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Je t'ai revu à un moment étrange de ta vie


***

Grand Line, la route de tous les périls. Ici, la violence des vagues équivaut à la puissance des mâchoires d'une bête sauvage. Comme des canines acérées, elles transpercent et déchiquettent les coques des navires qui essaient de lui résister. Souvent, lors des grands torrents, elle ouvre sa gueule jusqu'à ce que le ciel n'existe plus, pour la refermer d'un coup, et engloutir des milliers d'âmes qui ont choisi de prendre son chemin... Pourquoi ?

Pour ça :

Grand Line, la route de tous les périls. Ici, la douceur et le calme de la mer est semblable aux caresses d'une femme aimée. Elle est accompagnée de la brise marine, le plus tendre de tous les parfums, qui ne cesse de chatouiller le nez de ceux qui ont choisi ce chemin, de ceux qui ont choisi la liberté. Le ciel s'étend jusqu'à l'infini, et ils rassasient les yeux, l'océan aussi. Le vent, la danse des voiles, bercent les marchands du bateau de devant et Nounours, même Yarost, qui s'évanouissent face au charme de la Grande Bleue. Siphonné serait l'homme qui tenterait de s'en séparer !

Siphonnés aussi seraient ceux qui tenteraient de m'en séparer.

Grand Line, la route de tous les périls. Celle qui mène au One Piece, paraît-il. Elle est infestée de parasites violents, pilleurs, sans cerveaux et faibles qui attaquent le moindre galion à l'horizon. Ce sont des moustiques. Seulement, quand le sang est mauvais à vomir, les moustiques meurent dès qu'ils piquent. C'est comme boire un poison mortel. Le mien est plein de nectars psychédéliques, ceux-là me font agir un peu bizarrement, et, bien souvent, faire des trucs pas bien utiles comme détruire un bateau.

Qu'est-ce t'as foutu encore ! par-ci, T'étais pas obligé de les couler ! par là. Blah blah blah, Nounours a tendance à être un peu trop moralisateur, quand il s'agit de moi lattant des mecs qui cassent les roubis.

Bref.

Ça y est, d'après le volant, c'est officiel. Elle est devenue une criminelle. Elle est passée dans mon camp. Je ne comprends pas, elle me racontait toutes ces choses qu'elle faisait pour les bleus, Jaya, Alabasta, Drum. Elle me racontait les Dogs, et puis les Rhinos. Elle m'en a raconté des choses, sur les mouettes... Et maintenant, elle est passée dans le camp de ceux qu'elle combat depuis le début. Et pour tout ça, toutes ces histoires, je suis persuadé qu'il s'est passé quelque chose qui l'a conduit à faire ça. Il faut absolument que...

On arrive quand, bordel !?
Du calme. Les hommes de Florin te sont reconnaissant de leur...avoir évité des soucis mais ils vont à un rythme de marchands.
C'est long. Qu'ils nous filent au moins à graille ! J'en ai marre de bouffer du poissons crus. Je suis pas un putain de pingouin !

Jean Florin nous a filé un super tuyau, pour Hungeria. Après le réarmement des Satanistes, l'esclavage est devenu un peu plus compliqué pour les Longs Bras. Tout comme leur situation, et leur économie. Mais d'après Florin, ils ont l'air de penser que c'est une race supérieure ou je ne sais quoi, ils doivent pas se rendre qu'avoir la main qui touche le sol, c'est pas ça qui attire les belles gonzesses en premier lieu. Quoi que ça permet de faire des trucs dingues aux radasses. J'suppose... J'suppose. N'empèche que ces majestés mon majeur touche le sol pendant que j'promène le chien, se prennent pour des grands seigneurs et dans leur monde, les mono-coudes sont à ignorer ou à faire astiquer le sol. Du coup, Florin joue sur ça et n'a aucun scrupule à envoyer des anciens Alveliens faire la corvée pour les mecs de Nakamura. Y a pas à dire, ce mec est vraiment un fils de radasse.

Ça me dérange pas plus que ça de savoir que je suis un navire d'esclavagiste quand je sais que dans les cales se trouvent des mecs qui valent pas un berry qu'on va vendre à des types qui en valent pas un non plus, ça m'aurait plus dérangé si ç'aurait été ces connards de Bulleux. Mais elle se trouve là-bas. Alors...

Bon, j'en ai ma claque d'aller à une vitesse de promenade...
Hm ?
Ces arcasiens vont se presser d'hisser les voiles ! Ils sont pas vent debout ! Tu sens le vent, Nounours ?

Je souris plein.

Hm... Oh. Dans ce cas...

Je saute à bord du navire marchand.

Vous allez m'écouter les semi-cervellés, on va prendre le vent comme il s'offre à nous. De travers ! Paré pour déjauger le navire !
Impossible ! On a de la marchandise dans les cales, déjauger, c'est l'abîmer !
De la marchandise..?
Oui ! Des esclaves ! On les vend aux enchères, tu te souviens ? Plus ils sont abîmés, moins on rapporte d'argent à Florin ! Et plus on se fait démonter la tronche...

En temps normal, j'en aurais fait qu'une bouchée.. Mais il s'avère qu'ils me sont utiles... Alors.

Hm. N'empêche qu'on va devoir aller plus vite. Ils iront avec moi, sur mon bateau. Hissez vos putains de voile.

***

    A peine l'Attrape-Rêve ancré au port qu'on reçoit la visite de l'un de ces longs bras qui a, effectivement... de longs bras. Et c'est laid. Et c'est vraiment laid.

    Hep, vous ! Vous n'êtes pas des Longs Bras ! Vous devez payer pour rester ici.

    Ah ?

    Eh, Nounours. C'est pas toi qui m'as dit que ma tête commence à être connu du grand public, même des semi-tanches comme celui-là ?
    Pas commence... T'es vraiment une célébrité, Kiril.
    Eh... Kiril ? Ki... Ki..!
    Ouais c'est ça, Kiki.

    Je descends du navire accompagné de Yarost et charge Nounours d'y rester pour s'assurer qu'aucun débile n'y pose ses pieds. Je me suis toujours demandé à quoi allait me servir le Vital Denden que j'ai acheté à la PPPK d'Armada. Apparemment, je suis destiné à être connecté avec un gros barbu. La merde. Je laisse le long bras suer de peur et abats le port pour m'aventurer dans le Royaume des Longs Bras, Nakamura. Je me demande à quoi les radasses du coin ressemblent... Mais plus important, je dois la retrouver.

    Mince. C'est vrai.

    Comment est-ce que je vais la retrouver !?

      Pulu pulu !

      Ah, comme prévu, tu appelles bien vite.
      Comment ça comme prévu !?
      T'es parti tout confiant sans me demander conseil.
      Hm... Pff. Alors tu sais ce que je vais te demander !
      Oui, mais je veux que tu le dises avec "s'il te plait, Nounours ô
      Va crever !
      Haha ! Bon, c'est simple. Hungeria a une seule grosse ville, et c'est une ville de longs bras esclavagistes, je pense qu'elle n'est pas assez débile pour s'y cacher alors qu'elle se serait fait repérer en même pas trois pas. Et certainement mis aux enchères par les esclavagistes. Une femme aussi célèbre, ça coûte cher...
      Pff, n'importe quoi, elle les aurait latter.
      Pas sûr. Elle doit être pas mal blessé après son aventure à Marie Joie, alors, qui sait. Ecoute, avant de te rendre aux marchés d'esclaves, il y a un petit village à côté, Harahettania. L'endroit est étrange, mais ils sont en guerre contre les Longs Bras, je crois que c'étaient des esclaves avant ? Enfin bref, commence par là.
      Rah, marcher, marcher, marcher... Merci, Nounours. Appelle moi si y a un problème sur le bateau. Sur ce.

      Gotcia !

      Direction Harahmachintruc.


      Dernière édition par Kiril Jeliev le Mar 20 Oct 2015, 20:27, édité 1 fois

        Pulu pulu !

        Quoi encore!?
        Grrrr... NOUNOURS ! ENFLURE !
        Qu'est-ce qu'il t'arrive !?
        J'me suis renseigné sur ton village d'Harachmachin !
        Et alors, t'y es ?
        Va t'faire phoquer ! C'est pas un village, espèce de débile ! C'est une île !
        Eh beh ! Je suis pas une encyclopédie hein !
        Rah ! N'empêche que, de là où je suis je la vois. Alors longe le port avec l'Attrape-Rêve et rejoins moi. Et va t'faire phoquer, encore une fois !
        S'il te pl..
        Ferme là et rapplique tout de suite !

        Gotcia !
          Ils étaient arrivés sur Hungeria, et sur place, Lilou n'avait pas eu vraiment la force de constater ce qu'il s'y passait. Elle avait laissé sa vie aux mains de Linus, et des quelques esclaves voulant la remercier de son intervention, quelques semaines plus tôt. L'infection la bouffant jusqu'à l'os, elle avait passé des jours à divaguer à cause de la fièvre et de ses migraines qui la maintenaient comateuse. Finalement, Linus lui avait trouvé une planque à peu près viable, et après avoir constaté qu'il était lui aussi recherché, il avait compté sur la solidarité de quelques uns ayant accepté de l'aider.

          Durant les derniers jours de trajet, Lilou avait demandé à ce qu'on la laisse se reposer, pour être prête lors du débarquement. Prête à quoi ? Quelques uns s'étaient laissés aller à lui faire confiance, pour voir, pour comprendre, ce qui la motivait. Linus, de son côté, avait passé quelques heures à expliquer leurs histoires, ce qui les avait mener à fuir les autorités pour se planquer. Ce qui avait mené la jeune ingénieure à ruiner ses rêves et à retourner violemment sa veste. Ses gestes inconsidérés avaient ruiné son avenir, et maintenant, si elle ne passait pas l'arme à gauche à cause de la fièvre qui lui rongeait le crâne, il lui faudrait repenser à son futur compromis.

          Elle n'en avait pour l'instant pas eu la force. Les quelques moments de lucidité qu'elle avait eu ces derniers temps, elle s'en était servie pour ne penser à rien justement. Durant tout ce temps, Linus avait assuré ses arrières, au point de lui offrir un pique de mieux. Un moment inespéré, qui avait heureusement correspondu avec leur arrivée sur Hungeria.

          De ce fait, Lilou s'était servie de cette nouvelle « vigueur » pour défaire l'équipage de leur bien, et l'offrir aux esclaves dans la cale qui comptaient s'offrir une nouvelle vie. Avec pour seul consigne de répandre des rumeurs sur sa présence ailleurs. En fin de compte, la moitié arriva sur Hungeria dans l'espoir de se construire quelque chose sur place, l'autre moitié reprit le large, dubitatif pour la plupart, mais acceptant de lui offrir un délai pour finir de se rétablir.

          Linus avait eu à faire à la situation de l'île, pendant que Lilou délirait et s'épuisait à cause de la fièvre. Il s'en était tiré à bon compte, surtout vu l'endroit. S'exilant sur Harahettania, il trouva du soutien, chez la jeune Susette notamment qui accepta de leur fournir un endroit où passer quelques jours en échange de conversations et d'un petit peu d'aide. Linus fut malgré lui embarqué dans une croisade contre la secte de Satan, revenant systématiquement chaque soir plus amoché que la veille. Mais la bonne humeur de Susette lui permit de tenir bon, surtout en voyant l'état de la rouquine s'améliorer avec le temps. Quelques infusions, des médicaments, et Lilou retrouva progressivement pied avec la réalité.

          La fièvre se fit finalement moins forte. Pas la douleur qui lui rongeait l'épaule depuis son départ de Marie Joie. Mais ce répit loin des cauchemars et délires qui avaient été son quotidien ces derniers temps lui fit un bien fou. Elle eut l'occasion de discuter avec Susette, pour en apprendre plus sur l'endroit où ils se trouvaient, mais également avec Linus pour savoir ce qu'ils devaient faire désormais.

          Elle n'en avait aucune idée. Depuis son coup de téléphone à Kiril, depuis qu'il lui avait dit qu'il viendrait, voilà bien trois semaines, elle n'avait eu aucune nouvelle, ni aucun retour de sa part. Les lettres ne lui parvenaient plus, elle n'espérait plus avoir de contact avec qui que ce soit d'autres.

          En fait, Lilou avait cette impression parfaitement désagréable que le monde s'était effondré sous ses pieds. Que son monde s'était violemment cassé la figure. Toutes les questions sur son futur lui revinrent en pleine figure à peine son retour sur terre effectué. C'était difficile. C'était angoissant. Cette nouvelle vie qui s'offrait à elle lui faisait incroyablement peur, et devoir se terrer dans l'ombre après toutes ces années à être dans la lumière était sans doute le pire. Qu'allait-elle devenir ?
          Le pire, c'était sans doute d'avoir entraîner Linus là-dedans. A cause d'elle, lui-même devait se comporter comme un fuyard, payer les pots cassés de ses bêtises. Il avait été avec elle pourtant, sans faillir, sans revenir en arrière. Un soir, l'homme lui avait confié qu'il n'aurait pu agir autrement. Que s'il l'avait laissé là-bas, elle aurait fini par se faire enfermer. Et que lui n'aurait jamais eu assez de voix pour parler des horreurs qu'ils avaient trouvé dans ce laboratoire. Aujourd'hui encore, cet événement passé qui avait tout fait basculer sonnait comme parfaitement irréel. Et pourtant, ils avaient vu, et ils ne pouvaient que croire leurs yeux.

          « T-Ton ami, est-ce qu'il v-va venir ? »

          La question de Linus sonna ce matin-là comme triste. Dubitative surtout. Lilou s'extirpa de son siège pour venir aux côtés du chimiste, avant de soupirer. Allait-il vraiment venir ? Elle aimait le croire, même si le temps disait tout le contraire. Même si à terme, elle était certaine de ne plus pouvoir espérer.

          « Je n'en sais rien. »


          Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 23 Oct 2015, 15:04, édité 1 fois
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          C'est principalement ce que j'aime pas avec toi, tu fais le rupin qui bouffe des bouquins, mais en fait, tu sais que dalle.
          J'en connaissais un peu plus sur le coin que toi quand même.
          Certes, mais ça sert à rien quand on sait que dalle. A tous les coups, on va tomber sur des tarés, j'suppose.
          J'sais qu'c'est plutôt des types qu'ont la haine des longs bras, à part ça...
          Ah bah, on voit bien s'entendre, je peux pas supporter ces enfoirés non plus.
          Il t'est arrivé des bricoles pendant ta promenade ?
          Pas spécialement, j'ai juste envie de pas supporter des gens là tout de suite, ça me fait me sentir bien.
          Hm...

          Je pose le pied sur le pont en bois du port et manque de me casser la gueule quand la planche cède sous le poids de ma botte. D'entrée, les nerfs, la ride au front, aux tempes, je vais certainement pas être gentil. Au loin, on est guetté par des veilleurs armés qu'étaient certainement prêts à venir nous faire chier jusqu'à ce qu'ils reconnaissent ma crête.

          J'suis suivi de Nounours qui lui aussi casse une planche mais qui l'a moins mauvaise parce qu'il n'est pas moi.

          Je regarde un peu les lieux qui me semblent un brin dévasté, me demande où est ce qu'on a atterri encore, avant qu'une nana étrange habillée comme on demande aux radasses de luxe dans les auberges de rupins se dirige vers nous. J'commence à trouver sa suspect quand j'distingue la cravache qu'elle tient comme un prolongement de son bras, j'deviens méfiant quand je piste qu'elle a pas de balustrade, j'active mon haki quand j'découvre qu'c'est il et pas elle.

          Ah non ! AH NON !
          Oh si, oh si !
          Ah non non non !
          Oh oui oui oui ! ♥
          Vous vous connaissez ?
          Non, mais observe la lueur dans ses yeux.
          Oui observe-moi, dévore-moi, fais ce que tu veux de moi avec ton regard, grand fou ! ♥

          Euh... Et là, il y eut un moment de vide... Avant que les deux protagonistes partent en courant, en même temps.

          Pendant que je cours à me faire mille points de côté, j'vois que Nounours me suit avec une expression terrible sur son visage. Et surtout, j'vois qu'il est tellement flippé qu'il s'en tape de rester surveillé le bateau ou pas.

          TU FOUS QUOI IMBECILE, LE BATEAU MERDE !
          LE BATEAU TU TE LE FOUS DANS LE DERRIÈRE, JAMAIS PLUS JE VEUX REVOIR CETTE PERSONNE !
          ARRÊTE DE FAIRE TA CHOCHOTTE, TU FAIS DIX FOIS SON POIDS ME DIS PAS QUE CA TE FOUT AUTANT LES CHALEURS ?
          COMMENT TU PEUX DIRE CA QUAND TU COURS AUSSI VITE QUE MOI ?

          Pas faux. Mais.

          MAIS MOI JE COURS PARCE QUE LE TEMPS PRESSE !
          PAREIL, ON DOIT LA RETROUVER AVANT QUE CE NE SOIT LA MARINE ! ALLONS-Y, ALLONS-Y !

          Deux grands mâles alpha au top de leur chaîne alimentaire, prêt à relever n'importe lequel des défis et s'emparer d'un Royaume. Oui, oui.
          Après dix minutes de course intensive parce qu'on est pas des maîtres d'endurance, on a quand même atterri dans un village assez bizarre où les gens vénèrent le mal et Satan et où la plupart sont vêtus de cuir. Je ne me sens pas bien.

          Bon, tu demandes.
          Pourquoi moi ? C'est toujours moi ?
          C'est toujours toi parce que c'est ton rôle vu que t'es pas un mec cool.

          La charmante dame qui se trouve devant nous me répondra qu'elle ne voit pas de quoi je parle quand je lui demanderai avec toute la gentillesse du monde si une rousse plutôt violente n'est pas passé par ici. Tout comme le vieux monsieur et les gamins qui courent et la tenancière de la seule auberge du coin, même le piolier du rade.

          Possible qu'elle se soit faite attrapée sur Nakamura, tout compte fait...
          J'y crois pas. Elle aurait fait quelque chose, même blessée. Genre, les mordre au sang ou des trucs du genre.

          Dans un élan de désespoir, je me dirige vers la centre du village pour y laisser comme une signature un cri comme quoi je suis passé. Hem.

          SPYKE...
          MUSHU...
          ANAKIN !!


            « Alors il f-faudra pa-partir sans mu-lui. »

            La déclaration de Linus tomba comme un cheveu sur la soupe. Lilou esquissa une petite grimace frustrée de cette réponse qui ne lui convenait pas. Mais au fond, il avait raison. Tout ce temps passé sur Hungeria les compromettait. Si personne n'était venu les dénicher, c'était parce qu'ils s'étaient montrés discret, ou presque. Combien de temps cela allait pouvoir durer ? La chance tournerait forcément à un moment, et Lilou préférait que ça soit quand ils seraient très loin de Hungeria pour ça.

            Elle s'adossa au rebord de la fenêtre, un peu essoufflée. Ça faisait des jours qu'elle ne faisait que passer de la position couchée à la position assise. Marcher jusqu'à Linus avait fait son sport de la semaine. Elle avait l'impression que ses jambes étaient en coton, trop faibles pour la transporter. Et puis, le contre coup de l'infection qui l'avait mise sur les rotules. C'était terrible à expliquer, comme à subir, pour une fille comme elle qui, même avec les deux bras dans le plâtre, ne s'était jamais vraiment arrêté.

            Rester en mouvement faisait qu'elle survivait. S'arrêter lui donnait l'impression d'être un veritable poids mort. Maintenant qu'elle dépendait d'un autre, qu'elle pourrait être amené à fuir à n'importe quel moment, c'était encore plus frustrant. Et bordel, ce que Bee pouvait lui manquer. Avec lui, tout était plus facile... Et elle craignait vraiment qu'il soit aux prises avec les marines et qu'on tente des expériences sur lui. Pourvu que Monty ait pris la tangente au bon moment pour leur éviter des problèmes. Si au moins elle avait un moyen de savoir qu'ils étaient ensemble et en sécurité, tout ça la déchargeait d'un sacré poids...

            Quand elle termina de penser, Susette revint dans sa piaule en soupirant. Se déchargeant de sa veste et tombant comme une masse sur un fauteuil usé, un nouveau bleu sur l'oeil, elle lâcha d'une voix traînante :

            « Oyoy, je sais pas si vous avez vu, mais y'a un mec trop chelou qu'est passé pour taguer un machin dans le centre ville. La jeune fille se refit sa tresse en marmonnant : C'est pas cool pour ceux qui nettoient pas contre, eh. »

            La rouquine fronça les sourcils en regardant Susette. La jeune fille soupira à nouveau en s'enfonçant un peu plus dans son siège, tandis que Lilou s'avança vers elle :

            « Un mec trop chelou ? Reprit-elle en cherchant à en savoir plus.
            Hmhm, chelou oui. Et avec une crête il paraît. »

            Susette avait laissé traîner des oreilles, avait probablement vu le tag en question. Et quand elle allia les mots « louche » et « crête », une alarme sonna dans la tête de la rouquine. Au fond, elle s'était remise à espérer que ça soit Kiril. C'était sans doute absurde puisque sur Hungeria, des gens bizarres, il y en avait des centaines au bas mot, c'était comme un véritable rassemblement. Mais des punks, y'en avait pas à tous les coins de rues.

            « Tu peux m'amener à ton tag ?
            Tu t-t-te sens assez en f-forme pour s-s-sortir ?
            Oui.
            Tu pe-penses que ça p-peut être lui ?
            Je me dis que des mecs chelous avec des crêtes, y'en a pas cinquante. Alors, il y a bien une chance...
             »

            Linus hocha finalement la tête, et Susette sauta sur ses jambes en demandant à ce qu'on la suive. Les deux compères se mirent en mouvement, sortant de la petite maisonnette miteuse pour se rendre vers ce qui ressemblait à un centre-ville. La bourgade en elle-même n'était pas tout à fait attrayante, mais elle faisait l'affaire pour les humains qui y vivaient. Quand au tag en question, quand la rouquine vit ce dernier et lu péniblement les lettres mal formées qui la composaient...

            « Pas de doute, soupira-t-elle. Ce crétin est sur l'ile. »

            Il ne restait plus qu'à le retrouver.


            Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 24 Oct 2015, 09:35, édité 2 fois
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            Les pensées vides, je m'efforce d'être celui qu'on voit sur les affiches, le Kiril des rumeurs, celui qui détient le fruit du Komodo. Mon instinct comme pour me rassurer me chuchote qu'elle ne s'est pas encore volatilisé, qu'elle n'est pas encore dans leurs mains. L'idée d'avoir échoué me pince le coeur. J'en oublie même l'Okama (entre temps, on a appris que Lilith est son nom d'emprunt) qui martyrise Nounours pour qu'on reste encore un temps sur son île de siphonnés.

            Le roux s'efface ou s'intensifie, je pense au rouge sang au lieu de penser à ses cheveux. Et si ces tarés d'en Haut l'ont déjà...

            EH ! CA VA PAS DE TOUCHER LES GENS ICI ?
            Vous venez juste d'arriver ! Et vous êtes sexy ! A votre manière... Devenez mes jouets et on fera plein de choses perv
            Je veux même pas l'entendre ! Kiril, retournons sur Nakamura, elle y est peut-être ?
            Qui donc !? Les fidèles m'ont rapporté que vous cherchiez une belle femme rousse, j'ai peut-être des informations à ce sujet, hihi.
            Quoi ?
            Je n'offre rien sans avoir quelque chose en retour ♥
            Et qu'est-ce qui m'empêche de te faire crache le morceau en visant ton foie ?
            Certainement le fait que tu serais pourchassé par toute l'île, mon chéri ♥
            Si ce n'est que ça... Je prends le risque.
            Oh !

            Canons Nichons! Bang-bang boobies!

            C'est quoi ce nom de technique flippant...

            Les pointes du corset de Lilith s'ouvrent, révelant de petits canons qui tirent des balles de petits calibre.

            Loch Dhu

            Je me recouvre de haki pour lui renvoyer ses balles qu'il dérive habilement avec son fouet. Pendant qu'il est en mouvement, il gémit d'une façon très gênante qui dégoûte et Nounours, et Yarost, et moi, ça devient dur de se concentrer pour lui foutre une quelconque beigne.

            Ouh, le haki ! Tu marques des points de sex-appeal, ça me rend toute chose ! ♥

            ...

            Je prends une grande inspiration, repense à ma naissance, à ma vie jusque là. Regrette à peu près tout. Mais, en pesant le pour et le contre, je me dis que ça vaut bien la peine d'user mon poing droit...

            Tarte dans ta gueule... et tu tartines le sol !

            Un coup dont une personne avec un corps aussi fin ne pourrait se relever sauf que... Il y a des gens qui aiment ça. Et ce okama en fait parti.

            Oh ouiii !
            Non désolé ça commence à devenir trop pour moi, là.
            Pareil. On va sur Nakamura, alors ?
            Oui... Plus jamais je frappe un okama qui utilise une cravache pour se battre. Je réfléchis jamais ?

            On embarque sur l'Attrape-Rêve, la tête vers le Royaume Longs Bras. Avant que...
              TU VAS OU LA ?!!

              La voix tonna par-dessus le terre plein, vers le navire qui commençait progressivement à prendre le large. Devant elle, une femme, ou ce qui y ressemblait de loin, et l'attrape rêve ou ce qu'elle avait reconnu comme étant le navire de Kiril. Et sur celui-ci, celui qu'elle avait cherché. Et en voyant son bateau s'éloigner d'elle, une fureur de l'autre monde la prenant aux tripes pour la faire avaler la distance en vitesse, les poings fermés et les ongles lui rentrant dans la paume :

              Oui c'est vrai les chéris, vous allez ouuuu ? fit la petite voix aigue de dame Lilith en agitant sa cravache.

              Sans aucun doute ce qui faisait fuir les hommes de l'attrape rêve. Une excuse que Lilou n'était absolument pas prête à encaisser. Derrière elle, Linus l'entendait fulminer, il percevait le crépitement de son cerveau en train de prendre feu de colère.

              JE T'AI PAS ATTENDU TROIS SEMAINES-
              Et moi toute ma vie !
              POUR QUE TU TIRES EN DEUX SECONDES-
              Partez pas les amours ! Je vous aaaaime ♥
              SANS AVOIR CHERCHER !
              Revenez ♥
              TOI, TA GUEULE !


              Son poing chargé au haki partit et s'écrasa violemment sur la joue de l'Okama. Ce dernier s'envola vers la ville pour atterrir dieu savait où. Une frustration en moins. Une semaine de vacances sur Kamabaka, et elle était parfaitement immunisé à toutes ces bêtises de maquillages et de bandage SM pervers dégueu.

              Ce qui faisait qu'elle n'avait absolument pas la patience d'attendre qu'elle se taise ou continue à lui couper la parole. Linus lui posa la main sur l'épaule, mais Lilou grogna avant de le foudroyer du regard. Susette, les talonnant de près, siffla l'air de dire « eh bah dis donc, y'en a qui va se prendre une charge, il va pas comprendre sa vie ce garçon... ». Et c'était en résumé ce qui allait très probablement se passer.

              NON MAIS T'ES PAS SERIEUX !
              L-Lilou, d-détend toi...
              MAIS IL ME SAOULE LUI AUSSI ! IL SE POINTE EN RETARD ET IL SE CASSE EN MODE YOLO SANS ETRE CAPABLE DE VENIR A BOUT D'UN OKAMA SADOMASO !
              Lilou...
              IL EN A RIEN A BATTRE DE ME FAIRE POIREAUTE ICI, IL PREND SON TEMPS, IL SE FAIT DESIRER T'SAIS !
              Oui, j-je sais, m-mais...
              BAH PINE !
              Euh...
              VA Y IL ME VENERE ! TU DESCENDS DE TA BOUEE ET TU VIENS !

              Lilou, t-tu devrais t-te calmer s-sinon tu v-v-vas-

              Pas le temps de terminer sa phrase que la vue de Lilou se brouilla brutalement. Écran noir, rideau tiré, et une forte pression lui vrillant le crâne. Cette andouille venait de s'assommer avec son propre haki des rois, sans doute pour l'éviter aux autres.

              Sauf que sa colère venait de perdre soudainement en crédibilité. Et il valait mieux pour Kiril qu'elle ait oublié le pourquoi du comment à son réveil, sinon dans tous les cas, il allait passer un sale quart d'heure.
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              Je regarde son visage endormi, je devine ses songes enfermés dans la prison d'un futur inconnu quand je la vois tressaillir à demain. Et les miennes les rejoignent dans la cage au moment précis où je me rends compte qu'elle est là, allongée sur la couverte d'un bateau qu'elle a elle-même nommé. Quand je me rends compte que c'est vrai, quand je me rends compte que ça fait cinq ans depuis la première fois, je souris même en réalisant à quel point le chemin sera long. Je veux croire que ce navire la rassurera au moins un peu. Nounours est bon pour rassurer les gens, Yarost moins. Et puis...

              V-vous êtes d-des p-p-pirates !
              Ouep, d'ailleurs félicitations pour ta promotion, mecton. Elle t'a foutu dans une merde, haha ! Pas possible !
              S-sommes nous v-v-vraiment en s-sécurité avec v-vous ?
              La question est, est-ce que t'es plus en sécurité sans nous ?
              Si je réponds ça risque de pas te plaire mais...
              Mais rien du tout, t'es censé me soutenir !
              S-s-super!

              Pendant que Lilou visite je ne sais quel pays, Minus a fini, après maintes menaces (venant principalement de moi, les autres de Yarost), par nous raconter ce qu'il s'est passé à Marie-Joie. Après avoir tout entendu, je suis allé m'installer dans le château du bateau, là où est entreposé tout ce qui est nécessaire, à savoir, le nectar et les cannes à pêche. Mais il y a aussi les lettres. Nombreuses.

              En les relisant, j'essayais toujours d'imaginer les ennemis, les gens, les Rhinos. Comme une histoire. Et je me ne rends compte que maintenant que ça avait arrêté d'être possible à partir de Marie-Joie. Trop distrait à parler de choses pas importantes... Et maintenant on est là.

              Maintenant qu'il n'y a plus que cinq mètres qui nous séparent, je ne sais plus du tout quoi faire.
                Ce pied dans la réalité était parfois si dur à maintenir. Lilou avait cette impression constante de ne plus savoir ce qui était vrai de ce qui ne l'était plus. Elle en venait à douter de ses propres sens, au point où le fantasme prenait un peu trop de valeur. Elle se savait un peu paumée, le plus souvent. Et elle savait que l'expliquer aux autres étaient carrément impossible.

                Elle avait arrêté d'essayer. Elle avait gardé ces maux là pour elle, pour se convaincre en définitive qu'elle n'était pas juste bonne à enfermer. L'acte qu'elle avait commis, ou le parjure qu'elle s'était promise de ne plus jamais reproduire, la hantait. D'une certaine manière, arracher la vie avait trop de conséquence. C'était un boulet supplémentaire à sa cheville, qu'elle allait être contrainte de se traîner. Se rassurer en se disant qu'elle ne l'avait pas fait pour rien, qu'elle n'avait pas eu le choix, était bien la seule chose qui lui restait pour ne pas simplement perdre la tête.

                La rouquine ouvrit un œil péniblement, la tête lui tournant toujours. Elle avait mal, et elle avait faim. Et surtout, elle était fatiguée alors que sa fuite n'avait même pas vraiment commencer. Comment pouvait-on prendre le pire avec autant d'insouciance ? N'était-ce pas le poids du monde qu'elle sentait sur ses épaules amaigries, dont l'une carbonisée ? Et n'était-elle pas censée le partager avec des millions d'autres gens ? Où étaient-ils, tous ?

                Où on est ? Fit-elle en fixant le plafond, encore un peu sonnée.

                Il y eut du mouvement dans la pièce.

                Sur l'attrape-rêve.
                Il l'a vraiment appelé comme ça ? C'est dingue.
                C'est Kiril.
                Hm.

                Elle eut un petit rire en se redressant de sur sa couche, enroulant finalement ses bras autour de ses jambes. Linus avait deserté son poste de veilleur pour aller se reposer ailleurs. Susette était restée à quai en prétextant avoir une paix à maintenir. Il n'y avait qu'elle et ce bonhomme qui faisait trois fois sa taille dans cette cabine étroite, et pas une trâce du punk qui avait fait toute cette route pour la voir. A quoi ça servait de se déplacer si c'était pour s'esquiver à la première occasion ?

                Elle se mit peniblement sur ses jambes, s'accrochant à ce qu'elle pouvait pour rester debout. Même si elle avait encore l'impression d'être faite de mousse, elle ne pouvait pas passer le reste de cette première journée de retrouvailles à comater bêtement ou à se montrer trop faible. Elle ne serait pas un poids, pas un boulet que les autres devraient se traîner. Elle l'avait assez été ces dernières semaines pour continuer plus longtemps.

                L'homme en sa compagnie lui demanda de ne pas trop en faire, elle lui souffla simplement qu'elle allait voir Kiril. Il lui répéta la même chose, ajoutant que rester en compagnie du punk serait probablement très éprouvant pour un caractère trempé comme le sien, face au caractère de cochon de son « capitaine ». La rouquine devait admettre que ça avait un fond de vrai, et lui promit de garder son calme. Restait plus qu'à redefinir la définition de « calme » pour être sûre de ne pas « trop en faire ».

                Le château, elle le retrouva finalement en quelques enjambées, ainsi que l'endroit où celui qu'elle cherchait se planquait. Et en passant la porte, la première question fut pour lui :

                Tu mets de la distance parce que je te fais peur, K ?

                Des raisons d'avoir peur d'elle, il en avait plusieurs millions apparemment.

                Si tu regrettes d'être venu, je peux le comprendre. Tu n'auras qu'à me laisser au prochain port et je me débrouillerais.


                Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 23 Oct 2015, 16:51, édité 1 fois
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                Quand j'ai entendu la grosse voix de Nounours, j'ai commencé à compter. Combien de temps avant qu'elle vienne m'agacer ? J'ai compté. Trois, deux, un, et elle a passé la porte.

                Et là me prend un fou rire, je me bidoche jusqu'à plus souffle. Elle est prévisible.

                T'es prévisible. Je regardais tes lettres ! Pour comparer !

                Je les ai toutes sorties, le papier recouvre entièrement la table en bois qui me sert de bureau. Je replonge une minute dans le torrent de lettres d'encre tantôt hésitantes, tantôt écrites à la perfection et d'une belle main. La façon d'écrire en révèle toujours plus que les mots qu'on emploie.

                Ah voilà ! Juin 1622... ça remonte. C'était la première lettre. Depuis, tu as pondu des problèmes. Beaucoup. Ensuite, on a conversé. Beaucoup aussi. On a conversé jusqu'à ma dernière lettre où je te disais que je viendrai te chercher peu importe le prix, l'endroit, le monde. Et tu arrives encore à me sortir ce genre de chose ! T'es prévisible.

                Je me lève du tabouret pour l'approcher, son épaule est sordidement blessée et je n'ose pas imaginer comment c'est arrivé ni ce qu'elle a du et doit ressentir. Je mets mes lèvres à hauteur, avant de souffler dessus.

                Souffle magique.

                Apparemment, elle a encore assez de force pour me taper...



                J'y pense depuis Alvel, j'y pense parce que là-bas j'étais déjà sûr d'arriver à cet instant où l'on se verrait. Mais le nom de ce navire prend tout son sens maintenant, on va aller là où on pourra faire du rêve une réalité à bord de ma double-coque.

                Héhé. Je suis arrivé. Maintenant, c'est plus Minus et toi. C'est Minus, Nounours, Yarost, Lilou... et Kiril ! C'est toi qui devrais regretter ! Hahaha !

                Pour l'instant, je veux pas trop parler du fait que ce soit une fugitive, du fait qu'elle soit la proie de ses ex-copains les bleus, du fait qu'elle ait pondu la merde à pas pondre. Et en vérité, je ne me force pas autant que ça. Je suis content. Parce que je vis étiqueté comme un hors-la-loi après être passé par la case mouette depuis longtemps, on finit par s'y habituer et surtout on se dit que les deux côtés se valent. Suffit simplement de vouloir valoir beaucoup plus. Dans son cas, elle a même pas à vouloir.
                  Prévisible, prévisible.

                  Il arrivait apparemment à prévenir bien des comportements, comme un diseur de bonne aventure, mais il prévoyait pas encore les coups qu'elle lui mettait malgré sa fatigue, malgré la douleur, malgré tout ça. Alors il faisait le beau parleur, mais c'était bien tout ce qu'il était à relire les lettres et à prévoir l'avenir et tous les comportements du monde. Comme s'il la connaissait. Comme si elle le connaissait. Elle ne pouvait pas prétendre ça. De Kiril, elle n'en connaissait même pas les cinq pour cent.

                  Puis, il avait aussi prévu la merde dans laquelle elle s'était mise ?
                  Non. Ou alors, il n'avait rien fait pour l'empêcher, et le connaissant un peu, il aurait plutôt fait en sorte que tout ça n'arrive pas de cette manière. Leurs retrouvailles par exemple, elles auraient pu être tout autre. Elles auraient dû l'être aussi ?

                  Et toi, t'es chiant, lança-t-elle en fronçant le nez de colère. Tu n'as donc pas changé en cinq ans.

                  Elle croisa les bras sur sa poitrine en le fixant avec l'air courroucé. Avant de reprendre avec les yeux plissés :

                  Et puis, "encore". C'est pas moi qui m'enferme dans une pièce quand j'ai des invités sur mon navire. C'est pas moi qui fais semblant de chercher l'autre pour ne pas avoir à vraiment la trouver. Alors désolée de me poser la question, hein ! Elle poussa un petit soupir pour ne pas s'énerver encore. A croire que Nounours avait raison. Et c'est pas Minus, mais Linus. Fais un effort et sois gentil avec lui. C'est grâce à cet homme que je suis encore en vie.
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                  D'un coup le monde s'arrête, je n'entends plus que sa voix, elle confirme ce qu'elle dit. Je ne la connais pas, ni elle, ni le ton qu'elle se permet de prendre à bord de l'Attrape-Rêve. Le bateau se tait, il ne tangue plus, et les secondes sont longues, les mots aussi, à la manière d'un esclandre qui se veut plaignant et blessant pour le vis-à-vis. Mes sourcils se froncent de plus en plus quand sa voix s'intensifie. Désillusion.

                  Est-ce que tu sais d'où je viens ? Tu penses que je suis venu pourquoi, te montrer mes dents quand tu te fiches de tous les types qui ont rendu ça possible ? Pour atterrir ici et que tu me parles de cette façon, en boudant, et que tu me poses tes questions débiles, on s'est tapé Grand Line et ses caprices, les tempêtes, le vent, les grêlons, la chaleur, le froid. Tu sais combien de petits pilleurs nuisibles arcasiens ont coulé pour que je me tienne devant toi là maintenant ? Tu sais que j'ai dû presque me prostituer à suivre des types qui appelaient "marchandises" des humains dans leur cale ? Tu sais rien de tout ça et pourtant tu devrais t'être rendue compte au port de Harahmachin quand t'as vu ma crête s'éloigner que y a des gens qui se sont inquiétés pour toi et tu devrais être au moins heureuse de ça. Au lieu de bouder.

                  On ne boude pas sur l'Attrape-Rêve, c'est pas le coin.

                  Je suis content d'être là. Nounours est content, aussi, hein ?
                  Euh...oui ?
                  A partir de maintenant, dame Jacob, tu rentres de mon côté de la vie. La fuite constante quand t'es sur des îles du Gouv ou la vie déprimante et qui pue quand t'es sur des îles du genre Dead End. On va aller dans un coin sympa, alors fais moi confiance, décroise tes bras et souris. Et repose toi aussi.

                  Je demande à son ami Linus s'il sait manœuvrer, il me répond que non, mais je décèle en lui un potentiel de navigation immense ! ...comparé au nôtre. On s'arrêtera à Nakamura avant de foutre le camp. Pour acheter ou voler des trucs. J'ai pas encore décidé.
                    Attend...

                    Elle n'avait rien entendu du long discours de Kiril sur la traversée de Grand Line qui avait été visiblement infernale, mais dont elle se moquait complètement. Il était là. Il avait réussi. Mais il avait visiblement réussi grâce à des gens peu recommandables. Devrait-elle un jour faire la même chose ? S'asseoir sur ses principes pour saisir des opportunités ? Soudainement, elle qui s'était laissée aller à songer que la vie de pirate ou de criminel pourrait lui permettre d'être libre, de faire ce qu'elle voulait, voilà qu'elle était soudainement refroidie.

                    Et en colère.

                    QUOI ? articula-t-elle en manquant de s'étrangler avec ce mot. Tu t'es pointé ici grâce a des marchands d'esclaves ?! T'es pas sérieux j'espère !

                    Elle passa de Nounours (bordel c'était quoi ce nom ?!) à Kiril en essayant de comprendre. Linus, à côté, resta muet pour ne pas avoir à s'attirer les foudres des autres. Se faire des ennemis dans l'immédiat n'allait pas l'aider à s'en sortir. Et puis surtout, s'attirer celles de la rouquine qui allaient le réduire en cendre s'il commençait sur cette voie. Après tout... elle avait fait en sorte de libérer le navire qui l'avait amené jusqu'ici.

                    Et tu les as laissé partir avec leur "marchandise" ?
                    Euh bah oui.
                    EUH BAH OUI ? C'EST CA LA RÉPONSE ?
                    Lâcha-t-elle avec les gros yeux.

                    Hungeria était une île crasseuse. Et lui, il voulait qu'elle se repose sur l'attrape-rêve au lieu de bouder ? Non mais sérieusement ?

                    EUH BAH OUI. SI C'ETAIT POUR FAIRE CA, T'AURAIS MIEUX FAIT DE RIEN FAIRE ! OU ME FAIRE VENIR, MOI ! OU JE SAIS PAS MAIS PAS CA !
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                    C'est une blague j'espère ? Si l'esclavage est tolérée c'est du fait de tes ex big boss, hein. Pas la peine de s'insurger pour ça. ET D’OÙ C'EST LA SEULE CHOSE QUE TU RETIENS, TU TE FICHES DE MOI !?

                    Plus elle parle, plus elle m'agace ! Je nous revois à Boréa il y a cinq ans.

                    DONC EN FAIT IL FAUT QUE JE ME CASSE LES CORDES VOCALES POUR QUE TU M’ÉCOUTES UN P'TIT PEU ?

                    Je suis déjà fatigué alors qu'on a pas fait la moitié du chemin. Est-ce que ça vaut le coup ? Je crois bien, ça me fait marrer aussi. Intérieurement.

                    Nounours, fais la taire ! Si tu continues... Rah ! Si tu continues, tu vas voir ! Alors écoute moi quand je parle ! Ou fais semblant d'écouter !
                      Ah ouais et c'est une raison pour que toi tu le tolères c'est ça ton excuse tout pourrie qui pue sévère ?! qu'elle lui lança en même temps alors qu'il demandait de l'aide à son ami.

                      Elle laissa ses mains le long de son corps, et se hissa sur la pointe des pieds pour se faire un tout petit peu plus grande. Les épaules redressées, bien que toujours douloureuse pour l'une, elle repoussa l'homme du bout du doigt avec le regard furieux, retroussant ensuite ses manches pour lui en coller une s'il le fallait :

                      Si je continue "je vais voir" ? Je vais voir quoi, Kiril, DIS MOI ?
                      Bon s-sérieux les gars, s-s-soyez coo-
                      NON MAIS VA Y TU VEUX PARLER BAH PARLE ! SOIS PAS UNE CHIFFE MOLLE, VIENS !
                      Oh non...
                      QU'EST CE QUE TU VAS FAIRE, PUNK ?!
                      L-Lilou, tu-tu devrais te calmer et-
                      AH NON MAIS PAS QUESTION ! C'EST LUI LA ! C'EST LUI QUI FAIT N'IMPORTE QUOI ET APRES IL S’ÉTONNE ! CA FAIT PAS DIX MINUTES QU'ON EST TOUS LES DEUX ET IL MET DEJA HORS DE MOI, C'EST DINGUE CA !


                      Elle était chiante, certes. Mais Kiril avait cette capacité spéciale pour la faire flamber bien plus vite que tous les autres trucs qui l'agaçaient en temps normal. Même Oswald, à côté, était un enfant de choeur.
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                      Ce que j'allais faire ?

                      JE VAIS TE JETER A L'EAU ! ET CA SERVIRA A RIEN PARCE QUE MÊME DANS LES PROFONDEURS DE L’OCÉAN, TU LES EMMERDERAS TELLEMENT QU'ILS TE RENVERRONT ICI !
                      Hum...
                      IL TE FAUT QUOI POUR ÊTRE CONTENTE ? MÊME QUAND JE FERME LA BOBINE TU TROUVES LE MOYEN D'EN RAJOUTER !

                      C'est toi qu'es pas possible !

                      J-je crois qu-qu'on approche d-de N-Nakamura...
                      C'EST CA TA MANIÈRE DE ME DIRE BONJOUR ? APRES CINQ ANS ? APRES QUE JE ME SOIS CASSÉ LA TRONCHE A VENIR ICI ! TU FAIS LA MOUE PUIS TU HAUSSES LA VOIX !?
                      Bon.
                      ON T'A PAS APPRIS LA POLITESSE !? TU L'AS PAS APPRISE TOUTE SEULE !? TU SAIS PAS COMMENT DIRE BONJOUR CA VA ? OU KIRIL VOILA CE QU'IL M'EST ARRIVE, OH KIRIL JE SUIS CONTENTE QUE TU SOIS PUTAIN DE LA !

                      BON TOUS LES DEUX VOUS ALLEZ LA FERMER ON VA PAS SE TAPER VOS QUERELLES TOUT LE VOYAGE ALORS AGISSEZ EN GRANDE PERSONNE ET ENTENDEZ-VOUS OU SI VOUS ÊTES PAS ASSEZ INTELLIGENTS POUR FAIRE SEMBLANT, TAISEZ VOUS MAIS ARRÊTEZ DE NOUS CASSER LES OREILLES !

                      Hem... S'il vous plaît, bien entendu.

                      Bien demandé, on a toujours plus de chance d'avoir ce qu'on veut. Bon, là, c'est surtout que Nounours ne crie pas... d'habitude. Jamais. Donc c'est bien elle qu'a un problème !

                      Pff.

                      En levant la tête au ciel pour ignorer l'autre rousse qui me casse les pieds, je remarque que Nakamura n'est plus qu'à quelques mètres. L'heure d'être discret.