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Mes hommages à la donzelle


La mer est calme, les ultimes rayons d'un soleil rouge vif lancent leurs dernier feux sur un horizon dégagé et limpide, et pas un souffle de vent ne vient gâcher cette carte postale d'agence de tourisme. L'ile en arrière plan est dans le même ton avec sa plage de sable et ses palmiers. Un possible coin de paradis dont la description n'a strictement aucun intérêt pour l'instant, de toute façon personne d'important n'y mettra les pieds aujourd'hui. Le seul but de cet endroit, c'est de servir de décor pour y poser le navire.

Le navire est un cuirassé de la marine. le modèle de bateau de guerre le plus répandu et par la même le plus reconnaissable du monde. Une allure trapue et massive, une coque en deux tons pour se fondre autant que possible dans la mer, les silhouettes ramassées des formidables tourelles à triple canons tapies comme de grosse bête à l'affut de chaque coté du château central.
Celui ci s’appelle le Hurleur, ce qui signifie pour ceux qui s’intéressent a ce sujet, et comme le rappelle le pavillon qui se trouve juste en dessous de celui à la mouette et aux deux sabres de la marine d'élite, que ce bâtiment est l'actuel navire amiral de la colonel d'élite Mona Lisa. Plus connue sous son nom de guerre, la Valkyrie.

Entre le navire et l'ile se trouvent des chaloupes, elles viennent du cuirassé et terminent les aller retour qui leur ont permis de vider le bâtiment de ses hommes pour les laisser sur la plage. Laissant le navire disparaitre lentement dans le crépuscule pendant que sur la plage on allume des feux de camp. Comme l'ile, on ne reviendra plus sur ses hommes, ils n'ont leur place dans l'histoire que pour mieux s'en aller. Respectant en cela des ordres auxquels ils ne comprennent rien et se contentent d'obéir sans discuter en braves soldats qu'ils sont.

Le crépuscule laisse place à la nuit. Sur le navire à l'ancre un unique fanal s'allume, assez haut sur le mat pour servir de phare. Et comme répondant à son signal, une ombre venant de la haute mer se met en mouvement sous les flots. Un monstre marin gigantesque, aux tentacules puissantes et aux yeux jaunes aussi lumineux que des phares comme on en croise parfois dans les abysses les plus profonds de la mer de tous les périls. Un kraken. Ralentissant peu à peu, le monstre se rapproche de la surface, émergeant a proximité du cuirassé et l’agrippant de ses tentacules pour se maintenir à flot à ses cotés.

Si tous les marins n'avaient pas quitté le bord certains remarqueraient maintenant tout ce que peut le monstre peut avoir d'étrange. Le bourdonnement diffus qu'il émet et qui ne peut être que d'origine mécanique, les scintillements métalliques qui proviennent de ses tentacules quand elles surgissent de l'eau, la lumière crue jaillissant de ses yeux comme d'un projecteur semblable à ceux de la marine, et les formes aiguës et saillantes de ce corps qui font davantage penser a une coque de navire qu'au corps mou et lisse d'un céphalopode géant.

Et quand sur le sommet émergé du crane, une trappe s'ouvre pour laisser le passage à un homme, le doute n'est plus permis. Le monstre marin est un engin manufacturé et de façon aussi sure que le drapeau du navire de la marine permet d'identifier sa capitaine, l'homme qui vient de disparaitre de son bord pour se retrouver soudain sur le pont du cuirassé ne peut être qu'une seule personne.

Le capitaine Red.
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D'une pensée devenue aussi machinale que respirer, j'étends mon mantra à la taille du navire, m'assurant instantanément qu'il n'y a personne d'autre à bord que la personne que je suis venu voir.
Maitriser l'empathie c'est comme posséder l'omniscience que les croyants prêtent à leurs dieux, c'est a se demander comment j'ai pu survivre tout ce temps en étant aussi aveugle que le commun des mortels. Je n'ai plus besoin de chercher à voir, car de façon parfaitement inconsciente, je sais !

Je traverse le pont du navire désert, empruntant les coursives familières qui mènent à la cabine du commandant sur tous les cuirassés du monde. Et conscient qu'un peu plus loin, Mona doit observer ma progression avec la même acuité que je note son immobilisme de statue, je prends garde à ne pas montrer le moindre temps d'hésitation quand j'arrive au niveau de la porte fermée, que je l'ouvre, et que je rentre.

-Mona.
-Red.


donzelle - Mes hommages à la donzelle Mona11

Ambiance tendue. Normal, On ne se connait guère que par nos CV respectifs qui n'incitent aucun de nous à la confiance, et par un dossier brulant qui peut exploser soudainement dans la main du dernier qui le lâchera. Comme moi Mona semble aussi calme et sereine qu'un félin à l'affut, prête à passer le temps d'un souffle de l'immobilité la plus parfaite à la violence la plus létale. Et comme moi elle se contient.

-Café ?
-S'il n'y a pas de poison dedans.
-Je bois le même.
-Ce qui ne prouve rien hélas...
-Faites ce que vous voulez.
-Je plaisantais. Va pour le café.


Un pas en avant. Un siège. Un café.


L'instant s'étire entre nous en une longue minute d'éternité, calme contrepoint à l'agitation des pensées qui se bousculent sous nos cranes, chacun attendant un pas de l'autre ou cherchant la meilleur entrée en matière pour parler de ce qui nous a mené la, en solitaires, au mépris des intentions que nos positions respectives devraient nous prêter.


-J'ai accepté la proposition de Drake parce que j'étais sur qu'il ne mentait pas.
-Je mens rarement, héritage du Cipher pol. Sur le long terme, c'est toujours contre productif.
-Il ne mentait pas, et je comprenais ses motivations.
-Et tu ne joues que si tu vois toutes les cartes en main. J'aurais cru une valkyrie plus intrépide.
-J'aurais cru un agent du Cipher Pol plus réfléchi.
-J'essaye d’être un pirate maintenant, plus de calculs, tout à l'instinct.
-Plus tu tentes de te montrer primaire et plus tu sembles cacher ton jeu. Il n'y a plus que trois empereurs sur le Nouveau monde, pourquoi m'aider à tuer Teach ?
-Pourquoi pas ? Je n'ai rien de mieux à faire en ce moment.
-Mensonge. Pourquoi m'aider à tuer Teach ?
-Je ne l'aime pas trop, il a vraiment une sale gueule.
-Mensonge. Pourquoi m'aider à tuer Teach ?
-Le frère de Drake me paye pour ça. C'est le boulot.
-Mensonge. Pourquoi m'aider à tuer Teach ?
-Quelle importance ?! il n'y a pas de piège !
-MENSONGES !


Le ton change et l’atmosphère se refroidit d'un seul coup. L'aura de violence de la valkyrie se déploie dans la pièce comme un coup de tonnerre, et sans même y penser je me retrouve debout, une lame surgie de nulle part glissée dans la main. Et contemplant fixement la valkyrie qui n'a pas bougé. Qui n'a fait en fait qu'un seul geste de menace.

Ôter son bandeau.

Un bandeau qui ne cache ni trou béant, ni pupille blanche et aveugle, ni babiole de verre taillé. Juste un regard assez sombre et profond pour m'engloutir aussi complétement que mes propres ténèbres.

-Pourquoi... m'aider... à tuer Teach ?!


Pourquoi ?


Pourquoi je l'aide ?


Je recule d'un pas, et soudain je ne suis plus dans la cabine mais sur le pont. Non, pas sur ce pont. Sur un autre pont, un pont rendu glissant par la pluie qui ruisselle dessus. Penché par dessus le bastingage je fini de rouler la drisse que je tiens en main et la jette dans le fond de la chaloupe que je viens de descendre à la mer. Je dois faire vite, les autres vont bientôt me rejoindre et ils ne doivent pas la trouver ici encore vivante. Elle, la môme qui commence déjà a sortir de l'inconscience dans la barque qui disparait déjà dans le dense rideau de pluie. Elle. L.


Quelque chose ne va pas mais je n'arrive pas à mettre la main dessus. Une sensation d'anormalité, comme un malaise diffus que je n'arrive pas à cerner. Je baisse les yeux sur ce den den dans ma main, essayant de me concentrer sur le message qu'il répète.
-Ici Rapace...je sais pas moi... Élitiste. J'ai goûté à un plat trop épicé. Je vais être clouée au lit par une indigestion.. Je répète, Je suis terrassée par une indigestion, mais je vous envoie tout de même l'invité pour le Barbecue. C'était Rapace Chauve Élitiste. Je crois... Over.
Une voix de femme, un message codé, un appel au secours que je pressens d'une importance capitale pour comprendre ce qui m'arrive. Quelqu'un a besoin d'aide. De mon aide. Maintenant. Et chaque battement de mon cœur qui s’accélère me confirme son importance. Ou est ce que je dois aller ? Ou est'elle ?


Je suis de nouveau perdu. Les yeux fixés sur un horizon terne ou se trainent d' hideux nuages gris. Je sens entre mes doigts s'effriter du sable humide et je baisse le regard vers la plage sur laquelle je suis tombé à genoux. La mer est couverte de débris et de cadavres aux faciès de noyés que les vagues hilares remuent de façon obscène. Des corps partout que je ne reconnais pas, que je ne veux pas reconnaitre par peur d'y voir le sien. Et si cette fois elle était morte ? Morte, perdue en mer, son corps gonflé, bleui, flottant à l'abandon quelque part au large, perdue pour toujours.
La ! Je me jette dans les vagues, vers ces long cheveux noirs flottant dans l'écume, vers ce corps que j'agrippe et que je retourne en espérant de toutes mes forces que ce ne soit pas le sien. Préférant soudain les affres de l'angoisse à la certitude terrifiante de devoir vivre désormais sans elle.

Le corps a le visage de Mona ! Mona et son œil qui me fixe, continuant de fouiller dans ma tête. Cherchant à lire dans ma tête, a exhumer mes peurs les plus profondes.

Mes peurs...

J'ai eu peur toute ma vie. Peur de mourir, peur d'échouer, peur de perdre. Je connais cette sensation familière de nœud au fond des tripes, cette main qui te tord le ventre et te scie les jambes, te laissant hagard et tremblotant dans le noir, incapable de faire autre chose que de maudire ton incapacité a surmonter tes angoisses pour agir.

J'ai appris à affronter ma peur, à l'accepter, à la vaincre.

Et pourtant, aujourd'hui, de nouveau, j'ai peur. Une peur lâche, égoïste, une peur qui ne me concerne que moi et qui pourtant est de la perdre elle. Je revis en un instant toutes ces fois ou je l'ai cru perdue. La gueule de requin, Tortuga, Impel. Tous ces moments de lutte constante pour éviter de penser à cette atroce possibilité, "et si cette fois, elle était vraiment morte ?"

Et si elle était vraiment morte ?

Et si elle...

Et si...

Et soudain le corps est bien le sien. Louve, Rachel, allongée sans vie dans mes bras. Ses lèvres sont noircies par le froid, son corps exsangue est couverts de blessures, et au dessus de sa gorge tranchée par une lame, le symbole gravé dans la chair de son front ne laisse aucun doute sur le nom de son assassin. Manfred D. Teach.

Et la peur laisse place à une douleur atroce.


La douleur...


La douleur n’est rien en elle-même. Ce n’est qu’un message… Le message est qu’il se passe quelque chose dans ton corps. La douleur n’est qu’une information, c’est le message qui est important. Tu dois recevoir le message et faire abstraction de l’information.


Je reprends pied dans la cabine de Mona, effondré contre la paroi du fond, le regard toujours braqué sur le puits de peur sans fond qui sert d’œil a Mona, putain de pouvoir que le sien, mais il ne marche plus sur moi. Il n'y a plus que le souvenir de la peur, le souvenir de la douleur, et la rage.

-PUTAIN DE SALOPE ! JE VAIS TE CREVER !

Mona a les réflexes de son poste, et son sabre jaillit juste a temps pour trancher la vague d'air qui vient lui écraser la tronche, et qui, fendue en deux, se contente de lui passer au travers avant de transformer le fond de la pièce en confettis. Les réflexes de son poste. Pas suffisants. Dans l'instant qu'il lui faut pour parer mon coup, je suis sur elle. Ma main noire de ténèbres se plaque contre sa gorge, me confirmant au passage l’origine du pouvoir qu'elle m'a balancé dans la gueule. Et alors que son sabre plonge vers mon ventre, je le bloque de l'autre main.

Temps mort.

Mon sang coule le long de sa lame pour venir goutter sur le sol. Ma main se serre sur son petit cou mince et blanc.

-J'ai autant de prise sur toi que tu en as sur moi. Maintenant nous pouvons être alliés.
-Qu'est ce que c'était ?
-Ta plus grande peur. La peur est un moteur puissant. Grâce à elle je sais pourquoi tu veux m'aider. Et, et je le comprends.


La rage soudaine s'efface lentement pendant que je reprends mes esprits. Elle n'a pas tort. Elle n'a pas tort mais...

-Que les choses soient bien claires. Si tu me refais un coup pareil, t'es morte !
-ça n'arrivera pas, ça ne marcherait pas une seconde fois sur toi.


Mes mains se desserrent. Mona range son sabre et se rassoit, je fais pareil.

-Je pourrais ne pas l'amener.
-Non.


Ma plus grande peur. Elle l'a vue et pourtant elle n'a pas compris.

-Non. Si je voulais l’empêcher de se battre, je serais allé tuer Teach tout seul.

Autant la mettre en cage tout de suite et se retrouver a la perdre encore plus surement que si elle était morte. j'ai compris depuis un moment que je ne pouvais pas la protéger contre son gré sans l'abandonner. Ce n'est pas pour ça que je suis la. Tout ce que je demande c'est de pouvoir être a ses cotés. Pour avoir une chance de l'aider si je le peux. Ou pour être la avec elle à la fin.

-Parfois il faut savoir lâcher prise.


Après ça tout le reste n'est qu'une planification comme une autre. Le plan de Mona est à son image, aussi simple et droit qu'une lame. Elle a joué ses pions, et ils ont poussés Teach a descendre sur Grand Line, dans la seule base qu'il y apprécie.


Thriller Bark !
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