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Court répit

L'endroit était sombre, et pour cause, j'avais tiré les rideaux pour mieux profiter de l'obscurité et ainsi faire un petit somme tranquille, avant de me préparer pour la prochaine mission. Voilà désormais un mois que j'avais intégré le CP9 sous la coupe de mon chef d'équipe, Larson, et le moins que je puisse dire c'est que je n'avais pas chômé. Mes premières missions étaient supposées être "faciles" pour commencer, cependant il n'en avait rien été et je m'attendais au pire quant aux prochaines tâches que l'on allait me confier, maintenant que j'étais considérée comme un "agent accompli". Bientôt l'on allait m'expédier vers d'autres territoires inconnus et dangereux, alors je profitais de ce temps minime pour me ressourcer dans le calme et l'obscurité, une cigarette dans la bouche, les yeux fermés en direction du plafond. Ainsi calée au fond de mon fauteuil, j'étais restée dans mon bureau plusieurs longues heures à ne rien faire, juste à penser, à fumer et à dormir sur mon fauteuil en cuir.

- On fait un somme, Sweetsong ? résonne une voix sortie de nul part.

Surprise, je rouvre soudainement les yeux et découvre le coordinateur en train de butter dans la porte avec son fauteuil roulant, obligeant celle-ci à s'ouvrir en grand et se cogner contre le mur. L'espace semble désormais être assez grand pour que le gaillard à moitié paralysé puisse enfin pénétrer dans la pièce.

- Bon sang il fait noir comme dans un fio... enfin tu vois ce que je veux dire. J'ai du nouveau pour toi, poulette. glisse l'handicapé tout en saisissant un dossier épais et en le jetant adroitement sur mon bureau.

Pas le choix, fini de se reposer. Je me redresse et tends le bras en direction des stores vénitiens pour tirer sur une languette à proximité et les écarter brusquement, faisant ainsi rentrer la lumière du jour.

- Vanderspool...

- Qu'est-ce qu'il y a ma petite caille ? T'as de grosses cernes là dis donc, mal dormi ?

- Pas dormi. fais-je tout en saisissant ma tasse de café, vide, et en allant me servir une nouvelle coupe auprès de la machine.

Je profitais d'une petite pièce bien confortable qui constituait ma propriété privée au sein du bâtiment. L'immeuble était gigantesque, j'avais déjà eu l'occasion de le traverser pour mon entraînement avec Raoul et je pouvais d'ailleurs le voir quotidiennement dans les couloirs quand je n'étais pas en déplacement. Ce bureau, c'était devenu mon refuge. Il me tendait les bras entre chaque mission et je les saisissais pour aller m'enfuir dans le cuir rembourré du grand siège qui m'attendait systématiquement derrière mon espace de travail. Contrairement à certains de mes collègues, je bénéficiais d'une loge en surface, ce qui me permettait d'avoir une fenêtre et de pouvoir voir le soleil... lorsque je ne dormais pas. Et récemment, mon sommeil était troublé par les quelques rumeurs qui me parvenaient jusqu'aux oreilles, au sujet d'une potentielle intervention à Enies Lobby. Là où se trouvait mon père.

- C'est bien ce que je crois ? fais-je tout en feuilletant l'ordre de mission, analysant par une lecture cursive la multitude de pages volantes rangées dans le dossier rouge.

- Tout juste ma belle. Ta première mission d'envergure. Enfin, parmi nous.

Blême à cause de la fatigue, la lecture me fait malgré tout reprendre assez rapidement des couleurs et me remet les idées en ordre. Je dévie régulièrement mon regard vers l'homme en chaise roulante qui accompagne les écrits de commentaires pertinents à l'oral. La quête est bien celle que je craignais... et elle est plus personnelle que je ne l'aurais cru. Légèrement troublée, je n'en laisse cependant rien transparaître. Je viens à peine d'arriver, c'est pas le moment pour apparaître comme une faiblarde.

- Enies Lobby donc. Départ pour quand ? Dis moi au moins que j'ai le temps de rattraper ma nuit... J'arrive pas à fermer l'oeil sur les bâtiments de la Marine, c'est trop... bruyant.

L'homme affiche un regard affirmant qu'il m'en voit désolée, ce qui veut dire je vais devoir plier bagage incessamment sous peu et me diriger vers la base du G-0 à nouveau. Mais un petit sourire en coin me fait penser qu'il me cache quelque chose et que ça ne sera probablement pas si routinier que ça.

- Qui a parlé de bateau de la Marine cette fois-ci ? J'ai là deux tickets de Train des Mers pour toi et le vieux Larson. Il te rejoindra sur place.

L'Umi Ressha ? J'avais déjà eu l'opportunité de le voir plusieurs fois, de près ou de loin, et de parcourir les quais de la station à Marie-Joie, mais je n'étais jamais montée à bord. Voilà une nouvelle qui m'attriste donc moins et éclaire même mon visage d'un minuscule sourire, tandis que je saisis les billets de la main de mon coordinateur. Après avoir exprimé ma gratification, je darde les yeux sur les petits coupons blancs pour essayer d'en déchiffrer l'heure du départ. Cependant l'handicapé est bien plus rapide que moi et, sur un ton plaisantin, celui-ci me lâche soudain :

- Par contre tu ferais mieux de te dépêcher, le départ est prévu pour dans dix minutes.

Oh merde.
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Pas de valise, pas de linge de rechange, pas même de brosse-à-dents. Le départ s'était fait à l'arrache et voilà que je me précipitais en direction des quais pour rejoindre la station couverte de l'Umi Ressha au sein du G-0. Le bâtiment était gigantesque et on pouvait facilement le repérer de n'importe où dans la ville souterraine qui s'étendait aux pieds de Marie-Joie. Vue de l'extérieur, la gare ressemblait à l'une de ces bâtisses rectangulaires très contemporaines, en béton et en verre, bâtie pour le pratique et non pour l'esthétique. Et pourtant, une fois rentrée à l'intérieur, je n'avais pu qu'apprécier le paysage qui s'offrait à moi.

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Le gigantesque hall s'étendait sur toute une longueur le long des deux rails qui permettaient aux trains de circuler. Comme il n'y en avait qu'un seul, je ne pouvais pas me tromper et prendre le mauvais, donc je m'étais dirigée vers l'avant de l'engin en pensant que c'était par là que l'on rentrait. En me voyant escalader le premier escalier venu, un ouvrier m'avait alpaguée pour me forcer à descendre.

- Eh oh, barrez-vous de là, la locomotive est réservée aux employés du train. Si vous voulez monter, c'est quatre wagons plus loin les passagers.

Ce après quoi, la cheminée du cheval d'acier avait brusquement vrombi en laissant échapper un épais nuage de fumée, signalant que le véhicule allait se mettre en marche incessamment sous peu. Légèrement déboussolée, je m'étais donc mise à courir en faisant bruyamment claquer les talons de mes bottes sur le sol marbré de la gare, joignant la direction donnée par le chauffeur pour finalement rejoindre les compartiments que l'homme avait pointé du doigt. Et c'était là que j'avais retrouvé mon partenaire qui semblait attendre depuis un petit moment.

- Bonjour Larson, désolée pour le retard. Tiens, voilà ton billet.

- J'ai cru que tu n'arriverais jamais. soupire le vieillard tout en saisissant une barre d'accès et en grimpant les marches pour entrer le premier dans le wagon passager.

Voyant que les roues du machin commencent à tourner et qu'il est grand temps de suivre la voie empruntée par mon supérieur, je pose alors un pied sur le marche-pied et me hisse à bord du chariot. Mais à peine ai-je fait un pas que je me vois soudain interrompue par un homme arborant les couleurs de la Mraine.

- S'cusez madame, fouille au corps. Je dois vérifier que vous ne possédez pas d'ar-

- Cette demoiselle est avec moi. intervient instantanément Larson en s'interposant entre le soldat et moi. Nous agissons pour le compte du gouvernement. Tenez, voici un laisser-passer.

Rivant un regard hébété sur la notice que lui tend le vieillard, le jeune caporal s'excuse en bredouillant tout en me libérant finalement le chemin. Je comprends alors que nous nous trouvons parmi les passagers civils, ce qui nous vaut de traverser plusieurs wagons avant de finalement arriver dans l'espace réservé aux agents et aux officiers de la Marine. Enfin, nous pénétrons dans l'une des loges libres qui s'offrent à notre disposition, bénéficiant de larges banquettes en cuir rouge, propres et moelleuses, et d'une grande fenêtre pour admirer le paysage. Probablement toute droit sortie d'un mégaphone, une voix tonitruante et féminine résonne tandis que le sol semble se dérober sous nos pieds, nous forçant ainsi à prendre place prestement.

- L'Umi Ressha en partance pour Water Seven va bientôt quitter la gare, je répète...
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Divertie par les changements dans le paysage, je reste observatrice de son évolution tandis que nous sortons lentement du port. Les eaux sont grises à cause de la faible luminosité, et les parois de la caverne sont faiblement illuminées par les lumières de la base. Désormais je suis enfin à assez bonne distance pour pouvoir faire une description plus détaillée de celle-ci. Il ne s'agit pas que d'une base de la Marine à proprement parler : l'endroit regorge aussi de commerces ou bien de résidences civiles pour les personnes n'ayant pas les moyens d'habiter dans la ville des nobles. L'endroit a un petit quelque chose de féérique, puisque entièrement plongé dans l'obscurité, il n'est éclairé que par les quelques centaines de petits lampions qui scintillent dans l'enchevêtrement de bâtiments sombres, froids et rectangulaires. Ici, la Marine veille au bon grain et toute enfreinte aux lois est sévèrement punie, ce qui fait probablement de cet endroit l'un des mieux gardés de tout Grand Line. Une raison supplémentaire s'ajoutant à cela est aussi la possibilité de traverser en direction du Nouveau Monde.

- Un jour j'irai explorer ce coin. Il paraît que c'est encore pas mal sauvage sur plusieurs îles. Des mondes sans hommes, le pied. fais-je sans décrocher le regard de la cité qui s'éloigne progressivement.

Larson ne me répond pas. Il dort, la main posée sur la table nous séparant, enserrant le verre de whisky qu'il a commandé au wagon bar. Incorrigible. Si je dois passer mon temps enfermée dans cette cabine, je risque de manquer la moitié du spectacle. J'ai envie de voir l'embarcation naviguer sur les flots, mais je suis aussi curieuse de découvrir les personnages qui empruntent un tel moyen de locomotion. Rapidement, l'environnement que l'on peut observer à travers la fenêtre devient moins intéressant : enchaînement de cavernes plus ou moins larges, plus ou moins éclairées. Mon regard sur pose sur les rochers et les récifs qui bordent les rails aquatiques et je me surprends à me questionner sur la nature de la Flaque. Ici déjà les flots n'étaient pas tranquilles mais assez calmes pour permettre de traverser le Réseau Marijoan sans se prendre une paroi alors je préférais ne pas savoir comment s'effectuait la traversée dans les endroits les plus dangereux.

- Pour la Marine ça va, on a les itinéraires et l'équipement. Mais pour les criminels, ça doit pas être de la tarte.

Ce dernier mot m'arrache soudain à ma contemplation et me faisant m'attarder sur les bruits sourds qui émanent de mon ventre et me signalent que je n'ai rien mangé depuis ce matin. Le voyage risque d'être long alors autant reporter ma sieste à plus tard et en profiter pour aller chercher une ou deux gourmandises.

Ce n'est pas comme si j'allais manquer à mon supérieur, endormi.
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