Personne.
La voie lui semble libre et voici qu’il s’engage dans la ruelle sombre au cœur de la nuit. Quelques bruits inquiétants lui font dresser l’oreille, la capitale n’est plus aussi sûre qu’avant pour les truands nocturnes, depuis les frasques du Chien Fou et de Lilou Bennet Jacob, chacun en leur temps. On se méfie, les patrouilles n’ont pas été diminuées, les dents des militaires sont aiguisées comme leurs lames et les refus d’obtempérer se règlent rarement dans la paix. Mais lui ne peut se permettre de se faire repérer, la relation publique n’est pas son domaine d’action, pas avec sa tête qui lui vaut des misères à chaque fois qu’il la montre. Quat’Zyeux est un tueur et sa mère était une ivrogne.
Les deux laissent des traces. Son regard est noir derrière les verres qui, de loin, le rendent inoffensif avec la stature courbée, recroquevillée comme celle d’un bibliothécaire, dont il se revêt souvent à titre de précaution. C’est le noir de celui qui a donné la fin de vie. Et, comme si elle avait vu l’avenir grâce à l’absinthe, et peut-être l’a-t-elle bien vu, sa mère a tenu à ce que personne ne s’y méprenne. La terrible cicatrice qui lui zèbre le visage du maxillaire droit au sourcil gauche n’est pas une source de pitié. Elle est dure, comme lui. Elle est horrible, comme lui. Chacune de ses boursouflures, jamais totalement résorbées, fait peur à qui les regarde, comme lui.
Quat’Zyeux est un tueur et dans la nuit de la capitale la fin de sa victime approche, comme sa maison.
Les volets sont clos, sombres, pas un mouvement devant le bâtiment particulier, et pas un chat sur les toits. Le vent est au repos, parti fouetter la mer des docks en contrebas. La lune est masquée par des nuages que roussissent les lampadaires encore allumés, dans les lieux emblématiques de la ville.
Un bruit. L’exécuteur se fond soudain parmi les caisses de matériel déchargées devant les grilles de l’hôtel privé. Des semelles claquent à sa droite, accompagnées de voix à la violence de cri en cette heure trop avancée pour les braves gens. Une patrouille, aussi peu discrète qu’il est possible. Ces hommes compliquent la tâche des mauvaises âmes, mais comme ils sont perceptibles à trois lieues à la ronde, ils ne l’empêchent pas. Tant mieux. Quat’Zyeux se frotte les mains, une crise du marché du meurtre le mettrait en difficulté financière, il doit encore deux ou trois millions à un ponte de l’underground notamment, pour un investissement dans l’immobilier, pour ses vieux jours et les moins vieux de ses nièces. Les uniformes s’ébranlent et disparaissent au coin de la rue.
Il est temps.
Les épaules se redressent, le cou se dynamise, la silhouette gagne presque un pied de hauteur. Le meurtrier franchit l’obstacle des barreaux avec l’aisance d’un chat. Quelques instants de guet à nouveau pour laisser la poussière retomber, vérifier qu’il n’y a pas eu de couac ce soir dans la programmation des rondes, qu’il n’y en a pas une seconde en approche. Personne.
De ses poches, l’ombre extirpe quatre petits accessoires d’acier qu’il fixe, à ses bottes d’abord puis à ses mains. Les griffes ne lui apprennent pas l’escalade mais elles préviennent une chute éventuelle. Il grimpe, et les coudées défilent. Objectif, le deuxième étage, première fenêtre à gauche.
Eh !
Eh ! Vous, là !
Figé, Quat’Zyeux ne bouge pas un cheveu. Comment...
La voie lui semble libre et voici qu’il s’engage dans la ruelle sombre au cœur de la nuit. Quelques bruits inquiétants lui font dresser l’oreille, la capitale n’est plus aussi sûre qu’avant pour les truands nocturnes, depuis les frasques du Chien Fou et de Lilou Bennet Jacob, chacun en leur temps. On se méfie, les patrouilles n’ont pas été diminuées, les dents des militaires sont aiguisées comme leurs lames et les refus d’obtempérer se règlent rarement dans la paix. Mais lui ne peut se permettre de se faire repérer, la relation publique n’est pas son domaine d’action, pas avec sa tête qui lui vaut des misères à chaque fois qu’il la montre. Quat’Zyeux est un tueur et sa mère était une ivrogne.
Les deux laissent des traces. Son regard est noir derrière les verres qui, de loin, le rendent inoffensif avec la stature courbée, recroquevillée comme celle d’un bibliothécaire, dont il se revêt souvent à titre de précaution. C’est le noir de celui qui a donné la fin de vie. Et, comme si elle avait vu l’avenir grâce à l’absinthe, et peut-être l’a-t-elle bien vu, sa mère a tenu à ce que personne ne s’y méprenne. La terrible cicatrice qui lui zèbre le visage du maxillaire droit au sourcil gauche n’est pas une source de pitié. Elle est dure, comme lui. Elle est horrible, comme lui. Chacune de ses boursouflures, jamais totalement résorbées, fait peur à qui les regarde, comme lui.
Quat’Zyeux est un tueur et dans la nuit de la capitale la fin de sa victime approche, comme sa maison.
Les volets sont clos, sombres, pas un mouvement devant le bâtiment particulier, et pas un chat sur les toits. Le vent est au repos, parti fouetter la mer des docks en contrebas. La lune est masquée par des nuages que roussissent les lampadaires encore allumés, dans les lieux emblématiques de la ville.
Un bruit. L’exécuteur se fond soudain parmi les caisses de matériel déchargées devant les grilles de l’hôtel privé. Des semelles claquent à sa droite, accompagnées de voix à la violence de cri en cette heure trop avancée pour les braves gens. Une patrouille, aussi peu discrète qu’il est possible. Ces hommes compliquent la tâche des mauvaises âmes, mais comme ils sont perceptibles à trois lieues à la ronde, ils ne l’empêchent pas. Tant mieux. Quat’Zyeux se frotte les mains, une crise du marché du meurtre le mettrait en difficulté financière, il doit encore deux ou trois millions à un ponte de l’underground notamment, pour un investissement dans l’immobilier, pour ses vieux jours et les moins vieux de ses nièces. Les uniformes s’ébranlent et disparaissent au coin de la rue.
Il est temps.
Les épaules se redressent, le cou se dynamise, la silhouette gagne presque un pied de hauteur. Le meurtrier franchit l’obstacle des barreaux avec l’aisance d’un chat. Quelques instants de guet à nouveau pour laisser la poussière retomber, vérifier qu’il n’y a pas eu de couac ce soir dans la programmation des rondes, qu’il n’y en a pas une seconde en approche. Personne.
De ses poches, l’ombre extirpe quatre petits accessoires d’acier qu’il fixe, à ses bottes d’abord puis à ses mains. Les griffes ne lui apprennent pas l’escalade mais elles préviennent une chute éventuelle. Il grimpe, et les coudées défilent. Objectif, le deuxième étage, première fenêtre à gauche.
Eh !
Eh ! Vous, là !
Figé, Quat’Zyeux ne bouge pas un cheveu. Comment...