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Savoir mettre les voiles


En mer du Sud. Le soleil dardait ses rayons sur les marins qui peuplaient le pont du vaisseau. Il faisait chaud et les hommes à bord avaient faim et soif. Mais loin de se lamenter, on relayait à chaque fois les ordres du capitaine dans une mécanique parfaite. On les relayait et on les appliquait et cela même si on était le plus jeune, le plus frêle et le dernier arrivé à bord.  C’était le cas du gamin à la crinière blanchâtre et au teint malade. Se faire une petite place sur cette bicoque n’avait pas été de tout repos. Même pour briquer les planches il a fallu jouer des coudes, car l’ancien qui était à ce poste pas reluisant ne rechignait pas, lui, à faire reluire le pont. A chaque instant et pour chaque tâche les membres de l’équipage était derrière lui. A le pousser, à l’insulter, à le rabaisser sous les yeux du capitaine qui prenait un malin plaisir à assister à toutes ces crasses dont il était très certainement l’instigateur. Il dormait tard et se levait tôt. Il avait mal un peu partout, mais il ne se plaignait jamais.  Il montrait de l’attention à ce qu’on lui disait et s’appliquait à retenir et à refaire ce qu’il avait vu le plus fidèlement possible.

Le jour il faisait chaud et sec, la nuit il faisait froid et humide. Malmené par les hommes, malmené par le temps, il encaissait les coups sans broncher. Les jours défilaient et rien n’était simple ou juste. Comme un cycle sans fin, prit dans une boucle intemporelle, il répétait sans cesse le même ballet de tâches ingrates tout en se faisant grignoté de ci de là par l’équipage. Il appréhendait certains moments, en redoutaient d’autres et échafaudaient parfois quelques stratèges sommaires pour éviter de rencontrer cette personne ou bien celle-ci.  Et puis lui vint alors cette image, celle du vent dans les voiles. Tantôt les malmenant, tantôt les gonflant pour les rendre plus glorieuses que jamais. Ce vent que rien n’arrête, comme la course du temps. Un évènement qui arrive sans prévenir, qu’on ne peut prédire réellement et qui survient aussi surement qu’il s’en va et s’en vient. Lorsqu’il soufflait, on pouvait voir le visage des membres de l’équipage se grimacer comme pour le maudire lorsqu’il leur était défavorable. Mais lui, ça le faisait sourire. Tout comme lui sous leur raillerie, les voilà devenus victime, à subir sans pouvoir réagir et à devoir attendre que ça passe.

Le lendemain, Il redoublait d’effort. Levé bien avant les premières lueurs de l’aube, il avait briqué le pont, astiqué les canons, rangé les fonds de calle, fait le petit déj’ pour toutes les bouches et bricolé sur la coque pour la rafistoler en compagnie du maître charpentier. Jour après jour, on le frappait de moins en moins. Pour certain le bizutage devait cesser, pour d’autres le gamin les aidaient tellement qu’ils le trouvaient à présent bien sympathique. Même l’ancien lui prêtait son balai de bon cœur. Les choses s’arrangeaient pour lui. Certes, ce n’est pas tout rose, mais sa situation ne faisait que s’améliorer. Et puis, sans l’anxiété, sans l’inquiétude constante qui le rongeait, son esprit était davantage à l’écoute. Ouvert et enregistrant les faits du quotidien et les habitudes de chacun. Il dénotait une certaine fraternité entre les membres, de l’animosité chez d’autre et chez chacun se trouvait le doute et la peur sous une épaisse couche d’excitation. En définitive, lui comme les autres empruntaient le même chemin. Un sentier étroit et sinueux vers la gloire, un chemin jalonné par les écueils du doute et  les turpitudes du destin. C’était toutefois là le prix à payer pour accéder à l’inaccessible. Dans un moment paisible et calme, un de ces moments d’introspection bien trop rare, il établissait le bilan de ce qu’il avait fait et de ce qu’il avait vu.

Depuis qu’il était arrivé, on l’avait menacé, crié dessus, jeté par-dessus bord, enfermé à fond de cale, tabassé, arnaqué aux jeux d’hasard, privé de bouffe et dès fois on l’a lui volait même. Cependant il était heureux, car la nuit venu il s’installait sur la proue du bateau et de là il pouvait contempler l’infinité bleue à perte de vue. Le calme et le vide, se sentir n’être qu’un petit rien au milieu de l’océan et savoir aussi qu’un beau jour il sera peut être amené à être un peu plus que ça. Mais en attendant, il devrait continuer à ranger et à astiquer, à se casser le dos en frottant le sol pour qu’il soit plus brillant qu’un Berry.  Les rudiments d’un bon marin en somme et le b.a.-ba : savoir mettre les voiles.
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