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La mort est une journée qui mérite d'être vécue.


La mort est une journée qui mérite d'être vécue. Tropical-desert-island-beach-wallpaper

Les funérailles … des funérailles auxquelles il n’avait aucun droit de se présenter. Il s’y était montré, mais avait rapidement gagné les sous-bois pour revenir à la nature qui faisait tant partie de lui. L’odeur moite des rares forêts d’Alabasta. Du moins forêt … c’était exagéré. Cela sentait le rance, la végétation mais rien de plus. Un endroit à l’abri des regards, un endroit paisible où il pourrait exprimer tous ses doutes envers la nature. Fenyang avait disparu dans les crocs d’un monstre marin. Il était là, il l’avait vu mais il ne pouvait y croire. Il avait simplement empêché Oswald de s’y jeter à son tour. Cela lui rappelait la conversation qu’il avait autrefois eue avec Salem, parlant du poids de cet univers, de ces gens qu’il voulait mener entiers à l’autre bout de Grand Line. Du poids de Drum. Le monstre s’adossa à un cocotier, se frotta l’occiput contre le bois, chassant ces sordides préoccupations pour laisser le soleil d’Alabasta gorger sa peau de lézard. Il huma l’air, ouvrant la bouche pour accueillir à grande goulées les odeurs environnantes. Humus, sable. Embruns. Une nouvelle région, de nouvelles découvertes en sorte. Sauf qu’il avait perdu ce qui pouvait s’approcher d’un ami. S’il pouvait en avoir sur ce navire. Les gens se méfiaient encore trop de lui, et il ne pouvait que les comprendre.

Soudain, une fragrance familière attira son odorat. Quelque chose de connu, de perceptible. Le monstre fronça les arcades sourcilières et feula doucement. Un réflexe sauvage encore un peu trop dominant. Il se releva doucement, croyant à l’arrivée de quelques inconnus et ouvrit la gueule un peu plus largement. Il goûta l’air, dégagea une odeur encore plus forte. Combien donnerait-il pour posséder les sens réel d’un reptile, lui qui ne faisait que leur ressembler vaguement : quitte à être un monstre, autant l’être jusqu’au bout. Il plissa les yeux pour essayer de distinguer quelque chose mais sa vue était trop mauvaise pour dépasser les dix mètres sans un flou gaussien imperméable. Il s’essaya à trouver la direction de cette odeur indescriptible et, abandonnant ses affaires, il s’avança à sa découverte. Au bout de quelques mètres, les choses devenaient de plus en plus puissantes, de plus en plus dominantes. Il enfonça ses griffes dans le sable, renifla bruyamment et remonta la piste.

Une sorte de masse informe gisait sur le sable, main tendue vers la forêt alors que l’eau lui fouettait le corps jusqu’à la taille. Le Soleil d’Alabasta faisait grésiller la chair de cette pauvre chose. Le monstre posa une main dessus, humant son odeur comme s’il s’agissait d’une charogne. Ses griffes se glissèrent sur son cou, palpant un pouls. Un sourire horrible se dessina sur les traits du Docteur qui reconnaissait là un homme à aider. Il l’attrapa sous les bras et le glissa à l’ombre, faisant fi du sable qui s’insinuait dans ses propres yeux. Cela fait, il retourna chercher ses effets et s’empara de sa propre flasque d’alcool qu’il glissa à la bouche du pauvre homme avant de s’arrêter. Mais cette odeur … il ne pouvait se la sortir de la tête. Ainsi s’empara-t-il de ses lunettes et les vissa sur son nez absent. Le pauvre homme avait les cheveux plaqués sur le visage et les lèvres asséchées par la chaleur et l’océan. Malgré la chaleur locale, il tremblait, certainement à cause d’une insolation naissante. Ses vêtements étaient déchirés mais on reconnaissait vaguement l’uniforme d’un homme de la Marine. De même, de nombreuses blessures couraient ses membres.

Ne perdant pas de temps, le médecin se concentra sur les blessures du pauvre homme. C’étaient plutôt ces dernières qui le préoccupaient et son instinct professionnel le cantonna à leur traitement. Ses propres interrogations attendraient. Ainsi remisa-t-il son doute à plus tard, soignant les contusions et les plaies déjà désinfectées par le sel marin. Des blessures béantes, si grandes que seul un monstre colossal aurait pu les causer. Un monstre … marin. Les pupilles de Wallace se dilatèrent, tandis qu’il ouvrait en deux la tunique du naufragé. Il recoiffa ses cheveux, son cœur manqua un battement. Un sourire horrible se dessina sur ses traits. Il … c’était bien lui ! Il était vivant !

« Salem ! Salem ! » mumura-t-il, le forçant à boire à sa flasque.

Le pauvre homme qui respirait à peine se mit à tousser à l’ingestion dudit liquide.

« C’est moi ! Wallace ! » jubila le médecin, rebouchant sa fiole.
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J’étais comme un pauvre nourrisson ou un putain d’oisillon sur le moment : J’avais régurgité une bonne partie du breuvage par la bouche mais aussi par le nez, que m’avait fait boire je sais pas qui. Une sensation bien pénible, mais qui n’était rien à côté de ce que j’avais encaissé. Puis je toussai à plusieurs reprises, avant de battre des paupières plusieurs fois pour rétablir ma vue. Je crois bien que c’est au moment où l’inconnu gueula près de moi que je revins peu à peu à moi-même. Je ne savais pas où j’étais ni ce qui se passait autour de moi. Juste que je ne sentais plusieurs certains membres, en plus d’avoir des frissons plutôt désagréables. Après avoir cligné des yeux maintes fois, je réussis à rétablir partiellement ma vue, avant de distinguer une masse difforme qui s’activait autour de mon corps. Un monstre que je me disais. C’était un putain de monstre ! J’allais me faire bouffer cru, subir des tortures atroces et cette simple idée effrayante me donna la force de faire un relevé carpé sans plus tarder. Malheureusement, mon corps, aussi solide soit-il avait des limites et c’est ainsi que je retombai pathétiquement au sol, non sans une grimace douloureuse. Les nombreuses plaies qui parsemaient mon corps me lançaient horriblement dorénavant !

- « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!! »

Impossible de refouler ce cri d’agonie. Impossible de supporter ces horribles douleurs qui meurtrissaient ma chair. Un homme normal aurait été mort, carrément. Mais je ne me souvenais pas de qui j’étais. Pas encore. Pour l’instant, mon esprit était juste focalisé sur ma souffrance. Alors que je me tortillais comme un poisson hors de l’eau et malgré l’insolation dont j’avais été la victime, j’eus des larmes. De vraies larmes, comme un gosse. Carrément. Même le simple fait de respirer était une grosse torture, c’est vous dire. Et puis, comme si les larmes avaient définitivement nettoyé mes yeux, je cillai une ou deux fois avant de discerner définitivement les traits de celui qui avec moi, à mes côtés. Sa laideur me frappa tellement que j’écarquillai les yeux de terreur. Ce n’était définitivement pas un humain ! Mais alors que j’entrouvris mes lèvres pour hurler une nouvelle fois, aucun son ne sortit de ma bouche. Je redressai partiellement mon torse sous la violente toux qui me secoua, puis je retombai à même le sol avant de convulser dangereusement pendant quelques secondes. C’est à cet instant particulier que tous mes souvenirs me revinrent comme l’effet d’une bombe, d’un coup de poing à la tronche. L’amnésie partielle avait disparu d’un coup !

- « WALLACEEEEEEE ! »


C’est d’une voix sourde et rauque que j’avais pratiquement rugi son nom. Les souvenirs du dragon céleste, du corsaire, de la sirène, du Léviathan endommagé et de ce sale roi des mers que j’avais dû affronter sans épée ni bâton me secouaient vraiment. Du reste, j’eus également une pensée pour le fils que j’avais. Uriko qu’il s’appelait. Et d’un seul coup, je me mis à pleurer. Les blessures et les fractures qui irradièrent mon corps de douleurs n’avaient plus rien à voir avec mes sanglots presque secs. J’avais beau avoir un sens de la justice noble et aigu… Mais je restais humain et je plaçais la famille avant tout. D’autant plus qu’il s’agissait de la chair de ma chair, de mon sang. Je me souvins aussi des quelques jours avant le drame qui avait secoué les Rhino. Cette période où j’avais songé à tout plaquer, à tout recommencer pour chercher mon gosse, pour lui dire la vérité et essayer de rattraper le temps perdu… Dire que j’avais failli perdre la vie pour des futilités… Chienne de vie, vraiment… Alors, sous l’effet de mon traumatisme et d’une colère naissante, j’avais prolongé ma main jusqu’au cou du docteur que je me mis à serrer, non sans une mine grave, les traits serrés et le regard plus déterminé et plus persuasif que jamais. Un tout autre Salem.

- « T-Tu… Tu me ramènes pas au Léviathan, tu as compris ?! TU AS COMPRIS WALLACE ?! C’EST UN ORDRE ! UN PUTAIN D’ORDRE ! SI TU ME RENVOIES LA BAS, JE TE TUE, TU M’ENTENDS ! JE TE TUUUUE ! AAAAAARGHH !!! »


Gueuler de la sorte me demanda trop d’efforts, si bien que je lâchai prise, retombai au sol, avant de perdre conscience. Encore. Tout bêtement.
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