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Le brigand !





Briefing et mise en marche.


-Mon Sous-Lieutenant ! Le Commandant vous demande dans son bureau. Je crois qu’il a une mission à vous confier, en tout cas il a dit qu’il ne voulait confier cela à personne d’autre !

-Merci Sergent.

Cela faisait maintenant plus de deux ans que j’étais affecté à la base de North Blue. En ma capacité de Sous-Lieutenant, on ne m’avait confié que des petites missions sans réel intérêt. Il m’était déjà arrivé quelques fois de partir pour des petites îles alentours afin de vérifier le bon fonctionnement des choses, mais rien de très alléchant. Pourtant, j’avais entendu dire que le crime avait légèrement augmenté ces derniers mois à North Blue, mais la Marine n’avait pas l’air d’envoyer plus d’hommes pour la combattre. Je ne savais pas pourquoi. Mais restons  tout de même honnêtes, nous n’étions pas dans la zone la plus dangereuse du globe, bien au contraire. Nous recevions plusieurs demandes d’interventions par jour, mais en général, le déplacement n’était pas nécessaire. En ce qui concerne les pirates qui sévissaient dans la région ? Même quand il fallait se déplacer pour livrer bataille, mon unité était rarement sollicitée… excepté pour  certains conseils. Malgré le fait que j’étais monté en grade, il était toujours difficile de montrer ma valeur, tout le monde se contentant simplement d’obéir aux ordres stupides d’un supérieur trop égocentrique. La zone était calme, certes, mais quand elle ne l’était pas, nous essuyions toujours plusieurs pertes, souvent dues à des actions totalement stupides et non réfléchies.

M’avançant dans la base en direction de mon supérieur, je ne manquais pas de saluer les personnes sur mon chemin, même celles que je ne connaissais qu’à peine. Devant le bureau, je tapotai légèrement mon veston, puis m’engagea d’un pas ferme et déterminé. Le Commandant m’attendait avec un plan déployé face à lui.

-Bonjour Sous-Lieutenant, prenez place s’il vous plait. Je sais que ce n’est pas votre genre de mission, et je sais aussi que c’est une première pour vous, mais nous n’avons personne d’autre sous la main en ce moment. Personnellement, je pense que vous êtes prêt depuis déjà belles lurettes, c’est pourquoi je vous ai choisi. Ecoutez. D’après nos sources, il y a actuellement, à Manshon, un criminel que nous recherchons depuis quelques temps, voici sa photo, nous n’avons actuellement pas connaissance de son nom réel. Il n’est pas très dangereux, mais aime bien d’amuser à toucher à ce qui ne le regarde pas. Nous l’avons surpris, à plusieurs reprises, à espionner et à écouter les conversations de la Marine, chose que nous ne pouvons tolérer, il en va de soi. J’aimerais donc que vous vous rendiez sur place, que vous le trouviez et que vous me rameniez ses fesses ici que je puisse les lui botter moi-même ! A priori il n’est pas violent, mais l’espionnage reste un crime lourd et passible d’une belle sanction, cela reste donc une affaire importante pour nous.

-Très bien.

-Oh, et, Sous-Lieutenant. Vous devriez faire vite, d’après nos sources, ce pirate s’amuse à aller de ville en ville, et ne sera plus sur place d’ici deux jours. C’est donc le temps que vous avez pour mettre la main dessus.

-Très bien.

-Ce sera tout, vous pouvez disposer. Bonne chance.

Sans aucune réponse à ces dernières paroles, je fis demi-tour en direction de mes sections. A ce moment, j’avais sous mon commandement cinquante soldats, cinquante Marines. Ce qui était plus que nécessaire pour capturer un délinquant de ce genre. Même si cela m’insupportait plus qu’autre chose, je me devais de mener à bien cette mission. Pourquoi m’envoyer pour la capture d’une petite frappe comme lui ? Je ne comprenais pas. D’un autre côté, voilà qui était l’occasion de montrer qu’il m’était aisé de me débrouiller et de mener à bien des missions en employant simplement ma propre section d’hommes.





    Arrivée à Manshon.


    Au moment où j’ai posé le pied à terre à Manshon, je savais déjà exactement comment procéder. Tout d’abord, je devais rester concentré sur ma mission, le reste n’étant que futilité. Je n’avais ni le temps, ni l’envie, ni la permission de mettre mon nez là où il ne fallait pas. Tout ce que je pouvais voir de suspect, il me suffisait de l’ignorer et de continuer ma route. Je savais très bien que cette ville était propice aux trafics en tous genres, armes, drogue, argent, mais je savais aussi que je n’avais pas beaucoup d’hommes, et que la Marine présente sur place l’était déjà pour quelque chose.

    Le trajet m’avait permis de prendre du temps de réflexion afin de trouver le plus rapidement possible notre homme. Nous n’avions pas son nom, mais nous avions sa description et nous savions exactement à quoi il pouvait ressembler. Nous savions qu’il s’amusait à espionner les conversations de la Marine, donc il devait avoir le matériel adéquat pour le faire. De plus, il était du genre à utiliser les différentes villes comme points de chute et s’en servir comme de bases pour son trafic d’espionnage. Nous avions également connaissance de certaines de ses intentions, à savoir revendre les informations aux pirates et autres plu offrants. En procédant par élimination, nous pouvions rejeter l’hypothèse qu’il se cache dans une taverne ou autre lieu publique. De plus, la ville étant ce qu’elle est, je doute que ce genre d’individu fasse équipe avec l’une ou l’autre mafia locale. Enfin, il m’était immédiatement possible d’éliminer les habitations. De ce fait, mon mouvement le plus logique était de me concentrer sur les chambres d’hôtel et autres points de chutes rapides. Ajoutant les hôtels du centre-ville en bas de liste, je pu établir un périmètre de recherche assez petit, comparé à la taille de la ville.

    -Mon Sous-Lieutenant, la ville est grande, comment allons-nous faire pour le retrouver ? On ne peut pas couvrir toute la surface, et il vaut mieux éviter  et ne pas créer d’histoire avec la mafia ici… Ou allons-nous chercher ?

    « C’est un dans hôtel que se trouve la réponse
    Une évacuation rapide, dans l’ombre il s’enfonce.
    Près du bord de mer, terré dans l’obscurité
    C’est en étant discrets, que vous le trouverez.

    Chaque unité se doit d’être ainsi mobilisée
    Aux extrémités de la ville, afin de l’encercler.
    Placez-vous et attendez les instructions
    C’est en simultané que nous agirons. »


    Sur ces ordres, mes hommes se dissipèrent. Même s’ils ne donnaient en général pas leur avis et se contentaient de suivre les ordres, la plupart étaient d’accord avec la solution proposée. Je savais qu’il ne m’était pas possible de couvrir l’ensemble de l’île, et qu’au moment où j’agirai l’information pouvait très vite se répandre, mais c’était le choix le plus judicieux que j’avais sous la main. Pour éviter le risque que notre homme puisse s’échapper, je me devais d’avoir raison.





      Mission accomplie.


      Nous étions tous en place, aux quatre coins de la ville. Un simple moyen de communiquer pour nous permettre d’agir simultanément était de mise. Au signal donné, nous pouvions agir. Je mis le premier pas dans un bâtiment plutôt bien entretenu sans pour autant être bien récent. Un style propre, sobre mais distingué. Le hall était plutôt petit, un grand miroir ornait le mur sur notre gauche, des escaliers étaient accolés au mur de droite. Face à nous, un comptoir. Au sol, un tapis rouge recouvrait l’ensemble de la pièce, un lustre trônait au plafond. Un homme se trouvait derrière le comptoir, vêtu tout de noir, d’une chemise blanche ainsi que d’une cravate, noire elle aussi. M’approchant lentement de lui, je me contentai de poser la photo sous ses yeux. Deux hommes étaient entrés avec moi, l’un d’eux prit la parole, comme pour me seconder.

      -Bonjour, avez-vous vu cet homme ? Nous pensons qu’il pourrait bien séjourner dans votre hôtel, peut être depuis deux ou trois jours. C’est un criminel recherché par la Marine, votre aide sera donc bien entendu récompensée.

      Le vieil homme prit la photo  en  main, prit soin de mettre ses lunettes sur le nez, et l’observa pendant quelques longues secondes.

      -Hmmm… je suis désolé, mais je ne crois pas l’avoir vu ici. Laissez-moi réfléchir une seconde…

      A peine sa phrase fut-elle terminée que l’un de mes hommes entra brusquement dans le hall, visiblement pris d’une certaine panique. Je dirais plutôt qu’il était hâteur.

      -Mon Sous-Lieutenant, nous avons repéré l’homme recherché !

      Mon regard se tourna vers le Marine, je ne prêtais déjà plus aucun attention à l’endroit présent. M’approchant de lui de quelques pas, j’attendais la suite de son récit.

      -Vous aviez raison Sous-Lieutenant ! Il n’est qu’à quelques rues d’ici, il a payé une chambre pour quelques jours seulement. Nous ne l’avons pas encore arrêté, mais nous avons la confirmation qu’il se trouve toujours ici.

      -En route.

      A peine sorti du bâtiment que je suivais les pas de mon subordonné. En moins de quelques minutes, je me retrouvais donc devant le bâtiment en question, il me suffisait alors d’entrer. Trois hommes étaient présents, prêts à monter les marches menant à la chambre de notre cible. Escaladant lentement les marches une à unes, je ne manquais pas d’observer la moindre chose qui m’entourait.  Arrivé devant sa porte, je fis halte, ordonnant de la main que personne ne s’avance devant moi.

      Analyse de la situation. Porte fermée visiblement à l’aide d’une clé. Légère ombre sous celle-ci en contrejour, chaise bloquant l’entrée de l’autre côté. Poignée propre, montant également. Très fine trace de pas sur l’encadrement inférieur de la porte, laissée par une poudre noire, probablement quelque chose d’explosif, peut-être pour détourner l’attention. Très légère brise venant du pas de porte, son de cloche perceptible, la fenêtre était ouverte donnant accès sur la ruelle arrière. Conclusion : Entrée difficile par la porte probablement piégée, le criminel aurait tout le temps nécessaire pour s’enfuir par la fenêtre sans que l’on puisse mettre la main dessus. Résultat, défaite cuisante pour la Marine et pour moi-même.

      « Dans la mauvaise voie, nous nous sommes engagé
      Comme dans un épais filet, nous avons été guidé
      Par la fenêtre de derrière il compte trouver la liberté
      Attrapez le avant qu’il puisse nous échapper.

      Depuis l’intérieur je saurais suivre ses pas
      Dépêchez-vous, ou nous subirons pertes et fracas
      Ce n’est pas en ce jour que cet homme m’échappera.»


      Les hommes se mirent à faire demi-tour afin de se diriger dans la rue de derrière. Il valait mieux espérer que notre cible ne se soit pas encore enfuie. D’un pas ferme et élance, je fis face à la porte d’à côté. Je n’avais nulle autorité directe pour m’y introduire, mais l’enjeu était des plus importants pour moi. La poignée entre mes doigts, j’entrepris d’ouvrir la porte. La pièce était vide, personne n’y séjournait, une chance. Me dirigeant vers la fenêtre et passant le buste en dehors, j’aperçu notre espion en train de descendre le long du mur. Il était encore là, il était à ma portée. M’agrippant  au rebord, je sorti du bâtiment pour me jeter yeux fermés sur l’homme en face de moi, lui attrapant ainsi la jambe, le faisant chuter avec moi…

      Je repris connaissance quelques secondes après seulement. Mes hommes m’avaient rejoint et avaient fait prisonnier notre cible tout en lui faisant part de son discours de bienvenue parmi nous. Dans un long soupir de soulagement, je me remis sur mes pieds, prêt à quitter cette île. Je n’avais pas la moindre envie de me faire remarquer maintenant.