CRAC !
Je regardai le muret face à moi, émietté et fissuré à l'endroit de l'impact. Je regardai ensuite ma main, abîmée elle aussi, et la douleur me fit grimacer.
Cela faisait seulement quelques jours que j'avais fait la connaissance de Matt et que j'avais décidé d'en faire mon premier compagnon. Ce laps de temps avait permis à mon ami de se rétablir de ses blessures : il ne souffrait plus mais je continuais de lui appliquer des pansements, par sécurité. Cela l'avait d'ailleurs beaucoup amusé et il ne cessait de m'appeler "Tonton" depuis lors... Je ne savais pas trop si le fait d'être plus jeune que lui était en cause mais l'appellation me dérangeait. Surtout quand venait la nuit.
Nous nous étions installé dans une auberge proche du Golden Port, moins attractif qu'auparavant. L'endroit ne manquait pourtant pas de charme, malgré les travaux incessants pour rendre les quais plus accueillants. "Ce qui ne tue pas rend plus fort !" répétait souvent l'un des chefs de chantier que je croisais.
Nous avions choisi cette auberge car il restait un entrepôt à moitié détruit à seulement trois pas de là, dans lequel nous nous rendions pour que je m'entraîne. Car oui : le temps que Matt se rétablisse pleinement, je devais en profiter pour m'améliorer. Je n'irai pas loin sur Grandline avec ma force actuelle et j'en étais conscient. Face aux quelques Martico présents à Manshon, j'avais failli y rester. Certes, je les avais vaincu, mais c'était surtout grâce à ma chance et à la présence de Matt Denis. Peu importe l'aide que j'avais pu lui apportée, ma dette envers lui ne s'effacera pas pour autant !
- Tu sais Arhye, je nous considère comme quittes. Mais s'il devait bien y avoir quelqu'un pour remercier l'autre, ce serait moi : tu es le seul qui m'ait accepté et qui l'ait affirmé haut et fort.
Peu m'importait. Il était la première personne à m'avoir tendu la main depuis que j'étais parti de chez moi. Bon mis à part le Marine de Rubeck mais lui ne comptait pas : il m'avait envoyé travaillé sur les quais sans me demander mon avis ! Au moins assis à faire la manche ne risquait pas de m'esquinter ! Je pouvais me reposer quand je le désirais... Par contre je ne me sentais pas différent de "Sweety" à ce moment-là : inexistant. Hors ce n'était pas mon but.
C'était pour ces raisons que je m'entraînais chaque jour, matin et soir, afin de devenir un grand pirate, à la fois respecté et craint. Par les autres pirates, mais aussi par la Marine et le Gouvernement. En l'état actuel, je n'étais qu'un sale gosse fouteur de troubles. Je voyais cependant mal un sale gosse fouteur de troubles se mettre à dos la pègre. Mais je m'en fichais...
C'était drôle : plus je prenais conscience de ma situation, plus ma façon de parler changeait... Peut-être n'était-ce qu'une impression.
J'enchaînais les tractions sur l'une des barres de fer qui sortaient des murs brisés, travaillais mes abdominaux, portais 200 coups de chaque pied sur un pylône chancelant, puis 200 coups de poing, puis de paumes... Mes phalanges étaient écorchées, mon dos, mes genoux et mes bras douloureux, mais une chose était certaine : j'étais trop fatigué la nuit pour qu'une attaque de mafieux m'inquiète et m'empêche de me reposer. Et puis Matt m'avait assuré que nous étions en sécurité désormais : le siège des Martico se trouvaient sur l'archipel de Sander.
Aujourd'hui, je m'étais attaqué à l'apprentissage d'un nouveau mouvement : la Fracture. Il s'agissait d'un des rares coups de la Voie du Corbeau à être purement et simplement offensif. En somme un coup de paume et de phalanges qui concentrait la force de l'impact sur un point précis, causant de graves dommages internes en plus de laisser des traces visibles sur le corps. J'avais donc pris mon élan et cogner le muret qui me faisait face, tout en cherchant à me concentrer et à oublier la douleur. Malheureusement, il me fut impossible de le détruire entièrement. J'ai eu beau réessayé une fois, deux fois... l'impact restait le même. Avec mon pied j'étais certain d'y parvenir mais ça n'aurait alors plus aucun intérêt ! Je m'agrippai littéralement les cheveux et les tirai en arrière.
- Tss. Ça me saoule !
- Je trouve que tu t'en sors bien ! Personnellement j'en serais incapable.
- D'accord, mais je n'ai pas progressé d'un pouce, par rapport à avant !
- Si : à chaque fois que j'essaie de te prendre ton argent tu es capable de m'en empêcher.
Ah. Effectivement Matt m'avait appris à être plus vigilant et plus sensible à mon environnement. Je n'en étais qu'à la phase expérimentale, mais bon : impossible de produire des miracles en seulement quatre jours. Cela restait tout de même très utile contre les vols à a tire... Naïf comme j'étais !
- Bon ! Une pause s'impose !
- Aucun problème : j'ai prévu le coup.
"Sweety" sortit d'un sac deux bentos qu'il posa sur un banc improvisé et les ouvrit devant moi. Mes yeux eurent droit à une ribambelle de couleurs toutes plus appétissantes les unes que les autres.
- Waouh. Et combien pour tout ça ?
- A peu près 1500 berrys. Préparé avec amour ! Comme quoi, il en faut peu pour se faire plaisir.
- Décidément : tu es parfait !
- Tu veux bien m'épouser dans ce cas ?
- Oublie ce que je viens de dire.
Nous mangions en silence, savourant le repas préparé avec... "soin" par Matt. Il avait même pris la peine de rajouter quelques épices dans les pâtes au saumon. Je ne savais pas exactement ce que c'était mais j'étais trop occupé à nettoyer le fond de ma gamelle pour le lui demander.
TOC.
Nous fîmes volte face et vîmes un caillou tomber depuis le rebord d'une des fenêtres brisées de l'entrepôt. Près de cette fenêtre se tenait quelqu'un. Une jeune femme à la chevelure flamboyante portant une chemise rose et un pantalon noir à bretelles. Elle pointait un pistolet dans notre direction et s'approchait. Une fois qu'elle fut suffisamment proche, je compris que la couleur de sa chemise ne provenait pas d'une faute de goût : le vêtement était entièrement imbibé de sang, lequel avait été nettoyé et séché de nombreuses fois. Mais ce genre de tâches ne disparaissait jamais entièrement... Nous nous levâmes afin de mieux reculer. Que faire d'autre dans ces cas-là ? La rousse s'arrêta enfin et posa ses yeux sur moi. Des yeux vides et grands ouverts. Les yeux d'une folle.
- Ainsi donc c'était vrai : Timuthé Tempiesta est revenu à Manshon.
- Quoi ?
Oh ! Pas encore ça ! De nouveau le visage de ce maudit bandit allait me jouer des tours. Mais je me posais tout de même une question :
- Mais... comment savez-vous que...
- L'information est la base même de notre business. Tu devrais le savoir, non ? Ta famille possède de nombreux espions et tout autant de contacts. Il m'a suffit de laisser traîner mon oreille dans les parages et de demander aux bonnes personnes.
- Mais alors : tu n'es pas une Tempiesta ?
- Pas vraiment non. Le boss ne les apprécie pas trop d'ailleurs...
- Dans ce cas, pourquoi venir me voir ?
La jeune femme me fixait toujours, sans changer d'expression. Elle ne cligna pas une seule fois des yeux. Flippant !
- T'es con ou tu le fais exprès ? Je viens de te le dire : mon patron ne les aime pas. Il sera donc ravi de savoir que j'en ai abattu un au cours d'une mission. C'est dommage pour toi : je n'étais pas venu pour ça à la base...
- Attend un peu ! Je ne suis pas Timuthé Tempiesta ! Je lui ressemble, c'est tout ! Je...
- Alors prouve-moi que tu n'es pas TNT.
- Comment ?
- Débrouille-toi.
Elle fit mine d'appuyer sur la gâchette, puis s'amusa à faire tourner son doigt autour du déclencheur histoire de me faire peur. Il fallait réfléchir et très vite.
- Je suis trop jeune ! Je ne peux pas être le frère du chef de la famille Tempiesta à seulement 16 ans !
- D'accord je te crois.
- Déjà ?!
- Oui : tu as dit "le chef de la famille Tempiesta". Timuthé n'aurait jamais reconnu son frère comme étant le parrain. Il est réputé pour avoir tenté de prendre sa place.
Mes sentiments vis à vis de TNT allaient désormais de la haine à la plus profonde des reconnaissances. Je me tournai vers Matt qui affichait un demi-sourire, livide. Il leva le pouce comme pour me dire "Bien joué !". Ce salaud n'avait même pas tenté de m'aider ! Mais je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Aucun de nous deux n'était maître de la situation. La jeune femme regardait mon compagnon cette fois-ci.
- Toi là. Ta tête me dit quelque chose... Tu ne serais pas un de ces voleurs de la famille Martico ?
- Je ne le suis plus ! Je les ai quitté en le rencontrant.
- Oh ? Alors c'était vous.
- Comment ça ?
- J'ai entendu dire que récemment les membres de la famille Martico présents à Manshon avaient été évincés. Certains parlent d'un règlement de compte qui aurait mal tourné. Alors je suppose que vous y êtes pour quelque chose...
Nous restâmes muets. La situation ne se présentait pas bien du tout. Une tueuse de la mafia avec des yeux de folle nous questionnaient sur les problèmes que nous avions causé à la pègre locale. Si seulement elle s'était approchée davantage, Matt et moi l'aurions désarmée sans problème mais...
- Ça me donne une idée.
La folle nous fixait, passant de l'un à l'autre à toute vitesse. Elle aurait pu être jolie si elle n'affichait pas un faciès aussi étrange... et si son arme n'était pas braquée sur nous.
- Je vais vous enrôler avec moi.
- De quoi ?
- Oui : vous allez travailler avec moi. J'ai une mission importante à remplir et elle concerne les Martico ; notre boss, Filipe Venici, souhaite faire d'eux ses alliés. Puisque je ne peux plus demander leur soutien à ceux que vous avez mis hors-jeu, autant que vous preniez vos responsabilités en les remplaçant.
- Et si on refuse ?
Matt regrettait déjà ses paroles. Aussi blanc qu'un linge, il vit le canon du pistolet se tourner lentement vers son visage, menaçant. La tueuse répondit froidement :
- Dans ce cas je vous élimine. C'est aussi simple que ça.
Je regardai le muret face à moi, émietté et fissuré à l'endroit de l'impact. Je regardai ensuite ma main, abîmée elle aussi, et la douleur me fit grimacer.
Cela faisait seulement quelques jours que j'avais fait la connaissance de Matt et que j'avais décidé d'en faire mon premier compagnon. Ce laps de temps avait permis à mon ami de se rétablir de ses blessures : il ne souffrait plus mais je continuais de lui appliquer des pansements, par sécurité. Cela l'avait d'ailleurs beaucoup amusé et il ne cessait de m'appeler "Tonton" depuis lors... Je ne savais pas trop si le fait d'être plus jeune que lui était en cause mais l'appellation me dérangeait. Surtout quand venait la nuit.
Nous nous étions installé dans une auberge proche du Golden Port, moins attractif qu'auparavant. L'endroit ne manquait pourtant pas de charme, malgré les travaux incessants pour rendre les quais plus accueillants. "Ce qui ne tue pas rend plus fort !" répétait souvent l'un des chefs de chantier que je croisais.
Nous avions choisi cette auberge car il restait un entrepôt à moitié détruit à seulement trois pas de là, dans lequel nous nous rendions pour que je m'entraîne. Car oui : le temps que Matt se rétablisse pleinement, je devais en profiter pour m'améliorer. Je n'irai pas loin sur Grandline avec ma force actuelle et j'en étais conscient. Face aux quelques Martico présents à Manshon, j'avais failli y rester. Certes, je les avais vaincu, mais c'était surtout grâce à ma chance et à la présence de Matt Denis. Peu importe l'aide que j'avais pu lui apportée, ma dette envers lui ne s'effacera pas pour autant !
- Tu sais Arhye, je nous considère comme quittes. Mais s'il devait bien y avoir quelqu'un pour remercier l'autre, ce serait moi : tu es le seul qui m'ait accepté et qui l'ait affirmé haut et fort.
Peu m'importait. Il était la première personne à m'avoir tendu la main depuis que j'étais parti de chez moi. Bon mis à part le Marine de Rubeck mais lui ne comptait pas : il m'avait envoyé travaillé sur les quais sans me demander mon avis ! Au moins assis à faire la manche ne risquait pas de m'esquinter ! Je pouvais me reposer quand je le désirais... Par contre je ne me sentais pas différent de "Sweety" à ce moment-là : inexistant. Hors ce n'était pas mon but.
C'était pour ces raisons que je m'entraînais chaque jour, matin et soir, afin de devenir un grand pirate, à la fois respecté et craint. Par les autres pirates, mais aussi par la Marine et le Gouvernement. En l'état actuel, je n'étais qu'un sale gosse fouteur de troubles. Je voyais cependant mal un sale gosse fouteur de troubles se mettre à dos la pègre. Mais je m'en fichais...
C'était drôle : plus je prenais conscience de ma situation, plus ma façon de parler changeait... Peut-être n'était-ce qu'une impression.
J'enchaînais les tractions sur l'une des barres de fer qui sortaient des murs brisés, travaillais mes abdominaux, portais 200 coups de chaque pied sur un pylône chancelant, puis 200 coups de poing, puis de paumes... Mes phalanges étaient écorchées, mon dos, mes genoux et mes bras douloureux, mais une chose était certaine : j'étais trop fatigué la nuit pour qu'une attaque de mafieux m'inquiète et m'empêche de me reposer. Et puis Matt m'avait assuré que nous étions en sécurité désormais : le siège des Martico se trouvaient sur l'archipel de Sander.
Aujourd'hui, je m'étais attaqué à l'apprentissage d'un nouveau mouvement : la Fracture. Il s'agissait d'un des rares coups de la Voie du Corbeau à être purement et simplement offensif. En somme un coup de paume et de phalanges qui concentrait la force de l'impact sur un point précis, causant de graves dommages internes en plus de laisser des traces visibles sur le corps. J'avais donc pris mon élan et cogner le muret qui me faisait face, tout en cherchant à me concentrer et à oublier la douleur. Malheureusement, il me fut impossible de le détruire entièrement. J'ai eu beau réessayé une fois, deux fois... l'impact restait le même. Avec mon pied j'étais certain d'y parvenir mais ça n'aurait alors plus aucun intérêt ! Je m'agrippai littéralement les cheveux et les tirai en arrière.
- Tss. Ça me saoule !
- Je trouve que tu t'en sors bien ! Personnellement j'en serais incapable.
- D'accord, mais je n'ai pas progressé d'un pouce, par rapport à avant !
- Si : à chaque fois que j'essaie de te prendre ton argent tu es capable de m'en empêcher.
Ah. Effectivement Matt m'avait appris à être plus vigilant et plus sensible à mon environnement. Je n'en étais qu'à la phase expérimentale, mais bon : impossible de produire des miracles en seulement quatre jours. Cela restait tout de même très utile contre les vols à a tire... Naïf comme j'étais !
- Bon ! Une pause s'impose !
- Aucun problème : j'ai prévu le coup.
"Sweety" sortit d'un sac deux bentos qu'il posa sur un banc improvisé et les ouvrit devant moi. Mes yeux eurent droit à une ribambelle de couleurs toutes plus appétissantes les unes que les autres.
- Waouh. Et combien pour tout ça ?
- A peu près 1500 berrys. Préparé avec amour ! Comme quoi, il en faut peu pour se faire plaisir.
- Décidément : tu es parfait !
- Tu veux bien m'épouser dans ce cas ?
- Oublie ce que je viens de dire.
Nous mangions en silence, savourant le repas préparé avec... "soin" par Matt. Il avait même pris la peine de rajouter quelques épices dans les pâtes au saumon. Je ne savais pas exactement ce que c'était mais j'étais trop occupé à nettoyer le fond de ma gamelle pour le lui demander.
TOC.
Nous fîmes volte face et vîmes un caillou tomber depuis le rebord d'une des fenêtres brisées de l'entrepôt. Près de cette fenêtre se tenait quelqu'un. Une jeune femme à la chevelure flamboyante portant une chemise rose et un pantalon noir à bretelles. Elle pointait un pistolet dans notre direction et s'approchait. Une fois qu'elle fut suffisamment proche, je compris que la couleur de sa chemise ne provenait pas d'une faute de goût : le vêtement était entièrement imbibé de sang, lequel avait été nettoyé et séché de nombreuses fois. Mais ce genre de tâches ne disparaissait jamais entièrement... Nous nous levâmes afin de mieux reculer. Que faire d'autre dans ces cas-là ? La rousse s'arrêta enfin et posa ses yeux sur moi. Des yeux vides et grands ouverts. Les yeux d'une folle.
- Ainsi donc c'était vrai : Timuthé Tempiesta est revenu à Manshon.
- Quoi ?
Oh ! Pas encore ça ! De nouveau le visage de ce maudit bandit allait me jouer des tours. Mais je me posais tout de même une question :
- Mais... comment savez-vous que...
- L'information est la base même de notre business. Tu devrais le savoir, non ? Ta famille possède de nombreux espions et tout autant de contacts. Il m'a suffit de laisser traîner mon oreille dans les parages et de demander aux bonnes personnes.
- Mais alors : tu n'es pas une Tempiesta ?
- Pas vraiment non. Le boss ne les apprécie pas trop d'ailleurs...
- Dans ce cas, pourquoi venir me voir ?
La jeune femme me fixait toujours, sans changer d'expression. Elle ne cligna pas une seule fois des yeux. Flippant !
- T'es con ou tu le fais exprès ? Je viens de te le dire : mon patron ne les aime pas. Il sera donc ravi de savoir que j'en ai abattu un au cours d'une mission. C'est dommage pour toi : je n'étais pas venu pour ça à la base...
- Attend un peu ! Je ne suis pas Timuthé Tempiesta ! Je lui ressemble, c'est tout ! Je...
- Alors prouve-moi que tu n'es pas TNT.
- Comment ?
- Débrouille-toi.
Elle fit mine d'appuyer sur la gâchette, puis s'amusa à faire tourner son doigt autour du déclencheur histoire de me faire peur. Il fallait réfléchir et très vite.
- Je suis trop jeune ! Je ne peux pas être le frère du chef de la famille Tempiesta à seulement 16 ans !
- D'accord je te crois.
- Déjà ?!
- Oui : tu as dit "le chef de la famille Tempiesta". Timuthé n'aurait jamais reconnu son frère comme étant le parrain. Il est réputé pour avoir tenté de prendre sa place.
Mes sentiments vis à vis de TNT allaient désormais de la haine à la plus profonde des reconnaissances. Je me tournai vers Matt qui affichait un demi-sourire, livide. Il leva le pouce comme pour me dire "Bien joué !". Ce salaud n'avait même pas tenté de m'aider ! Mais je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Aucun de nous deux n'était maître de la situation. La jeune femme regardait mon compagnon cette fois-ci.
- Toi là. Ta tête me dit quelque chose... Tu ne serais pas un de ces voleurs de la famille Martico ?
- Je ne le suis plus ! Je les ai quitté en le rencontrant.
- Oh ? Alors c'était vous.
- Comment ça ?
- J'ai entendu dire que récemment les membres de la famille Martico présents à Manshon avaient été évincés. Certains parlent d'un règlement de compte qui aurait mal tourné. Alors je suppose que vous y êtes pour quelque chose...
Nous restâmes muets. La situation ne se présentait pas bien du tout. Une tueuse de la mafia avec des yeux de folle nous questionnaient sur les problèmes que nous avions causé à la pègre locale. Si seulement elle s'était approchée davantage, Matt et moi l'aurions désarmée sans problème mais...
- Ça me donne une idée.
La folle nous fixait, passant de l'un à l'autre à toute vitesse. Elle aurait pu être jolie si elle n'affichait pas un faciès aussi étrange... et si son arme n'était pas braquée sur nous.
- Je vais vous enrôler avec moi.
- De quoi ?
- Oui : vous allez travailler avec moi. J'ai une mission importante à remplir et elle concerne les Martico ; notre boss, Filipe Venici, souhaite faire d'eux ses alliés. Puisque je ne peux plus demander leur soutien à ceux que vous avez mis hors-jeu, autant que vous preniez vos responsabilités en les remplaçant.
- Et si on refuse ?
Matt regrettait déjà ses paroles. Aussi blanc qu'un linge, il vit le canon du pistolet se tourner lentement vers son visage, menaçant. La tueuse répondit froidement :
- Dans ce cas je vous élimine. C'est aussi simple que ça.
Dernière édition par Arhye Frost le Mar 11 Oct 2016 - 23:09, édité 4 fois