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Laura jambe de bois - Partie 2





Manshon.


Nous étions arrivés à Manshon, au port. Un temps dégagé, un ciel clair et limpide. La traversée avait été des plus faciles, aucun obstacle ne s’est présenté sur notre route. Durant le voyage, je n’arrivais pas à me concentrer sur autre chose que ce criminel. Je savais qu’il me fallait l’arrêter au plus vite, mais je doutais de ma réussite. Il faut dire qu’à mon dernier passage par ici, je n’avais pas réellement brillé. Cette fois, il devait en être autrement, je n’avais guère le choix si je voulais grimper dans les échelons de la Marine. Une fois cet homme arrêté, il ne faisait nul doute que je serais promu. Mai pour cela, je devais garantir un franc succès. Aucune erreur ne me serait tolérée.

Mais… Pourquoi Manshon ? Je ne comprenais pas cette manœuvre. Certes il avait réussi et s’en était sorti, mais cela ne correspondait que moyennement à sa façon de procéder. Pourquoi choisir une ville peuplée de quinze mille habitants et régie par la Mafia ? Manshon se trouve être le bastion de le plus importante mafia des Blues, centre de toutes les transactions criminelles possibles. Pourquoi s’attaquer à une telle ville, alors que le risque de voir les choses mal tourner n’est tout de même pas inexistant ? Il aurait potentiellement pu voler quelque chose appartenant aux Sept Familles ou aux Tempiesta. Bref, prendre des risque ne lui ressemblait pas, et pourtant c’est bel et bien ce qu’il venait de faire. La seule conclusion possible ; il était en train de prendre confiance en lui. Il visait de plus en plus gros, confiant et certains dans l’assurance de ses capacités. Un atout pour lui, ou pour nous ? Telle était la question que je me posais.

-Bonjour Lieutenant, nous vous attendions !

« Bonjour. »

-J’ai été prévenu de votre arrivée, c’est donc moi qui suis chargé de vous guider jusqu’au lieu du crime. Si vous voulez bien me suivre, ce ne sera pas long.

« … »

« Je vous suis. »


-Vous savez, c’est un malin, celui-là. Il a commis son crime assez proche du port sans l’être de trop. C’est une zone où il n’y a pas grand monde, donc il est plus difficile de la surveiller. En général, les forces de l’ordre ne viennent pas, ici.

« … »

-En tout cas, il n’y a pas été de main morte. Une véritable boucherie, un carnage. Si vous n’aimez pas la vue du sang, je vous conseille de ne pas entrer. Je ne sais vraiment pas comment il a fait pour commettre un meurtre comme celui-là et repartir gentiment.

« … »

Nous arrivâmes sur place. Une maison accolée, relativement grande. Enfin, haute, surtout. Effectivement, personne aux alentours. La zone était fermée, outre les habitants des maisons accostées, personne n’avait le droit de pénétrer sur les lieux. En examinant l’extérieur, rien n’était à signaler, aucune trace, aucun indice, rien. Ce genre d’individu devait avoir l’habitude d’éviter les traces extérieures, il savait comment procéder.

« Rentrons. »





    Énigme.


    L’intérieur de la maison était en contradiction totale avec son extérieur. Ici, il n’avait cherché à cacher aucune trace, aucune preuve, bien au contraire. Tout avait l’air d’être exposé comme une œuvre d’art, de façon judicieuse et mise en scène. Que penser de cela ? Nul doute possible, il s’agissait d’un véritable psychopathe. A première vue, trois corps. Un homme, disposé membres écartés sur la table à manger, une femme, allongé judicieusement sur le canapé de la même pièce ainsi qu’un enfant, assis en tailleur dans un coin de la pièce, tenant contre le mur. Etait-ce là une mise en scène d’une vie de famille ? Un père à table, une mère faisant la sieste, un enfant puni ? Etrange. Pourquoi avoir choisi une telle disposition ? Y avait-il un message caché derrière tout cela ? Une énigme ? Nos rapports ne mentionnaient nullement cette façon de jouer avec ses victimes… était-ce vraiment lui ? Je n’avais plus aucune certitude. Il n’y avait aucune autre singularité entre les corps, si ce n’était un détail. La mère avait les bras pointés vers le sud, le père et la table du salon étaient également tournés vers le sud, et les bras du garçon pendaient dans son dos, vers le sud. Devais-je y voir un indice caché ? Le sud serait donc sa prochaine destination ? Non, ce serait bien trop facile, cela ne se pouvait.

    -Vous voyez quelque chose, Lieutenant ? Je… j’ai un peu de mal à regarder cette scène dégoûtante, je suis désolée… Si je regarde, je ne pourrais pas… je ne pourrais…

    « Nulle inquiétude. »

    -…

    « Redescendez. »

    -Vous êtes sûr … ?

    « Oui. »

    -Mer…merci, Lieutenant.

    Il me fallait examiner les lieux avec plus de précision. Observer les corps ne suffisait pas, et je le savais. Je m’approchais, scrutant minutieusement chacune des victimes avec attention. Il me fallait me concentrer d’avantage pour tirer pleinement profit de la situation. Se concentrer dans cette unique pièce, lui ou tout était réuni, lieu où toutes les réponses seraient alors données.

    Analyse des lieux : Trois corps, inanimés. Pièce tachée de sang sur le sol, les murs, les objets. Cheveux du garçon en bataille, chemise de la femme déboutonnée, bleu sur l’œil gauche, gorge tranchée. L’homme pieds nus, mal rasé. Les deux autres sont en chaussons, impeccablement enfilés. Chaussons du père en face de la mère, devant le canapé. Pièce en désordre, tiroirs sortis, renversés. Aucun objet manquant, tout avait l’air d’être là, rien n’était pillé, peut-être simplement de l’argent. Tapis déplacé, table également. Aucune trace de pas, de doigt. Chaises à terre, meubles toujours en place, fauteuils également. Conclusion : certains objets ont été intentionnellement déplacés et dans le cas contraire, d’autre ont été laissé à leur place d’origine, irréprochablement positionnés.

    « … »

    Que faire, que chercher. Plusieurs options s’offraient à moi, il me fallait réfléchir judicieusement. Ma première piste, ma première intuition se focalisait sur les chaussons. Pourquoi enfiler proprement ceux de la femme et de l’enfant tout en laissant ceux de l’homme rangés sous le canapé ? Étrangement simpliste, comme façon de faire. M’avançant en direction du canapé, je ramassai les chaussons, eux aussi tâchés de sang. Après une brève analyse, j’en sorti un morceau de papier, ressemblant à une lettre écrire à la main. Le dépliant alors, je commençai à la lire. Première impression : elle venait bel et bien de notre homme, elle venait bel et bien de Laura Jambe de Bois.







      Chevaliers et hommes.


      Laura Jambe de Bois a écrit:Très chère officier de la Marine. Si tu lis cette lettre, c’est que tu es un poil plus intelligent que ce que j’avais prévu. Heureusement, j’ai décidé de la laisser à vue. Remercie-moi. Nous allons jouer, tous les deux. Si tu parviens à répondre correctement à cette énigme, alors tu sauras ou me trouver. La réponse à ces lignes se trouve être l’endroit de mon prochain crime. Bonne chance, camarade.

      « Bois et jambe ne font qu’un au rythme sanglant d’un tamtam,
      On ne sait combien taper pour découvrir quel son il retentira.
      Regardant la douce lune depuis les contrées du vaste horizon,
      Enfant égaré ne souhaite que de retrouver ses doux chaussons.
      A cheval les huit lanceurs d’épées ne peuvent perdre ce match,
      Loin de tout, perdus, emprisonnés comme dans un grand zoo.
      Au-devant du danger ces guerriers finiront tous en cette prison,
      Valorisant leur fierté, ignorant donc en eux le moindre sentiment.
      A la lumière du jour ces chevaliers murmureront dans cet écho,
      Livrant donc seule cette dernière bataille en ce jour du renouveau.
      Les dix chevaliers n’auront pour distraction que de boire ce tokaj,
      Isolés des îles célestes, ou les infinis combattants se battent en duo.
      Encore et toujours, ne portant que le dernier mot en cet adieu.
      Récurrents sont les personnages qu’ici vous avez pu rencontrer,
      Essayez donc de trouver le nombre de ces valeureux chevaliers. »






        Prochaine destination.


        Hm. Que voulaient dire ces mots ? Des phrases en désaccords les unes avec les autres, aucune ligne de conduite propre, le tout n’avait aucun sens. Combien de chevaliers ont été mentionnés dans l’énigme ? Etait-ce là la réelle question de tout ça ? Les chevaliers… est-ce que les combattants, les hommes, sont inclus dans ce nombre ? Huit lanceurs d’épées, dix chevaliers… les infinis combattants.

        Dix chevaliers… Le nombre dix.
        Huit lanceurs d’épées plus dix chevaliers… le nombre dix-huit.
        Dix, dix-huit et l’infini.

        Que faire avec ces nombres ? Réfléchissons. Des coordonnées ? Impossible, cela n’aurait aucun sens. Une retranscription écrire ? Cela n’aurait guère plus de sens, il n’y en avait pas assez pour trouver un mot associé. Et l’infini… l’infini, n’est-ce pas un nombre ? Bon sang ! Cette énigme n’a ni queue ni tête ! Ni queue ni tête… Attendez une seconde… La tête, en tête. Une idée me parvint à l’esprit, je me devais de relire la lettre avec attention.

        En tête… première lettre de chaque tête de phrase. Essayons. B.O.R.E.A.L.A.V.A.L.L.I.E.R.E. Boréa, Lavallière. J’avais trouvé la réponse. Si l’énigme n’avait aucun sens, c’est tout simplement parce qu’elle n’avait aucun sens… Des mots, les uns derrière les autres dans le simple but de former ces deux mots. Ingénieux, mais beaucoup trop facile. Je suppose que la confiance lui était chose en trop grande quantité, pensant que personne ne se rendrait compte de ce détail beaucoup trop voyant… presque logique. Quoiqu’il en fût, nous avions sa nouvelle destination, et donc son prochain crime. Nous savions ou le trouver, et nous pouvions à présent lui tomber dessus avant qu’il ne puisse s’échapper à nouveau.

        -Vous avez trouvé, Lieutenant ?

        « A Boréa sa prochaine destination se trouve,
        Prêtez attention aux lettres première du récit
        A Lavallière sa vile présence donc se prouve
        Traquons le, et ce sans le moindre merci. »


        -Bien trouvé, Lieutenant ! Allons-y ! Je vais prévenir les hommes de notre départ … ! N’oubliez pas de remercier l’aide que nous avons obtenue.

        « Oui. »

        Après avoir remercié les forces de l’ordre sur place, je pris la direction de mon navire aux côté de ma seconde, excitée à l’idée de mener à bien cette importante mission.

        -Allons l’attraper, cet enfoiré ! Il ne pourra pas nous échapper, cette fois. Il nous faut faire vite et naviguer comme jamais pour espérer arrivant avant qu’il ne commette un autre crime !

        « Allons-y. »