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[FB - Solo] - Le vrai visage du "Voleur de Foudres"


C’est le soir, le temps est sombre et pluvieux. L’île où je viens de débarquer est minuscule. Y’a plus qu’une personne de vivante dans les environs et elle est en face de moi. Je reconnais sa tête, c’est celui d’un ami. Ral Zarek, le « Voleur de Foudres » qu’il s’appelle. C’est le premier type sympa que j’ai rencontré quand j’ai quitté mon pays. L’est pas tout jeune, mais je l’admire. Il a des cheveux argentés et je peux voir dans son regard les nombreuses années qu’il a passé, riche en expérience. Un bon gars. Il va peut-être pouvoir m’aider dans mon enquête. J’ai laissé mes hommes en retrait pour pouvoir parler sur la plage seul à seul avec mon ami. Ce dernier est vêtu de bleu et de rouge. Il porte une sorte de tunique et un sarouel. Il laisse un foulard s’entourer à sa taille. Son visage lui donne un air grave. Sans doute à cause de l’incendie au loin. Derrière lui, les maisons brûlent et tout semble étrange. C’est pas beau à voir, c’est sinistre. J’ai l’impression qu’il est pas ravi de me retrouver. Ça fait genre deux ans qu’on s’est pas vu, il devrait être content. Moi, je le suis même si je l’affiche pas à cause de la situation. Bon, vrai que les circonstances auraient pu être mieux pour des retrouvailles, mais quand même.

Salut, Zarek. Ça fait un bail, hein? Dois-je trouve étrange de te voir ici ou c’est plutôt bon signe?

Comme à son habitude, son air patibulaire m’empêche de savoir ce qu’il pense. Moi, ça me gêne. Il met toujours trois plombs avant de parler comme s’il cherchait les bons mots.

Est-ce étrange de voir deux amis se retrouver? Moi aussi, je suis content de te voir. Mais dis-moi, Baal, où est passé le jeune homme antimilitariste qui rêvait de vivre sa propre aventure?
Je crois que je l’ai laissé loin derrière moi en même temps que je suis devenu cyborg… Tu sais, j’ai failli crever ce jour-là. Le vaisseau où on s’est rencontré, il a explosé peu de temps après que tu sois parti. Tu as bien de la chance.
Un homme comme toi ne pouvait que survivre. Je suis content de te voir devant moi.

J’aurais bien voulu papoter davantage, mais je suis en mission. Je dois retrouver des éventuels survivants et enquêter si possible sur ce drame. Un accident d’usine? Un cataclysme naturel? Une attaque? On m’avait signalé que la présence d'un individu lors du drame. Il doit être loin maintenant... La gorge serré, je vais droit au but.

Tu sais ce qu’est devenue la troupe du Lieutenant Calhugan? Elle était en train de combattre un pirate quand la ville commença à brûler.
Tu parles de celle qui avait un Fruit du Démon du type Zoan?

Je fronce les sourcils, l’air inquiet et étonné qu'il en sache autant sur le Lieutenant. J'espère qu'elle est toujours en vie. Anne est une amie que j'affectionne énormément. Je sais qu'elle exploite jamais la puissance de son Zoan, elle est terriblement mal à l'aise avec cette merde. En plus, l'animal qu'elle incarne sous sa forme hybride est complètement débile. À chier. Elle se débrouille mieux sans cette connerie,  quoi. Du coup, je crains le pire du pire. Des gouttes me perlent sur le front et je crois pas que c’est à cause de la chaleur de l’incendie. C’est une sueur froide. J’avale alors ma salive et je vais pour demander plus de précisions, mais Zarek me sort un Fruit et me le montre.

Ah, mais j'y pense! J’ai récupéré cela très récemment sur un arbre que le feu n’a pas encore ravagé.

J’ai la gorge noué. Je sens qu’instinctivement je serre mes doigts dans mon poing. Mon ami semble indifférent, tout est normal pour lui. Faut dire qu’il a une drôle notion de la vie. Alors voir des gens crever, ça lui fait ni chaud ni froid. Même si je l’aime bien, j’adhère pas à cent pour cent à tous ses principes. J’arrive pas à le cerner, et ça, depuis le début. Maintenant, je doute. Je crois pas qu’il est du genre à faire ce que je pense. C’est impossible! L’homme que j’ai connu est un type bien.

Tu mens!
Et si je dis que ton amie est encore en vie, tu me croirais ou tu me traiterais de menteur? Il y a une forêt près du village, il va bientôt prendre feu si personne n’éteint l’incendie. J’ai récupéré ce Fruit là-bas juste à temps. Pense ce que tu veux, mais tu sais parfaitement ce que je pense des Fruits du Démon. On en a déjà parlé, tu t'en souviens? Puis, ce n'est pas parce que je te montre ce Fruit qu'il s'agisse du Zoan de ton Lieutenant.

Je sais pas quoi faire. Mes yeux décroisent le regard de Zarek et se posent partout. J’ose plus voir les siens.

Hum. T’as croisé aucun villageois? Tu peux rien me dire sur ce qu’il s’est passé?
J’ai croisé quelques habitants avant que le feu se déclare, oui. C’est la foudre qui a sinistré cet endroit.
Et t’as rien fait pour porter secours à quelqu'un?
Désolé, mais la survie des citoyens n’était pas ma priorité. Je tiens à la vie. Je n’ai pas le même sens du devoir que toi. Je te le rappelle, je ne suis pas Marine…
Et tu peux me dire quoi sur le pirate que le Lieutenant traquait?

Zarek se met à réfléchir juste trois secondes. En tout cas, c’est l’impression que ça donne.

Hum, les soldats ont commencé à poursuivre ce type, mais quand la foudre s’est abattue, ils ont cherché à aider la population. Et le lieutenant s’est farouchement bien combattue contre le gars, mais les événements l’ont vite dépassé.

Je baisse les yeux. Je sais plus quoi penser. Je réfléchi à mon tour. Tout ceci peut être vrai. Le truc, c’est que c’est dit avec peu d’émotions. D'un coup, j’ai un éclair de génie qui me traverse l’esprit, mais j’espère me tromper.

Et j’imagine que t’as pas croisé ce pirate, non?
Non, du tout.

Je commence à cerner Zarek, à comprendre son mécanisme complexe. Il est d’un calme extraordinaire et il est même pas énervé de subir mon interrogatoire. Ou il est même pas pressé qu’on en finisse. Vrai qu’il a le don de la patience et je l’admire pour ça. Mais ce soir, Zarek vient de baisser dans mon estime. Moi qui le respectais comme un enfant qui aimait son père, me voilà obligé de faire mon devoir. J’aimerais croire que tout ceci est qu’une stupide farce, mais maintenant, j’ai plus de doute. Le "Voleur de Foudres" me ment comme il l’a souvent fait. Ou toujours. Qu’importe en faite, je l’ai percé à jour. En réalité, Zarek dit toujours la vérité, mais la façon dont il apporte les choses ou les tournures de phrases qu’il adopte lui permettent de jamais révéler les véritables faits. Il s’arrange pour entendre ce qu’on veut entendre. Évidemment, il pouvait pas se croiser lui-même. Évidemment, le feu s’est déclaré à cause de la foudre, mais à cause de SA foudre.

Tu as tué mon amie, hein? Avoue-le!

Zarek garde son calme même dans une pareille situation. Il me regarde. Impossible de savoir ce qu’il pense dans sa tête à ce moment-là. Un silence s’installe durant quelques secondes, puis, finalement il crache le morceau. Du moins, d’une certaine manière. Il répond toujours par une question. Je pense qu’il sait que quoi qu’il dise, l’issu reste la même. Étrangement, pour la première fois de ma vie, je vois Zarek sourire.

Maintenant que tu sais, tu vas m’arrêter? Toi, mon ami?

En entendant ses paroles, j’avale ma salive, le regard noir et les membres crispés. Mon ami? Comment il peut prétendre d’être encore pote après ce qu’il a fait?!

Mon ami?!
Attention, Baal. N’oublie jamais mon enseignement. Ton manque de sang-froid risque de te courir à ta perte.
Tu me menace, en plus? Je vais te le faire payer!!

Zarek ferme les yeux pendant une seconde. Il souffle un coup. Il est toujours calme, ce qui m’énerve.

Tu sais, Baal. Je t’aime bien. Beaucoup, même. Ne me force pas à lever la main sur toi, tu vas le regretter. Toi et tes soldats, vous n’êtes pas de taille à m’affronter. Tu as vu le résultat avec le dernier groupe?

Le mot de trop. Tant pis pour les règles qu’on doit adopter lors d’une arrestation, je vais le baffer et basta. C’en est assez! Je lève brusquement en arrière Sombracier, mon bras mécanique, et je frappe de toute mes forces. Les mains de mon adversaire bloquent l’attaque, une onde de choc se créer. Personne tombe à la renverse. Derrière moi, mes hommes se ramènent à la hâte en voyant que j’ai commencé les hostilités. Ils braquent les fusils.

▬ Tenez bon, Sergent!
▬ Il va voir ce chien, il va payer!

Zarek me dévisage.

Sergent, hein? Comment tu as fait pour prendre du galon avec ton impatience? Bravo, l’ami.
M’appelle plus comme ça! On est plus des amis!!

Et il trouve le luxe de me narguer… On ressent dans ma voix de la tristesse, je sens des larmes se glisser sur mes joues. Ça me fait chier. Je me retrouve à combattre un homme que je respectais. Je sais plus où j’en suis et je suis pas sûr de tenir à cause de mes émotions. Mes hommes tirent une salve sans attendre un mot de ma part car ils voient que je suis en difficulté.

Soru!!

D'un coup, Zarek disparaît et réapparaît face à ma troupe. J’ai rien pigé à ce qu’il vient de se passer. Il a esquivé les balles. Il prend alors son appareil en main et s’apprête à l’utiliser. Je connais sa machine, je l’ai déjà vu faire sur des piafs quand on était à Skypeia. Je suis désespéré.

Fuyez! Le combattez pas, il va tous vous tuer sans hésiter!!

J’ai même pas terminé ma phrase qu’il délivre le jus sur mes hommes. Un flash bleuté illumine la baie pendant un instant. Ma vision est trouble. Sans doute à cause de l’angoisse. La pluie continue de pleurer. Oups, lapsus. C’est moi qui chiale. Les gouttes me coulent sur le visage et sur mon corps d’acier.

Noooooonnnnnnn!!!!

Le pirate se soucie pas de moi et continue le massacre. Mes soldats sont dépassés et tombent tous par paquet de dix sur le sable humide, la peau calcinée. Je m’élance alors vers le criminel, mon canon chargé et prêt à frapper d’une puissante torgnole. Dans m’a course, j’active mon système de duplicateur de forces. Alors que j’allais le toucher de plein fouet, le vieil homme esquive. Il vient juste de finir avec mes Marines. Comment il a fait pour éviter ça alors que je l’attaquais de dos? Je suis énervé, déboussolé et exaspéré. Il me frappe d’un puissant coup qui me propulse en arrière. Je tire un boulet de canon à l'aveuglette pendant que je tombe en arrière, mais sans succès. Il s’avance alors lentement, l’air dominant.

Je suis désolé d’en arriver là, mon ami. Sincèrement. Mais tu ne me laisses pas le choix. J’aurais aimé qu’un autre vienne à ta place…
Mais… Mais pourquoi? Je bite que dalle! Pourquoi tu fais tout ça? Ce village, ces Marines… Comment tu peux être aussi cruel??
Ne me prends pas comme tous ces pirates sanguinaires, Baal. Je ne suis pas comme eux. Et saches que je n'éprouve pas ce que je fais. Si je le fais, c’est que je dois le faire. Disons que je suis méthodique. Vois le monde comme des mathématiques. Je soustrais de mon équation les éléments compromettants afin d'y voir plus clair. Tu comprends, maintenant? Il ne faut pas laisser de témoins.
Je te croyais quelqu'un de bien…
Et ta supposition t’a conduit à ta perte. Il y a tellement de choses à t’enseigner encore. Dommage. Je t’aimais bien.

J’ai pas dit mon dernier mot. Je me relève. Il est à un mètre de moi. Sans perdre un instant, je le frappe avec ma gauche, puis avec mon canon. Il bloque facilement mes gestes avec ses mains. Il anticipe trop bien. Je redouble alors mes efforts et je tire une seconde fois. Le boulet lui passe par dessus l'épaule. Même à bout portant il sait éviter, ça me rend dingue!

Tu perds rien pour attendre, Zarek! Tôt ou tard, je vais t’arrêter!!

Mon adversaire se fiche complètement de ce que je dis et me repousse. Il souhaite en finir maintenant.

Tu es un cyborg, n’est-ce pas? D'après toi, qu’est-ce que ça fait si tu reçois un surplus d’électricité? Tu exploses?

À ces mots, mon ennemi me décharge un flux d’électricité vers moi, mais instinctivement, je place Sombracier entre lui et moi. Toute la sauce se concentre alors à l’intérieur pour finir stockée dans mon tube d’éclair. Ironiquement, c’est Zarek qui m’avait filé ces cylindres à notre première rencontre. Ces tuyaux sont conçus pour capturer la foudre. Et il se trouve que je m’en sers aussi pour pouvoir balancer la même chose. Je lui fais aussitôt une démonstration. Il récupère alors ce qu’il a perdu.

Oh, oh, oh! J'aurais du m’en douter. Mais qu’est-ce que tu peux faire face à ça, Sergent?

Déterminé à me tuer, Zarek se met à trafiquer son appareil en quelques clics. J’ai pas le temps de bouger qu’il me tire déjà dessus. La foudre qui en sort se duplique en cinq, elle est imprévisible. Les cinq éclairs se déplacent vers moi. Je tente de me déplacer, mais ça me suit comme mon ombre. Impossible d’éviter, je me mange tout le jus. Je hurle de douleur, je tombe sur le sable humide, je sens mes forces partir. Je peine à respirer. Alors un peu d’électricité et je tombe raide? Je tourne la tête pour voir mon adversaire. Je refuse de tourner le dos à la Mort. Je crois que c’est la fin. Et dire que j’ai connu des merdes pires que celle-là…

Tu sais que je suis aussi un excellent météorologue, n’est-ce pas?

Qu’est-ce qu’il me raconte encore? Ma vue est trouble, mon cœur bat de plus en plus doucement. Fait chier, je pensais vivre plus longtemps que ça. J’ai pas survécu à une chute de dix kilomètres pour finir humilier par un traître. Non, pas comme ça.

Je ne voulais pas en arriver là. Tu sais, à vrai dire, je voulais te prendre comme apprenti, mais tu es devenu Marine... Tu aurais fait un excellent mécano avec moi. Et comme je t’ai toujours porté dans mon estime, je ne vais pas te tuer.

C’est quoi ce charabia? Je suis tellement dans les vapes que je divague complètement? Je croyais qu'il voulait pas de témoins... Bordel, mais qu’il arrête de parler. Blablabla, je suis pas vraiment sûr de croire ce qu’il me dit après ce qu’il m’a fait de toute façon.

Sergent Aran Z. Baal, excellent soldat mort accidentellement par l’orage alors qu’il était en mission. Triste fin, tu ne trouves pas?

Qu’est-ce qui raconte? Tôt ou tard, la Marine saura que c’est lui qui m’a tué…

Adieu, mon ami.

Zarek sort un cerf-volant particulier qui stimule les cumulus nimbus chargés d’électrons. Il sort ensuite un flacon dont je reconnais le liquide et me le balance. Le fluide se répand sur moi. Je suis impuissant. Il laisse le cerf-volant s’envoler loin dans les airs jusqu'à disparaître dans les nuages. Il se passe quelques secondes, mais j’ai la sensation que le temps est long. Trop long. Je me relève tant bien que mal sans comprendre ce que tout cela signifie. Je peine à rester debout. Zarek me tourne le dos, il s’éloigne en me laissant pour mort. Il m’ignore.

Attends! J’ai pas fini avec toi!

D'un coup, un flash lumineux m’aveugle et un bruit assourdissant me bourre les oreilles. Un éclair venu du ciel vient de me frapper. Je suis désorienté pendant quelques secondes. Je suis mort. Du moins, c’est ce que je crois. L’impact est violent. Un homme lambda aurait laissé la peau, pour sûr. Je connais personne qui survit à un tel choc, mais faut croire que je suis le premier. Et je dois ça à ma grande résistance, peut-être même à mon corps cybernétique tout simplement… Je comprends que le liquide est le même utilisé dans mes tubes d'éclairs. Je suis devenu un capteur de foudre. Je m’écroule, raide. Mes yeux se closent, mon esprit s’en va, je vois tout noir. Je suis laissé pour mort. J’ai échoué à ma mission. Faut dire que c’est la première fois que je vois la Faucheuse de si près… J’ai qu’une chose à lui dire : Non, pas maintenant...
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