qui s'avance poings nus n'est qu'une formalité. Mais l'autre figurant du grand drame de ta vie dégaine un fort beau sabre. Ne finis pas trop tôt en rondelles, Balty... Avoir déjà un pied dans la tombe n'est pas une raison pour narguer la Mort à chaque instant. La gourmandise est un si vilain défaut !
Bien sûr, tout bac à sable compte son lot de caïds ! Tu devras la jouer serré pour éviter de te mettre à dos l'une ou l'autre mafia locale. Le jeu en vaut la chandelle, mais gare à ne pas déclencher d'incendie, mon impétueux feu follet ! Quoique le spectacle d'un noble bâtard noircissant sa chair tout en émanant un délicat fumet de porc grillé doit être particulièrement réjouissant !
Le plus difficile sera de me décider sur ma proie. Je dois trancher les têtes présentants plus avantageux rapport risque/prix ! Hinhinhin ! L'embarras du choix ! Cela me rappelle ces gigantesques buffets à volonté d'antan que nous organisions pour mon anniversaire !
Ce n'était pas pour fêter ton anniversaire, Balty ! Mais plutôt pour hâter la Mort de venir s'emparer des âmes de tout ces nobliaux pantouflards qui se vautraient dans l'opulence en l'attendant. J'adorais les voir nager dans l'ivresse et la bidoche à s'en rompre la panse, à les voir ramper à mes pieds dans des lacs de vomissures et de fange immonde. Pénètres donc en ce bar, là au coin, Balty. Il sent la laide vinasse d'ici, répand son atmosphère viciée dans toute la ruelle. Son mauvais goût me rappelle étrangement celui de nos congénères...
Bonne idée. Traquer les renseignements n'est pas aussi grisant qu'écarteler l'un de ces pendards déviants, mais il faut bien un début à tout...
Oooh, mais ! Tu approches de ta trentième année, au fait, Balty ! Quel effet cela fait-il, misérable amas de chair presque pourrie, de sentir sa jeunesse lentement préparer ses bagages ? Ce genre de sentiments me paraissent si lointains et maintenant, je ne peux qu'en savourer leurs sévices sur la conscience des autres...
Je ne me sens pas vraiment vieux...
Usé, aigri, malsain, c'est comme si tu trimbalais une éternité de déchéance sous ta carcasse, mon pauvre Balty. Dois-je te sonner la cloche, damné corniaud ? Regarde toi ! Tu es une âme faisandée dans un corps de trentenaire négligé. Hinhinhin !
Tandis que tu pousses la porte du vil tripot, l'infection qui l'habite, à base de vapeurs d'infâme gnole, de tabac chaud recyclé et de tout ce panel de relents charnels commun aux basses extraces, vient te mordre les naseaux et t'essorer les tripes. Quant à la merdaille qui tapisse ce plancher crasseux, on ne peut la qualifier autrement que de repoussante. Trois rats dispatchés à travers la salle putride, et ce barman silencieux enfonçant ses torchons dans ses verres. Ah ! La criminalité des nobles, elle se parait d'un prestige superficielle, elle s'embarrassait d'un fallacieux sens de l'honneur, elle avait la prétention de tendre vers l'Art ! Mais la criminalité des bouseux... Fange abjecte ! Dégénérés désespérés trop feignants pour affronter les problèmes ! Pillent les honnêtes péons pour émerger de leur océan de crasse !
Cette haine qui te submerge, Balty ! Elle n'altère rien à la vacuité exaspérante de cette gargote. Admettons que tu te fonds à merveille parmi cette masse de cafards. Aucun ne te calcule, vaquant à leurs creuses occupations sans douter du moindre instant de ton appartenance à leur caste. Une humiliation traditionnelle, un orgueil habitué aux morsures ! Admettons le, Balty ! On jurerait que tu es l'un des leurs, mais, attention, ne confondons pas cafards et cancrelats !
Ô Seigneur, Ô, Seigneur irrécupérable qui crachez sur moi depuis vos confortables cieux ! Qu'ai-je bien pu vous faire pour que vous décidiez de me précipiter tête la première dans ce nid grouillant de la plus rance des lies de l'humanité... ?
Le "Seigneur" doit bien te rire à la figure, au moins autant que ton auditoire, qui s'esclaffe en prenant bien soin de ne guère retenir leurs postillons.
Wow, mec, génial. T'es un genre de bouffon errant, c'ça ?
Vas-y, fais nous rire, l'comique !
Crachez moi les noms de vos maîtres, cohorte de gorets ! Les noms et leurs valeurs !
Tu t'y prends mal. Tu dois d'abord convaincre un p'tit public, et ensuite t'iras te produire devant les grands patrons.
Ouais c'est ça ! Fais nous rire, l'comique !
C'est à croire qu'ils lisent dans les pensées d'un fantôme, plus dématérialisées que dématérialisées. Vois-tu, ton entrée en scène laissait dès le début à désirer, Balty, et tu es passé pour un pitre. Laminant d'office tes chances de leur soutirer des informations en usant de ta crédibilité et tes capacités... embryonnaires, pour être gentille, de manipulation.
Non, Balty, chez toi, la parole ne sert à rien. Seule la peur les fera parler.
Par la crinière tu attrapes l'un de ces gueux, tandis que ta lame colorée d'une rouille glaciale lui caresse la pomme d'Adam. Il a commis le triste exploit d'avoir des muscles moins puissants que les tiens, il ne parvient guère à se desserrer de ton emprise. Dans ton étau il sue, et ta menace fait se lever toute l'assistance. Tu captes toute l'attention désormais, Balty, sordide humoriste ! Hinhinhin. L'ambiance du vieux bar s'électrifie, et toi avec ! Tu ne peux décemment pas résister à l'appel du sang vain...
Woh, c'est pas drôle ça, l'comique ! Lâches moi !
L'un de vous est-il primé ?
T'es qui ? Un cinglé du gouvernement ? Un de ces sales chiens de chasseurs de primes ?
T'sais à qui tu t'attaques, crétin ?
Tu as les dents longues, mon mignon et vicié petit bébé, de longues dents qui se brisent contre des obstacles trop coriaces pour sa ridicule mâchoire de chiot enragé. Un vilain petit bouledogue aussi sournois et têtu qu'une mule sans en avoir la puissance et encore moins la sagesse ! Enfoncer tout ton bras dans la ruche pour en éprouver la virulence des habitants est devenu coutume chez toi ! Faute de prudence, tu ne manques pas de culot déraisonné...
Mec, mec, mec, t'es sûr de vouloir faire ça ?
Cherches dans ton noyau rabougri la réponse, pendard !
Putain ! Tu vas regretter cette blague, l'comique ! Fais pas ça !
J'sais pas qui tu es. Mais si tu fais ça, tu sortiras pas de Manshon vivant, fils de catin.
C-Ce bar est sous la protection des Mancinelli ! Wayne Fuglace, le plus gros proxénète du quartier ! Il est primé à cinq millions ! Laissez nous tranquille !
Le barman, tremblant sur ses deux grosses pattes de pourceau, n'a pas tenu bien longtemps avant de vendre la mèche, au grand dam de ses habitués qui lèvent les yeux au ciel, semblant y chercher une réponse à sa lâcheté. Aucune réponse ! Seulement l'argumentaire d'un couteau sous la trachée d'un de ses clients ! Ta lame glisse, ouvre le cou caillé du minable, qui s'effondre tête la première sur sa table dans un gargouillement sordide, repeignant le gris boisé d'un rouge vif du plus bel effet, mis en valeur par ses lueurs froides. Je m'avoue conquise, Balty ! Il y a du potentiel en la barbarie aveugle, lorsqu'elle lorgne sur l'Art !
Recommences donc avec ces deux gorilles qui mugissent quelques vérités blessantes à ton encontre.
Celui qui s'avance poings nus n'est qu'une formalité. Mais l'autre figurant du grand drame de ta vie dégaine un fort beau sabre. Ne finis pas trop tôt en rondelles, Balty... Avoir déjà un pied dans la tombe n'est pas une raison pour narguer la Mort à chaque instant. La gourmandise est un si vilain défaut !