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Repos d'après guerre {Izya}


La bataille de Navarone était passée, et je venais de passer ma frustration sur la forêt d’une petite île non loin d’Armada, où j’ai fait la rencontre d’une certaine Yamiko devenue homme à présent. L’après bataille est toujours un moment étrange. Un moment où on se sent las, vidé de toute énergie. Avant, il y a les préparations et l’excitation des combats à venir, l’incertitude quant à la réussite et à la survie. Pendant, il y a l’adrénaline dans le feu de l’action. Ensuite, plus rien. On panse nos éventuels blessures, on se repose, on patiente. On attend de voir les conséquences de nos actes, mais aucun navire de la marine ne s’est encore attaqué à Armada.

D’un côté, nous sommes soulagés de ne pas subir les foudres du gouvernement – peut-être ne nous ont-ils simplement pas encore localisé ? – et d’un autre côté ça donne l’impression que nos actes n’ont rien impacté. Comme si la lutte était vaine, une guerre contre un mur invisible qui ne bronche pas. Certes, ça n’était qu’une étape dans le plan de Red, mais moi j’avais laissé un message à l’un des officiers de la marine, sans aucun retour pour le moment. Le patron d’Armada était donc satisfait, moi mitigé.

Ayant déjà évacué sur une forêt, je me disais que passer du temps avec Izya me permettrait de me détendre davantage. Peut-être était-elle nostalgique de ne plus être dans les cieux, auprès de son peuple ? Son peuple… Elle était ange, moi humain. Elle est reine, moi vagabond. Et elle est traumatisée par le contact des hommes. Par moment, je me demande bien ce qu’elle peut me trouver…

Je frappais à sa porte, une surprise dans le dos qui pourrait à la fois nous rapprocher et l’aider contre sa phobie. Ou l’accentuer et nous éloigner ? Allais-je trop vite ? Trop tard, j’avais déjà frappé. Et ce fut un homme qui ouvrit la porte. Alfred. Je l’avais oublié celui-là… Ca n’était pas vraiment à lui que je souhaitais me présenter ainsi, sans arme, vêtu d’une belle chemise et d’un pantalon assorti comme si j’allais à un bal.

« Hum… Je viens pour… »

Mais il me coupa, sachant pertinemment qui j’étais et donc pour quelle raison je pouvais bien être là.
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Bordel, mais qu'est ce que je suis entrain de faire là...

N'ai-je pas déjà suffisamment d'occupation ? Entre mon hôtel, mes boutiques et mes deux royaumes à gérer, dois-je vraiment me rajouter d'autres tâches à accomplir ?

Non, je devrais vraiment pas.

Ce que je devrais faire, c'est ranger toutes ces cartes et me contenter de me rouler en boule dans un coin de mon étage d'hôtel près d'une fenêtre, oui, c'est important la fenêtre sinon on ne peut pas voir ce qu'il se passe dehors tant que j'ai un peu de temps libre entre toutes mes obligations. Oui, ça c'est un bon programme. Alors que partir une fois de plus à l'aventure...

Ah... Si seulement il n'y avait pas ces dragons en jeu...

Et le pire c'est que maintenant, grâce à notre attaque de Navaronne, j'ai l'éternal pose offert gracieusement par Red qui indique ce groupement d'îles célestes où vivent ces créatures mythiques. Donc plus de fausse excuse pour me motiver à ne pas y aller. Parce que, Merde ! c'est des Dragons quoi !
Et Merde ! Est ce que j'ai vraiment le temps pour ça ?!

Vautrée au fin fond de mon fauteuil de velours rouge en bois d'ébène, je baisse les yeux vers le grand bureau noir recouvert de parchemin qui s'étale devant moi. Et, lentement, mon regard roule un peu plus loin et fini par se poser sur l'énorme canapé de cuir du salon modèle dragon qui s'étend largement en face de mon bureau. Nappé de la lumière irisée du soleil reflété par les murs rouges, ce canapé a quelque chose d'hypnotisant. Voire même envoûtant. A tel point que sans réellement m'en apercevoir je suis déjà lovée dedans.

Madame j'ai comme l'impression que vous vous laissez aller...

Ouvrant un rideau et la fenêtre qui va avec en grand, je m'étale de tout mon long sur le canapé de cuir en plein soleil.

Je vois vraiment pas pourquoi tu dis ça Alfred.
Et bien cela fait bien une semaine que je m’attelle à ranger votre bureau dès que vous avez fini, et ce cinq fois par jour.
Oui bah, euh... Range les encore aujourd'hui s'il te plait, hein.
De plus, je constate que Madame laisse beaucoup de ses obligations de côtés et préfère se prélasser au soleil...
Je me prélasse pas je réfléchie...
Et que Madame n'a pas mis le nez dehors depuis tout ce temps !
Non mais c'est que.
Et qu'elle n'a parlé à personne sauf moi depuis un moment.
Mais.
Et que les stocks de chocolats de Madame diminuent deux fois plus rapidement qu'auparavant !
Ah ! ça j'ai remarqué aussi ! Je pense que quelqu'un pille mon garde manger, c'est la seule explication... N'EST CE PAS, ALFRED ?!
Je ne voudrais pas mettre votre parole en doute Madame mais j'ai bien peur qu'au vu du nombre d'emballage vide que je ramasse partout où vous passez, je ne puisse vous croire.
...
Et si je puis me permettre Madame, j'ai comme l'impression qu'en se moment vous tenez plus du dragon que de l'ange...
N'importe quoi Alfred ! Je ne me suis pas transformée depuis que je suis revenue de Navaronne, si ça c'est pas la preuve que tu dis que des âneries...
Alors c'est peut être bien cela le soucis Madame. Peut être que le dragon qui est en vous a besoin de s'exprimer et que c'est pour cela que vous vous comportez de la sorte.
Pfff... N'importe quoi ! Je vais pas bien parce que je sais pas quoi faire, c'est tout ! Et quand je sais pas quoi faire, et bah je ne fais rien du tout !
Et bien dans ce cas, je n'ose imaginer ce que cela aurait pu être si vous vous étiez transformée...
Qu'est ce que tu entends par là au juste... ?
Et bien, si vous me permettez Madame, vu le bazars que vous me faites en ce moment en étant qu'une ange, je n'ose imaginer quel cataclysme vous auriez pu déclencher en dragon.
Tu serais pas entrain d'insinuer que je suis insupportable quand je suis en dragon ?...
Plutôt que vous êtes insupportable en ce moment et que ce serait assurément pire en dragon.
Ah ouais ?! C'est ce que tu penses ?!
C'est effectivement ce que je pense Madame.
Ah ouais. D'accord. Bien...
Et bien puisque tu es si sûr de toi...  Je te parie que je peux rester deux heures complètes en dragon et être la plus cool de toutes les reines !

Deux heures ? Vous connaissant vous allez vous allonger sur le sofa et roupiller tout du long. Non. Deux heures c'est bien trop court. Disons 48.
24 !
Pari tenu !

Et sous les yeux d'Alfred le fourbe qui ne fait rien qu'à m'embêter et qui vient tout juste de ranger toutes mes cartes, je me transforme en dragon, bien décidée à garder cette forme jusqu'au lendemain même heure. Puis, levant la tête, je me dirige vers mon tas de courriers laissé de côté sur un buffet qu'on distingue à peine sous le papier et commence à le décortiquer tandis que mon Majordome que je soupçonne moqueur vaque à ses propres occupations.

Plongée dans mes lectures de lettres de doléances et autres papiers générés par ma royauté, je ne distingue qu'à peine le bruit de la sonnette. Laissant Alfred se charger de l'accueil du visiteur, je reste au maximum concentrer sur mon travail bien que je ne puisse m'empêcher de jeter des regard furtif vers l'entrée du bureau où ne devrait plus tarder d'arriver Alfred avec mon visiteur.

Et alors qu'Alfred entre enfin dans mon champs de vision, j'aperçois un petit sourire presque mesquin au coin de ses lèvres. Ce n'est que lorsque j'aperçois la seconde personne qui entre dans la pièce que je comprends la joie de mon Majordome...

Reyson !

Avec Reyson dans les parages, mon pari avec Alfred que j'étais sûre de gagner devient une épreuve de haut vol. Car lorsque Reyson est avec moi, on ne peut jamais savoir ce qu'il va se produire...


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Alfred souriait et avait l’air amusé, lui qui habituellement faisait preuve de placidité et de professionnalisme. Non plus qu’il devenait un amateur, plutôt plus… humain ? Mais c’était déconcertant la première fois. Je me demandais si c’était à cause de mon allure. Je n’avais tout de même pas taché pas chemise en cours de route ?

Ma stupeur augmenta lorsqu’il me guida jusqu’à Izya. Cette dernière était sous forme draconien, et son bureau était pour le moins bordélique. Avais-je mal choisi mon moment ? Venait-elle de faire une crise d’angoisse ou que sais-je ? A la façon dont elle m’appela, je me doutais que je n’aurais pas dû être là.

Dragon… Peut-être avait-elle faim ? Sauf que je n’avais pas pensé à prendre du chocolat avec moi. Alfred, un coup de pouce ? Non, il s’en va retourner à ses occupations. Lâche. Je m’avançais lentement vers elle, hésitant.

« Bonjour Izya… »

Devais-je l’embrasser, l’étreindre, ou maintenir une certaine distance ? J’avais plus l’habitude d’interagir avec une humanoïde qu’un animal mythique. Dans le doute, je m’arrêtais face à elle. De ma poche arrière, je sortis un petit flacon que je lui présentais, rassemblant mon courage pour lui exposer mon idée.

« Je pensais qu’un massage te ferait peut-être plaisir… »

Allait-elle se moquer ou m’injurier ? Ca ne fait pas très pirate, c’est sûr. Mais tout le monde a droit à se relaxer de temps en temps. Cependant, masser des écailles n’est pas la meilleure des choses à faire. Ce serait sans doute une torture pour mes mains qui s’écorcheront en appliquant l’huile.

Subitement, je me sentais bête d’être venu. Pourquoi un dragon aimerait être massé ? J’aurais plutôt dû lui apporter du chocolat. Je déglutis en attendant sa réponse que je craignais être négative.  
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Un massage ?

Mais quelle idée... Quoi que pas spécialement déplaisante cela dit. Sauf aujourd'hui bien sûr. Aujourd'hui et demain jusqu'à 14h15 et 37 secondes exactement. A moins qu'il ne tienne à avoir les mains écorchées. Mais personnellement je préfère ne pas avoir plein de petits lambeaux de peau coincés dans mes écailles, et encore moins du sang qui, même s'il ne se verra pas, risque de sécher, de crouter... Bref, ce n'est pas une bonne idée.

Non merci, un autre jour j'aurai sans doute accepter, sauf si tu me redemandes demain avant quatorzeee...

Derrière Reyson, je vois les yeux de mon majordome qui noircissent d'un coup alors que l'instant d'avant il n'était même pas dans la pièce ! Menaçant pendant moins d'une seconde puis redevenant normaux l'instant d'après, il me fait clairement comprendre que notre petit pari doit rester entre nous pour être valable à ses yeux... Fumier d'Alfred, il ose changer les règles en cours de route !
Mais soit, je vais lui montrer moi. Je vais lui montrer qu'il a tort et ce malgré toutes ses entourloupes à la noix !

Fin bref, pas demain non plus. Je me suis trop détendue ces derniers jours pour accepter ton offre. Sinon, je risque de devenir toute flagada, tu comprends, hein ? C'est vraiment pas contre toi, je te jure !

Mais je le vois qu'il est déçu, je le vois bien ! Et derrière, je vois bien ce fourbe Alfred qui sourit discrètement, je le vois !
Je perds des points, ce n'est pas bon.

Ecoute, c'est pas parce que je ne veux pas de massage qu'on ne peut pas passer du temps ensemble, hein ?

Il est temps de montrer à Alfred qu'il n'a pas tout contrôle sur ce pari !

ça fait un petit moment que je suis pas aller voir les anges de l'Atterrissage du Dragon. En temps que leur reine, je dois tout de même m'assurer qu'ils vont tous bien.

Je jette un petit regard à Alfred qui approuve la logique de mon raisonnement d'un petit signe de tête.

Et puis il y a aussi ceux qui font parti du dirigeable. Bref, on peut en profiter pour faire une petite balade tous les deux, qu'est ce que tu en dis ?

J'hoche doucement la tête, mon regard plongé dans les yeux de Reyson pour tenter de l'attendrir. Forcement, ça aurait franchement mieux marché si j'avais été humaine, mais bon... On ne peut pas tout faire dans la vie !


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Evidemment, elle refusa. Où avais-je la tête ? La vendeuse m’avait affirmé que toutes les femmes affolaient de massages, mais j’aurais dû me douter qu’Izya n’était pas n’importe quelle femme. J’aurais dû faire simple : du chocolat et toujours du chocolat.

Pourtant, elle me semblait un peu étrange. Enfin, plus que d’habitude. Vu qu’elle lançait régulièrement des regards par-dessus mon épaule, je me retournais mais ne vis que le majordome appliqué à faire son travail, rien de suspect en somme. Elle avait pris un coup sur la tête récemment ou quoi ? Non, Alfred m’aurait prévenu. N’est-ce pas Alfred ? Lui au moins c’est une valeur sûre qui ne change pas du jour au lendemain, ou même dans une même journée. Un homme dont je pouvais prévoir les réactions et donc agir en conséquence, mais ça n’était plus le cas dès qu’il s’agissait d’une femme, dès qu’il s’agissait d’Izya.

Je laissais échapper un soupir en posant le flacon au milieu de la paperasse chaotique, ne me privant pas d’afficher ma déception.

« Tu regardes toujours derrière moi. C’est une façon de me faire comprendre que tu veuilles que je parte ? »

Tu pourrais me le dire en face dans ce cas. Toujours à faire des efforts mais jamais satisfaite. Devrais-je demander conseil à ma bras droit pour la prochaine fois ? La proposition d’Izya ne me plut pas non plus, tout du moins sa formulation. Je fis alors un pas dans sa direction.

« En tant que leur reine… Je le sais bien que tu es reine et que tu as de nombreux sujets… Trop nombreux peut-être ? Car tu en viens à en oublier qui te voit différemment qu’une reine. Qui te voit femme. Enfin, plutôt dragonne pour le moment. »

Une crise de jalousie ? Peut-être. Etait-elle venue s’assurer que moi j’allais bien ? Elle parlait de ses sujets alors que je voulais parler de nous. Non pas qu’une ballade avec elle me dérangerait, mais c’était la raison que je n’aimais pas. Avais-je peur de passer au second plan devant les autres anges ? Izya voulait s’approcher des siens à présent qu’elle avait renoué contact, mais ça l’éloignerait alors des humains, et donc de moi…

Je soutins son regard en continuant de m’approcher, puis je posais mes mains sur ses joues draconiennes, continuant à la fixer. Front contre front, je lui demandais :

« Peux-tu au moins prendre forme humaine avec moi ? J’ai plus de mal à te déchiffrer ainsi. Ce n’est ni une reine ni une dragonne que je suis venu voir. Voudrais-tu que je me présente à toi les doigts pointus ? »

Etant donné le nombre de disputes et son insistance pour me faire promettre de ne plus utiliser mes hormones sur elle, le simple fait de voir mes appendices sous forme d’aiguilles devrait suffire à l’horripiler. Peut-être alors comprendrait-elle un peu mieux mon message ? Celui d’un homme qui se sent un peu délaissé. Mais peut-être qu’elle ne ressentait pas les choses de la même façon ?  
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Mes griffes se resserrent lentement mes fermement sur le parquet, rayant quelque peu le vitrifier au passage.
Ce qu'il peut être agaçant quand il s'y met. J'aurai bien envie de m'énerver et de l'envoyer boulet histoire d'être peinarde pour réussir mon pari tranquille. Mais une étincelle de malice brillant derrière les cheveux de Reyson me fait vite comprendre que si je fais ça, j'agirai en "mauvaise reine" et je perdrai mon fameux pari.

Fichu Alfred !

Alors pour commencer, non, je ne tente pas de te chasser Reyson. Si je regarde derrière toi c'est que je surveille Alfred !

Libérant ma tête triangulaire de dragon de l'emprise de Reyson, je la déplace de manière à la poser juste à côté de son oreille pour lui murmurer.

Je ne sais pas ce qu'il a en ce moment mais je le soupçonne de piller mon chocolat !..

Un mensonge qui n'en ait presque pas un puisqu'effectivement, je pense vraiment qu'il tape dedans en pensant que je ne le remarquerais pas. Ses accusations de tout à l'heure son d'ailleurs bien la preuve de sa culpabilité dans cette histoire !

Ensuite, et je recule ma tête pour le regarder de nouveau dans les yeux, je suis les trois Reyson. Reine, Femme et Dragonne. Les trois à la fois. Et j'ai besoin d'un certain... comment dire... équilibre ? Entre les trois. Bref, il est important que tu t'habitues à me voir en dragon n'importe quand. Mais je t'assure, ce n'est pas contre toi. Il en va juste de ma santé mental. Si je ne passe pas un minimum de temps en dragon par semaine, mon instinct draconique reprend le dessus et me fait faire n'importe quoi. Et vraiment, je t'assure, tu n'aurais pas voulu voir l'état de mon oreiller... En lambeau !

Bref, ma forme de dragon est importante en matière de sécurité nationale ! Aujourd'hui c'était l'oreiller. Si je ne reste pas en dragon, qui sait ce que ce sera demain ?
C'est la malédiction des zoans, c'est ainsi...


Autant dire que les paramécia comme lui n'ont pas ce genre de problèmes inventées et qu'en aucun cas j'accepterai qu'il se balade avec des doigts pointus à mes côtés. Non mais quelle idée.

Cette question étant réglée...

Oui, elle l'est, comme s'il avait le choix.

Tu veux venir avec moi ?

Parce que moi, dans tous les cas j'y vais sinon Alfred va me rendre chèvre.


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Alfred, un voleur ? Non, pas possible. Puis il a une tête à préférer le caviar au chocolat. Je jette un coup d’œil à la bedaine d’Izya, mais ne peux l’apprécier correctement à cause de cette forme. Dur de connaître la volumétrie habituelle d’un dragon, mais j’étais presque sûr que c’était soit sa parano soit son estomac qui entrait en compte dans sa déclaration.

« Pour ton souci d’instinct draconien, je pourrais bien calmer tes pulsions avec mes horm… »

Le regard d’Izya me convint immédiatement d’arrêter ma phrase. La promesse, oui, la promesse… Mais elle pourrait commencer à me faire un peu plus confiance quand même. Puis un oreiller ne rend pas les coups, n’importe qui peut en faire des lambeaux. L’oreiller a eu de l’attention, lui, d’une certaine manière…

« Je veux rester avec toi. Donc si tu pars… je dois bien venir oui. »

Encore une fois elle me lança un regard comme si j’aurais pu répondre simplement oui directement plutôt que de développer autant. Quelle mouche l’a piquée ? C’est son histoire d’instinct draconien là ? Je soupirais et m’approchais de la fenêtre que j’ouvris en grand. Vu sa forme, je supposais qu’il s’agira d’une ballade aérienne. A moins que je ne me trompasse ?

« Très bien pour ton équilibre. Te voilà dragonne, et tu vas accomplir ton rôle de reine. Ensuite ne restera plus que la femme… »

Cette révélation me donna envie de finir cette ballade au plus vite, et donc de l’entamer le plus tôt possible également. Je me tournais face à la dragonne et lui lançais :

« Un dragon ça attaque ses proies en volant, ça n’attend pas que ça grimpe sur son dos. Attrape-moi alors. »

C’était pour sa thérapie que je marchais à reculons jusqu’à cogner le rebord de la fenêtre et tomber dans le vide. Mais j’avais confiance, Izya m’épargnera le terrible mal de crâne que j’aurais si je percutais le sol, n’est-ce pas ?
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La femme va très bien mais c'est gentil de t'en souci... HEY !

Nan mais en vrai, quand il parlait d'attraper des proies en plein vol, je pensais qu'il voulait s'enfuir en geppou ! Pas ce laisser tomber dans le vide !

Et tandis que je jette un Ultime regard à Alfred avant de foncer récupérer le suicidaire, je peux lire dans ses yeux que d'après lui, une reine qui pousse ses amis au suicide ce n'est pas une bonne reine. Genre c'est de ma faute quoi ! Non, moi je suis la reine qui raisonne les suicidaires !

Et tandis que Reyson se rapproche à grande vitesse du sol de bois d'Armada, je me mets à sa hauteur tout en le suivant dans sa chute.

Mouais, pas terrible ton jeu. Une proie qui essaye pas de fuir...

Je l'attrape dans une de mes pattes avant que ne lui prenne l'envie de filer.

C'est quand même moins drôle... Bref.

Je le pose doucement sur le sol avant d'atterrir à côté. En me voyant me poser juste devant l'entrée de l'hôtel, beaucoup d'ange incline la tête respectueusement sans pour autant faire de fioriture, j'incline moi même la tête en clignant des yeux pour les saluer tout en gardant la tête bien en hauteur grâce à mon cou draconique démesuré. Et comme si rien ne s'était passé, chacun reprend ses activités qui varient du bronzage sur un banc à l'accueil de client de l'hôtel. Et de mon côté il s'agit de m'occuper de Monsieur je saute dans le vide sans parachute.

Bon, RAS ici, on file dans le dirigeable ?

Le dirigeable récupéré en même temps que Weatheria. Un endroit où je pourrai enfin être tranquille et hors de vue d'Alfred. Parce que oui, je suis sûre et certaine qu'il est en ce moment penché par une fenêtre entrain de m'épier pour être sûr de ne pas louper le moment, qui bien sûr n'arrivera jamais de toute façon, où il pourrait gagner ce pari stupide.

Et forcement, au moment où je regarde enfin là où j'ai posé Reyson, et bien il n'y a plu de Reyson.

Ah non mais non ! Oh hé ! Reviens ! Tu sais, je trouve même pas spécialement que tu ressembles à une proie en plus ! Vraiment ! Une proie ça aurait peur de moi ! Allez, revient !

Mais non. Non. Il ne revient pas. Il veut vraiment m'obliger à faire ça ? Non mais au pire, une reine est pas obliger de jouer à cache cache avec son copain, si ? Moi je pense que...

Dans les hauteurs de mon hôtel, une étincelle brillante me fait bien comprendre que oui, elle est obligée.
Maudit Alfred...

Alors qu'en vrai je suis sûre que les reines préfèrent prendre des nouvelles de leurs sujets perché dans des dirigeables si haut qu'elles ne peuvent pas être épiées plutôt que de "chasser" des Reysons dans des îles pirates surveillées par des Majordomes qui prennent un peu trop d'aise...

Tsss...

Je prends mon envol mais reste à hauteurs des habitations des citoyens de mon quartier.

Reyson ? Excuse moi, tu n'aurais pas vu Reyson le pirate métamorphe par hasard ?
Non Madame, par contre il me semble avoir vu un grand brun habillé comme pour un gala avec son sabre dans le dos. Vous devriez vite le prévenir, il a du se le faire voler...
Je... Je n'y manquerai pas ! Merci beaucoup...

Je souris sans montrer mes dents parce qu'en dragon ça fait plus peur qu'autre chose, au monsieur puis dès qu'il tourne la tête je me lamente quelque peu. Bon sang Reyson, était-ce vraiment utile de te changer en plus de te barrer ?


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Vêtu comme pour un gala, ou bien comme pour un bal.

« Où est votre masque monsieur ? »

Un masque ? Ce bal était masqué ? Mia avait oublié de le préciser.

« Pourquoi le bal est-il masqué ? »
« Nous sommes dans une cité pirate, alors il vaut parfois mieux ne pas savoir avec qui l’on danse. »
« Le voici. »

Ah ? Mais que faisait-elle ici ? Oh, mais où avais-je la tête ? Elle voulait sans doute vérifier que je ne mente pas quant au résultat de notre jeu.

« Tu sais qu’en m’aidant ainsi, tu risques de perdre ton pari ? »
« Aucun risque, vous ne parviendrez pas à la faire danser avec vous sous forme humaine. »
« J’ai encore 22 heures devant moi, et je pense que je gagnerais dans celle à venir, malgré son excuse sur l’instinct des zoans… »
« Vous avez encore beaucoup à apprendre des femmes. »

Et là voilà qui s’éloigne dans l’ombre de la salle, coupant court à la discussion qui ne devait pas se prolonger trop longtemps de toute façon. Je me demandais tout de même d’où lui venait son assurance, et comment l’idée d’un pari si étrange lui était venu à l’esprit, car en perdant elle savait pertinemment qu’elle encourait le châtiment très connu de la moustache. Mia m’avait proposé ce petit jeu après un dîner avec Alfred, mais ça n’avait sans doute rien à voir, n’est-ce pas ?

Je plaçais le masque symbolisant un dragon sur mon visage avant de me mêler à la foule. Il ne me resterait plus qu’à attendre Izya. Peut-être pourrais-je m’entraîner encore un peu en patientant ? Certes, j’avais déjà perdu deux heures du pari parce que je devais apprendre les bases de la valse, mais un peu plus de pratique n’avait jamais fait de mal à personne.
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Reyson ! Allez ! Montre toi s’il te plait !

J’ai pas que ça à faire… Car je doute que chercher mon idiot de copain pendant vingt quatre heures en forme de dragon convainc Alfred. Et je suis presque sûre de l’avoir entraperçu entre deux mâts de l’atterrissage du Dragon entrain de me suivre pour s’assurer de l’état de notre pari.
Pari qui est légèrement entrain de tourner en ma défaveur. Pfff.

J’arrive devant la cinquième auberge sur mon chemin, celle juste à l’entrée de mon cadran d’Armada qui donne sur la Mascarade, cadran de Reyson où j’espère l’y trouver s’il n’est pas dans cette auberge…
Comme dans toutes les autres où je suis passée, la décoration y est très soignée, propre. Ici, la crasse et le bris de meuble y est interdit sous peine d’être conduit directement devant moi et de se coltiner des travaux d’intérêts générales ou de finir lâché au beau milieu de la mer à des lieux d’Armada. Et bien évidement, lorsqu’il y a récidive, seule le deuxième choix est possible.
Bref, décor propre inspiré de la mer. Ainsi c’est le bleu qui y règne. Le bleu, le noir et l’argent, rappelant plus particulièrement l’océan lors des nuits de pleine lune. L’ambiance y est calme, sereine. Les gens y viennent notamment pour se reposer ou discuter affaire sans haussement de voix, a contrario des auberges ayant choisis le thème du feu ou de l’air où l’ambiance y est d’autant plus vive que ces éléments sont plus incontrôlables.

Et une fois de plus, en rentrant dans cette auberge j’attire les regards et fait taire par ma simple présence les discussions durant un court instant.

Excusez moi de vous déranger mais je cherche Reyson, le pirate métamorphe, quelqu’un l’aurait-il vu ?
Non ? Personne ? Et un grand homme brun en costume de gala se baladant avec son sabre ?
Personne ?


Les gens me regardent, agite lentement la tête de droite à gauche. Une mère de famille mangeant glaces et gaufres avec son mari et ses jumelles adolescentes répond presque imperceptiblement un « Non Madame ». Un groupe de marchant se contente de retourner à leurs boissons posées sur un table ronde en latte de bois sombre sans me prêter plus d’attention. Un homme au fond de la pièce quant à lui ne me lâche pas du regard. Un regard soutenu, intense que je soutiens un moment en pensant qu’il allait me répondre. Un regard qui m’intrigue, me rappelle quelque chose sans pour autant que je sache quoi. Un regard dont je peinerai presque à me décrocher. Et tandis qu’un effort de volonté me force à passer à autre chose, l’homme bouge, se lève et commence à approcher. Et alors qu’il passe plus près d’une des lumières accrochées au mur, mes yeux retournent se fixer vers lui et le détaille.
C’est un homme plutôt grand, sans pour autant passer le mètre quatre vingt cinq. Il a les cheveux mi long blond pâle, presque blanc, qu’il porte en bataille et légèrement ondulés. La forme de son visage est anguleuse, avec un menton légèrement avancé. Son corps est musclé, signe de nombreuses heures d’exercices pour se maintenir en forme. Sa démarche me semble si familière, sûr de lui, il avance vers moi sans la moindre peur, sans la moindre hésitation. Et bizarrement, cela ne me choque pas mais m’intimide, m’effraie presque.
Cet homme… Il n’a pourtant rien de particulier, rien d’alarmant. Un pirate parmi tant d’autre ou même un simple voyageur de passage. Et pourtant il me fixe de ces yeux d’un bleu pâle enivrant. Et ce sourire… Un sourire que je connais, un sourire que j’ai déjà vu. Et pourtant, je n’arrive pas à me rappeler. Des souvenirs me reviennent, de mon enfance, de mes parents, de ma vie à Scarlet Town, et pourtant, je ne me souviens pas. Ce sourire m’échappe, ce regard me glace.

Le voilà maintenant à moins de deux mètres de moi toujours dragonne. Lentement, sa main se tend devant lui, dans ma direction. Par réflexe, je recule ma patte avant d’un bon mètre et me recroqueville en arrière dans un large geste de méfiance. Ma tête est rentrée vers mon corps, tel un serpent se repliant avant de se jeter sur une proie. Mes babines retroussées, je m’apprête à le questionné mais l’homme est plus rapide.

Izya…

Le son de sa voix ravive de nouveau souvenir toujours floutés. La mer, la plage, la nage. Ces après midi passées à m’entrainer pour pouvoir nager toujours plus vite, toujours plus loin. Ce rêve de voyage à la nage maintenant brisé de par cette forme que je peux prendre. Une promesse envolée…

Izya… C’est moi !

Sa main touche ma joue.
Le voile se lève et mes souvenirs reviennent à moi contre mon gré. Je me souviens de la mer, de la plage, de la nage et de lui. Lui qui jamais ne m’a laissée seule pendant des années. Lui qui a décidé de me défendre contre ces amis lorsque j’avais sept ans, leur tournant le dos en me choisissant. Lui qui un jour me pris la main alors que je jalousais une autre fille qui s’intéressait à lui.
Lui qui décida un jour de partir à l’aventure…
… pour se faire dévorer par un monstre marin.

Mon corps tremble et mes défenses tombent. La dragonne que je suis redevient ange. Mes yeux brillent d’émotions, d’incompréhension. En face de moi, je vois cet homme qui me regarde avec la même émotion. Sa main toujours posée sur ma joue me fige. Nous restons ainsi quelques secondes, yeux dans les yeux. Rassemblant tout mon courage, j’arrive finalement à murmurer…

L… Léo ?

Du haut de la balustrade, assis sur une banquette ayant une vu panoramique du rez-de-chaussée, Alfred regarde sa maitresse immobile au milieu de la salle. Dans les quatre autres auberges, il n’a pas eu le temps d’entré avant de la voir en ressortir immédiatement faute d’indice sur l’emplacement de Reyson dont il connait parfaitement l’emplacement. Mais là, Alfred sent bien que quelque chose cloche. Pour dire, il a même eu le temps de s’assoir à cet emplacement stratégique avant que Dame Dragon se décide à bouger. Mais quelque chose l’en a empêchée. Ou plutôt quelqu’un.
Et ce qui inquiète vraiment Alfred, c’est qu’ici, même pas Red n’arrive à faire sourciller la dragonne au caractère de feu. Tahar Tahgel serait-il de retours sur Grand Line ? Ce serait sans doute une très mauvaise chose pour Dame Izya qui s’est persuadé que son père génétique était mort depuis belle lurette. D’ailleurs, en accord avec Red, une interdiction de parler des faits et gestes de son increvable de père dans le nouveau monde a été instaurée. Elle apprendra surement un jour qu’effectivement son père est encore vivant, peut être quand il sera vraiment mort… Mais le plus tard sera le mieux pour Alfred.
Malheureusement, la réaction de sa maitresse aujourd’hui lui fait beaucoup trop penser à ce jour sur l’usage modéré où son géniteur a décidé de la laissée derrière au bon soin du capitaine Red. Offrant par la même à Alfred un travail stable.
Le fait est que s’il est vraiment de retour, lui ne sera d’aucune utilité pour secourir la dragonne. Et même si ce n’est pas lui, car maintenant Alfred peut voir la silhouette de l’homme qui s’avance vers la chef du cadran central et ce n’est pas lui, il semble clairement plus prudent d’avertir sa concurrente de la journée.

Pulupulupulup…
Allo, Mia, c’est Alfred.
N’avions nous pas dit que nous prendrions contact qu’en cas d’extrême urgence ?
C’est le cas. Et je pense que vu la tournure que prenne les choses ici, il est préférable de considérer que nous avons tous perdu. Y compris les maitres.
… Alfred, que ce passe-t-il ?

Ce qu’il se passe ? Là, devant ces yeux, alors que Dame Izya redevenue ange vient de murmurer un nom, l’homme blond qui semble l’avoir totalement envoutée l’embrasse sans être repoussé.

Il vaut mieux que vous ne sachiez pas.

Et sans attendre de réponse de la par de Mia, Alfred raccroche l’escargophone et observe attentivement sa maitresse. L’homme l’enlace et comme Alfred pouvait le prévoir au vu du passé de la Reine Céleste, sa peur reprend le dessus et son corps change de forme pour revêtir son armure d’écaille. L’importun n’étant pas Tahar Tahgel, Alfred à peut être une chance d’être utile, alors il n’hésite pas. En moins de deux secondes, il arrive derrière cet homme et lui envoie un violent coup de chaise dans l’arrière de la tête pour le faire lâcher prise ce qui le propulse à terre. Et tandis que l’ange est prise de violent tremblement, Alfred enfonce sa main dans une des poches de sa maitresse et en retire l’escargophone relié à Alina qui assure la régence sur Stymphale.
Avec son aide, il arrive à calmer la Reine pour qu’elle redevienne ange et reprenne ses esprits…


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Peur, malaise, puis vient la lumière. Comme une touche de couleur dans les ténèbres, Alina réussit une fois de plus à me faire sortir de cette transe. Alina et bien sûr Alfred qui tient l'escargophone à la chevelure arc en ciel devant moi.

C'est bon, ça va maintenant, merci.
Non ça va pas ! Qu'est ce qu'il s'est passé Izya ?! Répond !

Ce qu'il s'est passé... Léo. Comment peut il être encore en vie, là, se relevant juste de sa chute devant moi. Là, se massant l'arrière de la tête tandis qu'Alina s'égosille à exiger une réponse et qu'Alfred me regarde, inquiet. Là, fronçant les sourcils en voyant le sang déposé sur sa main après inspection de sa tête. Sa respiration s'accélère d'un coup. Son poing s'arme, s'enflamme. Il vise Alfred. D'un soru j'atterrie entre lui et sa cible, son poing arrêté par ma paume devenue noir de Haki que je retire rapidement une fois le coup encaissé.

Ne le touche pas, Léo.

Mon ton est ferme, autoritaire, royal. Rageur, il dégage son poing sèchement. Pendant quelques secondes nous nous regardons en chiens de faïence. Puis je brise le silence.

Tu ne peux pas débarquer du jour au lendemain comme ci ces six ans n'avaient pas existé ! Où... Comment ?!

Son index se pose doucement sur ma bouche pour m'inciter au silence. Sa colère a totalement disparu pour laisser place à un regard doux et bienveillant. Lentement, sa main se déplace et vient tendrement caresser ma joue.

Tu as raison. Nous devons parler.

Puis il jette un regard en arrière vers la main d'Alfred où s'agite toujours le petit escargophone ailée aux milles couleurs. Je me retourne à mon tour et m'approche de la petite créature qui me relie à Alina.

Désolé Alina, mais cette fois, c'est une affaire que je dois gérer seule.

Puis je raccroche sans lui laisser le temps de répondre avant de me tourner vers Alfred dont le regard, bien que toujours un peu inquiet, reste professionnel en toute circonstance.

Peux-tu faire évacuer la salle ? Et après surveiller que personne n'entre.
Êtes vous sûre Madame ?

Il me tend l'escargophone que je ne quitte jamais pour que je récupère. Gentiment, je repousse sa main, refusant de reprendre mon bien qui se met à sonner.

Oui. Il se peut que j'en ai pour un moment ici. Je compte sur toi Alfred. Veille bien à ce que personne, surtout pas lui, n'entre. C'est important.
Bien... Madame...

Je crois bien que c'est la première fois que je vois Alfred être aussi réticent à m'obéir. Et pourtant il le fait. J'espère juste qu'il sera de taille à retenir Reyson si celui ci venait à avoir envie de me retrouver...

Rapidement, je me retrouve seule dans ce restaurant aux allures de grand large avec l'homme que j'ai aimé pendant de nombreuses années. L'homme que je croyais mort et qui pourtant, aujourd'hui, est là, devant moi. Silencieusement, nous nous asseyons à une table propre. Des millions de questions tournent en boucle dans ma tête, et pourtant, je n'arrive pas à les articuler. N'osant même regarder mon interlocuteur. Et plus je réfléchis, plus la colère prend le pas sur mes autres émotions. Comme s'il le sentait, Léo se penche sur la table et tend son bras jusqu'à me relever le menton.

Hé, Izya. C'est bon maintenant, je suis là et je te dirai tout ce que tu voudras savoir. Mais avant ça, tu veux boire un coup ? Si je me souviens bien, ton cocktail préféré c'était le cocochocopops, non ?

Il me sourit en me faisant un clin d'œil auquel je ne peux m'empêcher de répondre par un petit rire tout en hochant la tête pour approuver.
En tout cas, il n'y a pas de doute sur son identité, c'est bien le Léo que je connais bien qu'il ait l'air un peu plus violent au vu de sa réaction face à Alfred. Mais le voir là devant moi me replonge dans cette période de notre vie où nous étions libre de faire ce que nous voulions en ne nous souciant que de ce que nos parents tenteraient pour nous punir dans l'optique où nous nous faisions prendre.

Je le regarde sauter par dessus le comptoir et commencer à fouiller pour trouver les ingrédients de ce cocktail qu'il a lui même inventé pour moi.

En tout cas, c'est impressionnant l'autorité que tu as gagné durant ces années.

C'est sûr que comparée à ma position sur Scarlet Town, mon statut de jeune démone bizarre et insupportable a bien changé.
Accoudée à la table, le menton dans ma paume, je regarde l'homme que je connaissais si bien faire le malin avec les cocktails, les faisant sauter dans les airs et autres figures de ce style.

Et oui, que veux tu... Je suis reine maintenant.
Reine ? Vraiment ? Quelle peuple serait assez fou pour faire de toi sa reine ?
Oh, des anges timbrés qui m'ont enfermée et torturée pendant des mois... Enfin, c'est une longue histoire pas très glorieuse. Sauf à la fin, où je deviens reine. Ah et y'a les anges scientifiques aussi. Mais ça c'était plus facile...

J'ai parlé sans vraiment le regarder, et maintenant il est là, nez à nez avec moi. Doucement, il pose mon verre sur la table avant de plonger ses yeux dans les miens.

Oh Izya... Je suis tellement désolé. J'aurai dû être avec toi à chacun de ces instants. Me pardonneras tu un jour mon absence ?

Ce ton, cette voix, cette proximité... Cette réalité. Il n'était pas là et à raison puisqu'il était mort. Mais le voilà, devant moi. Le voilà qui me parle, me touche, me fait rire, sourire... et pleurer... Une larme roule sur ma joue. Une larme qu'il essuie de son pouce avant d'avancer ses bras vers moi pour m'étreindre une fois de plus. Mais, ne voulant pas retomber dans mes angoisses, je recule d'un coup sec raclant le sol avec ma chaise pour m'éloigner de lui. Puis je me lève et le regarde presque menaçante.

Ne le fais plus ! Je te l'ai dit : j'ai passé des mois à être torturée, des mois que je ne peux oublier. Ils m'ont marquée au plus profond de mon être. Alors n'essaye plus !
D'accord ! D'accord. Pardonne moi Izya, je ne savais pas. Excuse moi.
Bien sûr que tu ne savais pas ! Tu n'étais pas là Léo ! Tu étais mort !

Peu importe les beaux sourires, les beaux souvenirs, les faits restent les mêmes. Tel un volcan entrant en éruption, ma colère gronde et sort enfin de mon corps.

Mort ! Tué en mer ! Englouti par un monstre marin, devant mes yeux ! Sais-tu combien de temps je t'ai pleuré ? Combien de temps j'ai espéré que tu reviennes, que tu me dises que finalement tu avais survécu ?! Plus de quatre ans ! J'ai dépéri une année entière par ta faute, fermé mon cœur pendant plus de quatre ans ! Et finalement, il y a un peu moins de deux ans, j'ai fini par le rouvrir, j'ai voulu de nouveau m'ouvrir à la vie ! Mais alors même que j'ai pris cette décision il y a eu ces maudits anges et leur demande à la noix ! Et maintenant, alors que je me remets à peine, alors que péniblement je tente de construire par dessus ces plaies, toi tu débarques comme une fleur sortant de nul part !
Tu aurais pu me retrouver cent fois ces six dernières années Léo, mais non ! Ce n'est que maintenant que ma vie a enfin trouvé une certaine stabilité que tu te montres. Pourquoi ?!
Où étais tu Léo ?!


Mon corps s'est recouvert d'écailles aux pointes acérés. Mes griffes se sont refermées sur le bois de la table et y ont laissé une marque indélébile. Mon souffle s'est accéléré et ne ralenti pas. Depuis que je sais qui il est, cette colère s'est stockée en moi et n'a cessé de s'amplifier.

Quant à Léo, il me regarde sans sourciller. Sans doute s'attendait-il a ce genre de réaction venant de ma part, le contraire aurait même été étonnant. Son air malicieux a disparu, tout comme sa compassion quant à ce qu'y m'est arrivé qu'il ne s'imagine sans doute pas. Ce moment, il a dû le préparer le jour même où il a décidé de me revenir. Alors, lentement, il me montre la chaise.

Mon histoire est longue alors mieux vaut il que tu asseyes.
Tu te souviens du jour où je suis parti ?

Le jour où tu as décidé de m'abandonner soit disant pour devenir plus fort en parcourant le monde afin de soit disant pouvoir toujours me protéger ? C'est de ce jour là que tu parles ? Ce jour où j'ai vu le navire où tu étais se faire couler par un énorme serpent de mer et où mon cœur s'est déchiré ? Oui, je m'en souviens, Léo. Viens en aux faits !

Et paf, une nouvelle marque de griffe. Décidément, mon humeur est de mauvaise augure pour cette table.

Je t'ai fait une promesse ce jour là. Et si tu le veux toujours, je serai ravi de tenir mes engagements comme j'aurai dû le faire il y a des années.

En un instant mes écailles disparaissent et laissent place à un teint blême. Comment peut-il me parler de ça maintenant avec tout ce que je viens de dire.

Ce... Ce n'est pas le moment de parler de ça ! Réponds plutôt à mes questions !
Bien sûr... Mais lorsque je l'aurai fait, accepteras-tu d'y réfléchir ? Je ne te demande pas de me dire "oui", juste d'y penser... S'il te plait Izya.

Il attrape ma main et me regarde les yeux remplis d'espoir. Je détourne le regard, fixant plutôt sa main tenant la mienne. Cette demande, c'est ce que j'ai toujours voulu de lui et ce depuis que je suis gamine. Je l'ai tant attendue lorsque nous étions ensemble, tant rêvée lorsque je le croyais mort. Et maintenant le voilà, devant moi. Le voilà, six ans plus tard. Six ans trop tard.

J'ai changé Léo, sans doute plus que tu ne l'imagines.
J'ai changé aussi, et pourtant mes sentiments sont toujours là, tout comme les tiens. Ne nie pas, tu ne serais pas là sinon. Cette promesse, c'est ce qui m'a maintenu en vie toutes ces années. Izya. Je n'ai pensé qu'à toi ! Alors s'il te plait, promets moi d'y réfléchir.

J'ai l'impression que mon cœur se déchire. J'ai tellement envie de croire à ses paroles, de croire à ce rêve que je m'étais forcée d'oublier pour avancer... Mais d'un autre côté j'ai avancé. Et je ne peux balayé d'un revers de manche six ans que j'ai vécu.
Mais cela n'engage à rien que d'y penser, non ?

C'est bon Léo, j'y penserai. Maintenant raconte moi ce qui t'es arrivé.

J'arrache ma main de la sienne et la colle à mon verre pour qu'il ne m'amadoue pas une fois de plus. Je note curieusement que le verre n'est pas glacé comme la majorité des cocktails servi dans les bars. A température ambiante. Il s'est souvenu de mon aversion pour le froid. Un nouveau détail qui me force de plus en plus à penser que tout ce qu'il me dit est bien vrai...

Merci Izya. Merci.

Prenant une grande inspiration, puis soufflant et buvant une gorgée, il me parait évident qu'il cherche ses mots. Bien que j'en ai envie, je ne le presse pas et attends patiemment qu'il se lance dans son récit.

Le jour de l'accident, il y a plus de six ans, alors que je tentais vainement de m'éloigner de la bête, un second navire est arrivé, plus petit, et m'a repêché avec une dizaine d'autre types. A ce moment là, nous étions tous choqués et complètement perdus, tellement que jusqu'à la nuit tombée, nous n'osions prononcer le moindre mot. Nous ne savions pas quels étaient le genre de personnes qui nous avaient sauvés, et nous avions peur de le découvrir. Il s'est avéré que c'était des marchands, mais pas le genre à transporter de la marchandise bien légale... Le soir même, nous avons revu la bête qui nous avait coulé. Je me souviendrai toujours de son long cou, de ses dents aiguisé comme des rasoirs et de ces deux yeux renfermant le mal incarné... Et cette bête n'était rien d'autre que le toutou du capitaine Lotte. Un sale homme poisson incapable de dire une phrase sans baver toute l'écume de sa bouche. Infecte. Je pense que tu ne l'aurais vraiment pas aimé... Bref. Il nous à tous vendu sur Tequila Wolf où pendant des mois nous avons dû travailler comme des fous pour se maintenir en vie sous des tempêtes de neiges qui ne s'arrêtaient jamais. Là bas, beaucoup meurent sous le point du travail, où simplement de froid sans pour autant y être extrêmement sensible. ça a été le cas de cinq des types qui sont arrivés avec moi. J'étais assez frêle à l'époque, alors beaucoup pensaient que je ne tiendrai pas. Mais ton image, celle de l'ange flamboyante m'attendant à l'autre bout du monde, m'a fait tenir bon.
Bah voyons...
Tu ne me crois peut être pas, mais c'est la vérité Izya.
La vérité, oui, bien sûr. Et la vérité ne t'aurais surement pas donné l'idée d'envoyé une lettre, hein ?
Si tu savais le nombre de bouteille qu'il doit y avoir coincées dans la glace de North Blue avec ces lettres...
Hm...

Mon esprit est embrouillé. D'un côté j'aimerai le croire... Il n'y a même aucune raison pour que je doute de lui. Et pourtant, je doute.

Je continue ?

Silencieuse, j'hoche simplement la tête.

Après plus d'un an sur Tequila Wolf, des révolutionnaires sont arrivés et on réussit à me libérer moi et une demi douzaine d'autres types. J'avais beau être libre, je n'avais rien pour revenir chez nous. Pas un sou, pas même une carte ou une boussole. Alors j'ai suivi la foule et j'ai atterri dans leur camps avec l'espoir qu'il puisse m'aider encore un peu. Sauf que le chef de la troupe révolutionnaire avait d'autres idées en tête que de nous relâcher dans la nature. Il voulait grossir sa petite troupe avec les anciens esclaves pour en libéré de nouveau, pour grossir ses rangs, et en libérés d'autres ! Et ainsi de suite. Mais bien évidemment, dans les attaques que l'on menait, il y avait des morts. Et les libérés remplaçaient tout juste ces pertes. Au final, après un mois d'entrainement à l'art de l'épée, j'ai été envoyé dans l'une de ces "rafles". J'ai vu des hommes mourir une fois de plus sous mes yeux et j'ai compris que si je voulais vivre, je devais partir coûte que coûte. Sans réfléchir, j'ai plongé dans les eaux gelés de North Blue et j'ai nagé à en perdre haleine. Mais il faut croire que malgré notre entrainement intensif, je n'étais pas encore prêt à nager d'île en île, surtout sans boussole. Je ne sais pas vraiment combien de temps j'ai nagé cette fois là mais j'ai fini par dérivé quelque part ou un mec qui n'a jamais voulu me dire son nom m'a sauvé.

Mon esprit c'était affaiblit par ce que je venais de vivre. Tout ce dont je me souvenais c'était d'une chevelure rouge et des ailes blanches. Je savais que je devais partir, mais je ne savais plus où, alors l'homme m'incita à rester. Il m'incita aussi à apprendre à me battre, puis à contrôler le feu de mon corps. Ce n'est que lorsque je réussis à produire mes premières flammes que ma mémoire me revint. J'ai directement voulu partir pour te retrouver, mais l'homme ne l'entendait pas ainsi. Selon lui, il m'avait sauvé et pour ça, je devais travailler pour lui en compensation. Il estima cette dette à trois ans de service. Et comme je lui avait fait perdre de précieux mois en m'hébergeant et m’entraînant, je lui devais une autre année. Bien qu'homme d'honneur je ne comptais clairement pas rester quatre ans de plus loin de toi, mais j'ai eu beau tenter de m'enfuir, l'homme me rattrapait toujours.

Et toujours pas de lettre.
Non, il les déchirait sans cesse. Au début, je ne comprenais pas pourquoi. Et il a fini par m'expliquer que tant que je bosserai pour lui je devais "ne pas exister pour le reste du monde".
Forcement...

Il me regarde avec un air attendri. Comme s'il avait attendu cet instant toute sa vie l'instant de me retrouver moi, tel que je suis. Avec mon caractère de merde, mes soupçons à la con et ma moue boudeuse.

Quoi ?!
Tu me dis que tu as changé mais pas tant que ça, finalement.
Pfff...

Je détourne le regard, presque exaspérée par cette familiarité qui ne peut m'empêcher de me faire sourire intérieurement. Léo gardant le silence, je finis par revenir à lui.

Bah allez, continus.
L'homme étant plus fort que moi, j'ai fini par me soumettre dans l'optique d'en finir au plus vite. Et il se trouve qu'en travaillant pour lui, je me suis rendu compte que je travaillais surtout pour les gens opprimés. Lentement, il me fit prendre conscience de l'état de ce monde, de la violence et de la tyrannie du Gouvernement Mondial, mais surtout de l'injustice et des fausses lois pour la protection du peuple. Sans même m'en rendre compte, je devenais petit à petit révolutionnaire. D'autant plus que la première personne que je voulais protéger était différente... Sous sa tutelle, il m'inculqua une chose très importante : "un bon révo n'existe pas". C'est pour cette unique raison qu'il ne me donna jamais son nom et qu'il m'interdisait de t'écrire. Aux yeux du gouvernement, il n'existait pas, et je devais en faire autant.

Après un an, il finit par me présenter à de plus grosses ponte de la révolution qui avait besoin d'une recrue capable de s'infiltrer n'importe où. Je suis donc parti en mission plus de deux ans, n'ayant aucun droit de contact avec le monde extérieur hormis le type à qui je devais donner les infos que je choppais.

Après ça, je fus envoyé sur les Blues pour gérer des affaires plus mineurs. Et alors que j'étais en chemin pour Scarlet Town, ta prime était dans les journaux... 30 Millions si je me souviens bien...J'ai appris pour ta fuite d'Impel Down, et pour Armada. Tu sais, je suis déjà venu ici. Mais tu n'y étais pas. Je t'ai attendu, longtemps, plusieurs mois, mais tu n'es jamais arrivée. Là aussi j'aurai pu te laisser une lettre. Mais après toutes ces années, j'ai jugé qu'il ne serait pas juste de t'informer par ce biais. D'autant plus que cela aurait facilement pu briser ma couverture.

Ta couverture ?
"Un bon révo n'existe pas." Sauf pour toi, Léo est mort en 1620. Moi, je suis tout le monde et personne à la fois.
Tu dis ça mais jusqu'à y'a une heure, Léo était aussi mort pour moi en 1620...
Et qu'en est-il maintenant ?

Maintenant ? Maintenant je me rends compte que mes doutes sont là uniquement parce que moi, je ne l'ai plus cherché. Moi, j'ai pris la décision de l'oublier pour me permettre d'ouvrir une nouvelle page de ma vie. Il s'est passé tant de chose depuis que nous nous sommes quittés. Mon fruit, Tahar, Red, ma mère, les anges... Et Reyson. Tant de choses qui m'ont changée. J'ai l'impression qu'un mur immense s'est maintenant dressé entre Léo et moi. Un mur que j'ai moi même construit. Parfois avec maladresse, parfois avec minutie. Le fait est que je ne peux l'ignorer. Mais je ne peux encore moins ignorer ce qui ce cache de l'autre côté.

Maintenant ? Je ne sais pas...

Je me remplie sur moi même. Les jambes dans les bras, le menton sur les genoux, le regard dans le vide. Perdue dans mes pensées je réfléchie à une solution qui n'existe pas. Quelques secondes passent qui me paraissent des heures.

Veux-tu que je continue ?

Sortant de ma transe infernale, je me reprends une posture normale.

Non c'est bon, je suppose que la suite peut se résumer en "tu m'as cherché et te voilà".
Oui.

Attrapant mon verre, j'en bois finalement une gorgée et me fais surprendre par cette saveur que je n'avais pas dégustée depuis plus de six ans. En face de moi, l'expression de Léo s'assombrit soudain.

Je dois te parler d'autre chose, Izya...
Quoi donc ?
Sachant que je me rendais sur Armada, la révolution m'a confié de te transmettre toutes ses condoléances... pour ton père...
Ah, c'est bien aimable à eux...
Elle s'excuse de ne pas avoir pu le sauver.

Qu'est ce qu'il me raconte ? Pourquoi la révolution voudrait sauver celui qui les a tant massacré par le passé ?

Euh... Je m'attendais pas à ce qu'il essaye ?

Pour la première fois depuis que nous nous sommes retrouver, Léo a l'air déstabilisé.

Tu étais au courant ?
Tu sais, je l'ai su avant tout le monde. Il est mort peu de temps après que je sois devenue reine. J'ai eu le temps de me faire une raison...

Ma réponse surprend Léo.

Quand es-tu devenue Reine ?
Juste avant le nouvel an, pourquoi ?
Ton père est mort trois mois après ton évasion d'Impel Down.

Cette fois c'est moi qui suis surprise.

Hein ?! Mais c'est impossible ! Il m'a libéré sur Stymphale ! S'il était mort avant il n'aurait pas pu ! Qu'est que ce tu racontes, Léo ?

Et cette fois, le visage de Léo laisse voir qu'il a compris le problème.

Izya... Depuis quand ne lis-tu plus les journaux ?
Depuis que je sais que Tahar est mort, j'ai préféré ne pas savoir comment c'était arrivé. Mais Alfred me fait part des nouvelles à savoir. Pourquoi cette question ?
Et puis quel rapport avec le reste ?


Soufflant profondément, Léo a l'air plus que mal à l'aise mais je peux aussi déceler une pointe de déception dans ses yeux. Résigné, il finit par se rapproché de moi pour me faire face tout en me tenant la main. Et puis il se lance.

Izya... Ton père, Tahar Tahgel, n'est pas mort.
Quoi ? Tu dis n'imp.
Selon les journaux, il se serait fait capturer par un dragon céleste et ôter les pouvoirs de son logia. Mais il a finit par fuir en tuant au passage le fameux Dragon Celeste avant de se faire retrouver par l'Amiral Thunderbird qui l'aurait jeter du haut de Redline, le laissant pour mort.
C'est Imp.
Et maintenant, il serait au service de l'empereur Ravrak, dans le nouveau monde.

Mon teint devient blême. Tahar ? Vivant ? Encore ? Mon cœur ne sait pas s'il doit battre à tout va où s'arrêter. Que penser ? Que croire ?
Tahar est vivant... Tahar est mort.

Mon père est mort.

Les mots de Léo me reviennent. Avec un sens nouveau. Un sens que jamais je n'aurai envisagé, imaginé. Sombre, je baisse les yeux. Ma respiration est faible, lente. Je me sens à la fois à deux doigts de défaillir et de démolir le monde.

Tu mens.
Izya, ce n'est pas ton géniteur qui est mort. Mais ton père.
Tu mens.
Celui qui t'as élevée, choyée, aimée. Qui t'as appris son art.
Tu mens.
Lorsque tu as eu ta première prime, il s'est inquiété pour toi.
Non.
Mais quand il a su que tu étais à Impel, que tu t'étais enfuit, il est parti de notre île.
C'est faux.
Il est allé trouver des contacts qu'il avait dans la révolution et les a supplié de te retrouver pour te mettre en lieu sûr.
Tu mens.
Devant l'annonce de ta parenté avec Tahar Tahgel, ils ont refusé net, assurant à Gérald que tu te débrouillerais.
Arrête.
Que tu avais d'autres amis pour te protéger.
Tais toi !
Il ne les a pas écouté.
Tais toi !
Il est allé demander de l'aide ailleurs...
Arrête !
Le Gouvernement Mondial l'a tué, Izya.

NOOOON !

Un cri de rage, de peur, de souffrance et de rejet. Un cri au pouvoir de changer le monde traversant l'espace qui m'entoure. Frappant ceux qu'il peut frapper. Léo s'affale, Alfred, derrière la porte du bar, aussi, tout comme bon nombre de personne non loin de ce lieu.
Me laissant seule.
Seule avec le silence.
Seule avec cette réalité.


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Dernière édition par Izya le Mer 1 Juin 2016 - 10:55, édité 1 fois
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Après trois valses plus ou moins maladroites de ma part, quoique n’ayant marché que deux fois sur les pieds de mes partenaires, on pourrait considérer cela comme une réussite, Izya commençait à se faire attendre. Je patientais malgré tout quelques secondes supplémentaires avant de rechercher Mia dans la salle, le temps que le tournis des nombreuses rondes de la valse se dissipe.

« Ne t’avais-je pas demandé de poster des hommes dans chaque taverne entre ici et sa demeure pour qu’ils la guident jusqu’à moi ? »
« Il semblerait qu’il y ait eu un… contretemps. »
« De quel genre ? »
« De genre inconnu. »

Alors comment pouvait-elle savoir qu’il y avait eu un souci, sans connaître le souci même ? A moins qu’elle ne voulait pas me le dire ? Pff, pari stupide. Me voilà à me ridiculiser en dansant, à m’être vêtu correctement pour une dame ne venant pas, à faire tous ces efforts inutilement, une fois de plus. J’ôtais alors mon masque, signe de mon départ imminent, et Mia me suivit de près, comme soucieuse de ce qui pourrait bien se passer.  

D’après ses estimations, elle aurait dû arriver il y a cinq bonnes minutes déjà. Elle devait se trouver dans le troisième ou quatrième bar sur le chemin, selon elle. Mais je n’avais pas l’esprit à lui demander d’où lui venait sa clairvoyance. J’avais demandé à Izya plus d’attention de sa part. J’avais demandé à ce qu’elle délaisse un peu son côté dragon et reine pour être plus femme. Ma femme ? Si elle s’est arrêtée devant la vitrine d’un chocolatier, je brûlerais cette boutique. Si elle s’est adonnée à des banalités avec quelques anges, je leurs arracherais les ailes.

Après tout ce temps suite à la bataille, nous devions nous réjouir d’être tous les deux encore en vie, et ensemble. Mais quand je venais réclamer un instant à ses côtés, elle me repoussait, une fois de plus. Pourtant, elle ne pourrait se cacher derrière l’excuse de ses innommables tortures. Je ne l’ai même pas touchée ! Je n’ai jamais vraiment pu la toucher au final. Son cœur, l’ai-je au moins effleuré ?

C’était le quatrième bar finalement. Les hommes, au lieu de se trouver à l’intérieur, tendaient l’oreille aux fenêtres tout autour du bâtiment. Mais surtout, Alfred montait la garde à l’entrée. Que faisait-il là lui ? Etait-il lui aussi dans le coup ? Mon pas s’accéléra subitement. La réponse se trouvait juste derrière lui. Mais il se mit en travers de ma route.

« Que caches-tu derrière cette porte, Alfred ? »
« Rien ne vous concernant, Monsieur. »

Je posais ma main sur son épaule pour lui intimer de me laisser passer, mais il la dégagea d’un geste nonchalant.

« J’obéis aux désirs de ma Dame. »

Oh, c’est donc elle qui ne souhaite pas me voir ? Mes dents se crispèrent un instant. Etait-ce vraiment là ce qu’elle désirait ?

« Très bien, répondis-je avec une retenue palpable. Si ce sont ses désirs, tu pourras lui annoncer qu’elle n’aura plus à me voir, jamais. »

J’allais faire demi-tour quand les chuchotements des espions se firent un peu trop forts.

« Quelqu’un le connaît ? »
« Non mais il l’a embrassée, et elle ne l’a même pas repoussé. Ce doit être son amant ? »
« Ils n’étaient pas obligés de nous chasser. Ils ont un hôtel entier pour ça… »

Mon cœur manqua un battement. Avais-je bien entendu ? Alfred demeurait impassible, bien que je crus voir une goutte de suer perler sur son front. Me repousser ne lui suffisait donc pas ? Qui pouvait bien être cet homme ? Si c’était un de ces anges, je… Mais pourquoi ? Pourquoi ne m’avait-elle rien dit ?

Je n’avais plus de foyer. Le gouvernement mondial me l’avait pris. J’en ai eu un nouveau auprès des Saigneurs, repris encore une fois par la même instance. Pis encore, ils sont allés jusqu’à abattre mon capitaine, Tahar Tahgel. Il me restait Curtis, mais il se trouve je ne sais où dans le nouveau monde. Etait-il seulement en vie ? Armada, je ne suis là que parce que j’ai suivi la foule. Dans ma prison de glace sous les eaux, c’était Izya qui avait ouvert la porte. C’était elle qui m’avait tiré de ma cage hivernale. C’était le premier visage bienveillant qui m’était apparu dans l’enfer sans fin.

Aussi torturée que moi, elle pouvait me comprendre, comme je pouvais la comprendre. Elle supportait mes cauchemars, comme j’acceptais les siens. Je croyais qu’on avait fini par s’accommoder l’un à l’autre. Je pensais qu’elle était celle qui me redonnait goût à la vie. Je pensais qu’en lui donnant mon cœur, elle m’offrirait le sien en retour… Mais je n’étais au final qu’un pion sur l’échiquier de la reine. Un soldat utile pour ses batailles, mais que la reine n’estima pas utile de lui informer du choix d’un nouveau roi. Son roi…

J’inspirais profondément, me rendant compte que j’avais arrêté de respirer quelques instants, comme ne voulant pas croire à la réalité. Sans doute était-ce un cauchemar d’un nouveau genre ? Cela ne pouvait tout de même pas être vrai. Mes jambes tremblèrent comme si mon monde se dérobait sous mes pieds. Mes bras frémirent, mais je ne savais pas encore vers qui je voulais les diriger. Izya pour m’avoir trahi ? Son abominable amant ? Alfred parce qu’il était le plus près ? Moi pour ma naïveté ?

C’est alors que je pense l’avoir perdu, qu’au final je sais à quel point elle importe pour moi. Que je m’avoue enfin… l’aimer ? Sauf que l’on ne peut vivre sans cœur. Si elle a le mien, je l’enfermerais dans une cage pour la garder près de moi, car je ne pourrais vivre sans ça, sans elle. Elle a des ailes, et les oiseaux sont destinés à vivre derrière des barreaux. Ca n’était que le juste retour du sort, n’est-ce pas ?

Je fis un pas en avant, mais Alfred s’interposa une nouvelle fois. Alors il la défendait ? Il était d’accord avec ça ? Ma main droite se déplaça lentement vers le pommeau de ma lame, interrogeant une dernière fois le majordome du regard. Izya m’appartenait, comme je lui appartenais. Si elle ne voulait plus me voir, qu’elle ose au moins me le dire en face. Qu’elle me plante ce poignard elle-même, et non par la bouche de quelqu’un d’autre. Je lui avais promis une valse non ? L’ultime danse. Je sentais d’ailleurs le rythme, celui d’un tambour antique, battre dans tout mon être. Je n’entendais plus que ça, mes battements meurtris par cette trahison, et tout autour devenait sombre. Mes bras eux-mêmes devenaient noirs. Tout mon corps. Si ma lumière m’était ôtée, il ne resterait alors plus que les ténèbres.

Mia vint auprès d’Alfred pour l’inciter à me laisser passer, lui murmurant qu’elle ne m’avait encore jamais vu dans cet état, et que mort il ne pourrait plus servir efficacement la reine dragonne. Reine dragonne… C’était ainsi qu’on l’appelait. Le terme de femme n’apparaissait pas. Que j’étais sot de me bercer d’illusions…

Subitement, plus rien ne se dressait sur ma route. Je sentis bien une légère sensation désagréable, comme de la nausée et un vertige familier, mais il fut vite éclipsé par mon seul objectif. Mon poing noir abattit la porte comme si c’était un vulgaire cure-dent. Il y avait eu un mot, comme un chuchotement dans mon esprit divaguant. Un souvenir lointain, une voix familière. Izya se trouvait là, assise à une table. Lentement, presque hésitant encore, je m’avançais vers elle. Ce ne fut qu’à sa hauteur que je pus voir l’homme affalé de l’autre côté. Je jetais un regard à la voleuse de cœur. C’était pour lui qu’elle m’avait délaissé ? Un simple blondin ? J’eus alors envie de lui rendre son poignard, mais je remarquais alors une larme couler sur sa joue. Elle était triste. Elle semblait désespérée. Ma main noire leva son menton afin de la voir dans les yeux, délicatement. Un autre poignard. Il avait osé lui faire du mal ? En attaquant son cœur, c’est le mien qu’il atteignait, indirectement. Sans doute un reste de cet amour refoulé par la noirceur, mais je me dirigeais alors vers l’homme allongé au sol. D’une main, j’agrippais son col afin de le redresser un peu. Je jetais un dernier regard à cette larme qui abandonna son menton. Au moment où elle alla choir sur la table, mes phalanges armées de ténèbres foncèrent pour fracasser le crâne de l’opportun.

Personne ne touche à mon ange, à mon petit oiseau en cage. Cette même cage dans laquelle je l’avais laissée m’enfermer avec elle.
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"Ton père est mort Izya".

Cette phrase résonne en boucle dans ma tête. Géralt Sélindé est mort. Mort en tentant de "sauver" sa fille unique. Moi.
Impossible, je n'y crois pas.

Depuis que j'ai quitté mon foyer, je ne me suis jamais vraiment poser de questions sur leurs bien être, à Géralt et Malia, à mon père et ma mère. C'était tellement évident qu'ils vivaient leur petite vie tranquille sur cette île tranquille où jamais rien d'important ne se passe. Alors pourquoi me serai-je inquiétée ?

Pourquoi Reyson est noir ?

...

La devant moi, Reyson est devenu noir. Et ce noir, je le connais bien. C'est le noir ténébreux du haki de l'armement. Il a fini par le faire s'exprimer. Et pour quoi ? Le voilà qui se penche et ramasse par le col un Léo qui commence à peine à rouvrir les yeux.
Reyson et Léo, en face à face. Non. Je n'étais pas prête pour une telle chose. Pourquoi a-t-il fallu qu'il vienne maintenant ?!
Mais je n'ai pas le temps de réfléchir car Reyson arme déjà son poing.

D'un Soru, je me jette entre les deux hommes, devenue noire moi aussi, avec de grosses écailles en plus. Son poing vient s'enfouir dans mon dos blindé. Malgré ma carapace, malgré l'armure noire, je peux sentir la rage, la haine mais aussi la douleur de Reyson. Je le ressens comme étant transpercée par cette nuée de sentiments. Mais alors que j'encaisse encore tout le poids de ces émotions, toute la complexité de cette situation ainsi que toute l'horreur des dernières révélations, Léo me regarde avec tendresse.

Tu n'étais pas obligée de.
Si ! Si je l'étais !

Là maintenant, je n'ai qu'une envie : rentrer cher moi et pleurer la mort de mon père en oubliant tout le reste. Mais là, tout de suite, je ne peux pas. Car un démon déchaîné est près à tout démolir. Alors j'inspire à fond, ravalant mon déchirement pour le moment. Je redeviens ange pour tenter d'apaiser ce monstre de rage.

Reyson, si tu veux frapper quelqu'un, c'est moi que tu dois viser.
Izya ! Non !
Toi ne t'en mêles pas, tu vas juste envenimer les choses ! Bref, Rey.
N'essaye pas de me protéger.

Je fais volte face vers Léo, furieuse d'entendre qu'il pense cela. Mais avant même que je puisse rétorquer, une autre voix s'élève.

C'est donc là que se porte ton choix ? ... Vers celui qui t'embrasse et te dévaste ensuite ? Écarte toi Izya.

Mon choix. A l'instant même où j'ai compris qui était cette homme blond qui me regardait si intensément tout à l'heure, j'ai su que j'y serais confronté. Mais que choisir ? Reyson ? Au moins, je sais qui il est à cet instant. Un pirate libre. Un pirate amoureux. Je serai très surement heureuse avec lui, d'autant qu'il m'accepte tel que je suis avec mon traumatisme qui me rend moins affective que de nombreuses femmes qu'il pourrait se trouver. Et puis je le connais, je sais à quoi m'attendre de lui bien qu'il soit souvent surprenant. J'ai confiance.
Mais à côté de ça, il y a Léo. Léo... Si je devais me contenter d'un homme dans ma vie, ce serait lui. Depuis le premier regard je l'ai aimé, et nous avons tant partagé ensemble. Mais c'était il y a six ans, et bien que son histoire tienne la route, bien que mes sentiments refassent surface en sa présence, je ne peux être sur d'aimer l'homme qu'il est devenu et que je ne connais pas. Et quand est-il de lui ? J'ai tellement changé en six ans même s'il ne s'en aperçoit pas encore...

Non. Je ne peux choisir entre les deux. Pas maintenant. Ce n'est pas le moment.

Non ce n'est pas là que ce porte mon choix, Reyson. Pour l'instant, le choix que je fais c'est de ne pas vous regarder vous étriper tous les deux.
Cela dit on pourrait.
NON !

Une fois de plus, je me tourne vers Léo, toujours furieuse, certes, mais cette fois avec les yeux humides. Je connais Reyson et il ne fera certainement pas preuve de pitié. Et je doute clairement que Léo ait le niveau de lui faire face. Le regard qu'il me rend est plein de déception et de désir de faire ses preuves. Ce désir, il l'avait déjà à l'époque où il m'a laissé seule à Scarlet Town. Maudite fierté masculine.

Ton choix, tu l'as fait au moment où tu ne l'as pas repoussé. Tu ne peux avoir deux hommes, et tu n'en auras pas deux. Choisis, ou laisse nous choisir pour toi.

Coupable. Je suis coupable de cette pagaille, je le sais. N'osant le regarder dans les yeux, je regarde le sol à côté de moi, mal à l'aise.

Je sais que je dois choisir Reyson. Je l'ai su au moment même où je l'ai revu. Mais j'en suis incapable Reyson. Pas maintenant.

Mais juste... Mon cœur est si lourd de chagrin à cet instant. Je veux juste en finir... Alors s'il le faut...
Je redresse la tête et ose enfin affronter le regard de cet homme que j'aime et que je risque de perdre.

Si tu tiens absolument à avoir une réponse maintenant, alors je ne choisis personne, Reyson. Je préfère encore rester seule.

Je garde la tête droite bien que je sois à deux doigts de m'effondrer. Rester forte, fière et sûre de moi au moins en apparence.  

Dans ce cas, nous t'obligerons à choisir... Lève toi et prépare toi blondin.
Avec plaisir...

Les deux hommes ôtent leurs vestes pour jouer les gros bras. Puis, déterminés, ils se placent l'un en face de l'autre et commence à rouler des épaules et bander leurs muscles.
Moi, d'humeur sombre, j'attends qu'ils soient sur le point de se foncer dessus pour me placer pile entre les deux. Ma forme change, devenant ainsi une simple femme dragon.

Si vous voulez vous battre, vous devrez d'abord me battre.

Au bord du gouffre, je serre les poings et me concentre pour le combats qui se prépare.

... J'ai une meilleure idée.

Surprise, je regarde Reyson s'avancer vers moi. Le voyant abandonner les armes, une larme s'échappe de mes yeux. Une larme de soulagement. Et pourtant...

D'un geste sûr, il m'attrape, m'enlace, me serre. Il connait ma peur, et pourtant il la déclenche en ayant totalement conscience de ses actes.

Pardon, mais j'ai besoin de savoir.

En ayant conscience que ma peur va resurgir... Me transformant en une créature que la peur à rendue folle.

Encore un jour de plus où Kormor m'enlace, m'étreint pour son seul plaisir charnelle. Et comme un millier de fois auparavant, je tente de le repousser. Me débattant de toutes les forces qu'il me reste, griffant avec le peu d'ongle que j'ai tant il me les ont coupé. Mais cette fois, c'est différent. Cette fois je sens le sang coulé sur mes doigts et Kormor recule, surpris. Avant qu'il ne revienne à l'assaut, je lui saute dessus et lui lacère le ventre dans l'espoir de l'affaiblir suffisamment pour réussir à m'enfuir.
Alors qu'il est au sol, une main m'agrippe le bras. Lyana sans aucun doute... Cette folle est une fois de plus venue voir ce que son salaud de mari me faisait, se délectant du moindre de mes souffrances. Si je peux l'atteindre lui, alors je peux l'atteindre elle ! D'un geste sec et précis, je lui saute à la gorge et lui lacère les entrailles. Elle recule blessée et regarde son mari un instant.
C'est ma chance !
Je regarde autour de moi, repère la sortie et fuit. Je fuis aussi loin que mes pas pourront me porter. Aussi loin possible de ces deux tarés. Ils ne doivent pas me retrouver, jamais. Je dois me cacher, disparaître de ce monde.
M'évanouir dans l'obscurité...


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Je connaissais ses faiblesses, autant qu’elle savait les miennes. Mais à présent qu’elle était devenue ma faille, j’exploitais ses fantômes pour obtenir ce qu’elle ne voulait pas donner. Une réponse. Un signe, un mot, n’importe quoi ! Qu’elle ne puisse choisir était pire encore que si elle l’avait choisi lui. Ca signifiait qu’elle doutait de moi. Qu’elle doutait de nous. A mi-chemin entre l’espoir et le désespoir, la rupture et la construction. La dragonne jouait à un jeu dangereux. Très dangereux.

Alors que je l’enlaçais contre moi, la serrant de toutes mes forces et abandonnant ma couleur noirâtre, je n’avais qu’une seule pensée en tête. Etait-ce la dernière fois que je sentirais le parfum de ses cheveux ? Sans doute ne me pardonnera-t-elle jamais mon acte, quand bien même elle me choisirait sous cette forme. Pourtant, je n’avais pas d’autre choix. Elle ne m’avait pas laissé le choix. Si seulement elle s’était décidée…

Izya devint dragonne dans mes bras, et je m’apprêtais à lui murmurer quelques mots dans l’espoir qu’avec ma voix elle gardera son calme malgré ses cauchemars. En devenant le remède de ses maux, ça prouverait beaucoup de chose. Ca prouverait tout. Mais la seule réponse que j’obtins fut des griffes dessinant de profondes entailles sur mon torse.

Au sol, sous l’emprise de ses assauts fous, je ne prenais même pas la peine de me défendre. Mon corps se vidait de son sang sous les attaques aliénées d’Izya, et pourtant je ne souffrais pas, car mon mal était bien plus grand, plus profond que ces vulgaires blessures. Elle avait planté ses griffes en plein cœur. Ainsi donc, elle choisissait l’homme aux cheveux blonds. Tant pis. Si je mourrais après avoir pu la tenir contre moi, je mourrais heureux. Si c’était de ses mains, le destin avait parlé.

Mais Léo s’interposa, bloquant le bras meurtrier de la dragonne et encaissant un coup à son tour, ce qui permit à la bête folle de prendre son envol, enjambant les corps inertes qu’elle avait royalement assommés sans prendre la moindre considération ne serait-ce que pour son majordome. Lentement, je me redressais, toussant du sang en évaluant la gravité de mes blessures. Je n’étais pas mort, mais si je continuais à perdre autant d’hémoglobine, ça ne saurait sans doute tarder.

« Où crois-tu aller ? »

Léo se dirigeait vers la sortie lui aussi, une main plaquée sur son ventre, là où Izya l’avait attaqué également.

« Elle a besoin de moi », se contenta-t-il de répondre.
« Elle n’a pas choisi. Notre combat tient toujours », dis-je en me relevant péniblement.
« Je viens de lui apprendre la mort de son père, et toi tu veux te battre plutôt que de l’aider ? »
« Son père est mort depuis bien longtemps, et j’irais simplement la retrouver après t’avoir fait disparaître. »
« Tu te trompes de père, tout comme elle, » répondit-il en me tournant le dos une fois de plus, prêt à s’en aller. Mais une lame d’air trancha net le mur comportant l’entrée, et le bois s’entassa pour bloquer l’issue. Quand il se retourna vers moi, je rengainais de nouveau Shusui. Au moins, le message était clair cette fois, et je ne comptais pas salir ma lame avec lui. Lui, il mériterait de tomber sous mes poings. Qu’il ressente ma rancune à travers chacune de mes phalanges.

« C’est vraiment par un type comme toi qu’elle m’a remplacé ? »

Remplacé ? Parce qu’il avait déjà eu droit à elle ? S’il avait été assez stupide pour laisser passer l’occasion, qu’il ne revienne pas maintenant ! Il avait eu son tour, mais la chance avait tournée. Je fis un pas en avant, mais ma vue se troublait et il devait remarquer que je titubais légèrement.

« Tu peux à peine tenir debout, tu ne vaux même pas la peine que je me salisse les mains… »
« Tu pourrais être surpris. »

Léo me lança une chaise, gardant ses distances afin de m’analyser dans un premier temps. Je le repoussais sur le côté d’un revers de main, manquant perdre mon équilibre dans le geste. Je manquais de sang… Il fallait que j’en finisse rapidement.

Une deuxième chaise, plus rapide cette fois. Je bondis latéralement mais ne parvins à me rattraper.

« Pathétique… Tu ne la mérites pas. »

Sans doute ne parviendrais-je pas à le battre dans cet état. Pas loyalement tout du moins. Je me piquais alors de mes doigts, transformant mon corps en diffuseur hormonal, optant pour les plus horribles de mon panel : ceux provoquant de l’ostéoporose. Si le combat tiendrait suffisamment longtemps, ses os deviendrait aussi fragile que du verre, jusqu’à se briser sous son simple poids. Je me redressais avec difficulté alors qu’il se dirigea vers la fenêtre la plus proche, bien décidé à ne pas continuer cette comédie.

« Ne me tourne pas le dos ! »

Une nouvelle vague royal jaillit sur armada. Cette dernière n’était pas assez forte pour assommer Léo, mais assez pour l’ébranler et attirer son attention. La reine Izya avait le haki royal pour compagnon. Finalement, peut-être la méritais-je tout de même ? Mais il effaça ces doutes bien vite.

« Ainsi donc, tu te fous de son sort ? Et bien ça n’est pas mon cas ! Alors laisse-moi la rejoindre et va te faire soigner ! »

Pour toute réponse, je crachais un nouveau filet de sang sur le sol. A présent, je ne discernais plus que ses contours. Mes pensées étaient troubles eux-aussi, mais l’idée principale demeurait suffisamment vivace pour faire se tenir le navire. De nous deux, l’un était de trop dans la vie d’Izya. A présent, Léo lui-même en prenait conscience. S’il voulait la retrouver et être tranquille, il devait se débarrasser de moi.

« Prouve-moi que tu en es plus digne que moi plutôt que de parler. »

Son regard avait changé. Enfin il devenait sérieux. C’était un combat pour une dragonne. Léo prit appui sur le sol si fort que ses pieds laissèrent des marques dans le plancher. Un combat pour une ange. Totalement redressé, j’armais mes poings en lui faisant signe de venir. Un combat entre deux cœurs meurtris qui ne sauraient partager leur âme sœur. Léo s’élança, son corps s’embrasant de mille feux, de toute l’ardeur qu’il aurait voulu montrer à sa dame. Son corps devint noir comme la nuit, et le mien en fit de même en l’imaginant dans ses bras à ma place.

C’était un combat pour Izya.

Les poings s’entrechoquèrent dans un craquement douloureux et audible dans tout le quartier. L’onde de choc ravagea une bonne partie du bâtiment, des zébrures sillonnèrent chacune des planches. Je fus propulsé contre le bar avec fracas, et Léo prit mon ancienne place, courbé sur lui-même. Nous avions tout deux le poignet brisé, si ce n’était plus. A force égal, mais nous ne partions pas de la même situation. Moi figé dans le bois du comptoir, Léo se redressa et cracha sur le sol comme je l'avais fait auparavant.

« Je t’avais prévenu… »

Il fit demi-tour, tenant son poignet de son autre main, ce qui l’empêcha de me voir sourire. Dès qu’il posa son pied au sol, un nouveau craquement se fit entendre et sa jambe se déroba sous lui, le tibia brisé. Ma ruse commençait à faire effet, et après l’appui magistral qu’il avait fait pour m’assaillir, ce résultat n'avait rien d'étonnant.

« Ca n’est pas… fini… »

Et ça ne le sera jamais. Pas tant que l’un de nous deux vivra. Pas tant qu’Izya n’aura pas fait son choix. Mais je n’étais pas prêt à attendre sagement que ce jour arrive. Lui non plus, à présent. Cela aurait été si simple si elle avait choisi. Bien sûr, son état m’inquiétait, mais je savais pertinemment qu’elle retrouverait son calme tôt ou tard. Et ça n’était que folle que l’on pouvait régler tranquillement nos comptes, lui et moi. Je m’affalais en avant, tentant de rassembler ma force pour me redresser, vainement. Lui était à genou, une étincelle de flamme encore dans le regard. J’avançais alors en rampant, prêt à aller jusqu’au bout, laissant sur mon chemin le trait pourpre de mon sang. Léo devint une nouvelle fois noir, paré à m’accueillir comme il se doit. Sauf que plus j’avançais, plus ma technique continuerait à faire effet.  Des flammèches apparurent autour de son poing encore intact tandis que je me hisser le long du plancher jusqu’à lui. S’il me frappait avec ça, il n’était pas certain que je m’en sorte. Par contre, il y perdrait sans doute l’usage de ce bras dans l’effort. Si je ne parvenais pas à le tuer, au moins je le rendrais inapte à quoique ce soit.

Vois Izya, l’effet de ton indécision. Vois ce qui se passe quand tu détiens deux cœurs sans en avoir la place. L'un devra cesser de battre pour que l’autre puisse vivre. Bien que tu sois dragonne et reine, tu demeures une femme, et en tant que telle, tu as des responsabilités. Mais tu leur as tourné le dos ce soir, et tu devras alors vivre avec ces conséquences. Mais sache que quel qu’en soit l’issue, je me souviendrais à jamais du parfum enivrant de tes cheveux.  
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Un peu plus loin, un peu plus tôt.

-Capitaine Red !
-Alfred ?
-C'est affreux ! Vous devez venir tout de suite !
-Hum ?
-C'est Madame ! Et monsieur Reyson, et l'autre !
-L'autre ?
-Un ancien ami de madame je crois. Et un rival pour monsieur Reyson ! Je crois qu'ils l'ont un peu poussés a bout et ils sont en train de se battre ! Il faut à tout prix les arrêter !
-Reyson gagne ?
-Je ne crois pas non. J'ai peur qu'il soit en mauvaise posture !
-Reyson qui se fait damer le pion par un ex ? Je veux voir ça.
-On y va.
-Par contre il faudrait éviter de tuer Léo... Madame ne s'en remettrait pas.
-Léo hein ?


[...]


Effectivement, malgré mes doutes, je dois reconnaître qu'Alfred a vu juste. Reyson est en mauvaise posture. Ce qui remonte vachement la cote de suspicion du copain surgi du passé. Encore un reste du Cipher Pol. Les coïncidences louches ou providentielles, ça n'existe pas...

-Mille Berrys que Reyson se reprend et viande la gueule du blondin.
-Baker ! C'est pas le moment de plaisanter ! Capitaine ?!
-Ouais. ça chie.
-C'est les histoires de cul ça, c'est toujours la merde...


Devant nous les deux épaves jouent le dernier combat. Même pas besoin du mantra pour voir que Reyson joue sa vie, et qu'en face le blondin et sa main enflammée on décidés d'en finir aussi. Bordel. pourquoi Izya est pas foutue de gérer ses deux guignols ? Elle est ou d'ailleurs ?!

Enfin...

Les deux coqs se jettent l'un sur l'autre, grillant leurs dernières forces dans une ultime attaque et je me décide à bouger. D'un soru j'apparais entre les deux hommes. Et abusant sans vergognes de la quasi omniscience que me confère le mantra, j'intercepte leurs deux attaques, les déviants juste assez pour qu'elle ne me touche pas et qu'elles loupent tout aussi complètement l'adversaire.

Et sans leur laisser le temps de comprendre pourquoi ils sont encore debout et qui est le type qui vient de se rajouter dans le bordel, j'utilise ma tête, et je frappe. Pas un coup de boule mais presque, un coup de boule fictif. Juste la puissance brute de ma volonté contre les deux leurs.

Je n'ai jamais trouvé une bonne façon de décrire ce qu'on ressent quand on encaisse une libération du Haki Royal. La meilleure approximation que j'ai trouvé c'est de comparer ça à la sensation qu'on a en se réveillant de la pire gueule de bois du monde. Baker, qui a une âme de poète sous ses airs de gros dur, prétend que c'est exactement comme se faire frapper la tête avec une brique recouverte d'une délicate rondelle de citron...

Les deux gars autour de moi ont surement un avis sur la question, mais il va falloir attendre pour le connaitre. En attendant leurs yeux se révulsent, du sang leur coule du nez et des oreilles, et d'un commun accord, ils s'effondrent tout les deux.

-Bravo capitaine !
-Ouais, joli coup.
-Baker ? Ramène des gars et fais leur emballer ces deux boulets. Garde les pas loin mais les enferme pas dans la même pièce, j'ai pas envie qu'ils se remettent sur la gueule avant qu'on ait remis la main sur Izya. Tu m'appelles quand ils se réveillent. Alfred ?
-Je vais chercher madame ?
-Chercher Izya ? Non. Elle va revenir toute seule. Toi tu me sers un truc à boire et tu m'expliques en détail ce que s'est passé avant ce bordel.
-Tout a commencé ce matin...


[...]


Un peu plus loin, un peu plus tard.


Baker a bien fait les choses comme d'habitude. Peut être un peu trop bien si on considère que Léo est un parfait inconnu alors que Reyson est quand même un pote. Les séparer d'accord, mais attacher les deux ? C'est quand même un tantinet excessif...

-Bon ? Vous êtes calmés ? Question rhétorique, ne répondez pas, pour l'instant c'est moi qui cause. Toi d'abord.

Léo tire vainement sur ses chaines et me fait le regard du type menaçant qui va me buter si je le libère pas tout de suite. Terrifiant.

-Pour mettre les choses au clair tout de suite au cas ou tu aurais vécu en ermite ces dernières années, je suis le capitaine Red. ça veut dire que je suis l'enfoiré le plus coriace et le plus méchant de ce trou. Et que l'unique raison qui fait que tu es encore en vie plutôt qu'en train d’être bouffé par des poissons, c'est que j'ai pas envie que la môme Izya me croise avec ton sang sur les mains.

Cela mis au clair. Il semble que nous ayons un problème.

-Je...
-Ta gueule.
-Merci Reyson. Bon. Comme j'en ai globalement rien à foutre, je ne vais pas critiquer votre méthode de résolution de conflit. Juste pointer une faille évidente que vous avez oubliés en jouant à touche pipi. En imaginant que l'un de vous deux arrive à tuer l'autre, vous croyez vraiment qu'elle va rester comme une potiche avec le type qui aura peut être tué son amant ? Reyson, tu la connais mieux que ça...  
-Moi je...
-Toi ta gueule !
-Heureusement j'ai une solution pour résoudre vos problèmes. Une façon de liquider le gars qui clairement est de trop entre vous deux, sans que l'autre soit mouillé jusqu'aux coudes dans son élimination. Et ce en faisant appel à un arbitre impartial qui saura prendre la décision pour nous...

Dans quelques jours, je vais voguer à la rencontre du Malvoulant. Le défier, et le liquider avec ses chiens de garde. Je me propose de vous emmener. Le combat sera sanglant, terriblement coûteux en vie humaines, et il serait très étonnant que l'un de vous deux au moins ne reste pas sur le carreau. Résolvant ainsi les problèmes de l'autre.

-Et si on veut pas ?
-Alors tu ne tiens finalement pas vraiment à Izya, et on reprend tout de suite l'option ou tu finis bouffé par les poissons.
-C'est une super idée, je veux venir.
-T'es vraiment une sous merde...
-Garde tes insultes pour quand le Malvoulant t'ouvrira les tripes au crochet !
-Moi je n'aurais pas de poitrine quand il le fera !
-Bien, et ben puisque on est d'accord, je vais vous laisser sortir de la... Reyson, viens me voir aprés, faut qu'on cause...



Dernière édition par Red le Dim 10 Juil 2016 - 15:05, édité 1 fois
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Un peu plus loi, plus tard...

Là, roulée en boule sur la terre humide, j'ouvre doucement les yeux. Ma tête lourde peine à s'éveiller, se redresser. Autour de moi, je vois de la terre, partout, et du bois, des racines ? Oui, sans doute. En face de moi, je peux voir la paroi de ce terrier baignée de lumière orangée. Roulant lentement pour me retourner, je cherche la source de lumière, l'entrée. Un cercle dorée se dessine vers le haut de se trou, puis le temps de m'habituer à la luminosité, je peux voir le ciel, bleu, sans nuage, commençant déjà à se foncer.
Le soleil est entrain de se coucher.

Sans trop réfléchir, je commence à avancer vers la sortie, m'agrippant à la terre pour me hisser hors de cette endroit où j'ai du me fourrer.
Pourquoi ? Qu'est ce qui m'a pris ?

Une de mes mains atteint enfin la lumière de l'entrée. Elle est sale, terreuse. Mais il y a autre chose. Une chose que je reconnais. Une chose qui explique pourquoi je suis ici, pourquoi je me suis cacher dans la terre.
Du sang.

En un instant, mes idées s'éclaircissent. Alfred, le pari, Reyson, Léo... Reyson. J'arrête de grimper, fixant mes mains. Ma respiration s'accélère, je suffoque. Ce cauchemars que je viens de faire, je l'ai vécu. Sauf que les démons que j'ai tué n'en étais pas. J'ai fini par faire ce que je craignais le plus, ce pourquoi j'avais voulu rejeter Reyson la première fois qu'il est venu se présenter à moi après mon retour de Stymphale.

Prenant ma tête dans mes mains, je voudrais pleurer, mais rien ne vient. Ma douleur est plus forte, plus intense, des larmes ne suffiront pas. Je me vois hurler, crier, griffer mais je ne bouge pas. Je reste figée quelques minutes qui me paraissent des heures. Mes pensées se bousculent à travers ma colère. Puis, l'une d'entres elle fige les autres, recentrant mon esprit.
Sont-ils en vie ?

Cessant immédiatement de réfléchir, je deviens dragon et décolle à même la terre, agrandissant grandement le trou creuser au pied de l'immense arbre du groove 20. Volant plus vite que je ne l'ai jamais fait, plus vite même que lors de ma fuite d'Impel Down, je file vers le restaurant de l'Atterrissage du Dragon où tout à eu lieu.

Haletante, j'arrive devant l'entrée et découvre les ravages qui ont été fait. Et à côté des débris de l'ancienne porte, Alfred attend, assis sur une chaise, la main posé sur ses genoux avec dans la paume le petit escargophone silencieux. En me voyant arrivée avec mon air paniqué, mon majordome se lève et ouvre son autre bras pour m'inciter à le suivre.

Il me semble que votre journée a été rude, Madame. Rentrons et je vous dirais tout.

Bien que j'ai toute confiance en Alfred, cette déclaration ne me satisfait pas pour l'heure. Voyant mes yeux passer rapidement de lui à l'établissement, il finit par ajouter.

Soyez sans crainte, rien d'irréparable ne s'est produit. Et j'ai déjà dédommagé le gérant du Grand Bleu.

Par ces mots, j'en déduis que personne n'est mort dans cette bataille. Bien que toujours insuffisante, cette information me suffit pour écouter Alfred et me décider à rentrer au Repos des Cieux. Décollant du sol, je passe au dessus d'Alfred qui marche et l'attrape au passage. Glissant sur les courants d'airs, nous arrivons en un rien de temps chez nous. Délicatement, je le pose au milieu du salon avant de faire de même. Immobile, toujours en dragon, je regarde Alfred poser le denden Alina sur un meuble puis se diriger vers la salle de bain. Rapidement, il revient vers moi.

Madame, votre bain est prêt.

Devant mon manque de réaction, Alfred s'approche un peu plus et me pose une main derrière la tête. Lentement, il m’entraîne vers la salle d'eau. Sans résistance, je le suis. Après quelques mètres, j'abandonne finalement mon armure d'écaille et redeviens celle que j'ai toujours été. M'arrêtant, mes larmes finissent finalement par apparaître. M'effondrant sur place, je n'ai plus la force d'avancer, de croire, de continuer. Je veux juste oublier. Oublier tout ce que je viens de vivre, tout ce qui s'est passé. Oublier les mots de Léo sur mon père, les mots de Reyson sur mon choix.
Je voudrais simplement que ce soit un cauchemar. Un simple cauchemar et que bientôt je me réveille pour me rendre compte que rien de tout ceci ne s'est produit.

Madame, ça va aller, vous verrez. Les choses finiront par s'arranger, comme toujours. Allez, venez, un bon bain vous fera le plus grand bien.

Me portant à moitié, Alfred réussi à me traîner jusqu'à la baignoire où il me fait asseoir sur le bord.

Détendez vous Madame, je m'occupe de tout.

Puis, en bon gentleman, Alfred sort de la pièce en fermant la porte, me laissant seule avec moi même. Résignée, je finis par faire ce qu'il me dit et me débarrasse finalement de toute cette souillure accumulée. La terre de mon terrier, la poussière des ruelles d'Armada et le sang des hommes que j'aime. En même temps, je me vide la tête, relativisant certaines douleurs au profit d'autres. D'une autre.
Géralt.

Le corps et l'esprit plus pure. Je reviens dans le salon et m'installe dans le canapé en face du fauteuil où Alfred m'attend. Entre nous, une table basse garni d'un chocolat chaud et de petits gâteaux n'attend que mon signal. Attrapant la tasse, je fixe Alfred et celui ci se lance dans le récit des événements que j'ai raté. De comment Reyson a retenu Léo qui voulait me retrouver. Comment ils se sont finalement battu et de la décision d'Alfred d'avertir Red qui a réussit à les sécher avant qu'ils ne s'entretuent.
Il me dit aussi ce que Red leur avait proposé par la suite. Une bataille contre le Malvoulant pour se départager.
Je soupire profondément. Sans doute ma décision de n'en choisir aucun est la plus sage...

Après la fin de son récit, le silence s'installe un long moment dans la pièce sans qu'aucun de nous ne bouge. Et finalement, le regard dans le vide, j'annonce ma décision à Alfred.

Je pense partir quelques temps.
J'ai préparé vos affaires et vous ai dégoté un petit navire avec son équipage qui vous conduirons sur South Blue.

Surprise par cette perspicacité, je regarde Alfred, interrogative.

J'ai entendu Léo dire à Reyson pour votre père adoptif. Toutes mes condoléances Madame. Sachez que si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez comptez sur moi.
Je sais.

Ma voix s'étrangle dans mon chagrin qui revient. Soufflant à fond, je m'efforce de rester forte pour réussir à faire tout ce que je dois faire avant mon départ.

Pourrais-tu m'amener la clé de la plus belle chambre du secteur eau s'il te plait ? Je ne souhaite pas que Léo se fasse égorger dans son sommeil par Reyson pendant mon absence...
Bien Madame, j'y vais de ce pas.

Et alors qu'il se lève et quitte mon appartement, je me dirige pour ma part vers le bureau dans l'optique d'écrire une lettre à l'attention de Reyson. Les introductions s’enchaînent sans jamais trouvé grâce à mes yeux Lentement, la poubelle se remplit de mes essais infructueux, et déjà Alfred revient avec ce que je lui ai demandé.
Tant pis pour la lettre, je trouverai bien autre chose.

M'équipant de mes lames, je m'élance à travers la nuit en forme hybride jusqu'à rejoindre l'endroit où se trouve Léo. Doucement, j'ouvre la fenêtre qui donne sur sa chambre et me glisse à l'intérieur.

Izya...

Léo se redresse immédiatement en me voyant arriver. faisant un pas rapide, je pose le bout de mes doigts sur sa bouche pour l'inciter au silence et au calme. Cessant son mouvement, il me regarde, simplement heureux que je sois saine et sauve. Pour ma part, mon regard dérive sur son torse bander. Dessous ce pansement, je peux deviner des traces de griffures...

Izya tu n'as pas à

Une fois de plus je le coupe d'un geste.

Oublions ça, tu veux ? Ce n'est pas pour ça que je suis venue.

Je sors de ma poche la clé et la lui tend.

Une chambre t'attend dans mon hôtel. Tu y seras en sécurité le temps de te rétablir. Alfred veillera sur toi.

Il regarde la clé, conscient de ce que cela signifie.

Laisse moi venir Izya.
Non. J'ai besoin d'être seule.

Je recule en direction de la fenêtre, n'osant le regarder dans les yeux.

Mais on vient à peine de !
Je sais. Mais il le faut.

Escaladant le rebord, je m'apprête à prendre mon envol. Lançant un dernier regard en arrière, je vois Léo qui se redresse pour tenter de m'arrêter. J'aimerai lui dire de me détester, de m'oublier et d'oublier toute cette histoire d'Empereur dans laquelle il vient de s'impliquer par ma faute, mais au lieu de ça, je reste muette jusqu'à ce qu'il réussisse à sortir un pied de son lit.

Au revoir...

Et je saute, le laissant seul dans le noir de la nuit.

Bifurquant vers la droite, je me dirige maintenant vers le quartier de la Mascarade pour une rencontre que je redoute bien plus que la précédente.

Comme avec Léo, j'arrive devant la chambre de Reyson par l'extérieur. Regardant pas la fenêtre, je le vois, là, allongé sur son lit, immobile. Posant ma main sur la vitre, j'hésite. Depuis que nous nous connaissons, nous avons vécu tant de chose ensemble. Impel Down en premier. Nous étions deux inconnus cette fois là. Deux inconnus avec un but commun : fuir cette prison de fou.
Et puis il y a eu cette fois, sur Tortuga. Cette fois où il a commencé à faire n'importe quoi avec ses hormones, me rendant plus attirante qu'un aimant. Et déjà à cette époque ce fou m'a réclamé un baiser. Je l'aurai tué ce jour là, vraiment.
Et puis il y a eu cette nuit sur Armada. Cette nuit où il est devenue complètement taré. Pris par ses souvenirs, ses traumatismes, il oublia un moment la réalité et je dû le vaincre pour le calmer.

Finalement, je me décide enfin à pousser lentement le verre pour entrer dans la pièce. Silencieusement, je m'approche de l'homme au fruit des hormones, le regardant, le détaillant. La tristesse m'envahit, mais elle n'est pas seule. Entremêlée à la colère, je voudrais frapper cette homme qui a trahit ma confiance. Un regard à ses blessures m'en dissuade. Il a sans doute déjà suffisamment souffert physiquement en plus de la souffrance qu'il va continuer de ressentir en me sachant loin de lui sans promesse de revenir.
Car rien n'est moins sur que mon retour vers lui.

Lentement, je touche du bout du doigt le bracelet que je lui ai offert.

Et soudain, la porte de la chambre s'ouvre. Surprise, je fais volte face. Devant moi, Mia me regarde avec de gros yeux. N'attendant pas mon reste, je fonce d'un soru sur la fenêtre et m'apprête à m'envoler lorsque sa voix m'arrête.

Attends !

Immobile, je regarde le bord de la fenêtre, n'osant la regarder en face, elle ou son maître.

Tu n'auras qu'à...

Lui dire que je suis passée ? Que je n'ai jamais menti sur mes sentiments malgré ce qu'il peut croire ? Que je lui en veux pour ce qu'il a fait et que je ne suis pas sûre de pouvoir lui pardonner un jour ? Que je m'en vais ?
Non, tout cela ne servirai qu'à le faire souffrir un peu plus. Soupirant profondément, je fini par me résigner.

Je suis désolé.

Et sans attendre de réaction de la par de la seconde du quartier de la Mascarade, je disparais à travers la nuit, retournant dans mon domaine pour récupérer mes affaires qu'Alfred a préparé. Passant devant le Denden Alina, j'hésite une seconde à le prendre avec moi. Je préfèrerai faire ce voyage vraiment seule, en oubliant tout ce que j'ai pu vivre depuis mon départ de chez moi.

Mais je ne peux pas, et je le sais. Tendant une main, je l'attrape et le range avec les autres. Mes meitous à la ceinture, ma valise à la main, je regarde Alfred une dernière fois avant de quitter la pièce pour une durée que je ne saurais évaluer.

Je compte sur toi Alfred.
Je ferai de mon mieux comme toujours Madame. dit-il en me faisant une légère révérence.
Et si je puis vous faire une demande Madame, j'aimerai que vous me promettez de ne pas "que" broyer du noir. Amusez vous, c'est le seul ordre que je n'oserai jamais vous donner.
Bien Alfred... Je le ferai.

J'hoche la tête en signe d'aurevoir avant d'avancer vers le vide.

Ah, et je ne t'en veux pas, pour Tahar.

Alfred blêmit sans savoir quoi répondre. Je le laisse là, partant vers le navire qu'il m'a trouvé.

Posant mes affaires sur le pont, un homme vient se présenter devant moi et m'assure que tout l'équipage est prêt à mettre les voiles. Je donne l'ordre et tout le monde se met au travail. Doucement, nous quittons la ville flottante d'Armada au beau milieu de la nuit.

Fatiguée, il me reste cependant une chose a faire avant de pouvoir pleinement me reposer.
Sortant mon duo de denden mushi de ma poche, je compose le numéro de celui de Red.

Pulup pulup pulup...
Qui est celui que je vais étriper à l'aube pour appeler aussi tard...
Tu n'en feras rien.
Izya... Tu as finis par rentrer voir Alfred.
Je suppose que je dois te remercier.
Vu le bordelque...
Merci, Red.
De rien, j'aime résoudre les problèmes épineux. Mais tu sais, j'aurai pu attendre ta gratitude jusqu'au matin.
Ce n'est pas la principale raison de mon appel.
... Et bien vas-y, je t'écoute, maintenant que je suis levé...
Je pars quelques temps.
Maintenant ?!
Oui. Maintenant.
Mais ? Et Teach ? Tu ne viens pas ?!
Cela va dépendre de quand tu pars je suppose...
Bah, d'ici quelques semaines ! Alfred ne t'as pas dit ?
Alfred m'a dit plein de chose... D'ailleurs à ce propos, sache que si Léo ou Reyson meurent pendant mon absence, je t'en tiendrais personnellement pour responsable et je peux t'assurer qu'à ce moment là, le Malvoulant sera le dernier de tes soucis.
Je n'ai pas envie de les surveiller, t'as qu'à en emmener un avec toi.
C'est hors de question, et de toute façon, je suis déjà partie.
Bon, je vais appeler les gars pour les remettre en cage alors.
Tu fais bien ce que tu veux Red, après tout c'est toi qui veut tabasser Teach, non ?
Ouais, bonne vacances.
Clap

Bonne vacances hein. Bonne vacances... Comme si elles pouvaient vraiment l'être.

Enfin, je vais tout de même tâcher de respecter la promesse faite à Alfred. Quant au reste... Je verrai bien une fois que je serai rendue à Scarlet Town...


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