Les aléas du train. Cette pensée me traverse l'esprit au moment où le Marine situé à ma droite saisit brusquement un sachet en papier pour dégobiller son petit-déjeuner fraichement ingurgité. Pouah. Cette fois-ci, mon partenaire et moi n'avions pas eu la chance d'avoir une loge attitrée dans ce nouveau train, plus petit et moins confortable, où visiblement nous devions voyager en seconde classe.
- Désolé m'dam, c'la première fois que j'prends l'train.
Des bleus. Des bleus partout, des seconde classe et des caporaux pour la première fois mutés sur Enies Lobby. D'autres sont plus costauds mais ils sont visiblement en sous-nombre. La centrale judiciaire avait besoin d'un roulement permanent des forces armées qui la protégeaient et y habitaient temporairement. Suspendue au-dessus du vide, d'un gros trou sans fond dans l'océan, l'île avait la réputation d'être aussi moche qu'anxiogène pour n'importe quelle personne ayant un minimum le vertige. Ça n'était pas mon cas, cependant les quolibets à propos du style futuriste de la ville, un ensemble de blocs bétonnés rectangulaires, atteignaient sensiblement mon dégout à l'égard de l'endroit avant même d'y avoir mis les pieds. Je détestais ce fichu train et je détestais ces nouvelles recrues pleurnichardes et nauséeuses sur le moindre transport maritime. Mais ce que je détestais le plus, c'était l'absence de mon supérieur qui avait eu le privilège de pouvoir partager le wagon des officiers.
- Bon sang je ne suis pas une simple troufion quand même. laissè-je échapper, involontairement à haute voix, ce qui intrigue aussitôt mon voisin déjà affublé du doux surnom de "Vomito" qui me souffle son haleine bileuse à la figure.
- C'est vrai ça, z'avez pas l'air d'êt' de la Marine, j'me trompe ?
- Toi garde ta bouche dans ton sac.
Deux heures de route depuis Water Seven, deux heures à supporter ce carnaval avec les autres pignoufs autour de moi qui trouvent rien de mieux que faire des avions en papier avec les consignes de leur siège et se les envoyer à travers la voiture. Priant pour que le voyage s'achève bientôt, je lève les yeux au ciel et croise vainement les mains en priant le dieu de la Justice, s'il en existe un. Et c'est finalement la voix du conducteur résonnant dans brutalement dans les mégaphones situés aux extrêmités du charriot qui me sort de ma torpeur. Enfin.
- Votre attention s'il-vous-plaît. Nous allons bientôt entrer en gare, préparez-vous à récupérer vos affaires et vous diriger vers les sorties situées à votre droite.
Dieu soit loué, merci. Vraiment merci.
Temporairement déboussolée par le paysage qui s'offre devant mes yeux, je tarde à rejoindre Larson qui a déjà franchi la sortie de la station et m'attend impatiemment à l'extérieur en tapant furieusement du talon contre le sol.
- Bon sang, Sweetsong, on est pas en train de faire du tourisme.
Certes non, cependant je ne peux m'empêcher de darder systématiquement un bref regard sur les gigantesques cascades qui bordent le coin et aussitôt vriller de l'oeil en pensant au phénomène étrange faisant que cette île lévite quasiment au-dessus du vide. Puis les choses ne s'améliorent pas non plus lorsque je me prends à observer trop minutieusement un point fixe derrière le "Pont de l'Hésitation" et suis subitement témoin de l'ouverture soudaine de deux pharamineux pans du paysage lui-même : les Portes de la Justice.
- C'est quoi cette île de timbrés. fais-je tout en écarquillant les yeux, subjuguée par le grand n'importe quoi de cet endroit que je découvre progressivement.
- Le tribunal du Gouvernement Mondial. Mais il y a longtemps c'était aussi la base du CP9. Allez viens, nous sommes attendus. m'intime le vieillard tout en tirant sur la manche de mon bras droit pour me pousser à avancer en direction d'une sorte de muraille d'une dizaine de mètres de haut barrant brutalement le chemin.
Sur le petit lopin de terre qui nous entoure, la terre est anormalement recouverte de verdure et fleurie, accueillant même des arbres. Bientôt il s'avère que le vert est en réalité une couleur prédominante sur l'île, puisque même le mur et son portail l'affichent sur leurs façades comme s'il s'agissait d'une charte graphique du Gouvernement Mondial. Des dorures viennent d'ailleurs parfaire les moulures sophistiquées du béton pour donner à la fois plus de grandeur et de suprématie aux infrastructures gouvernementales. Suivant mon compagnon qui s'avance vers les gardes contrôlant les entrées, je me permets à cet effet une petite remarque.
- On se croirait à Marie-Joie.
- Halte-là. Laissez-passer bien en évidence s'il-vous-plaît. intervient un Caporal qui déjà procède à l'examen des papiers tendus par mon supérieur avant de conclure d'un signe de la main : Vous pouvez y aller.
Un second geste vient indiquer à ses confrères que ceux-ci peuvent nous ouvrir les portes et c'est finalement avec un petit cortège patientant là depuis deux bonnes minutes que nous franchissons l'entrée qui donne presque directement sur la Ville Judiciaire.
- Bienvenue à Enies Lobby. rajoute l'un des gardes tout en nous saluant prestement d'un soulèvement du béret avant de revenir à ses précédentes activités.
Sans surprise, je découvre enfin l'architecture infâme de l'agglomération s'étendant aux pieds d'Enies Lobby : ternes, bruns, les bâtiments semblent avoir tous été confectionnés pour s'emboîter tels des cubes et des rectangles et former de vilains pâtés imbuvable autour d'une gigantesque avenue ralliant directement le Pont de l'Hésitation. De ce côté-ci du mur, pas ou peu de végétation pour border les pavés des rues ni de couleurs chatoyantes pour donner plus de vie à la cité administrative. Mine de rien je demeure estomaquée de voir certains bâtiments s'élevant facilement sur plusieurs dizaines de mètres de hauteurs, adoptant parfois des formes plus irrégulières et semblant ponctués d'une terrasse sur le sommet à partir desquelles on peut voir des têtes dépasser et nous toiser. L'activité va bon train, festival de couleurs blanches et bleues pour les uniformes de la Marine d'un côté et costards cravates pour les bureaucrates et administratifs de l'autre. Vêtue comme une civile aux côtés de mon chef d'équipe qui porte toujours le même trenchcoat brun et son fidèle chapeau qui lui mange le crâne, je dois m'avouer vaincue si le but de cette manœuvre était de passer inaperçue.
- Rafraichis-moi la mémoire : où est-ce que l'on va déjà ? fais-je tout en accompagnant d'une démarche boitillante le pas de mon partenaire, peinant autant que moi à se frayer un chemin à travers la foule.
- A la demeure de Lady Raven, au nord de la ville, non loin du Palais de Justice.
- Désolé m'dam, c'la première fois que j'prends l'train.
Des bleus. Des bleus partout, des seconde classe et des caporaux pour la première fois mutés sur Enies Lobby. D'autres sont plus costauds mais ils sont visiblement en sous-nombre. La centrale judiciaire avait besoin d'un roulement permanent des forces armées qui la protégeaient et y habitaient temporairement. Suspendue au-dessus du vide, d'un gros trou sans fond dans l'océan, l'île avait la réputation d'être aussi moche qu'anxiogène pour n'importe quelle personne ayant un minimum le vertige. Ça n'était pas mon cas, cependant les quolibets à propos du style futuriste de la ville, un ensemble de blocs bétonnés rectangulaires, atteignaient sensiblement mon dégout à l'égard de l'endroit avant même d'y avoir mis les pieds. Je détestais ce fichu train et je détestais ces nouvelles recrues pleurnichardes et nauséeuses sur le moindre transport maritime. Mais ce que je détestais le plus, c'était l'absence de mon supérieur qui avait eu le privilège de pouvoir partager le wagon des officiers.
- Bon sang je ne suis pas une simple troufion quand même. laissè-je échapper, involontairement à haute voix, ce qui intrigue aussitôt mon voisin déjà affublé du doux surnom de "Vomito" qui me souffle son haleine bileuse à la figure.
- C'est vrai ça, z'avez pas l'air d'êt' de la Marine, j'me trompe ?
- Toi garde ta bouche dans ton sac.
Deux heures de route depuis Water Seven, deux heures à supporter ce carnaval avec les autres pignoufs autour de moi qui trouvent rien de mieux que faire des avions en papier avec les consignes de leur siège et se les envoyer à travers la voiture. Priant pour que le voyage s'achève bientôt, je lève les yeux au ciel et croise vainement les mains en priant le dieu de la Justice, s'il en existe un. Et c'est finalement la voix du conducteur résonnant dans brutalement dans les mégaphones situés aux extrêmités du charriot qui me sort de ma torpeur. Enfin.
- Votre attention s'il-vous-plaît. Nous allons bientôt entrer en gare, préparez-vous à récupérer vos affaires et vous diriger vers les sorties situées à votre droite.
Dieu soit loué, merci. Vraiment merci.
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Temporairement déboussolée par le paysage qui s'offre devant mes yeux, je tarde à rejoindre Larson qui a déjà franchi la sortie de la station et m'attend impatiemment à l'extérieur en tapant furieusement du talon contre le sol.
- Bon sang, Sweetsong, on est pas en train de faire du tourisme.
Certes non, cependant je ne peux m'empêcher de darder systématiquement un bref regard sur les gigantesques cascades qui bordent le coin et aussitôt vriller de l'oeil en pensant au phénomène étrange faisant que cette île lévite quasiment au-dessus du vide. Puis les choses ne s'améliorent pas non plus lorsque je me prends à observer trop minutieusement un point fixe derrière le "Pont de l'Hésitation" et suis subitement témoin de l'ouverture soudaine de deux pharamineux pans du paysage lui-même : les Portes de la Justice.
- C'est quoi cette île de timbrés. fais-je tout en écarquillant les yeux, subjuguée par le grand n'importe quoi de cet endroit que je découvre progressivement.
- Le tribunal du Gouvernement Mondial. Mais il y a longtemps c'était aussi la base du CP9. Allez viens, nous sommes attendus. m'intime le vieillard tout en tirant sur la manche de mon bras droit pour me pousser à avancer en direction d'une sorte de muraille d'une dizaine de mètres de haut barrant brutalement le chemin.
Sur le petit lopin de terre qui nous entoure, la terre est anormalement recouverte de verdure et fleurie, accueillant même des arbres. Bientôt il s'avère que le vert est en réalité une couleur prédominante sur l'île, puisque même le mur et son portail l'affichent sur leurs façades comme s'il s'agissait d'une charte graphique du Gouvernement Mondial. Des dorures viennent d'ailleurs parfaire les moulures sophistiquées du béton pour donner à la fois plus de grandeur et de suprématie aux infrastructures gouvernementales. Suivant mon compagnon qui s'avance vers les gardes contrôlant les entrées, je me permets à cet effet une petite remarque.
- On se croirait à Marie-Joie.
- Halte-là. Laissez-passer bien en évidence s'il-vous-plaît. intervient un Caporal qui déjà procède à l'examen des papiers tendus par mon supérieur avant de conclure d'un signe de la main : Vous pouvez y aller.
Un second geste vient indiquer à ses confrères que ceux-ci peuvent nous ouvrir les portes et c'est finalement avec un petit cortège patientant là depuis deux bonnes minutes que nous franchissons l'entrée qui donne presque directement sur la Ville Judiciaire.
- Bienvenue à Enies Lobby. rajoute l'un des gardes tout en nous saluant prestement d'un soulèvement du béret avant de revenir à ses précédentes activités.
Sans surprise, je découvre enfin l'architecture infâme de l'agglomération s'étendant aux pieds d'Enies Lobby : ternes, bruns, les bâtiments semblent avoir tous été confectionnés pour s'emboîter tels des cubes et des rectangles et former de vilains pâtés imbuvable autour d'une gigantesque avenue ralliant directement le Pont de l'Hésitation. De ce côté-ci du mur, pas ou peu de végétation pour border les pavés des rues ni de couleurs chatoyantes pour donner plus de vie à la cité administrative. Mine de rien je demeure estomaquée de voir certains bâtiments s'élevant facilement sur plusieurs dizaines de mètres de hauteurs, adoptant parfois des formes plus irrégulières et semblant ponctués d'une terrasse sur le sommet à partir desquelles on peut voir des têtes dépasser et nous toiser. L'activité va bon train, festival de couleurs blanches et bleues pour les uniformes de la Marine d'un côté et costards cravates pour les bureaucrates et administratifs de l'autre. Vêtue comme une civile aux côtés de mon chef d'équipe qui porte toujours le même trenchcoat brun et son fidèle chapeau qui lui mange le crâne, je dois m'avouer vaincue si le but de cette manœuvre était de passer inaperçue.
- Rafraichis-moi la mémoire : où est-ce que l'on va déjà ? fais-je tout en accompagnant d'une démarche boitillante le pas de mon partenaire, peinant autant que moi à se frayer un chemin à travers la foule.
- A la demeure de Lady Raven, au nord de la ville, non loin du Palais de Justice.
Dernière édition par Annabella Sweetsong le Ven 29 Juil 2016 - 1:16, édité 4 fois