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Laura jambe de bois - Partie 4 - FIN





Retour.


Nous nous étions fait avoir. Je m’étais fait avoir. Je n’avais pas compris son énigme, je n’étais pas parvenu à la déchiffrer à temps. J’aurais dû être capable de percer à jour ses parchemins dès la première analyse, mais je n’y étais pas parvenu. Misérable, minable. Comment pouvais-je prétendre à monter en grade au sein de la marine, comment pouvais-je prétendre à un poste à responsabilités, ou la notion de stratégie serait le point fort, si je n’étais même pas capable de trouver la réponse à un vulgaire morceau de papier ? J’en étais malade. Malade. Diantre, je devais me ressaisir, je devais me reprendre en main, et réfléchir plus minutieusement. A l’avenir, je ne pourrais me permettre ce genre d’erreur. Je ne le pourrais plus, jamais. Je commandais déjà une flotte, et si je voulais me hisser jusqu’au sommet, je devrais alors me montrer exemplaire, au-dessus du lot des communs des marins. Je le devais.

Après avoir déchiffré la seconde énigme, et donc en même temps la première, nous firent immédiatement course arrière pour nous rendre à Manshon. Même si j’avais peu d’espoirs de l’y trouver, je n’étais pas certains qu’il serait parti non plus. Après tout, c’était un pirate plus que confiant, il devait donc naturellement penser que jamais son énigme ne pouvait être déchiffrée. Cependant, elle l’était. Avec du retard, certes, mais elle l’était. Je savais que le temps ne jouait pas en notre faveur, je savais que le temps perdu à naviguer était précieux, et je savais à quel point il était précieux. Cette occasion serait probablement la dernière, et je me devais de la saisir, et de ne jamais la laisser filer. Jamais. Je ne me permettrais pas de perdre un nouveau duel face à lui, et encore moins un duel intellectuel. Cette fois-ci, je l’aurais, et il finira derrière les barreaux de la prison.

-Est-ce que ça va ? Vous avez l’air anxieux. Je sais que c’est difficile, mais nous l’aurons, il nous faut rester positifs, vous ne croyez pas ? Si vous perdez ne serait-ce qu’un semblant de motivation, alors qu’en sera-t-il de l’équipage ? Nous devons tous rester soudés pour cette affaire.

« … »

« Douce est l’air en cette saison printanière… »


-Vous savez, tout le monde ici, et moi-même un peu, nous demandons pourquoi vous ne parlez qu’en utilisant l’art de la poésie ? Ne savez-vous pas parler comme tout le monde ? Ou peut-être est-ce une sorte de barrière ? Si vous pouvez faire de si belles phrases, prononcer de si belles paroles, pourquoi ne pouvez-vous pas le faire pour discuter normalement ? Non pas que cela me dérange, mais je pense que cela peut vous causer des tords, à l’avenir… Tout le monde n’est pas aussi compréhensif que moi, hihi.

« … »

« Je… je ne peux pas… »


-Moi je crois que vous le pouvez. Ce n’est pas chose difficile, surtout pour quelqu’un comme vous. Vous êtes quelqu’un d’extraordinaire, vous êtes l’un des meilleurs marins que j’ai pu rencontrer. Et je suis sincère, vraiment. Vous ne voulez pas essayer ? Simplement essayer.

« … »

Pourquoi me parlait-elle de cela ? Pourquoi maintenant ? En quoi ma façon de dialoguer pouvait embêter les autres ? Et surtout, en quoi cela devait-il m’importer ? Même si je me posais ces questions, je savais également comment y répondre seul. Il n’y avait pas de secret… Si je voulais vraiment paraître être un autre, je me devais d’être sociable avec le plus de personnes possible. Et cela devait passer par le dialogue. Le problème… Si je me devais d’abandonner mes vers au profit de phrases construites, il me serait plus difficile de masquer mes intentions. En fait, il serait simplement plus difficile de me masque moi, de masque qui j’étais. Pouvais-je me le permettre ? Là était la question.

« … »

« Je ne sais pas… »


-Vous devriez… vous entraîner. Restez seul, parlez devant un miroir ou à une personne fictive, peu importe. Mais vous devez vous entraîner, sinon vous ne pourrez jamais vous faire comprendre de l’ensemble du monde. Vous pouvez tout aussi bien vous entraîner avec moi, si vous le voulez. Je ferais tout pour vous aider du mieux possible.

« … »

« Merci… »








    Découverte.


    Le lendemain, nous arrivâmes à Manshon, encore une fois. Nous avions parcouru l’ensemble de North Blue à la recherche d’un homme qui était sous notre nez depuis le début. Il était là, non de loin de nous, à quelques mètres seulement du lieu du crime. Peut –être même nous avait-il observé résoudre son énigme. Peut-être même aurais-je pu le voir si j’avais simplement levé les yeux vers la fenêtre du bâtiment voisin. Au final, nous avions cherché compliqué, j’avais cherché trop compliqué. Voulant à tout prix décortiquer ses mots, son énigme, sa logique, je fus moi-même pris dans le piège tendu. Au final, j’avais fait perdre plusieurs jours à cette enquête, pour rien. J’espérais simplement que Laura Jambe de Bois était toujours là, qu’il n’avait pas bougé. C’était un pirate arrogant, imbu de lui-même, il était donc possible qu’il puisse penser que nous n’arriverions jamais à comprendre ses indices. S’il pensait cela, alors il restait une chance pour qu’il soit toujours là, pour qu’il soit toujours dans la maison d’en face, à observer calmement les événements autour de son propre crime.

    Nous étions à nouveau dans la rue, juste sous le bâtiment ou le crime avait eu lieu. Il s’agissait à présent de s’organiser, afin de frapper les premiers, sous le coup de l’effet de surprise. De ce fait, il ne nous était pas permis de retourner sur les lieux, sous peine d’être vu par le pirate d’en face. Nous avions tous les indices nécessaires, et un nouveau passage ne nous aiderait en rien, ne nous apprendrait rien de plus. J’avais toute la scène en mémoire, j’avais mémorisé le moindre objet présent dans la pièce lors de mon premier passage. Prenant un court moment de concentration, je me visualisais le tout avec une clarté limpide. Les cadavres, les bras pointant tous en direction du bâtiment voisin, vers la fenêtre Sud. Une disposition arrangée, méticuleusement arrangée de façon à laisser des indices minimes. Il avait tout prévu dans les moindres détails. Des corps jusqu’aux objets positionnés au millimètre près, tout était à sa place.

    Tout indiquait la marche à suivre. Nous n’avions pas beaucoup d’options, nous n’avions plus le temps de préparer une réelle stratégie d’approche. Nous ferons donc cela à l’ancienne, la prise par la force. Une entrée rapidement et fracassante, ne laissant nullement la chance au pirate de pouvoir s’échapper. Il nous fallait saisir et contrôler les lieux, mettre la main sur lui avant qu’il ne s’échappe. Et tout cela, en prenant en compte le fait qu’il soit toujours ici, évidemment. Peut-être était-il déjà bien loin, nul ne le savait.

    « Nulle autre chance nous sera accordée,
    Soyez rapides, comme le vent vous devez entrer,
    Contrôlez, observez et ensuite agissez,
    Une erreur face à cet individu ne sera pas tolérée »
    .

    -Oui ! Lieutenant !

    -Lieutenant, vous optez donc pour une approche frontale ? Nous l’attaquons directement ? Vous ne voulez pas réfléchir à une stratégie ? Commenta ma seconde.

    « Nous n’avons plus le temps… Peut-être même est-il déjà loin ».

    -Vous avez raison… Je ne peux moi-même plus attendre, nous lui avons déjà trop donné, il en a déjà trop pris. Allons le cueillir.






      Jambe de… CRAC.


      Le soleil était de mise, trônant dans le ciel tel un aigle royal. Les rayons chauds caressant mon visage. Cette chaleur était couplée à une légère brise de fraîcheur, les deux donnant un résultat agréable et doux. Le vent se glissant dans mes cheveux, touchant le bout de mes oreilles. Un temps idéal, mais certainement pas pour se battre ni pour l’infiltration que nous nous apprêtions à faire. J’aurais bien sûr préféré rester allongé dans les hautes herbes, profitant du passage des nuages au-dessus de moi. Le calme, l’allonge paisible de cette journée interminable. Mais non. J’étais là, prêt à passer à l’action, prêt à entrer dans le bâtiment dans le but de mettre la main sur Jambe de Bois. D’après ses informations et d’après ses énigmes, nous savions déjà dans quelle pièce il se trouvait, à quel endroit précis. C’était là un grand monument, probablement un hôtel avec plusieurs chambre, il ne fallait donc pas se tromper sur la porte à ouvrir.

      « On y va. »

      Nous n’étions qu’une poignée, mais j’espérais que cela serait suffisant. Nous entrâmes dans le bâtiment, faisant un simple signe au gérant. Nous étions de la Marine, nous étions en uniforme, il ne trouva pas grand-chose à dire en nous voyant entrer de force. Montant le premier étage, puis le second, je me trouvais très vite devant la porte recherchée. Elle semblait propre, non piégée, il ne me restait plus qu’à tourner la poignée. Poignée qui serait très certainement bloquée, fermée à clé ou je ne sais quoi pour nous empêchant de pénétrer à l’intérieur du dit-lieu.

      -Lieutenant... Qu’attendez-vous ? On y va ?

      « … »

      « On y va. »


      D’un geste volontaire, je tournais la poignée, même si j’étais certain qu’il me faudrait au final enfoncer la porte pour pouvoir pénétrer à l’intérieur. Etrangement… c’était déjà ouvert. Rien n’était fermé, comme s’il nous laissait le champ d’action libre. Etrange. Etait-il déjà parti ? Etait-ce pour cela qu’il n’avait pas pris la peine de refermer derrière lui ? Possible, probable, même.

      -Oh ? Il semblerait que vous ayez trouvé, finalement ?

      … une voie venait de la pièce voisine, probablement la chambre. Préparés au combat, nous prirent le temps d’aller voir prudemment. Un homme était là, dans une pièce totalement vide, assis sur une chaise au centre de celle-ci. Le reste de l’appartement n’était pas mieux. Une table, une petite cuisine, rien de plus. Aucun meuble, aucun vêtement, pas même un lit, étrange. En observant les lieux, je me rendais compte qu’effectivement, la fenêtre donnait une vue plongeante sur la scène de crime. Une vision parfaite des lieux, même à plusieurs mètres de distance. Tout était sous notre nez, depuis le commencement de l’affaire. Il nous suffisait de regarder au bon endroit. Il était là, assis, nous contemplant de la tête aux pieds. Il ne disait rien d’autre, attendant simplement que je prenne la parole. Vêtu d’un long manteau rouge, il portait un chapeau, un bandeau noir sur son œil gauche. Une longue tresse passait le long de ton torse, un sabre à la ceinture. Et, évidemment, sa légendaire jambe de bois, symbolique au nom qu’on lui donnait. Il portait trois ceintures, ainsi qu’une longue botte montant jusqu’au genou. Un sourire moqueur, fier, un regard qui montrait sa pleine confiance en lui-même.

      « … »

      « On t’a trouvé. »


      -Jambe de Bois ! Nous sommes là pour t’arrêter ! C’est terminé pour toi, enflure ! Tu vas payer pour tes crimes, tu vas payer pour cette famille que tu as lâchement assassinée ! J’espère que tu ne t’attends pas à de la clémence, parce que c’est la peine de mort qui t’attend ! N’espère jamais revoir la lumière du jour parce qu’elle n’existera plus pour toi ! C’est terminé, rends toi !

      Il nous fixait, assis. Pas le moindre mouvement, pas la moindre expression sur son visage, en dehors de cette fierté aveugle. Un petit rire en coin, qui se transforma très vite en un rire sombre et diabolique. Il resserra les mains, les croisant l’une avec l’autre. Il baissa très légèrement la tête avant de prendre à nouveau la parole.

      -Je vous félicite, vous m’avez trouvé. A vrai dire, j’attendais, mais je ne m’attendais pas vraiment à voir quelqu’un franchir cette porte. Je suis étonné que vous ayez pu trouver réponse à mes énigmes… J’aurais évidemment préféré que ce ne soit pas le cas.

      -Est-ce que tu as des complices ? Est-ce que tu es seul ? Réponds ! Ou on te fera cracher les mots nous-mêmes !

      -Alors, Marine ? On laisse parler les femmes à sa place ? Pas très jolie, comme méthode, non ?

      « Réponds. »

      -Vous devriez savoir que je suis un pirate recherché sur tout North Blue, mais que j’opère généralement dans les petites villes. Ce cas-là était un peu… exceptionnel, si je puis dire. J’agis seul et je n'ai pas d'équipage, ce qui me permet d'être beaucoup plus discret et flexible. En général, ce moyen d’opérer me permet surtout d’empêcher la Marine de me trouver et de m'emprisonner. Je dois dire que vous êtes les premiers, je vous félicite. Cela fait maintenant des années que mon moyen de faire est le même, que je me terre non loin du lieu de mon crime, attendant en général que l’enquête se passe avant de m’éloigner. Et pourtant, personne ne m’avais jamais attrapé. Enfin, attrapé, vous n’en êtes pas encore là, evidemment.

      -Jambe de bois… tu es imbu de toi-même, arrogant. Ce sont les indices que tu laisses derrière toi qui t’ont trahi. Tu pensais pouvoir toujours t’en tirer ? Et bien cette fois-ci, c’est terminé. Tu aurais effectivement mieux fais de t’en aller quand tu en avais l’occasion. Maintenant, prépare-toi. Tous tes crimes, toutes ses personnes que tu as tuées, tu paieras pour ça. Cent trente morts, dont plus de la moitié en femmes et enfants, quatre-vingt Marins, le tout en seulement un an. Et je n’imagine pas ceux que tu as pu tuer avant cela. C’est terminé.

      -Terminé ? Cela sera terminé quand je le déciderai. Vous me voulez ? Venez donc me chercher. Vous n’êtes qu’une poignée, comment voulez-vous réussir à m’attraper ? Je suis bien curieux de voir cela.

      Les six hommes avec moi se mirent en avant, voulant procéder à l’arrestation de Laura Jambe de Bois. Ils avancèrent en direction de la pièce. Leurs pas faisaient grincer le sol, un peu trop, même… Avant que je n’aie eu le temps de les prévenir de s’arrêter ou de reculer, toute la partie entre les deux pièces s’effondra sous leur poids. Une bande d’environ un mètre de largeur s’affaissa, faisant chuter les hommes deux étages en dessous, inconscients. Il ne restait plus qu’Iwa et moi-même pour nous occuper de Jambe de Bois. La tâche ne s’annonçait pas facile, mais nous devions le faire. Nous nous devions de l’arrêter ici et maintenant.

      -Je vous attends, Marins !

      Il se leva de sa chaise, puis sorti son sabre  de son fourreau. Il recula de quelques pas, nous faisant alors signe de le rejoindre de l’autre côté du trou. Malgré le fait qu’il ait une jambe en bois, il n’avait aucunement l’air de manquer de dextérité, bien au contraire. Il semblait agile, confiant, bien sur ses appuis. Je regardais Iwa du coin de l’œil, lui faisant comprendre mon intention. Nous n’avions plus qu’à avancer, nous n’avions plus qu’à sauter au-dessus du trou pour rejoindre notre adversaire. Une fois face à lui, c’était alors un combat au sabre, à deux contre un. Même si nous avions l’avantage numérique, l’homme avait l’air plus que confiant, sachant probablement très bien manier la lame.

      -Laissez-moi l’affronter, Lieutenant.

      Iwa s’avança seule vers l’homme, décidant de l’affronter dans un duel au sabre. Elle porta le premier coup, mais il put l’éviter facilement, portant à son tour une attaque qu’elle dévia de justesse. Il la projeta au sol sans grande difficulté. Il était incontestablement plus fort qu’elle, mais si elle avait plus de technique… La technique seule ne lui permettrait pas de remporter la victoire. Elle se remit sur pieds. Elle positionna son sabre à l’horizontal, au niveau de ses yeux. Coudes levés, appuie sur les jambes fléchies, positionnée de profil. Aucun doute, elle allait tenter son attaque la plus redoutable d’entrée de jeu.

      -Tsubame… GAECHI !

      Sa lame partie vers la gauche, avant de revenir à droite d’un geste vif et précis de bas en haut. Tout en effectuant son mouvement, elle avança de quelques pas, passant derrière son adversaire. Cette attaque, il ne pouvait pas l’éviter, elle était beaucoup trop rapide pour s’esquiver. C’était termin… il se retourna brusquement, tranchant le dos de la jeune fille. Criant de douleur, elle tomba au sol, roulant sur le dos. Il avait esquivé son attaque… incroyable. Elle était à terre, se tordant de douleur.

      -Une de moins, au suivant. J’avoue être un peu déçu, faibles, faibles…

      Sans réfléchir à une réelle stratégie, je fonçais droit sur lui, frappant de toutes mes forces. Il esquivait, il parait mes attaques sans réelle difficulté. Il répondait à son tour avec sa lame. Même si notre force se valait, il avait plus de technique, j’avais beaucoup plus de mal à esquiver ses attaques que lui les miennes. A mon tour, je ripostais, encore et encore, frappant toujours plus violemment mon adversaire, qui se jouait de moi. Esquivant à gauche, puis à droite, il me donna un coup de genou au ventre, me faisant plier. Il enchaîna avec un coup de pied horizontal, me faisant chuter à terre. Je n’arrivais pas à lui tenir tête, il était trop fort pour moi. Il fallait que j’arrive à le désarmer pour l’affronter sans son sabre. Je me devais de me souvenir des conseils portés par Mata Iwa lors de notre petit entraînement. Un mouvement souple, léger, le poignet, et non la force. La dextérité, la souplesse et non la brutalité. Je me relevais, lentement, prêt à reprendre le combat. Je me dressai face à lui, prête à en découdre. Je pris la respiration, le fixant droit dans les yeux. Ma main était ferme mais légère, mes pensées étaient focalisées. J’attaquai à nouveau, utilisant les mouvements appris plus tôt par la jeune femme. Un coup vertical au niveau de la tête, évite. Un coup horizontal au niveau de la gorge, évité également. Qu’est-ce qui n’allait pas ? Pourquoi ne pouvais-je pas le toucher ? Aller, bon sang ! Il s’avança, bloquant mon bras, me désarmant par la même occasion. Il me jeta à terre, pointant son sabre sur ma gorge.

      -Tu es faible, trop faible. J’ai gagné, tu as perdu, c’est terminé. J’espère que tu n’avais pas de dernières paroles, parce que je ne compte pas t’en laisser. Adi…

      Il s’arrêta de parler. Il s’arrêta de bouger. Son bras se figea. Il tendit son oreille, levant légèrement la tête. Il avait entendu les Marines à l'extérieur. Ceux qui attendaient notre retour, ceux que n'en pouvaient plus d'attendre. Ils arrivaient, ils montaient les escaliers dans un grondement sourd, celui de dizaines de pas retentissant à l'unisson. Ne prenant nullement le temps de terminer sa phrase, il m'adressa un petit sourire avant de briser la fenêtre, s'enfuyant lâchement dans les rues de la ville.

      -Lieu…lieutenant… est-ce que vous allez bien ? Je… je suis désolé, je n’avais pas d’autre choix que de… Je suis désolé.

      « Je vais bien… merci. »

      Me relevant, je ne pouvais pas le laisser partir, sous aucun prétexte. Prenant un court élan, je m'agrippai aux bordures de la fenêtre, me laissant ainsi tomber en bas, poursuivant mon ennemi. Il ne s’échappera pas, jamais.