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Quand Poing d'Honneur se veut Poing Divin

"Mes poings sont de la dynamite ! BOOM, BOOM, BOOM ! Je peux mettre K.O. n'importe qui d'un coup ! Bwéhéhé !"

Quand Joseph "Crack" Patchett poussait la chansonnette, c'était de très bonne humeur. Cet état d'esprit s'expliquait aisément. La veille, la toute nouvelle supernova et son équipage avait mené à bien leur premier abordage. Un abordage que Joseph prenait plaisir à penser dans la plus pure tradition des Saigneurs, à savoir un abordage bien sanglant. Mort et Destruction, le tout avec un butin sonnant et trébuchant à la clef. Que demander de plus ? Des Dials par packs de douze ? Se venger d'un vieil ennemi ? Mais il avait obtenu tout cela et même plus encore ! Les Musiciens n'existaient plus, leur drapeau était désormais accroché dans la cabine du Crack, son tout premier trophée en tant que Capitaine, et les survivants avaient été recrutés de force parmi les Saigneurs. Le Crack était aux anges. Pour preuve, son sourire habituel avait laissé la place à une version plus bon enfant qui respirait le bonheur. Que les Musiciens rescapés soient en train de passer chacun des cercles de l'Enfer sous la férule d'Anna et la Fouine, il n'avait cure. Ceux qui resteraient à la fin de la journée seraient à lui corps et âme. D'ailleurs techniquement, ils l'étaient déjà. Après tout, ils avaient descendus ensemble les réserves d'alcool de Fredcurry la veille au soir.

"Tu sens ce bon air marin Levy ? Tu sais ce que ça sent ? Ça sent la liberté, la vraie, celle des pirates ! Voler et être volé, frapper et se faire frapper. Il n'y a pas d'autre loi ici que celle du plus fort. L'homme à son état naturel ! Bwéhéhé ! Cette ville est vivante ! Que j'aime cet endroit ! C'est une nouvelle Dead End !"

Comme pour bien faire comprendre son enthousiasme, et insister sur l'importance de la leçon. Le professeur Joseph appuyait régulièrement sur la tête de la gosse, la tournant afin de lui montrer ce qu'il voulait qu'elle voit au gré de leur balade à travers Armada. La misère humaine, les rebuts de la société et le bonheur simple de ces hommes qui constituaient la lie de l'humanité. Vois leur souffrance, imprègne t'en ! Derrière Joseph, une demi douzaine de ses gars les plus fidèles le suivait comme son ombre. Leur tâche principale ? S'assurer que Levy Quinn ne fiche pas le camp quand le Capitaine aurait le dos tourné. Deux autres hommes suivaient le groupe à distance, on était jamais trop prudent. La gamine s'était montré très utile pendant la bataille du Poing d'Honneur, hors de question de la perdre. Joseph aurait volontiers consacré un peu de son temps à amener la poupée barbie vers de sombres rivages mais il avait un rendez vous à honorer et il était déjà en retard...

Le Terminus, l'Arène d'Armada. En toute franchise, cette petite arène de pacotille ne valait pas la moitié de son Arène du Crack sur Dead End. Petite, excentrée, sans vendeurs à la sauvette ou bookmakers. Pour le professionnel qu'était Joseph, cette Arène était un produit de choix insuffisamment valorisé. Pour le combattant qu'était le Crack, c'était là le seul endroit où le vieux Maître pouvait se trouver. C'était l'heure du retour de l’Élève prodigue. D'après ce qu'il avait pu glaner comme information sur Armada, la confrérie du vieux Marcel s'était pris une rouste phénoménale et avait dû enterrer plusieurs de ses membres. Si ça, c'était pas une opportunité, ça y ressemblait fort. En avant pour l'entrée charismatique ! Grand coup de chasse dans la porte à double battant de l'Arène histoire de s'assurer une entrée remarquée, activation du pouvoir démoniaque et index brandit vers le ciel.

"Goooooood Morning Armadaaaaaaaa ! Crack Joe est d'retour ! Marcel mon vieux, j'suis prêt à apprendre tous tes tours !"

L'Arène était déserte. Depuis que la Maîtresse des lieux, Angelica, s'était faite passer à tabac par Oni, plus grand monde n'y venait. Le Crack était particulièrement déçu. S'il n'y avait personne pour admirer son entrée, à quoi bon se... Oh, il y avait bien quelqu'un et il n'avait pas l'air content du tout. D'ailleurs pourquoi est ce qu'il arrivait aussi vite ? Il chutait en piqué ? Et qu'est ce qu'il gueulait ?

"JOOOOOOSSSSSEEEEEPPPPHHHH !!!!"

Le visage du Crack perdit soudainement toutes ses couleurs. Les Saigneurs, leur Capitaine le premier, n'eurent que le temps de se jeter à plat ventre pour éviter d'être sur la trajectoire du missile qu'était Marcel Pai-Me, crâne dégarni au vent. Oui, oui, un missile. Alors qu'il s'était contenté de sauter du plus haut mat du navire où il méditait ! Et cet atterissage, un fucking cratère qu'il avait causé le vieillard. Un monstre, c'était un monstre. Soudain, un souvenir plus précis de leur entrevue revient à Joseph. Un simple applaudissement. Voilà tout ce qu'il avait fallu à Marcel pour se débarrasser de son arme secrète. Il devait l'avoir à la bonne, être mielleux, feindre la soumission. Il devait... vite s'enfuir. Le Maître paraissait tout Colère.

"C'est maintenant que tu daignes te présenter ? Disciple indigne ! Voilà comment tu me remercies, moi qui t'ait si généreusement enseigné la base d'une de mes techniques. Voilà comment tu me traites, moi que tu avais juré de rejoindre !"

"Mais... Mais... Je viens tout juste d'aborder. Parole !"

"Ceci est ta deuxième venue ! Ne me prends pas pour un idiot ou tu le regretteras !"

"Je euuuh... J'ai été très occupé ! J'ai dû recruter et puis il y a eu le Musicien et..."

"Assez d'excuses ! Tu es en retard, très en retard ! Mes disciples ont été décimés et j'ai besoin de les remplacer ! J'espère que tu ne comptais pas sur moi pour entraîner ces minables ou cette... hum... fille. Je n'ai pas de temps à perdre avec des loosers dans leur genre !"

"Eux ? Oh non. Ils sont juste là pour observer. Hum... Vas y Pai-Me. Je suis prêt, apprends moi un vrai coup dynamite. Un qui face autant d'effet qu'un boulet d'canon !"

"Qu'ouïs jeeeee ?! L'élève donne des ordres au Maître ! Insolent ! Tu dois encore apprendre à maîtriser ta vitesse jeune freluquet ! Et je ne parle pas de ces petites accélérations au sol que tu fais mais de dominer les cieux ! Cesse donc avec ce sourire béat ! Oui Joseph, je vais t'enseigner le Geppou que mon idiot de frère n'a jamais souhaité t'apprendre. Commençons par quelque chose de simple... J'ai laissé mon mouchoir accroché au mât, là haut. Rapporte le moi."

Le mât ? Le GRAND mât ? Facile pour Joseph. Après tout, il avait déjà appris la théorie du Geppou et puis il avait son Sonido. Il allait y arriver. Bon p'tet pas du premier coup mais il aurait le droit à plusieurs essais. Même pas peur !

"Et pour te faire payer ton retard, je vais corser un peu les choses."

Le vieux agita une main et la trappe au milieu de l'Arène s'ouvrit grand, laissant voir la mer qui défilait sous leurs pieds. Bon bah, autant pour les tentatives multiples... Une seule erreur et c'était la mort.

"Prenez donc des sièges vous autres. Votre Capitaine va nous montrer ce dont il est capable... n'est ce pas ?"
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Si la sociopathe borgne était aux abonnés absents depuis l'arrivée des Saigneurs 3.0 sur Armada, c'était pour une très bonne raison. Enfin, deux. Mais très bonnes, toutes les deux. Premièrement, elle s'était isolée, pour essayer de maîtriser son fruit. Ceux qui pensaient qu'elle s'était fait une orgie de chocolat dans la première boutique qui en vendaient se trompaient lourdement. Oh, elle était bien passée en acheter un ou deux cartons, mais elle s'était surtout entraîner à utiliser ses nouvelles capacités. Elle y avait mit tout son cœur. Toute sa bonne volonté. Miel était là, à l'assister parfois, quand elle perdait le contrôle. Et puis, à un moment, la seconde raison de son absence prolongée est arrivée. Sa narcolepsie. Elle s'est endormie d'un coup, alors qu'elle tentait de maîtriser sa forme liquide. On pourrait dire "Et paf, ça fait des Chocomaya !", mais ce serait vraiment méchant de se moquer.

Et après son sommeil prolongé, elle s'est éveillée, fraîche comme une rose, et elle a failli se viander de façon magistrale en glissant sur une flaque de chocolat fondu qui était restée sur le plancher. Heureusement, le pigeon était présent, avec elle, et elle s'est retenue à ses plumes comme elle l'a pu.

Une fois bien réveillée, l'ancienne agent du Cipher Pol avait pris la décision de retrouver les Saigneurs. Elle parcourait alors l'immense île flottante de son pas sautillant, accompagnée de son éternel pigeon de compagnie, quand elle entendit la douce voix du nouveau capitaine. Le sourire aux lèvres, la blonde se dirigea donc vers la provenance de cette voix, et se retrouva devant une arène. Beaucoup moins prestigieuse que celle de Dead End, mais plutôt pas mal.

Son œil unique accrocha la présence d'un petit groupe non loin. Sur les gradins. Et elle avisa également Joseph, avec un autre type qui ne disait absolument rien à Maya. Haussant les épaules, elle suivit le mouvement, et rejoignit les gradins, se plaçant en haut, au-dessus du lot. Son regard parcourut rapidement les six hommes, et la jeune fille, avant de revenir sur le Crack, et sur le vieux.

Prise de curiosité, malgré tout, elle descendit de quelques rangs, poussant sans ménagement les hommes qui lui barraient la route, et s'installa à côté de la jeune fille. Pas que les mâles -derrière elle- à présent n'avaient pas l'air enclin à discuter (enfin si, mais bon), mais la blondinette voulait parler à la jeune fille.
« Entre fille, on se comprends beaucoup mieux ! » Disait le dicton.

« C'est qui le vieux, avec Joseph ? »

D'ailleurs, elle pourrait demander qui est-ce que c'est, la gamine. Mais plus tard. Ce n'est pas le plus important. Et si elle est accompagnée des gars de Joseph, c'est qu'elle doit faire parti des Saigneurs. D'ailleurs, la mémoire de l'ancienne gouvernementale se rappela quelque chose dont avait parlé le Crack, à propos d'un recrutement. Mais quand il avait dit ça, elle avait déjà sauté du navire pour aller se trouver un coin tranquille et s'entraîner.
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« C'est qui le vieux, avec Joseph ? »

-Heuuuuu, Marcel j'crois, il a l'air balaèze vu que le Crack s'applatit comme une daube devant lui, Hihihi.

Je tourne la tête pour observer mon interlocutrice. Il s'agit d'une blonde à l'œil vert et au rouge à lèvre marron. Étrange, elle sent le chocolat. Boah, je suis bien en plastique, pourquoi ne pourrait-elle pas sentir les Chocomaya ? Dans tous les cas, si elle est là, c'est qu'elle doit faire partie de l'équipage des Saigneurs. Elle devait surement être occupée à autre chose. Bon, je reporte mon attention sur Joseph qui semble ne pas maîtriser totalement sa technique, ça fait du bien de le voir galérer. Après tout ce qu'il m'a fait subir, la moindre petite faiblesse de sa part est bonne à prendre. Mon sourire s'agrandit en long et en large, le marteau de Dalia 'Tremolo' Quincy sur les genoux, j'agite les pieds d'avant en arrière me délectant du spectacle. C'est vrai que ça fait du bien de le voir s'écraser devant Marcel. D'ailleurs, c'est qui ce Marcel pour qu'il fasse un tel effet sur le Crack ? LA réponse n'a pas vraiment d'intérêt disons, du moment qu'il domine le Jo.

-Vas y JOSEPH ! Montre-nous tes FESSES ! Hihihihihi... hey.

Un rayon de soleil vient de me rentrer pile dans les yeux. Ce qui n'est pas logique vu notre position par rapport à celui-ci. Je jette des coups d'œil autour de moi pour comprendre d'où provient la source et, à mon grand étonnement, découvre un point lumineux au loin. Plus étonnant encore, ce point lumineux semble vouloir me dire quelque chose: R.E.V.O.V.E.U.T.E.X.P.L.I.C.A.T.I.O.N.S. C'est pratique le morse quand même, non ? Par contre, niveau discrétion, ils auraient pu mieux trouver, j'pense. La vraie question est : comment fausser compagnie à toutes ces brutes ? Joseph m'a dit qu'ils venaient assister au spectacle... Je ne le crois qu'à moitié. À mon avis, il y a de grandes chances pour qu'ils soient là afin d'empêcher toute fuite de ma part. Aller, réfléchis, réfléchis, une solution vite, vite. Ah Ah ! Trouvé !

-Hey ! Où t'vas fillette ?
-Aux toilettes, pourquoi ?
-T'éloignes pa'trop, ok ?
-Hihi, d'accooord !

Je me lève et me dirige vers la source lumineuse, le marteau posé sur l'épaule.
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Marcel Pai-Me avait une définition bien à lui de ce qu'était l'enseignement. Depuis quand est ce qu'on mettait la vie de son élève en jeu durant un cours ? Dans quel monde un prof pouvait il te dire de grimper jusqu'en haut d'un mât sans les mains ? C'était comme essayer d'apprendre à nager à un enfant en le jetant sans bouée dans le grand bain. Si le gosse ne coulait pas, c'est qu'il avait appris à nager. Une méthode infaillible qui inspirait quand même quelques doutes au Crack. Debout face au grand mât, avec ses gars qui l'encourageaient derrière et le regard froid de Marcel sur sa nuque, Joseph ressentait une forme d'excitation qu'il n'avait plus connu depuis longtemps. De l'appréhension. Voir même un zeste de peur. C'est que ça faisait haut et surtout et il y avait cette fichue trappe d'ouverte...

"Alors Capitaine Patchett ? On a perdu ses moyens ? Je dois te rappeler la théorie c'est ça ? Sigh... Il faut frapper l'air suffisamment vite et fort pour le solidifier. C'est là le secret du Geppou. Pour quelqu'un avec un petit pouvoir comme le tien, ça devrait être facile. Alors maintenant, ramène moi ce mouchoir !"

Voilà que le vieux maître se foutait de sa gueule maintenant. Comme s'il avait besoin qu'on lui rabâche la théorie. Bon... Monter jusqu'en haut du mât. Ça devrait le faire.... Le mât n'était pas si haut que ça. Avec suffisamment d'élan et de vitesse il devrait pouvoir réussir à courir jusqu'en haut. Le Geppou ? Comme s'il allait se ridiculiser devant ses gars comme ça. Allez Joe, sois fort. On s'étire, on lève le poing pour appeler la ferveur du public et on s'élance comme un boulet de canon.

"SONIDO !"

Le Crack s’élança si vite qu'il en devint invisible aux yeux de quasiment toutes les personnes présentes. Une fraction de seconde plus tard et il mettait le pied sur le mât, réussissant à gérer le virage à 90° le faisant partir vers le haut. Sur le mât, ce sont des empreintes de pas enfoncés bien profondément dans le bois qui signalent son passage. Grimpe, grimpe ! Plus vite, plus vite ! Si tu ralentis la gravité aura ta peau et tu iras nager avec les poissons. Grimpe Joseph, grimpe !

Mais on ne peut lutter contre la gravité, pas même lorsqu'on s'appelle Crack Joe. Et ce encore moins quand on essaye de jouer au plus malin avec un monstre comme Marcel Pai-Me. Le vieux shnock n'avait visiblement pas apprécié que Joseph choisisse la voix facile et il entendait lui compliquer les choses. D'une pichenette trop rapide pour être vue de quiconque, le vieux décocha un Shigan Bacci plus puissant qu'un tir de cuirassé qui réduisit la portion de mât se trouvant devant Joseph à l'état de copeaux de bois. La structure vacilla mais tint cependant bon ce qui ne fut pas le cas d'un Crack Joe partant à la renverse.

Là ça devenait critique. Il chutait et tout ce qu'il y avait en dessous c'était une immense trappe menant tout droit à la mort dans l'anonymat le plus complet. Une fin insupportable pour le Crack. Il ne mourrait pas maintenant que son avenir lui tendait enfin les bras. Il avait encore trop d'envies à satisfaire pour partir si tôt. Le vieux voulait voir ce dont il était capable ? Il allait lui en mettre plein les yeux. Frapper l'air comme si c'était le sol, plus vite, plus fort. Les jambes de Joseph vibraient à une vitesse proprement démentielle quand soudain un "plop" se fit entendre et le Saigneur se retrouva propulsé vers le haut. Il avait réussi ! Il avait pigé le truc ! Comme quoi tout ce qu'il fallait c'était un peu de motivation.

"SKYYYYY WAAAAAAALK !"

Enfin ! Enfin il volait ! Erm... Marchait sur l'air serait un terme plus approprié. Mais bref, il y arrivait enfin ! Ses jambes étaient floues tellement elles vibraient vite mais le Crack parvenait à s'élever dans les airs sans trop de difficultés. Quelques "pas" plus tard, l'ex-agent Patchett parvenait enfin au sommet du mât où le mouchoir blanc teinté de morve du vieux Pai-Me était accroché. Il s'en saisit et atterrit au sommet, le trophée brandit bien haut.

"Bwéhéhéhé ! T'as vu ça Marcel ? Les doigts dans l'nez le Geppou ! Pour un maître de la vitesse comme moi, c'est l'enfance de l'art ! Bwéhéhé !!!"

En bas, à côté du vieux, une tête blonde familière attira son attention. Un oeil vert unique qui semblait donner tout droit sur l'enfer, une odeur de chocolat. Maya était là ! Sa sociopathe préférée, sa sadique chérie, sa petite tortionnaire à lui. Le Crack en la voyant réagit comme un adolescent. Il voulait l'impressionner.

"Maya ! Tu as vu ça ? Bwéhéhé ! Moi aussi je sais voler ! Admire un peu !"

Saut de l'Ange pour redescendre, tout droit vers la trappe ouverte sur l'océan. Alors que celle-ci n'était plus très loin, Crack Joe se propulsa soudainement vers l'avant d'un Geppou partiellement maîtrisé, évitant la mort de peu. Il passa comme une fusée devant le vieil homme et ses sbires, terminant sa course la tête la première dans les gradins. Un silence de mort se fit avant qu'un poing ganté ne jaillisse des décombres. Dire qu'il avait prévu d’atterrir avec classe aux pieds de la blonde. Pas terrible pour en imposer ce genre d’atterrissage, pas terrible du tout. D'ailleurs en parlant de blonde, il ne manquerait pas celle au marteau qui fait pouic ainsi qu'une partie de ses gars ?

"Joseph... Espèce de petit salopard. Tu as essayé de jouer au plus malin avec moi hein ? Gyahaha. Ça faisait longtemps que personne ne s'y était risqué ! Et puis tu as réussi à me ramener mon mouchoir, je pense qu'on peut dire que cela prouve la justesse de mon enseignement."

"Qu'est ce que tu fais là ? Arrête de regarder ailleurs, élève impoli ! A moins que tu n'aies déjà renoncé à apprendre mes techniques secrètes ? Hum ?"


Pas le temps de se préoccuper de Levy ni même de compter fleurette à Maya. Le vieux Maître mobilisait toute l'attention du Crack. Des techniques secrètes ? Un peu qu'il voulait les apprendre ! La poupée barbie se débrouillerait bien toute seule. Il avait toute confiance dans les gars chargés de la surveiller et de la maintenir coupée de son réseau. Crack Joe n'avait pas oublié Poule d'Eau et il avait des plans pour la jeune mademoiselle Quinn.

"Joseph !!!"

"Oui Marcel ! Oui je veux apprendre et pas que des p'tits gadgets. J'veux toutes tes techniques les plus puissantes à commencer par l'coup de poing canon !"



Levy Quinn pensait être la plus maligne en feignant d'aller aux toilettes mais les sbires du Crack le suivaient depuis deux ans. C'étaient des vétérans endurcis, capable de comprendre le fonctionnement d'un esprit torturé comme celui de Joseph. Alors suivre la gosse en mode discrétos une fois que celle-ci s'était éloignée, c'était facile pour eux. Deux devant, trois derrière, les autres étaient restés avec le Boss. On retrouvait là toute la fine équipe du Crack. Les frères Z, des triplés aimant les gros flingues suivaient Levy comme son ombre. L'un d'eux avait le visage à moitié brûlé, un souvenir du Cargo. Devant, suivant la lumière dare dare pour parvenir au point de rendez vous les premiers, Mario Boom-Boom et Johny Belle Gueule. L'homme grenade et mister gueule d'ange. Leur but ? Empêcher tout contact entre les révolutionnaires et la nouvelle lubie de leur Boss. La Fouine avait été prévenu et les rejoindrai sur place. Le plan ? Tuer les révolutionnaires cherchant à contacter Levy. Si possible en enlever un pour en extraire toutes les informations utiles comme on extrayait le jus d'un citron. Dans le cas où les gris seraient trop nombreux pour les Saigneurs, espionner la conversation, appeler des renforts et éliminer les personnes étant entrés en contact avec la poupée barbie. Le Capitaine s'était montré très clair à ce sujet. Il voulait créer un gouffre sanglant entre la blonde et la Révolution.
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Je me dirige donc, d'un pas sautillant, en direction de mes amis : la révolution. Et j'ai quelques mots à leur dire ! Ils veulent des explications ? Ils se foutent vraiment de la gueule du monde. Tout d'abord, ils me laissent me faire embarquer par les Saigneurs et ensuite, ils ne font rien pour m'en faire échapper. Non mais franchement... c'est l'hôpital qui se fout de la charité, c'est moi qui vous le dit. Je m'arrête quelques secondes et me retourne d'un bond... Personne, parfais, continuons. À croire que la ruse de ma petite envie a fonctionné les doigts dans le nez. Par contre, ce n'est pas le moment de se laisser aller.
J'accélère le pas afin de retrouver mes compatriotes le plus vite possible. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment. Un petit truc de rien du tout certes, mais qui est quand même là. Je ne sais pas vraiment quoi, ni même comment, mais sa présence me dérange, m'inquiète. Peut être que je deviens paranoïaque pour un rien.
J'me retourne une nouvelle fois, toujours personne, mais la sensation ne disparaît pas. Après plusieurs couloirs, j'arrive enfin vers le lieu du rendez-vous. J'attends quelques secondes, aucun son ne parvient jusqu'à moi. J'avance doucement, l'arme levée, peut être était-ce un piège ? Est-ce qu'ils veulent me capturer ? Raagh, faut que j'arrête ! La paranoïa ne me va pas.
Le marteau, toujours au-dessus de ma tête, je gravis les quelques marches me séparant de mes camarades. Le sourire aux lèvres, celui-ci disparaît en un éclair pour laisser place à un mélange ambigu entre horreur et stupéfaction. Et pour cause, au lieu de me retrouver nez à nez avec mes interlocuteurs préalablement définis, je tombe sur deux pirates. Pirates faisant partie des troupes du Saigneurs. Ces derniers m'ont devancée et ont attaqué les révolutionnaires maintenant attachés, assommés et peut être morts.
Mon regard se durcit, mes lèvres se ferment et je fonce droit sur eux. Le marteau vient frapper l'un des Saigneurs dans les côtes, tandis que le second lève les mains en l'air.


-S'iouplaît Mamzelle Levy, j'suis pour rien.

Je le regarde droit dans les yeux, tandis que mes cheveux se dressent en pointes. À vrai dire, je m'en fiche complètement qu'il y soit pour quelque chose ou non. Il est au mauvais endroit au mauvais moment et c'est tout ce qui importe. Je m'approche de lui pendant qu'une mèche s'enroule autour de son cou et que les autres lui bloquent les poignets.

-Quel est votre mission ?
-... Raaagh, ça serre.
-Quel est votre mission ?... Réponds-moi !
-Bwéhéraaaagh
-Dernière fois, quel est... Humpfff... Quéque..

Je relâche involontairement mon arme et mes cheveux laissent tomber mon prisonnier. Occupée par l'interrogatoire, je n'ai pas vu, ni entendu, le dernier pirate arriver. Ce dernier, ayant prévu le coup, pose un tissu blanc, sur mon visage, imprégné d'une substance qui m'est inconnue, mais ayant des effets quasi-immédiats. Je m'endors en l''espace d'une poignée de secondes.
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Marcel quelque chose, hein ? Maya ne le connaissais pas. Ou peut-être que si, mais ça ne lui revenait pas. Croisant les bras sur sa poitrine, elle fixa alors son regard sur la scène qui se jouait dans l'arène. Elle fut à peine dérangée par la petite qui se levait pour aller aux toilettes. Ni par le petit groupe des hommes de Joseph qui la suivirent.

Elle crut, à un instant, qu'il allait plonger dans la trappe qui laissait voir les flots en-dessous d'eux. Mais il se rattrapa au dernier moment, et réussit avec un Geppou presque parfait. Elle sourit, et applaudit, comme une enfant. Les trois hommes de Joseph restant applaudissaient avec elle.

Elle finit par se rasseoir. Juste après, le capitaine des Saigneurs éclata les gradins en atterrissant. Le sourire aux lèvres, Maya attendit qu'il refasse surface parmi les gravats avant d'applaudir de nouveau.


« Il reste juste l'atterrissage à améliorer, sourit-elle en le voyant repartir vers le vieux. »

Elle se rassit à sa place, tranquillement, en se disant que c'était dommage que la petite blonde ait loupé cette réussite du capitaine. Elle était toujours aux toilettes, d'ailleurs ? Elle devait avoir des problèmes intestinaux...

Chassant cette pensée de son esprit, la sociopathe joua avec le bout de ses doigts qu'elle liquéfiait doucement, laissant le chocolat couler vers le sol, avant de les durcir à nouveau, les ramenant à une taille normale.


« Dites... C'est qui, en fait, la petite de tout à l'heure ? Questionna Maya, s'adressant à l'homme à sa droite. »

Il grommela quelque chose qui ressemblait à une explication, et où Maya ne comprit que quelque mots. Dont "Révolution". Elle haussa alors les épaules, et se rencogna dans son siège. Elle avait manqué quelques petites choses, après son arrivée sur Armada, mais elle entendait bien rattraper son retard.
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Marcel Pai-Me était un instructeur aussi ignoble que son célèbre frère Raoul. Comment est ce que celui-ci était surnommé parmi les agents déjà ? Nuage de feu ardent ? Le vieil enfoiré ? La Mort dégarnie ? Pouah. Aucun de ces surnoms ne lui rendait justice. Marcel, comme Raoul, aimait pousser ses élèves à bout. Il leur faisait regarder la Mort en face, il les amenait à repousser leurs limites. S'ils parvenaient à survivre, alors ils progressaient. Tout ce qui ne te tue pas te rend plus fort ou un truc comme ça.

Le coup de poing dynamite (ou Hasoukenougi) appartenait à l'école du Poing Fort, un truc de bourrin fini comme Joseph les appréciait. Pas besoin de viser quand vous détruisez tout. Comment apprenait on une technique pareille selon Marcel Pai-Me ? En se la prenant en pleine figure. Le Crack souriait comme à son habitude, son regard revenant régulièrement sur sa sociopathe préférée qui l'encourageait depuis les tribunes. Il se l'était juré lors de la prise du cuirassé, il serait celui qui tuerait cette fille mais pas tout de suite, oh non... Cette lueur de folie dans le regard, il voulait se noyer dedans. Il...

"Hasoukenougi !"

Il n'aurait pas dû se perdre dans ses pensées. Le vieux Maître n'aimait pas qu'on l'ignore mais alors pas du tout. C'est que c'était un caractériel le Pai-Me. Bon, il n'y était pas allé à fond (ou il aurait réduit le malheureux Crack en cendres) mais quand même. Ca faisait mal, très mal. Une explosion pareille à celle d'un missile frappa un Joseph quasiment sans défense. Si le vieux n'avait pas hurlé le nom de son attaque, le Saigneur n'aurait pas eu le temps de se protéger avec son Haki. Au lieu d'être incinéré, le Capitaine Patchett fut projeté en arrière (explosant un autre gradin avec son postérieur cette fois). Il ressortit des décombres encore fumant, sa coiffure impeccable définitivement ruinée.

"En combat on ne regarde rien d'autre que son adversaire ! On a pas de temps à consacrer à la gente féminine ! Maintenant au travail, Disciple ! Le secret du Hasoukenougi réside dans la vitesse à laquelle le coup est délivrée. Il faut non seulement frapper fort mais il faut surtout frapper vite. Essaye donc sur moi ! Ne t'inquiète pas, je n'utiliserai pas mes mains contre toi... Je n'en ai pas besoin, petit scarabée."

Le Crack fulminait. Le vieux se foutait de lui. Frapper vite et fort ? Il savait très bien comment faire pour ça. Il frappait à la vitesse de l'éclair et ses coups avaient assez de puissance pour briser des os. Alors quoi ? Plus ? Il en fallait plus ? Regarde Maya, ton Crack Joe continue à s'élever à la seule force de ses poings ! Marcel voulait de la rage ? Il allait en avoir. Le fluide de l'armement recouvrit les bras du Crack, son bras commençant à vibrer grâce à ses pouvoirs démoniaques. Vite et fort hein ? Tu vas voir Marcel. Sans crier gare, le Crack accélère et vient au contact du vieux maître, son poing est levé et fuse à une vitesse inouïe.

"Dark Sonic Kraak !"

Bong

Bong ? Le vieux venait de parer l'un des coups les plus puissant de Joseph avec sa scandale. Le tout, en baillant. Il n'était pas impressionné mais alors pas du tout. La moue de mépris qui s'étalait sur son visage ridé était particulièrement explicite. Personne ne regardait Crack Joe de cette façon, personne !

"Dark Sonic Shotgun !"

Les poings du Crack volaient tout autour du vieux Maître qui les esquivait sans la moindre difficulté. Celui-ci semblait particulièrement déçu. Joseph ne pouvait supporter cette attitude alors il frappa de plus en plus vite mais sans rencontrer d'avantage de succès. Pai-Me tiqua et décocha un high kick dans la poitrine de Joseph, lui coupant le souffle et le faisant tomber à genoux. Humilié... Il était humilié devant ses hommes et devant Choco-Maya.

"Multiplier les coups ne t'aidera en rien ! Concentre toute ton énergie dans un seul coup, élève stupide ! Tu veux apprendre mes secrets oui ou non ? Alors fais ce que je te dis !"

Une nouvelle fois le Crack se releva, Joseph se relevait toujours. Il était à plusieurs mètres du vieux mais ce n'était pas un problème. Son poing droit se recouvrit du noir de l'Armemement, il arma sa frappe puis frappa aussi vite qu'il le pouvait, faisant vibrer son bras à une vitesse démentielle jamais atteinte jusqu'à alors.

"Dynamite Punch !"


La décompression de l'air fut si violente qu'elle entraîna une explosion. Comparée à celle générée par Marcel quelques instants plutôt, elle faisait penser à un pétard mouillé mais pour les personnes ayant moins de 15000 dorikis, le résultat était particulièrement impressionnant. Une explosion bien sonore, comme si Joseph venait de tirer un boulet de canon à bout portant. Comme quoi les méthodes du vieux marchaient on dirait. Le Crack regarda son poing avec surprise puis le vieux Marcel qui paraissait sourire (les commissures de ses lèvres s'étaient soulevés d'au moins trois millimètres) et enfin ses hommes qui l'acclamaient en tribunes. Il brandit le poing bien haut, son regard braqué sur la blonde l'air de dire "tu vois, c'est moi le plus fort".

Mais pas le temps de se réjouir pour Joseph. Depuis qu'il était devenu Capitaine il y avait tout un tas de choses auxquelles il devait penser. Ses nombreuses envies n'arrangeaient rien. Il y avait toujours un sujet requérant son attention, un problème à régler. En l'occurrence, le problème prenait la forme d'un "Pulu Pulu Pulu" résonnant à l'intérieur de sa veste. Un regard sur l'assemblée lui appris que Levy n'était toujours pas revenu. Le plan avait il fonctionné ?

"Boss ? C'est la Fouine. On est arrivé au point d'rendez vous avant la Miss. Mis les révos hors d'état d'nuire comme d'mandé mais elle a débarqué avant qu'on ait eu l'temps d'faire le ménage. J'ai dû la sédater, elle allait tuer Johnny. Qu'est ce qu'on fait maintenant ?"
"..."
"Joe ?"
"Je t'entends... Ramenez les tous au Poing d'Honneur aussi discrètement que possible. Tu m'fous les révos en cellule, séparément."
"Et Mlle Quinn ?"
"A l'infirmerie. Assure toi qu'elle pionce jusqu'à c'que j'arrive. Pas d'liens pour la d'moiselle, après tout, elle est des notres. Oh et la Fouine, tu peux commencer à attendrir la viande de nos invités."
"Héhé. Ay, Ay Cap'tain !"

Quand Joseph raccrocha, ce fut pour découvrir le regard furibard que Marcel Pai-Me dardait sur lui. Si le vieux avait pu tuer d'un simple regard, le Crack serait déjà en train de dîner avec les poissons. Visiblement l'ancêtre n'appréciait pas qu'on réponde à un coup de fil au milieu d'un entraînement. A n'en pas douter, il allait encore moins apprécier la suite.

"Mar... erm... Maître Pai-me ? J'ai hum... J'ai un imprévu qui requiert ma présence immédiate. Je crains de devoir vous abandonner et remettre à plus tard la suite de notre entrainement..."

"Joseph... Apprenti inutile ! Si tu n'es pas capable de te concentrer plus que quelques minutes sur ton entraînement, comment peux tu espérer avoir la moindre chance face à Wrath ? Oui, je sais ce que tu as fait petit imbécile. Si tu veux survivre à la vengeance de ton ex Capitaine, tu devrais songer à prendre mes enseignements plus sérieusement..."

"Maître Pai-Me ?"

"Qu'est ce que tu attends ? Ma bénédiction ? Comme si tu en avais quelque chose à faire ! Va ! Va jouer au petit pirate. Tu reviendras me voir quand tu seras enfin prêt à comprendre ce qu'est le Vrai pouvoir.  Et n'oublies pas... Quand l'heure viendra, tu devras répondre présent. Mes enseignements sont à ce prix."

"Est ce que ça veut dire que vous me reconnaissez comme un membre de la confrérie ?"

"Peuh... Tu es très loin d'avoir le niveau souhaité pour être un Poing Divin digne de ce nom mais par les temps qui courent... Et puis ton petit pouvoir démoniaque fait de toi un Poing Fulgurant très correct. Un dernier conseil, Joseph. Pense en trois dimensions. Le Geppou t'ouvre les portes d'un monde nouveau et...  Hoy ! Reviens espèce d'ingrat ! Je n'ai pas encore fini !"

"Merci pour tout Maître Pai-Me ! Je reviendrai, promis ! Vous devez encore m'apprendre le Hokuto Shinken !"

"On appelle ça le Poing Mortel, ignare !"

Sans laisser le temps au vieux de finir son speech, le Crack avait déjà battu en retraite. Il était comme ça Joseph, aucun respect pour les personnes âgées. Il était jeune, il allait fêter ses 30 ans cette année, et n'avait pas de temps à consacrer aux divagations d'un vieux fou aussi puissant soit il. Il avait plus urgent à faire, bien plus urgent. A commencer par retourner au navire pour s'occuper de son problème gris. Et mettre sa chère Maya au courant de ce qui se tramait.

"Alors Maya, impressionnée pas vrai ? Héhé. Je sais, je sais. J'ai encore quelques petits détails à améliorer mais ça viendra. J'y pense, tu n'as pas encore vu ce que Kiril a fait de notre navire. Le Cuirassé a un nom désormais, c'est le Poing d'Honneur et crois moi, c'est la Mort sous la forme d'un navire ! Ahahaha. Et Fredcurry ! Faudra que je te raconte ça, t'as manqué tout un abordage bien sanglant. C'était si beau ah..."

"Erm, Cap'tain, vous oubliez pas un truc ?"

"Ah oui, merci Freddy. Tu as raison, je parle, je parle et j'oublie de mentionner l'essentiel. La blonde qui était là un peu plus tôt. C'est Levy Quinn, As de la Révolution et nouveau membre, un peu malgré elle, des Saigneurs des Mers ou comme je me plais à les appeler, les Saigneurs du Crack. Tu t'en doutes, après tout c'temps passé au service de l'oncle Genji, j'suis toujours partant pour faire la nique aux gris. Levy Quinn c'est mon ticket pour accéder au gratin d'ce monde. Bwéhéhéhé ! T'vas voir Maya, bientôt elle sera comme toi ! Tu peux la voir comme notre enfant bwéhéhé ! On en fera une sociopathe de premier ordre !"

C'était sans doute le plus beau compliment que Joseph pouvait faire. Ah... Si Levy devenait comme Maya, il serait le plus heureux des psychopathes. D'ailleurs en parlant de psychopathe heureux, il avait un cadeau sur mesure pour Maya. Si ce n'était pas de l'amour ça.

"Pour fêter ton retour parmi nous, j'ai un cadeau qui t'attend à bord du navire. Où tu en es en matière de torture ? Pas trop rouillée j'espère ?"
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La blondinette suivait avec attention les exploits du Crack. Sa prunelle d'émeraude observait les deux combattants, mais elle finit par décrocher quand l'un des hommes du capitaine bougea dans son dos, lui enfonçant malencontreusement son pied dans les reins. Un réflexe, sorti d'on-ne-sait-où, poussa la borgne à utiliser le Shigan sur ce pied importun. Elle s'arrêta juste à temps, avant de transpercer le pied du pirate, et dévia alors sa main, venant exploser le bois du gradin. Retirant sa main du trou nouvellement créé, elle eût un sourire d'excuse, avant de hausser les épaules, laissant l'homme qui ne devait pas comprendre ce qui c'était passé, ni ce qui aurait pu se produire.

Lorsqu'elle releva les yeux, ce fut pour voir Joseph laisser l'instructeur en plan. Était-ce à cause d'elle ? Elle avait fait un peu peur à son compagnon, derrière elle, mais ce n'était pas prémédité. Ou alors, c'était le bruit des gradins qui se fendent, qui l'avait dérangé ? Peut-être.

Mais en fait, ce n'était rien de tout ça. Et la blonde poussa un soupir soulagé quand le capitaine reprit, d'un ton tout à fait normal. Son sourire revint tandis qu'elle penchait légèrement la tête sur le côté, essayant d'adapter son angle de vue. Plusieurs fois, il posa des questions. Sans doute rhétorique, puisque Maya n'avait pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il enchaînait déjà. Amusée, elle le laissa donc continuer, jusqu'à ce qu'elle puisse enfin parler.

Cette tirade eut au moins le mérite de lui apporter la réponse à sa question précédente, et à celles qui n'auraient pas manqué de venir. Quand il avoua vouloir faire en sorte que Levy ressemble à Maya, celle-ci frappa dans ses mains, comme une enfant à qui on aurait dit que son anniversaire, ce serait tous les jours pendant un an. Puis elle se figea, et fronça les sourcils.


« Il ne faudra pas lui crever un œil, hein ?

Apprendre à Levy à devenir comme elle ? Pas de soucis. Mais hors de question de lui faire du mal si elle n'avait rien fait pour le mériter. Malgré tout ses travers, elle avait un certain honneur, la sociopathe.

Elle oublia rapidement cette idée quand le Crack parla d'un cadeau, et de torture ensuite. Un sourire vint se nicher sur ses lèvres, tandis qu'elle joignaient les mains devant elle. Quand elle entendait le mot torture, ce n'était pas au sens conventionnel qu'elle pensait. En vérité, pour elle, ça consistait à s'amuser avec le corps humain. Que ça fasse mal à quelqu'un, ce n'était qu'un détail. Et, à l'occasion, si ses victimes pouvaient parler et avouer, c'était un bonus.


« Je ne devrais pas être si rouillée que ça. Et puis, comme on disait au QG, "la torture, c'est comme le Geppou, ça ne s'oublie pas" !

Craquant les os de sa nuque lorsqu'elle remua la tête sur les côtés pour se détendre les muscles, l'ancienne gouvernementale sautillait aux côtés du capitaine des Saigneurs 3.0. Elle avait hâte de pouvoir s'amuser un peu à tripatouiller dans un corps humain. Eh, oui. Tripatouiller est un terme technique dans son vocabulaire de la torture. Pas de soucis.

« Qui est-ce que j'ai le droit de charcuter un peu ? Et il faudra lui faire dire quoi ?

Questions de routine, pour la borgne. Après tout, c'était elle qu'on appelait, quand elle était encore au Cipher Pol, pour venir faire avouer à des criminels. Elle était un peu le bourreau de service. Pas que ça lui ait déplu, loin de là. Mais elle avait l'habitude, du coup.

Quand elle eut l'identité de ses cadeaux, et ce qu'elle devait en tirer, la sociopathe esquissa un sourire. Un rictus, pour être précis, et qui n'augurait rien de bon pour les pauvres hères qui allaient être victimes de la main curieuse et sans pitié de la blondinette.

Esquissant une sorte de salut militaire à l'intention de Joseph, elle disparut alors jusqu'à l'endroit où étaient retenus les captifs. Quatre hommes. Quatre révolutionnaires. En soi, Maya n'avait rien contre eux. Mais les ordres du capitaine, c'était sacré.


« Bonjour messieurs, salua-t-elle avec entrain. »

Ses petits doigts s'activaient déjà avec les outils à sa disposition. Elle les mettaient en ordre. Du plus petit au plus grand. Il y avait une aiguille, un scalpel, une petite masse comme celle que l'on utilise en boucherie, une petite scie, une paire de tenailles, une scie un peu plus grosses, et enfin, un marteau qui faisait un peu pic à glace de l'autre côté. Minutieuse, la blonde faisait attention à ce que les instruments soient bien alignés, tandis que ses victimes commençaient à rouler des yeux en la voyant faire.

« Vous voulez avouer tout de suite, ou pas ? Demanda-t-elle par acquis de conscience.
Avouer quoi ? Lança le plus téméraire des quatre.
Que vous êtes venus ici pour faire du mal à l'une des nôtres, lâcha-t-elle d'un ton laconique.
Jamais ! Cracha le même homme.
Tant pis pour vous, alors. »

Elle commença par activer le petit dispositif, un audio-dial que lui avait remis Joseph, permettant d'enregistrer la séance qui allait suivre. Puis, retroussant les manches de son chemisier (malheureusement blanc), elle étira son corps, fit craquer quelques os, et choisi avec son son premier instrument. Elle se décida pour la paire de tenailles.

Elle passa devant les quatre hommes, se demandant lequel elle allait choisir. Certainement pas celui qui avait parlé en premier. Il devait voir le sort qu'elle lui réservait, avant ça. Elle pencha la tête sur la droite en arrivant devant celui qui avait l'air le plus craintif, réfléchissant. Mais non, lui non plus. Elle allait le faire patienter un peu. Au final, elle joua au hasard entre les deux restants, et elle s'approcha alors de celui qui n'avait pas eu de chance.


« Tu tiens à tes dents ? Oui ? Dommage. Je n'ai jamais arraché de dents ainsi. Je me demande quel bruit ça fait... »

Un regard vers le plus fier des trois, et la blonde approcha les tenailles de sa victime. Mais ça n'allait pas du tout. Il serrait les mâchoires à un point tel qu'elle craignait qu'il ne se les brise ainsi. Fronçant les sourcils, elle décida de l'étourdir un peu. Et un coup de tenailles dans la tête. SHPOK, que ça a fait. Il gémit, et cela eut le mérite de lui faire desserrer les dents. La sociopathe en profita pour glisser une sorte de bâillon entre ses dents. Une sorte de mors, comme pour les chevaux. Elle harnacha ce petit dispositif à l'arrière de sa tête, serrant bien pour qu'il ne puisse pas l'enlever, et repassa face à lui. Un sourire aux lèvres, elle fit claquer la paire de tenailles devant son nez.

Il commençait déjà à transpirer, et son regard fixait avec un air affolé les pinces qu'elle avait dans la main, et qui se rapprochaient dangereusement de ses dents. Concentrée, la borgne glissa les tenailles dans la bouche désormais ouverte, et coinça les dents entre elles. Et elle tira, alors que les cris commençaient. Elle tira, et tira encore, jusqu'à ce que la dent se déchausse. Elle s'y reprit plusieurs fois, car les pinces glissaient, mais au final, le petit morceau d'émail tomba au sol. Et elle recommença. Encore. Sa victime criait. Pleurait. Saignait. Les manches de son chemisier, pourtant retroussées, étaient déjà imbibées de sang.

Elle changea plusieurs fois d'instruments, et de partie du corps. Elle découpa, trancha, piqua, tira, noua, griffa ou encore scia le pauvre homme. Il ne criait plus. Il n'avait plus la force. Il avait perdu beaucoup de sang. Mais il n'avait rien dit. Alors, comme son jouet ne faisait plus de bruit, et qu'il n'avait livré aucune information, la borgne changea.

Elle prit l'autre. Celui avec lequel elle avait hésiter à démarrer. Et elle recommença. Elle s'y prit différemment cette fois. Avant chaque nouvelle intervention, elle reposait inlassablement sa question :


« Pourquoi êtes-vous là ? C'est pour emmener Levy, c'est ça ? Pour la tuer, parce que vous pensez qu'elle a trahi la Révolution ? »

Et, inlassablement, elle mutilait, découpait, octroyait de la douleur à sa proie. Le plus apeuré des quatre en était à se faire pipi dessus. Et, alors qu'elle venait de faire sauter la rotule de sa victime, il avoua ce qu'elle voulait entendre.

« J'avoue ! J'avoue ! On est là pour Levy. Elle nous a trahi. »

Elle relâcha alors sa victime, se dirigeant vers le plus peureux.

« Qui vous a envoyé pour la chercher ? »

L'homme voulut retenir ses mots, mais un coup d’œil à son pauvre compagnon d'arme le décida.

« Le-Le Conseil du Dragon. Ils nous ont envoyé pour récupérer Levy a tous prix.
Bougre d'idiot, pourquoi tu dis n'importe quoi ? Ferme-la ou j'te le ferais re-Outch ! »

Appréciant peu que l'on interrompe quelqu'un qui parle, la borgne venait d'envoyer un coup de marteau directement dans le ventre du plus dur à cuir, lui coupant le souffle et la parole. Elle reporta ensuite son oeil unique vers le révolutionnaire qui venait de se mettre à table.

« Vas-y, continue, l'encouragea-t-elle. Il me faut un nom, mon grand. Dis-moi. Qui est-ce qui vous a missionné ? »

L'homme jeta un coup d’œil à son compagnon qui peinait à reprendre son souffle, mais son regard croisa aussi les corps mutilé des deux autres qui ne respiraient plus que faiblement, à deux doigts de la mort.

« Knox, la Protectrice, souffla-t-il de façon presque inaudible.
Parles plus fort, je n'entends rien.
KNOX, EMILIE KNOX, hurla-t-il alors qu'elle approchait le scalpel de son torse dénudé. »

Avec un sourire satisfait, la blonde le remercia. Et elle abrégea ses souffrances. Il avait parlé, après tout. Elle entailla la carotide d'un coup propre et net. Douze secondes plus tard, il rendait l'âme. Elle en profita pour achever les deux autres aussi, qui étaient de toute façon proche de la mort.

Elle sourit au dernier survivant, et envoya un baiser du bout des lèvres en sortant de la pièce.


« Je reviens m'occuper de toi, souffla-t-elle d'un ton presque gai. »

Elle quitta la pièce, le laissant hurler tout ce qu'il voulait, et joua un peu avec l'audio dial dans sa main en rejoignant le capitaine des Saigneurs. Elle n'était pas présentable du tout. Sa belle chemise blanche était imbibée de sang, la faisant coller à son corps. Elle était maculée de sang et d'autres bouts de corps un peu spongieux. Une vision d'horreur pour certains, peu habitués à ce spectacle. D'autant que les cris avaient dû s'entendre un peu quand même. Elle croisa un pirate qui avait le teint verdâtre, et le salua avec entrain, oubliant le bout de chair qui pendait de son coude.

Le remarquant, elle le jeta par-dessus bord, et arriva près de Joseph.


« Et voilà. Il y en a un qui a avoué. Pauvre Levy. Heureusement que tu étais là pour la sauver de ces hommes, Joe, glissa la blondinette en lui remettant l'audio dial. Il en reste un de vivant. Je peux m'en occuper ? Le punir d'avoir voulu faire du mal à Levy ? Ou tu veux le garder en vie encore ? »

Elle aimerait bien pouvoir s'en occuper. Juste pour le plaisir. Pour lui faire ravaler ses commentaires blessants, et son attitude bravache. Pour le voir supplier, et saigner, sentant la vie s'écouler de son corps. Son œil unique brilla de convoitise à cette perspective.
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Dans la pièce attenante, le Crack souriait à s'en décrocher la mâchoire. Grâce à ses grandes oreilles il avait pu profiter pleinement de la séance de torture qu'il venait d'offrir à la petite blonde. Les cris de douleur que poussaient les victimes de Maya l'avait rempli d'aise. Chaque craquement, chaque hurlement, il en avait savouré la moindre sonorité. Le Saigneur était fier de sa camarade. Sadique à souhait, sans pitié, tout ce qu'il aimait chez une femme. A cet instant, il se sentait déborder d'amour. La vision d'une Maya recouverte de sang et d'autres bouts de chair humaine avait un effet particulièrement excitant sur le Crack.

Joseph sourit de toutes ses dents en s'emparant de l'audio dial. Il passa la bande, histoire d'être sûr de ce que la blonde avait pu enregistrer et son sourire s'élargit encore. C'était parfait.

"Tu as très bien travaillé Maya. Je suis fier de toi. Malheureusement je vais devoir te priver du plaisir d'éliminer cet homme. Inutile de faire la tête, ma décision est prise. Levy le punira elle même. Lui faire tuer un de ses camarades devrait aider à son... évolution. N'as tu pas envie d'avoir une poupée sanglante ? Fais nettoyer la salle d'interrogatoire et amene notre dernier invité dans une autre cellule. Oh et assure toi qu'il ne puisse pas contredire ses aveux. Moi... Je vais voir notre belle au bois dormant."

Le Crack ricana. Levy, princesse barbie en belle au bois dormant. Une princesse trash alors. Il comptait bien détruire tout ce qui restait de santé mentale à la poupée barbie. Après... Héhé. L'adolescente servirait à merveille les ambitions de Joseph. Knoxx hein ? Ça s'annonçait grandiose.

C'est un Joseph de très bonne humeur qui arpenta les coursives de son navire jusqu'à l'infirmerie de bord. Les matelots le regardaient avec un mélange de crainte et de respect. Plus de la moitié de l'équipage était composé de "malgré eux" recrutés après la mort de leurs Capitaines. Autant dire qu'ils étaient nombreux sur ce navire à vouloir la peau de Joseph mais aucun n'était assez fou pour essayer de s'emparer. L'infirmerie était un bon exemple. Tout l'équipement qu'on attendait sur un cuirassé était là. On avait de quoi découper des os, recoudre des chairs, soigner petits bobos et grosse épidémie. Il y avait même des sangles pour attacher les patients récalcitrants. Comme Levy Quinn.

Encore assommée par le chloroforme, la jeune femme était attachée à une chaise de dentiste, certains diraient de torture, les poignets et les chevilles fermement sanglés. Par mesure de précaution, deux gardes avaient été placé devant la pièce. Pour la protection de Levy bien sûr...

Quand le Crack entra dans la pièce, il crut voir les paupières de la poupée bouger. Feignait elle de dormir ? Il allait être vite fixé. L'homme se saisit d'un tabouret qu'il approcha de la chaise où était attaché Levy. Cette fois plus de doute possible, la princesse était réveillée et elle dardait un regard courroucé sur le Crack. Il allait devoir la jouer serré.

"Je suis désolé pour ces attaches Levy... Sincèrement. Mais je ne pouvais pas prendre le risque que tu t'en prennes à un autre de tes nakamas sans que tu ne connaisses la vérité."

Désolé le Crack ? Pas le moins du monde. Mais l'homme était un bon acteur. Dix ans passés dans les services secrets du Gouvernement vous apprenaient à mentir comme un arracheur de dents et à faire passer des vessies pour des lanternes ou inversement. Alors faire croire à une fille droguée et sous pression psychologique que ses anciens amis l'avaient trahis, c'était l'enfance de l'art.

"Ces hommes que tu as failli tuer... Ils étaient là pour te protéger de tes anciens compagnons. La Révolution t'a abandonné Levy, ils veulent ta mort. Je sais, ça doit te faire un choc mais c'est la vérité. Sans eux, sans moi, tu serais sans doute déjà en train de dîner avec les poissons. Je savais que tu aurais du mal à me croire, aussi, j'ai pris la précaution de les enregistrer."

Joseph sortit de sa poche l'audio dial que Maya lui avait remis quelques minutes plus tôt. Il l'enclencha, laissant les aveux du révolutionnaire terrifiée résonner dans la pièce. C'était là des aveux complets. Tout y était. Comment ils avaient suivi pendant des jours sur Armada, comment ils avaient découvert sa trahison, leurs ordres de la capturer morte ou vive, l’identité de leur commanditaire et surtout la froide réalité. Levy Quinn faisait courir un risque trop grand à la révolution, plutôt que de venir à son secours, la Révolution avait choisi de l'éliminer pour ne prendre aucun risque.

Une fois l'enregistrement terminé, le Crack tourna son regard sans joie vers les prunelles de la blonde. Était ce de la buée qu'il y voyait ? Une pointe de rage qu'il sentait ? Se sentir trahi pouvait pousser les gens à de terribles extrémités. Comme jeter sa santé mentale aux orties.

"Tu te doutes bien qu'ils n'ont pas facilement avoué leurs plans mais j'ai pris la précaution de garder l'un d'eux en vie. Rien que pour toi. Je me suis dit que tu aurais envie de lui infliger ce que lui même comptait te faire subir... Après tout... Ils t'ont trahi et voulaient te tuer. Tu... Non... Nous ne pouvons pas laisser cela impuni.
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Cela fait maintenant une bonne demi-heure que suis complètement éveillée et je bouillonne à l'intérieur. La colère et la rage ont envahi mon corps lorsque les souvenirs me sont revenus. Jamais je ne m'étais sentie aussi humiliée et bafouée. Pieds et poings liés dans, ce qu'il semble être, l'infirmerie ou de torture du Poing d'Honneur. À en juger par les différents objets disséminés ici et là, venir ici pouvait vous coûter la vie. Et malheureusement, je ne dois pas être dans les petits papiers du Crack après ce qu'il s'est passé à l'Arène. Ce qui m'attend ? Je ne le sais pas, mais le découvrir ne m'enchante pas plus que ça. Alors j'attends patiemment mon jugement, ma chute, le grand plongeon... Maudit fruit. Je suis certaine qu'ils sont en train de préparer la planche. Moi qui pensais mourir de vieillesse, je me suis fourré le doigt dans l'œil et jusqu'au coude.

M'échapper ? Aucune chance. Les sangles qui m'attachent ne servent à rien du tout. Cela aurait été facile de m'en défaire. Quelle idée d'attacher le possesseur d'un fruit du démon capable de se désarticuler... À croire qu'ils ne réfléchissent pas plus que ça. Et après ? Rien. La sortie est certainement surveillée par un pirate qui aurait donné l'alerte. Et même si ce n'était pas le cas, un des Saigneurs ou le craque lui-même aurait fait échouer l'évasion. Alors bon, autant rester ici tranquillement jusqu'à trouver la faille. Le moment parfait pour s'esquiver en douceur. La seconde d'inattention dans leur garde.

Les yeux fixés sur la poignet, je la vois tourner et "m'endors" aussitôt. Je n'ai pas besoin de voir pour comprendre de qui il s'agit. Le seul avec une telle aura sur le navire, il n'y en a qu'un : Joseph. J'ouvre les yeux et le regarde avec fureur. Mon envie de meurtre est certainement palpable et je l'espère fortement. Je veux qu'il comprenne qu'on ne joue pas avec moi.
Il entame la conversation sous un aspect amical. Je ne te crois pas. Nakamas ? Laisse moi rire, des tueurs, des criminels, mes amis ? Jamais. Ma rancœur ne retombe pas et reporter la faute sur mes vrais camarades n'y changera rien.

L'enregistrement se lance et j'entends. J'entends la voix chevrotante du révolutionnaire à travers le dials. Je peux sentir qu'il en a bavé et que ces aveux, faux bien entendu, ne lui ont été extorqués que sous la contrainte. Ils ne valent rien. Ma colère grandit encore au point de me faire monter les larmes aux yeux.


-Conduis-moi à lui.

Mon ton est sec, cassant, presque coupant. Comme si Knox allait me trahir ? Elle qui m'a permis d'intégrer la révolution. Elle sans qui je serais, à l'heure actuelle, dans une fosse commune de Mariejoie. Je ne peux et ne veux pas le croire. La révolution trahir ses camarades ainsi ? Tout bonnement impossible. Même le Crack, aussi vicieux soit-il, ne pourra m'y convaincre. Le seul capable est mon pauvre nakama retenu de force dans l'une des cales de ce rafiot de malheur.
Nous descendons tranquillement à travers l'armature du navire. Derrière le Crack, je ne moufte pas. Mon regard est planté dans son dos, là où j'aimerais planter mes cheveux. Voir la vie couler hors de lui tel un torrent.
Rapidement, nous arrivons devant une porte qui me laisse découvrir, une fois ouverte, le révolutionnaire assis sur une chaise. Ou plutôt, ligoté comme un rôti prêt à mijoter. Le pauvre a dû en voir de toutes les couleurs. Je pousse Joe de la main et m'agenouille près de mon camarade. Je le regarde avec compassion et lui murmure que tout va bien se passer, qu'on arrivera à partir d'ici vivant. Qu'on arrivera à mettre tout ça derrière nous et que l'on recommencera ce que l'on faisait avant : aider les populations contre l'invasion du gouvernement et les horreurs de la piraterie.
Cependant, quelque chose ne va pas. Au lieu de voir la joie ou un quelconque sentiment bénéfique sur son visage, je n'aperçois que de la terreur et de la vengeance. Il me crache au visage et je reste dénue. J'essuie son affront et me recule vers le capitaine. Les yeux grands ouverts, bouche bée et les bras branlants. Je ne comprends pas, je ne comprends plus, qu'est-ce qu'il se passe au juste ? Pour... Qu'ai-je donc fait ?


-P.. Pour... Pourquoi ? Un mot que je n'arrive à prononcer qu'après cinq secondes de bégaiement.
-Traitresse ! On aura ta tête ! Chienne ! Tu crèveras pour t'être moquée de nous !
-M.. Mais... Cette fois-ci, ce ne sont pas des larmes de colère qui me perlent les yeux mais bien des larmes d'incompréhension.
-On te découpera et on t'expédiera aux différents bouts du monde, salope.

Mes jambes deviennent lourdes et tremblent violemment. Je ne peux m'empêcher de tomber à genoux tandis que j'éclate en sanglots. Le goût de sel s'infiltre entre mes lèvres fermées pour étouffer mes hoquets de peine. Je n'arrive plus à penser, je ne sais plus ce que je suis ni où je vais. L'enregistrement était vrai, l'enregistrement était vrai : je n'ai que cette phrase en tête. Les insultes du révolutionnaire me parviennent comme un fond sonore. Jusqu'à une phrase qui n'aurait jamais dû être prononcée :

-Tu verras trainée, Second Peace sera rayée.

Second Peace... Tous mes souvenirs remontent. Abuelo, Abuelo et tout le monde. Comment ose-t-il les menacer ? Sans m'en rendre compte, mes cheveux se dressent les uns après les autres dans les airs comme des serpents ayant senti leur proie. Je me redresse doucement. La douleur a laissé place à la rancune. Mes poings se contractent tandis que j'avance vers le révolutionnaire qui comprend la bêtise qu'il vient de dire. Acculé dans les boyaux du navire Saigneur, il ne peut que faire face et réitère ses derniers mots. À peine a-t-il fini sa phrase que ma masse chevelue, formant un poing, vient lui percuter le visage. Il crache du sang, je recommence. Encore et encore, ne m'arrêtant qu'en voyant son visage boursouflé. Je me recule pour éviter un autre crachat, rouge cette fois de sa part.
Deux épis partent dans sa direction et s'enroulent autour de son cou. Je me rapproche tout en augmentant la pression. Mon visage colle presque le sien qui tourne au rouge-violacé.


-Je ne vous pardonnerai jamais. J'avais confiance en vous. Vous m'aviez libérée et me voilà votre cible. Passe encore, je peux m'en accommoder. Ce ne sera pas la première fois qu'on attente à ma vie. MAIS MENACER LA RUA ANRIOR ?! JAMAIS !

Mon étreinte se relâche pendant qu'une troisième mèche se plante au milieu de son plexus. Les deux autres viennent se loger juste à côté au niveau des poumons. Je n'avais jamais tué avant ma rencontre avec Joseph. Je ne pensais, et ne voulais, jamais arriver à cette extrémité, tout comme retourner en enfance ne faisait pas partie de mes plans. La vie réserve bien des surprises. La... Ahaha... La vie ? Qu'est-ce que la vie à part survivre ? Sans le Crack, je serais déjà morte. Retourner sa veste est-il une mauvaise chose lorsqu'on ne peut rentrer à la maison ?

-Si je suis vous me voulez comme menace, me voilà. Oubliez la Levy Quinn que vous connaissiez. Oubliez ma place d'As. J'ai une nouvelle famille maintenant... Bwihihihi. Je ne te ferais pas le plaisir de te tuer rapidement... Tu vas te vider de ton sang petit à petit et tu crèveras comme un chien... Je crois que dans un moment comme celui-ci, une petite chanson est de mise ? :

"Il est venu le temps de faire le maaaaaallleuuuuh. De semer le chaaoooos ! J'arriiiive enfin dans le business !!! Alors à moi les gros juteux trésoreuuurs, les berrys à gogo ! Je vais m'en mettre plein les fouilles ! J'ai enfin largué ces putains d'révoooo ! La liberté est à moiii jusqu'à la fin des millénaireeees, Bwhihihihi !!"
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Dépitée, quand le Crack lui annonça qu'elle ne pourrait pas tuer le dernier "invité" restant, la blonde hocha malgré tout la tête. Esquissant un petit salut militaire, portant la main à sa tempe et claquant des talons sur le bois du pont, elle s'éloigna ensuite pour aller donner ses ordres. D'un geste vif, elle réquisitionna un des sbires de Joseph en l'attrapant par le col.

« La fouine, c'est ça ? Mm. Prends trois hommes et suis-moi. »

Elle laissa le temps au bras droit de Joseph de rechercher trois pirates, et prit la direction de sa petite boucherie. En ouvrant la porte, les hommes derrière elle eurent un mouvement de recul. Ils avaient bien entendu les cris, et les supplications, mais ils n'imaginaient pas que ce serait aussi... Rouge. Partout. Un peu dégueulasse aussi. L'un d'eux faillit même trébucher sur un morceau par terre.

« Vous allez nettoyer tout ça pendant que je change le prisonnier de cellule. Je viendrais vous aider après. »

Elle ne regarda même pas si les quatre hommes s'exécutaient. Elle détacha le prisonnier de la table à laquelle il était harnaché, et le força à marcher devant elle. Il essaya bien de s'enfuir, mais la sociopathe avait prévu le coup. D'un geste vif, elle tendit sa jambe et frappa le Révolutionnaire à l'arrière du genou. Il s'effondra, lamentablement, et elle le fit se relever tranquillement avant de reprendre son chemin.

« Encore un coup comme ça et, peu importe les ordres du Capitaine, je te coupe les jambes. Compris ? »

Le ton menaçant de sa voix, et la lueur de colère dans son regard, persuadèrent l'homme de rester raisonnable.

« C'est mieux. »

Ils arrivèrent sans encombre jusqu'à une cellule propre. Tirant une chaise, elle força son prisonnier à s'y asseoir, et se saisit d'une corde pour le ligoter. Elle serra, mais pas trop. Juste assez pour qu'il ne s'enfuit pas. Pour faire bonne mesure, elle attrapa une paire de menotte posée non loin et lui lia les poignets aux montants de la chaise. Elle le scruta encore un moment, avant de se détourner, déçue. D'un pas lent, elle sortit de la pièce. Le son de la voix du Crack lui parvenait, signe qu'il arrivait.

Un peu jalouse de Levy, même si elle savait que c'était pour son bien, l'ancienne gouvernementale retourna dans l'autre cellule, et se mit en devoir d'aider les quatre hommes à tout nettoyer. Ses petites mains saisissaient sans crainte les morceaux épars, et les balançaient dans un seau. Elle nettoya aussi avec précaution les instruments, et les tables de torture, avant de tourner le regard vers le bras droit de Joseph.


« Finissez de nettoyer le sol et les murs. Que ça brille. »

Sans attendre de confirmation, la borgne ressortit avec le seau, et remonta sur le pont. Elle lança à l'eau les déchets de son interrogatoire, et observa un instant les carnivores affamés venir s'en repaître. Sa prunelle d'émeraude ne quitta le spectacle que lorsqu'elle se redressa. Laissant le seau sur le pont, elle partit dans sa cabine pour se nettoyer un peu, histoire de ne pas se retrouver couverte de sang séché impossible à enlever après.

Elle prit son temps, pour se laver. Elle rinçait en même temps ses vêtements, essayant de faire partir l'hémoglobine. Puis elle se changea. Elle trouva un uniforme féminin dans les placards de sa cabine. Ravie, elle enfila alors la jupe noire, le chemisier blanc et la veste de tailleur assortie. C'était un peu grand pour elle, mais avec quelques ajustements, ça pourraient être parfait.

Glissant une ceinture autour de sa taille, pour éviter que le chemisier et la veste ne bâillent, elle finit par sortir de la cabine. Maintenant qu'elle était calmée, que sa jalousie de ne pouvoir tuer elle-même le Révolutionnaire était passée, elle se dirigea d'un pas sautillant vers la cabine où elle avait installé le prisonnier. Quand elle y arriva, la voix de Levy chantonnait gaiement. Avec le regard pétillant de malice, elle se posta dans l'encadrement de la porte, observant le spectacle. Et un sourire en coin naquit sur ses lèvres quand elle remarqua alors le potentiel de leur nouvelle recrue. Avec une joie non dissimulée, la blonde applaudit la fin de la chanson.
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