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[FB] L'ivrogne et le médecin - Duel au sommet [PV Arthy]

Tanuki était la première île que je visitais sur North Blue. C'était aussi la première île sur laquelle je posais le pied depuis que j'avais quitté mon océan natal de West Blue. C'était une île sympathique, pleine de charme et de vie. Cependant elle était aussi remplie de marine. Prêt d'un cinquième de sa population était des hommes d'armes plus ou moins gradé. Autrement dit, c'était un endroit plutôt hostile pour les hors la loi.

Je me devais donc de rester discret. Pas spécialement que j'avais l'intention de rester ici, mais je n'avais vraiment pas envi de me mettre toute l'île à dos et de devoir passer des semaines en mer pour trouver un nouveau pied à terre.

J'y étais d'ailleurs parvenu au cours des neuf dernier jours. Je me fondais aisément dans la foule à présent. On ne me remarquait plus autant qu'avant. Pour le gros de la population, j'étais un médecin respectable qui avait élu domicile sur Tanuki. Les autres se contentaient de m'ignorer joyeusement.

Malgré ces quelques jours que j'avais déjà passé ici, je n'avais pas encore vraiment explorer la ville à proprement parler. Je connaissais la grand place et quelques échoppes mais rien de plus. J'avais donc décidé de trouver un endroit sympathique dans lequel je pourrais me détendre après mes journées de travail. Je traversais donc chaque rue de la ville à la recherche d'une auberge ou d'un bar.

Soudain je trouvais mon bonheur au coin d'une ruelle un peu sombre à la lisière de la ville. Au dessus d'une grande baie vitré se trouvait une enseigne en forme de choppe. Le "Harpie's Bar" était un petit bar cossue assez reconnue sur l'île. J'avais effectivement entendue des rumeurs sur ce bar au grès de mes différentes balades. Étrangement certain habitant avait peur de venir ici. Apparemment l'endroit avait la réputation d'attirer certain soir les marines un peu éméché en recherche de distraction plus ou moins violente.

Malgré cette réputation et l'heure tardive, j'entrai sans hésitation dans ce bar soit disant mal famé. L'intérieur était sobrement décoré sans chichi ni style. Seuls quelques rideaux coloré juré avec la monotonie de l'endroit. La plupart des clients étaient des marines en uniforme. Certain était en civil mais je doutais qu'il y ait plus d'un ou deux client qui ne fasse pas partie de l'armée. De toute façon je m'en fichais je n'étais pas vraiment venu pour parler ou faire ami-ami. Je m'installai donc au bar et commandai un demi de bière. Après avoir fini de boire le délicieux breuvage, je m'en allai après avoir payé.

Alors que je me dirigeai tranquillement vers la sortie, je percutai un grand blond entrain de boire une grande chope de bière. Le liquide ambré se déversa sur sa chemise la tachant sur tout le devant. Une odeur acre remonta du liquide renversé. Ce n'était pas de la bière mais du Scotch. Je regardais donc l'homme dans les yeux, prêt à tout, même à me battre s'il le fallait.
    L'île de Tanuki était assez réputée sur North Blue pour être un véritable havre de paix. Il fallait dire qu'avec plus de vingt-pourcent de la population référencée comme soldats de la Marine, il aurait été difficile d'en être autrement. Qui plus est, le relief montagneux de l'île assurait une certaine protection naturelle contre les attaques de pirates. Mais c'était au cœur de ces monts escarpés que l'on pouvait trouver le centre actif de l'île. Plusieurs séries de magasins, hôtels, cafés avec terrasse, surplombaient l'allée principale. Cependant, pas moyen de trouver la moindre fille un peu débauchée dans ce genre d'endroits situés à la vue de tous. La plupart du temps, il s'agissait de mères de familles qui sortaient pour échapper au stress de leur vie quotidienne et décompresser un coup. Bref, rien de très folichon. Qui plus est, l'état d'ivresse sur la voie publique était fortement déconseillé, car il faudrait moins de trente secondes pour qu'un bataillon de soldat ne vienne vous mettre les fers et vous envoyer en cellule de dégrisement. En un mot comme en cent, ce n'était pas dans l'artère principale de la ville que j'allais trouver de quoi m'amuser et oublier les échecs successifs dans mes recherches.

    Finalement, après une bonne vingtaine de minutes à errer dans les rues, laissant mon long imperméable virevolter lorsqu'une brise venait à se manifester, je finissais par arriver en vue d'un sympathique établissement. Il était certes légèrement en retrait des habitations, mais la musique qui s'en dégageait était assez entraînante. Il en allait de même pour les deux filles en tenue plutôt provoquantes se trouvant devant pour attirer les clients. Souriant légèrement en me passant la main sur ma barbe de trois jours, je m'avançais dans leur direction. La première, une grande brune qui devait au bas mot faire du 85 B, passa son index sous mon menton avec une expression plutôt aguicheuse en me tendant un prospectus qui vantait les bienfaits de ce bar. Quant à la seconde, du haut de son 85 C, passa ses bras autour de mon cou pour me susurrer à l'oreille des choses qui auraient faites rougir le bon dieu lui-même. J'ignorais néanmoins si le corps humain était assez souple pour faire ce qu'elle venait de m'énoncer.

    Riant un peu bêtement en rougissant, les yeux levés au ciel alors que j'imaginais comment il était possible de faire cela, je les laissais m'entraîner dans le bar sans rien dire. Peut-être qu'avec un peu plus d'attention, j'aurais alors vu perçu leurs deux collègues qui prirent le relais à leur place tandis qu'elles m'emmenaient jusqu'au comptoir. Suis-je si facilement influençable ? La réponse semblait assez évidente quand, après quelques verres de scotch, je commençais à chanter un peu fort, une fille à chaque bras et le teint rosé devenant de plus en plus écarlate à cause de l'alcool. Étais-je si détendu qu'il n'y paraissait ? On aurait pu le croire. Mais voir un bon nombre de Marines assis aux différentes tables me rendait quelque peu nerveux, à plus forte raison lorsqu'ils avaient l'air d'avoir un tempérament bagarreur et qu'ils étaient visiblement énervés que je fasse autant de bruit avec "mes chéries".

    Un espèce de grand chauve baraqué se pointa brusquement à ma table, avec un air plutôt menaçant. Il se tenait droit, les bras croisés et les narines dilatées qui témoignaient d'une certaine mauvaise humeur. Sur ses énormes biceps on pouvait voir plusieurs tatouages, dont l'un d'entre eux représentait une encre, signe caractéristique des Marines. Avec une voix des lus rauques, il sembla se plaindre du fait que "j'accaparais toutes les filles du bar". Le pauvre chou... lui et ses copains n'avaient plus de quoi s'amuser autrement qu'entre eux. Enfin, il faut dire qu'en étant Marins, ils devaient avoir l'habitude des longues traversées du désert. Plusieurs mois en mer sans voir de fille... pas étonnant que certaines rumeurs ne parvenaient aux oreilles des populations quant aux pratiques pour le moins particulières auxquelles les Marines devaient se livrer. Avec une voix qui témoignait à quel point je me foutais de ce qu'il racontait, je m'adressais à lui en lui lançant une liasse de billet.


    - Allez tiens, va t'acheter des cheveux !

    Mon ami ne sembla guère apprécier si j'en jugeais le regard qu'il me lança, avant de se pencher vers moi en tendant son poing, prêt à me l'abattre sur le nez. Néanmoins, alors qu'il me tira par le col, son mouvement se stoppa soudainement. Voyez-vous, même lorsque vous êtes un goliath monstrueusement fort, il y a toujours un seul et unique endroit de votre corps que vous ne pouvez pas renforcer. En l'occurrence, lorsque l'on en vient à vous le serrer très fort, en règle générale, cela a pour effet de vous immobiliser totalement. Le grand malabar devant moi était justement en train de faire cette expérience des plus désagréables. Ses yeux exorbités trahissaient facilement la peine qu'il ressentait, alors que je restais avec un certain air ironique largement visible sur mon faciès. J'ignorais si c'était parce que j'avais l'alcool joyeux ou parce que j'étais simplement amusé de cela, mais lorsque je lui dis qu'il allait faire demi-tour et me lâcher les baskets, mon nouvel ami acquiesça en faisant signe oui de la tête à vive allure, apparemment désireux de se libérer de l'étreinte diabolique qui s'abattait sur lui.

    A l'instant où je le relâchais, il poussa un soupir de soulagement non-dissimulé, avant de retourner à la table de ses copains en marchant comme un canard, les mains devant la braguette de son pantalon. Je repris alors ma charmante conversation avec les demoiselles qui se trouvait de chaque côté de ma personne. J'ignorais ce qu'il y avait de drôle dans la blague du golfeur japonais, mais les ladies semblaient apparemment apprécier ce genre d'humour graveleux. Je n'allais pas m'en plaindre. Mais voilà qu'un nouveau problème se présentait à nous, à savoir le manque d'alcool. La bouteille de scotch ayant été entièrement vidée, je me devais de faire à nouveau le plein. Me relevant en ramassant la liasse de billets que l'autre chauve n'avait pas pu saisir quand il en avait l'occasion, je me rendais au comptoir pour procéder au ravitaillement. Néanmoins, à l'instant où je me retournais avec mon énorme choppe dans laquelle j'avais versé le divin breuvage... en quantité pour le moins impressionnante, un espèce de gougnafier se trouva pile sur mon chemin, en me faisant renverser le tout tant sur lui que sur moi.


    - Là on va avoir un problème gamin. Tu comptes faire quoi pour réparer cette monumentale erreur ?

    Fixant le jeunot avec un sourcil perplexe levé et un air pour le moins peu enclin à la diplomatie, j'attendais non seulement de lui qu'il paie la consommation, mais également le teinturier qui se chargerait de laver mon magnifique imperméable gris désormais jauni par l'alcool. Après ce simple évènement et cette simple tirade, on eut brusquement l'impression que le bar devint silencieux, comme si l'atmosphère venait de changer pour le moins radicalement. D'un autre côté, les Marines assis à leur table fixaient la scène, visiblement joyeux à l'idée d'une belle bagarre générale. Les mains se dirigeaient lentement vers les armes à feu et les épées, alors que je fixais intensément le petit brun en face de moi qui venait peut-être de commettre la plus terrible erreur de sa vie. Enfin... les deux plus grosses erreurs plutôt : renverser l'alcool et salir mon imperméable. A lui de voir comment il souhaitait assumer ses actes.
      L'homme qui se tenait devant moi semblait très en colère que j'eus taché par accident son imperméable. C'était un grand blond à la chevelure en bataille, avec le regard vide des milieux de soirée où l'alcool commence à faire effet et où le cerveau s'est déjà totalement arrêté. Il me regardai d'un air patibulaire espérant sans doute des excuses où une certaine forme de réparation. Il pouvait toujours rêver. C'était tout juste s'il était en état de parler de façon lucide. Je n'avais aucun respect pour ce genre de rustre. C'était le genre de type à jouer de son physique pour s'imposer et se contrefichait totalement des autres. Tout ce qui leur importait c'était d'avoir ce qu'ils veulent. L'odeur de malt qui se dégageait du scotch à présent sur le sol commencer à emplir la salle. Autour de nous le silence s'était fait. Ce silence de mort accentué le côté dramatique de la scène. Un peu comme le calme avant la tempête. Sauf qu'ici bien sûr, la tempête serait une bagarre générale qui semblait d'ailleurs être fortement attendu par toutes les énergumènes hyper-alcoolisé du bar. Les marines ici devaient d'ennuyer ferme pour attendre à ce point les quelques rixes sporadiques qui se déclaraient dans les bars mal famés de la ville. C'était à ce demander d'ailleurs si aucun d'entre eux avait un jour connue la fièvre d'une véritable bataille. Celle où l'odeur du sang et de la poudre à canon se mêlaient aux hurlements d'agonies des morts en sursis ainsi qu'aux râles de ceux déjà mort. Là où l'ombre de la mort était partout et où chaque seconde pouvait être la dernière que l'on vivait. Ces rustres sans entrainement semblait tout juste prêt pour jouer le rôle de la chair à canon dans une bataille ranger face à un équipage pirate assoiffé de sang.

      L'homme devant moi, dans son grand imperméable taché de whisky, ne semblait pas faire parti de ces pleutres avide de sensations fortes. On sentait dans son regard, malgré la présence de l'alcool, une force et une détermination sans égal dans toute la salle. Il était bien plus vieux et plus expérimenté que moi. Un combat face à lui pour une simple histoire de tâche semblait disproportionné et terriblement dangereux. Il était assez nettement plus fort que moi, pas besoin de se battre pour le deviner. Mais étrangement, il ne semblait pas appartenir au corps des marines. J'avais vraiment une étrange sensation en le regardant. Il ne m’impressionnait pas plus que ça et pourtant je savais qu'au moindre faux mouvement je risquais ma vie. Les deux jeunes femmes derrière lui semblait être paralysé par cette situation d'une incroyable intensité. Je rivais alors mes yeux aux reflets carmins dans les siens. Tout semblait nous opposer. Alors que lui était un géant blond aux yeux de glaces, j'étais de taille bien plus modeste et mes cheveux bruns encadré parfaitement mes yeux de sang. Une telle opposition était rare. On aurait presque dit la lutte entre la lumière et les ténèbres.

      Malheureusement ou heureusement, je n'étais pas vraiment en clin à me battre. Sans le quitter des yeux j'avançais donc droit devant moi, le percutant volontairement de mon épaule. Je n'avais pas vraiment envi de me battre mais je sentais bien que le géant blond avait besoin d'en découdre. Face à un ennemis plus fort que soi il n'y avait que deux solutions pour s'en sortir. On pouvait soit fuir, soit se montrer plus malin que lui. J'avais bien sûr opter pour la seconde option. En le provoquant délibérément, et en profitant un peu de son taux d'alcoolémie, j'espérais le mettre suffisamment en colère pour fausser son jugement. Si l'opération réussissait il serait un adversaire un peu moins dangereux. En effet un adversaire qui ne réfléchissait pas sous le coup de la colère avait tendance à commettre de nombreuses erreurs qui était autant d'ouverture pour le vaincre. De plus, j'étais plus jeune et donc plus agile que lui. Ma connaissance des points clés du corps me permettrait sans doute de lui causer énormément de dégâts en peu de coups. Afin d'en rajouter côté provocation, je plaçais quelques commentaires acerbes sur le ridicule de sa tenue. Ce n'était pas une joute verbale de haute volée, mais cela suffirait amplement pour le mettre dans une rage folle.

      Tout en le dépassant je continuais de le regarder du coin de l’œil. Si jamais je le perdais de vue ne serait-ce qu'une seconde je serais en fort mauvaise posture. Autour de nous, les clients restaient pendue à cette action qui semblait se dérouler au ralenti. Tout ça pour un peu d'alcool renversé. Comme quoi la vie réservait parfois des surprises des plus étranges. Je me préparais cependant à un combat acharné. Je sentais cette incroyable tension dans l'air. Une tension qui lorsqu'elle serait relâché se transformerait en tempête de coup de poing. Certain marines semblaient armés. Il fallait vraiment que je sois prudent car cela risquait de dégénérer. Heureusement il y avait une chose que ni le géant blond, ni les autres clients ne savait à propos de moi. J'étais l'heureux détenteur d'un fruit du démon. Cela me rendait certainement beaucoup plus dangereux que le blondinet et son harem, ou que toute la garnison de marine de Tanuki réunit. J'hésitais cependant à utiliser son pouvoir. Je préférais garder un atout dans ma manche. On ne savait jamais jusqu'où pouvait aller le grabuge et un utilisateur de fruit du démon comme moi attirerait sans doute le reste de la garnison qui elle était sobre, et armée jusqu'aux dents. Je me retournais alors face à mon futur adversaire pour lui parler en face à face.

      - Malheureusement pour toi, je n'ai aucunement l'intention de faire quoique ce soit pour ton manteau, pas plus que pour l'alcool que TU as renversé en ME percutant.

      De nouveau des provocations. A présent le combat ne tarderais pas à se lancer. J’espérais vraiment l'avoir mis suffisamment en colère. Car s'il gardait les idées claires alors j'étais dans la mouise. Car ce type était bien plus fort que moi et il pourrait m'écraser comme une mouche. Or cette situation m'obligerait à utiliser mon pouvoir et donc à causer encore plus de grabuge et donc d’amener encore plus d'ennemis potentiel. Je n'avais pas le choix, je devais le vaincre d'un seul et unique coup. Un coup violent placé à trois centimètres à droite du cœur. S'il était placé correctement, le cœur de l'homme s'arrêterait quelques secondes. C'était ma seule chance. J'étais prêt.
        Ha, l'arrogance de la jeunesse. Cela me rappelait tant de bons souvenirs. Ce gamin en face de moi avait beau se comporter comme un exécrable petit con, du point de vue de l'ancien que je suis, c'était adorable. Un peu comme, vous savez, quand votre petite sœur de cinq ans essaie de se maquiller comme une adulte, et finit par ressembler à une prostituée naine mal habillée, ou que votre petit frère vient chercher les embrouilles auprès des adultes en expliquant qu'il n'a pas peur de se battre. C'est incroyablement stupide, mais en même temps, indéniablement mignon. Pour peu, j'aurais envie de lui donner une bonne grosse barbe à papa en le shampouinant le petiot. Bon, d'un autre côté, je ne cache pas qu'il me donne aussi l'impression d'un petit merdeux à qui on devrait apprendre les bonnes manières à coup de pied dans le train mais bon, chacun sa manière de réagir face à ce genre de personne. Pour ma part, je dirigeais déjà un royaume depuis quelques années alors qu'il bavait encore sur les tétons de sa mère le garnement. Ô certes, j'étais loin d'être un ancêtre, et je n'avais qu'un peu plus d'une décennie de plus que lui, mais c'était ce genre de temps qu'il fallait à une piquette de bas-étage pour devenir un grand cru.

        J'affichais un léger sourire en voyant ce garnement me provoquer ouvertement, critiquant avec une certaine véhémence mon style vestimentaire. Oh, kid, t'es charmant dans ton tout petit costume qui se veut respectable... mais si tu savais à combien d'années Lumières tu es de moi au niveau de la classe et du style. Qui plus est, ce genre de costume qu'il porte est certes pas mal, mais gamin, ouvre les yeux. On n'est pas chez tatie Suzette pour le brunch du dimanche midi. On est sur un océan plein de dangers, dont l'un d'entre eux qui se tient face à toi et ne va pas tarder à te montrer que la prétention ne prendra jamais le pas sur l'expérience. Si tu tiens à te battre dans un truc aussi austère où tu n'es pas à l'aise, ça te regarde remarque gamin, mais tôt ou tard, après quelques tartes dans la truffe et bourre-pif dans la poire, ainsi qu'éventuellement quelques coups de pieds aux fesses, tu te demanderas si tu n'as pas une meilleure kinesthésie en vêtements souples permettant des mouvements d'une plus grande amplitude. Non sérieusement, je vous assure, voir un gosse qui tente de jouer les adultes, y'a rien de plus mignon... et plus énervant à la fois.

        Je ferais l'impasse sur le niveau de ses provocations, même si la critique vestimentaire semble assez ironique en l'état actuel des choses. Avec un peu plus d'expérience, ce gosse apprendrait que le style Ténébreux qui se la joue taciturne ne peut lui attirer que les pouffes de bas-étage où un simple tour de magie pour les épater permet de les emballer comme du lard fumé. Avec ce genre de dégaine et d'attitude, il risquait fort de passer à côté des perles rares, à savoir les filles sensiblement introverties facilement influençables et qui n'oseraient jamais s'approcher ou même parler avec lui. Gâche tes plus belles années mon gars, tu te sens fort en te la jouant prince des Ténèbres, mais pour vraiment faire tomber les filles, le style mec stable et rassurant est beaucoup plus adapté. Qui plus est, j'étais dans la fleur de l'âge pour ce genre de chose. Après tout, la plupart des filles désespérées avaient un complexe avec leur paternel. Il n'était pas rare pour elles de commencer à me voir comme ce dernier, étant donné que la bouteille que j'étais commençait à avoir de l'âge. Pas étonnant que j'en vienne à lâcher de plus en plus de "Who's your Daddy ?"

        Je riais cependant légèrement lorsqu'il en vint à me bousculer légèrement, un peu comme le mec que ça énerve, mais qui rit en montrant qu'il se retient de ne pas lui foutre une torgnole qui lui ferait faire un tour complet en laissant ses yeux continuer à faire du manège avant qu'il ne comprenne ce qui lui arrive. Qu'est-ce qu'il voulait ? Se battre ? Ma foi, il allait être servi. Mais lorsque l'on en vient à provoquer un Roi, il ne faut pas s'attendre à une rixe de bar... mais à une guerre pour ainsi dire totale. Je dirigeais une île du Nouveau Monde depuis que j'étais tout jeune. Aussi n'avais-je aucun mal à retenir mes pulsions violentes, car céder à celles-ci aurait depuis longtemps fait de moi un Tyran plutôt qu'un souverain avisé et sage. En somme, pour faire perdre son sang-froid à un Roi et le pousser à en venir aux mains, il en fallait plus que deux ou trois tirades dignes d'un enfant de quatre ans et une bousculade visiblement cherchée exprès. Cependant, j'étais dans mon jour de clémence et je me décidais à donner à ce blanc-bec une leçon qui lui serait utile à l'avenir. L'interpellant d'un simple
        "", je me tournais vers le bar, de manière à être de profil et ne pas le perdre de vue. C'est après avoir demandé expressément au barman une bouteille de son alcool le plus corrosif, que je repris la discussion avec le gamin.

        - Tu vois fiston, lançais-je en dévissant le bouchon de la bouteille, dans la vie, tu apprendras qu'il y a plusieurs types de personnes. Tout en lui parlant, j'insérais plusieurs serviettes pour s'essuyer les mains, comme si cela était parfaitement naturel pour moi. Tu peux retomber sur des gros bras qui t'auraient torgnolé pour ce que tu viens de faire, mais tu sais... Marquant un léger temps mort, je trempais le bout des serviettes dans le verre de vodka du mec adossé au bar qui m'écoutait sans même faire attention à ce que je faisais, tellement j'avais l'air décontracté. Tu peux aussi retomber sur le mec tellement blasé par ce qu'il a vu sur Grand Line et le Nouveau Monde qu'il n'aura aucun grief contre toi. Et pour tout t'avouer... Sortant mon briquet, je m'allume une clope, avant d'allumer les serviettes dépassant de la bouteille, toujours aussi tranquille et naturel. J't'aime bien gamin. C'est pourquoi je te le dis en toute franchise : Ne chasse pas les loups quand t'es encore qu'un agneau qui sait à peine bêler.

        Lâchant une bouffé de fumée en expirant, j'affiche un léger sourire, la bouteille à la main droite en la faisant sauter dans ma main comme une balle de tennis. Puis, toujours avec un air décontracté, je lance une dernière tirade sur un ton complètement détaché.

        - Tiens, attrape.

        Je jette alors la bouteille d'une seule main, levant mon bras pour ce faire, comme s'il s'agissait d'une simple balle en plastique que je rendrais à des gosses l'ayant lancé un peu trop loin. Un simple petit mouvement ample du bas vers le haut. Bon certes, pour dire les choses plus clairement, je venais de balancer un cocktail Molotov dans la direction de l'inconnu comme si ce n'était absolument rien. Malgré la faible amplitude du mouvement et l'air relativement peinard derrière celui-ci, j'avais tout de même fait le geste avec une force importante pour le projeter relativement vite. Certes, il n'y avait aucune chance que cela explose. Après tout, ce genre de cocktail est fait pour incendier et non faire voler en éclat. En se brisant, la bouteille aspergerait davantage le pauvre bougre qui se la prendrait, avant que les flammes ne viennent à se répandre sur son corps. Bref, au pire, il risquait une légère calcination, mais sûrement pas de voir son corps voler en éclat.

        Allez cependant savoir si c'était le hasard ou non, mais j'avais précisément attendu que mon jeune ami se trouve entre moi et la bande de Marines un peu trop nerveux qui m'avaient cherché quelques noises un peu plus tôt. Voulais-je vraiment toucher le gamin ou bien... dans tous les cas, s'il esquivait l'attaque qui tenait plus de la force tranquille que du puissant assaut, j'en connaissais quatre ou cinq qui auraient quelques problèmes. Mais encore fallait-il qu'il l'évite. Ce n'était pas comme si j'étais un ancien Roi qui avait bourlingué dans pas mal de coins dangereux, comme le Nouveau Monde ou Grand Line, et savait reconnaître un combattant à sa posture ou sa démarche après tout. Il aurait été extrêmement fourbe de ma part d'agir avec tant de légèreté si j'avais décelé chez ce gosse une certaine habitude d'un quelconque art combattif. Je n'étais pas le genre d'individu à profiter de ce genre d'information pour faire payer à quelques malandrins le prix de leur effronterie, en risquant potentiellement de déclencher une très grave bagarre de bar où j'aurais aussi l'occasion de botter le train du morveux un peu trop prétentieux susnommé.


        N'est-ce pas ?
          J'étais dans une situation délicate. Tout autour de moi des marines légèrement ivre, et donc d'autant plus violent, étaient suspendu à chaque action que faisait l'homme aux cheveux d'or. J'ignorais ce qu'il faisait mais il semblait étrangement calme. Beaucoup trop pour que mes quelques provocations aient pu avoir le moindre effet. Si ça continuait j'allais vraiment être dans le pétrin jusqu'au cou. Sans bouger je suivais les déplacement lent de ce géant. Il avait sans doute une idée derrière la tête. Allez savoir laquelle par contre. Ce type avait l'air d'être un psychopathe en puissance. Le genre de mec à faire cramer les yeux du premier venu sous prétexte qu'il avait reluquer d'un peu trop prêt sa copine. Je me surprenais à frissonner en le regardant agir. Il était tellement sûr de lui, tellement plein de charisme que j'en perdais toute confiance en moi. C'était un sentiment très étrange. Je me savais fort. Je me savais intelligent et ingénieux. Et pourtant devant cet homme avec qui j'avais tout juste échangé quelques mots sans importance, je me sentais terriblement inférieur. J'avais peur. Oui c'était ça le mot, j'avais peur de cet homme. Je faisais tout ce que je pouvais pour me contrôler. Aucun tremblement, aucune goute de sueur, pas le moindre frisson ne devait être capter par ses yeux de glace. Sous peine de mort.

          Quand on le regardait on avait la sensation de regarder un ballet lent et précis. Tout en entamant un speech sur l'ordre ses choses en ce monde il commença à s'attaquer à une bouteille d'alcool fort. Il m'expliqua l'erreur que j'avais faite en le provoquant comme si je n'avais été pour lui qu'un gosse qu'on sermonne pour avoir voler les pomme d'une verger. Il continua pourtant à jouer avec sa bouteille. Il y tassait à présent des serviettes imbibées de vodka dans le goulot de la bouteille. Il m'apprit alors qu'il avait vu Grand line et le nouveau monde. Voilà donc ce qui me faisait si peur chez lui. Cette aura meurtrière qu'ont les gens qui ont vécu toute leur vie dans la violence et la destruction. Je n'étais vraiment rien face à lui. Après tout qui étais-je pour lui faire face? Un simple médecin de campagne fuyant sa mer natale par peur de ce qui s'y trouvait. Je ne pouvais lui faire face et pourtant il se tenait bien là en face de moi avec son air décontracté qui m'irritait tant. Soudain, après un dernier conseil presque paternel, il envoya sur moi la bouteille d'alcool qu'il avait enflammé au préalable.

          Je me sentais paralysé. Mes jambes refusait de m'obéir. Je voyais le cocktail Molotov fondre sur moi en tournoyant prêt à me brûler à mort si je ne bougeais pas rapidement. Le vieux n'avait pas envoyé le cocktail très violemment si bien que le temps qu'il mettait à traverser les airs pour venir jusqu'à moi me sembla être une petite éternité. Il fallait que je bouge. Que j'esquisse ne serait-ce qu'un bref mouvement pour sauver ma vie. Alors que le goulot enflammé était à peine à un mètre de moi, mes jambes dénièrent enfin bouger. Je fis alors un léger mouvement sur le côté, tout juste suffisent pour esquiver ce cocktail de mort. C'était plus un mouvement de désespoir que quelque chose de parfaitement contrôlé, mais de l'extérieur il avait du semblait plutôt classe tant l'esquive fut brève et peu ample. Mon cœur battait à tout rompre et je suait à grosse goute. Alors que je tentais de reprendre le contrôle de mon cœur, le cocktail s'écrasa au sol devant une dizaine de marine et s'embrasa instantanément. Les flammes vinrent lécher le visage de plusieurs d'entre eux qui hurlèrent de douleur quand il se rendirent compte que leur peau était en feu. Le magnifique brasier me fascina au plus haut point. Quel spectacle magique qu'un corps qui se déforme de douleur à l'approche de la mort. Pendant que les marines qui avait échapper aux flammes tentaient d'éteindre celles qui consumaient leurs camarades je me retournai vers le géant blond de nouveau en pleine possession de mes moyens, un léger rictus au bord des lèvres.

          - Comment t'appelles-tu? Tu m'intrigues beaucoup, vois-tu. Peu de gens sont prêt à tuer pour si peu. Pour te dire la vérité, moi aussi je t'aime bien. Je m'appelle Izanagi. Yoshiro de mon prénom.

          Après m'être présenté, je me retournais vers le groupe de marine qui avait reçu le cadeau de bienvenu de l'homme à l'imperméable taché. Deux étaient déjà mort. Même si leurs corps étaient encore en flamme, ils ne bougeait plus. Un autre avait échappé à la mort de justesse. Son corps était recouvert de brulure encore fumante. Lui non plus ne bougeait plus mais il émettait quelques gémissement qui ressemblait étrangement à ceux d'un bébé phoque qu'on égorge au moyen d'une cuillère. Quant au dernier, il se tordait toujours de douleur en hurlant pendant que ses camarades tentait vainement d'éteindre le feu qui lui rongeait la peau et les os. Je me saisis alors d'une chaise vide et m'approchais des deux mourant. Je m'arrêtai devant le premier, celui qui ne brulait plus. D'un coup sec, j’abattis la chaise sur son crane. Le pied de bois s'enfonça de dix centimètre dans la boite crânienne du malheureux avant que celle-ci n'explose sous l'impact. Le sang et la cervelle giclèrent partout sous le regard médusé de l'auditoire. Je repris de nouveau la chaise et m'avançai cette fois vers le corps toujours en feu du dernier survivant. Ces camarades avait arrêter de vouloir éteindre les flammes, sans doute trop choqués par le sort de feu leur ami le fumant. Ils semblait comme pétrifié par ce qu'il venait de se passé. Pétrifié à tel point que lorsque je brandis la chaise ensanglanté au dessus de ma tête, aucun d'eux ne réagit. Un nouvelle fois j'abattis la chaise sur le crane du mourant. Cette fois la chaise fut réduite en morceau après avoir percutée le corps de l'homme en feu. Le crane de ce dernier, n'en était maintenant plus un. Et les cris avait cessés. En fait plus personne ne parlait ou n'osait faire le moindre bruit. Pour de simples soldat n'ayant jamais connu la guerre à proprement parler, cette scène devait être insoutenable. Il ne faudrait cependant que quelques minutes pour qu'ils reprennent leurs esprits et nous attaques tous ensemble, moi et ce géant blond à cause de qui tout avait dégénéré.

          - Bien! Maintenant que le silence est fait nous allons pouvoir parler calmement. A moins que tu ne préfère que nous nous battions jusqu'à la mort, ou bien que tu aies une meilleur idée?

          Il ignorait sans doute à quel point j'avais envi de me battre à cet instant précis. La vue de ces corps brulé et de ces têtes écrasé avait éveillé en mois une soif incontrôlable de sang. Je voulais voir la mort danser au milieu de ses marines avant de prendre la vie de ce terrible fléau qu'était ce roi à la couronne d'or. Je ne m'en sortirais peut-être pas vivant, mais je m'en fichais. Tout ce que je voulais, c'était repeindre ce misérable endroit avec le sang de mes victimes.
            J'avoue que lancer un assaut incendiaire est une chose qui se fait avec l'art et la manière. Faire exploser un bâtiment, n'importe quel idiot sait le faire. Mais déclencher un incendie n'est pas la même chose. Une explosion, c'est éphémère. A peine le temps de cligner des yeux et il ne reste qu'un tas de cendre avec au milieu une colonne de fumée. A la rigueur, provoquer une série d'explosion, là, c'est quelque chose qui peut se faire avec panache. Mais un seul boom, c'est trop simple pour être apprécié correctement. Allumer un incendie, le voir grandir, se propager, ronger la chair de ceux qui tentent de l'arrêter... voilà un spectacle grandiose. Les flammes qui dansent, telles des nymphes qui inspirées par l'ambiance torride qu'elles dégagent... rien n'est aussi magnifique que ce genre de visions enchanteresses. Lorsque l'on donne naissance à des choses aussi intenses, on se doit alors de le faire avec élégance, classe, style et panache. Celui qui laisse libre cours à sa pyromanie sans ce sens esthétique n'est qu'un barbare, un profane de tout ce qui touche au beau. Voilà pourquoi, alors que je lançais mon cocktail Molotov, je restais décontracté mais droit, fier, plein de prestance et tentant de m'imposer par la parole. Mon regard était plein de détermination, à la manière d'un lion, symbole de la monarchie. Pas de doute, aucune hésitation, rien d'autre qu'une volonté de s'imposer en restant fier.

            Cependant, je voyais que l'enfant face à moi ne semblait pas vouloir bouger face à ce qui manquait de lui tomber sur le coin de la figure. Je sentais les yeux de tous les spectateurs s'écarquiller. J'avais été tellement décontracté, comme si j'avais agis de manière naturelle, à la manière d'un simple type qui nettoierai son verre ou ferait une quelconque action banale, qu'il leur avait fallu un certain temps pour réaliser ce que je faisais. Les regards se faisaient de plus en plus alertes et j'avais l'impression de voir la scène se dérouler au ralenti. La bouteille tournoyait dans les airs, les flammes de la serviette donnant un effet lumineux assez esthétique en laissant une trainée écarlate, à la manière d'un néon rouge que l'on ferait tourner encore et encore. Mais l'infâme provocateur ne semblait même pas réaliser ce qui manquait de lui tomber sur le coin de la figure. Oh ! Allez gamin ! Réagis bon sang ! Tu ne vas pas te faire cramer la cervelle comme ça sans réagir ? Ce serait tout de même un peu stupide. Surtout que je vise en réalité les quelques guignols derrière toi qui m'ont semblé plus irritants que tes quelques mots excusables par l'arrogance de la jeunesse.

            Ah, tout de même ! Le moutard finit par comprendre ce qui lui pend au nez et esquive à un poil près le projectile. J'ai vraiment cru qu'il voulait se faire caraméliser la face comme un idiot benêt. Finalement, l'attaque incendiaire vint à se briser au niveau de la table des quelques Marines peu sympathiques de tout à l'heure. L'alcool se répandant ainsi que les flammes vint bientôt se propager sur leur visage, puis leurs vêtements. Bien entendu, le silence troublant de la scène précédente laissa place à une série de supplications et de cris de douleur. Voilà qui était diablement troublant, car l'intensité et la beauté de ce moment laissa place à une impression de barbarie, comme une pierre qui viendrait briser un magnifique vitrail dont l'enluminure était des plus magnifiques. Le gamin se tourna alors vers moi pour m'adresser la parole d'une manière qui me surprit au plus haut point, me laissant hausser un sourcil perplexe. Après une agression quelque peu irritante mais amusante, voilà qu'il se mettait à montrer un visage plus sympathique, le tout avec une certaine sincérité. Amusant ce gosse... intriguant, avec un air un peu particulier, mais amusant quand même. Restant les mains dans les poches, comme si les Marines en train de hurler n'existaient pas, je lui répondais avec un air toujours aussi décontracté.


            - Arthur. Winchester D. Arthur. Vagabond royalement trublion dirons-nous !

            Si je m'amusais à ne pas lui dire que j'étais un Roi, je tirais bien plus de satisfaction de glisser l'adjectif lié à ce rang comme s'il s'agissait d'un mot employé à la légère. Il ne pouvait pas se douter, à la simple mention de ce terme, que j'étais un souverain en fuite. Peut-être, lorsqu'il viendrait à l'apprendre un jour, se rappellerait-il ces mots en se rendant compte que je m'étais bien moqué de lui à défaut de lui avoir menti. Mais pour l'heure, j'observais la scène avec un oeil plutôt peinard, pas vraiment inquiété par l'agitation qui régnait autour de moi. Plusieurs Marines s'étaient levés, les filles s'étaient toutes barrées fissa comme si leur virginité perdue revenait les hanter. Mais mon interlocuteur me fit alors dos pour se préoccuper davantage des quelques éléments bruyants qui brûlaient d'impatience d'en finir avec la vie au point de s'enflammer pour pas grand-chose. Il n'y avait pas à dire, malgré l'atmosphère étouffante, ces Marines savaient chauffer l'ambiance et l'on pouvait dire d'eux qu'ils étaient tout feu tout flamme. A défaut d'être calfeutrés dans leur fauteuil, ils allaient être calcinés dans un cercueil, et ce sous peu.

            Plusieurs Marines qui avaient sortis leurs couteaux s'étaient brusquement stoppés en voyant le jeune homme aux iris écarlates agir de manière pour le moins brutale, assez pour les dissuader d'intervenir face à l'horreur du spectacle. Un coup de chaise qui faisait un peu brouillon et bataille de saloon plus tard, on assistait à une mise à mort d'un soldat à coup de pied en bois dans le crâne. Je regardais la scène en ayant un haussement de la lèvre supérieure ainsi que d'un sourcil, exprimant sans user de mots un magnifique "Bwerk, mais qu'est-ce qu'il fout ?" des plus compréhensibles. A la rigueur, on pouvait comprendre que j'en vienne à titiller les Marines à coup d'arguments incendiaires, mais on pouvait se demander pourquoi ce gosse s'en prenait-il à eux. Après tout, je n'avais pas connaissance d'une quelconque altercation entre eux et le petit brun. Avait-il des soucis avec la Marine ? Ou était-il juste un peu dérangé ? J'optais pour la seconde option en le voyant défoncer le crâne du dernier soldat dont on sentait qu'il était davantage à point que saignant.

            J'entendis alors derrière moi le bruit caractéristique d'un fusil à canon scié que l'on vient de charger. Un modèle à huit cartouches si j'en crois mon oreille pleine d'expériences similaires. En me retournant lentement, je vois alors le barman qui, tantôt me braque, tantôt tourne son jouet vers le gamin un peu trop enthousiaste. Je sors alors les mains des poches et les lèves, toujours en restant assez calme. D'un mouvement très lent, je porte ma main gauche à ma bouche pour retirer ma clope et souffler un coup, avant de l'y remettre comme si de rien. Je m'avance tout doucement vers le barman un peu trop nerveux à mon goût, le tout en essayant de lui parler sur un ton calme. Je sens cependant que les Marines sont encore trop choqués sur le spectacle auquel ils viennent d'assister, et sans doute trop nerveux à la vue de l'arme pour bouger. Sans doute espèrent-ils que le gérant ne nous abatte, Izanagi et moi, pour reprendre leur soirée tranquillement. J'espère néanmoins réussir à jouer sur la panique du barman pour renverser la vapeur.


            - Oh, allez ! Tu ne vas pas me dire que tu penses nous arrêter avec ce jouet ? Tu te rends compte qu'on vient de changer plusieurs clients en caramels mous bien collants qui sont incrustés dans le bois pour l'éternité. Ca va puer les entrailles calcinées dans ton bar pendant des semaines, renifle moi un peu ça mon gars. C'est loin d'être la senteur des bois ou de la rosée du petit matin. Et je ne te parle pas des gaz intestinaux qui vont s'échapper si tu continues à nous matter comme ça avec tes yeux de pucelle ébahie.

            A cet instant, alors que je m'approchais en déblatérant tout ça, la clope au bec, je vis en un instant que j'avais réussi à provoquer chez le barman un haut de cœur rien qu'à la mention de l'odeur. Il fit un léger mouvement de régurgitation dont je profitais pour faire une saisie rapide du canon de l'arme. Bien sûr, face à la rapidité du mouvement, l'arsouille eut le temps de tirer une cartouche que j'esquivais en penchant la tête sur le côté. Je sentais néanmoins la chevrotine m'effleurer la joue, laissant un fin filet de sang s'échapper. J'avais cependant les deux mains sur le canon, le tournant de manière à ne plus être sur la trajectoire des projectiles qu'il éjectait. Le pauvre tavernier me regarda avec un air très apeuré, tandis que je le fixais avec une expression plutôt impassible, pouvant même paraître froide. Je poussais brusquement l'arme, assez fort pour que le manche de celle-ci ne cogne dans la tête de celui qui la tenait à l'autre bout, assommant ce cher barman d'un seul coup sans qu'il ne comprenne ce qui venait de lui arriver.

            Évidemment, face au fait que ni moi, ni Izanagi, ne risquions de nous faire plomber, les Marines se lâchèrent alors complètement. En l'espace d'une demi-seconde, la quinzaine d'individus se rua sur nous deux. Huit sur moi, sept sur le gamin. Je n'avais pas le temps ou l'envie de me préoccuper de ce qui allait arriver à Yoshiro lorsqu'il s'adressa à moi. Pour le moment, j'avais huit opposants qui se dirigeaient vers moi avec des intentions assez hostiles. C'était le moins qu'on puisse dire. A voir le premier sortir son sabre émoussée, le second qui commença à essayer de dégainer son pistolet, et les autres qui étaient tous dans des conditions similaires, je n'avais pas le temps de répondre au gosse. Ni une ni deux, je retournais l'arme que je tenais par le canon d'un geste assez élégant et habile, avant de recharger pour tirer un coup dans le corps du bretteur le plus proche. Vu la force du calibre et la proximité du soldat, ce dernier décolla de deux bons mètres en arrière. Je visais alors ceux avec des armes à feu, rechargeant encore la mienne pour tirer un nouveau coup dans un brouhaha violent. Puis encore un autre sniper, et un bretteur qui s'approchait d'un peu trop près, suivi d'un autre. Je rechargeais encore pour faire passer le fusil sous mon bras libre, tirant sans même regarder vers le Marine qui tentait de me poignarder par derrière, comme si c'était d'une facilité déconcertante. Cependant, à cette distance, il aurait fallu être myope pour rater sa cible. Je tirais à nouveau sur un Marine qui allait faire feu sur moi, l'interrompant dans son action en l'envoyant valser d'une salve de plomb qui le plaqua contre le mur.

            Restait un bretteur qui, au moment où il leva son arme sur moi, ferma brusquement les yeux en me voyant presser la détente. Mais un "clic" plutôt peu sympathique résonna à mes oreilles. Et oui, plus de balles. J'avais déjà plombé les fesses de sept de ses camarades. En comptant la balle tirée par le barman, le chargeur de l'arme était vide. Rouvrant les yeux avec un large sourire, je lui rendais ce dernier, d'un rictus qui me donnait l'air d'un véritable imbécile heureux. Sans prévenir, alors qu'il comptait visiblement reprendre son attaque, je lui lançais le fusil comme s'il s'agissait d'un vase Ming datant du VIème siècle. Dans ce qui tenait plus du réflexe conditionné que de la réelle intention, l'homme attrapa l'arme de ses deux mains, la fixant un court instant avant de relever la tête, un peu surpris. Il n'eut cependant pas le temps de comprendre quoi que ce soit, car d'un coup, mon pied parti pour se lever directement à l'endroit qui demeure le plus sensible chez un homme. Faisant un bond d'une bonne vingtaine de centimètres après avoir été soulevé par mon coup, l'homme me faisait face, immobile, les yeux presque révulsés avec la bouche grande ouverte... pour finalement tomber sur le côté. Secouant la tête de droite à gauche en levant les yeux au ciel, d'un air blasé, je reportais mon attention sur le mioche. Où en était-il face à ses quelques pitoyables adversaires ?
              Tout c'était passé en une fraction de seconde. Pourtant tous dans la salle avaient pu observer pleinement cette scène comme si elle avait été au ralenti. Le crane du marine avait purement et simplement explosé comme une simple pastèque. Sous le choc, tous s'était tu et je restais là, au milieu de cette marre de sang devant le regard vide des compagnons du mort. Dans un silence de mort je me tournai alors vers Arthur. Il avait vraiment un nom à rallonge et j'avais un peu la flemme de m'en rappeler. Par contre une chose dans son nom m'avait presque fait sursauter. Le "D.". C'était une particule qu'on retrouvait parfois dans les patronyme sans qu'on sache trop pourquoi. Par contre on constatait qu'il y avait parmi les puissants une concentration invraisemblable de patronyme à particule. C'était pour ça que ce grand type blond, à l'air je-m'en-foutiste et à l'aura terrifiant m'intriguait autant. Je savais pertinemment qu'en restant près de ce genre de type il m'arriverait nombre de chose intéressante. Encore fallait-il qu'on se sorte du pétrin dans lequel il nous avait foutu sans trop de dommage.

              C'est d'ailleurs en me retournant vers Arthy que je vis apparaitre un nouveau problème. Le gérant du bar, sans doute transcendé par l'adrénaline, avait dégainé un fusil à canon scié et semblait hésiter entre dégommer Arthur qui n'était qu'à deux petit mètres de lui, ou moi qui étais déjà un peu plus loin. Cette hésitation permit au colosse au cheveux blond de s'approcher sans trop de mal, et avec une certaine lenteur, du bougre. Il semblait avoir déblatéré un speech peu ragoutant qui avait d'ailleurs eu pour effet de faire le teint du barman du rouge de vinasse au vert blafard d'un futur cadavre. Il eu en plus de ça, un léger mouvement de recul, certainement dut à un haut le cœur, qui permit à Arthur d'attraper le canon de son fusil. Pourtant par je ne sais quel miracle, le gérant du bar réussit à presser la détente de son arme, tirant ainsi un coup de chevrotine qui sonna tel le glas. Je fus certainement le moins étonné de tout les spectateurs en voyant Arthur, qui avait garder les deux mains sur le canon du fusil, utiliser ce même fusil comme arme contondante pour mettre KO le pauvre homme qui avait osé le menacer avec.

              Il y eu un silence pendant un court instant. La situation était à présent critique. En effet, les marines quelque peu éméché, qui jusqu'à présent ressemblait plus à de simple garçonnet inoffensif plus qu'à de véritable soldat, s'était soudain réveillé à la vu du barman assommé. Ça ressemblait bizarrement au réflexe œdipien de l'enfant protégeant sa mère contre les hommes car il est secrètement amoureux d'elle. A la différence près que la mère était un petit bonhomme moustachu, et l'amour une bouteille d'alcool de mauvaise qualité. Ils avaient l'air bien plus énervé par la perte de leur fournisseur de bibine que par la mort spectaculaire de leurs camarades. C'était d'ailleurs à se demander si ces type n'était pas tout simplement des attardés fini dont le seul but dans la vie et de réduire leur foie à l'état de boule de chair en putréfaction avant qu'un sabre ou une balle perdue ne les traversent de part en part. De toute façon, au rythme ou ça allait, les quelques fous qui oserait s'attaquer aux deux malades mentaux qui se dressaient face à eux, finiraient certainement entre quatre planches d'ici demain.

              Le silence se rompit soudain, et une quinzaine de soudard mal armé nous encerclèrent. Huit d'entre eux avaient prit Arthur pour cible. Quant aux sept autres, ils se tenaient joyeusement autour de moi, espérant sans doute m'embrocher avec leurs sabres émoussés. L'un d'entre eux, qui avait d'ailleurs un magnifique sourire édenté, me regardait d'un air presque pervers. Je sentais dans ses yeux une excitation sexuelle grandissante à mesure qu'il s'approchait de moi. Peut-être espérait-il me faire subir des sévices barbares à l'aide de ses camarades. Mais cela montrait aussi le manque d'expérience de ces hommes. Un guerrier expérimenté aurait senti immédiatement la différence de niveau et aurait appelé des renforts, élaboré une stratégie, bref limité les risques. Mais ces soudards avait simplement estimer que combattre un adversaire avec une tactique aussi simple qu'un encerclement d'hommes en armes suffirait. C'était la pire et la dernière erreur qu'ils commettraient et la payerait de leur vie.

              Ils s'approchaient de moi, lentement, tentant d'estimer le moment parfait pour m'embrocher sur leur sabre rouillé. Un peu plus loin, on pouvait entendre les coups de feu provenant du nouveau jouet d'Arthy avec lequel il faisait voler les hommes qui avait eu l'impudence de s'attaquer à lui. Devant ce spectacle éblouissant, j'en oubliais presque pour quelques secondes, que j'avais moi-même des adversaires qui en voulaient à ma vie. Ce moment d'inattention failli m'être fatal. Un pleutre tenta de m'attaquer par derrière. A l'aide d'une cordelette qu'il réussit à enrouler autour de ma gorge, il tenta de l'étrangler. Je m'étais mis dans la mouise tout seul. On ne m'y reprendrait plus. J'étais cependant dans une posture peu confortable. La cordelette écrasait ma trachée ce qui m'empêchait de respirer normalement. Dans quelques minutes, si je ne m'étais pas dégagé, le manque d'oxygène rendrait ma vision aussi trouble que l'eau d'un marais boueux et puant.

              Heureusement pour moi, les soudards de la marine que j'avais pour adversaire était aussi fort qu'un môme de huit ans à mes yeux. Je levais alors mon bras à l'horizontal comme pour désigner quelque chose en face de moi. Je propulsais ensuite mon coude avec autant de force que je pouvais directement dans le foie de mon "cavalier". L'homme lâcha prise et fut éjecté relativement loin compte tenu de embonpoint dont il faisait preuve. Le choc avait certainement dut faire éclater le foie du marine si j'en croyais le mince filet de sang qui coulait à présent de sa bouche alors qu'il était inconscient. Il ne restait à présent plus que six adversaires. J'avais encore beaucoup d’appréhension quant à montrer mon pouvoir à des inconnus, bien que dans le cas présent, la majeur parti ne vivrait pas suffisamment longtemps pour comprendre sa nature, mais je n'avais plus vraiment le choix. Grâce à ce pouvoir du fruit du démon, je créais donc six chaines aux maillots aiguisés, trois dans chaque mains. Chacune d'elles mesurait environ quatre mètre. C'était bien entendu plus que suffisent étant donné la distance à laquelle nous nous battions. D'un mouvement vif, je réussi à enrouler chacune de ces chaines autour de mes adversaires restant. Certain l'avaient autour du coup, d'autre en bandoulière, ou simplement autour de la taille. De tout façon cela n'avait guère d'importance. En effet lorsque je tirais sur les chaines ainsi enroulées, les maillons tranchèrent dans le vif du sujet. Les maillons, aussi tranchant qu'une épée, lacérèrent, déchirèrent, bref mirent en morceau les six couards. Les geysers de sang giclèrent sur moi, me faisant ainsi profiter d'une superbe douche aux reflets écarlates. Je regardai alors en direction d'Arthur. Lui aussi semblait en avoir terminé avec son combat.


              - Bon... Et maintenant?
                Je devais avouer qu'il ne s'en sortait pas trop mal, le jeunot. Mettre à terre les huit arsouilles n'avait pris qu'un instant étant donné le jouet que j'avais eu en main, mais de son côté, je pouvais voir comment Yoshiro allait s'en sortir. Après avoir propulsé un des soudards avec un coup de coude, il manifesta cependant un pouvoir assez étrange. J'avais entendu parler d'un truc nommé Rope Action, qu'un ancien chef de la Galley Company pouvait utiliser. Cela consistait à manifester un grand nombre de cordages pour s'en servir tant dans la charpenterie navale que dans le feu d'un combat. Cependant, je n'avais aucune connaissance quant à une capacité similaire utilisant des chaînes d'acier. De plus, si ce gamin avait appris le premier arcane mentionné, sans doute aurais-je entendu parler de lui lorsque j'avais travaillé à Water Seven pendant sept ans comme meilleur ingénieur et charpentier naval de la ville. Non, ce gosse était indubitablement doté d'un pouvoir bien plus particulier. Étant donné le côté légèrement illogique de la chose, à savoir sortir des instruments aussi lourd de n'importe où, peut-être même de son trou d'balle, j'aurais tendance à dire qu'il s'agissait des capacités d'un Fruit du Démon. Je ne savais cependant pas quel genre de fruit pouvait générer des chaînes d'acier. Peut-être tout simplement le fruit de la chaîne, ou le fruit du "je chie du métal à la ligne", allez savoir. C'était tout de même assez amusant de voir quelqu'un d'aussi jeune manier une telle habilité avec autant d'adresse.

                Par contre, voir ce qu'il en faisait était potentiellement plus dégueulasse. Alors qu'il venait d'entourer l'ensemble de ses opposants avec les chaînes qu'il tenait, il tira d'un grand coup sec pour les sectionner de part en part là où les cordons les enlaçaient. Bref, je vous laisse imaginer le spectacle plutôt peu glorieux que cela donna. Une grande giclée de sang provenant d'un peu partout inonda l'endroit où se trouvait le moutard, multipliant son nombre d'adversaire par deux en même temps que cela les réduisit à néant. Et vas-y que j'ai les tripes qui se vident, qu'en plus de ça, comme dernier réflexe, j'ai le sphincter qui lâche et que je déverse ma chiasse que je retiens depuis trois jours, et un petit coup de pipi tellement j'ai eu peur, ou mal, ou les deux. Bref, on venait de passer d'un goût de métal dans la bouche et d'une légère odeur de sang, à un goût de gâteau aux pruneaux moisi depuis trois semaines et une odeur de merde mélangé à de la pisse, le tout régurgité par un clochard à la dentition plus que douteuse. Le pire dans tout ça ? C'était que le gosse n'avait pas l'air troublé le moins du monde. Bon, vous me direz, moi non plus, mais en même temps, j'ai vu dix fois plus de choses que lui, donc c'est un peu normal. Non, le fait que ce gosse qui n'a encore rien connu de la vie et qui se terre sur les Blues comme un cul-terreux ne soit pas un peu secoué par ce qu'il venait de provoquer me montrait juste qu'il s'agissait d'un grand malade qui méritait qu'on lui enfonce ses chaînes là où le soleil ne brille jamais.

                Pour l'instant cependant, nous avions d'autres chats à fouetter... et sans doute plus amicalement que si cela avait été avec les chaînes de Yoshiro. En effet, alors qu'il me questionna quant à la suite du programme, tandis que je l'observais avec un air tant blasé que perplexe, une voix vint retentir dans un mégaphone. Si je comprenais bien ce qui se disait, le bâtiment était encerclé par près d'une cinquantaine de Marines, armés jusqu'aux dents, et attendant que l'on sorte pour se rendre. Amusant ces représentants de la force de l'ordre. Je ne saurais dire pourquoi, mais d'après l'intonation du monsieur qui hurlait ses ordres, j'avais plutôt tendance à croire que si nous faisions un pas dehors et qu'ils entrevoyaient le massacre, nous allions nous faire cribler de balles avant même d'avoir eu le temps de dire "Leerdammer". Je reportais alors mon attention sur mon compagnon de fortune pas très net, ne disant rien pour me diriger derrière le bar. Le fusil en main, j'ouvris ce dernier pour le charger avec les cartouches que le gérant gardait là où il avait pris l'arme un instant plus tôt. Tout en sifflotant, je posais l'instrument contre mon épaule, le tenant d'une main, avant de donner un coup de pied dans le morceau de bois qui retenait les tonneaux fixés au mur. Toujours aussi serein, je guidais les barils assez imposants jusqu'à devant l'immense fenêtre du bar, dont les rideaux horriblement moches et roses, cachaient à nos assaillants la vue de notre forteresse. Étrangement calme, je m'adressais alors au petiot avec un sourire amusé.


                - Maintenant... tu regardes les experts travailler, et tu te bouges les fesses pour sortir mettre leurs fessés à ces sales gosses dès que tu entends boom.

                Ni une, ni deux, je donnais soudainement un bon coup de pied dans le baril, assez fort pour le projeter à travers la vitre malgré son gabarit assez imposant, mais pas trop afin d'éviter de le faire voler en éclat. Avec une grande célérité, j'enchaînais sur les trois tonneaux suivants qui prenaient une trajectoire sensiblement différente de celle de leur petit frère. Certes, nous étions désormais sans couverture, la vitre étant brisée et les rideaux accrochés au premier tonneau encore dans les airs... mais les Marines étaient assez surpris pour ne pas faire feu tout de suite sur nous. Brandissant le fusil je fixais Izanagi avec un grand sourire, de ceux que le Coyote avait généralement avant de mettre en pratique son plan diabolique visant à attraper ce foutu Bip-Bip. A la différence que là, le Coyote en question, il était loin de se prendre les pieds dans ses ressorts, ou de craquer une allumette au milieu d'un dépôt d'explosifs. Lorsqu'il me vit ainsi brandir l'arme à feu, sûrement Yoshiro avait-il compris ce que je voulais faire. Quant aux Marines... sans doute leur attention était-elle encore trop fixée sur les projectiles qui leur arrivaient droit dans la trogne.

                Saisissant de ma main encore libre une bouteille déposée sur le comptoir, j'avalais une gorgé avant de faire feu sur le premier baril, situé juste au-dessus de quelques Marines essayant d'esquiver. Bien entendu, la rencontre alcool plus balle donne généralement lieu à un embrasement sans précédent, tant du liquide que de la foule qui se fait asperger. En explosant, le liquide éclaboussa pas mal de personnes autour de lui, juste avant de s'enflammer. Hop, je rechargeais rapidement et tirais sur le deuxième tonneau. Paf, le troisième ! Et enfin Pan, le quatrième. Les ayant envoyés un peu dans toutes les directions des lignes ennemies, inutile de préciser le grand foutoir que cette pluie de feu venait de générer. Il restait encore quatre balles dans le chargeur du fusil, et qui plus est, j'avais toujours mes gants de combat dans la poche de mon imperméable. Dans tous les cas, avec la confusion et la panique qui régnait suite à cette attaque des plus... originales, c'était le moment ou jamais de sortir. Je me tournais donc tout naturellement vers Izanagi, avant de le gratifier d'un
                "Boom" des plus significatifs.


                Dernière édition par Winchester D. Arthur le Ven 3 Juin 2011 - 16:07, édité 1 fois
                  Non mais sérieusement c'était quoi le problème de ce type avec l'alcool et les incendies? Je l'avais rencontré il y a à peine quelques minutes et il avait déjà fait cramer plusieurs gars de la marine à coup de cocktail Molotov. Si il n'y avait eu que ça, je dis pas. Mais voilà qu'il enchainait en faisant exactement la même chose mais en version XXL. A la place de la bouteille je vous présente le tonneau! Suite au départ inopiné du briquet voici son remplacent : Le fusil à canon scié. Et c'est moi qui était censé être fou? C'était à se demander si on avait la même conception de la folie. De toute façon j'étais plus à ça près. J'avoue avoir eu un moment d'égarement au moment où le sang avait giclé partout autour de moi. J'étais parfois pris par cette étrange soif. Chaque fois plus forte. Chaque fois plus difficile à contrôler. Je m'inquiétais quelque peu de cet état de fait. Si ça continuait à ce rythme je risquais un jour où l'autre de perdre totalement le contrôle. Heureusement la brusquerie d'Arthur m'avait réveillé avant que je ne me retrouve à trifouiller dans ses entrailles en chantant une chanson paillarde en l'honneur du taux d'alcool qu'il avait dans le sang. Mais contrairement à lui j'étais dans cet état particulier uniquement en présence, en tout cas jusqu'à aujourd'hui, de sang. Lui semblait être dans un état parfaitement naturel. Alors qu'il me signifiait son exploit d'un "Boom" éloquent, je lui adressai quelques mots avant de sortir du bar et de faire face aux feux de l’enfer qu'il avait déchainé.

                  - Sérieusement papy, je crois que t'as un grain! A moins que t'ai simplement du mal à différencier ton alcoolisme et ta tendance pyromane? Franchement faut faire gaffe avec ces trucs. On tue pas les gens comme ça pour le fun! Quoique... C'est juste des marines après tout...

                  Sur ces mots je sortis du bar pour enfin admirer le carnage. La moitié de la rue était en feu. Par-ci par-là on voyait des corps encore entrain de brûler ou même des cadavres fumants. C'était à peine croyable. Jamais je n'avais vu un tel spectacle de désolation. Seule la mort semblait régner ici. Et pourtant j'étais là, à observer cette scène l'air abasourdit. On entendais les hurlements de terreurs des quelques pecnots qui avait réussit à survivre aux trois déflagration. La plupart des marines avait soit fuit, soit brûler comme des merguez au barbecue. Il en restait bien quelques uns, mais ils semblaient s'occuper des blessés. En gros il n'y avait plus personne à abattre. Peut-être cela était-il mieux? L'odeur de la chair brûlée avait l'air d'attiser elle aussi mon incontrôlable soif de sang. Alors que je fermais les yeux, j'entendis soudain au travers des cris et du rugissement des flammes un bruit étrange qui ne collait pas vraiment avec le reste du décors auditif que j'avais. C'était un bruit sourd assez indéfinissable. Un peu comme plusieurs dizaine de pas qui accompagnait des pas beaucoup plus lourd et lent.

                  J'ouvris alors les yeux et scrutai les alentours à la recherche de ce qui aurait pu causer cet étrange fracas. Quel ne fut pas ma surprise lorsque je découvrit un géant de prêt de six mètres affublé d'un long manteau blanc surmonté d'épaulette. Son manteau portait également plusieurs médailles accrochées au niveau du cœur. L’apanage des officiers et de leurs supérieurs. Vue le nombre de médaille pendue à son manteau, il était certainement commandant, voire plus. Il était accompagné d'une escouade d'environs quinze marine armée jusqu'aux dents. Contrairement à tous les marines qu'on avait rencontré jusqu'ici, ceux là avait un équipement plus que décent. De plus ils semblaient parfaitement entrainé et avoir connu l'ivresse du combat. Il ne fallait surtout pas qu'on prenne à la légère ces guerriers aguerrit. Dans un combat contre des combattants aussi expérimenté pouvait couter la vie. C'est le géant qui prit la parole en me désignant de son doigt lourd et épais.

                  - Tu es sans doute l'un des fauteurs de trouble. Qui sont tes complices et où sont-ils? Au nom du gouvernement mondial, de la marine, et des autorités internes de Tanuki, moi, le Colonel Grieger, suis dans l'obligation de procéder à votre arrestation sous les plus bref délais. Veuillez ne pas opposer de résistance sans quoi nous serons dans l'obligation d'utiliser la force contre vous.

                  Mais ils sortaient d'où tout ces gars, sérieux? Je savais bien qu'il y avait une tripoté de marine dans le coin mais là ça commençait à faire beaucoup. J'étais pas vraiment venu ici pour dézinguer toute la garnison à moi tout seul. Et puis depuis quand les géants était en poste sur les blue seas? C'était pas possible de manquer de chance au point de tomber sur la seule île hors de Grand Line sur laquelle la garnison de marine avait un géant à sa tête. Sans quitter le grand type et sa clique du regard je m'adressais à Arthur.

                  - Euh... Papy? Je crois qu'on a un gros soucis! Enfin, je devrais plutôt dire un "grand" soucis, peut-être?
                    Ce gamin était assez amusant en fin de compte. Sa réplique plutôt lourde de sens me fit sourire comme un insouciant. Prendrais-je ses mots pour des compliments ? Allez savoir. De toute manière, il était vrai que j'avais la fâcheuse tendance de foutre le feu un peu partout où je posais mon baluchon. A bien y repenser, il n'y avait vraiment qu'aux endroits où j'avais décidé de rester longtemps que je n'avais pas foutu un bordel innommable. A savoir Water Seven et Shimotsuki. Lorsque j'étais de passage, ma tendance à boire comme un trou me conduisait souvent aux excès les plus chaotiques. Il m'arrivait parfois même de reprendre conscience au milieu d'un bâtiment en ruine, au milieu d'un tas de corps inconscients et victimes de maltraitances physiques apparentes. Soit quand je buvais, un gros méchant loup sortait de mes entrailles pour filer des baffes à tout ce qui bouge, soit à chaque fois, j'étais cocu comme une reine et j'évitais d'être sur la liste des victimes. L'un dans l'autre, je n'aurais su dire laquelle de ces deux possibilités était la plus probable.

                    A peine eut-il fini sa tirade que mon équipier de fortune se précipita dehors avec une fougue non-dissimulée. Ah, que c'est beau la jeunesse ! J'aimerai aussi pouvoir retourner dix ans en arrière pour rejouer les casse-cous comme lui. Le suivant avec un air beaucoup plus décontracté, le fusil sur l'épaule et la clope au bec, je fus assez satisfait du résultat en franchissant la porte du bar. Et vas-y que je cours dans tous les sens, et vas-y que je hurle comme un putois ! J'avais provoqué de manière assez involontaire en embrasement des foules face à nous. Bon, d'accord ! C'était pas vraiment involontaire. Mais je ne m'attendais pas à ce que les barils touchent autant de monde en répandant l'alcool enflammé... même si c'était un peu le but de la manœuvre. L'odeur de la chair calcinée empestait à des lieux à la ronde, alors que le paysage ressemblait à s'y méprendre à une peinture de l'Enfer par un artiste l'ayant vu de ses yeux. Le sol était en flamme par endroit, des corps noircis disposés un peu partout. En y pensant, comme l'avait si bien dit Izanagi : ce n'étaient que des Marines. Peut-être que s'ils n'avaient pas cautionné la domination des Tenryuubitôs, je me serais sans doute montré bien plus sympathique à leur égard. Mais le monde étant ce qu'il est, ils ne pouvaient dès lors rien espérer de plus que des coups de lattes aux fesses.

                    Le fil de mes pensées fut interrompu suite à l'arrivée de visiteurs surprises. Allons bon, encore plus de Marines. Une quinzaine de pignoufs armés jusqu'aux dents, derrière lesquels se tenait ce qui correspondait à la définition d'un "grand homme". Je poussais un sifflement du genre
                    "Fiuuuuuu", pas vraiment inquiété en voyant arrivé le morceau. Tu parles, intérieurement, j'avais de quoi littéralement chier dans mon froc. Un mec de six mètres de haut, peut-être demi-géant, il y a de quoi avoir un poil la pétoche. Enfin, j'avais connu pire, même si j'avais surtout connu mieux. Comme d'habitude, qui dit mastodonte qui est loin de passer inaperçu, dit introduction très longue, du genre je me la pète grave avec mes copains autour pour me tenir compagnie. A dire vrai, je n'avais jamais aimé ce genre de prologue un poil lassant. Le laissant se la jouer un peu, je pointais alors le fusil dans sa direction pour tirer dans sa tête l'instant juste après qu'il eut donné son nom et grade, le laissant alors s'effondrer en arrière. Quand tu veux tirer, tu tires, tu racontes pas ta vie bon sang ! Bien entendu, la réaction des quinze zigotos fut assez normale.

                    - Enfoiré ! Tirer sur le Colonel alors qu'il était en train de parler ! C'est bas !

                    Bon, inutile de le préciser, le premier mot de cette tirade fut prononcé à l'unisson, le tout avec une tête similaire de la part des soldats, à savoir avec de grands yeux blancs et des dents hérissés comme s'il s'agissait de crocs. En bref, mon action n'avait pas vraiment plu. Écoutant Izanagi me chuchoter quelques mots qui ne firent pas avancer le Schmilblick pour autant, je tirais un second coup, cette fois-ci dans le soldat qui s'était montré assez courageux pour me faire la déclaration précédente. Bien entendu, la rage de ses confrères se manifesta encore davantage, alors que tous semblaient émettre une aura incandescente autour d'eux en lâchant un "ENCORE ?!" à l'unisson. Ouais, bon, désolé les mecs, mais faut pas s'attendre à de la compassion de ma part. Retirant ma cigarette de mes lèvres, j'expulsais un léger nuage de fumée avant de prendre à mon tour la parole.

                    - Vous faîtes chier à jouer vos bonnes sœurs choquées les filles ! On est pas là pour beurrer les sandwichs que je sache !

                    Alors que j'allais encore avoir droit à une charmante réplique, les soldats se turent finalement en sentant quelque chose derrière eux bouger. Notre mastodonte de six mètres qui s'était étalé sur le sol se releva, portant sa main droite sur son front. En la retirant, il laissa apparaître une légère égratignure, laquelle laissait s'échapper un fin filet de sang... comme si il s'était pris une simple caillasse au lieu d'une cartouche de fusil. Bien qu'à moitié géant seulement, il avait tout de même la résistance du côté "robuste" de sa famille. En le voyant qui se relevait un peu sonné, je lâchais un "Ooooh" à la fois surpris et intéressé. A n'en pas douter, ce cher colonel serait un adversaire sensiblement à la hauteur de mes espérance. Peut-être que réussir à lui botter le train m'apporterait la renommée dont j'avais besoin pour que mon nom parvienne enfin aux oreilles de mon fils. Si je partais au combat dans cette optique, alors le pauvre bougre aurait bien du mal à gérer le cas Winchester D. Arthur ! Laissant s'échapper un peu de fumée alors que j'avais toujours la clope au bec, je me demandais quelle allait être la réaction du grand môssieur et de ses subalternes après mon intervention.
                      Arthy était finalement intervenu. Comme d'habitude il fonçait dans le tas sans vraiment réfléchir au problème. La cartouche qu'il avait tirer dans la tête du géant ne m'avait même pas fait sursauter tellement je commençais à être habitué à sa façon d'être. Ce mec était vraiment dérangé. Bon, peut-être pas autant que moi mais il avait vraiment des problème psychologique. Si j'étais plutôt du genre bipolaire à changer de personnalité au gré des giclées de sang, lui était simplement barjot. En plus de sa tendance à l'alcoolisme qui ne faisait qu’annihiler le peu d'inhibition qu'il avait ce grand blond à l'air faussement hautain était un pyromane irréfléchi doublé d'un malade de la gâchette. Il y a des fois dans la vie où on est du mauvais côté de la barrière et où on se retrouve pris au piège dans une situation délicate. Pour une fois, j'étais certainement d'un côté plus avantageux que les pauvres marines qui se faisaient trouer à coup de fusil à pompe. Il était très certainement plus dangereux de se retrouver face à Arthur, que face à toute la garnison de marine du QG d'East Blue. La balle qui réduit à néant la vie d'un des gusses qui accompagnait le grand mec appuyait en tout cas en ce sens.

                      Pourtant, lui comme moi, furent surpris quand nous vîmes l'homme de grand de taille, qui tout bien pesé n'était tout au plus qu'un demi géant, se relever sans mal avec une simple égratignure sur le front. Je lançais à Arthur un regard un peu blasé, d'un air de dire "On est pas dans la merde papy.". La soif de sang que j'avais ressenti dans le bar s'était étrangement dissipé malgré la présence de cadavre. C'était peut-être dut à la présence d'Arthur et de son aura incroyable. On bien à cause de la trouille bleue que me filer le colonel taille XXL et sa clique. C'était cependant un mal pour un bien car j'aurais besoin de toute mes facultés intellectuelles pour vaincre ces mecs. J'en venais presque à regretter le combat dans le bar face au énergumène torché comme pas permis à l'alcool frelater avec leur cure-dent émoussé et leur air pataud. Là on faisait face à du vrai soldat. Fort, entrainer, surarmé, et en plus protéger par un mec à la peau si épaisse que les balles ne lui faisait pas plus mal qu'un caillou.

                      En y réfléchissant posément, il y avais surement une solution. Mais laquelle? Je devais m'attaquer en priorité au chef de cette escouade. Les autres n'était que du menu fretin comparé à lui. Je passais rapidement en revue tout ce que j'avais à disposition. Le scalpel? Bien trop courte porté et certainement inutile pour trancher une peau aussi épaisse. Je rechigner à utiliser de nouveau mon fruit du démon. D'autant plus que si cela ne marchait pas et que nous nous faisions capturer, j'aurais droit aux menottes en granit marin ce qui me priverait de chance de fuite. Il ne restait donc plus qu'une solution mais elle était passablement risquée. Je devais en effet me rapprocher du colonel afin de lui administré une dose de poison. Il fallait donc que je me débarrasse d'une manière ou d'une autre des troubles faits. Pour ce coup je n'avais malheureusement pas trente-six solutions. Je cherchais dans la poche intérieur de ma veste une seringue que je pris le temps de remplir de poison paralysant. Une fois rempli j'adressais un clin d’œil à Arthur afin de lui indiquer que sur ce coup, il allait devoir me suivre.

                      Je me jetais alors sur mes adversaires. Je n'avais aucunement l'intention de tous les battre, mais de foutre suffisamment le bordel pour les désorganiser le temps. Arrivé au premier d'entre eux je m'abaissais à l'extrême feintant ainsi un coup en remontant. Je frappai en fait au niveau de l'aine d'un puissant coup de coude. Du coin de l’œil j’aperçus un de ses comparses se jeter sur moi tel une bête féroce. Je le saisi alors au niveau du poignet afin de le désarmer. Je l'envoyai ensuite valdinguer vers ses petits camarades. J'en profiter pour ramasser son sabre tomber au sol et le jetai vers la petite foule. L'homme en tombant avait provoquer un effet domino et avait mis au sol six de ses collègues. Cinq autres marines du groupe tentèrent de les relever. Sur les deux hommes restant j'en avais déjà mis un à terre en le frappant en plein dans les parties intimes. Quand au dernier, il avait malencontreusement pris le sabre en pleine tête, lequel s'était planté dans son crâne dégarnit. J'avais à présent la voie libre vers notre ami géant vert (à ceci près qu'il n'était pas vert mais c'est un autre débat).

                      Armé de ma seringue je fonçais à présent vers le chef de cette petite meute. Il était diablement grand mais aussi extrêmement lent. Heureusement pour moi d'ailleurs, parce que vu la taille de ses muscles, un seul de ses coups de poing pourrait broyer chacun de mes os. Sa peau était bien trop épaisse pour que la petite seringue passe au travers. Je devais donc choisir des zones où sa peau était plus fine. Malheureusement pour moi les deux seuls endroits qui correspondait à cette description était ses yeux, et la petite plaie que la balle d'Arthy lui avait faite. Je dut donc prendre mes distances pour échafauder un nouveau plan. Plan qui ne tarda pas à émerger dans mon esprit. Je me retournai vers Arthur, en arborant un large sourire. Si tout se passait bien, nous nous en sortirions sans peine.

                      - Papy! Tu peux allonger ce grand type encore une fois? J'ai besoin d'accéder à sa tête.
                        Je gardais le fusil posé contre ma clavicule droite, la clope au bec, tout en fixant l'avancée des choses. Mon coéquipier de fortune sembla, pendant un court instant, plutôt surpris et pas très à l'aise suite à ma réaction. Faut dire aussi gamin, que quand tu commences à prendre de la bouteille, t'en as assez de perdre ton temps avec les guignols qui font leur introduction pendant cent-sept ans. Plus le temps passe, plus je me rapproche de ma mort. Alors c'est pas pour perdre de précieuses minutes que je vais écouter le premier guignolo venu me faire son speech à trois berry six sous. Si au final, il finit avec la gueule en sang, je ne vois pas en quoi savoir qu'il s'appelle Jean Marc Dupré, descendant de Machin-Chose Dupré, cuistot en chef des cuisines d'un petit restaurant depuis six générations, va m'avancer. Si tu viens pour te battre, tu torgnoles à tout va et tu cherches pas à afficher ton pédigrée. C'est une baston de rue tout ce qu'il y a de plus commun, pas un tournoi entre chevaliers bon sang. Quand bien même savoir à qui j'ai à faire m'intéresserait, ce n'est ni le lieu ni le moment de faire un pareil étalage.

                        Izanagi me fixa avec un air décontenancé en voyant le géant se relever. Pour ma part, je trouvais juste ce fait intéressant. Au moins, il n'allait pas s'étaler d'un simple coup. C'était un Colonel quand même, pas le premier troufion venu. J'ignorais néanmoins ce que branlait le petit jeunot à côté de moi, mais il s'amusait à préparer une seringue pleine d'un étrange liquide. Je doutais qu'il s'agisse d'une injection de morphine pour se faire un shoot, mais étrangement, cela ne m'alerta pas plus que cela. Jugeant qu'il fallait bien que jeunesse se fasse, je laissais Yoshiro se jeter dans la mêlée pour foutre son petit bordel. Et pour ça, il était doué le bougre. Bon, son style était encore un peu brouillon, mais au moins, on sentait qu'il n'en était pas à ses premières armes. Et vas-y que je te taloche d'un coup de coude, et vas-y que je te file un niattage maison dans les roubignoles. Alors qu'il agissait ainsi, l'un des quelques Marines près de lui tenta de lever son sabre pour l'attaquer dans le dos. Logique que tout le monde me laisse tranquille... contrairement au gamin, je suis resté dans mon coin. Forcément, aller au contact des soldats fait que l'on devient la cible principale. Je n'aimais tout de même pas voir un militaire agir comme un poltron en s'attaquant au dos d'un homme. Ni une, ni deux, j'utilisais la dernière cartouche du fusil pour lui tirer un bon coup dans le dos. Bah oui... je ne suis pas Marine moi que je sache. Je peux donc me permettre ce genre de bassesse.

                        Quant à Iza, il était désormais seul face au grand gaillard, encore un peu sonné par le headshot qu'il s'était pris. Cela expliquait pourquoi il était encore un peu groggy en portant son coup avec une certaine lenteur. Bien entendu, cela obligea le moutard à reculer et prendre ses distances, alors que le Colonel secoua sa tête de gauche à droite pour reprendre ses esprits. Il ne semblait plus véritablement sonné, et le fait qu'il récupère l'ensemble de ses moyens n'était pas encourageant. A cela s'ajouta la demande du petit brun me demandant d'étaler une fois de plus le géant. Est-ce que j'ai l'air de m'appeler Capitaine Planète ? Si j'avais réussi à foutre le malabar au sol une fois, c'était uniquement parce que je l'avais pris par surprise. Là, en l'occurrence, je n'avais plus ni cartouche, ni élément de surprise. Puis il était drôle ce môme. Il ne pouvait tout simplement pas faire à nouveau usage de son gadget qui lui avait permis de démembrer six ou sept marines précédemment ? Ces jeunes, je vous jure, faut vraiment leur mâcher leur compote avant de la leur cracher à la gueule pour qu'ils puissent la bouffer.

                        Poussant un profond soupir en levant les yeux au ciel, je jetais le fusil vide sur le côté, avant de porter ma main à ma bouche pour y retirer ma cigarette. L'écrasant contre ma semelle, je la jetais sur le côté, avant de me redresser et faire craquer ma nuque en tournant la tête. J'allais devoir y aller sérieusement si je voulais étaler le molosse. Au moins, je n'étais pas chargé de l'occire. Si c'était juste le faire tomber, cela devait être possible. Mon regard amusé se plissa légèrement, donnant enfin une impression de sérieux. L'atmosphère étouffante à cause de l'incendie qui se propageait semblait encore plus lourde que précédemment. Impossible de voir le ciel à cause de la fumée, et seules les teintes rouge-orangées mettaient un peu de couleur dans le paysage, à cause des flammes dansant de plus en plus violemment. On crevait de chaud, mais ce n'était pas pour me déplaire. Le temps était venu pour David de se confronter à Goliath.

                        Mon pied s'enfonça dans le sol, laissant un peu de sable s'accumuler autour de ma chaussure, donnant une idée de la pression que je mettais dans mon appui. Et c'est parti ! Winchester D. Arthur s'élance, il est en tête, le Colonel le suit de près en levant sa main ! Et oui, cette course palpitante est à son tournant décisif ! Winchester qui s'approche ! Oui ! Vas-y Winch ! Winchester qui fonce, Winchester toujours plus rapide ! Winchester approche de la ligne d'arrivée ! Winchester en tête ! Et... Winchester qui dégage suite à la torgnole magistrale du Colonel. Résultat, je n'ai même pas un foutu numéro de ce putain de tiercé, et je m'envole droit dans la taverne en feu comme un boulet de canon. Le bougre avait été plus rapide que ce que j'avais pensé. Son mouvement contre Yoshiro était dix à quinze fois plus lent que la torgnole que je venais de me manger dans les gencives, et punaise, je peux vous dire que vous manger un poing géant dans la face, ça fait tout sauf du bien. De l'extérieur, on put voir des éclats de bois voler ainsi qu'un gros nuage de fumée témoignant du choc avec la taverne. Au moins, l'impact eut l'effet bénéfique de faire s'effondrer tout le bâtiment sur ma trogne, étouffant en majeure partie l'incendie du bâtiment.

                        Moi ? Bah, j'étais visiblement sous plusieurs centaines de kilos de décombres. Il m'aurait fallu une sacrée dose de potion magique pour retrouver mes forces. Seulement allez savoir, la volonté du D ou je ne sais quelle autre truc du genre se manifesta en cet instant bénéfique. Effectivement, je m'étais crashé dans les réserves de la taverne. J'étais ensevelis sous du bois, et au-dessus de moi, qu'est-ce qui coulait à flot ? Toute sorte d'alcool dont les barils étaient percés. Et vers où cela coulait-il ? Non, pas dans ma bouche, mais carrément sur toute ma personne. Dieu que j'allais puer après ça. Levant la tête, la bouche ouverte sans que j'y sois pour quelque chose, je commençais à avoir ma vue qui se brouillait. Quant à mon esprit, c'était à peu près la même chose. Atterrir ici était à la fois une malédiction et une bénédiction. La bière coulait à flot, j'étais tranquille, que demande le peuple ? Bah, vengeance pour la côte brisée que je sens me lancer dans le flanc droit. Enfin... Que je sens... disons plutôt "que je sens de moins en moins" pour être plus pertinent. Mon esprit commence alors à sombrer dans la joyeuseté qu'est l'ébriété et en moins de deux, je perds conscience.

                        Comment pouvais-je savoir que cet évènement n'allait pas me mettre hors course mais au contraire, recharger mes batteries ? D'un seul coup, une partie des décombres au-dessus de moi dégagea dans tous les sens. Qui c'est qui sort des décombres et qui n'a pas l'air content ? C'est bibi bien sûr. Bon, je ne sais pas si je peux vraiment dire que je n'ai pas l'air content. J'ai certes les sourcils froncés, mais j'ai le regard plutôt vitreux, un peu de sang qui coule sur le côté droit de ma bouche et qui me pique à cause de l'alcool. Seulement voilà, Astérix vient d'avoir sa potion magique, et il est prêt à défoncer le romain qui lui a marché sur les pieds quelques instants plus tôt. M'avançant en titubant légèrement pour faire face au Colonel, je le pointe du doigt... enfin du moins j'essaie parce que c'est qu'il bouge en se dédoublant le salopard. Ma voix retentit alors et l'on a très peu de mal à deviner l'état dans lequel je suis.


                        - You sOn oF a bItCh... LstEn to mE ! I'm gOnnA... Hips... kIck yOur arSe so... so... so HARD...YoU GonnA kIss thE mOon ! Hic...

                        Ah merde, c'est vrai. Quand je suis rond comme un coin, mon cerveau déconnecte et je ne prends plus la peine de traduire mes phrases. Du coup je parle le langage ancestral de Nosgoth, le Chac-Spirien. Bon, même si certains ignorent cette langue, vu mon intonation et mon air pas content, on se doute de ce que peuvent bien dire ces mots. La scène pouvait tout de même sembler pathétique, mais ce qui suivait l'était tout de même moins. D'un seul coup, je pris mes appuis et parti comme une balle de fusil. J'étais sensiblement plus rapide que lors de mon premier assaut, ce qui dû surprendre l'assistance. Le Colonel, bien qu'étonné, va pour abattre sa grosse paluche en espérant me tarter une seconde fois. Malheureusement pour lui, mon style de combat en état d'ébriété est beaucoup plus "souple" que lorsque j'attaque en ayant toute ma tête. Du coup quoi ? Je me mets carrément à me pencher en arrière, laissant le membre du Marine passer à ras de mon ventre et de mon visage. Est-ce que je stoppe mon action pour autant ? Pas vraiment. Je lève d'un seul coup mon pied en y mettant toute ma force, laissant entendre un craquement des plus effrayants, témoignant que le pauvre bougre vient d'avoir le radius brisé. Voilà qui explique pourquoi il retire sa main d'un seul coup pour se tenir le bras ainsi frappé avec l'autre en poussant un cri de douleur.

                        Je me redresse aussitôt et me remet à courir dans sa direction, pour profiter de la douleur. Arrivé à six mètres, je me mets à tournoyer sur moi-même, comme un véritable tourbillon humain. Les quelques Marines armés n'arrivent pas à me viser et trois d'entre eux sont dégagés en essayant de s'approcher et de stopper ma course. Arrivé à seulement un mètre et demi, je prends une impulsion en continuant de tournoyer, m'élevant dans les airs pour tendre ma jambe. Ni une ni deux, celle-ci s'écrase lourdement derrière le genou du Colonel, le faisant s'étaler de tout son long. Le choc de la masse s'écrasant soulève un nuage de poussière. Impossible pour lui de se rattraper avec ses bras étant donné que l'un d'entre eux est pour ainsi dire hors-service. Du coup le voilà, nez contre le sol, à renifler la poussière. Le souffle produit par l'impact de son corps massif suffit à souffler les flammes aux alentours et à éteindre les débuts d'incendie environnant. Essayant de regarder le résultat de mon Chaotic Maelström, je lève l'index, titubant, non seulement à cause de mon ébriété, mais aussi à cause du tournis que je venais de me chopper.


                        - And dOn't... Hic... CoMe... Come b... cOme ba... coMe Bwargh...

                        Et oui. Alcool mélangé à attaque tourbillonnante égal dégueuli en abondance. Je me mets à mon tour à genou pour dégobiller l'ensemble de l'alcool que je viens d'ingurgiter. Le rendu donne une couleur ocre dorée, parsemé de morceaux de lapins à la crème à moitié digérés. Mais au moins, je rends une bonne partie de l'alcool que j'ai ingurgité, même si la simple odeur de ma veste imbibée suffirait à faire tituber le moindre gaillard manquant d'endurance dans les concours de boisson. Je secoue la tête, sentant que j'ai l'estomac dans les talons maintenant. Cependant, alors que je reprends mes esprits, j'ai un peu de mal à percuté ce que fout le géant devant moi, complètement étalé sur le sol et essayant de se relever en criant comme un taureau qui se serait fait prendre par son congénère en manque. Le dernier souvenir que j'avais en mémoire était celui du coup de poing géant qui m'avait propulsé sur la Lune alors bon... comprenez ma perplexité face à ce spectacle. Assez dubitatif, je fixe ce dernier, avant de voir ce qu'Izanagi va faire et s'il va pouvoir me donner une explication convenable sur ce qui vient de se passer.
                          Même si je commençais à l'habituer au style peu commun d'Arthur, je devais bien avouer que là, j'étais scié. Il avait été projeter, malmener et amener à rencontrer avec violence le mur derrière lui, et pourtant il s'était relever. Et non seulement il s'était relever mais en plus il était revenu mettre une tatane au colonel géant vert en deux temps trois mouvement. Il fallait bien avouer que là, j'avais pas tout bien compris. En tout cas vu le débit de son acte de régurgitation et l'odeur suave qui émanait de lui, il avait du boire beaucoup, beaucoup d'alcool. Même pour un alcoolo qui tenait mieux la boisson qu'un soldat dans sa tranché. Fait étrange, une fois qu'il eut tout régurgité, dans un "Bweurrrrp" très sonore, il semblait avoir tout oublié de ce qui était arrivé. C'était à se demander si ce mec savait ce qu'il faisait. Je le regardais d'un air perplexe. Il attendait surement une explication à ce qui venait d'arrivé mais je n'en avais aucune. De toute façon allez expliquer à un type à moitié ivre mort qu'il a foutu une branler à un mec trois fois plus grand que lui capable de le tuer d'une pichenette. Mieux valait se taire. De toute façon j'avais d'autres chat à fouetter que de m'occuper d'un vieux blondinard à peine conscient. Dans son instant "magique", Arthy avait réussit à mettre à terre le colonel de la marine. Il fallait que j'agisse vite avant que ce dernier ne se relève.

                          Heureusement, j'avais eu la présence d'esprit de préparer une dose de poison et il ne me restait plus qu'à l'administrer. Armé de ma petite seringue remplie d'un liquide bleu transparent je fonçai donc vers la seule partie vulnérable du colosse : ses yeux. Tout le reste étant recouvert d'une peau épaisse et rugueuse, ma seule chance était donc d'injecter le produit directement dans l’œil. Cependant cela ne serait peut-être pas suffisant. Bien que j'ai triplé la dose que j'utilisais habituellement pour un homme, la taille imposante et sa possible ascendance géante faussait tout. Il était possible que ce poison paralysant lui fasse finalement autant d'effet qu'une piqure de moustique. Bien sûr cela pouvait aussi avoir l'effet inverse et donc paralyser chacun de ses muscles, y compris son cœur, le laissant ainsi crever sans même avoir pu esquisser un rictus de douleur. Au fond de moi j'espérais bien sûr que le résultat final serait plus proche de la seconde solution que de la première. Si tel était le cas, ce serait un spectacle grandiose.

                          Je me dirigeai donc vers la tête du demi géant. C'est fou ce que six petits mètres peuvent sembler long quand ta vie est en jeu. Et bien ça parait encore plus long quand ces même six mètres sont symboliser par la distance entre les pieds et la tête de ton adversaire, sans que celui-ci n'est souffert d'aucune décapitation ou découpe préalable. Ciel qu'il était grand ce mec. J'ai bien cru ne jamais arrivé au niveau de son visage mais après des secondes qui me semblèrent des heures, j'y étais enfin. Son énorme tête avait au moins la taille de mon bras et la largeur de mes épaules. Comment un si grand type pouvait exister? Ses yeux encore vitreux montrait qu'il n'avait pas encore repris conscience. C'était là ma seule et unique chance. Je sautai sur son visage, m'agrippant à ses narines dégoulinante de mucus. Une fois bien placé je devais faire vite. Généralement frapper quelqu'un sur le visage alors qu'il était inconscient de mettait pas le sujet en question de bonne humeur. J'écartai légèrement la paupière de l’œil droit du marine et planter avec force l'aiguille de la seringue directement dans la pupille. Je produit entra alors dans le corps vitré de l’œil avant de s'y diluer. Il faudrait quelques secondes, voire quelques minutes avant qu'il ne passe dans le sang. Jusque là il faudrait qu'on soit très vigilent. Et encore, il fallait que le poison fonctionne.

                          Puisque leur chef était encore dans les vapes, je me tournais vers le groupe de marine restant. Ils semblait terrifié. La petite démonstration, bien qu'involontaire, d'Arthur avait fait son petit effet. L'un d'eux avait l'épaule déboité. C'était certainement celui que j'avais envoyé valdinguer vers ses petit camarades. J'ignorai quoi faire d'eux. Les combattre? Tous les tuer jusqu'à qu'il ne reste d'eux qu'une tache de sang sur le sol? Ou bien les laisser partir sachant que de toute façon ces simples larbins de la marine mourrait un jour ou l'autre dans un combat ou une bataille contre d'autres truands bien plus féroces et dangereux. Je pris pitié d'eux, je décidai d'abréger les souffrances de ces misérables vers de terre. Une chaine acérée sortie de mon index droit. Sans même prendre le temps de viser je la fis valser dans tout les sens en direction du groupe de marine. Le sang gicla comme la lave d'un volcan. Après quelques secondes le sol était recouvert des restes du groupe baignant dans une marre de sang. Étrangement, la vue du sang n'avais pas déclencher en moi cette soif insatiable que j'avais d'habitude dans ce genre de cas. Je n'étais décidément pas dans mon état normal aujourd'hui. Peut-être la présence d'Arthur y était elle pour quelque chose finalement.

                          C'est ce moment précis que choisi le colonel de la marine pour se réveiller. Le poison semblait avoir pénétrer dans son sang mais les effets n'était pas encore visible si ce n'est au niveau de l’œil qui avait reçu directement la dose de poison. Le globe visqueux semblait en effet étrangement fixe et vitreux. Au moins il était borgne c'était déjà un bon point. J’espérai cependant que le poison fasse effet rapidement sans quoi nous aurions de grave problème dans très peu de temps. J'étais tout à fait incapable de trancher une peau aussi épaisse, même avec mon fruit du démon. Quant à Arthur il semblait à peine remis du choc et n'avait pas encore repris totalement ses esprits. Si un combat s'engageait dans ces condition avec un mec de la puissance de notre adversaire, il ne resterait alors plus de nous que nos tombes.
                            Bordel, voilà que je commençais à avoir le tournis. Ça ! Dégueuler après s'être bien torché, ça vous vide de vos forces. J'espérais que le gamin qu'était mon équipier allait pouvoir finir cette petite sauterie à lui tout seul, parce que là, j'avais besoin de deux choses : Un brossage de dents pour virer l'odeur de chacal qui sortait de ma bouche, et m'enfiler un bon rôti de cheval, bien rouge, avec la blinde de sauce jaune et noire pour rendre le tout bien gras. Ah merde, voilà qu'en plus d'avoir des morceaux de bouffe à moitié digérée entre les dents, je me mets à saliver comme un porc. Les mains sur les genoux, le dos courbé, la tête limite entre les jambes, je reste un petit moment à reprendre mon souffle, essayant de faire abstraction de l'odeur de vomi qui me donne envie d'en remettre une couche. J'hésite à me passer la main devant la bouche, mais je préfère éviter, afin de ne pas salir les manches de mon imperméable. Je venais déjà de ruiner mes pompes, c'était sûrement pas pour continuer dans cette lancée non plus. Je prends une profonde inspiration, mais putain, j'ai une de ces crampes d'estomac ! Après tout ce merdier, si je m'en sors, je me fais une pure orgie de bouffe, on n’aura jamais vu ça.

                            Sauf que pour l'instant, il se passe quoi ? Izanagi joue les oculistes, et je parle bien des yeux, et non d'une autre partie de l'anatomie, le tout pendant que la quinzaine de guignols accompagnant le Colonel se mettent à trembler de tous leurs membres, dans leurs petits vêtements blancs. On entend même les cliquetis de leurs jouets en métal tellement c'est la rumba dans leur pantalon. Bon, par contre, de mon côté, c'est moins glorieux. Je me sens tout faiblard, j'ai la dalle, je pue de la gueule et du reste, j'ai les yeux vitreux, à moitié fermé, et j'ai encore du mal à comprendre ce que je fous là et comment le pote à Gargantua a bien pu se retrouver au sol. Je ne veux pas dire, mais là, si un narrateur pouvait m'expliquer la situation, je n'aurais rien contre. Ah merde, c'est vrai, c'est moi ce foutu narrateur... bon ben d'ailleurs : Je me change en super sayen et j'explose la Marine d'un claquement de doigt et retrouve mon fils après avoir survolé tout Grand Line en vitesse lumière. Hahahaha ! Haha... ha... Hum... non pas vraiment. Je suis toujours dans ma gadou digestive et la situation n'a pas changé d'un poil.

                            Ah, enfin un peu de mouvement ! Gargamel commence à se relever, et s'être pris une piquouse dans l'oeil ne semble pas lui plaire si l'on en juge ses cris qui font vibrer les fenêtres des environs... Enfin, celles encore debout. Je vois alors une certaine lueur dans l'oeil de ce cher Izanagi. Compte-t-il tuer les pauvres bougres encore présent ? Faut pas rire non plus. Tant ceux dans le bar n'étaient que des raclures... tant ceux face à nous ne sont que des pauvres bougres qui font leur boulot. Je jette un oeil au Marine sur lequel j'avais tiré et qui semble tout de même encore en vie. Faisant aller mon regard de droite à gauche vers le bas, signe que je réfléchis, je décide finalement d'éviter à mon partenaire de commettre quelques exactions sanglantes inutiles. Allez hop, je ne suis peut-être pas au mieux de ma forme, mais je fonce vers lui alors que je le vois déclencher à nouveau son mystérieux pouvoir. Je m'interpose alors entre lui et les quelques soldats terrifiés. Avec une certaine adresse, sans doute plus par réflexe qu'autre chose, je lève la main pour laisser la chaîne s'enrouler autour de mon bras, le lacérant légèrement. Respirant par accoups avec une certaine difficulté, je me tourne vers les Marines, plutôt surpris par mon geste.


                            - Rah mais... putain ! Foutez le camp bordel ! Dégagez avant que je le laisse vous botter le fion !

                            L'un a limite les larmes aux yeux, alors que l'autre a de la mousse qui lui sort de la bouche parce qu'il a cru voir la grande faucheuse. Je lâche un "Maintenant !" avec un air foutrement pas commode et excédé pour leur faire comprendre que s'ils ne bougent pas les deux fesses molles qui leur sert de cul, c'est moi-même qui vais aller leur botter celui-ci. Comprenant que s'ils insistaient pour vouloir nous faire la peau, les pauvres arsouilles allaient au-devant de très gros ennuis, ils se mettent à cavaler comme des sprinters jamaïcains derrière un bobsleigh. Je fixe alors Izanagi avec un air peu commode. Qu'on dézingue la trogne des Marines qui n'ont pas à cœur leur job et en profitent, je dis pas. Mais celle des mecs qui sont réglos et qui ont peut-être une famille, faut pas pousser la vieille dans les orties. J'ignore si Izanagi veut ou non s'opposer à moi à cause de ce que je viens de faire, mais à dire vrai, je m'en tamponne l'oreille avec une babouche. S'il y en a un que je suis d'accord pour dégommer, les le colosse qui se relève avec un air pas content. Que tu me fasses chier parce que c'est ton boulot, je peux l'accepter, mais que tu m'envoies une tarte qui m'envoie sur Mars, c'est plus du tout la même chanson mon gars.

                            Je regarde alors Izanagi avec un air... pas net. Le genre de regard que te jette ton gosse quand il arrive dans une pièce et scrute celle-ci, genre "quelle connerie je vais bien pouvoir faire ? Ha ! J'ai trouvé". Ouais, si t'es père ou mère, tu vois ce que je veux dire... le genre de regard qui te fait comprendre que t'as intérêt à intercepter le mouflet, ou à préparer un seau et une serpillère. Allez hop, tu veux de la découpe gamin, je vais t'en donner. Je commence alors à tirer Yoshiro vers moi, mais au lieu de le torgnoler, je commencer à faire un mouvement tourbillonnant en levant mon poignet, ma main tenant fermement sa chaîne. En moins de deux, le moutard se met à tourner comme s'il était pris dans une tornade, alors que le mastodonte s'avance vers nous. Tu veux du vilain ? On va t'en donner mon gros. T'as peut-être la peau dure, mais si je fais tourner le découpeur de service pour augmenter sa capacité grâce à l'énergie cinétique, tu vas vraiment morfler. En moins de deux, alors que le titan est presque prêt à porter son coup, je balance Izanagi en direction de sa carotide en gueulant, dieu sait pourquoi, à l'unisson avec le moutard le nom de cette offensive à l'unisson.


                            - Heaven's Chainsaw Maëlstrom !!!

                            Je lâche alors la chaîne qui me lacère la main depuis tout à l'heure. Ça marche ? Ça marche pas ? J'en sais rien, et pour être franc, je m'en cogne sévère ! Ni une ni deux, aussitôt débarrassé du gamin, je me mets à courir de l'autre côté. S'il réussit à trancher la gorge du colosse, il fera sans doute pareil que moi avant que les renforts n'arrivent. En revanche, s'il échoue, là, il risque de déguster... et moi j'ai autre chose à foutre que me faire défoncer par un Colonel borgne qui viendra de se prendre une comète humaine dans la trogne. Au pire, si je recroise le fiston sur les mers un jour, je n'aurais qu'à lui dire que j'avais piscine et que j'étais pressé d'aller à mon cours. Pas déconner non plus, je veux bien m'amuser, mais bon. Rassemblant les quelques forces qu'il me reste, bien que je sente mes guibolles toutes molles, je me mets à courir dans le sens inverse de celui où se trouve le géant. Qui plus est, j'entends des bruits forts peu sympathiques, à savoir ceux de troupes de renforts qui devraient se pointer dans les minutes qui viennent. Tout cela active mon CNDLF ! Cassons-Nous De Là Fissa ! Faisant abstraction du reste, je cours, cours, cours, pour me diriger vers un endroit loin des Marines et des gens aussi timbrés que moi. Ainsi disparu Winchester D. Arthur après un passage éclair sur l'île de Tanuki qui gardera toujours une certaine trace de celui-ci.
                              Tout c'était passé si vite. Je n'avais pas eu le temps de comprendre quoique ce soit. J'étais persuadé d'avoir tué ces misérables bout d'homme qui se targuaient d'être marine. Le souvenir de leur dépouilles grotesques enchevêtré les une sur les autres était gravé dans ma mémoire. Pourtant, il n'en était rien. Je ne les avais même pas effleuré. Tout juste avais-je eus l'intention de les faire souffrir. Mais Arthur était intervenu. Il était fort. Plus encore que je ne l'avais imaginé. Mais je ne comprenais toujours pas comment il avait fait pour stopper ma chaine. Comment il avait pu bloquer d'une seule main un pouvoir si puissant qu'il avait tué en un instant plusieurs hommes armés. Il n'y avait aucune logique dans tout cela. C'était impossible. Quel genre d'humain est capable de faire ça? Mon pouvoir serait-il donc si faible. Si inutile? Pourtant je me sentais fort. Cela ne pouvait pas être qu'une illusion. Il y avait autre chose. Un secret. Quelque chose que j'ignorais et qui rendait les gens fort. Mais je n'eus pas le temps de me demander quoique ce soit. Ma réflexion métaphysique fut brusquement interrompu par l'homme blond à la cigarette. J'ignore encore ce qui lui a prit mais il décida de faire de moi un hélicoptère ou un lasso, enfin quelque chose qui tourne très vite en somme. Je ne comprenais pas très bien son plan mais il me jeta de toute ses forces vers le meilleur ami du géant de jack et le haricot magique. Je tournoyai dans les airs sans comprendre où j'étais. C'était vraiment une sensation étrange, comme si le corps s’habituait lentement à la sensation de rotation. Pourtant je ne pus pas vraiment y prendre gout. Un choc d'une rare violence arrêta la rotation en même temps que le vol plané que j'étais entrain de faire. Je n'avais aucun moyen de savoir tant quoi j'étais rentré, ni les dégâts que cela avait causé sur l'objet en question et sur moi.

                              Après cette difficile épreuve je me relevais péniblement, la vue troublé par le tournis. Si le corps s'habituait volontiers à un nouveau mouvement, il acceptait beaucoup moins que ce moment s'arrête. L'absence de nourriture dans mon estomac l'empêcha certainement le réflexe de régurgitation que j'aurais du avoir, mais j'avais tout de même les boyaux en vrac. De toute façon nausée ou pas, c'est à peine si je pouvais tenir debout dans cet état. Le choc m'avait certainement démit l'épaule, sans parler des diverses écorchures et entailles qui recouvraient à présent mon corps. Ce salaud de Winchester! Il allait entendre parler du pays quand tout cela serait fini. A mesure que ma vue devenait plus net je cherchais le bougre avec son imperméable soit disant stylé et ses chaussure maculée de bouilli de nourriture régurgité après avoir macérée dans l'alcool de son estomac. Pourtant je ne voyais le blondinet de service nul-part. Pas plus que le groupe de marine que je pensais avoir anéanti. Soudain je me souvins. Arthur m'avait arrêté et leur avait ordonné de s'échapper. Il semblait lui aussi d'être évaporé. Ce lâche n'avait pas eut le courage d'affronter le colonel jusqu'au bout. De toute façon cela importait peu. Je me relevai avec toutes les difficultés du monde et observai alors le corps inconscient de ce type qui nous avait causé tant de problème.

                              J'étais essoufflé et assez mal en point. Si il se relevait prêt au combat j'étais mort. Si des renforts arrivaient j'étais mort. Je n'avais pas vraiment le choix. J'étais pourtant curieux de savoir les effets qu'avaient fini par avoir le poison que je lui avait injecté. Je n'osais pourtant pas approché d'un tel colosse. J'ignorais quel était son état. J'ignorais même si il était en vie. Tout ce que je savais c'est qu'il était devant moi, allongé sur le sol. Plusieurs secondes s'écoulèrent sans qu'aucun signe de vie n'émane de lui quand soudain il leva un bras un ciel dans un cri de rage. Ce type était donc immortel? Le poison ne semblait pas lui avoir fait plus d'effet que la cartouche de fusil qu'il avait reçu en pleine tête. Encore trop affaibli pour me déplacer avec aisance je ne pus que regarder l'énorme marine se relever non sans mal. L'attaque combiné dans laquelle j'avais servit de projectile avait eut un certain effet, mais il était loin de celui escompté, autrement dit de le mettre hors combat. Une longue balafre sanguinolente zébrait son visage du coin de son œil gauche jusqu'à son menton. La bonne nouvelle, c'était que mon pouvoir avait été suffisamment puissant pour traversé sa peau. La mauvaise, c'est que j'allais certainement mourir malgré tout ça.

                              Soudain je repris espoir en regardant un peu plus attentivement son visage. Le poison agissait bel et bien. Plus lentement que je ne l'avais espéré mais il se rependait lentement dans ses veines, paralysant peu à peu son énorme corps. Le souffle cours j'observais le poison parcourir son corps et à mesure que celui-ci progressait les parties traversées cessaient purement et simplement de fonctionner. Il était déjà aveugle et incapable d'articuler le moindre mot. Si je ne me trompait pas le poison était actuellement dans son larynx et descendait lentement vers sa poitrine. Mais en attendant il était toujours en vie, et bien qu'aveugle et muet il était certainement encore capable de m'entendre. C'est que laissait supposer son comportement à l'affut. Comme si il attendait qu'un son vienne lui indiquer la présence d'un ennemi potentiel. Il pensait surement que ses hommes étaient toujours là et qu'ils affrontait ensemble deux gredins de la pire espèce. Sauf qu'il était seul et que, malheureusement pour moi, moi aussi. Tout ce que j’espérais c'était qu'il meurt avant l'arrivé de renfort, car dans la situation actuelle, clopiner péniblement vers une ruelle sombre pour m'échapper représenterait un extraordinaire danger pour moi.

                              C'est alors que par un bonheur sans commune mesure le poison fini par atteindre un centre vital : son diaphragme. Alors qu'il tombait à genoux incapable de respirait, je pris une profonde inspiration pour pouvoir parler le plus fort possible.

                              - Tu dois t'en douter maintenant, tu vas mourir. Mais avant que ton âme ne quitte ton corps souvient toi de ceci : La marine et le gouvernement mondial, tout cela n'est que l'illusion de l'ordre. Tu n'as été qu'un pantin sans âme et tu mourras comme tel. Adieu.

                              Alors que le colonel s'effondrait je m'enfuis aussi vite que mon corps meurtri me le permettait. Je quitterais l'île dès que possible. J'avais fait trop de dégâts. Au fond de moi une peur m'envahit. Et si je n'étais plus jamais capable de me contrôler? Cette soif de sang de faisait de plus en plus forte. J'ignorais pourquoi elle avait disparu en plein combat, mais elle reviendrait, plus forte encore. Combien de temps tiendrais-je face à mes horribles démons? Des semaines? Des mois? Tout ce que je savais alors, c'était que je finirais dévoré par eux. Un jour ou l'autre, l'humain que je suis ne sera plus. Le plus tard sera le mieux.