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Caprice du Destin


De retour au QG du Cipher Pol 5.

Mes pas rapides résonnent dans les longs couloirs qui mènent au bureau de Rei. Sur mon passage, des regards se lèvent, des voix se taisent. C’est une habitude maintenant. Tous les agents qui trainent ici le savent, je ne suis là que pour quelques instants, telle une brise passagère.

Ce n’est pas que je les crains, ni même que leur sort ne m’importe pas. Ce sont des Agents, et même si certains sont aussi stupides qu’inefficaces, ils servent tous la même noble cause. Celle du Gouvernement Mondial.

Mais je dois l’avouer, les voir flâner comme ils le font si bien m’insupporte. C’est pourquoi mon regard hautain ne se pose même pas sur eux. Ils ne méritent certainement pas mon attention, et ils le savent.

C’est bien pour cela que mon passage conduit au silence et aux murmures. Mais je me fiche de ce qu’il pense, comme je le disais, je serai bientôt partie.

Gravissant les marches qui mènent dans les hauteurs, un dossier à la main, je glisse entre ces âmes qui trainent tout autour de moi. Et finalement, mes pas s’arrêtent devant le bureau du chef de notre section. Levant rapidement mon poing fermé devant la porte, je m’apprête a frapper lorsque soudain, une pensée me fait me stopper net.

A tous les coups, il est encore absent.

Soufflant de mécontentement sous cette pensée, je frappe tout de même à la porte, trois fois, sans réel conviction qu’elle ne s’ouvre. Attendant quelques petites secondes sans réponses devant, je fini finalement par tourner les talons pour pouvoir me diriger vers la porte d’à côté.
Je vais encore devoir me farcir les insupportables questions de Scorpio et de son petit air supérieur.

Lentement, je lève la jambe pour faire un pas quand soudain !
La porte devant laquelle j’attendais s’ouvre.

Agent Amaryllis. Ça faisait longtemps.
Directeur Yakutsuki ? Vous êtes là ?!
Pas pour très longtemps, j’en ai peur.
Ah. Du coup, vous n’avez peut être pas de temps à m’accorder… ?
Pas vraiment, mais je n’ai pas vraiment envie de repartir maintenant non plus. Et comme c’est tout de même mon rôle de gérer les Agents du CP5, je suppose que je peux bien prendre cinq minutes pour m’occuper de toi.
Merci beaucoup, Directeur Yakutsuki, je vous promets, ce ne sera pas long.
Je sais.

Alors que j’entre dans la pièce, il ferme la porte sur mon dos et retourne s’installer à son bureau. Ce jeune homme, qui est probablement plus jeune que moi mais qui est pourtant déjà Directeur d’un Cipher Pol, à l’air plus fatigué que jamais. Le pauvre est affalé dans son fauteuil, et bien qu’il me fasse face, son regard est complètement dans le vide.

Mais mon rôle n’est surement pas de prendre de ces nouvelles, bien que je m’inquiète sincèrement pour lui. Pas que je l’aime bien ou quoi ! Non en vérité, je n’en ai absolument rien à faire de lui… Mais le fait est que s’il venait à disparaitre lors d’une mission, ou pire, à partir en dépression, déjà ce serait une honte pour le Cipher Pol 5, mais en plus on se retrouverait très certainement avec Scorpio comme nouveau directeur.

Et ça, ce serait carrément le désastre. Peut être devrai-je commencer à penser à me faire muter… ?

Je t’écoute Alcéa, je t’écoute.
Oui, veuillez m’excusez. Je suis venu vous remettre mon rapport de mission.

Faisant un pas en avant, je lui tends le dossier que je conservais sous mon bras avant de reculer vivement pour me remettre droite face à lui. Le directeur le prend et commence à le feuilleté rapidement sans vraiment réussir à s’y intéresser avant de le poser sur une pile de papier poussiéreuse qui doit être en attente depuis des lustres.

Le voyant faire, je me retiens de tendre la main pour le reprendre en me mordant la lèvre inférieure. S’il reste là, jamais il ne sera lu et jamais mes prouesses ne sortiront de ce bureau.

Autre chose ?
Euh… Oui… J’aurai souhaité m’en voir attribuer une nouvelle… Et si ce n’est pas trop demandé, sur East Blue…
Vous allez vraiment le laisser là ?


Mon regard est irrémédiablement attiré par le dossier qui domine le tas de paperasse. Quant au regard de mon interlocuteur, il va de mes yeux au dossier, puis à mes yeux avant de taper de l’index sur la table, sans doute légèrement irrité par ma question.

Euh. Je suis désolé. Oubliez ma question. Vraiment. Désolé.
East Blue donc…
Logue Town !

Alors qu’il avait commencé à regarder dans les dernières missions à distribuer, il remonte une fois de plus les yeux vers moi, interrogateur cette fois.

Je… J’aimerai aller à Logue Town. Si vous avez quelque chose… Sinon tant pis ! J’irai ailleurs, ce n’est pas un souci… Mais si vous avez…

Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas mise dans une situation aussi inconfortable. A demander des faveurs de la sorte. Mais je dois vraiment aller à Logue Town.
Oh, bien sûr, je pourrais plutôt demander quelques jours de permission. Même au Cipher Pol ont en a, un peu. Mais je n’ai pas vraiment envie de perdre mon temps. Alors si je peux cumuler le travail au privé, ça m’irai grandement.

Et soudain, Yakutsuki sort une feuille du tas qu’il feuillette et la pose devant lui sur son bureau.

J’en ai bien une.
Vraiment ?! Oh ! Merci beaucoup Direc.
Mais ! J’aimerai savoir… Pourquoi Logue Town ?

Je reste là, devant lui, figée. Sans vraiment les contrôler, mes yeux virent au noir. Et bien que je soutienne son regard, je n’ouvre pas la bouche, cherchant une raison autre que la vérité que je refuse de dire.

Alors ?
Vous n’avez qu’à voir cela comme un simple caprice.

Mon ton est morne, mais mes yeux ne faiblissent. Je peux voir l’expression de mon interlocuteur changer, comme s’il soupçonnait quelque chose. Peut être a-t-il compris, peut être pas. Qu’importe, je n’ai rien dit.

Qu’importe, puisqu’il me tend la mission.

Il s’agit de récupérer des informations sur l’organisation des Mers Pourpres, l’agent que nous avions envoyé il y a quelques semaines est mort subitement lors d’un accident, a toi de le remplacer.
Très bien. Ce sera fait. Merci Directeur. Au revoir.

Je tourne les talons et quitte la pièce sans attendre. En d’autres termes, je serai restée plus longtemps. Notamment pour discuter de cette fameuse mort accidentelle qui n’en est jamais vraiment une au Cipher Pol. Ou alors peut être que si ?
Mais peu importe, une fois de plus. Car moi, je ne mourrais pas.

De retour dans les couloir du QG, mon pas redevient aussi rapide que précédemment pour quitter les lieux sous le regard des mêmes agents qui m’ont vu entrer.
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La suite est une routine déjà bien ancrée. Avant même la lecture du dossier tu te diriges vers le port, la ou se trouvent les navires de la marine temporairement affectés aux déplacement du Cipher Pol. Pour avoir déjà perdu du temps à attendre que les marins se mettent en branle en soit prêts à partir, tu sais qu'il vaut mieux commencer par les prévenir avant toute autre chose pour pouvoir se mettre en route dés que tu auras fini tes propres préparatifs.

Perdu dans tes souvenirs de Logue Town, tu loupes presque le carrosse qui s’arrête soudain juste devant toi. Un beau carrosse, du genre monumental, massif, blindé, marchant à vapeur, presque assez gros pour servir de résidence à une famille de classe moyenne. Et avec un truc rigolo en plus. Alors que les riches excentriques capable de faire construire ce genre de trucs doivent se compter sur les doigts d'une main, on a visiblement cherché a rendre discret le mastodonte. Tout est peint en noir, vitre et roues comprises, et on a enlevé tous les marquages laissés par le constructeur...

Les doubles portes s'ouvrent et deux hommes en costumes noir sortent du monstre. Visiblement sortis du même moule que les sbires du Ciper Pol que tu vois au quotidien, ils t'encadrent poliment mais fermement. Avant de t'inviter à rentrer dans le carrosse.

Un choix assez fermé. Et ce d'autant plus qu'une douzaine d'autres types identiques aux premiers viennent de surgir des ruelles tout autour de vous. S'attendant probablement à ce que tu fasses des histoires et désireux de l'éviter...

-Agent Amarillys... S'il vous plait.

Agent Amaryllis... L'invitation est toujours un peu cavalière, mais au moins elle semble officielle. Inutile de disperser ses sbires. Haussant les épaules tu montes dans le carrosse dont les deux sbires referment immédiatement la porte derrière toi, avant de retourner s'occuper de la mise en marche de la machine, qui s'ébranle et repart dans les rues.

Le trajet est de courte durée, guère plus d'une vingtaine de minutes. Puis la porte s'ouvre à nouveau. Le véhicule est immobilisé sous une voûte, et le marchepied descendu juste devant une porte cochère rébarbative. Beaucoup de cirque pour pas grand chose. Visiblement les gens derrière tout ça aiment beaucoup le folklore de l'espionnage.

A l'intérieur une pièce nue, une table, une chaise. Un den den. Le tout posé devant un mur miroir qu'il est facile de deviner sans tain. C'est quoi ce bordel ? Un test de scorpio ?

-Asseyez vous agent Amaryllis.



    Un bureau, une chaise, un den den et un mur où je sais qu’on m’observe mais où je ne peux rien voir.

    Et puis, il y a cette voix. Une voix clair, qui, dans des circonstances comme celle-ci, pourrait en faire pâlir plus d’un. Mes ces mots résonnent à mes oreilles comme une douce symphonie, bien que leur sens me fasse discrètement frémir…

    Docile, je m’approche de la chaise, exécutant l’ordre sans broncher. Je m’efforce de garder une expression neutre, mais dans ma tête, mes pensées sont en ébullitions.

    Suis-je convoquée ici parce que j’ai fait un caprice ? Le directeur du Cipher Pol 5 aurait-il fait remonter l’information dans les hautes sphères du gouvernement ? Vais-je être punie pour mon entêtement ?

    Essayant d’être discrète, je glisse doucement ma main sous la chaise pour tâtonner au cas où il y est un système digne de la Brigade Scientifique pour me faire payer mon attitude grotesque. Mais rien. S’il y en a un, il est alors très bien dissimulé, ce qui est tout à fait possible.

    A moins que dans mon cas, la punition physique ne soit pas de mise ?!

    Peut-être… Peut-être vais-je être radiée ?!

    Malgré tous mes efforts pour ne montrer aucune émotion, cette pensée me fait perler quelques fines gouttes de sueurs sur mon front sans défaut, et toujours hors de mon contrôle, mes yeux virent au gris, presque blanc tandis que mon rythme cardiaque augmente doucement.

    Merde. Moi, radiée ? Mais si je suis radiée, que vais-je bien pouvoir faire de ma vie ? Comment pourrais-je encore penser un seul instant à Ike avec ce déshonneur qui pèsera sur mes épaules ?!

    Non. Ce n’est pas possible. Je ne pourrais vivre ainsi. Il doit y avoir un moyen. JE dois trouver un moyen. Personne au monde ne pourra ruiner ma carrière sur une si bête erreur, personne ne brisera mes rêves !
    Je ferai tout ! Tout ce qu’il faut pour atteindre mon but ! Pour atteindre les sommets du monde et rendre l’homme le plus merveilleux que cette terre puisse porté, heureux.

    Inspirant profondément, je retrouve mon calme intérieur, gardant très clairement mon objectif en tête afin de ne plus céder à la panique. Mes yeux reprennent leur couleur marron habituelle, la sueur de mon front disparait aussi vite qu’elle est venue et mon cœur reprend son rythme normal.
    Je suis en tort, je le sais, je l’accepte.

    Et ils me pardonneront.

    Qui que ce soit qui se cache derrière ce miroir sans teint, il me pardonnera. Peut être pas aujourd’hui. Peut être pas tout de suite, mais un jour, je retrouverai mon honneur. Je le jure.

    Et cette fois, je ne ferai pas un pas de travers.
    Prête a déployer ma défense avec le plus grand respect qui puisse être, j'attends patiemment que la honte s'abatte sur moi.

    Par Ike, comment ai-je pu être aussi sotte ?
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    Pourquoi pensez vous que vous êtes ici agent Amaryllis ?

    Une nouvelle fois, cette voix résonne de cet escargophone dans cette grande pièce vide. Je sais que mes gestes sont observés, que toutes mes réactions doivent être enregistrées. Aucun passe passe ne me sauvera. Non, je suis seule avec mes fautes et je ne compte pas nier car cela risquerait d’empirer mon cas.
    Non, j’accepte et j’assume.
    Et je compte bien convaincre aussi.

    Pour une lourde faute que j'ai commise. Je m'en rends compte maintenant, et je m'en excuse.
    Une faute lourde ? Quelle faute lourde agent Amaryllis ?

    Encore un test. Celui de l’honnêteté. Mais je ne me cacherai pas. Je réussirai à rattraper mon erreur.

    Celle d'avoir voulu influencer le choix de ma mission pour un simple caprice nullement important comparé à la noble responsabilité qui incombe aux Agents du Gouvernement.

    Le poids de la culpabilité pèse tant dans mon corps que j’en perds toute ma dignité.

    Pardonnez-moi ! Je vous en conjure !
    Je ne le referais plus !

    Ah oui. Logue Town... Vous voulez vous recueillir sur la tombe de votre famille aux frais du gouvernement agent Amaryllis ?
    Hein ?

    Oh non. Comment peuvent-ils pensez cela ?!

    Non ! Pas du tout !

    Je dois absolument lever le voile sur cette affaire. Quitte à jeter ma fierté aux ronces, autant la piétiner avant.

    Loin de moi cette idée grotesque ! Je souhaitais simplement ne pas perdre mon temps avec de telles futilités...
    Le fait est que ma sœur m'a lié par une stupide promesse et cela m'embêtait de devoir perdre mon temps à aller la réaliser.


    Qu’est ce qui m’a pris de lui promettre ce genre de chose aussi. En plus, nous étions encore enfant, et maintenant, elle est morte ! Comme si elle pouvait s’en souvenir et venir me le reprocher… Et à cause de cela, maintenant, je suis dans une telle situation ! Maudite parole !

    C'est pourquoi j'ai formulé cette demande. Afin de pouvoir continuer de servir le Gouvernement tout en réalisant cette fichue promesse. Mais je me rends bien compte qu'elle ne vaut rien comparée à mon devoir. Je suis désolé.
    Plus jamais je ne commettrai ce genre de bévue, soyez en assuré.

    Hum...

    Le silence plane dans la salle. Est-ce suffisant ? Devrais-je en rajouter ? Plusieurs fois, je vais pour ouvrir la bouche mais me ravise. Je ne veux pas empirer la situation. Alors je patiente, stressée, serrant mes mains sur mes genoux et tentant de contrôler au mieux ma respiration tandis que mes yeux regardent encore plus bas que l’escargophone.
    Je sens la honte m’envahir. La honte et la peur.
    Je n’aime pas ça.

    Je crois que nous pourrons passer sur cette faute.

    D’un coup, ma tête se relève, et mes yeux remplis d’espoir virent aux bleus quelques secondes, fixant la vitre qui ne me laisse voir personne.

    En tout cas pour cette fois. Avez-vous lu votre dossier de mission ?

    Ça y est ? Je suis sauvée ? Mais ? Pourquoi  me parle-t-il de ma mission tout à coup ? De ce que m’a dit l’Agent Yakutsuki, elle n’a rien d’exceptionnelle… Peut être est-ce à cause de la mort de l’ancien agent qui l’avait ?
    Mais… Si je suis ici par rapport à mon erreur… Pourquoi me parler de ma mission ? Mais bon, je ne souhaite pas m’attirer quelconque autre foudre d’une personne haut placé dans le gouvernement. Mieux vaut donc être docile.

    Euh. Non pas encore. Je comptais d'abord faire atteler le navire avant de...

    Raaah ! Pourquoi je raconte ma vie moi !

    Mais je vais le faire tout de suite.
    Faites. Mais rapidement.

    J’ouvre immédiatement le dossier et en commence la lecture. Comme me l’a signalé rapidement le directeur, c’est une mission basique de récolte d’information. En rien quelque chose d’exceptionnelle si ce n’est l’accident dramatique du précédent agent chargé de la récolte.

    Il s'agit de récupérer des informations sur une organisation nommée "Les Mers Pourpres".
    Cette mission a déjà été donnée à un autre agent qui est mort dans un accident de... pêche.

    Dangereux la pêche...

    Cette remarque qui pourrait être presque amusante, sonne pourtant très bizarrement… Qui est-donc réellement cet homme qui me parle ?

    Bien, maintenant. Vous allez oublier cette mission. Ce n'est qu'un leurre.
    Ah ? Euh, vous êtes sûr ? Parce qu'il y a.

    Non, vraiment, il faut que j’arrête de poser trop de question. Mais c’est bizarre quand même. Il y a clairement le seau officiel du Gouvernement sur ma mission… Et pourquoi faire un leurre ? J’ai besoin d’en savoir plus.

    Rien. Qu'en est-il de la véritable mission dans ce cas ?
    Votre véritable mission est double : d'abord, éliminer le chef des mers pourpres et l'homme qui lui sert de gérant. Ensuite, détruire tous les documents en leur possession et relative aux mers pourpres en vous attachant particulièrement a ce qu'il ne reste aucun document mentionnant un certain I.K.B

    Une mission de renseignement qui camoufle une mission d’élimination… Pourquoi ? Et pourquoi ne pas avoir émis la véritable mission officiellement ?
    Toute cette mise en scène serait-elle un coup fourré de Scorpio pour me faire faire ses basses œuvres dans le dos du Gouvernement ? Bien sûr, rien ne prouve qu’il fait cela, mais le connaissant, il en serait surement capable…

    Euh. Très bien. Ce sera fait...

    Et c’est peut être ma chance de le découvrir…
    Cependant...

    Mon regard qui jusque là tournais entre l’apeurement et l’angoisse redevient vire soudain au jaune. Tels les yeux d’un loup flairant sa proie.

    Veuillez m'excuser mais je n'ai même pas vu votre visage et je ne peux m'empêcher, de par ma profession, de me dire que vous êtes potentiellement... Euh... comment dire...  Quelqu'un qui n'agirait pas en faveur du gouvernement ?
    Hum...

    Un nouveau silence s’installe dans la pièce. Si ce type travail pour Scorpio ou pour n’importe qui d’autre servant ses intérêts personnels, alors il doit surement se sentir mal face à cette résistance que je lui impose.

    Et si vous montrer mon visage vous prouvait que je suis bien dans le camp du gouvernement mais vous mettait en danger de mort. Vous souhaiteriez quand même me voir ?

    Comment un visage pourrait être plus risquer que les missions du Gouvernement… C’est absurde !

    Si vous êtes réellement dans le camp du Gouvernement Mondial, alors je ne vois pas en quoi cela me mettra plus en danger que n'importe laquelle des missions que j'ai menée à bien.
    Et bien... Je pourrais être quelqu'un qui tient énormément à son anonymat… Assez pour faire... hum... Disparaitre tous ceux susceptibles de la divulguer. Y compris vous agent Alcéa.

    Voilà une menace bien particulière, me laissant songeuse. Je ne suis pas sûre qu’elle soit fondée, d’autant plus si c’est Scorpio qui est derrière tout ça… Mais si c’était quelqu’un d’autre ? Et si ce quelqu’un d’autre avait réellement ce pouvoir ?
    De l’autre côté du miroir…
    Pourquoi elle ne répond plus ? J'y suis allé trop fort ?
    J’étais sur que c'était une idée pourrie...

    Mais d’un autre côté, si ce type représente une menace pour les Agents du Cipher Pol et surtout pour le Gouvernement, je me dois de tout tenter pour l’arrêter. A commencer par connaitre son vrai visage.
    Et puis… Je suis une Agent entrainée à survivre. Il ne pourra sans doute pas me tuer si facilement !

    Si votre anonymat doit être conservé, pour le bien de notre Gouvernement, alors elle le sera. Mais je ne prendrai pas le risque de me faire manipuler par un traitre et de faire ainsi défaut à ce en crois je crois et je suis fidèle !
    De l’autre côté du miroir…
    Et voila, je vous l'avais dit !
    Sinon on peut toujours essayer de...
    Non non ça suffit, vos idées sont nulles !

    Ouvrez la vitre.

    Et lentement, le miroir s’ouvre en deux tandis que mon cœur bat au rythme de l’adrénaline qui parcourt mes veines en même temps que ma main se pose discrètement sur une de mes baguettes planquée dans ma manche.

    Petit à petit, je peux voir un homme vêtu de noir, du même genre que ceux qui m’ont amenée jusqu’ici. Puis un second, qui lui fait face. Les deux hommes se regardent en se mordant discrètement la lèvre inférieure, comme embêtés par la situation.

    Et, entre les deux hommes aussi grands que baraqués, assit dans un fauteuil au velours rouge et à la bordure dorée, se tient un homme au visage aussi beau que celui d’un dieu.
    Un homme qui me regarde sans sourciller tandis qu’il tient un verre dans sa main.

    Ike Basara.
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    Alors que je m’étais à moitié levée de ma chaise, prête à bondir selon la figure qui se montrerai devant moi, je suis prise de cours et retombe littéralement le cul sur ma chaise.

    Là, devant moi, Ike Basara me fait face.

    Là, devant moi, l’homme que j’aime, que j’admire, que j’idolâtre me regarde.

    Mon cœur bondit dans ma poitrine tant ma surprise est grande. Je n’arrive plus à rien contrôler. Mes iris deviennent des cœurs roses remplit d’amour et de paillettes tandis que ce beau visage me fait face. C’est à peine si j’arrive encore à respirer. Je suis comme sous l’emprise du Tekkai, totalement figée, incapable de bouger.
    Mais avant que mes lèvres ne subissent le même sort que tout le reste de mon corps, seul un son, infime, s’échappe de mes lèvres…

    Ike...
    Bien, je suppose que ça clôt votre première question : Je SUIS le gouvernement !

    Mes pensées sont totalement brouillées par le seul fait que je me trouve dans la même pièce que lui. Je le vois sans le voir, l’imagine sans le croire. Il bouge, se rapproche. Je ne peux y croire, ne peux le concevoir.
    Lui, Ike Basara, l’une des cinq vénérables étoiles qui dirigent le Gouvernement Mondial… me parle ?

    Evidemment, maintenant que vous le savez nous avons un problème. Car comme je le disais plus tôt, je tiens expressément à ce que mon... ingérence dans cette affaire reste... Inexistante.

    Sa voix mélodieuse sonne à mes oreilles telles le son d’un violon qui me bercerait d’illusions. Sans réellement en comprendre le sens, ses mots m’enchantent, me bloquent. Je ne peux lutter contre tant de bonheur, contre tant de joie. Et lentement, le voilà qui se déplace tout autour de moi, comme s’il m’enlaçait avec ses mots.

    Vous comprenez ce que je dis agent Alcéa ? Le gouvernement, c'est à dire moi, requiert vos services pour une mission spéciale dont vous ne devrez jamais parler à qui que ce soit hormis moi. Et surtout pas à vos collègues ou à vos supérieurs... Sinon... Et bien sinon il vous arrivera des choses plus horribles que tout ce que vous pourriez imaginer et...

    A présent, je peux mourir heureuse. J’ai connu le vrai bonheur, l’unique qui existe en ce monde. Et le voilà qui revient devant moi. Lui. Si beau qu’on le croirait sculpté par les dieux. Lui, si brillant, si fort, si intelligent… Il me fixe de ces deux yeux un bleu gris aussi charmeur qu’envouteur. Vision du bonheur.

    Mais le voilà qui tourne la tête vers le derrière du miroir ouvert…

    Dites, pourquoi elle ne dit rien ? Elle a l'air toute bloquée ?

    Bloquée… Oui, je le suis, bloquée. Comment pourrais-je ne pas l’être devant tant de beauté ?

    Ohé ? Agent Alcéa ?

    Il tend sa main vers moi… Là passant devant mes yeux. Oui, je te vois Ike… Je te vois et je ne veux pas me réveiller. Car c’est un rêve, cela va de soit. Un très beau rêve dont jamais je ne veux revenir…

    Il y a quelqu'un ?

    Je… Je le sens ! Sur mon front ! Il m’a touché le front ! Pour de vrai ? Alors ce ne serait pas un rêve ?! Ce serait… réel ?!
    Je suis vraiment en compagnie du plus bel homme que cette terre puisse porter ?!

    Et tandis que Ike se tourne une fois de plus vers ses deux sbires, un grand frisson travers tout mon corps, partant de mes orteils pour arriver jusqu’à mon front que le doigt de cet homme a tapoté.

    Bon, je ne sais pas d'où elle sort celle la, mais ça ne va pas du tout. Elle ne fonctionne pas. Virez moi ça et allez m'en chercher un autre !

    Un autre ?! Oh Bordel ! Ce n’est plus le moment de rêver là ! C’est important ! C’est la chance de ma vie qui va me passer sous le nez si je ne fais rien !

    NON !

    Calme ! Je dois retrouver mon calme ! Zen, on se reprend.

    NON ! S'il vous plait !

    C’est la chance de ma vie. Je ne la louperai pas. Je dois restée concentrée.

    Je le ferai !

    Pour Ike. Pour lui qui me fait face. Ohlala, il me fait vraiment face !

    Je ferai tout ce que vous voudrez !

    J’en rêve depuis tant d’année.

    Pitié ! Laissez-moi-vous servir !

    Et c’est enfin arrivé !

    Je vous en prie !

    Personne d’autre que moi ne le servira mieux !

    Je ne dirais rien à personne ! Je vous en conjure ! Laissez-moi-vous être utile !

    S’il vous plait mon Ike, s’il vous plait destin ! Laissez-moi cette chance !

    Hum...

    Mon regard remplis d’espoir et d’admiration se pose sur lui tandis que je suis à moitié affalée sur le bureau à défaut de pouvoir m’écraser par terre.

    Je ne sais pas trop... Et si vous restez figée là bas aussi hein ? Devant le type a éliminé ?
    Jamais ! Jamais je ne le pourrais ! Personne d'autre que vous n'a./

    Stop ! Je ne dois pas en dire plus ! Je dois me calmer, rester zen.

    Je vous en conjure, ça n'arrivera plus.
    Laissez-moi une chance.

    Une chance oui, juste une. Afin que je puisse lui prouver au combien je peux lui être utile. Afin que je puisse enfin lui dédier toute ma vie.

    Et si je ne suis pas à la hauteur, alors vous pourrez me tuer, je ne résisterai pas !

    La mort serait sans doute un doux châtiment pour avoir oser le décevoir. Je ne pense même pas être capable de continuer à vivre si cela arrivait de toute façon.

    S'il vous plait !
    Hum... Au moins l'accent est convainquant.

    Ça veut dire oui ? Dites-moi que ça veut dire oui !

    Bon, répétez-moi vos ordres.
    Tuez le chef des mers pourpres, et le gérant. Détruire tous documents administratifs. Surtout ceux avec la mention I.K.B. Et ne rien dire à personne. Jamais.
    Bon, peut être que vous allez convenir finalement... Maintenant dites moi, comment allez vous gérer la mission confiée par votre hiérarchie en même temps que celle du gouvernement ?

    Il l’a dit ! Je vais convenir ! Bien sûr que je vais convenir ! Mais calme. Encore une fois et je risque de tout faire ratée. Alors je serre mes poings très fort sur ma robe pour faire passé mon excitation tout en répondant calmement à la question.

    Oh, euh. Je suppose que j'attendrai simplement qu'un nouveau chef prenne la place de l'ancien afin de pouvoir mettre un nom dans mon rapport en plus que quelques autres informations comme des noms d'agents des mers pourpres et peut être aussi le nom de certains donateurs, selon ce que je trouverai sur place...
    Hum... Bonne réponse. Vous avez le boulot agent Alcéa. Je vous passe les détails, si vous réussissez vous recevrez une récompense qui défiera toutes vos attentes. Et si vous échouez... Pareil...
    Je n'échouerai pas, votre Sainteté. Je vous le jure. Jamais je ne vous décevrez. Jamais.
    Brave fille.

    Il me tapote la joue. Une fois de plus, Ike me touche, moi, une pauvre petite Agent du Cipher Pol 5. Il me touche, me regarde, me… considère ? J’existe pour lui ? Oui ! J’existe !

    Et tandis que son contact disparait, ma main vient se poser à l’endroit même où la sienne était tandis que lui claque des doigts et se dirige immédiatement vers la porte qui se referme sur lui et ses sbires. Me laissant seule dans la pièce.

    Pendant un instant, je cligne des yeux, encore sous l’émotion de cette rencontre. Et alors que doucement, mon calme commence à disparaitre et un sourire béat s’affiche sur mon visage, la porte s’ouvre une fois de plus, laissant dépasser la tête d’Ike et me faisant sursauter brusquement.

    Gardez le den den, et ne trainez pas ! Au boulot !

    Je n’ai même pas le temps de répondre que la porte se referme déjà.

    Comme une enfant, je regarde le Denden qu’il vient de me laisser. Il n’est en rien exceptionnel à première vu, mais à partir de maintenant, ce sera mon bien le plus précieux.

    Le premier cadeau qu’Ike Basara m’a fait.

    Prenant le Gastéropode dans mes mains, je l’embrasse sur sa coquille avant de le coller prêt de mon visage pour exprimer ma joie de l’avoir avec moi.
    Et sans attendre plus, je quitte cette pièce sobre pour me diriger tout droit vers le port de Marie Joie.

    Car une mission de la plus haute importance m’attend !
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