Dans les toilettes du Baratie

-Ce que je lui trouve? Mwarharh. J'aime ses oreilles. Son nez, aussi. Et puis ses joues... ça donne envie de les croquer. Si j'dis les mâchonner, j'passe pour un dingue?
-Totalement.
-Tant pis, j'ai pris le risque. À votre tour.
-J'adore son rire. Et... ses dents, quand il ricane. Ses yeux, parfois, quand il me regarde et que...
-Et que?
-Je ne prends pas de risque, moi.
-Pfff. Z'êtes pas marrante.
-Peut être que si vous continuez...
-Rhooo l'autre eh! Trop pas d'jeu!
-Absolument.
-Braaah. Ben moi chuis fan de ses pouffements. Des petits rires timides, rare qu'ils explosent. C'est adorable à voir. Ou complètement malsain-sournois, selon. On sent la totalement frappée qui se planque sous le vernis.
-Complètement frappée?
-"Je suis la sorcière de Norland, je vous vitrifierait tous avec mes flammes roses!".
-C'est vous qui m'avez convaincue pour rejoindre les "Chevaliers de Nowel".
-Et si j'avais su que y'aurait que nous deux, je... l'aurais fait quand même. Valait totalement l'coup.

Et ça, c'était ce qui arrivait quand un couple de jeunes imbéciles s'avinait un peu plus que de raison lors d'un dîner en tête à tête dans un établissement très bien loti. Chaque plat était accompagné de son propre verre, et ils avaient opté pour le menu en cinq services, apéritif exclu. Ils avaient beau avoir une table dans les étages inférieurs du Baratie, qui faisait davantage office de cantine que de restaurant intimiste, la qualité des plats et des boissons rendait le tout très appréciable. Sans compter les attractions locales, de grands notables aux titres pompeux tels que contre-amiral, supernova, ou capitaine corsaire. Elle s'appelait Anaha Douri, était surnommée Sloth, et se trouvait en très grande conversation avec un serveur estropié, au visage complètement mutilé, et qui avait vu la mort d'assez prêt pour ne plus avoir peur de grand chose. Le fait de vivre au Baratie, de voir des individus ridiculement destructeurs se succéder tous les jours, le rendaient encore plus difficile à impressionner. Et loin d'être intimidé par l'attention que lui portait la corsaire, il avait décidé de tenter sa chance avec elle.

Non loin de là, on pouvait voir un sergent d'élite multiplier les regards meurtriers à l'adresse d'un pirate trentenaire, primé à 250 millions de berries, que le hasard avait un jour porté sur la route de son frère. Frère qui avait fini en charpie sous les doigts ravageurs du pirate. Mais notre sergent avait conscience que ce n'était ni le lieu, ni le temps pour se verser à la vengeance. Il était beaucoup trop faible pour espérer parvenir à quoi que ce soit. Et encore moins ici, où chaque conflit était étouffé à l'unanimité par les clients et le personnel.

Beaucoup d'autres curiosités se succédaient sur les tablées de la cantine. En arrivant, Sigurd avait eu l'impression d'assister à une foire irréelle, où une paix impossible était miraculeusement maintenue par on ne sait quel artifice brinquebalant.

Ils n'y faisaient plus attention depuis un long moment, cela dit. Haylor et Dogaku. Maintenant, ils étaient totalement embourbés dans leur petit monde duveteux, imperméables à tout ce qui pouvait se passer autour d'eux. Abrutis par l'alcool, niais à en faire vomir qui que ce soit, et somme toute...

Amoureux.

-Oui, il a un don pour ça. Convaincre les gens de faire des choses absolument stupides pour la simple raison qu'ils vont adorer ça. Il est très drôle. Très bête, aussi. Il fait beaucoup l'idiot, et il a dû le devenir sur certains points. À force de le faire, ça a dû devenir naturel. Mais ça lui va très bien.
-Pffff. Pas sympa, ça.
-Mais si. C'est très attachant. Ou très irritant, selon. Il y a des fois où j'ai tout simplement envie de lui enfoncer quelque chose dans la gorge pour le forcer à se taire.
-Ah ouais? Eh ben moi y'a des fois où elle est tellement trop sûre d'elle, tellement miss je sais tout, tellement je vous l'avais bien dis, tellement trop propre sur elle que je meurs d'envie de lui faire lâcher prise en...
-...
-...
-En?
-Peut être pas en public, rengaina Dogaku. Plus tard, on va dire. Mwarharh.
-Oh. Que. Noon. Plus tard, vous ne voudrez rien dire.
-Et j'aurais bien raison. Mais pour bien esquiver, je vais vous dire qu'elle est intelligente. Elle fait les choses très vite. Elle comprend très vite tout ce qui ne va pas. Elle pose les bonnes questions. Et je me sens pas trop débile quand j'lui demande d'expliquer.
-Oh. Moi je trouve le contraire. Il est très perspicace. Souvent très astucieux. Et particulièrement souple. Il trouve toujours une solution. Surtout quand personne d'autre n'y arrive. Vraiment très attentif, aussi. Pas vraiment à ce qui se passe, mais aux personnes en général. Ça joue énormément.
-Arrêtez, je crois que je vais roug... nan, continuez, arrêtez surtout pas.
-Mais vous êtes déjà rouge. Surtout le nez.
-Parce que je suis un clown, ça.
-Et en parlant de nez... j'ai bien envie d'aller repoudrer le mien, fit-elle en se reculant.
-Mwarharh. Aucun souci, je vous en prie, comprit Sigurd.

Se repoudrer le nez. Un euphémisme pour signifier un besoin pressant, bien sûr. Evangeline se leva donc et traversa la salle, pour disparaître dans un lieu de légende qui avait fait couler énormément de bière dans les tavernes, et de pixels sur la chatbox.
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Les chiottes du Baratie, diraient très vulgairement certains.

Le Saint des Saints des révolutionnaires, diraient très mesquinement d'autres.

Un dépotoir sans nom, un espace invivable, un ensemble de murs couverts de tags et de graffitis inscrits ici par des générations et des générations de révolutionnaires venus en pèlerinage. Tant de symboles censés retranscrire, sous une forme gravée pour l'éternité, la force des convictions de chaque agent opérationnel ayant fait le choix de consacrer, de sacrifier l'ensemble de son temps, de son énergie, de son sang et de son avenir à la révolution.

Haylor avait beaucoup entendu parler de cet endroit, quand bien même elle ne fréquentait que rarement les tavernes. Et la réalité était à mi-chemin des deux extrêmes que son esprit avait envisagé.

Il y avait des graffitis. L'endroit était très propre, et soigneusement entretenu, mais était bien rempli de graffitis. On retrouvait en vrac des paumes de mains, des dragons gravés avec une habileté variable, et des messages variés de niveau inégal. Son attention fut tout d'abord happée par une ode à la liberté, qui prenait la forme d'un poème très bien pensé, et signée d'un paraphe griffonné avec une élégance qui la laissait rêveuse. Vint ensuite le tour de quelques mots qui avaient tout de slogans anti-GM, et qui étaient pour la majorité d'une intelligence digne d'un singe. La miss explosa de rire à la lecture de certaines lignes, d'un niveau complètement navrant, et s'exclama une nouvelle fois pour un message écrit par une marine qui se croyait spirituelle. Alors, elle continua à regarder. Il y avait vraiment des perles.

Peut être que c'était là une attraction volontairement gardée par les propriétaires du Baratie. Pour amuser la clientèle. Ou servir de témoin à l'idiotie de l'humanité. Les deux étaient très pertinents.

C'est du moins ce qu'Haylor supposa. Après tout, elle n'était pas la seule à faire le tour de ces toilettes comme si c'était une galerie d'art. Une autre femme était présente, depuis plus longtemps qu'elle, et prenait tout son temps devant la chose.

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-Avez-vous lu le poème?, demanda l'inconnue. Il est du meilleur goût.
-Oui. J'ai adoré. Très délicat, très très subtil, et en même temps tellement documenté... la référence à l'oppression fiscale de Zaun, aux purges de South... je me demande qui est ce O. K.
-Certaines personnes pensent qu'il s'agit d'Ombre.
-Le seigneur Ombre? Le révolutionnaire?
-Oui. Les rumeurs veulent qu'il soit inculte et illettré, mais... nous savons ce que donnent les rumeurs.
-Bah... les rumeurs disent un peu n'importe quoi. Rien que chez moi en ce qui me concerne, par exemple. Il parait que je déteste le gouvernement mondial. Et c'est n'importe quoi.
-À ce sujet. Je crois que j'ai déjà vu votre visage quelque part. Haylor de Luvneel, c'est bien ça?
-Hihi, approuva la miss, flattée. Tout à fait, enchantée.
-Ryoko Sakaki. Romancière itinérante. J'aime beaucoup venir ici pour trouver des sources d'inspiration... en termes de personnages et de situations.
-J'imagine qu'il y a de quoi faire, donc.
-Et vous seriez surprise des décalages qu'on trouve entre les récits et la réalité. Alors comme ça, vous n'êtes pas contre le gouvernement mondial?
-Bien sur que non. Même s'il y a beaucoup de choses à lui reprocher, j'ai mieux à faire que de... je ne sais quoi... contre une institution qui ne sert à rien.
-Elle ne sert pas à rien, voyons. Cela fait des centaines d'années que nous n'avons pas eu la moindre guerre. C'est une excellente chose.
-C'est vrai... mais en bonne partie parce que la majorité des îles ou pays se sont délestées de leur appareil militaire, ou d'une partie. Prenez Luvneel, par exemple. Nous n'avons presque plus de flotte. Nous pouvons nous défendre, mais pas attaquer.
-Et c'est une mauvaise chose?

Haylor ne répondit pas. Elle avait très évidemment envie de dire oui, ne serait-ce que parce que ça lui semblait être la moindre des choses. Mais ça n'était pas une opinion qu'on pouvait partager facilement. Aussi préféra-t-elle bifurquer.

-Pas forcément. Mais Luvneel n'est que mon cas particulier. La majorité des îles se sont délestées de toute forme de militaire, et ont tout délégué à la marine.
-Et est-ce que c'est mal?
-Même si la marine faisait bien son travail, ce serait discutable. Et en l'occurrence...
-Mmh?
-Si la marine faisait bien son travail, il n'y aurait pas de pirates pour venir piller nos navires. Les mers deviennent de plus en plus une foire sans nom. On se croirait sur l'équateur. On déplore beaucoup trop d'incidents depuis quelques mois. Et c'est sans compter sur le fait qu'à coté de ça, le gouvernement ne se prive pas de nous seringuer d'impôts et de se gaver de nouvelles...

Haylor poursuivit ainsi sur sa lancée, inconsciente de l'erreur fabuleuse qu'elle commettait en cet instant.

Ce qu'il fallait savoir, c'était que la femme qui lui faisait face, Ryoko Sakaki, n'existait pas. Ce n'était qu'une affabulation, une identité ayant pour but d'endormir toute méfiance. Le vrai nom de cette femme était Shinai Tetsuo, et elle ne gagnait pas sa vie en écrivant des livres. Mais en assassinant des gens. En toute légalité, contrairement à beaucoup d'autres. Ces derniers temps, Shinai avait mis fin aux agissements d'innombrables révolutionnaires.

Et il se trouve que son interlocutrice, Evangeline Haylor, venait d'allumer tous les signaux d'alarme en ce qui concernait sa fort probable appartenance à la révolution. Le temps qu'elle venait de passer face aux tags révolutionnaires. Sa position quant aux actes du GM, des pays indépendants, des débordements de la marine. Elle avait dit le SEIGNEUR Ombre. Elle n'aimait pas le cipher pol. Et critiquait sans mal le gouvernement et la marine, sous tous leurs aspects, avec une spontanéité qui trahissait l'habitude. Elle prônait l'indépendance des nations. La fin de l'ordre mondial.

Et, plus que tout, elle était déjà suspectée et surveillée par d'autres agents des bureaux pour cette exacte même raison. Potentielle révolutionnaire. Elle était de Luvneel. Y habitait depuis un an, ce qui coïncidait exactement avec l'augmentation de la présence, de l'influence des gris dans le pays.

Shinai ne doutait plus: elle avait là. Une cible. Et n'avait plus qu'une chose à faire.

Assassiner, comme tout agent du CP9 en avait le droit.

Car c'était de ça qu'il s'agissait: le mythe des toilettes du Baratie, son importance dans la culture contestaire des agents du dragon, tout ça était un piège monté de toutes pièces par des agents du Cipher Pol afin d'attirer et de piéger des révolutionnaires. Un piège qui fonctionnait très bien. Extrêmement bien. Il émanait à l'origine du CP 2, qui n'avait de base rien à faire dans ce milieu. L'objectif initial avait été de renforcer ce que les administrations de Marijoa savaient des allées et venues au sein du Baratie. Car l'objectif du CP2 était de garantir au GM la possession de ressources clés, et il se trouve qu'un tel écosystème, une telle mine d'informations, entrait dans cette catégorie. Bien vite, pourtant, les sbires du CP2 avaient quitté leur rôle de simples observateurs, pour passer à l'action. On se contentait maintenant d'espionner les gros gibiers sans approcher ; et pour les autres, on mettait la main dessus.

L'opération était un franc succès. Tellement que les bureaux avaient fini par déployer un agent du CP9 pour appuyer le projet sur un élément de choc.

-Et maintenant, si vous voulez bien m'excuser...

Shinai se retourna. Leur discussion avait fini par s'essouffler, et sa future victime s'enferma donc dans le cabinet. Face au trône, il ne lui restait qu'à relever sa robe, baisser ses collants, et...

-AAAAAAAAH!!!

... se retourner, s'asseoir, apercevoir une tête qui dépassait de l'interstice du haut de la porte, et se rhabiller de suite pour aller massacrer qui de droit.

En temps normal, ça l'aurait énervée. Mais là, c'était bien pire. Shinai venait de la prendre en photo avant de se retirer. Pour l'énerver et lui faire faire n'importe quoi, bien sûr. Pour mieux l'assassiner ensuite.

-À QUOI EST-CE QUE VOUS JOUEZ, VOUS?
-LA COUVERTURE DE MON PROCHAIN ROMAN!
-MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE?
-VOUS ALLEZ DEVENIR AUSSI CÉLÈBRE QUE KOSMA!
-ESPÈCE DE DÉTRAQUÉE TORDUE! JE VAIS VOUS... JE VAIS VOUS... JE VEUX CET APPAREIL!!!

La porte s'ouvrit à la volée, et Shinai était prête à attaquer. Elle avait empoigné une de ses broches à cheveux. Aux dents bien assez affûtées pour mordre dans la chair de sa victime, et plonger jusqu'aux os, et broyer ces derniers. Comme prévu, Haylor fusa en direction de la sortie. Contre toute attente, ses chaînes la précédaient. Elle ne perdait pas de temps pour décider de déployer ses rets. Aussi, loin de se jeter sur sa victime, Shinai bondit sur le coté pour esquiver les tentacules d'acier. Et recula bien davantage pour ne pas se faire engloutir par la nuée de métal qui s'avançait vers elle.

-DONNEZ. MOI. CET. APPAREIL.
-CERTAINEMENT. VOUS DEVREZ ME PASSER SUR LE CORPS.

D'un mouvement de bras, l'agent jetta une succession d'épingles en direction de sa cible. Toutes enduites de poison. Mais les rets agités de la sorcière se mirent au travers, sûrement par accident. Et ce manège recommença deux fois, sans que Shinai n'y puisse rien.

Les deux femmes venaient de faire deux tours complets dans le toilettes. Ce qui était d'un ridicule navrant. Deux lavabos étaient déjà tombés ; le premier en servant de marchepied à Tetsuo, le second en servant de projectile lancé en vain pour entraver les tentacules d'Haylor.

Alors, la CP9 se décida à employer plus de moyens. Tailler directement dans le vif. Avec un shigan et ses faux ongles en chitine de Barnates, elle pouvait fendre les tendons de sa victime, par exemple. Alors, d'un bond, Tetsuo se projeta à l'autre bout de la salle, contournant les liens pour...

Non.

Haylor avait trop de chaînes qui s'agitaient tout autour d'elle. La contourner ne servait à rien.

À force de manoeuvrer, Shinai découvrit autre chose. Elle aurait sûrement besoin d'aide pour parvenir à quelque chose. À moins de prendre quelques risques.

Car sa spécialité était le combat rapproché. Et la spécialité d'Haylor, de ne pas être approchée. D'avoir une zone de mort tout autour d'elle, et de faire bien peu de cas de qui aurait le malheur de se jeter dedans.

Et dans un espace clôt comme celui-ci, l'agente n'avait pas la place d'évoluer pour s'écarter de cette zone, ni de préparer sa contre-attaque.

-ET ARRÊTEZ DE COURIR, PARCE QUE SINON JE VAIS...

Sa seule option, c'était d'inciter l'autre à attaquer, d'attendre une ouverture, et de tout mettre dans cette action. Elle s'y essaya donc, allant jusqu'à se mettre en danger pour réussir, mais sans succès. Cinq liens avaient plongé sur Tetsuo, et il en restait quinze pour composer le filet à traverser. Trop difficile.

D'un autre coté, Evangeline commençait à perdre toute patience. Et fini par commettre spontanément l'erreur de baisser sa garde. Shinai venait de contourner une fois de trop les appendices d'Haylor, et s'était dangereusement -et accidentellement- rapprochée de la porte. Elle pouvait fuir à tout instant. Alors, le sang de la sorcière ne fit qu'un tour, elle envoya l'ensemble de ses rets pour abattre sa victime.

La fenêtre d'opportunité.

Maintenant ou jamais, compris la cipher pol.

Tetsuo usa de son soru pour disparaître. Se repositionner tout à son avantage. En diagonale de sa victime, hors de la trajectoire des chaînes, un éventail d'acier entre les mains. Elle se jetta sur elle en feulant rageusement. Prête à lui décharner la gorge en un seul coup.

Et c'est à ce moment que la sorcière lui addressa un grand déluge de flammes à bout portant.

Sans le geppou, la CP9 aurait fini brûlée jusqu'aux entrailles. Au lieu de ça, elle recula une fois encore. Une perte de temps qui amena les fouets d'Haylor à se jeter sur elle. Ils cinglaient l'air, sifflaient en se propulsant, et tarderaient pas à...

-Tekkai!

Double regard surpris de la part des deux jeunes femmes. Tout d'abord, parce que l'usage de la technique était peu judicieux. Loin de la frapper, Haylor avait enroulé ses câbles tout autour de l'indiscrète pour la suspendre en position de crucifiée contre le mur. Et l'écraser sur la paroi. Pieds en haut, tête non loin du sol.

Ensuite, parce qu'elle venait bien sûr de se trahir. L'autre connaissait les techniques du cipher pol, mais n'avait pas eu la présence d'esprit de les identifier au fur et à mesure. Maintenant, par contre...

Elle rassemblait petit à petit ce qui s'était passé.

-Nooooooon. Nooooooooooon. Non non non non non non non. Hihihi. C'est complètement... stupide. Vous êtes... du cipher pol, c'est ça?
-Du tout. Je suis de la marine.
-Ah?

Evangeline souleva doucement sa prise de quelques mètres, pour se donner la place de fracasser son crâne sur le carrelage. Mais l'autre anticipa, et s'en sorti indemne. Tekkai, encore. Haylor ne pouvait s'empêcher de sourire. C'était n'importe quoi.

-Vous mentez, affirma-t-elle.
-Ih?
-Les seules personnes que j'ai pu voir user de votre rokutruk...
-Rokushiki!
-Peu importe, éluda la miss en repensant à l'expression de son comparse. Ce n'étaient que des agents du cipher pol, ou des ex-membres qui l'avaient trahi. Et jamais autre chose.
-Et en quoi ça vous permet de déduire que je serais du cipher pol?
-Euuuh... c'est vrai que c'est un raisonnement idiot. Par contre. Vous êtes un assassin, pas une brute ordinaire.
-Et alors? J'ai beaucoup de collègues marines qui...
-Vous mentez.
-...
-...
-Et si je vous dis que je compte trahir?
-Là ça parait plausible. Maiiis...

Tetsuo réfléchissait. Qu'avait-elle donc pour se tirer de cette situation? Pas grand chose d'autre que des collègues, à priori.

Et vu le vacarme qu'elles avaient fait, la porte ne tarderait pas à être ouverte par...

-Shinai!
-RESTEZ HORS DE TOUT ÇA, MERCI.

Une énorme boule de feu fusa en direction de la porte des toilettes. Et le CP qui venait d'arriver lui envoya un Rankyaku pour essayer de la détruire en l'air. Ce qui donnait systématiquement lieu à...

-ESPÈCE DE PUR CRÉTIN!

... une explosion.

Haylor se protégea de son mieux, tandis que les autres furent pris au dépourvu. L'espionne fut relâchée à terre, abandonnée par les métaux d'Evangeline. L'autre, beaucoup trop près du point d'impact, fut éjecté au travers de la porte, et sûrement bien plus loin. Il avait eu son compte. Mais d'autres étaient déjà ici.

-MADAME, ARRÊTEZ ÇA TOUT DE SUITE OU...
-MAIS QU'EST-CE C'EST QUE CE CIRQUE, POUR TOUT L'AMOUR DE DIEU! JE VEUX SEULEMENT FAIRE ÇA EN PAIX, ALORS DÉGAGEZ DE...

Haylor s'interrompit. Les trois agents étaient tombés les uns après les autres, abattus par des détonations caractéristiques des pistolets de son partenaire. Et ce dernier ne tarda pas à apparaître.
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-Sigurd!
-Vous allez bien?
-NON.
-Eeerh... et qu'est-ce qui s'est passé?
-LES GENS M'ATTAQUENT ET ME PRENNENT EN PHOTO QUAND JE VEUX JUSTE... euh...

Peut être pas aborder ce sujet, en fait. Elle qui avait à coeur de conserver toute sa contenance, et en particulier devant son partenaire, fit de gros efforts pour reprendre son calme. Il ne fallait pas qu'on ait une autre vision d'elle.

-Encore une histoire avec des Cipher Pol qui chassent des révolutionnaires, posa-t-elle tranquillement.
-Ce sont des CP?
-Ce sont TOUS des CP.
-Et qu'est ce que vous avez fait?
-Regardez tout autour.
-Ben c'est les chiottes du Baratie, ouais. Et elles ont l'air d'être à la hauteur de leur réputation, ouais.
-Eh bien j'ai l'impression que les CP sont au courant, et qu'ils s'y tiennent en embuscade. Et qu'elle m'a prise pour une...

Elle ne continua pas. Sigurd n'était pas le seul à avoir réagi au vacarme de l'escarmouche. Seulement le premier, et le plus inquiet, à juste titre. Mais une bonne douzaine de membres du personnel, et presque autant de clients, venaient tout juste d'arriver.

-QUI OSE FAIRE DU GRABUGE AU BARATIE?
-ON VA VOUS APPRENDRE À VOUS CONDUIRE À TABLE, VOUS!

Et en quelques instants, plus d'une vingtaine de profils complètement hétéroclites, et tous aussi intimidants les uns que les autres, se succédèrent dans les toilettes. Sigurd se sentit mourir sur le coup, ses jambes ne le portaient même plus. Qu'ils portent les gallons de la marine, des tenues flamboyantes de corsaires autonomes, de plus discrets vêtements de voyageurs, tous renvoyaient la même impression de dangerosité extrême. Et toute cette attention était directement tournée vers eux.

-Bwabwabwwuu...
-...

Heureusement, Haylor et Dogaku en étaient instantanément devenus aussi blêmes que des cadavres. Ils tremblaient, grimaçaient, avait la bouche ouverte à en montrer leur glotte et de cramponnaient l'un à l'autre sans savoir que faire. Ils faisaient bien assez de peine pour qu'on ne les attaque pas.

Alors, le chef de service leur demanda:

-Bon. Expl...
-JE N'AI RIEN FAIT. C'EST ELLE QUI A ATTAQUÉ.
-DES CIPHER POL L'ONT ATTAQUÉE. ILS SE TENAIENT EN EMBUSCADE.
-ELLE A PRIS UNE PHOTO PAR SURPRISE.
-ILS CHASSENT LES RÉVOLUTIONNAIRES.
-ILS SONT COMPLÈTEMENT FOUS.
-ELLE VOULAIT LA TUER.
-SILEEEEEEEEEENCE!!!

Les deux Nowel bondirent en arrière, se ratatinèrent encore un peu plus.

-Et qu'est-ce qui nous aiderait à vous croire?
-Ben ils sont là, vous les avez. Interrogez les, pour voir?
-Z'ont pas l'air en l'état pour répondre.
-On ne vous ment pas!
-Elle dit vrai, affirma une voix hésitante, venant de la petite troupe elle-même.

Dans l'assemblage chaotique de personnages rassemblés là, une jeune femme, ni la plus impressionnante, ni la plus extravagante, venait de lever la main pour s'exprimer. Elle était vêtue d'une tenue ridiculement élaborée, aux couleurs flambantes, que Sigurd pouvait reconnaître de riches étoffes. Ça n'était pas du toc.

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-Et comment vous le savez?, demanda un autre.
-Haki. Ils ne mentent pas.
-Mmmh. Quelqu'un d'autre pour confirmer?
-Assez, imposa un homme vêtu du même accoutrement costumé. Si ma reine vous dit est la vérité même.

La reine dont il était question ne pu s'empêcher de vibrer de satisfaction en entendant ces mots. Elle jeta un regard en biais à son comparse, qui correspondait vraisemblablement à son roi, vu sa tenue. Et ses accessoires: une couronne et un sceptre. Ainsi qu'un sourire ravageur et étrangement hypnotisant, qui brillait d'un éclat surnaturel. De sorte que ses faibles arguments suffirent.

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-Okaaay, pourquoi pas... et donc, qu'est ce qui s'est passé?

Tout le monde baissa ses armes. Sigurd repris plus calmement:

-Des cipher pol l'ont attaquée. Ils tiennent des embuscades sur les révos qui passent par là. Et ils ont l'air de pas être méga fiable pour décider si quelqu'un est révo ou pas. C'est eux qu'ont attaqué. Elle, surtout.

En arrière plan, on retrouvait Shinai, acculée dans un coin, en très mauvaise posture. Son kimono entièrement défait, sa coiffure en ruine, sa figure pitoyable. Et la honte, la rage qui déformait ses traits, la peur qui retenait ses membres. Elle était pitoyable, et horrifiante.

Lorsque Sigurd mis les deux pieds dans le plat en signifiant son appartenance au cipher pol, la dame rugit de fureur. Un grondement étranglé.

Mais surtout, une information qui n'amusait personne.

-Putain... mais non... déjà qu'en temps normal, même les plus grands ennemis ne se battent pas au Baratie, mais...
-Les CP ont jamais été bien costauds avec les règles, appuya Dogaku. Même quand ils posent les leurs.
-Bah ouais mais non. Imaginez que ça se sache. Qu'est-ce que ça nous donnerait?
-Ben...
-Ce serait hyper mauvais pour notre image. Les clients n'auraient plus confiance. Pirates ou révolutionnaires... ils ne voudront plus venir.
-Et alors, en quoi c'est une mauvaise chose?, railla un marine.
-Sans eux, ça ne serait plus la même ambiance, ici. Moi j'aime l'endroit comme il est, indiqua une chasseuse de primes.
-Ces gars n'ont rien à faire ici, ce sont des rats et des rapaces, ils devraient tous croupir dans...
-C'est vous qui avez tout d'un rat, pauvre minable, lui adressa le roi.
-Ah ouais? Tu veux qu'on qui est le minable, sûrement?
-Ce sera avec plaisir, mais nous règlerons ça en un autre lieu, piétaille. Pas au Baratie.
-Nous pourrions peut être juste..., intervint la reine.
-Sergent Svornr, ça suffit, renchérit une femme au torse orné de médailles. Pas ici, il a raison.
-M'enfin...
-S'IL VOUS PLAIT, S'IL VOUS PLAIT! Pour votre information, les pirates représentent à eux seuls plus de la moitié du chiffre d'affaires du Baratie en cette saison. Plus de pirates, plus de Baratie, indiqua un cuisinier.
-A ce point?
-Vous avez une idée de la difficulté de produire des plats d'une qualité pareille en pleine mer? Du coût que ça a?
-Oh...
-Du coup, qu'est-ce qu'on fait?
-Il y a forcément un moyen de régler ça... intelligemment, continua la marine.

La situation semblait s'être calmée. Plusieurs intervenants cherchèrent à se retirer, certains du personnel retournant à leur poste, d'autres de la clientèle ayant compris que leurs talents de combatants ne seraient pas nécessaires. Ce qu'on les laissa faire lorsqu'ils firent bien comprendre qu'ils n'ébruiteraient rien. Alors seulement, Sigurd reprit:

-Euh... je crois que je vois votre problème, mais... vous voulez faire quoi, du coup? Demander au cipher pol d'arrêter gentiment ce qu'il fait pour que tout le monde puisse continuer peinard? Ça peut marcher, ça?
-Sinon le club des amis du Baratie va lui tomber dessus et ça se finira très mal.
-Et c'est suffisant comme argument sur un CP?
-Vu qu'on a trois directeurs d'agence du CP et un amiral parmi les membres...
-Oh. Oui, la pression hiérarchique, forcément...
-Reste le problème... de l'information. Éviter que l'info se diffuse trop, ça pourrait poser des problèmes.
-Moi j'dirais que faudrait surtout débusquer les autres CP.
-Il a raison. Mais vous ne savez pas combien ils peuvent être?
-On peut se débrouiller, renchérit un marmiton. On a quatre invités qui peuvent aussi bien faire office de prisonniers que d'otages.
-Je ne pense pas que ce sera nécessaire, força à nouveau la marine. Nous devrions pouvoir trouver un moyen...


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Lun 21 Déc 2015 - 22:11, édité 2 fois
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-Et vous êtes?
-Anna Bella, commandante.
-Vous m'avez l'air vachement bien ornementée pour une commandante.
-Commandante d'élite, nuança l'autre.
-Ah.
-Nouveau Monde.
-Ah oui je vois.


La gradée s'avança de plusieurs pas, les bras croisés, lèvres plissées, pensive.

-Je me demande. Est-ce qu'il y a un révo par ici? Non? Bien, ça nous simplifiera la tâche. Pas de revanche dans cette histoire.
-Si vous le souhaitez, je peux me charger des CP, proposa le pirate. Ça ne posera aucun problème à ma réputation.
-Je préfère une action concertée, quitte à les faire chanter.
-Genre "arrêtez vos conneries ou on annonce au monde ce que vous faîtes"?
-Vous ne voulez pas directement les dégommer plutôt que de jouer à la diplomatie? Non?

Tout le monde regarda Evangeline d'un air étrange. Elle n'avait pas pipé mot depuis un bon moment, et maintenant...

-Je me disais surtout qu'ils ont essayé de me tuer ou de me capturer, et qu'ils l'ont déjà fait pour des dizaines de personnes avant moi. Sûrement. Si ce n'est plus. Et puis...
-On ne tue personne sur le Baratie. Encore moins des CP, c'est un coup à en attirer d'autres, et des pires.
-Oui, oui, je comprends, mais...

La sorcière regarda tour à tour chaque personne encore présente, en vain. Personne n'approuvait son idée. Ce qui était très décevant: les agents n'allaient sûrement pas s'en tirer comme ça. Pas avec ce qui s'était passé!  Alors, elle décida d'utiliser son meilleur atout dans ce genre de situation. Qui se trouvait à portée de main sur sa gauche. Alors, elle l'attrapa par le bras et l'amena un peu à l'écart, à la fois plaintive et suppliante.

-Sigurd, c'est injuste! Quand nous rencontrons des gens agressifs dans des situations délicates, ils refusent toute forme de compromis et préfèrent se battre même si c'est parfaitement idiot ou complètement dangereux alors qu'on veut tout faire pour éviter. Et POUR UNE FOIS que j'ai envie qu'on se batte, eh bien... TOUT LE MONDE devient subitement raisonnable et pacifiste alors que nous avons des ASSASSINS EN FACE.
-Erf. Ouais, j'vous comprends. Tant pis. Une autre fois peut être.
-...
-...
-Et c'est tout?
-C'est tout quoi?, demanda-t-il.
-Mais trouvez quelque chose! Débloquez moi tout ça! Je ne suis pas venue pleurer dans vos jupes pour rien! Avec ce qu'elle a essayé de me faire, je n'ai ABSOLUMENT PAS ENVIE DE M'ARRETER A CA.
-Oh. Vous allez pleurer?
-DE RAAAAAAAAAAGE.
-Tombe bien, je meurs d'envie de vous voir pleurer. Chuis convaincu que vous en seriez toute mimie et...
-S'il. Vous. Plait!
-Okay, okay.
Mais ça se paiera très, trèèèèès cher, j'vous préviens d'avance.

Dogaku s'en retourna vers le conciliabule qui se tenait toujours au milieu des toilettes, à veiller sur leur prise tout en extrapolant sur le gouvernement mondial. Alors, il leva les bras et s'agita:

-Attendez attendez attendez! J'ai peut être une idée. Je connais un homme qui... peut nous aider.
-Un homme?
-Ouais. Il est ici... au Baratie. Y'a plein de monde bizarre, au Baratie. Mais lui il est vraiment, vraiment bizarre.
-De qui est-ce que vous parlez?
-Mieux que de parler, je vais le chercher! Juste deux minutes. Il me faut un placard, quelques torchons, un sac de patates, et...
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-Sigurd, qu'est-ce que vous avez fait?

Et deux minutes plus tard, le voilà qui revint effectivement. Seul. Vêtu d'un large sac de pommes de terre au fond troué qu'il avait enfilé façon poncho artisanal, d'un sac de papier doggybag orné de deux trous à hauteur des yeux en guise de masque, avec une serpillière pour perruque et plusieurs torchons épinglés à sa tenue pour servir d'accessoires.

Et dans sa main, un manche à balai coiffé d'un entonnoir qu'il brandissait comme si c'était un sceptre.

-Yé né souis pas lé Sigurd Dogaku dont vous pouarlez, voaions. Yé souis... Yigourde D. Hogakou, lé grand chamoune! Et yé souis... oune adourateur dou chaos et dou mal. Sourcellerie, hypnouuuuse, malidiction, cataclysme... yé fé d'absoulument touuuuut! Lé jeune houmme m'a indouiqué qué l'on avoué bésouin dé moa ici.

On le sentait prêt à continuer longtemps comme ça. Alors, un mercenaire qui n'avait guère parlé jusqu'à présent interjeta:

-Vous jouez à quoi?
-Silence, malouruche! Ou yé pout té moudire! Yé souis oune ensorsouleure, oune grand CHAMAN! Jé ou ma place ché Teach... il y a dé années!
-Sigurd, à quoi vous jouez?, repris Haylor.
-JÉ DOUIS SILENCE! ET TOU N'A PAS RÉSPOUECTÉ! TOU AS PROVOQUÉ MA FOUREUR MILLÉNAIRE, MALHOUREUSE! ET PWOUR LA PEINE, YÉ TOUÉ MOUDIS! TOU VAS GOÛTER À CE QUÉ VOUT DIRE LE CHAOS! TOU VAS DEVENIR SON BRAS ARMWÉ! TOU VAS TOUT CASSER! TOUT CASSER DANS LÉ TOUALÉÉÉTTES DOU VARATIIIIIE!

Et il s'égosia sur trois fois rien, agitant son sceptre, bondissant sur place, tremblant d'excitation sur ces paroles. Ce qui était on ne peut plus idiot.

Pendant quinze bonnes secondes, tout le monde le regarda comme s'il était le plus terrifiant des abrutis de la planète. À dix secondes de plus, lui même le regretta. Mais finalement...

-Ooooh, je vois. Oui, oui. Bien sûr. Tout à fait.

Le chaman écarquilla les yeux, avant de se reprendre. Elle avait mis le temps, mais elle avait fini par jouer le jeu.

-Oui, Maître. Je suis sous votre contrôle total et absolu. Vous avez ordonné, et je dois obéir. Et je détruirai tout dans les toilettes, comme vous me l'avez dit.

Dogaku grimaça sous son masque. C'était donc là une chose de faîte. Convaincre Haylor d'en profiter. Ce que la jeune femme avait fini par faire en laissant l'incrédulité laisser sa place à une crise de fou rire difficilement contenue. Mais comme à chaque projet absolument idiot que lançait Sigurd, elle était prête à suivre.

Et maintenant qu'il venait de conduire Evangeline, il lui restait à faire de même avec les autres.

-Et méntounant... twout lé monde... va lé lousser toutes soules. Allwez, houp! Toouuut dé souite! Jé oune autre projé pour vous: cé la domuinachion dou mondé pour lé grane puirate Teach! Allwez houp!

Tout le monde s'échangea des regards incroyablement migraineux, blasés ou ébahis. Mais face à tant de n'importe quoi, personne ne résista.

Pas trop longtemps, du moins. Et les regards très appuyés de Sigurd y firent beaucoup.

-Obéissez, yé vouis l'ordonne! Et on ne sé bouscule pas en siourtant! Sages, sages, les oufants.
-Oui, maître!




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Et dix secondes plus tard, Sigurd refermait la porte derrière tout le monde, retirait son déguisement de papier et expliquait ce qui venait de se passer.

-Dooooonc. Si qui que ce soit pose une question, la réponse officielle c'est qu'une des cents âmes noires de Teach s'est invitée au Baratie et a foutu le bordel en essayant d'hypnotiser tout le monde pour créer une armée de super soldats visant à conquér... vais plutôt dire détruire le monde, tiens. Il a failli tous nous avoir, mais on a fini par se sortir de son emprise et à redevenir nous mêmes. Y'a juste certaines personnes qui ont mis plus de temps que d'autres.
-Et elle?
-BEAUCOUP plus de temps. Parce qu'elle est beaucoup plus faible d'esprit que vous tous. Ce qui explique pourquoi elle a anéanti les toilettes du Baratie pendant sa crise de rage berserk et...
-Euh... je vous demande pardon?, l'arreta le chef de salle.
-Oui?
-Détruire les toilettes?
-Oh, ouais. Haylor m'a demandé de lui donner une occasion de se passer les nerfs sur la CP, au cas où z'auriez pas remarqué.
-Et le rapport avec DÉTRUIRE LES TOILETTES, c'est?
-Beeeen... vous savez pourquoi on dit que c'est la sorcière la plus terrible de tout North Blue?, instilla fièrement Sigurd.

Le chef de salle ne répondit pas. Il avait bien ouvert la bouche, mais aucun son n'eut le temps d'en sortir.

Un terrible vacarme l'avait fait sursauter. Les murs venaient de trembler. La porte manqua de sortir de ses gonds. Plusieurs choses venaient de se fracasser dessus, en succession rapide.

Dans l'ordre, il s'agissait de Shinai, des sièges de toilettes déracinés pour l'occasion, des lavabos et puis des portes. Ainsi qu'un de mur, et un fragment de plafond.

Et ce n'était que le début.


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-JE. NE. SUIS. PAS. UNE. RÉ. VO. LU. TIO. NNAAAIIIIRE!

-RÉPÉTEZ APRÈS MOI: VOUS N'ÊTES PAS UNE RÉVOLUTIONNAIRE.

-AAAAAH C'EST COMME ÇA. EH BIEN JE VAIS VOUS AIDER, MOI.

-MAIS OUI, BIEN SÛR. ESSAYEZ DONC DE VOUS DÉBATTRE, ÇA VA TRÈS BIEN MARCHER!

-TEKKAI? HIHIHI HIHI, VOUS CROYEZ QU'ON NE PEUT RIEN FAIRE SUR LE TEKKAI?

-VOUS POUVEZ DEVENIR DURE COMME DE LA PIERRE, MAIS...

-EST-CE QUE ÇA MARCHE AUSSI À L'INTÉRIEUR? J'AI BIEN ENVIE D'ÊTRE CURIEUSE, AUJOURD'HUI! OUVREZ MOI GRAND LA BOUCHE, JE VAIS VOUS DÉSOSSER LES INTESTINS!

-ALORS, VOUS EN DÎTES QUOI?! ÇA A LE GOÛT DE QUOI? DU MÉTAL, DE LA DÉFAITE, OU D'AUTRE CHOSE?

-SI JE NE DEVAIS PAS VOUS LAISSER INTACTE, VOUS SERIEZ DÉJÀ EN TRAIN DE RÔTIR COMME UN COCHON.

-QUOOOIII, J'AI MAL ENTENDU? C'EST INJUSTE? JE TRICHE? OU ÇA FAIT MAL? ALLEZ, DIX SECONDES POUR RESPIRER!

-JE VAIS TE TUEEEEERRRRRRRHHHHH!!!!! TU VAS CREVER LA GUEULE OUVERTE, PUTAIN DE...
-PUTAIN DE SORCIÈRE, beugla Haylor. JE SUIS UNE PUTAIN DE SORCIÈRE ET ON NE M'EMMERDE PAS.

-OOOH, JE CROIS QUE JE VAIS CHANGER D'AVIS. J'AI DIS QUE VOUS EN SORTIRIEZ INTACTE? QUE Y'AURAIT PAS DE BOULES DE FEU? EH BIEN FINALEMENT SI!

-OUI HIHIHIHI HIHI! CONTINUEZ À COURIR, SURTOUT! ÇA SERAIT TELLEMENT TRISTE QUE ÇA NE ME SERVE PAS DE PRÉTEXTE POUR... OH, MAIS JE SAIS! QUE JE VOUS MONTRE TOUT CE QUE JE PEUX FAIRE.

-VOUS AVEZ VU MES BOULES DE FEU? EH BIEN J'EN AI AUSSI DES ROSES, ET ELLES SONT BEEEAAAUUUCOUP PLUS AMUSANTES!

Pendant un instant, le chef de salle tenta d'intervenir, s'avançant vers la porte. Sigurd lui fit signe de rester, en lui tendant un chèque au nom d'HSBC. Tant pis pour les dommages, il avait de quoi payer.

Normalement. Et le chiffre inscrit sur le chèque sembla convaincre le responsable.

Mais le bazar qui s'ensuivit fit sursauter jusqu'à Sigurd.

-MINCE... JE NE M'ATTENDAIS PAS À CE QUE... C'EST LES TOILETTES DES HOMMES?! MAIS ELLES SONT EXACTEMENT PAREILLES QUE... AH NON, LE POÈME EST DE EMILIE KNOX, ICI. DONC VOUS FAISIEZ CA ICI AUSSI? EH BIEN Y'A PLEIN DE CHOOOSES À PURGER, DÎTES MOI! JE VAIS FAIRE LE MÉNAGE, JE ME SENS GÉNÉREUSE!

À nouveau, le cuisinier chercha à s'avancer. Aussi Sigurd sortit un autre chèque, ce qui venait de doubler sa mise. Les deux toilettes seraient refaites.

-ET ÉVITEZ LES RANKYAKU, ÇA SERAIT BÊTE QUE TOUT EXPLOSE!

-OH ET PUIS ZUT, VOUS SAVEZ QUOI? MAINTENANT QUE JE DÉTESTE CET ENDROIT, JE FERAIS MIEUX DE TOUT DÉTRUIRE! JE SUIS SÛRE QU'AVEC UNE BRÈVE DE CE GENRE DANS LE JOURNAL, JE POURRAIS ME FAIRE PLUS DE SOIXANTE PP!

Cette fois, pas le moindre chèque n'aurait pu retenir qui que ce soit. Craignant le pire pour leur restaurant favori, tous s'avancèrent jusqu'à la porte. Mais elle s'ouvrit spontanément, laissant sortir Evangeline sur fond de cendres et de fumées, et derrière elle un tas de chaînes qui cadenassaient sa pauvre proie. Intacte, mais en sueur, couverte de saleté, et lamentable.

-Je plaisantais, indiqua-t-elle l'air pince sans rire.
-Vous n'êtes pas drôle!
-Moi je trouve que si.


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-C'est marrant, je m'attendais à ce qu'on SE FASSE DÉTRUIRE, cria Sigurd en passant la porte du restaurant. Pas qu'ils nous disent "merci-beaucoup-revenez-bientôt-est-ce-que-ça-vous-a-plu?".
-Je pense qu'ils ont aimé votre sourire.
-Ou nos chèques.
-Ou les explications des cipher pol.
-Possible aussi.
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-Je ne suis pas trop passée pour une grosse folle?, demanda la miss tandis qu'il regagnaient leur ferry.
-Pas plus que d'habitude.
-...?
-Bon, complètement que si. Maaaiiiiis... moi j'aime bien ça. Et puis, j'ai tellement marqué le coup avant avec mon déguisement que ça a dû très bien passer.
-Vous n'auriez pas fait ça, je n'aurais jamais pu faire ce que je voulais. Merci beaucoup.
-Boaaah, c'était juste...
-Non, non. Vous n'avez pas compris. Je suis en train de dire. Merci. Beaucoup.
-Oh... euh... enfin... oui.
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