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Pigeon or not pigeon ? [Pv : Shalyne Nelson]

J’aurais pu être princesse. Ou reine même. J’aurais pu être riche ou encore fille de riche, pirate, marine, tueuse en série, combattante tuée au combat, fantôme, Alien. J’aurais pu faire du mal ou fire du bien. Sauver des vies en soignant des gens ou bien les gouverner de façon plus ou moins sage. Me plonger dans la luxure ou encore collectionner les poneys.

Eh bien non ! Je n’étais rien de tout ça et même encore moins que rien de tout ça. J’étais juste une pauvre fille en train d’empailler le pigeon du maire de la petite bourgade paumée dans laquelle j’habitais. Quelle idée de faire empailler des pigeons ! Pour la première fois depuis longtemps je regrettais ma journée. Ce n’était pas trop mon truc de contester le choix de mes parents, même à mon âge. Et pourtant ! Me faire punir pour avoir fait fuir des clients en leur demandant trop cher pour l’empaillage d’un dragon des mers. Namého ! Le dragon et un pigeon ce n’est pas le même combat ! Donc pas le même prix ! Certes il fallait être gentils avec le client mais je n’avais pas spécialement envie de me faire emplumer, comme ce pigeon de mes deux, par le premier client rapiat qui a envie d’un petit souvenir.

En bref, tout ça pour expliquer que c’était l’été, qu’il faisait chaud, que j’avais envie d’être ailleurs sauf ici. Certes, empailler c’était sympa, bien plus que sympa même mais parfois il fallait aussi faire une pause. Je m’épongeais le front en jurant ouvertement. Il n’y avait personne donc bon, on ne pouvait me reprendre pour mon langage.  Je tournais un instant dans la pièce dans laquelle se trouvait énormément d’outils plus ou moins en bon état, quelques morceaux de peau, des yeux de verre, quelques créations pas encore livrées et au milieu de la table : le pigeon. Je le dévisageais ouvertement, lui lançant un regard plus tranchant que le meilleur de mes scalpels. Il ne me rendit strictement rien. Je n’avais pas encore finit la tête. Cette absence de réaction me fis sortir de mes gongs et j’empaquetais rageusement le boa empaillé de la « sorcière » du coin afin d’aller la lui rendre.

Je sorti sans prévenir personne, à grandes enjambées. Marcher me ferais un peu de bien après toute cette frustration face à un pigeon mort. Et, bien évidemment, je rentrais dans quelqu’un. Ou plutôt quelqu’un me rentra dedans, sans dire bonjour ni au revoir en mode « je m’en fous ». Je tombais des nues et le boa tomba sur le sol. Je me redressais avec mécontentement et interpellait la victime qui se trouvait dans mon champ de vision et l’apostrophais de façon agressive :

- Ça va tranquille ? ça ne te pose pas de soucis de rentrer comme ça dans les gens ? Tu sais les yeux c’est pas que pour les pigeons hein !

    La marine d’élite tirait ses effectifs des vétérans marines, mais également de sang frais possédant l’enthousiasme et la détermination nécessaire pour se hisser au rang de marine d’élite. C’est pourquoi tout les sous-officiers, dès leur admission au grade de caporal d’élite, reçoivent un ordre de mission assez particulier : jouer les officiers recruteurs dans son patelin d’origine, le temps d’une permission.

    Le maire de la ville, le vieux moustachu à l’air bedonnant, était resté fidèle à sa réputation. Conciliant et sympathique, il avait été agréablement surpris de voir Shalyne débarquer avec la veste d’apparat et la mouette accolée, elle, la fille toujours calme et en retrait. Annonçant l’interruption exceptionnelle de l’école ce jour là, il permit à Nelson de toucher la plus grande partie des gens de la ville, ainsi que les badauds et jeunes gens désoeuvrés qui passaient là. Au programmes, exercices, et récits de batailles. La représentation fut un succès, et tous prirent un prospectus. A défaut de renflouer le nombre d’engagés, elle avait augmenté la popularité de l’institution, ce qui était déjà pas mal.

    Elle reconnut certains visages de l’assistance, mais savait que ses parents n’étaient probablement pas présents ; vivant en retrait du village, ils n’avaient probablement pas été au courant de l’évènement spécial. Tant mieux, pensa-t-elle, elle préférait les voir le soir, le temps d’un café, avant de repartir. Le moins de temps elle passait chez eux, le mieux c’était. Les rencontres étaient particulièrement froides, le poids de la coupure de 5 ans qu’elle avait imposé du fait de sa dépression trônant comme une épée de Damoclès à chaque réunion familiale.

    Et alors qu’elle broyait ces tristes pensées, elle avait chargé sur la jeune femme accablée de bizarreries et de préoccupations, sans même la voir. Tombant à terre, elle entendit les élucubrations de la passante.

    « C’est pas votre jour, à vous, j’ai l’impression. »
    , grogna-t-elle en se relevant.

    Elle aperçut alors le pigeon et le boa, immobiles...Empaillés.

    Son cerveau fit tilt.

    « Mauer ? »


    Complètement relevée, la frimousse de la simili rouquine confirma son intuition. Eh ben... Pour une rencontre, c’était une rencontre ! Anael... ça remontait à pas possible.
    Anael Mauer, du moins avant qu’elle ne s’engage à la marine, était tout ce que Shalyne avait rêvé d’être. Intelligente et amusante, elle avait un esprit indépendant et particulièrement fort... Et ses yeux marron pétillant de fureur renfermaient toujours cette même flamme qu’il y a cinq ans, avant son départ au service de la mouette bleue. A l’époque, Shalyne était plutôt du type timide et renfermé.

    « Ca faisait sacrément longtemps... Et pourtant, t’as presque pas changé ! »
    fit-elle, heureuse de faire une telle rencontre. Beaucoup des amies de Shalyne avaient finies mariées, quittant la campagne pour les grandes villes ou d'autres îles. « Et euh... Désolé pour le bordel, je vais t’aider à ramasser... Ca va toi, sinon ? Qu’est ce que tu deviens ? T'as toujours la forme, à ce que je vois !»
    Spoiler: