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Les justiciers de Boréa

Fin prêt, c’est avec ma vieille mère que je me dirige vers la garnison de Boréa. Je me suis mis dans les meilleures dispositions pour reprendre du poil de la bête : petit déjeuner solide, rasé, coiffé, parfumé, fringant et même crémé pour effacer les traces de mes abus d’alcool des derniers jours.

Ma mère a raison : la commission ne doit pas me faire sombrer. J’ai failli à mon devoir, je dois me reprendre et ne pas pleurer sur ma condition. C’est pourquoi j’ai accepté sa faveur, elle qui tient tant à Boréa qu’à l’ordre : enquêter sur les mystères de notre île. Je me suis déclaré comme son défenseur mais étant presque toujours en mission, je n’ai jamais rien pu faire pour elle.

Aujourd’hui, cela va changer. Je vais mener et boucler l’enquête sur ces mystères, et quand je rentrerai à Marie-Joie, je serai encore cet agent modèle et je garderai ce poste que j’aime tant !

Mais on a beau dire ce qu’on veut, ça fait bizarre de voir un agent du Cipher Pol en civil venir réclamer sa part à la petite Mouette. Je suis tombé bien bas et je sens qu’on me le faire savoir ...

Un coup de vent frais me sort de mes pensées, je frissonne et rehausse le col de mon trench. C’est alors que je réalise que ma mère me parlait de la vie de la caserne.

- Il parait que si la petite Commandante Midnight est là, ce n’est pas le fruit du hasard si tu vois ce que je veux dire ...

Elle me regarde avec un oeil voyeur et un rictus narquois, tout en frottant le bout de ses premières phalanges de ses index l’une contre l’autre pour me faire comprendre qu’il y aurait une affaire de coeur là dessous. Je lui réponds par un gentil sourire, c’est bien joli, mais je m’en fiche un peu. Et d’ailleurs, nous sommes arrivés.

Les marins de garde devant la caserne semblent habitués aux visites de ma mère ...

- Déjà, Mamie Skullson ? M’enfin, vous êtes à la retraite, prenez du temps pour vous ...
- Désolé de te décevoir mon petit, mais je risque pas d’être grand-mère avec ce boulimique de boulot et je veux pas avoir l’araignée collée au plafond à tourner en rond chez moi avec un mari complètement zinzin !
- Maman ...
- D’accord, d’accord, mais vous ne pouvez pas rester ici, ça peut être dangereux ou bien vous pourriez gêner une manoeuvre d’urgence ...
- Je sais, je sais, vous me le rabâchez à longueur de journée ! Mais là, je vous emmène mon fils ! Vous cherchiez bien du monde pour connaître le fin mot de cette prétendue bataille navale non loin de nos côtes, hein ?
- Oui ...
- Eh bah le voilà ! C’est un agent du Cipher Pol ! Alors les enquêtes, ça le connaît !
- Maman !

Et tout de suite, j’ai vu leur regard moqueur. Avant d’entendre un rire féminin doucement résonner de dans la caserne, juste derrière la porte.

- Hin hin hin ... Ainsi le chien du gouvernement vient quémander des vieux restes à cette pauvre mouette, mouette qu’il a méprisé et affamé.
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Quand j’ai vu à qui appartenait cette voix par delà la porte qu’elle a ouverte, je me suis dit qu’il était temps d’ouvrir ma boutique de prêt à porter de luxe.
Non mais franchement, c’est autorisé autant de fantaisie vestimentaire en pleine fonction ? Les représentants de l’ordre ne devraient-ils pas être sobres, fringants, ou au moins présentables ?

- Ah ! Commandante Midnight !
- Madame Skullson, bonjour ...
- Je sais ce que vous pensez des agent du Cipher Pol, je pensais la même chose que vous avant d’en avoir un pour fils, mais est ce que nous ne devrions pas nous unir puisque nous sommes du même côté de la loi ?

Elle n’arrête pas de me toiser, un léger sourire en coin de lèvre. Les rares fois qu’elle baisse les yeux, c’est pour parler à ma mère.

- Je suis de votre avis, ma chère, mais le Gouvernement ...
- Allons, je ne suis pas ici en qualité d’agent. Je viens vous présenter mon expérience en tant que civil. En tant que boréalin qui tient à son pays.
- Comme durant les quatre cents coups d’Alrahyr Kaltershaft ?
- Non, à ce moment là, c’était l’agent qui travaillait.

Il a fallu très peu de choses pour mettre le feu aux poudres et débuter une petite joute verbale.

- Et croyez le ou non, il s’en veut de ne pas avoir pu intervenir. Il me l’a confié hier.
- Hin hin hin. Maintenant, vous voyez ce que ça fait quand une institution plus haute que vous prend en charge un dossier sur lequel vous étiez.
- Je ne décide de rien. Et puis nous avons plus de moyens. A ce propos, actuellement, vous n’en avez aucun, sinon, vous ne chercheriez pas quelqu’un pour trouver quelque chose à vous mettre sur la dent.
- Touchée.
- Alors si vous ne voulez pas me confier l’affaire, je retourne d’où je viens. Si je suis venu ici, c’est uniquement pour faire plaisir à ma mère, et parce qu’en tant que boréalin, je me sens concerné.

Elle reste muette un moment, sans décrisper son petit rictus moqueur.

- Bizarrement, le chien du gouvernement garde sa niaque même quand il devient un gentil toutou domestique.

Puis elle devient sérieusement.

- J’accepte votre aide, Monsieur Skullson. En qualité de civil expérimenté et pour l’amitié qui me lie à votre mère. Rien de plus.
- Bien entendu.
- Madame Skullson, je ne vous raccompagne pas ...
- Non, je connais encore le chemin jusqu'à ma maison !

Pourtant, chacun sait que ce qui vient d’être dit n’est certainement pas vrai. Elle sait que je reste un agent du Cipher Pol et elle, une simple Marine. Une Marine qui ne sait pas où donner de la tête mais qui est pourtant touchée par l’affaire. Et comme elle n’a rien à se mettre sous la dent, elle me délègue sa mission faute de mieux.

Ca me plait.

- Venez, dans mon bureau.

Je sens que les deux marins de garde auraient bien voulu ne pas me laisser entrer, mais j’ai un laisser-passer exceptionnel, alors c’est la tête haute que j’entre dans la garnison, la tête haute, et que je suis la Commandante. Comme un vrai agent du Cipher Pol.

Elle m’invite à m’asseoir devant son bureau et me propose une tasse de café que j’accepte volontiers. Déjà parce que c’est du café, mais aussi parce qu’il est gratuit et gracieusement offert par la Marine. Une fois bien accommodés, elle prend la parole.

- Bien. Comme vous devez le savoir, une bataille navale a éclaté près des côtes de Boréa. Nous présumons qu’elle opposait des pirates à la Marine, mais il n’existe aucune trace de cette victoire dans les livres. Rien. Ca, c’est la version officielle.
- Donc, il existe une version officieuse.
- Exactement. Du fait, je présume que les cuirassés n’appartenaient pas à la Marine, sans pour autant savoir à qui, même si j’ai quelques soupçons. En effet, j’ai infiltré le réseau Ashura, producteur de Dance Powder mais l’information-clé est que ses dirigeants préparaient un coup d’état contre Boréa dans un coin bien caché dans les environs côtiers de Boréa. Au Croissant Lunaire, qui comptait un entrepot qui a été complètement détruit. Dans ma mission, j’ai croisé un certain Loth Reich qui avait les mêmes intentions que moi, mais il a été mandaté par le Roi de Boréa.
- Et donc il aurait fait échouer le coup d’état à lui seul ?
- C’est ce qu’il affirme. Mais j’ai également fait la connaissance de deux autres individus, Avada Kevadra et Jonathan Nivel. J’imagine qu’ils sont complices secrètement car primés mais je n’ai rien pour le prouver ... Il affirme également que leur présence est due au hasard.
- Hm ! Tant de monde pour un secret aussi bien gardé ... C’est juste hilarant.


Dernière édition par Björn Skullson le Dim 1 Nov 2015 - 12:37, édité 1 fois
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- Comme vous dites.
- Et après ?
- Durant l’assaut de ce Loth Reich, j’ai été gazée et paralysée. La seule chose dont je me souvienne c’est que la bataille a eu lieu non loin du Croissant Lunaire. Je pourrais vous y amener si vous le désirez.

Et l’avoir dans mes pattes ? Certainement pas !

- Vous avez d’autres pistes ? Je ne sais pas, des trajets qu’empruntait le réseau Ashura par exemple.
- Eh bien, peut être, oui. Ils effectuaient des trajets pour livrer la Dance Powder, un navire accompagné de deux escortes. Donc avec un peu de chance, il se peut qu’un trio de navire ne soit pas encore rentré à Boréa, donc qu’ils ne savent pas pour la bataille navale. Avec un peu de ruse, ils pourraient vous conduire jusqu’au croissant lunaire et donc aux bâtiments détruits.
- Et ce que vous voulez que je vous ramène, ce sont des preuves que la bataille navale opposait le réseau Ashura à Loth Reich et ses hommes ?
- Exactement. J’imagine que vous allez devoir partir à la pêche aux cadavres à un moment où un autre, alors peut être que vous trouverez Benjamin Levasseur, alias la Braise, un chef du réseau Ashura en charge, capitaine de la flotte, primé à 25 millions de berries. Ce serait une preuve incontestable. Mais ce que je cherche vraiment à prouver, c'est l'implication de criminels dans cette histoire.
- Hm ...

J’avale avidement la tassé de café -enfin, son divin contenu- et me lève d’un trait.

- Merci beaucoup. Merci pour votre confiance.
- Pour Boréa ?
- Pour Boréa.

Je lui serre la main et tourne les talons. Pourtant, je n’arrive pas à m’ôter de l’esprit que ce n’est pas normal d’être ainsi vêtu alors qu’on est en fonction. C’est vraiment dommage, parce que c’est un chouette brin de fille. Mais ce n’est pas le moment de se demander si je devrais ouvrir un rayon féminin. D’ailleurs, elle me sort de ma stupeur.

- Si je peux me permettre ...
- Oui ?
- Quelle sera votre approche ?
- Des plus populaires. On néglige trop souvent le peuple.

Je te l’ai dit, Commandante, hors de question de t’avoir dans les pattes. Cette enquête sur ce bienfaiteur de Boréa pourrait s’avérer plus intéressant que prévu.
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Je quitte la garnison pour me rendre dans une des tavernes de Lavallière. Ce n’est pas qu’une légende urbaine, c’est ici que se racontent tous les ragots. Bien sûr, il faut savoir faire le tri, mais c’est une habitude que j’ai pris. Même si je me suis un peu moins habitué ces dernières années grâce ou à cause des renseignements précis du Cipher Pol.

Et même dans ce que m’a dit Midnight, il m’a fallu lire entre les lignes. Ce qu’elle veut, c’est coincer ce Loth Reich en prouvant l’implication de criminels dans ses actes. Mais ce curieux justicier m’intrigue et hors de question de l’incriminer. Non, je veux le rencontrer en chair et en os. Si pour toi la fin justifie les moyens, cher acolyte, alors je vais jouer au même jeu que toi. Je vais mentir à cette Commandante et te laisser filer pour mieux te traquer. Il ne fallait pas me donner les rènes et vous plaindre de rester sur le carreau, Commandante Midnight.

C’est ironique n’est ce pas ? Il m’a fallu voir le fond du trou pendant une permission pour faire renaître l’agent qui dormait en moi après une légère déprime alcoolisée. Encore une fois, je vais déformer la réalité à mon avantage pour la faire vérité. Encore une fois il est démontré que le Cipher Pol reste supérieur à la Marine.

Maintenant, l’air me parait tout à fait vivifiant et revigorant. C’est donc avec plaisir que je parade en pleine ville, arpentant fièrement les rues de Lavallière, fier comme un Skullson.
D’ailleurs, j’aperçois déjà la taverne la plus proche, alors je pousse la porte et gratifie les présents d’un salut tonitruant. Ce qui réjouit le tavernier.

- Ah ! Voilà l’enfant du pays !

Je lui souris radieusement.

- Enfin en permission ?
- Eh oui ! Ca faisait un petit moment !
- Je t’ai vu hier soir ... T’avais grise mine et l’air d’en tenir une bonne.
- Bah, vous me connaissez ... Le boulot, toujours le boulot ... Je n’ai pas attendu d’être arrivé pour relâcher la pression ...
- Hahaha, je comprends. Ouaip !

Après une poignée de main chaleureuse, je m’installe à une table, et je choisis le petit sofa le moins miteux.

- Qu’est ce qui te ferait plaisir ?
- Allons Walter ! Un café !
- Noir, serré et sans sucre !
- Exactement !
- Tu veux un cendrier ?
- Vous lisez dans mes pensées !

Et nous voilà en train de rire. L’un de nous deux rit de bon coeur, et ce n’est certainement pas moi.

Bon ... Voyons voir ... La taverne est assez déserte : un mec à sa table, pas très loin de moi ; quelques poivrots au comptoir, qui empestent les lieux avec les relents de vinasse qui émanent de leur verre ... Rien de bien intéressant.
Ca parle de la pluie et du beau temps, de l’hiver qui vient et qu’on redoute ... La base. L’essence même des discussions du bas peuple. J’imagine que j’arrive trop tard pour qu’on évoque la bataille navale. Les gens ont du déjà faire le tour des sombres conneries qu’il y avait à raconter.

C’est dingue quand même, les rumeurs. Comment peut-on en arriver à déformer ainsi la vérité ? Ah ! Cette question m’arrache un délicieux rictus qui me fait montrer toute mes dents.
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- Voilà ... Tout chaud !
- Merci Walter.

Je lui glisse quelques Berries et lui un sourire franc. Je prends le temps de humer délicieusement l’odeur des grains de café fraîchement moulus et ébouillantés. Brut mais subtile, c’est rare d’avoir un café d’une telle qualité dans un rade comme celui-là, pile comme je les aime ! Je porte la tasse à mes lèvres et tant pis si je me brûle, je ne peux plus résister. J’aspire un minuscule gorgée pour tester la température et l’avale aussitôt.

Il est encore chaud. Trop chaud. Mais mes veines sont électrisées et se réveillent pour me réclamer encore plus de café ! Douce sensation que l’appel de la caféine !

Je relève les yeux de ma tasse. Toujours rien. Il y a bien eu quelques mouvements mais rien de bien important. La routine pour ce brave Walter. Je souffle un peu sur mon café pour le refroidir. Toujours rien. Je passe moi index sur le bord de ma tasse, comme ça, machinalement, pour m’occuper l’esprit. Ca rentre, ça sort, mais que des gens de cette ville j’imagine.

Je ne peux plus attendre ! Je saisis ma tasse et avale goulûment une gorgée. Et pour faire honneur à ce café, je sors mon paquet de cigarette, le tapote un peu contre la table et prend la cigarette qui s’en extirpe le plus. Celle retournée, la cigarette porte-bonheur !
C’est un petit rituel que j’entretiens : à chaque nouveau paquet, je retourne une cigarette au hasard. A chaque fois que j’ai envie de fumer, je tapote le bas du paquet et je prends la cigarette qui ressort le plus. Si c’est la cigarette retournée, c’est celle qui me portera chance. Ca peut paraître stupide comme superstition, mais j’y tiens.

Là aussi, je me délecte de ce moment. Il n’y a pas de meilleur mélange que la caféine mêlée à la nicotine, aussi nocif et addictif puisse-t-il être. Et il me faut bien ça pour me faire passer le temps.
D’ailleurs, je m’amuse un peu pour m’occuper aussi. J’active mon Radiant Core et le règle sur deuxième sous-fréquence, celle qui me permet de détecter les présences aux alentours. Effectivement, je ressens celles des personnes que je vois. Je sens également que quelqu’un est actuellement aux toilettes et qu’il y a quelqu’un à l’étage du dessus qui fait des va-et-vient, sûrement la femme de Walter qui s’occupe de leur maison avant de prendre le service.

En parlant de Walter, le voilà qui se dirige dans la pièce privée et j’entends le doux vrombissement d’un Den den. Héhé, parfait ! J’active la troisième sous-fréquence, qui me permet de capter les discussions via Den den.

- ... se dépêcher quand même ! Je vais leur offrir quoi aux clients ? Ca fait deux semaines que j’ai commandé ces tonneaux de bières !
- Je sais Monsieur, mais nous faisons de notre mieux ! Pour nous faire pardonner, je vous offre un carton de vins cuits.
- J’espère bien ! C’est bien la moindre des ch...

Pas intéressant, retour à mon café après extinction du Radian Core.

Après m’être ravitaillé en caféine et en nicotine, je me vautre un peu plus dans ce sofa aux ressorts bientôt apparents et tourne la tête vers mon voisin qui lui non plus n’a pas bougé de place depuis mon arrivée.

Par contre, les bouteilles vides ont commencé à envahir la table, et je crois qu’il commence à s’endormir. Et puis mes yeux se portent sur son bras, plus précisément sur sa vilaine blessure qui suinte malgré le bandage dégueulasse grossièrement posé.
Si je n’arrive pas à me débarrasser de l’agent qui est en moi, il faut croire que c’est la même chose pour le chirurgien et ingénieur.

- C’est pas joli ce que vous avez là ...

En voyant que je lui adresse la parole, il se réveille un peu, se redresse légèrement et ravale son filet de bave qui commencer à ruisselet sur son menton puis essuie l’excédent d’un revers de main.

- Hein ?

Sombre crétin ! Déjà tu ne m'as pas l'air très fin, mais en plus tu ressembles à rien, tuméfié de partout.

- Je disais : c’est pas joli ce que vous avez là.
- Ah, ouais. Je me suis fait ça en mer, en South Blue. On s’est fait attaqué, on a bien morflé. Plus de la moitié de mon équipage y est passé, alors je peux dire que je m’en tire bien ... Je vais pas me plaindre.

Intéressant. S’ils se sont faits attaquer, c’est qu’il y avait une raison. Et j’imagine que ce n’est pas un simple pillage de marchands. Surtout s’il revient d’aussi loin.

- Et c’est vous qui vous êtes soigné ? Vous n’avez pas un toubib à bord ?
- Ouais, c’est moi. Not’ toubib a passé l’arme à gauche et nourrit la poiscaille maintenant.

Un équipage qui a un médecin à bord. De mieux en mieux. Mais il est alcoolisé, même bien imbibé, c’est presque trop facile de lui tirer les vers du nez.

- Je peux y jeter un oeil ? Je suis moi même chirurgien.

Je fouille dans ma poche intérieure de mon trench et lui sort une petite boite de premiers secours que j’agite pour la lui faire remarquer. Toujours utile ce petit kit du médecin ambulant.
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Mais juste avant, j’engloutis le reste de ma tasse et prend une nouvelle bouffée sur ma cigarette puis balaie la table avec mon avant-bras. J’ouvre la petite boite du médikit, je sors le petit plastique aseptisé et le pose sur la table pour protéger mes outils et ne pas contaminer mon patient de fortune. Ciseaux, scalpel, fil, aiguille, compresses, bandage, petite fiole d’alcool et gants. L’odeur aseptisée remonte jusqu’à mes narines, j’aime ça.
Le type regarde ma panoplie un peu bizarrement, comme si j’allais le torturer, puis consent à s’approcher de moi.

- J’y vais.

Je pose ma cigarette dans le cendrier à côté, me nettoie les mains avant d’enfiler les gants et défaire délicatement ses haillons qui lui servent de bandage dégoûtant que je pose à côté de lui. Et là, la vérité s’impose d’elle même encore plus fortement : c’est vraiment pas beau.
La plaie a arrêté de saigner mais suinte encore en plus d’être béante. Elle parait assez profonde et pire encore, la nécrose commence à se répandre depuis les bords.

- Oulà ... Vous devez avoir un mal de chien !
- Vrai qu’elle me fait douiller cette salope !
- Eh bien, vous n’avez pas fini de souffrir. Je vais devoir couper les parties nécrosées.

J’ai cru qu’il allait se mettre à chialer à lorgner consécutivement sa blessure et mon visage.

- Walter ! Un torchon propre et un verre de ce que vous avez de plus propre !
- Tout de suite !

J’active la sur-fréquence de mon Radiant Core pour le rassurer un temps soit peu. Avec la dose d’alcool qui l’a ingurgité, ça devrait faire l’affaire et tant pis si ça ne le fait pas. Ce serait pire sans mon intervention.

Walter arrive et me donne ce que j’ai demandé avec un regard inquiet. Quand il croise mon regard assuré, il se confie à mon alcoolique de patient.

- Vous inquiétez pas, ça va aller, il a des doigts de fée ! De vrai !

Je verse quelques gouttes d’alcool sur une compresse et nettoie la plaie en lui arrachant une grimace de douleur avant de lui tendre le verre et le torchon propre.

- Cul sec, et mordez ça.

Aussitôt, il s’accomplit sans se faire prier.

- A trois. Un ...

Couic. Avec le ciseau, j’attaque les parties atteignables. Il hurle de douleur mais son cri est étouffé par le torchon qui mord de plus belle. Avant d’attaquer avec le scalpel, je lui laisse un peu de répit. Il en profite pour se tortiller dans tous les sens, et encore plus quand je passe une nouvelle compresse d’alcool pour tout désinfecter.

- Navré, mais c’est nécessaire. Et c’est pas fini.

Si je n’étais pas professionnel, je pense que je jubilerai de le voir souffrir.

- Attention, j’y retourne.

Il mord le torchon comme si c’était la seule chose qu’il le maintenait en vie et qu’on tentait de lui arracher. Et encore davantage -même si je pensais que ce n’était pas possible- quand je fais une incision pour éliminer les parties nécrosées. Le temps que je finisse de les délimiter, il hurle et pleure comme jamais il a hurlé et pleuré. Plusieurs fois il a tenté de retirer son bras mais heureusement pour lui, je le bloquais fermement.

Une fois mon travail de découpe terminé, je passe une dernière compresse alcoolisée pour vraiment tout désinfecter. Lui se met à trembler, le visage complètement décomposé. Mais le gros de la douleur est passé, broder les points de suture sera un moindre de mal que je m’occupe d’accomplir sur le champ.
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Une fois le travail terminé et la souffrance passée, je remballe tout ce qui est usagé -même les chairs nécrosées- dans le plastique comme un baluchon, que je protège et renferme avec mes gants, retournés. Le tout forme une boule compacte et propre.
Question d’hygiène.

- A un moment donné, j’me suis demandé si je devais vous remercier ou vous planter.
- Et alors ?
- Z’êtes toujours en vie.
- Mais vous ne m’avez pas encore remercié.

Un ange passe.

- Laissez tomber, tout le plaisir était pour moi.
- J’en doute pas une seule seconde.

Il jette un dernier coup d’oeil à sa plaie nettoyée et refermée et me tend son autre main en souriant.

- Merci l’ami !

Je lui tends la mienne dans une poignée de mains chaleureuse, mais je ne peux pas m’empêcher de lui lancer une dernière vanne.

- Je suis intervenu, vous pouvez donc utiliser votre autre main, votre bras ne risque plus l’amputation.
- Vrai, vrai.

Il me sourit et j’éteins mon Radiant Core. Il a fait son petit effet, je crois que j’ai gagné sa confiance. J’ai plus qu’à le cueillir.

- Si je puis me permettre, qu’est ce que vous faites dans la vie pour qu’on vous inflige de tels maux ?
- Bah, je suis le capitaine d’un navire-escorte.

Tiens donc.

- Ah ! Mon vieux, vous arrivez trop tard.
- Pourquoi vous me dites ça ?
- Vous n’êtes pas au courant ? Il parait qu’une bataille navale a éclaté au large de Boréa il y a quelques temps.

Je vois son air inquiet ! Je le vois !

- Et c’était qui ?
- Apparemment, la Marine contre des Pirates.
- La routine quoi ...
- Ouaip, la routine ...

Mais la routine a l’air de drôlement t’inquiéter, surtout quand tu te frottes anxieusement les mains sur les cuisses. Alors je me penche vers lui pour chuchoter quelques mots.

- Sauf qu’il parait que le Croissant Lunaire a été rasé.
- QUOI ?!

Bingo. S’il n’appartenait pas au réseau Ashura, il avait peu de chance de connaître cet endroit que moi même, Boréalin de naissance, ne connaissait pas. Du moins, son importance.
Alors je me rapproche encore un peu plus près de lui.

- Ah, j’ai enfin la confirmation que j’attendais ! Vous faites parti du réseau Ashura, pas vrai ?
- Que ... quoi ? Mais non !
- Écoutez, je suis le médecin de bord d’un navire qui était parti pour West Blue quand c’est arrivé. Je suis le seul de mon équipage à être resté sur Boréa. On a plus rien à faire maintenant alors je vaque à mes occupations.
- Oh la merde ...
- Ouaip, comme vous dites. Même l’Amiral Levasseur y est passé. Et la bataille navale qui a éclaté, c’était sa flotte !

Hahaha, mon petit exutoire reste sans voix. Il est à point ! A point vous dis-je !

- Votre équipage est toujours valide ? Votre rafiot flotte toujours ? Embarquons, vous pourrez le voir de vos propres yeux !
- Vendu ! J’arrive toujours pas à y croire !

Oui, vas y ! Mènes moi au Croissant Lunaire !
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Nous nous levons et il commence à partir, saluant le tavernier.

- Deux petites secondes, je dois aller aux toilettes.
- La règle des 3C ? Café, clope, c...
- Hahaha, ouais, exactement !

Connard, aucun tact. Il quitte donc l’établissement et je me dirige aux toilettes. Vraiment. Sauf que je n’ai aucune envie naturelle pressante. Non, je sors plutôt mon Den Den, il a eu une tignasse blonde qui relève plus du crin que du cheveu et il est sale. Ethan Delgaz, mon coordinateur quoi.

Purupururu ... Purupururu ... Purupururu ... Katcha !

- Ethan ? C’est Björn.
- Oh ! Bjöbjörn ! Ca fait plaisir d’avoir de tes nouvelles ! Dis, tu nous as quitté par au mieux de ta forme, je m’inquiétais moi !
- Ouais, désolé. Mais cette permission m’a fait du bien, j’ai repris du poil de la bête.
- Ah ! Voilà ce que j’aime entendre ! Et il faudra que tu sois fort pour la commission !
- Ouaip ... Ouaip ... Bon, sinon, dis moi, tu pourrais me glaner quelques infos sur Avada Kedavra et Jonathan Nivel s’il te plait ? Il se passe des trucs pas très clair sur Boréa et tu me connais, je n’aime pas savoir que des crapules y rôdent ...
- Kedavra et Nivel ? Ouais, c’est noté mon Bjöbjörn !
- Par contre, même si tu as les infos, c’est moi qui te contacte, j’y tiens.
- Héhé, comme en mission, d’accord ! C’est un bon Malamute ça, toujours à flairer même en perm’ !
- A plus tard, Ethan.
- A plus, et fais gaffe à toi.

Katcha !

Histoire de créer un peu plus de vraisemblance, je tire la chasse d’eau et me lave les mains avant de sortir des toilettes. Walter m’adresse la parole, un sourire en coin.

- Ah, personne n’y échappe, pas vrai ?
- Oh que non ! A une prochaine Walter !
- Ouais, dans dix ans, c’est ça ?

J’éclate de rire. Donnez moi la récompense du meilleur acteur, à moi aussi c’est mon boulot de parfois jouer la comédie, et c’est d’autant plus difficile de bien la jouer quand on est confronté à des gens indélicats. Pourquoi faut-il que le peuple n’aient aucun goût ? Il faut vraiment que je songe à ouvrir une Skullson’s Gallery ici, à Lavallière. Ce serait comme un petit aperçu de prestige qu’on pourrait goûter à Bourgeoys, ville que je commence à regretter.

Donc, je sors de cette taverne poussiéreuse et je gagne le port.
Après quelques minutes de marche, j’atteins ma destination, et surprend une conversation entre mon petit capitaine et ce que je devine être un de ces larbins.

- Et l’est sûr au moins, ton toubib ?
- Sûr j’te dis. Il était sur un navire escorte de North Blue. Je crois qu’il faut un mec qui sache retaper ce que j’ai eu quand on sait que ça peut bastonner.
- Et c’est lui ?

Le dubitatif a jeté un oeil par dessus l’épaule de son capitaine, qui se retourne aussi sec, les deux me regardant, je reste figé.

- Ouaip. Montez à bord ! On va partir. J’ai réveillé ce qui reste de mon équipage, et même s’il est réduit, on devrait arriver au Croissant sans trop de souci.

Héhé, broutez mes petits moutons, broutez en toute insouciance. Le loup que je suis ne vous mordra pas. Pas cette fois.
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Au bout d’une bonne demi-heure, nous arrivons enfin au Croissant Lunaire, la presqu’île à l’ouest. Il y a eu beaucoup de manoeuvres à effectuer, nous étions déjà réduits, mais il a fallu que je donne moi aussi un peu de ma personne. Je ne m’y connais toujours pas en navigation, mais tirer sur des cordes qu’on appelle un bout, ça je sais faire. Je m’estime quand même au moins un peu plus intelligent que la moyenne.

Et le constat est vite : tout n’est que ruine et gravats. Même mon équipage de fortune qui s’arrête, sidéré. C’est aussi une partie de leur vie s’est écroulée. Une partie de leur vie de malfrats.

Les pauvres.

Oui, j’aime manier l’ironie.

Bref, cet endroit n’a finalement rien pour m’intéresser réellement, je sais d’après Midnight que ces bâtiments appartenaient au réseau Ashura, je n’ai donc pas de preuve à fournir de ce côté là. Non, ce que je cherche en m’éloignant de mes petits camarades, c’est des traces d’éventuels complices de ce Loth Reich. Même s’il était effectivement accompagné par Kedavra et Nivel, trois mecs ne peuvent décemment pas faire ça à eux seul.

J’entends l’équipage qui discute, se consterne ou chiale.

- Hey ! Le roi du scalpel et de la torture, on va bientôt y aller ! Je sais pas ce que tu fous là bas, mais y’a plus rien ! Ca sert à rien de rester ici, ça me fait juste mal au coeur !
- Laisse moi quelques petites minutes !

Il me faut quelques instants supplémentaires parce que je viens de remarquer quelque chose : les décombres sont presque trop bien “rangés”. Ce que je veux dire, c’est que certes, c’est le bordel partout, mais il faut que je prenne de la hauteur pour être sûr. Si l’attaque qui a causé ça venait de l’extérieur, les débris n’auraient pas été soufflés de la sorte. Et je ne peux pas me permettre de gagner les airs avec des Geppou, non, je dois faire à l’ancienne et escalader ce qui tient encore debout jusqu’à être suffisamment haut. Et ce que j’entreprends aussitôt, sous l’oeil attentif de l’équipage.

Et au bout de quelques minutes, je peux dresser un constat sans trop me tromper : ce ravage est sûrement du à une autodestruction, ce qui aurait pu effet de cacher certaines évidence sous un immense tas de décombres, ce qui serait totalement décourageant.
Sauf que de là où je suis, j’aperçois les restes d’un ponton, comme s’il y avait eu un bâtiment qui accueillait les navires.

Je pense que c’est le bon moment pour faire trempette et montrer que je suis un boréalin, un vrai, et que le froid engourdissant et dévorant ne me fait pas peur. Je fais donc mine de chercher dans la poche intérieure de mon trench, mais j’active la première surfréquence pour me rassurer un peu, et me réchauffer très légèrement.

Je me dirige donc vers ces ruines de ponton, passant devant ceux qui m’ont amené ici.

- Je veux vérifier une dernière chose.

Sans plus attendre, je prends un grand bol d’air, je coupe ma respiration et je plonge. Le froid ne manque pas de m’envelopper et de ronger ma peau.

Je commence à descendre dans les profondeurs et j’active la fréquence normale de mon Radiant Core quand je suis assuré que la lumière émanant des mes paumes et des extrémités de mes doigts grâce à mon petit bijou de technologie atteint difficilement la surface.

Assez vite, je tombe sur des navires du réseau Ashura. Ou du moins, là aussi, sur ce qu’il en reste. Et je suis formel : ils ont été minés, je le devine par les trous béants et certaines coques salement scindées en deux -ou pire- avec l’explosion.

Loth Reich ou ses éventuels complices ont donc reçu une aide extérieure. Ils ne pouvaient pas se trimballer autant de mines et en plus gagner une bataille navale. J’en sais assez pour remonter à la surface, j’en profite pour couper la fréquence de mon Radiant Core.

Névés

Au bout de quelques Geppous dans l’eau, je peux enfin reprendre mon souffle. Et l’accueil est tout aussi glacial que mon corps quand je remonte sur la terre ferme.

- Il est cinglé ton toubib de plonger dans l’eau ! Il a pas vu qu'y’avait une banquise pas loin ?
- J’avoue. Bon, t’as trouvé ce que tu cherchais ? C’était quoi ? Sinon remontes à bord, on doit bien avoir des couvertures qui traînent par là.
- La flotte qui était ici a été minée. Je ne sais pas qui est le responsable, mais il était préparé et bien entouré.

*-*-*-*-*

Je reste digne mais je ne peux m’empêcher de grelotter. J’ai beau être dans la cabine, sous un tas de couvertures, mes habits sont trempés et presque gelés.

- On retourne à Lavallière, on te dépose là bas ?
- Ouais.

Et nous voilà sur le chemin du retour, et il faudra qu’ils m’oublient pour les manœuvres.
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Quand nous avons atteint le port, je me suis dépêché de rentrer chez mes parents. Eux sont repartis je-ne-sais-où pour faire je-ne-sais-quoi. Je ne peux pas continuer la mission dans de telles conditions, sinon, tout ce que je vais attraper, c’est la mort, boréalin ou non.

- Déjà rentré Björn ? Tu as fini ce que tu avais à faire ?

Toujours aussi mère-poule. C’est bizarre, parce qu’en dehors, c’est une vraie tête brulée qui serait encore capable de se sacrifier pour la Marine ...

- Non, mais je viens me changer, peut être même me réchauffer et prendre une autre douche. J’ai du faire une petite virée sous-marine.
- Quoi ?! Comme ça ?
- Maman, certains Boréalins prennent bien des bains glacés tout nus ...
- Mais justement ! Ils ont la décence de quitter leurs habits, eux ! M’enfin, tu connais la maison ...

*-*-*-*-*

Après m’être lavé et changé, midi a sonné. J’ai donc été inventé à table. Et donc, j’ai pu encore une fois constater la folie de mon père.
Il se met à couper net son morceau de viande avec son couteau.

- La justice a tranché ! Coupable !
- Mange, chéri.
- Natacha, je ne suis pas votre “chéri” ! Une fois pour toute, arrêtez de me faire du rentre dedans.

Ma mère lève les yeux au ciel en soupirant, mon père écrase ses petits pois.

- Vous l’avez bien cherché ! Le marteau de la Justice s’est abattu sur vous !

Elle se lève, claque fermement ses mains sur la main et ... oh, une minute, je connais cette posture ! Ca me rappelle mon enfance ! Fermez les écoutilles auriculaires !

- Viktor Sergeï Skullson ! Mange !

Il la regarde, triste comme un petit gamin ou un animal inoffensif, prend aussi fébrilement que rapidement une grosse cuillère du contenu de son assiette et la fourre dans sa bouche, l’air apeuré et complètement coopératif sous la menace.

Ma mère soupire une nouvelle fois et se rassied, interdite. Moi, je me dis que ce repas est bien trop gras et lourd donc je vais éviter d...

- C’est la même chose pour toi, Björn.

Bon, je crois que je peux faire une petite exception. Non mais c’est vrai, on tire trop sur la cordelette. On tire, on tire, on tire ... On en oublie le plaisir et de relâcher la pédale ! Ce n’est pas six pieds sous terre qu’il faudra penser à notre bien être !

Du coup, une fois mon assiette enfin complètement vide, je m’autorise une petite sortie de table. Ma mère m’arrête.

- Tu vas mener une enquête, il te faut des forces. Reprends donc un peu de ragoût aux petits pois ...
- Non merci, ça va aller, je vais sûrement devoir jouer les fossoyeurs aquatiques donc bon ...
- Il y a de la tarte pour le dessert. Aux fraises, comme tu les aimes. Je sais que tu en raffoles !
- Oh ? Alors j’en prends un bout et je file ...
- Non, tu en auras si tu reprends du ragoût.
- Eh, oh, Maman, j’ai plus deux ans hein. Et je ne suis pas Papa.
- J’aurais essayé au moins.
- Papapa ? Papapa ? Non, ce sont des Panous. On en chassait avec mes collègues quand on ne travaillait pas. Ca ressemble à des petits hommes nus mais ça ne fait que crier “Panou ! Panou”.
- Tu n’as jamais cessé de travailler Papa ...
- Et quand tu devais entendre des “Pas nous”, c’étaient sûrement des délinquants notoires que tu écrouais implacablement, Viktor ...
- Papa ! Je ne suis pas votre père, avorton ! Je ne sais pas qui vous a éduqué -ou plutôt manqué de vous éduquer- mais il y a des baffes qui se perdent !

C’est à mon tour de soupirer. Et je n’en démords pas, je pars bel et bien avec un morceau de tarte aux fraises pour me rendre à nouveau à la garnison.
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Je profite du temps du trajet pour joindre Ethan dans un petit coin tranquille.

Puru puru puru ... Katcha !

- Ethan ? C’est encore moi. Alors, tu as des infos à me balancer ?
- Bjöbjörn ! Ouaip !
- Je t’écoute.
- Euh ... où est ce que j’ai mis ces feuilles ... Attends, deux secondes Bjöbjörn !

J’entends comme un bourdonnement, signe qu’Ethan a encore perdu ses feuilles volantes. Je crois même entendre qu’il soulève quelque chose de lourd, peut être son bureau.

- Putain de feuilles à la con ! Ah ! Vous voilà ! Bjöbjörn ? T’es toujours là ?
- Oui Ethan, oui ...
- Désolé, tu me connais, c’est un peu le bordel ...

Doux euphémisme.

- Donc ! Avada Kevadra ... C’est un ... euh ... humain un peu bizarre. Un tueur à gage hors norme. On l’a souvent vu en North Blue. Le CP5 a essayé de le coffrer, mais c’est un peu bizarre la suite ... Ca parle de la Guilde des Usuriers et d’un chapeau rouge ...
- La Guilde des Usuriers ?
- Ouaip, et d’un chapeau rouge.
- J’entends bien, mais tu as des infos sur cette fameuse guilde ?
- Ben, c’est un groupe d’usuriers quoi ... Qui brasse pas mal de flouze ces derniers temps d’ailleurs. Ils ont été forcés d’obéir à Greed puis à Red.
- Le pirate sous le chapeau rouge donc.
- C’est ça.
- Hm. Et pour Nivel alors ?
- Lui aussi c’est un original, et un bon. Il a tout perdu à cause d’un équipage de pirates, il a fini par se braquer contre la Marine qui lui a quand même sauvé la peau. Mais il a pas pu se cantonner à être un sacré Révolutionnaire, il a créé son propre groupe d’allumés du caberlot, les Nivelleurs, pour tout faire sauter. Sauf qu’il a mal tourné et s’est retrouvé à l’ombre MAIS il a été libéré par la pègre. Apparemment, il traînerait avec ce ou cette Avada.
- Super, merci Ethan, ce sera tout pour l’instant.
- Mais de rien mon Bjöbjörn ! A plus tard !

Katcha !

Je vois. Je reprends donc mon chemin et mes réflexions. Zeugma.
Etant donné les moyens qu’emploie ce Loth Reich, j’imagine qu’il avait déjà rentré Nivel par le passé, et les amis de mes amis étant mes amis, il est entré en contact avec Kevadra, qui est en contact cette Guilde des Usuriers et ce fameux Red. Du coup, Nivel et Kevadra ont du fournir les mines, et Rossignol s’est ramené pour le travail avec ses gars sur deux croisés de la Marine. Il devait sûrement être mélancolique de la vieille époque.

Seulement, ce ne sont pour l’instant que des hypothèses que je vais aller vérifier de moi même, la bataille navale a du laisser des traces.

Mais le plus important, à mes yeux, c’est qu’il est hors de question que Midnight se lance à la poursuite de ce Loth Reich sans que je ne puisse mettre la main dessus. Alors il me faut prouver que Red, Kevadra et Nivel n’ont rien à voir avec lui ... C’est bien la première fois que je m’évertue à dissocier une association de malfaiteur et à disculper un auteur d’attentat ...

Plus je brasse les brumes pour les dissiper, plus elles s’intensifient ... Donc ce n’est pas plus mal que je sois arrivé à la caserne, puisque ça me permet de m’extirper de ce brouillard inextricable. Et je ne parle pas de triste météorologie de Boréa.

Quand j’arrive, je me sens encore comme un chien dans un jeu de quille, sauf que je suis un chien qu’on ne peut pas gronder qui, du fait, en profite pour retourner au milieu de ces quilles que l’on replace convenablement à chacune de mes escapades.
Oui, je crois que ça devient de la gourmandise. Je me régale intérieurement de les voir dérangés de ma venue.

Je me dandine donc comme un coeur jusqu’au bureau de la Commandante. Je me permets d’en faire des caisses, puisqu’ils ont besoin de moi.
Je frappe.

- Entrez.

J’obéis donc, puis referme la porte derrière moi.

- Rebonjour, Commandante.
- Ah, Skullson, ça avance ?
- Oh ? Je n’ai plus le droit au “Monsieur” ?
- Vous ne voulez pas que je vous appelle “Agent” non plus ?
- Ce ne sera pas nécessaire, je suis officiellement en permission.
- Je sais, je sais. Abrégez.
- Donc oui, ça avance, mais j’ai besoin de vous.
- Pour enquêter ? Pour obtenir des informations ?
- Oui, mais aussi matériellement. Vous aviez raison, je dois aller à la pêche aux informations. Le genre de pêche sous-marine. Je me demande si vous avez un nécessaire de plongée.
- Nous devons avoir ça, oui.
- Bien, je pourrais vous l’emprunter ?

Elle marque un temps.

- J’imagine que oui.
- Fort bien, aimable à vous.

Devant l'évidence de sa détresse, elle parvient à doucement m'étonner.

- Vous voulez que je dépêche une barque et quelques hommes ?
- Je ne saurais refuser une telle proposition, si agréablement formulée. Cependant, j’imagine que vos hommes ne savent pas exactement où s’est déroulée la bataille navale.
- Entre le Croissant Lunaire et la banquise, vous n’aurez qu’à les guider.
- Entendu. Une dernière chose, vous auriez l'avis de recherche de la Braise ?

Cette affaire doit vraiment la tracasser puisqu'elle parvient en quelques secondes à mettre la main dessus et me la montrer. Le hic, c'est qu'il est de dos. Cape, imper, tricorne mais ça m'étonnerait qu'il lui soit resté sur la tête, cheveux mi-long ... Bon.

- Encore merci.
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En environ quarante minutes, nous étions enfin sur place. J’avais revêtu ma combinaison de plongée, prêt à jouer les fossoyeurs des fonds marins glacés.

D’ailleurs, quand je me suis déshabillé pour enfiler cette deuxième peau qui me protégerait du froid en partie, les marins tiraient des yeux ronds comme des billes en voyant mon corps fait à moitié de chair et à moitié de métal. Comme si jamais ils n’avaient vu de cyborg ...

Enfin, toujours est-il que dans quelques instants, je m’immergerai, et qu’il faut donc que je mette à la bouche ce Sub Dial, ce que je fais après l’avoir examiné un peu parce que je n’ai jamais eu l’occasion d’en manipuler un. Mais trêve de divagations, le devoir m’appelle.
J’active mon Radiant Core sur la fréquence basique et de la lumière jaillit de mes paumes et du bout de mes doigts, ce qui ne manque pas d’étonner une nouvelle fois les marins.

- Faites attention avec le Sub Dial, c’est très fragile. Il vous procurera de l’air pendant trente minutes, pas plus. Et n’oubliez pas, allez y par palier !
- C’est noté, merci.

Ma descente abyssale commence donc.

Ma progression est assez fluide, et contrairement à celle de tout à l’heure, je dois avouer qu’elle est plutôt agréable. Je ressens moins le froid, il se fait moins mordant et engourdissant, je le sens toujours, mais il relève plus de la caresse glacée. Comme j’ai une réserve d’air, je peux me permettre de regarder le paysage sous-marin et les bancs de poissons qui dansent et scintillent.
Mais jje ne suis qu’un novice en plongée, donc je m’arrête de descendre quand la pression se fait trop forte ou l’eau subitement plus froide.

Arrivé à la moitié de mon trajet, les coques des bateaux commencent à se dessiner.
Il me faut environ dix minutes pour descendre donc environ moitié moins pour remonter à coups de Geppou. Ce qui me laisse un autre quart d’heure pour explorer et trouver la Braise et les preuves de l’implication de Red.

Maintenant que je suis à une bonne hauteur, assez proche des épaves, je peux estimer de visu à une dizaine de navires du réseau Ashura. Maintenant, il faut que je trouve deux aiguilles au milieu de cette meule de foin.
Je commence par les éventuels hommes de Red, j’imagine qu’ils sont vêtus différemment et j’espère qu’ils auront un indice sur eux. La Braise pourrait être coincé dans n’importe quelle épave.

En réalité, ceux que je présume être les hommes de Rossignol sont peu nombreux et je les repère assez vite. Après quelques fouilles sur le premier, je constate qu’il n’a rien d’utile à mon enquête. Et j’en fais quelques autres avant de trouver le bon. Le bon petit dévoué. Le fanatique fier de ce qu’il est devenu. Tellement qu’il s’est fait tatoué le tristement célèbre drapeau de Red sur le bras.

Pirate, ton appartenance va servir le bien pour une fois. Sauf qu’il a fallu que tu sois mort pour ça. Au fond, c’est plutôt une autre bonne nouvelle, assez pour que je décide de m’encombrer de ton corps dans ce milieu hostile.

Après un tour assez rapide mais minutieux des coques à m’éclairer avec une seule main, je parviens à trouver la Braise grâce à sa petite cape. Il a perdu son tricorne, ce qui fait onduler ses mèches de cheveux comme des serpents sur la tête d’une gorgone. En m’approchant de lui, je m’aperçois qu’il a été salement amoché. Il a du mourir avant de se noyer.

A nouveau, je m’encombre de son corps et ma progression devient difficile, surtout qu’il s’agit de remonter à la surface. Heureusement, la maîtrise du Geppou me facilite la tâche mais même ce mouvement est plus compliqué à effectuer dans ces conditions.

Finalement, il m’a fallu presque autant de temps que pour descendre. Quand enfin ma tête émerge hors de l’eau, je suis à bout de force.

- Aidez-moi à les remonter !
- Oh ! Mais qu’est ce que c’est ?! Pourquoi vous voulez qu’on se trimballe des macchabées ?
- Ce ne sont pas des macchabées. Ce sont des preuves. Aidez-moi je vous dis !
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Enfin de retour à la caserne.

Une fois que les marins avaient fini d’être choqués face à ces cadavres blancs et fripés conservés par le froid, ils se résignent à les embarquer et à m’aider à monter à mon tour. Autant dire que j’avais mon petit espace de vie, tranquille. Les mecs, ce ne sont que des morts, de la bidoche, ne me dites pas que vous n’en avez jamais vu ! Vous ne faites pas que sauver le chaton à Mémé perché dans l’arbre. Le chaton, pas Mémé.

En tout cas, j’en connais qui aurait été content, Zed, mon collègue et médecin légiste bourru qui manipule les cadavres et leur fait dire ce qu’il veut. Et autant dire que ce soit préférable que ces personnes soit décédées avant de passer entre ses mains.

Enfin bref. On est de retour à la caserne.
Et les autres Marins qui ne nous ont pas accompagné tirent la même tronche que leur collègues une demi-heure plus tôt. Ca me fait doucement marrer.
Allez, direction le bureau de Midnight. Je ne frappe pas, je rentre, et je la surprends.

- Vous pourriez frapper avant d’en... MAIS VOUS ÊTES MALADE !
- Celui sur l’épaule de gauche, c’est une preuve. J’ai ramené le corps entier, peut être que vous auriez préféré que je vous rapporte juste le petit carré de chair tatoué m’enfin. Et celui sur l’épaule de droite, c’est la Br...
- La Braise, oui, je l’ai reconnu. Mais j’insiste : pourquoi vous avez ramené ... ça !
- Comme je vous l’ai dit, ce sont des preuves. Et votre dégoût me surprend. Vous n’avez jamais eu à faire à un Chasseur de Prime qui vous ramène un primé ?
- Si ! Mais vivant !
- L’avis de recherche stipule “Mort ou Vif”. Eh bien là, il est plus mort que vif.
- Quand bien même ! Ce n’est pas même pas vous qui l’avez tué !
- Ah, ça, ce n’est pas stipulé sur l’avis de chercher. “Qui trouve garde”, non ?
- Oui bon ben, terminons-en rapidement.
- Bien. Vous cherchiez à savoir qui opposait vraiment la mystérieuse bataille navale entre les présumés pirates et les présumés marins, pas vrai ?
- Oui, même si j’ai déjà ma petite idée.
- Restons officiels : ce ne sont que des soupçons et malgré votre envie de coffrer ce Loth Reich, ce n’est pas ce que vous m’avez demandé. Du coup, je peux vous assurer que la bataille navale opposait le réseau Ashura à ... Rossignol Edouard Désiré, alias Red.
- Quoi ?!
- Vous ne vous êtes pas renseignée sur Avada Kedrava et Jonathan Nivel ? On a respectivement un qui est empatouillé avec la Guilde des Usuriers sous les ordres de ce fameux Red et un autre expert en explosion. L’un a fourni le matériel à l’autre, et le tout sous le commandement de Red.

Elle marque un temps. Pour réfléchir sûrement.

- Soit. Vous avez l’air de me dire que Loth Reich n’a rien à voir dans cette histoire.
- Je n’ai pas dit ça.
- Mais vous ne l’incluez pas. Donc admettons qu’on le mette de côté. Ce qui ne me plaît pas mais passons. Pourquoi Red aurait-il fait ça ? Comment était il au courant pour le réseau ?
- Avez vous pleinement conscience de ce que vous me demandez ? Red est puissant ! Il est au courant de bien des choses ! Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace ! Et puis la Dance Powder est un excellent moyen de se faire de l’argent ! Voilà la raison.
- Précisément. S’il voulait gagner de l’argent avec la Dance Powder, il n’aurait pas tout soufflé. Il aurait pris la tête du Réseau Ashura pour le faire sien.
- Sauf que le réseau Ashura est tentaculaire, ça ne s’approprie pas comme une Guilde des Usuriers par exemple. Et puis, peut être que ce réseau présentait une menace pour lui, une concurrence déloyale qu’il fallait éliminer. Il ne s’en est pas pris au réseau Ashura tout entier, uniquement aux navires de livraison.
- Sauf que je maintiens qu’il n’a agit que pour Loth Reich.
- Encore une fois, ce n’était le but de mon enquête. C’est votre acharnement qui vous focalise sur lui. De plus, vous l’incluez dans l’affaire quand bon vous semble. Et rien ne prouve que Red et les autres criminels travaillaient pour lui.
- Sauf qu’il était mandaté par le Roi de Boréa pour ça. Il a réussi à désamorcer la menace de coup d’état qui planait sur l’île.
- Soyons réalistes, les navires au Croissant Lunaire ont été minés. Loth Reich n’aurait jamais pu porter ces mines seul.
- Sauf s’il a été aidé.
- Mais il ne l’a pas été. Red et lui ont simplement attaqué le réseau en même temps, simple coïncidence. J’imagine même qu’il n’a jamais eu de contact avec Red ou ses hommes. Sans compter que ce n’est pas sa façon de faire. Je pense qu’il a préféré une approche plus discrète pour s’infiltrer à bord du navire de la Braise et qu’il a été pris dans l’assaut par surprise, il n'y a qu'à examiner le corps de la Braise, il porte des signes de lutte et est mort de cette façon.

Elle se recule et s’enfonce dans sa chaise, la mine boudeuse. Ou pensive. Peut être même, vexée.

- Quoi qu’il en soit, qu’importe, vous avez raison, je ne vous ai pas mandaté pour ça. Il y avait une récompense à la clé, je vous l’accorde. Je vous accorde également la prime de la Braise. Prenez vos clics et vos claques et allez au diable.

Héhé, échec et mat, Midnight. Je triomphe intérieurement. Encore une fois, il a été prouvé que le Cipher Pol est bien supérieur à la Marine. Tu peux rester cordiale, mais au fond de toi tu sais que j'ai gagné la partie et tu me hais pour ça, tu me hais autant que je te méprise.
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