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La nuit des morts-vivants.

La journée était étonnamment calme. Allongé sur le pont, la tête contre le mât, je grillais les cigarettes les unes après les autres bercé par le roulement des vagues et le rythme régulier des roues à aube sans qu'aucune chanson débile ne viennent gâcher cette harmonie. Je me laissais aller à user de mon haki pour observer les membres de l'équipage.  Kurn, à l'autre bout du pont, balançait des coups de son hachoir dans tout les sens dans ce qui ressemblait plus ou moins à un entraînement. Le crocodog semblait avoir trouvé en Toupie, le nouveau bizut de l'équipage, un spectacle rotatif particulièrement fascinant. Quant à Fantine, elle traînait dans la cale depuis beaucoup trop longtemps pour que ça n'en devienne pas inquiétant. Mais si j'avais bien appris quelque chose sur ce maudit navire, c'était à apprécier à fond chaque seconde de calme que la terreur aux cheveux bleus voulait bien m'accorder. Et ça faisait bien trois heure que j'avais pas entendu un « mousse » suivi d'un ordre absurde. La journée était décidément bien trop calme. Un calme que vint briser Parabole qui s’écriât à plusieurs reprises.

-Terre en vue !

Et avant que je n'ai le temps de lui dire de la fermer. J'entendis des bruits de pas tambourinant de plus en plus près. Le calme était semble-t-il définitivement terminé lorsque la porte menant à la cale s'ouvrit brusquement. Notre fier capitaine en surgit en hurlant tout enjouée :

-On est arrivé à la fête ?
-L'île en fête Fantine. Lança Kurn dans une vaine tentative de la calmer.
-Bah c'est pareil, on va faire la fête !
-On sait même pas s'il y a vraiment une fête, tu sais …
-Et pourquoi ça s'appellerait l'île en fête s'il n'y en a pas ?  
-C'est peut être pas tout le temps la fête.
-T'es restée trop longtemps avec le mousse, Groot, tu deviens aussi débile que lui … Si c'était pas tout le temps la fête ça s'appellerait pas comme ça et puis c'est tout.

Et ça pouvait continuer comme ça pendant au moins une heure. Je tâchais de rester le plus discret possible, la gamine avait eu le bon goût de ne pas m'inclure dans la conversation et je comptais bien ne pas y rentrer de moi même.

-Puis on a qu'à demander au Mousse son avis tiens !
Mais tu viens de dire qu'il était débile.
-J'ai jamais dis ça Groot. Alors Mousse t'en pense quoi ?

Pris en parti et peu désireux de me retrouver impliquer dans ce débat sans intérêt, j'utilisais une technique certes lâche mais incroyablement efficace lorsqu'il s'agissait d'une conversation avec Fantine. Une astuce qui tenait en une phrase et qui permettait de se sortir de n'importe quelle conversation périlleuse avec la petite peste.

-Je suis tout à fait d'accord avec vous capitaine.
-Bah tu vois Groot !
-Pff il a juste dis ça pour être tranquille le lèche-botte.
-Pas du tout, le mousse sait juste reconnaitre à quel point j'ai toujours raison.
-Je suis tout à fait d'accord avec vous capitaine.

Et ça continua comme ça un bon quart d'heure, bref une situation normale sur ce navire quoi. Lorsque je pensais que la conversation était enfin terminée, le capitaine s'exclama en tapant du pied.

-Puis vous comptez pas aller à la fête habillés comme ça j'espère ? Vous êtes habillés comme des sacs
-C'est pas un sac, c'est une tenue traditionnelle homme poisson que m'a cousu ma grand mère à partir d'alg...
-Je suis tout à fait d'accord avec vous capitaine.

Méthode efficace, mais j'en avais un peu trop facilement abusé. Malheureusement compris dans le lot des mal fagotés, j'ouvris l’œil en direction de la patronne la scrutant de haut en bas. Je venais de comprendre ce qu'elle faisait depuis tout ce temps. Parabole avait prévu l'arrivée dans la soirée et elle avait semble-t-il passé tout l'après midi à se préparer. Le capitaine est aussi coquette que casse-pied et c'est pas peu dire. Ça faisait parti de son côté amusant. Aspect qui allait vite disparaître pour le côté emmerdeur lorsqu'elle se donna pour mission de nous préparer Groot et moi pour la soirée.

-Qu'est ce qui va pas avec ma tenue d'abord ?
-Tout …
-Tout ?
-Tout ! Déjà que t'es plus tout jeune mousse, si t'arrive comme ça habillé comme un plouc, on nous laissera pas rentrer.
-Bah on rentrera de force, comme d'habitude quoi.

Elle me jeta ce regard furieux dont elle avait le secret, je fit ce que toute personne pas très courageuse aurait fait dans ma situation. Céder, mais non sans pousser un long soupir. Reddition qui fut suivit rapidement par celle de la rascasse qui avait fait déjà preuve d'assez d’insubordination pour la journée. Je fut rapidement dépouillé de mon manteau noir et de mon cache-œil pour une tenue jugée plus appropriée par le capitaine. Affublé comme le pire des surfers révolutionnaires de South Blue, ma cicatrice masquée par des lunettes de soleil de frimeur du genre qu'on porte même quand il n'y a que des nuages dans le ciel, je ne put quand même m’empêcher de pouffer à la vue de Groot. On aurait dit une parodie de ces rockeurs homme-poisson dont les jeunes raffolent, il portait tellement de cuir sur lui qu'on avait sans doute tuer une vache des mers pour fabriquer sa tenue. Il semblait assez mal à l'aise du fait de la petitesse de la veste, mais ses protestations n'atteignait pas (comme d'habitude) les oreilles du capitaine.

-Bon je vais me changer maintenant. Dégagez !
-Mais tu t'es pas déjà changé Fantine ?
-Ouais vous êtes pas déjà sur votre 31 là capitaine ?  
-T'es bête Mousse. Ça c'est juste la tenue de pré-soirée. Maintenant faut que je mette la vraie tenue.


Questionnez les choix de vêtements du patron, c'était comme questionnez quoi que ce soit sur ce navire. Une très très mauvaise idée.

Le bateau atteignit l'île en fête quelques dizaine de minutes plus tards, il en fallut encore près du double pour voir le capitaine « toute apprêtée » sortir encore plus surexcitée que d'habitude de sa cabine en hurlant.

-Groot, Mousse ! On se bouge ! C'est la fête !

Au moins elle ne chantait plus …


Dernière édition par Galowyr Dyrian le Dim 28 Mai 2017 - 22:59, édité 1 fois
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Les humains, du moins autant que possible avec deux fruits du démon et un homme-poisson, s’étaient déjà échappés depuis plusieurs minutes quand le percepteur s’approcha du quai. Armé de son cahier dans lequel il évaluait toutes les cargaisons des navires qui accostaient sur l’île en fête, il remontait le ponton en sifflotant, ce qui était déjà assez extraordinaire pour un comptable. L’atmosphère de l’île, sûrement, souffla une roue à aubes.

« Ohé, du bateau ? C’est la capitainerie pour inspection de la cargaison et paiement de la taxe d’utilisation du port. »

Seul le silence lui répondit. Il en avait l’habitude, les gens ne voulaient généralement pas payer et faisaient les morts.

« Hého, du bateau ? Je vais monter à bord.
- Psst, on le laisse monter ?
- La patrone a dit de pas laisser monter les gens chiants.
- Quelqu’un qui fait des comptes, il est pas chiant par définition ?
- Si, je crois que ça colle.
- Bon bah on le dégage, alors. »
Alors que le percepteur posait son pied sur la planche, celle-ci se déroba soudainement et il chuta à l’eau. Il lui fallut plusieurs minutes pour remonter, dégoulinant d’eau, et ses feuilles de papier totalement imbibées. Mais il ne se laissa pas abattre. C’était son métier de percevoir, donc il percevrait.

Sa seconde tentative fut également sans succès, donc il commença à envisager qu’il s’agissait d’un piège.

Une bonne demi-heure s’écoula comme cela avant qu’il ne se décide à aller chercher des renforts.

« Hé, les gars, commença la roue babord.
- Oui, qu’est-ce qu’il y a ?
- Ben les patrons sont partis faire la fête, pas vrai ?
- Ouais.
- Et pourquoi nous on pourrait pas s’amuser ?
- Alors je tiens à rappeler, à toutes fins utiles, que nous sommes un bateau…
- Un navire, s’il te plaît. Bateau, c’est très péjoratif.
- Bref, c’est pour ça qu’on ne peut pas aller faire la fête avec eux sur terre. »

Il y eut un long silence, au point que certains observateurs, s’ils avaient été là, auraient pu se dire que l’effet du fruit venait de disparaître.

« Si on ne peut pas aller à la fête, peut-être que le fête peut venir à nous ? Proposa timidement une porte. »
Tous les objets animés à bord hochèrent doucement la tête, avant de commencer à s’affairer en silence, mais avec le bourdonnement d’une ruche.

En à peine dix minutes, avec la participation de la décoration elle-même, le fier navire se retrouva transformé en péniche-boîte de nuit du plus bel effet. Parabole se percha à la proue et, utilisant son amplificateur, commença à attirer le chaland.
« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ! Amateurs de festivités, de soirées, et de folie ! Mon équipe et moi-même avons le plaisir de vous convier sur notre Navire ultra-in, pour la modique somme de… »
Un brusque effet Larsen couvrit le son mais Parabole ne se démonta pas et continua à haranguer la foule. A l’entrée, la planche d’embarquement faisait videur et s’assurait que seuls les bons payeurs grimpaient à bord, tels que validés par un carnet, un coffre et un stylo qui comptabilisaient les gains.

La roue à aubes appela sa sœur par-dessus le fracas de la fête qui commençait.
« Nous sommes en direct de Navire Party, la célèbre fête célébrée sur toutes les mers et tous les océans du monde.
- Et, effectivement, il y a du beau monde ce soir. On peut dire que les organisateurs se sont dé-chi-rés pour faire une soirée au top !
- Tu peux dire ça, chère collègue. Et nous sommes là pour couvrir l’événement.
- Le très fameux duo Roaob lui-même !
- La soirée est pilotée par DJ Parabole, aux platines !
- Magic Toupie enflamme d’ors et déjà la piste de danse !
- Croco la Saumure a commencé à dealer dans un coin !
- On avait de la drogue à bord ?
- C’est la laitue sous-marine hachée menue.
- Ils vont planer ! »

La foule se pressait déjà sur le ponton, et le percepteur aidé de ses petits camarades regardait sans trop savoir comment réagir le bateau se transformer en boutique. Cela devait rentrer dans le cadre d’un autre régime d’imposition mais il faudrait qu’il consulte ses dossiers pour…

Leurs préoccupations à des années-lumières de là, les humains et homme-poisson vagabondaient dans les ruelles de l’île, à la recherche d’une fête qui valait le coup d’être vécue.
« C’est tout nul ici !
- Je suis tout à fait d'accord avec vous capitaine.
- Tu feras gaffe, Mousse, tu vas finir par te faire cramer.
- On bouge vers le centre !
- Vous sentez pas un genre de tremblement dans le sol ?
- Comment ça, Groot ?
- Comme si y’avait un truc en-dessous de nous qui voudrait remonter.
- N’importe quoi, Groot.
- Tu peux pas savoir, t’es sur mes épaules, je te signale…
- Je vois pas le rapport. »

« Là ! Ca a l’air bien ! On rentre !
- Hep, faut payer l’entrée, fait le videur.
- Groooooot ! Tu payes !
- Pourquoi moi ?
- Parce que je veux rentrer vite et que si on attend que le Mousse compte, on sera encore là demain !
- Ah ouais d’accord, j’ai rien dit et j’me prends des commentaires comme ça. Ca fait toujours plaisir, y’a pas à dire.
- T’as un problème, le Mousse ?
- Non, Capitaine, tout va bien, Capitaine.
- Humpf. »
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La fête … Les effusions joie de collective m'ont toujours mis mal à l'aise, pour ne pas dire qu'elles me débectent complètement. Ces abrutis qui hurlent, sautent sur place, dansent mal et descendent godet sur godet. Ces tentatives pathétiques d'oublier leur vie misérable et à quel point ce monde est cruel et sans pitié me dégouttaient, sauf la partie impliquant les godets j'imagine. Et pourtant en pénétrant dans cette petite sauterie, mon cœur fut comme empoigné. Elle était là, rayonnante comme une flamme transperçant la pénombre. Comment l'insecte que j'étais, aurait il put résister à cette hypnose. Et tandis que mon cœur cognait de plus en vite dans ma poitrine, j'oubliais cet équipage de pirate grotesque, ces toupies qui parlent, la laitue marine et cette furie capricieuse qui me servait de capitaine. Elle effaçait tout. Laissant derrière moi Groot et Fantine, je m'élançais vers elle, comme happé par la fatalité, mon cœur m'ordonnait de s'élancer vers elle comme l'ambition lance les conquérants vers la guerre. Savais-je déjà, au moment où je fis le premier pas, le destin tragique qui nous attendait tout les deux ? Cet amour impossible, entre l'amoureux de la mer et la mère amoureuse ? Ces grands yeux bleus qui me supplierait de rester avec elle face à l'appel irrésistible de l'immensité bleutée de l'océan … Tant pis, c'était un pas que je devais franch …

- COMMENT CA C'EST PAS ASSEZ ?

Je plaisante hein, c'est le genre d'histoire que j'aurais pu raconter si ma vie avait eu le moindre intérêt. En réalité on était toujours dehors et la patronne et son nouvel ami le videur semblait avoir une conversation des plus normales. Si on la prenait bien sûr comme référentiel …

- C'est à dire que là mademoiselle, vous avez à peine de quoi vous payer un verre d'eau. Alors une entrée pour trois personnes.

Nous avions évidemment oublié de nous équiper comme tout honnête citoyen de moyens de paiement. Vous savez les mauvaises habitudes de voleurs … Enfin c'est surtout que nos billets étaient rester dans nos vêtements habituels, ceux que Fantine nous avait forcé à enlever. Mais si je voulais garder l’œil qu'il me restait et une certaine tranquillité, c'était un point qu'il valait mieux ne pas soulever.

- Aller laissez nous rentrer, on vous amènera l'argent demain. On a plus le temps de retourner au bateau, si on veut faire la fête.

- Écoutez mademoiselle, c'est une maison de prestige ici. On n'accueille que la crème de la crème et on ne fait pas crédit. Si vous n'avez pas assez pour payer, il fau...

- C'est parce que Groot est un homme poisson ? Au pire on le laisse dehors.

- C'est pas très sympa ça Fan … tenta d'ajouter le principal intéressé.

- Groot. Tu vois bien que je négocie là !

- Ah non mais on n'a rien contre les hommes poissons ici vous savez, j'ai moi même un très bon ami … "

La capitaine devenait écarlate. Cela me faisait presque (j'insiste sur le presque), de la voir ainsi toute apprêtée selon ses critères, se voir refuser le droit d'aller faire la fête. Connaissant tout de même maintenant assez bien le personnage, il ne s'agissait bientôt plus que de quelques minutes avant qu'elle ne se débarrasse sauvagement de l'obstacle entre elle et son objectif festif . C'est là où pour notre tranquillité à tous, je me décidait à intervenir.

- La crème de la crème vous dites ? Genre des célébrités ? 

Enlevant mes lunettes de soleil et arborant mon sourire le plus charmeur, je lançais goguenard au vigile.

- Vous me reconnaissez non ?

- Votre visage me dit effectivement quelque chose. Ah mais oui je m'en souviens maintenant. Ajouta-t-il après quelques seconde de réflexion. Je vois très bien qui vous êtes même . A se demander comment j'ai pu oublier.

J'imagine que mon visage affichait un air plutôt satisfait, il allait bien nous laisser rentrer, après tout ce n'est pas tout les jours qu'il rencontrait un acteur célé …

- Vous m'aviez vomis dessus, il y a quelques années quand j'étais videur sur Luvneel. Mes chaussures, mon costume, et même la cravate que m'avais offerte ma femme tout y était passer. Vous me devez une sacrée note de pressing croyez moi.

De légèrement écarlate, la capitaine devint du plus vif des rouges. Ses cheveux se dressaient presque sur sa tête. Je l'avais rarement vu dans cette état. Elle grommela entre ses dents. Avant de se mettre à hurler.

"On est venu ici parce que ça s'appelle l'île en fête. C'est pourtant simple non …

JE !

VEUX !

FAIRE !

LA FÊTE !"

Je sentis alors comme une onde traverser l'espace, un frisson parcouru tout mon corps. Sa colère me semblait faire trembler l'île tout entière. Mon haki hurla au danger, elle allait sans doute se jeter sur le vigile.

- Attendez capitaine, doit sans doute y avoir une fête bien plus sympa un peu plus loin. C'est pas si bien que ça ici vous savez.

- Ferme là le mousse, je vais me le faire l'ordure.

La gamine s'élança, le videur émit un cri effrayé. Mais ce n'était pas Fantine qui en était à l'origine. Non c'était une main qui venait de surgir du sol, juste entre les deux protagoniste. La fête commençait. Enfin la nôtre.


Dernière édition par Galowyr Dyrian le Ven 27 Avr 2018 - 14:59, édité 2 fois
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Tout le monde s’arrêta pour regarder cette main qui grattait la terre, au sol. Les ongles jaunis par le temps étaient brisés aléatoirement, probablement à force de creuser. Dans un soubresaut, elle attrapa tout d’un coup la cheville du videur, et serra. Il essaya de dégager sa jambe en tirant dessus, sans succès. En deuxième recours, il donna des coups de pieds sur le poignet, sans le moindre effet. Fantine et les Garçons observaient tout cela avec une fascination morbide.

Une deuxième main jaillit du sol, suivie d’un coude, d’une tête, d’une épaule. Le crâne était à moitié décomposé. Quelques cheveux s’y accrochaient encore, pleins de terre. Le vigile attrapa sa batte de baseball, et la fracassa sur la tête du mort. Au troisième coup, tous les spectateurs présents notèrent que la peau et l’os s’étaient écartés pour laisser voir la cervelle en-dessous.

Mais la créature ne s’arrêta pas pour autant. Elle finit d’émerger de la terre, et se hissa sur le pauvre gorille, qui commença sincèrement à paniquer. Il se débattit, tapa sur tout ce qui passait à sa portée, avant que les bras du cadavre ne l’immobilisent. La gueule de la bestiole s’ouvrit sur une bouche remplie de chicots noirs, jaunes au mieux.

Elle mordit sauvagement à la base du cou, et d’un coup de tête, arracha un énorme morceau de chair. Le sang se mit à couler tandis qu’elle avalait goulûment sa bouchée. Le vigile laissa échapper un hurlement alors qu’il se faisait mordre à nouveau, directement au cou cette fois. Fantine et les Garçons observaient la scène, yeux écarquillés, bouche légèrement entrouverte, incapables de détourner le regard.

Il ne leur vint pas à l’idée un seul instant d’intervenir. Après tout, il leur avait refusé l’entrée, puis avait essayé de racketter leur Mousse. Dans un ultime gargouillis, il tomba au sol avec le cadavre toujours perché sur lui, qui se mit à le dévorer vivant, puis mort.

« Bien fait pour lui, commenta Fantine avec détachement.
- C’est rude, quand même. Tout ça pour un costard, finalement, il aurait mieux de nous laisser entrer.
- D’ailleurs… »

Sur ces entrefaites, ils contournèrent les formes et pénétrèrent dans la boîte. A l’intérieur, tout était comme ils le voulaient : la sono était poussée à fond, les gens présents dansaient avec abandon, discutaient à côté du bar, ou consommaient des produits originaux aux quelques tables présentes sur les bords de la salle. Quand les premières notes de L’An 1999 retentirent, la foule entra en trace. Le DJ semblait comme flotter dans son monde alors que ses mains s’agitaient sur les platines.

« Voià, c’est ça qu’on veut ! S’exclama la jeune capitaine.
- Euh…
- Je préfère la musique sous-marine.
- Tu préfères toujours les trucs sous-marins, non ?
- Est-ce vraiment surprenant ?
- Certes non, acheva le Mousse en allumant une cigarette. »

Les pirates commençèrent par se diriger vers le bar pour commander des boissons avant de rejoindre la fête et semer le chaos. Hélas, ils n’eurent même pas le temps d’atteindre le comptoir qu’un cri suraigu difficilement différenciable du chant de l’artiste s’éleva. Il fut rapidement rejoint par d’autres. Pas dérangés pour un sou, le trio héla un barman qui leur servit promptement une bière, un alcool d’algues macérées et un cocktail virgin rose rigolo avec une paille.

Un couple passa à côté d’eux en courant, les premiers de la débandade. Un homme trébucha et fut piétiné sans aucun scrupule par ceux qui le suivaient. N’y prêtant pas la moindre attention, ils regardèrent s’ils pouvaient aller s’asseoir quelque part pour siroter leurs boissons, en attendant d’aller s’ambiancer sur la piste de danse pour la capitaine, en attendant d’aller chercher d’autres verres pour les autres.

« C’est bizarre, non ?
- Pfft, t’y connais rien, c’est une boîte.
- Non, j’ai connu mon lot de lieux de débauche et j’peux vous dire que…
- Tais-toi le Mousse, c’était juste comme ça à ton époque !
- Arrêtez de dire que j’suis vi… »

Puis ils les virent. Malgré les projecteurs qui clignotaient. Malgré ce qui restait de la foule en train de s’enfuir. Les gueules ouvertes, les mains tendues devant eux qui essayaient de saisir tout ce qui passait à leur portée, et un regard fixe digne des plus grands consommateurs de drogues, et surtout des blessures a priori mortelles pour n’importe quel être normalement constitué.

Les morts étaient en marche. Celui qui était en tête leur rappela immédiatement quelqu’un qu’ils avaient vus il y a peu : le vigile était immédiatement revenu de l’au-delà et, dès qu’il les aperçus, il infléchit sa course dans leur direction.
« Oh, merde, je vais te le payer, ton costume, si c’est que ça.
- Avec quel argent ?
- Ah. Oui. Capitaine, je peux avoir une avance sur salaire ?
- Quel salaire ?
- Evidemment, suis-je bête…
- On te permet déjà d’apprendre la piraterie avec la meilleure capitaine de Grand Line, à savoir moi. Tu pourrais être reconnaissant, Mousse. »

Une fêtarde en train de se faire dévorer écarta un zombi d’une baffe avant de se relever et regarder autour d’elle. Les autres morts-vivants s’écartèrent légèrement, puis elle pointa du doigt vers Fantine et les Garçons.

« On devrait peut-être y aller…
- Sans déconner.
- Au moins on n’a pas payé. »

Ils jetèrent leurs boissons sur les cadavres sans les ralentir une seule seconde, y compris la bière du Mousse qui fut subtilement subtilisée par Fantine, avant de prendre la poudre d’escampette vers l’extérieur.
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Tout ça avait furieusement un air de déjà vu. Le fait que le sinistre capitaine de cet équipage n'avait visiblement pas le moindre respect pour les boissons aussi bien que celui de passer la moitié du temps qu'ils passaient à terre à fuir. Et si je passe l'éponge facilement sur le deuxième, le premier passe nettement moins bien, pas du tout même.

- Hé mais c'était ma bière ça capitaine !

- Et ?

- Et je voulais la boire ! Vous savez combien ça coûte une bière ?

- On s'en cogne le mousse tu l'avais pas payée.

- Non mais c'est pas une rai …

-WAAAAAAAAAAA !

L'un de ses étranges êtres baveux venaient de me bondir dessus, les dents en avant. Enfin si on pouvait appeler ça des dents.  Je crois pas que ça soit sensé être noire et pourrie une dent. Qui qu'étaient ces gens passablement agressif, une chose était certaine, il ne faisait pas preuve de la même ardeur à se brosser les dents le matin. Je suis comme tout le monde, ça m'arrive d'avoir la flemme, puis bon le tabac c'est pas ce qu'il y a de plus recommandé, mais quand même un petit coup de brosse à dent de temps en temps ça fait de mal. Puis vu l'odeur, un bain aussi. Une âme charitable aurait sans doute pris 30 secondes pour expliquer à ces messieurs dames, l'importance d'un minimum d'hygiène. Mais j'avais déjà une sale gosse sur les bras à réprimander. Mon poing s'écrasa sur le visage de ce sinistre personnage envoyant dans le décor quelques une des parrures noirâtres qui sertissaient sa bouche.

- Son. Vous savez combien de temps ça prend pour faire de la bière ? Le savoir faire qu'il faut développer et mettre en œuvre ? Le choix des céréales et de la levures. Le maltage, le brassage, houblonnage, la fermentation. Des savoirs faire ancestraux, créés par des brasseurs des temps anciens, transmis de pères en fils et de mère en filles sur des générations. Des mois de travail. La bière ça se jette pas, c'est criminel. Pirates ou pas. Fondamentalement être un salopard ça me pose pas de problèmes, mais quand même un minimum de principe, de respect des artisans, des gens qui se suent à la tâche tout les jours pour nous offrir quelques secondes de bonheur. C'est trop demander ?

- T'es au courant qu'elle ne t'écoute absolument pas le mousse ?

Nous étions de retour au point de départ, là où cette ordure de vigile nous avait refuser l'entrée. Sa batte gisait d'ailleurs toujours sur le sol. La seul différence, certes menue mais non sans importance, c’était cette marée humaine se tenait dorénavant devant nous. Elle semblait presque nous attendre à la sortie, tandis que des grognements nous indiquait que leurs petits camarades à l'intérieur arrivaient aussi. Le moment de se poser les vrais questions.

- Bon qu'est ce que vous avez fait tout capitaine ?

- Bah rien.

- Ces gens sont visiblement très énervés, et je vois potentiellement qu'une personne qui ait pu les foutre autant en rogne.

- Et pourquoi moi ? Ça pourrait très bien être Groot.

- Vrai que ça serait pas le premier pogrom anti-homme poissons qu'on verrait de ce côté ci de Grand Line.

- Et pourquoi ça serait pas toi au juste le mousse ?

- Ouais c'est vrai ça qu'est ce que t'as fait encore ?

- « Bah rien »

- Je suis sur que c'est le mousse, t'es d'accord Groot ?

- « Je suis tout à fait d'accord avec vous capitaine. »

Ah l'ordure de poiscaille …

- Allé fais toi pardonner le mousse. Ouvre nous le passage. Qu'on se tire vite d'ici.

- Très bien capitaine. Une bonne tornade de sable et c'est bouclé.

Et la voilà qui me fait non du doigt, elle se saisit de la batte au sol et me la tend, avec son sourire le plus diabolique.

- Avec ça c'est mieux, ça t'évitera de foutre du sable partout sur ma tenue et dans mes yeux.

Grommelant quelques contestations de circonstances, et tenant fermement la batte de mon unique main, je fonce sur la foule nauséabonde bien décidé à me passer les nerfs dessus. Et Dieu sait qu'ils ont été mis à rude épreuve ces dernières heures. J'entame le pugilat avec un plaisir à peine dissimuler. Je bondit en avant, mon genou vient s'enfoncer littéralement dans le torse de l'un d'entre eux. Sans que cela ne crée chez lui la moindre réaction, enfin si une une, un grognement semblable à celui produit par l'ensemble de la masse. Ces types sont quand même un poil étrange. Mais pas le temps de se poser trop de questions, il faut traverser cet mer humaine. Mon haki fonctionne a plein régime et je lui dois sans doute comme à mon logia le fait de ne pas avoir été blessé par ces types. Pas qu'ils soient tellement forts, ou nombreux, mais surtout qu'ils sont teigneux. Et encore c'est un euphémisme, quand je vois ce cul de jatte essayer de me mordre les chevilles ou le type de tout à l'heure avec un trou à la place de l'estomac continuait à me courir après … D'un revers de batte j'expédie la tête d'un type plusieurs mètre plus loin.  

- Home run !

- Qui c'est qui …

- C'est moi Batte !

Ah oui évidemment la batte.

- Home quoi ?

- Tu connais pas le basseball ?

- C'est à dire que des connards à casquette qui se lancent des balles dessus, ça m'a toujours eu l'air incroyablement stupide. Sans parler de la tenue ou des noms d'équipes à coucher deh...

- Bon tu te grouilles le mousse ?

Le capitaine et Groot me font signe, plusieurs mètres derrière la horde. Comment diable sont ils passés ?

- On a profité que tu les occupes pour passer en douce. C'est de la stratégie je t'apprendrai si tu veux le mousse.

Je pousse un long soupire … Au moins, elle a la gentillesse de ne pas me laisser derrière. Tu me diras ça obligerait Groot à laver le pont à ma place. Pas sur qu'il soit très motivé par cette idée.

Utiliser la batte qu'elle a dit. Le sable tourbillonne autour de moi et se concentre peu autour de la batte. J’envoie un puissant coup droit et le sable se déchaîne m'offrant une porte de sortie.

- Hé j'avais dis sans le sable le mousse !

- Vous m'aviez juste dis de plutôt utiliser la batte capitaine, et j'ai pas mis de sable sur vos vêtements.

- Tu joues sur les mots le mousse.

- Je vous apprendrai si vous voulez capitaine.
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« Tu vas voir ce que je vais t’apprendre !
- Ha. Vous devrez vous lever trente ans plus tôt que ça pour m’apprendre quoi que ce soit.
- T’es SI vieux que ça, Mousse ?
- Grmbl, je suis dans la fleu…
- En fait, on s’en fout. A partir de maintenant, tu n’as plus le droit d’utiliser le sable. Plus. Du. Tout.
- Genre.
- Et ouais, Mousse. Et comme c’est moi la Capitaine, faut que tu fasses ce que je te dis.
- Parce qu’on fait ce qu’elle dit, d’habitude ?
- C’est vraiment le moment de discuter ?
- C’est pas faux. »

Ce qui était effectivement vrai. Les zombis aux alentours, loin d’être ralentis par les attaques du borgne, s’étaient relevés et marchaient d’un pas trainant vers le trio. L’un d’eux, plus proche, mordit à pleines dents dans l’épaule du Mousse, qui le regarda faire avec un regard totalement désintéressé. Sans la moindre surprise, les mâchoires s’entrechoquèrent sur une bouchée de sable et il fracassa la tête du mort-vivant avec sa batte maintenant davantage vivante que les cadavres.

« En temps normal, ce serait le moment idéal pour qu’un type ayant une dent en granit marin me morde, mais on dirait qu’aujourd’hui la chance est de mon côté. Mais de toute façon, même sans utiliser le sable, je SUIS le sable. Ils ne peuvent rien contre moi. »

Il eut à peine le temps de finir sa tirade qu’un coup de tonnerre éclata au-dessus de lui. Dans les trois secondes, la pluie se mit à tomber avec acharnement, notamment sur le vieux manchot, qui avait la tête baissée. Ses longs cheveux sales lui cachaient le visage, mais il le releva finalement pour regarder son capitaine.

« Ca se passera de tout commentaire. »

Les deux autres haussèrent les épaules et se frayèrent un chemin à travers les hordes, de plus en plus nombreuses, qui cherchaient à les atteindre. Leurs coups avaient beau être vicieux, comme ils y étaient entrainés depuis le début de leurs aventures, cela ne suffisait pas à arrêter les macchabées, qui avaient l’avantage indéniable d’être déjà morts.

« Allez, swing, cowboy !
- Comment tu m’as appelé ?
- Cowboy ! C’est ça, le baseball, c’est l’esprit des yankees !
- Hum…
- Essaie ! Tu verras ! »

En désespoir de cause, Kurn se décida à dégainer Respora. Les lames dentelées charcutaient bien les zombis, et sans les jambes et les bras, ceux qui n’étaient déjà pas bien véloces devaient se contenter de ramper à leur poursuite.

Fantine et les garçons arrivèrent à une petite place sur laquelle cinq boîtes de nuit donnaient. Toutes semblaient très select, mais l’intérieur n’intéressait plus personne. La ruée pointait désormais vers l’extérieur, droit vers eux, et personne ne respectait la file d’attente. D’un coup d’œil, Kurn estima qu’il s’agissait là, au bas mot, d’une bonne centaine de fêtards qui étaient prêts pour leur dernière gigue, avec eux.

« Par où, maintenant, Fantine ? Demanda Kurn.
- On n’a qu’à jouer à cache-cache !
- C’est eux qui comptent ?
- Evidemment ! »

Cache-cache s’avéra rapidement être le dernier nom que la jeune fille avait décidé d’utiliser pour désigner la fuite effrénée, comme ses camarades s’en rendirent rapidement compte. Heureusement, au pas de course, peu de morts-vivants étaient capables de tenir le rythme. Ils s’éloignèrent du quartier des boîtes pour arriver dans un endroit plus résidentiel.

Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite. Pas un mort-vivant à l’horizon. Ils s’engouffrèrent dans la première maison à portée sans regarder de quoi il s’agissait. Elle était plutôt spacieuse et après un petit couloir, ils atterrirent dans un séjour rempli de fauteuils, mais autrement vide. Un regard à la fenêtre leur permit de voir que les zombis les avaient suivis. Ils erraient déjà en face de leur bâtiment, mais sembler hésiter sur lequel investir en premier.

« Je crois qu’on est à l’abri quelques instants.
- Ils nous ont presque trouvés à cache-cache ! J’suis sûre qu’ils trichent !
- En attendant, on n’a pas l’air parti pour gagner.
- Hm…
- C’est quand même bizarre, tous ces cadavres qui deviennent vivants à côté de nous.
- Oui… J’ai quelque chose sur le bout de la langue mais…
- Toi aussi ?
- ELLE AUSSI, MOUSSE ! »

Juste derrière eux, alors qu’ils regardaient tranquillement par la fenêtre, une petite vieille avec un déambulateur avançait aussi frénétiquement que possible dans leur direction. Ses lunettes pendaient de travers, un filet de bave séchée lui coulait au coin des lèvres et son dentier manquait de lui tomber de la bouche. Mais les dents semblaient parfaitement aiguisées pour couper dans la chair mouillée du borgne.

D’un revers de la batte en se retournant, il détacha la tête du corps, et elle alla s’écraser au-dessus de la porte qu’ils avaient empruntée en arrivant. Le corps hésita, puis se retourna pour aller la chercher, toujours en déambulateur. Le crâne plein de bigoudis glissa doucement le long du mur jusqu’à tomber au sol avec un bruit sourd.

Cela signala l’entrée des camarades de la vieille dame, tous des retraités qui habitaient également dans ce qui se trouva être une maison de retraite.
« Ils triiiiiichent ! Ils jouaient pas avant !
- Et on fait quoi avec les tricheurs ?
- Homerun ! Homerun !
- On les punit ! »

Kurn reprit fermement Respora en main. Le sabre tressaillait visiblement dans sa main à chaque respiration de Fantine. Puis, dans un dernier soubresaut, les dents se mirent à claquer entre elles, dans une très belle imitation de tronçonneuse ou de requin.

Punition, alors.
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Briser des genoux de personnes âgées à la batte de base-ball pour les punir. Voilà que je me retrouvais soudainement dans la fleure de l'âge. Des images de ma vie de gros bras sans ambitions ni scrupules sur les Blues revenaient à moi. Les petits boulots, les tavernes sordides, l'alcool bon marché et le regard apeuré des gens dans la rue … Tellement de bon souvenirs. Rien n'avait vraiment changé finalement, si ce n'est qu'au lieu d'un sale type ventripotent, cigare aux lèvres, c'était une sale môme aux cheveux bleus qui donnait les ordres. S'il y a quelqu'un là haut, il a décidément un sens de l'humour des plus douteux.

J'en suis à combien exactement ? Dix, quinze, une vingtaine ? J'en ai totalement perdu le compte. Mon corps se meut tout seul, comme un automate mes mouvements s'enchainent d'eux même. La chaîne de mon crochet siffle, Batte tambourine sur les crânes de ces biens étranges vieillards et tout ça sous le couvert des bruits stridents émis par les dents de l'épée de la rascasse.

- Dis moi cowboy, je peux te poser une question ?

- Évidemment oui, c'est pas comme si j'avais une armée de personnes âgées en train d'essayer de me bouffer le visage.

- Perfect.  Pourquoi tu t’embêtes à obéir à la gamine ? Tu veux pas nous refaire un petit coup de desertstorm comme tout à l'heure. C’était totalement spectaculaire, comme on l'aime dans ma country.

On y aimait vraisemblablement pas le sarcasme dans son bled.

- C'est à dire que c'est relativement une longue histoire et j'ai pas vrai …

- Great ! J'adore les longues histoires.

Décidément que ça soit la capitaine ou les objets animés par son pouvoir, aucun ne sont semble-t-il capable de comprendre ce que je disais. Oh mais attends, le pouvoir du capitaine, animer les objets inanimés. Mais oui bien sûr ! Voilà pourquoi les dents de l'épée de Kroot sont capable de bouger toutes seules. Quel con je peux faire des fois.

- Bon bah notre histoire a commencé à Goa, il y a de ça des années …

J'esquive à la dernière seconde une main aux ongles noircis qui cherche vraisemblablement à m'arracher les yeux. Je tourbillonne sur moi même et je décoche un coup de pied en plein thorax au petit vieux qui en recrache son dentier avant d'aller littéralement s’exploser sur le mur le plus proche. D'un même mouvement la chaîne de mon crochet se décroche et il vient s'enfoncer tendrement dans le crâne d'une de ses sinistres créatures qui perd alors toute vélèité de se battre.

- Et c'est comme ça que j'ai rencontré Drogo, ainsi qu'un personnage sinistre qui reviendra plusieurs fois Grey.

Ils n'arrêtent pas d'arriver. Enfin de se relever pour la plupart, quand on y pense ça ferait des soldats bien plus efficace que ceux de la marine, voir des supers membres d'équipages, en tout cas tout autant qu'une toupie, un chien et une parabole j'imagine. Encore faut-il supporter l'odeur …

- Et c'est en me réveillant avec une grosse gueule de bois que je me suis rendu compte que ce maudit tonneau avait été transporté jusqu'à Navaronne.

J’envoie mon crochet se planter au plafond et je me laisse remonter. Puis je retombe avec fracas les deux pieds en avant sur l'une de ces vermines dont le nombre commence à vue d’œil à diminuer.  Mon haki hurle au danger et mon coude vient stopper net l'un des morts-vivants qui tentait, avec un sens tactique surprenant, de me tomber dans le dos. D'un bon revers de Batte, il en perd sa tête.

- Et voilà comment je me retrouve dans cette galère avec rien de mieux à faire que d'obéir à une gamine capricieuse.  

Et à taper la discute à une batte de baseball au milieu d'un champs de bataille entre personnes âgées et pirates. J'avais quand même bien dû merder quelque part. Ou j'étais peut être tout simplement foutu depuis le début, le jouet d'une puissance supérieure que nous dépasse tous complètement et qui serait dans ce cas là une sacrée petite ordure. Toujours est il qu'il restait encore encore un bon paquet de vieux à massacrer et je me laissais aller à une douce frénésie tandis que Batte se sentait dorénavant obligeait de faire un « debrief » de mon histoire.

- Mais en tout cas, il est vrai que ce Grey m'a tout l'air d'être un sacré jerk.

- Et encore t'as pas entendu sa voix, ni vu sa tronche. Là t'aurais vraiment de le violenter physiquement, encore pire qu'avec la gamine.

Gamine qui semble s'amuser comme une petite folle à sauter de tête en tête ridée et à tordre des cous. Au moins elle fait la fête c'est déjà ça.

- En tout cas boy, tu m'es sympathique. Quand tout ça sera terminé, toi et moi on ira se lancer quelques balls, OK ?

- Si ça peut te faire plaisir mon petit Batte, on ira s'en jeter quelq …

VRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !

L'épée de Kurn vient de trancher net Batte en deux dans le sens de la largeur qui ne me laissant en main qu'un pauvre moignon boisé. La poiscaille elle continue à jouer au sabreur sans même se rendre compte de son ignoble forfait. Je pousse un long soupire. Puis le sable se déchaîne, balayant les cadavres mouvants un par un mais aussi Kurn et Fantine, explosant les fenêtres qui ne l'étaient pas encore et déchirant le papier fleuri qui recouvrait les murs. J'ai plus envie ni d'obéir ni de jouer, je vais juste exploser tout ces cons et rentraient au bateau, boire un ou deux verre de trop et m'endormir sur le pont une cigarette aux lèvres en espérant me lever sur un autre bateau loin de cette sale môme et de son acolyte à branchies. Ou alors j'ai juste envie de les énerver un bon coup autant que moi je le suis. Peu importe, j'ai un logia et ce soir je fais la fête avec.


Dernière édition par Galowyr Dyrian le Ven 27 Avr 2018 - 15:09, édité 1 fois
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La tempête de sable, dans l’espace confiné qu’était le salon, gagnar rapidement en puissance. Après les fenêtres, les meubles s’envolèrent, suivis par les vieux zombis. Ils s’écrasèrent dans les murs de la maison, que l’appel d’air faisait trembler. Du sable plein les yeux, Kurn laissa doucement retomber le bras qui tenait Respora, dont les dents s’agitaient toujours frénétiquement. Fantine s’arrêta à côté de lui, et couvrir ses yeux de ses mains.

Ni le Mousse ni l’ouragan ne donnaient l’impression de vouloir s’arrêter. La maison vola enfin en éclat, et le toit, lui, s’envola pour s’échouer contre une bâtisse voisine. Le fracas de la pierre brisée était quasiment inaudible pour Fantine et les Garçons. Tous les morts-vivants des environs, qui étaient à leur recherche pour la partie de cache-cache, leur foncèrent dessus, attisant la crainte de Kurn qu’ils soient maintenant dans une situation inextricable.

« Ha ! Ils peuvent pas nous attraper, dans la tempête ! Cria Fantine. »

Elle était cramponnée à la main de la rascasse, les pieds enfoncés dans les dix centimètres de sable qui recouvraient déjà le sol. L’homme-poisson, lui, se contentait d’utiliser son poids considérable pour ne pas bouger. Sous leur regard un peu surpris, le borgne manipulait des vents de sable d’une ampleur toujours plus importante, sans se soucier des alentours.

Debout côte à côte, Fantine et Kurn regardaient droit devant eux le Mousse qui s’amusait tout seul à déclencher la puissance de son logia.
« Groot ?
- Oui, Fantine ?
- Il jette du sable, là, nan ?
- Oui, on peut dire ça comme ça.
- Il jette du sable sur NOUS ?
- Ca me semble indéniable.
- Hm. »

Elle attendit quelques secondes.
« J’ai du sable plein les vêtements.
- Moi aussi.
- Je lui avais pourtant interdit de jeter du sable.
- C’est vrai.
- J’en ai dans les cheveux, aussi.
- Moi au… Ah non. »
La jeune fille flanqua un coup de pied dans le tibia de l’homme-poisson, qui laissa échapper un grognement de douleur.
« C’est pas drôle !
- J’ai pas ri. »
Le sable continuait de s’accumuler en petits tas autour d’eux, jusqu’à ce qu’ils en aient jusqu’aux genoux.
« Du coup, je ne vois qu’une seule chose à faire.
- Je me doute.
- On le marrave.
- On peut peut-être juste le laisser se défouler et aller faire autre chose, plutôt, non ?
- Non !
- Bon, bon… »

Kurn rengaina Respora, en sachant pertinemment qu’elle ne lui serait d’aucune utilité face au logia du Mousse. Fantine grimpa sur son dos et, l’avant-bras massif masquant ses yeux, il marcha d’un pas pesant vers l’épicentre de la tornade. Heureusement qu’il pleut encore un peu, songea la rascasse. Ils arrivèrent enfin à portée du vieux pirate, alors leur capitaine tendit le bras et colla une beigne droit dans sa tête.

De manière tristement prévisible, pensa Kurn, celle-ci se désagrégea puis se reconstitua dès l’attaque passée. Fantine ne se laissa pas démonter et recommença une bonne dizaine de fois en à peine deux secondes, avant que le borgne ne hausse les sourcils d’un air blasé et ne les éjecte d’un coup de vent de sable.

L’œil du cyclone s’agrandit et format une espèce de petite arène au-delà de laquelle le monde vivait sa vie. Plus probablement, des zombis se faisaient déchiqueter par les particules de sable. Les pirates ne perdirent pas de temps en paroles inutiles. Nous devons tous avoir horriblement conscience d’à quel point ce que nous faisons, que ce soit maintenant ou de manière générale, est stupide. Enfin, j’espère…

Cette fois, Fantine et Kurn se désassemblèrent et fondirent sur le borgne, chacun d’un côté. Kurn essaya de sentir son bras se recouvrir de fluide noir, mais il ressentit seulement le glissement du sable sur ses écailles. Au niveau des genoux du Mousse, la capitaine envoya une balayette qui n’eut aucun effet. Le crochet s’enfonça dans les abdominaux du Second et un coup de genou écarta la gamine.

« Pfft, il triche. Juste parce qu’il pleut pas beaucoup.
- Hm… Réfléchit Kurn. »

La rascasse se mit en garde de karaté aquatique, et inspira profondément. Sa main gauche, tendue vers l’avant, fit un lent cercle d’environ un mètre de diamètre. Puis il avança subitement d’un pas en envoyant son poing droit, et une pluie de gouttes d’eau furent propulsées vers le logia du sable. Elles s’écrasèrent sur son corps en faisant de larges zones humides, impossibles à manquer. Sans s’arrêter, Kurn continua à envoyer de l’eau.

Sans trainer, le Mousse se mit à se déplacer pour les esquiver.

« A moi ! »
Fantine replongea dans la mêlée, en utilisant son haki de l’empathie pour ne pas se trouver sur la trajectoire des attaques de son second. Toutes ses attaques visaient là où des gouttes étaient tombées, que ce soient les emplacements touchés par Kurn ou le haut du crâne du borgne, mouillé par la simple action de la pluie.

Tu parles d’une fête.
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Il est toujours impressionnant de voir à quel point des crétins finis dans la vie quotidienne puissent se révéler d'une intelligence redoutable dès qu'il s'agit de mettre des beignes à leur prochain. Ces deux là sont même un cran au dessus. Cette intelligence redoutable apparaissant dès qu'il s'agit de me rendre la vie impossible. Il avait fallu en plus de ça qu'ils connaissent la faiblesse du fruit du sable et que l'un d'eux soit un homme poisson, spécialiste du karaté aquatique. Quand le sort s'acharne, j'applique une méthode infaillible. J'encaisse sans rien dire en enchaînant les cigarettes. Quand on essaye de prendre un peu de recul sur la situation, un handicapé se battant contre un homme rascasse et une gamine au milieu d'une tempête de sable déchiquetant des cadavres animés. L'homme face à l'Absurde.

Mais l'Absurde pour le moment il a vraiment envie de me cogner. Je laisse mon haki prendre le contrôle de mes mouvements. Face à l'Absurde à quoi cela sert-il de penser au final. Mes pensées disparaissent et seuls restent mes réflexes. Les petits poings crispés de Fantine meuvent dans tous les sens, c'est une véritable avalanche de coups. Puis ce sont les autres parties de son corps qui se joignent à la danse, les genoux, les pieds. Je crois même qu'elle essayé de me mordre. La cinglée...  La rascasse plus finaude j'imagine reste à distance pour continuer à m'asperger. Je repousse Fantine du bras, et je m'en vais tailler une tranche de sashimi dans le poisson. La pointe de mon crochet n'est stoppée qu'à la dernière minute par son hachoir aux proportions ridicules. Un échange de coups s'en suit. Crochet contre Respora, un combat inégal. Une ouverture s'offre à moi. Ma main s'enroule autour du cou du second de l'équipage en évitant les épines. Je le tiens enfin. Je suis sur le point de lâcher la remarque la plus goguenarde que j'ai en stock. Un truc en rapport avec la pêche ou un machin comme ça. Lorsque soudain, un vive douleur irradie mon bas-ventre. Par réflexe, je lâche ma proie et je me retourne pour envoyer mon poing directement dans le visage du responsable. De la responsable devrais-je dire.

Oh non je l'ai pas cogné en plein visage quand même. Jusque là j'avais moyen de m'en sortir, mais là c'est certain elle va me tuer. Non je penses que son imagination perverse trouvera une punition bien pire. C'est un monstre. En plus comme si ça suffisait pas j'ai un mal de chien. Je crois que je vais vomir. Merde la voilà qui se relève, la seule solution qui m'étais venu à l'esprit c'était sa mort.  

Tu as osé le mousse ? Tu m'as frappé au visage !


Je me suis défendu capitaine, après tout vous m'avez littéralement frappé en dessous de la ceint …

Tu m' as frappé au visage !

Et vous m'avez littéralement broyer les …

Je vais tuer Mousse !

Il ne me reste plus j'imagine qu'à utiliser la technique de prédilection de Fantine et les Garçons. La fuite. Je tourne les talons et je l'entends m'ordonner de rester là. Pour le moment c'est Groot qui va éponger une partie de la colère. Elle doit d'ailleurs déjà être juchée sur ses épaules à lui ordonner de me poursuivre. Et une course poursuite, encore plus absurde que la petite bataille qui vient de se dérouler, commence. Il faut à tout prix que je trouve un moyen de la calmer. Sinon ça ne peut que mal se terminer. Il me faut une idée.

Boum ! Boum ! Boum !

Un cadeau ? Avec le coquart qu'elle se coltine, il me faudrait mon poids en or pour qu'elle commence à envisager de me pardonner. Rejeter la faute sur Groot ? C'est souvent la meilleure solution mais là ça risque d'être un poil tendu. M'enfuir ? C'est la meilleure option mais j'ai pas de navire.  Oh merde une impasse.

Boum ! Boum ! Boum !

On te tient le Mousse !

C'est un Groot épuisé qui me fait face. Sur ses épaules, le capitaine à l’œil violacé n'a semble-t-il pas eu le temps de me pardonner mon forfait.

Boum ! Boum ! Boum !

Qu'est ce que c'est que ce bruit. Mon haki s'envole, englobant l'espace, la ville, le port, les navires. Oh, mais oui bien sur ! La voilà mon échappatoire.

-Avant que vous ne commettiez l'irréparable capitaine. J'ai une surprise pour vous !

-Une surprise ?

Le ton de la voix change subitement, je le savais. Ce mélange de gamine pourrie gâtée et de pirate assoiffée de richesse est incapable de résister au coup de la surprise et du cadeau.

-Une surprise !

-Quoi comme une surprise ?

-Une fête bien sur !

- Il se moque de toi Fantine. Il bluffe, et il bluffe très mal.

-C'est vrai ça ?

On sent une petite pointe de déception dans sa voix. Je fait non de la tête avant de poursuivre.

- Bien sur que c'est vrai. Kroot n'est plus à une bêtise prêt.

- C'est pas faux.

- Humf …

Suivant ce boum entraînant, nous nous retrouvons face à notre navire, où se tiennent de bien étrange bacchanales.

- On vous a organisé une fête surprise sur le navire capitaine. C'est l'idée de Grurn. Il s'est dit que ça vous ferez plaisir.

- Ah bon c'est ton idée Groot ?

- Heu …

Il semble rechercher si cela lui vaudra ou non des ennuis avant de trancher la question et d'affirmer que c'était bien son idée. Un sourire vient déchirer le visage du capitaine. Elle est si mignonne qu'on en oublierait presque que c'est un démon et qu'elle a un œil au beurre noir. Si elle pouvait d'ailleurs elle même l'oublier ça m'arrangerait.

C'EST LA FÊTE ALORS !

Et là voilà qui s'élance déjà sur le danse-floor où elle semble peu à peu piquer la vedette au Crocodog qui avait jusque là impressionné tout le monde par son déhanché légendaire. Quelque peu soulagé j'allume une cigarette regardant d'un air amusé le spectacle qui s'offre à moi.

- Tu sais que c'est toi qui va tout devoir nettoyer demain ?

- C'est le travail d'un mousse. Au moins j'aurais gardé ma tête une soirée de plus.

- Elle sort d'où cette fête d'ailleurs ?

- Aucune idée Kurn. Profitons juste de l'instant.  

Il semble à moitié surpris que son vrai nom soit enfin employé. Drôle de soirée. On a toujours aucune explication sur ces cadavres animés et d'où ils pouvaient bien sortir. Mais bon tout le monde s'en cogne. En quoi cela était il plus intéressant que Parabole défiant la toupie au limbo ? Kurn essayant d'expliquer à l'une des portes du navire à quel point les danses traditionnelles de son peuple était bien plus élégantes que la chorégraphie proposée par Fantine. Et moi j'étais là, au milieu de ce cirque, une cigarette aux lèvres, et une bouteille à la main. Et c'était sans doute là le plus grand mystère de la soirée. Qu'est ce que je foutais encore là ? Une forme insoupçonnée de masochisme j'imagine. Mais repoussons ce genre de question à demain. Ce soir, c'est la fête !  


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