Posté Mar 17 Mai 2011 - 0:08 par Damien Reyes
Petite escale avant Grand Line, Las Camp était réputée pour être une ville assez accueillante, du moins lorsque l’on n’est pas trop regardant sur la morale. En d'autres termes plus nuisibles au tourisme, il ne faisait pas bon être Marine ou Agent du Gouvernement en ces lieux sans foi ni loi. Même si depuis l'instauration d'un dojo par les forces militaires avaient légèrement calmé les choses, ces dernières étaient loin d'en être au stade de paix universelle. Les escrocs pullulaient, les prostituées se multipliaient, et les individus à l'éducation pleine de manques à l'image de leur dentition se faisaient légion. En un mot comme en cent, c'était l'endroit le plus peinard qui soit pour les pirates de tout horizon. Pas de risque de voir débarquer un peloton militaire à la moindre bagarre, peu de chances de trouver un petit génie qui voit clair dans vos combines, et enfin, un certain sens des règles et de l'honneur qui maintenant la cohésion de l'île rongée par le vice. Même si nous étions dans ce que certains pourraient qualifier de "poubelle du monde", la seule et unique chose qui assurait de faire de vieux os et d'avoir une clientèle fidèle était justement cette même fidélité vis-à-vis de l'éthique entre gangsters. Pas de sentiments, pas d'affinités, juste du business et des règles simples à suivre. Comme le dit si bien la devise de la ville : "Il ne fait pas bon être un coyote à foie jaune à Las Camp, à moins de vouloir finir truffé de plomb dans un étang".
De mon côté, je m'en sortais plutôt bien. Depuis que j'étais arrivé ici avec le les Kichigai Yokubari, nous nous étions séparés histoire de prendre un peu de bon temps chacun de notre côté. J'ignorais si c'était une marque de confiance du capitaine ou simplement la manifestation du fait qu'il se moquait éperdument de ce qui pouvait nous arriver, mais cela ne me gêna pas outre-mesure. J'avais déambulé dans les ruelles accompagné de Cerbère pour finalement arriver dans un saloon assez miteux où se déroulaient des tournois de poker. Quant à savoir si j'allais ou non y participer, disons que j'avais une envie assez importante de mettre de l'argent de côté. Aussi voilà pourquoi je finis par m'asseoir à la table de jeu, laissant Cerbère se coucher à côté de moi. Après avoir brièvement salué les joueurs, nous nous mîmes en quête de nous dépouiller mutuellement de nos biens. Cette tâche leur aurait été bien plus facile si l'adversaire qu'ils avaient en face d'eux n'était pas un expert dans la lecture des micro-expressions du visage et dans la détection de mensonge. Ce seul fait expliqua pourquoi, après pas moins de deux heures de jeu, j'étais le seul encore habillé à la table.
Il est toujours une catégorie de joueurs compulsifs qui ne supportent pas d'être battus à plate couture et trouve toujours à redire sur le déroulement de la partie. En général, lorsqu'il s'agit d'accuser la malchance, cela ne me pose pas problème. Néanmoins, lorsque les joueurs viennent à me suspecter de tricher, là, c'est une toute autre histoire. Alors que je venais une fois de plus de remporter la mise sur un bluff avec un deux de pique et un dix de carreau sans aucune valeur, je pouvais sentir que l'atmosphère devenait pour le moins tendue. Gehennos semblait être de mon avis, car il s'était lentement relevé et fixait les protagonistes à la table avec un air peu enjoué. Jugeant que les pigeons en face de moi s'étaient assez faits plumés, malgré l'ironie qui fait de moi le détenteur du Hane Hane no Mi, je me relevais en prenant mes jetons afin d'aller les changer pour de l'argent. Mais brusquement, j'entendis le déclic si caractéristique des petits calibres retentir dans mon dos. J'arrêtais ma course, le Cerbère faisant de même, avant de prendre la parole. Sans même me retourner, je pris la parole en parlant sur un ton des plus calmes qui soient.
- Les règles de Las Camp auraient-elles changées en une seule partie de Poker ? Si un quelconque mauvais joueur venait à abattre ceux qui le battent dans le dos, je pense que l'on ne tarderait pas à retrouver son corps au fond d'un étang. Je suis d'assez bonne humeur pour vous donner un aperçu de ce à quoi vous échappez messieurs...
A peine eussè-je terminé ma phrase que je posais lentement ma main gauche sur le pommeau de Kurayami-Hime. Celle-ci libéra alors un Saki relativement faible, n'octroyant que l'illusion de la mort avec une légère douleur. Rien de comparable à ce que le Kitetsu faisait quand il décidait d'agir de lui-même ou en parfait accord avec mes propres envies meurtrières. Néanmoins, cela suffit à dissuader mes assaillants de passer à l'attaque, l'un d'entre eux s'écroulant sur sa chaise, de lourdes gouttes de sueur glissant le long de son front protubérant, alors que les autres restèrent immobiles. Il me restait encore beaucoup de progrès à faire pour manier parfaitement le Meitou que j'avais utilisé, mais j'étais déjà bien content que ce dernier n'ait libéré une attaque sur ma demande. Pour l'heure, mieux valait ne pas en demander trop à cette épée plutôt caractérielle.
Reprenant ma lente avancée vers le comptoir, je déposais les jetons que je tenais dans un sac de la main droite. Faisant alors un léger signe de tête, je demandais au tenancier de me changer tout cela sans même dire un mot. C'était une jolie petite somme, mais néanmoins, cela n'avait pas grand-chose à voir avec les quelques millions qu'il me restait en réserve. Prenant mes liasses de Berrys, je ressortais de l'établissement, accompagné de mon familier à mes côtés, déambulant tranquillement dans la rue. Je me demandais ce que pouvait bien faire le reste de l'équipage. Pour le capitaine, j'étais certain qu'il serait encore en train de voler quelqu'un ou de jouer avec son argent en espérant ramasser le triple de sa mise, si ce n'était plus. Pour Akira, sans doute ne serait-il pas loin de Satoshi. Quant aux autres, je n'en avais strictement aucune idée.
Mon attention fut alors attirée au loin par la foule qui se pressait près du port. Il y avait de l'animation en ville, et j'espérais que ce n'était pas parce qu'un de mes Nakamas n'ait fichu un souk monstrueux. Levant les yeux au ciel en soupirant, l'air las et soucieux de ce que je risquais de trouver, j'entrepris de marcher dans cette direction. Par chance, je vis de loin que le groupuscule n'avait rien à voir avec les Kichigai Yokubari. Poussant un soupir de soulagement, je vis alors débarquer à toute allure un espèce de mastodonte qui était loin de faire dans la dentelle. Le mur de l'allée avait volé en éclat et droit sur le chemin du pachyderme se trouvait une fillette venue faire le marché. Me dépêchant et prenant une impulsion assez rapide, je saurais pour saisir l'enfant au vol et rouler avec celle-ci hors du chemin de la brute épaisse. Bon sang, mais c'était quoi cette chose ? On aurait dit une espèce d'éléphant humanoïde qui avait la rage au ventre.
Redressant la fillette et lui demandant si tout allait bien, je lui indiquais qu'elle devrait vite rentrer chez elle. D'instinct, je pouvais affirmer que l'équation qui s'offrait à moi n'offrait que très peu de chances d'avoir un résultat favorable. Groupe bruyant devant un bateau pirate, plus mammouth qui n'écrase pas que les prix sur son passage égale de gros soucis en perspective. Sifflant pour appeler Gehennos resté de l'autre côté du sillage laissé par l'espèce de tracteur ambulant, je le laissais me répondre par un triple aboiement alors qu'il courait derrière moi, tandis que nous nous dirigions tous deux vers le port. Le chemin était assez facile à trouver : le point d'arrivé était désigné par une bande de truands mécontents, et le chemin par la trainé de poussière laissée derrière le monstre. Voilà pourquoi nous ne mîmes pas longtemps avant d'arriver à quelques mètres du lieu d'altercation.
C'est alors que la drôle de bestiole devant le navire commença à parler d'une voix pour le moins... virile. Alors qu'elle faisait face à la horde de guignols en tout genre, je regardais le navire, essayant d'identifier à quel genre de pirate il pouvait bien appartenir. En très peu de temps, je comprends l'émoi des bandits devant ce dernier. Les armoiries fièrement exposées ne sont autres que celles d'un Capitaine Corsaire plutôt célèbre, en particulier pour ses colères pour le moins... retentissantes. Essayant de réfléchir à la situation, je vis très bien que celle-ci risquait de partir en eau de boudin, et dans moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire. Après tout, cet homme n'était pas arrivé au poste de Schichibukaï juste parce qu'il se curait le nez. On disait de lui qu'il était assez... limité au niveau de l'intellect, ce qui laissait à présumer qu'il était encore plus fort que ce qu'on racontait, car aucun pirate stupide ne pourrait survivre et obtenir le titre de Capitaine Corsaire s'il n'était pas monstrueusement fort.
Restant à une distance respectable de la foule pour ne pas être assimilé à celle-ci, je décidais d'observer sans agir. Après tout, en tant que John le Rouge, je n'avais pas de raison d'intervenir. Certes, obtenir la tête d'un Capitaine Corsaire serait grandement bénéfique pour la réputation des Kichigai Yokubari, mais j'avais assez roulé ma bosse sur les océans pour savoir que les mariolles qui se lancent dans un combat avec de telles intentions font rarement de vieux os. Cependant, en tant que Damien Reyes, c'était une très bonne occasion d'affaiblir le pouvoir du Gouvernement Mondial en mettant hors circuit l'un des éléments à leur service, bien qu'il s'agisse d'un criminel. Pas question de me jeter à corps perdu dans la bataille tout de même. Observer est le meilleur moyen d'apprendre, et j'avais besoin d'en savoir plus sur les capacités de cet homme. Outre ce que j'avais vu qui me permettait d'affirmer qu'il possédait les pouvoirs d'un Fruit du Démon de type Zoan, je n'avais aucune idée de sa force de combat.
Tout en restant le dos collé contre le mur de la bâtisse près du port, je souriais légèrement en essayant d'imaginer ce qui allait se passer. De toute évidence, je voyais mal les culs terreux de Las Camp mettre à bas un Capitaine Corsaire. Laissant mon léger rictus s'accentuer pour devenir pratiquement carnassier, je restais silencieux en attendant de voir la tournure des évènements qui promettait d'être pour le moins... intéressante.