[Terminé][Flashback] Ô Captain, my captain ! [PV Moka Charlotte]

Flashback : Il y a quelques mois



La taverne, mon endroit préféré pour me faire un maximum d'argent en peu de temps.  J'entrais d'un pas décidé dans cet établissement. J'étais vêtu comme à mon habitude de ma tenue de "saltimbanque", orné de coeur et de carreau sur le devant ainsi que du trèfle et du pique dans mon dos. Je contrastais vraiment avec ce genre d'endroit. C'était un véritable repaire de mercenaires et de contrebandiers en tout genre. Si j'avais été impressionnable j'aurai sans doute pris mes jambes à mon coup. Mais si y a une chose que j'ai appris c'est que l'argent n'a pas d'odeur et que l'argent sale se dépense aussi bien que l'argent plus "propre".  Mes voyages sur South Blue m'ont permis de repérer les endroits prometteurs pour gagner de l'argent, et à ce qu'on m'a dit ici,  l'argent passe de main en main assez facilement.

Pourquoi s'embêter à aller chercher de l'argent dans les mains de pauvres gens quand des idiots bourrés de thunes peuvent vous le refiler ? Surtout que les contrebandiers du coin ont une facheuse tendance à dépenser leurs argents assez facilement dans ces plateformes.  Mais ce qui attira davantage mon attention c'était la violoniste  présente  dans la salle qui essayait de donner un peu de vie à cet endroit lugubre. Elle maniait bien son archet mais son instrument   était mal accordé. Je jouais de l'ocarina depuis longtemps maintenant et j'avais acquis une certaine oreille musicale. Je l'écoutais en essayant de me concentrer sur les autres notes mais c'était impossible. Je n'arrivais pas à savourer ces notes. Tant pis, je trouverai mon divertissement ailleurs.

Je vis des gens en train de jouer au poker. Intéressant ? Et si je me joignais à eux pour prendre la température ?  Je m'installais à leurs côtés et sans que nous décrochions le moindre mot, ni bonjour ni au revoir, nous jouâmes aux cartes. Le niveau était assez relevé, ce qui ne m'empêcha pas de réussir quelques bonnes combinaisons.  Les joueurs d'ici était agressifs, ils s'en foutaient de perdre des dorikis tant qu'ils s'amusaient. Moi je partais dans l'optique de conserver au maximum mes dorikis ce qui me forçait à jouer  prudent. Qu'ils se moquent de moi à cause de mon attitude prudente, dans tous les cas ma bourse se remplissaient petit  à petit  alors que celles du gros poissons de la table n'arrêtait pas de descendre . Je n'avais pas rafler autant que je l'espérais mais suffisamment pour me payer un coup à boire. Je m'approchais du comptoir après avoir salué les gens d'un coup de tête. Je m’apprêtais à  commander un bon verre de rhum quand finalement, me rappelant d'un certain événement,  je me ravisa sur de la bière.

"Tavernier, une pinte s'il te plait. "


"T'es pas du coin toi ..."

"Bien vu, à quoi tu l'as remarqué ?"

"Tu as dis s'il te plait, les gens d'ici ne le disent pas ..."


"Je tâcherai de m'en rappeler dans ce cas !"


Avec un sourire narquois, je me penchais sur mon verre. J'avais déjà eu des déconvenues avec l'alcool donc maintenant quand je suis dans ce genre d'endroit je préfère m'assurer de conserver les idées claires. Je battais les cartes machinalement, c'était un moyen de rester un peu  concentrer. Alors que je profitais de ma pinte dûment gagné, je vis la porte de la taverne s'ouvrir.  La violoniste était partie.  Ah ben tiens, j'ai peut être l'occasion de remporter un peu plus d'argent. Je m'approchais du tavernier et je lui demandais du coup s'il cherchait un musicien pour remplacer la violoniste partie. Je fus dévisagé et il me dit que je pouvais toujours essayer, mais qu'il ne fallait pas que je m'étonne de tomber sur un public peu mélomane.   Tant pis, c'est un challenge que je relève. Je confie le reste de ma pinte au tavernier et je m'approche de la scène en sortant mon ocarina.   Il y eut un léger silence,  et je profitais de cette occasion pour commencer ma partition.



A la fin de ma partition je pus voir que j'avais capté l'attention des trois quarts des personnes présentes dans la taverne. J'étais assez fier de moi d'ailleurs. J'eu même droit à quelques applaudissement discrets du fond de la taverne. Je saluai mon public et retourné à ma pinte.  Peut être en ferai-je une autre après, mais pour l'instant je préférais profiter de mon petit moment de gloire dans cette taverne malfamé. Après tout, il est possible que même les ignares aient un minimum de bon sens artistique.  Je sentais quelqu'un se rapprocher de moi et je tournais la tête vers cette personne.

"Je peux vous aider ?"


Dernière édition par Kazan Newday le Dim 11 Déc 2016 - 20:59, édité 2 fois
    Depuis les événements de Manshon, Moka n’avait cessé de fuir, les tueurs des Tempiesta le traquant sans relâche. En arrivant sur Rokade à bord d’une petite barque louée à quelque contrebandier louche, Moka ne s’attendait pas à découvrir une île aussi inhospitalière, fief d’un grand pirate, connu sous le nom de Clotho, dont les méfaits faisaient frémir le jeune homme. Un grand arc de pierre brune les accueillit à leur entrée dans le port, et brusque courant d’air froid venu du canal fit gonfler les voiles de la petite embarcation, la rapprochant progressivement des quais.

    - Nous sommes bientôt arrivés, dit Moka, en enfilant les manches de son manteau de voyage aux couleurs de Totland.

    - J’espère que personne ne nous a suivi cette fois, répondit Nikolas, tandis qu’il s’étirait sur le pont, au grand dam du contrebandier qui essayait de manœuvrer son bateau sans gêne visuelle.

    - Toi, qui as beaucoup voyagé, tu connais des endroits sympas sur cette île ?

    D’un pas chaloupé, Nikolas rejoignit Moka et prit place à ses côtés, prenant soin de recoiffer les quelques mèches rebelles qui barraient son front avant de remettre son chapeau. Visiblement songeur, l’archer semblait réfléchir, tout en scrutant l’horizon de ses yeux blancs, à la recherche d’un souvenir, sans doute, pensa Moka.

    - Je connais une bonne taverne, le Fruit Défendu, avec un tenancier qui ne pose pas de questions et des lits sans punaises.

    - Bien.

    Une fois le bateau bien amarré, Moka s’empressa de donner une bourse supplémentaire au contrebandier, afin de le remercier de sa rapidité, mais aussi acheter son silence. Dans une île comme Rokade, les rumeurs allaient vite d’oreille en oreille, et Moka ne tenait pas à attirer l’attention.

    - Suis-moi Moka, je vais te conduire à la taverne dont je t’ai parlé, souffla Nikolas.

    Avant de s’en aller sur les pas de Nikolas, Moka jeta un coup d’œil en arrière, et il vit déjà le contrebandier qui les avait amenés ici discuter avec d’autres marins en les pointant du doigt. Accélérant le pas, il suivit l’archer à travers des rues étroites se perdant dans un dédale de maisons crasseuses, sur les perrons desquels des gens les dévisageaient. Soudain, Nikolas s’arrêta et pointa du doigt une imposante bâtisse dont l’enseigne représentait une pomme croquée.

    - Alors, c’est ça le Fruit Défendu ? questionna Moka, qui n’avait aucune confiance en ce genre d’établissements.

    - Oui, tu verras, la cuisine y est bonne, dit Nikolas, avant de se tourner vers Moka, le sourire aux lèvres. A moins que Monsieur ait des goûts de luxe ?

    - Tais-toi et entrons !

    En pénétrant dans la taverne, Moka fut immédiatement frappé par l’ambiance plutôt chaleureuse qui y régnait. A sa droite, des hommes jouaient aux cartes, riant et s’injuriant de façon amicale, tandis qu’un musicien faisait jouer de son archer pour mettre à l’aise les clients. Depuis les cuisines, un léger fumet laissait entrevoir tout le talent du cuisinier, et Moka ne fut pas long à s’installer, un peu à l’écart en fond de salle, en compagnie de son ami.

    - Je sens que l’on va se régaler ici ! s’écria-t-il en adressant un clin d’œil à une serveuse qui s’avança vers eux.

    - Qu’est-ce que je vous sers les gars ? demanda la serveuse, un joli brin de femme, brune, avec les yeux clairs et les pommettes hautes.

    - Ça sera simplement une bière pour moi, répliqua Nikolas, de son ton sans émotions dont il était coutumier.

    - Ramenez-moi votre plat du jour, c’est un plat de poisson que je sens depuis les cuisines ? interrogea Moka, en se laissant aller sur sa chaise.

    - C’est exact, de l’espadon avec du riz à la coriandre, vous êtes cuisinier en plus d’être beau garçon ?

    - J’ai de nombreux autres talents.

    Après un dernier sourire aguicheur à l’adresse de Moka, la serveuse s’en alla pour donner des ordres en cuisine. Reportant son attention sur l’estrade, il se laissa porter par la douce mélodie du violon, alors que Nikolas semblait toujours sur ses gardes, ses sens à l’affût, ce que nota Moka.

    - Et voilà pour vous, dit la serveuse, en posant un imposant plateau sur lequel se trouvaient les commandes des deux hommes.

    - Merci ma jolie !

    Regardant la serveuse partir de sa démarche gracieuse, Moka reporta alors son regard sur son plat puis sur la salle qui commençait à s’agiter autour de lui. Le violoniste avait arrêté son ode, récupérant une bourse auprès de l’une des serveuses avant de s’éclipser sans un aurevoir. Un artiste uniquement intéressé par l’argent n’en est pas vraiment un, pensa Moka en son for. Cependant, ils n’eurent pas à attendre longtemps puisque, quelques instants après le départ du violoniste, un autre musicien entreprit de réchauffer l’ambiance.

    Après s’être placé au centre de l’estrade, le musicien sortit un genre d’ocarina, et Moka put le détailler de plus près. Grand, plutôt élancé, ce jeune homme, qui ne devait pas avoir plus de 18 printemps, étonnait Moka par sa tenue excentrique et ses cheveux d’un rouge éclatant qui le rendait irréel. La mélodie qu’il joua coupa le souffle à l’auditoire, même les joueurs de cartes arrêtèrent leur partie pour profiter du talent de ce jeune homme. Assurément, cet homme était bien intriguant aux yeux de Moka, et il se décida à aller le voir.

    Au moment où le musicien s’arrêta, Moka décida de le suivre jusqu’au comptoir où il était attablé devant une bière. Deux mètres le séparaient encore du mystérieux inconnu lorsque celui-ci se retourna, le regardant droit dans les yeux.

    - Je peux vous aider ?

    - Et bien oui ! Si vous veniez déjeuner avec nous ? Dans mon pays d’origine, nous estimons les artistes.

    Et il lui tendit une main amicale, un sourire avenant aux lèvres.
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    Je détaillais l'individu qui se présentait devant moi. Un homme d'une certaine allure, il mesurait ma taille à peu près mais il était habillé d'une façon un peu singulière. Il portait une sorte d'uniforme, pas le même que ces stupides marines, qui lui donnait un air de militaire.  Il avait un grand manteau qui couvrait ses épaules jusqu'au bas de sa tenue. Cela expliquait pourquoi il n'avait pas attiré l'attention des pirates présents. Les gens sont paranoiaques ici, s'ils ont un doute sur un gars qu'ils suspectent d'être marine, ils préfèreront fuir. Cependant, cela se voyait à son allure que ce n'était pas un combattant de carrière, il semblait plutôt de la noblesse. Je ne comprend pas ce qu'un homme de son rang fait dans une taverne aussi miteuse. Ce qui m'interpella en premier, ce fût l'aura qu'il dégageait.

    Ma conception des gens se limite à un jeu de carte. Je me suis souvent identifier à la carte du chevalier dans le jeu du tarot. Une carte rare qui n'est présente que dans ce jeu là.  Les gens que je voyais dehors n'était que des chiffres, des deux, des huits, pour les meilleurs des valets. Mais lui, je ressentais qu'il n'était pas comme les autres. A mes yeux, il ressemblait à un as. Du moins, c'est l'impression que j'ai eu. Il n'avait pas l'air hostile mais j'avais toujours tendance à me méfier des gens rencontré dans des tavernes. J'avais eu une mauvaise expérience. Alors que je le fixais, l'homme brun me sourit et fini par dire :

    "Et bien oui ! Si vous veniez déjeuner avec nous ? Dans mon pays d’origine, nous estimons les artistes"  

    Je jetais un oeil vers sa table, cela sentait très bon. Rien à voir avec la bouffe douteuse que j'ingurgitais souvent lorsque mes parties de poker n'était pas fructueuse. J'étais un peu à sec en plus, bien que je comptais plumer les gars bourrés de thunes d'ici pour me permettre de  manger. Mais si un généreux donateur me propose un repas à l'oeil, pourquoi devrais-je refuser ? J'aurai qu'à vérifier qu'aucune substance suspecte ne s'est glissée dans mon assiette et tout ira pour le mieux !  Je me tournais vers le brun et je remarquais quelque chose qui me surpris. Il était jeune ... il devait être à peine plus agé que moi et avait pourtant la prestance d'un gouverneur. Je ne le fis pas languir sa réponse et je répondais d'un ton amicale

    "Il serait fort impoli de ma part de refuser une telle offre.  Vous devez venir de loin, les gens du coin n'ont pas la même estime que vous pour les artistes.  Si je puis me permettre d'où venez vous ? Les mécènes d'ici ne sont pas aussi généreux ..."

             Je jettais un oeil, un des parieurs de la table de cartes me guettait du coin de l'oeil. Je l'avais bien déplumé, et je pense qu'il espérait que je retourne à la table pour récupérer son argent. Et bien, non. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Mon hôte à l'air de meilleure compagnie que ces rénégats puant le rhum et la bière. Pour une fois que je tombais sur quelqu'un qui semblait être la haute société, je n'allais pas bouder mon plaisir. D'autant qu'il semblait apprécier mon art cela serait impoli de ma part. De plus, je perçu ce qui semblait être un espadon à la coriandre sur la table. Cela semblait très appétissant ! Qui était cet homme qui serait suffisant sûr de lui pour commander un tel plat au milieu de personne à la recherche de freluquet à dépouiller ? Soit il avait un nom  qui le protégeait, soit il était puissant. Peut être même les deux ? Je décidais d'essayer d'en apprendre plus sur cet homme étonnant. Je m'inclinais légérement en signe de salutation.

    "Quel étourdi ! J'en oublie de me présenter ! Je suis Kazan Newday. Mais on me connait surtout sous le nom du "Parieur", du moins pour ceux qui m'ont croisé ... Et  vous ? Puis-je connaitre le nom de mon mécène ? "  

            J'attendais qu'il se dirige vers la table avant de le suivre. Je crois savoir que c'est une coutume, et que l'usage veut que les nobles passent en premier. Si j'avais de la chance, ce soir j'allais gagné ma croûte et j'aurai peut être l'occasion de jouer de  mon ocarina devant un public attentif.
      Depuis le temps qu’il était sur les mers, Moka avait appris à différencier les hommes de bien des enflures au premier coup d’œil. Visiblement, ce musicien aussi élégant qu’avenant appartenait à la première catégorie. Un homme comme il en faudrait plus souvent dans le milieu des contrebandiers, songea Moka, tout en se souvenant de toutes les crasses que ses « amis » lui avaient faites tout au long de sa carrière hors des sentiers de la légalité.

      -Il serait fort impoli de ma part de refuser une telle offre. Vous devez venir de loin, les gens du coin n'ont pas la même estime que vous pour les artistes. Si je puis me permettre d'où venez-vous ? Les mécènes d'ici ne sont pas aussi généreux ...

      En plus d’être un musicien accompli, le jeune homme que Moka venait de rencontrer avait un esprit tout aussi vif. Aux coups d’œil qu’il lançait discrètement du côté de la table où Nikolas sirotait sa bière, Moka devina que la perspective d’un repas gratuit avait éveillé l’intérêt de son interlocuteur, et il esquissa un petit sourire moqueur. Néanmoins, lorsque le garçon aux cheveux de feu s’inclina pour le saluer, Moka comprit qu’il avait sans doute deviné qu’il était un homme de haut rang. Si ce petit malin avait réussi à déceler cette information, d’autres personnes s’en étaient sans doute avisées depuis son arrivée ici. Il ne faudrait pas rester ici plus d’une semaine.

      - Quel étourdi ! J'en oublie de me présenter ! Je suis Kazan Newday. Mais on me connait surtout sous le nom du "Parieur", du moins pour ceux qui m'ont croisé ... Et vous ? Puis-je connaitre le nom de mon mécène ?

      Intéressant…Ce Kazan Newday était connu sous le surnom très évocateur de « Parieur » laissant entendre un certain intérêt pour les jeux de cartes…ou de hasard. L’accoutrement du musicien prenait alors tout son sens, avec ses motifs figurant des carreaux, des cœurs, et autres piques. Cependant, malgré cet air de saltimbanque, Kazan n’en demeurait pas moins quelqu’un de curieux, et Moka se contraignit à adopter une mine détendue, comme il avait coutume de le faire à la Cour de Totland. Il ne pouvait se résoudre à donner des informations cruciales sur lui au premier venu : les Tempiesta le traquaient, et des assassins le suivaient en permanence, de même que les espions de Limoncello Charlotte. Dans ce genre de situations, il fallait en dire peu.

      -Enchanté Kazan, je m’appelle Moka, et je viens du Nouveau Monde ! dit-il en s’esclaffant, avant de lui faire une accolade. Vous devez sûrement vous demander ce que je fais si loin de chez moi n’est-ce pas ? Eh bien, j’ai décidé de partir à l’aventure, car ma vie était plutôt monotone…

      Moka s’en voulait de devoir mentir, mais la vie lui avait prouvé à maints reprises que l’honnêteté était fatale dans le monde des pirates. Le visage toujours rayonnant, il conduisit Kazan à sa table, et, lui présentant une chaise entre lui et Nikolas. L’archer posa sa bière et leva ses prunelles mortes sur Kazan, comme s’il le jugeait, avant de se tourner vers Moka.

      - Nous avons un invité.

      - Quelle perspicacité mon ami !

      Moka adressa un clin d’œil entendu à Kazan.

      - Voici mon compagnon de route, il s’appelle…

      - Nikolas Van Irvine, dit l‘intéressé en se levant pour tendre une main aux doigts lestes de rapines.

      Plus détendu, Moka chercha des yeux une servante et la héla : son nouvel ami avait faim.
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      L'homme semblait bien à l'aise dans son environnement. Pourtant, avec son allure de noble et ses manières d'aristocrates, il aurait pu s'attirer des ennuies. Bien que je ne ressentais pas de puissance conséquentes dans cette taverne, j'avais appris à me méfier de ces gens là peu recommandables qui ont un don inné pour le coup de surin dans le dos. Et oui, quand on a pas la capacité de vaincre un ennemi, on apprend à poignarder dans le dos. Cet homme agissait comme s'il était sûr que rien ne lui arriverait. En même temps, on est pas tous à se balader avec une sorte de garde du corps. C'était qui lui d'ailleurs ? Son majordome ? Son tuteur ou précepteur ? Aucune idée, mais à sa tête, c'était un gars d'action. Bizarrement, j'avais l'impression que le mécène n'avait pas besoin de son aide pour se battre. Certains nobles du nouveau monde sont des bretteurs et/ou des combattants redoutables. D'ailleurs, c'est même un devoir pour certains d'entre eux, car les nobles assurent la protection des populations. Du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre. Le noble me sourit et toujours dans son allure décontracté fini par me dire :

      -Enchanté Kazan, je m’appelle Moka, et je viens du Nouveau Monde ! dit-il en s’esclaffant, avant de lui faire une accolade. Vous devez sûrement vous demander ce que je fais si loin de chez moi n’est-ce pas ? Eh bien, j’ai décidé de partir à l’aventure, car ma vie était plutôt monotone…


      Ainsi j'avais vu juste. Le nouveau monde hein ? Ce gars c'était pas n'importe qui. Le nouveau monde, c'est bien le coin des vrais durs parait il. De plus , cet homme avait l'air d'être un aventurier. Il a vogué jusqu'a south blue depuis le nouveau monde, cela fait une sacrée trotte ! Moi qui suis avide de liberté, j'aurai beaucoup donné pour avoir le privilége de voyager autant. C'était dangereux, mais peu importe. J'ai appris par le passé que les libertés ne se prennent qu'au détriment de nombreux sacrifices. Et si risquer sa vie est le prix à payer pour voguer sur les océans, et bien je serai parmi les premiers à signer. Mais bon, qui voudrait s'embarassé d'un musicien à bord de son vaisseau ? De plus, je suis pas très expérimenté à bord d'un navire. Tant pis, je suis après tout destiné à errer dans les tavernes à la recherche de berries. C'est le prix de ma liberté et c'est mon destin après tout. Je ne voulais pas laisser de blanc après son récit donc je décidais de combler le vide en ajoutant

      "Vous avez bien de la chance, j'aurai aimé avoir une aussi grande mobilité. Et je ne peux que comprendre votre désir d'évasion, la routine a vite tendance à m'ennuyer."


      Nous nous approchâmes de son compagnon. Je n'avais pas bien vu car j'étais assez loin, mais il avait un arc dans son dos. Je pouvais aussi dire que ce n'était pas un débutant au tir à l'arc. Il avait des traces de cordes aux niveaux de l'index et du majeur. Seuls les vrais archers ont de telles marques sur les doigts. L'avantage que j'ai retiré du poker, c'est que mainenant je fais attention à tout en regardant les gens. C'est une qualité qui m'a value de gagner pas mal de partie de poker, en effet quand on a cerné son adversaire, le jeu est quasiment gagné d'avance. Cet homme était froid, mais c'est normal. S'il est effectivement employé par le dénommé Moka, nul doute qu'il a pour mission de se méfier de tout le monde. Mon hôte ne laissa pas le temps au blanc de s'installer, il fît d'office les présentations

      - Nous avons un invité.

      - Quelle perspicacité mon ami ! Voici mon compagnon de route, il s’appelle…

      - Nikolas Van Irvine,


      J'avais esquissé un sourire quand Moka me fit un clin d'oeil. Apparemment il aimait bien tourné en bourique son compagnon de route. Le dénommé Nikolas me tendait la main plus par obligation que par réel envie de sympathiser. Je n'en tenais cure, tant qu'il se montre courtois vis à vis de moi, pourquoi ne pas l'être ? J'eus la confirmation en lui serrant la main que c'était bien un archer. Quand il sirotait sa bière ses mains étaient partiellement masqués par la hanse de la chopine, mais là c'était flagrant. Au moins, je savais pourquoi il avait engagé cet homme. Ce n'était pas le genre de personne à jouer au majordome comme je le pensais. Alors que je répétais mon nom auprès de lui, je vis plus loin un homme ivre s'approchait de nous. Je l'avais vu tout à l'heure à la table de poker. C'était un gars qui avait perdu avec la bonne humeur, comme ça arrive rarement. L'homme ivre s'approcha de moi et me mit une tappe amicale sur le dos en marmonant des mots à peine intelligible mais prononcer assez fort pour que du monde autour de nous l'entende.

      "T'es un bon au carte et tu joues super bien de la flûte ! Franchement t'assures ! Hé le mec qu'est avec toi sa tête m'dit quelque choses. T'es pas d'ja venu dans le coin ?"


      J'allais le reprendre en disant que je ne jouais pas de la flûte mais de l'ocarina mais bon, la deuxième partie était plus intéressante. S'il était coutumier du coin, ça voulait dire que des gens ici le connaissait. Il n'avait pas mentionné son nom de famille, ça aurait pu m'aiguiller sur le type de personne à qui j'ai affaire. En tout cas, certaines personnes des tables voisines avaient tourné la tête dans notre direction et semblait essayer de deviner qui était ce type. Cela promettait d'être intéressant. Je regardais donc Moka puis Nicolas avait un regard interloqué. Qui étaient ces gens là ? Qu'importe après tout, ils ont été assez gentil pour m'accueillir à leurs tables, je fini par ajouter pour briser le silence

      "Et si tu allais plutôt te resservir à boire au comptoir, cela évitera que tu dises des bêtises."


      Je l'avais regardé d'un regard si noire qu'il préféra repartir au comptoir. Ces deux personnes du nouveau monde devenait de plus en plus intéressant décidément. Certains regards des tables voisines se firent de nouveaux insistants. Et bien, ce n'était pas tout à fait l'effet voulu, le fait que je renvoie l'ivrogne fit se poser des questions à certains d'entre eux. Je ne compris pas pourquoi, cet homme n'avait pas l'air d'avoir une prime à son nom.
        Toutes les tavernes étaient remplies d’ivrognes et celle-ci, bien que vantée par Nikolas pour son service et sa cuisine, ne dérogeait pas à la règle. Puant l’alcool, le regard fiévreux, un homme, que Moka avait rapidement identifié comme un marin esseulé, s’approcha d’eux en titubant. A la tape amicale qu’il donna à Kazan, Moka sut qu’ils se connaissaient, peut-être avaient-ils passé une soirée de beuverie ensemble songea-t-il, le sourire aux lèvres. Cependant, l’homme ivre abaissa ses yeux injectés de sang sur le jeune prince, et, à la seconde, il sut qu’il avait été reconnu.

        -T'es un bon au carte et tu joues super bien de la flûte ! Franchement t’assure ! Hé le mec qu'est avec toi sa tête m'dit quelque chose. T'es pas d'ja venu dans le coin ? questionna l’homme que l’alcool rendait insolent.

        Gardant son sang-froid, Moka reporta son attention sur son assiette et attaque le steak d’espadon. Le cuisinier était visiblement un homme de la mer, il avait parfaitement allié les saveurs du thym et de l’huile d’olive, un peu de jus de citron donnait du tonique à la chair, ce qui enchanta Moka au plus haut point et lui remémora ses journées sur Fish Island, l’une des 34 îles de l’archipel Totland. Lorsqu’il allait là-bas avec ses frères, il aimait traîner près des cabanons des pêcheurs, écouter leurs histoires, boire un peu de café avec eux, rire des prises des uns et des autres. A chaque fois, les hommes de Fricassée, sa tante et ministre de l’île, les pourchassaient dans le but de les ramener à la maison. Et à chaque fois, Moka réussissait à leur échapper, ne revenant que tard dans la nuit, après avoir dîné chez quelque famille des côtes. Le silence ambiant tira Moka de ses pensées et, levant les yeux, il vit que quelques personnes commençaient à le regarder de façon bien trop instante à son goût.

        - Et si tu allais plutôt te resservir à boire au comptoir, cela évitera que tu dises des bêtises.

        Kazan venait de couper court aux élucubrations de cet alcoolique inconvenant, et d’un ton acerbe avec ça ! Au regard noir que le jeune garçon décocha à son vis-à-vis, Moka comprit qu’ils n’étaient pas vraiment amis, et lorsque le pauvre bougre s’éloigna, une évidence s’imposa d’elle-même. Le dénommé Kazan n’était pas qu’un simple musicien, il avait lui aussi une part de mystère, que Moka s’efforcerait de découvrir.

        - Mon visage est des plus banals, votre « ami » m’a sans doute confondu avec quelqu’un d’autre. Et puis, je n’ai pas pour habitude de traîner avec ce genre de….personnes, admit Moka, tout en se servant un grand verre d’eau.

        - Tu es surtout très doué pour t’attirer des ennuis, Moka, souffla Nikolas, le ton moqueur.

        - Roh ! Tais-toi ! Tu vas faire peur à notre invité ! s’exclama Moka, en riant.

        Une clameur sourde attira l’attention de Moka qui retrouva immédiatement une mine sérieuse, l’on s’agitait à l’entrée de la taverne. Le contrebandier qui les avait amenés sur l’île fit irruption en bousculant une serveuse qui tomba à la renverse, inondant le sol de bière. Moins avenant que quelques heures auparavant, il s’installa à une table située en face de celle de Moka, deux brutes le suivant de près.

        - C’est bien toi qui m’avait conseillé ce type, Nikolas ? chuchota Moka.

        - Il avait l’air digne de confiance.

        - T’as pas vu son faciès de rat…

        Le contrebandier ne lâchait pas Moka des yeux, il n’avait rien commandé, et les deux malabars qui lui tenaient compagnie étaient si intimidants que les autres clients restaient à distance raisonnable d’eux. Moka avait l’habitude des menaces de mort, et le regard de cet homme indiquait que, dans peu de temps, il y aurait de la viande froide dans cet établissement.

        - Bon, Kazan, vous commandez quelques choses ? dit-il, le visage jovial.

        La serveuse qui avait été bousculée quelques instants plus tôt vint vers eux, la mine morose, la robe mouillée, tentant vaille que vaille de se constituer un air digne.

        - Le monsieur aux cheveux rouges a faim ? dit-elle, essayant de sourire mais n’y parvenant pas.

        Ce manque de galanterie allait coûter très cher à cet homme, et, tandis que Moka mangeait de la main droite, il tenait fermement le pommeau de son épée de la gauche. Si Manuel Tempiesta voulait sa mort, il lui faudrait venir en personne, et ne pas se cacher derrière des sbires.
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        Le dénommé Moka ne réagit pas à l'accusation de l'homme ivre. Il était penché sur son assiette et semblait plus concentré sur son steak d'espadon que sur les accusations de ce type.  Soit le marin s'était complétement trompé, soit le garçon était un fin acteur.  Il était mystérieur ce petit gars du nouveau monde, et contrairement aux nobles que j'avais rencontré dans les tavernes, il semblait généreux et gentil. Deux qualités que l'on dirait perdu en ce bas monde.   D'ailleurs, le dénommé Moka me dit qu'il a dût se tromper de personne et que de toutes façons il ne trainait pas d'habitude avec ce genre de gars. Cela aurait pu se tenir si son compagnon n'avait pas pouffer en disant qu'il était bien du genre à se retrouver dans des situations pareils.  Cette remarque me fit sourire, le compagnon de Moka, bien que moins bonne naissance, lui parlait avec franchise sans prendre de gants. C'est vrai que c'est pas courant, les compagnons des nobles sont des employés généralement qui doivent juste servir et se taire. Cela me faisait plaisir de voir enfin une personne conservée son autonomie et sa liberté en présence de son employeur. J'éprouvais déjà une certaine sympathie pour mon hôte.  Ce dernier se tourna vers moi et ajouta de façon à plaisanter :

        " Roh ! Tais-toi ! Tu vas faire peur à notre invité ! "

        "Ne vous en faites pas pour moi,  j'aime le danger !"


        Je riais de bon coeur avec Moka, c'était un gars sympathique, on se connaissait à peine que déjà on riait ensemble comme si on se connaissait depuis toujours.  Il n'y avait pas cette barrière que je m'impose avec les gens par méfiance. Je ressentais qu'il était sincère et que je pouvais lui parler franchement. Certes, son histoire semblait étrange et flou mais peu importe, ce gars là me plaisait bien. Je n'avais jamais fait de plus plaisante rencontre dans les tavernes. Soudain, l'ambiance chaleureuse et conviviale devint plus tendu et glaciale. Je sentis cela dès que trois  hommes entrèrent dans la taverne. Ah les gros bras dans les tavernes, ça sent le réglement de compte. Il y allait avoir de l'animation ici ! Qui allait être l'heureux élu ?  Dans son passage, le meneur bouscoula la serveuse qui renversa de la bière partout sur le sol en se souillant un peu les vêtements. Beaucoup irait dire "oh la pauvre bichette, elle s'est faite humiliée devant tout le monde". Et alors ? C'est les risques en tant que serveuse. C'est comme si elle s'offusquait de se prendre une main au c... enfin bref !  Je dois bien reconnaître que j'eu l'espace d'un instant, un petit peu de compassion pour cette demoiselle. Mais ce sentiment s'est envolé aussi vite qu'il est venu. Ce qui m'intéressa plus, ce fût la façon dont ils s'installaient en face de nous.  Quand je tournais la tête vers Moka, celui-ci faisait des messes basses avec son compagnon. Je n'entendais pas d'ici, mais au vue de ce qu'ils regardaient, je pariais que ces cinq personnes se connaissaient et pas en bon terme. Je lui murmurais doucement.

        "Un problème avec ces gens là ?"


        J'indiquais les trois gorilles prêts à bondir sur Moka.  Il ne manquait plus que la bave et les dents en évidence pour que le cliché soit complet.  Ces gens là pensent qu'ils peuvent intimidés  rien qu'en bombant le torse. Je trouvais ça pitoyable. J'étais même persuadé de pouvoir les exécuter les trois avant même qu'ils n'aient le temps de réagir. En même temps, vu comme ils fixent Moka, cela m'étonnerait qu'ils me voient venir. Cette pensée me fit sourire. Mais Moka lui semblait plus tendu. Il mangeait avec une main sur le fourreau de sa lame. Prêt à dégainer si la situation l'exigeait. Intéressant tout cela. Les deux compagnons étaient sur le qui-vive. Moi ça me faisait juste sourire.  J'avais mes dagues dans le dos et je savais que je serais plus rapide qu'eux à sortir mes armes.  Jauger ses adversaires, c'est le premier pas vers la victoire. Ici pas de doute possible ... Mais bon, pour l'instant je n'interviens pas. Cela semble être une histoire entre eux et je ne tiens pas à m'en mêler pour le moment. Ce n'est pas à moi d'ouvrir les hostilités je pense ...

        "Bon, Kazan, vous commandez quelques choses ?"

        Il avait dit ça sur un ton tellement jovial et ça contrastait énormément avec l'atmosphère tendu. Quand la demoiselle s'approcha pour prendre commande, je demandais la même chose que les deux personnes présentes ainsi qu'une bière.  Ce fût rapide car la demoiselle avait tellement honte d'être souillé par la bière qu'elle essayait de passer le moins de temps possible à la vue des clients. Quand je vis ses yeux brillants et rouges, je compris qu'elle avait pleuré. Je pris mon verre et pour la remercier je lui glissais quelques pièces que j'avais gagné durant ma partie de poker en lui murmurant pour que seule elle l'entende

        "Pour la gêne occasionnée"


        "Merci, mais ce n'est pas la peine, ça va vous savez, ce n'est que de la bière ..."

        "Je parlais pas de ça ..."


        En esquissant un sourire, je fis signe à Moka d'attendre une seconde. Il avait aimé mon spectacle, il aimerait sans doute encore plus le deuxième. J'avançais avec mon verre en main vers les gros durs. Je m'approchais du leader tout sourire et celui-ci me fixa avec animosité. Cela ne me refroidit pas pour autant. Alors que je m'approchais de plus en plus, les deux autres musclors se levèrent et firent signe de m'arrêter. Je m'arrêtais à distance raisonnable de ces deux tueurs et je leurs fis un de mes plus beaux sourires.  Ils avaient le poing fermé, mais je n'étais pas leurs cibles mais ils avaient tout intérêt à me tenir à distance, ce n'était pas avec moi qu'ils voulaient massacrer.  Je tournais mon regard vers leur leader qui me fusilla du regard. Vas y fais toi plaisir, j'aime qu'on me regarde avec autant d'intensité. Je levais mon verre devant lui comme pour trinquer à sa santé, et je bu la bière devant lui. Toute ? Non, j'en conservais un peu dans ma bouche et je lui crachais au visage le contenu de ma bouche.  C'était pas très élégant, mais c'était un clin d'oeil à la serveuse qui avait été couverte de bière par sa faute. Désormais, il était aussi ridicule qu'elle. Le premier gorille tenta de mettre une droite mais je ne lui en laissais pas le temps et lui éclatait mon verre dans le visage. Le deuxième tenta de me saisir et habilement je fis plusieurs saut en arrière pour m'éloigner d'eux et atterir près de Moka et Nikolas.  Les gens de la taverne s'éloignèrent de la zone d'affrontement. C'était une façon comique et utile de commencer le combat.

        "Bien, maintenant que les présentations sont faites, on va pouvoir commencer ..."

        Je mettais mes mains dans le dos pour saisir mes deux dagues. Seul Nikolas et Moka ont pu voir ma manoeuvre vu que mes lames sont dans mon dos. Je n'aimais pas avoir à lancer les affrontements, mais les scènes qui s'éternisent ne m'intéresse pas. On dit qu'on apprend bien plus de quelqu'un en le voyant combattre, dans ce cas vas y Moka. Dis m'en plus sur toi mon ami. J'ai fais une intro intéressante, montre moi donc le créchendo de notre partition.


          Ce Kazan intriguait de plus en plus Moka, par son apparente décontraction dans la tension ambiante, mais aussi par son audace. Ainsi, il le vit s’avancer, seul, son verre de bière en main, en direction du contrebandier et ses deux protecteurs. Les jeunes audacieux finissent toujours dans la tombe bien assez vite, songea Moka, en continuant de déjeuner comme si de rien n’était. Nikolas, pour sa part, avait tourné la tête en direction de Kazan. Même s’il ne pouvait pas voir, son intuition lui commandait sans doute de faire attention à ce qui allait se passer.

          - Moka, tu nous as ramené un jeune homme suicidaire, souffla-t-il.

          - Pourquoi dis-tu cela ? questionna Moka, en se resservant un verre d’eau, tout en observant attentivement le garçon aux cheveux écarlates.

          - Il ne semble pas être un guerrier…Il tient plus du musiciens que du pirate, crois-moi.

          - Si tu n’étais pas aveugle, tu verrais les lames cachées dans son dos, ricana Moka.

          - Des lames ? Un assassin ?

          - Attendons de voir ce qui va se passer avec notre ami le contrebandier.

          Kazan ne semblait pas franchement hostile envers les trois hommes en face de lui, et il leur témoignait même une attitude des plus affables. Levant son verre à la santé de ses messieurs, Kazan but de bonne grâce, avant de cracher sa bière au visage du contrebandier. Fou de rage, ce dernier ordonna aux deux colosses qui l’accompagnaient de régler son compte au jeune homme, mais celui-ci démontra alors l’étendue de son talent. Son verre se fracassa sur le visage de l’une des deux brutes, qui alla valser contre une table, s’écroulant dans un déluge de jurons. Son comparse essaya d’attraper Kazan, mais celui-ci, plus agile, esquiva les bras noueux de son adversaire d’un bond.

          - Bien, maintenant que les présentations sont faites, on va pouvoir commencer..., dit Kazan, sans que Moka ne sache s’il s’adressait à lui ou pas.

          - Nikolas, attends dehors, ton arc n’est d’aucune utilité ici.

          -Bien, acquiesça Nikolas avant de s’éclipser en vitesse hors de la taverne.

          Repoussant son assiette, Moka se leva calmement, tout le monde le regardait désormais. Le prince exilé n’aimait pas être au centre de l’attention dans ces moments-là, mais force était de constater que son accoutrement, ses manières, et la prime sur sa tête ne le rendait pas étranger aux autres.

          - A chaque fois que j’arrive quelque part, il faut toujours que des têtes tombent ! s’exclama-t-il en tirant sa lame de son fourreau, faisant miroiter l’acier noir à la lueur des chandelles.

          Le contrebandier tira son épée, un vieux braquemard usé, dont la garde était marquée par le poids des ans, de la sueur, et du sang. Ses deux comparses l’imitèrent, et l’un d’eux se frotta sonnez meurtri par un bout du verre de Kazan.

          - Toi là, le nobliau ! J’ai fait ma petite enquête sur toi, et je sais maintenant que les Tempiesta ont mis ta tête à prix ! s’écria le contrebandier avec haine.

          - Tu as raison mon ami, je suis recherché, et pas seulement pas notre cher Manuel Tempiesta, répondit Moka en s’avançant tranquillement en direction des trois hommes, l’épée au poing.

          - T’es un homme mort, Moka Charlotte, dit le contrebandier, avant de s’élancer sur Moka.

          - Tu te trompes mon ami.

          Moka se mit en garde selon la tradition de l’escrime royale de Totland, en quinte haute. Le pied gauche légèrement en avant, assurant maintien et équilibre. La lame levée au-dessus de la tête, tenue très peu utilisée par le commun des bretteurs qui préféraient en général le quarte, plus prudent. Le coup du contrebandier visa la gorge de Moka : confiant, cet idiot se jetait dans l’ouverture volontaire du jeune prince pour en finir au plus vite, faisant basculer son corps en avant. Opérant un tour sur lui-même, Moka esquiva l’attaque trop prévisible, fit un bond de côté, et asséna un coup d’estoc qui mordit dans la chair de l’homme, juste au niveau des côtes.

          - Trop lent.

          A peine le contrebandier fit volte-face que la lame de Moka se retrouve fichée dans sa gorge, un flot de sang gicla de la bouche de l’homme, qui se déconfit complètement et s’écroula lourdement au sol lorsque Moka retira sa lame.

          - Un autre volontaire ? demanda Moka, pointant son épée à l’adresse de la foule.

          Le regard dur, il toisait les deux brutes qui hésitaient à partir à l’assaut.
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          Je regardais avec une profonde satisfaction l’homme de main du contrebandier, les bouts de verres avaient bien pénétré sa peau. Il en gardera sans aucun doute une belle cicatrice. C’était une satisfaction profonde que de se dire qu’il avait ridiculisé trois hommes qui sont rentrés dans la taverne comme des rois et n’en ressortiront que mort ou bien humilié. Je le ressentais, le seul homme dangereux parmi ces trois là, c’était le contrebandier. Les deux autres étaient des brutes, pleines de puissances certes mais tellement lent. Mon premier assaut n’avait pas seulement pour but de ridiculiser le contrebandier. Non, je voulais les jauger. Leurs temps de réactions est nuls, ils ont été obligé de se faire engueulé par leurs patrons pour réagir, probablement surpris. De plus, le deuxième n’a pas eu le temps de me saisir alors que j’ai eu le temps de porter un assaut à son associé. Par contre, je ne devais pas sous-estimer leurs résistances, l’homme à la cicatrice s’est relevé assez rapidement. Ce n’était pas sa première altercation, mais peut être, qui sait, sa dernière. J’entendis du mouvement derrière moi, un pas léger et quasiment insonore s’était déplacé à côté de moi. C’était l’archer sans nulle doute qui se retirait. Et bien, pour un garde du corps il faisait pas vraiment son travail. Seulement, est ce que Moka avait réellement besoin d’un garde du corps ? C’est la question que je me posais. Je le vis dégainer son épée et se positionner non-loin de moi, légèrement avancé comme s’il allait prendre les trois personnes en même temps. Courage ou témérité ? Je vais enfin voir de quoi il est capable

          - A chaque fois que j’arrive quelque part, il faut toujours que des têtes tombent !

          « Tant que ce sont les leurs et pas les nôtres, ça me va ! » Ajoutais-je amusé


          Nos trois adversaires tirèrent leurs épées. On dirait que le round d’échauffement est terminé, on va enfin pouvoir passer aux choses sérieuses ! Je continuais de garder mes lames près de moi afin de conserver mon effet de surprise. Moka s’était présenté prêt à se battre donc j’allais le laisser ouvrir le vrai combat. Je le vis se mettre en garde, j’en fûs étonné. Il n’était pas dans la même position que les bretteurs que j’avais vu jusqu’à maintenant. Sa façon de positionner son épée et ses appuies n’avaient rien à voir avec les styles que j’avais vu jusqu’à présent. Il allait privilégier la vitesse sur son coup plus que la puissance. Au vue de sa lame, je me doutais qu’il n’aurait pas beaucoup à forcer pour tailler l’ennemi en pièce. Cet homme était vraiment intéressant.

          - Toi là, le nobliau ! J’ai fait ma petite enquête sur toi, et je sais maintenant que les Tempiesta ont mis ta tête à prix ! s’écria le contrebandier avec haine.

          - Tu as raison mon ami, je suis recherché, et pas seulement pas notre cher Manuel Tempiesta,

          - T’es un homme mort, Moka Charlotte, dit le contrebandier, avant de s’élancer sur Moka.

          - Tu te trompes mon ami.


          Une tête mise à prix ? Vraiment ? Voilà qui devenait intéressant. Je n’avais encore jamais entendu parler de Manuel Tempiesta, cela devait être quelqu’un d’important vu qu’il avait la possibilité de mettre une prime sur la tête à quelqu’un assez facilement. Ce qui m’étonna le plus parmi les noms cités, ce fût la façon dont il l’avait nommé. Moka Charlotte ? Ce patronyme ne m’était pas inconnu. Où est ce que j’avais entendu parler de ça ? C’était une famille connue sur tous les océans, mais après je ne me souviens plus exactement pourquoi. Cela avait un rapport avec un ancien Yonkou il me semble. Bref, j’aurai le temps d’y penser plus tard. Pour l’heure le contrebandier se mit à charger Moka. J’aurai eu le temps de m’interposer et de mettre ma lame en protection mais je le vis agir très rapidement. Mes yeux eurent à peine le temps de le voir bouger, il était peut-être même plus rapide que moi. Sa démonstration fût sans nulle pareille. J’avais vu beaucoup de bon bretteur, mais celui-là était impressionant. Les gens du nouveau monde sont des personnes puissantes. De plus, sa frappe était d’une précision chirurgicale. La vitesse s’accompagne souvent de déconvenue, comme une baisse de la précision ou de la puissance. Lui n’avait pas eu ce soucis là. On sentait que c’était un vrai bretteur. D’ailleurs, suite à ce meurtre fait avec raffinement et rapidité, les deux molosses hésitèrent à attaquer. Et bien, tout ce muscle pour si peu de courage, quel gâchis ! J’applaudis doucement le spectacle que venait de m’offrir le jeune noble en ajoutant

          « My lord, vous êtes vraiment impressionnant. Vous n’êtes vraiment pas ordinaire ! »

          Quand je me mis à sa hauteur, l’un des molosses, celui qui a encore un visage non criblé de bout de verre, m’attaqua. C’est normal de vouloir éliminé la menace la plus faible en premier pour profiter de l’avantage du nombre sur le dernier. Mais voyez vous, en blitzkrieg, tout comme l’ami Moka, je ne suis pas trop à plaindre. Alors qu’il armait son attaque de haut vers le bas pour me trancher en deux je lui rentrais dans le plexus avec mon épaule de toute mes forces. Le coup lui coupa le souffle et il tomba en arrière sur le dos. Son épée glissant loin de lui par la même occasion. Je me retrouvais assis sur son torse. J’avais sorti mes lames durant mon lariat et j’avais bloquer l’homme au sol en effectuant un X avec mes lames au niveau de sa gorge. Mon regard sadique se tourna vers l’autre molosse qui tenta d’intervenir en essayant de me couper la tête avec son épée. Je faisais une roulade sur le côté en récupérant mes dagues et j’entendis un bruit de chair que l’on découpe. Quand je posais mon regard sur ce dernier, il venait de trancher la tête par inadvertance de son compagnon. Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire

          « Vous aviez raison, Moka Charlotte, lorsque vous êtes présents, des têtes tombent ! »

          Je ne sais pas si c’était une plaisanterie de bon goût mais en tout cas le gorille n’a pas dût apprécier car il s’est jeter sur moi avec la haine d’un fauve. Pitoyable, quand on succombe à sa haine, on devient prévisible et on n’oublie même de se protéger. Il tenta un assaut latérale, pour me rendre cul-de-jatte. Je me laissais tomber au sol en arrière et dès que la lame passa près de moi, j’abattis mes deux lames vers ses poignets. Cette fois, ce n’est pas une tête qui est tombée, mais deux mains encore attaché à une épée longue. Je me relevais d’un saut agile et regardait le balafré sans main en train d’hurler de douleur. Je m’apprêtais à lui donner le coup de grâce quand soudain je me ravisais, beaucoup de sang avait déjà coulé et je pense que son état actuel est bien pire que la mort. Je rejoignais Moka et lui fis signe de me suivre vers la sortie où Nikolas était parti tout à l’heure. Je ne pus m’empêcher de direction

          « Et bien, à défaut d’un repas que je n’ai pas trop eu le temps de savourer, j’ai eu droit à un vrai spectacle. Vous êtes bien plus fort que ce dont vous avez l’air, si je puis me permettre. D’ailleurs maintenant que j’y pense, vous avez là un patronyme plutôt connu si je ne m’abuse ... »
            Moka savait reconnaître ce silence, les voix mourantes d’hommes tenus par la peur. Derrière le comptoir, le barman s’était emparé d’un fusil et, sentant le regard de Moka pesait sur lui, hésitait à s’en servir. La flaque de sang s’épaississant depuis le cadavre de celui qui avait naguère été contrebandier arriva aux bottes du jeune homme, qui recula de quelques pas, faisant crisser le cuir collant contre le parquet. Tuer quelqu’un, une activité salissante, songea-t-il, en lança un sourire carnassier à l’adresse des deux colosses qui lui faisaient face. Cette botte mortelle menée avec brio face à un adversaire peu rompu à l’art de l’épée avait fait forte impression sur l’assistance, et même Kazan alla de son petit compliment.

            - My lord, vous êtes vraiment impressionnant. Vous n’êtes vraiment pas ordinaire ! s’exclama-t-il d’un ton qui n’était sans doute pas adapté à l’ambiance lugubre qui s’était abattue sur les lieux.

            Le nouvel ami de Moka s’avança alors vers les deux brutes, bien décidé à en finir. Après ce qu’il avait vu quelques minutes auparavant, il ne doutait plus de sa capacité à les tuer promptement. Lorsque l’un des deux malabars leva le poing, tout alla très vite, et les dagues de Kazan dansèrent d’un rythme frénétique. En quelques secondes, ses doigts lestes et son agilité lui permirent de mettre l’un de ses adversaires à terre. Le comparse du malheureux, bien décidé à faire payer à Kazan cette infamie, déversa toute sa haine dans un coup qui aurait rendu le jeune homme aux cheveux rouges infirme s’il n’était pas aussi rapide. D’une simple torsion du corps, il esquiva le coup et la lame de son ennemi décapita net son comparse, qui n’émit qu’un gargouillis sourd au moment de rendre l’âme.

            - Vous aviez raison, Moka Charlotte, lorsque vous êtes présents, des têtes tombent ! lança-t-il à l’adresse de Moka qui, bien que peu porté sur ce genre de plaisanteries, esquissa un maigre sourire en rengainant son arme.

            Il ne restait plus que deux hommes, deux adversaires qui se jaugeaient et attendaient le bon moment pour frapper. Guidé par la colère, la brute s’engagea trop rapidement et plongea en avant, exposant ses mains…qui tombèrent sur le sol dans un flot ininterrompu de sang et de jurons. Visiblement dégoûté par cette déconfiture pitoyable, Kazan détourna le regard de son ancien adversaire et d’un geste de la main, invita Moka à le suivre dehors.

            Après être resté dans une taverne à l’air embaumé de fumets de mille plats, de senteurs aigres de sueurs et d’urine, et d’autres odeurs moins reluisantes, cette sortie en plein air fit du bien à Moka. Le soleil brillait haut dans un ciel sans nuages, l’atmosphère était idéal pour une promenade. Assis sur une caisse, Nikolas le considérait d’un air faussement hautain, sans doute conscient du carnage qui venait de se dérouler à l’intérieur.

            - Et bien, à défaut d’un repas que je n’ai pas trop eu le temps de savourer, j’ai eu droit à un vrai spectacle. Vous êtes bien plus fort que ce dont vous avez l’air, si je puis me permettre. D’ailleurs maintenant que j’y pense, vous avez là un patronyme plutôt connu si je ne m’abuse ...

            Encore et toujours, le nom de Moka le rattrapait, et il était encore plus pesant maintenant qu’il avait une prime sur sa tête. Toute sa vie de prince exilé, Moka avait voulu couper le lien avec sa famille, mais la notoriété de Limoncello comme ses liens du sang avec Big Mom, plus grande femme pirate de l’histoire, revenaient à la charge à chaque fois qu’il faisait une nouvelle rencontre.

            - Moka, tu n’es pas obligé, intervint Nikolas, la main posée sur son épaule.

            - Allons Nikolas, je ne pense pas que Kazan veuilles me trancher la gorge.

            Habituellement, Moka ne donnait pas sa confiance aussi facilement, mais Kazan et son attitude avenante détendaient l’atmosphère, mettaient en confiance le pirate. Par où commencer ? Sa propre existence était si tortueuse, faite d’aventures, de tragédies, de petites joies, et d’une fuite, d’une fuite sans fin. Après un soupire résigné, Moka se lança enfin :

            - Si vous êtes féru d’Histoire, vous saurez que mon nom de famille est associé à la piraterie…Il se trouve que je descends d’une femme qui est considérée comme la plus grande femme pirate de tous les temps : Charlotte Linlin, aussi connue sous le nom de Big Mom. Son empire, Totland, n’a pas disparu et est aujourd’hui un puissant royaume à la botte du gouvernement mondial. Evidemment, vous vous questionnerez sans doute sur les réelles raisons de mon départ précipité de ma patrie natale ?

            Moka haussa les épaules de façon théâtrale et s’assit sur la caisse à côté de Nikolas, avant de poursuivre.  

            - Et bien sachez, très cher Kazan, que mon oncle Limoncello, l’actuel souverain de Ttland, veut ma tête sur une pique. Cet homme odieux a condamné à mort mon père dans une parodie de procès, il a trahi sa famille, son sang, uniquement pour le pouvoir. Tous les jours, je me demande si des assassins à sa solde ne me suivent pas. Peut-être en êtes-vous un d’ailleurs ? Tous les jours, je fuis aussi les sbires de Manuel Tempiesta, désireux de me voir mort à cause d’un ancien contentieux. Tous les jours, je dois m’efforcer d’éviter la Marine, car le gouvernement veut aussi ma peau depuis les événements de Manshon.

            - On a compris Moka, ta vie est si triste, ricana Nikolas.

            - Ferme-la, je suis fatigué de fuir, il est temps de passer à l’attaque.

            En disant ça, Moka avait tiré sa lame hors de son fourreau, la faisant briller à la lumière du soleil, du sang continuant de s’écouler, goutte par goutte, sur les pavés.
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            Ah enfin dehors ! C'est vraiment plaisant d'avoir un petit air frais après l'odeur de bière et de mort de la taverne.  C'était tellement divertissant ! Je ne m'étais pas amusé autant depuis des années ! Tous mes sens étaient en alerte et j'ai pris une sacrée décharge d'adrénaline.  Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'est plaisant d'avoir du sang de partout quand ce n'est pas le nôtre. Pour le coup, j'appréciais beaucoup la compagnie de Moka. C'était intéressant de voir à quel point une soirée banale pouvait devenir une chasse aux chasseurs. Ce paradoxe était d'autant plus intéressant que je venais de me mettre à dos quelques chasseurs de primes maintenant que j'avais donné un coup de main au jeune Charlotte. J'étais même content de revoir la tronche hautaine de Nikolas.  Il ne s'était pas enfui non plus, mais je devinais à sa façon de se tenir qu'il était prêt à couvrir la fuite de son jeune compagnon en cas de poursuite hors de la taverne. La portée de tir et la dextérité de cet homme faisait de lui un allié redoutable pour Moka. Cela me donnait envie de l'affronter mais je me ravisais. Je pense que c'est la soif de combat qui parle pour moi, je suis encore sous le coup de l'adrénaline. Faut que je me calme sinon je vais encore passer en mode berserker et c'est jamais beau à voir.

            Après avoir saluer son compagnon, Moka et lui eurent un petit échange que je n'entendis pas à vrai dire. Je m'étais attardé près de la porte voir si on nous suivait. Apparemment non, c'est une plutôt bonne nouvelle. Des bagarres qui dégénèrent dans les tavernes y en a des tas. Par contre, des rixes en pleines rues, c'est un coup à faire débarquer les marines en peu de temps.  La seule chose que je pus entendre de leurs échanges, c'était une remarque de Moka qui expliquait qu'il ne pensait pas que je sois envoyé pour le tuer. Belle déduction mon cher, je n'ai ni l'envie, ni l'ordre de te tuer. Après ce que j'ai vu sur tes aptitudes au combat, je ne pense pas que je me risquerais à t'attaquer.  En plus de cela, mes lames sont déjà rangées et ce n'est pas plus mal. Si je tue plus, je ne suis pas sûr d'arriver à me retenir de partir dans un périple meurtrier.  Pour me détendre un peu je sortais un paquet de carte et me mit à les mélanger, et à les faire se mouvoir autour de mes mains avec habiletés. Quand je me concentrais là dessus, j'avais moins de problème pour gérer mes pulsions. J'écoutais tout de même l'histoire de mon acolyte de la journée.

            "Si vous êtes féru d’Histoire, vous saurez que mon nom de famille est associé à la piraterie…Il se trouve que je descends d’une femme qui est considérée comme la plus grande femme pirate de tous les temps : Charlotte Linlin, aussi connue sous le nom de Big Mom. Son empire, Totland, n’a pas disparu et est aujourd’hui un puissant royaume à la botte du gouvernement mondial. Evidemment, vous vous questionnerez sans doute sur les réelles raisons de mon départ précipité de ma patrie natale ?  Et bien sachez, très cher Kazan, que mon oncle Limoncello, l’actuel souverain de Totland, veut ma tête sur une pique. Cet homme odieux a condamné à mort mon père dans une parodie de procès, il a trahi sa famille, son sang, uniquement pour le pouvoir. Tous les jours, je me demande si des assassins à sa solde ne me suivent pas. Peut-être en êtes-vous un d’ailleurs ? Tous les jours, je fuis aussi les sbires de Manuel Tempiesta, désireux de me voir mort à cause d’un ancien contentieux. Tous les jours, je dois m’efforcer d’éviter la Marine, car le gouvernement veut aussi ma peau depuis les événements de Manshon. "

            Effectivement mon cher Moka, tu n'es pas quelqu'un de très banale. Ainsi, tu es donc un prince du nouveau monde ? Et descendant d'une illustre pirate qui plus est ? J'avais de quoi être impressionné. Il avait traversé autant de mer et d'océan pour fuir un oncle tyrannique. Cela me fit des frissons dans le dos.  C'est un homme recherché par de nombreuses personnes, et bien cela justifie pourquoi il a toujours besoin d'être accompagné par son acolyte. Il doit avoir des yeux partout ! Et un coup de surin dans le dos et si vite arrivé. Cet homme est vraiment courageux et cela m'impressionnait. J'avais écouté son histoire dans un silence religieux. Moka Charlotte, sa tête valait cher et vu comme on connait mon affection pour l'argent, on pourrait croire que je tenterais de l'arrêter pour le livrer et empocher sa prime. Mais il avait raconté son histoire avec tellement de ressenti que j'avais pu percevoir en lui ses différentes facettes.  Je laissa un petit silence s'installait que Nikolas s'empressa de combler en plaignant le jeune prince. Celui-ci répondit avec entrain et fougue qu'il allait passer à l'offensive. Et bien, il avait de quoi faire, par qui commencer ? Tempiesta ? La marine ? Son oncle ? Cet homme avait plus de compte à rendre qu'un comptable incriminé pour avoir fait des trous dans la trésorerie. Cela me plaisait bien. Je sortais de mon paquet de carte un valet de pique que je montrais à Moka,  une fois que celui-ci eut bien le temps de visualiser la carte. Je la fis tourner sur ma main et quand je l'affichais à nouveau, c'était devenu un roi de pique. J'expliquais ma démarche.

            "Et bien, je dois avouer être surpris. Dans cette taverne, j'avais cru rencontré un valet de pique, et finalement je me retrouve face à un roi de pique. Intéressant tout ça ! Je vois que vous avez fort à faire avec beaucoup de personnalités. Bien que je ne connaisse pas ce dénommé Tempiesta, je connais par contre la réputation des pirates du nouveau monde et du gouvernement mondial. Cela doit être fatiguant pour vous de errer de ville en ville en craignant chaque jour un coup de couteau dans le dos. Croyez le ou non, mais je suis bien placé pour savoir qu'être la proie de gros poissons n'est jamais chose aisé. Vous êtes un prince en exil et je suppose que vous ne devez pas avoir beaucoup de soutien de par votre situation précaire." Je me tournais vers Nikolas "Rien de personnel, mais j'ai l'impression que vous êtes un peu en sous-effectif. Bien que je ne doute pas un instant de vos talents maître archer." Je me tournais de nouveau vers Moka "Votre récit m'a plu, et je pense que vous faites partie des rares personnes en ce bas monde à avoir une vie suffisamment mouvementé pour être digne d'intérêt. N'y voyez pas d'offense de ma part mais je dois avouer être à la recherche de quelque chose de plus intéressant qu'écumer des tavernes pour quelques pièces.  Peut être pourrais-je vous accompagner dans votre périple Lord Charlotte ? Je suis sûr que l'aventure n'en sera que plus trépidante."

            Voilà, j'avais été clair dans mes intentions dès le départ. Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot quand je veux quelques choses. J'avais beaucoup de compassion pour Moka, et quand je vois comment je me suis retrouvé seul après la mort de ma sœur, je ne pouvais imaginé le chagrin de ce prince qui avait tout perdu du jour au lendemain à cause d'un oncle à l'hybris démesurée. Il faut du courage pour affronté un monde dangereux quand on est seul, et encore plus quand on a vécu dans un autre monde comme celui de la cours. Je n'avais cessé de battre mes cartes et je remarquais que cela pouvait devenir irritant pour ceux qui n'ont pas l'habitude de me voir agir de la sorte. Je décidais donc de le ranger et puis, pour finir sur un ton un peu plus décontracté et moins glauque que l'ambiance qui règne actuellement depuis le massacre à l'intérieure de la taverne. Je désignais la porte par laquelle on est passée pour fuir la taverne.

            " En plus j'ai l'impression que notre nouvel ami qui n'a plus de main sera ravie d'expliquer qu'un saltimbanque lui a tranché les mains pour sauver un prince de Totland qui est mis à prix par une ribambelle de personnes influentes. Quitte à être fugitif moi aussi, pourquoi ne pas aller dans la même direction ? Le nouveau monde m'a toujours fasciné je dois l'avouer. Je suis sûr que cela sera d'une grande inspiration pour mes prochaines compositions."

            Les cartes sont entre tes mains désormais mon cher prince. Vas tu aller jusqu'au bout de ta main pour rafler la mise, ou bien vas tu te coucher et laissais passer ta chance ? Voilà mon offre, dis moi ce que tu en penses mon ami ...
              Les bruits d’agitation à l’intérieur de l’auberge avaient redoublé, et Moka n’avait pas envie de rester là plus longtemps : Nikolas réussirait bien à leur dégoter quelque gargote ou passer la nuit avant de filer. Alors que ses sens étaient en alerte, le tenant prêt à réagir au moindre signe de menace, Kazan apparaissait comme plus décontracté. D’humeur joueuse, il sortit son paquet de cartes et montra à Moka l’une d’elle : sur celle-ci figurait un valet de pique. Que voulait-il dire ? Moka n’était pas très féru de devinettes, mais le petit jeu de Kazan l’intriguait, aussi le laissa-t-il, d’un habile tour de passe-passe, changer ce valet de pique en roi de pique.

              - Et bien, je dois avouer être surpris, commença-t-il. Dans cette taverne, j'avais cru rencontré un valet de pique, et finalement je me retrouve face à un roi de pique. Intéressant tout ça ! Je vois que vous avez fort à faire avec beaucoup de personnalités. Bien que je ne connaisse pas ce dénommé Tempiesta, je connais par contre la réputation des pirates du nouveau monde et du gouvernement mondial. Cela doit être fatiguant pour vous d’errer de ville en ville en craignant chaque jour un coup de couteau dans le dos. Croyez-le ou non, mais je suis bien placé pour savoir qu'être la proie de gros poissons n'est jamais chose aisé. Vous êtes un prince en exil et je suppose que vous ne devez pas avoir beaucoup de soutien de par votre situation précaire. (Il se tourna vers Nikola.) Rien de personnel, mais j'ai l'impression que vous êtes un peu en sous-effectif. Bien que je ne doute pas un instant de vos talents maître archer. (Il se tourna de nouveau vers Moka.). Votre récit m'a plu, et je pense que vous faites partie des rares personnes en ce bas monde à avoir une vie suffisamment mouvementé pour être digne d'intérêt. N'y voyez pas d'offense de ma part mais je dois avouer être à la recherche de quelque chose de plus intéressant qu'écumer des tavernes pour quelques pièces. Peut-être pourrais-je vous accompagner dans votre périple Lord Charlotte ? Je suis sûr que l'aventure n'en sera que plus trépidante.

              Ainsi, Kazan voulait le rejoindre dans sa quête trépidante de vengeance, et Moka ne pouvait refuser une main tendue, surtout lorsque celles-ci se révélaient être des armes mortelles. Cependant, l’expérience avait mainte fois prouvée à Moka que des individus en apparence avenants pouvaient être de formidables menteurs. Avant de répondre favorablement à la proposition du jeune homme, il devait en savoir plus sur lui.

              - J’ai du mal à l’admettre, mais toute aide est la bienvenue, chuchota Nikolas dans l’oreille de Moka, qui acquiesça en hochant lentement la tête.

              Désignant la porte de la taverne, Kazan reprit :

              - En plus j'ai l'impression que notre nouvel ami qui n'a plus de main sera ravi d'expliquer qu'un saltimbanque lui a tranché les mains pour sauver un prince de Totland qui est mis à prix par une ribambelle de personnes influentes. Quitte à être fugitif moi aussi, pourquoi ne pas aller dans la même direction ? Le nouveau monde m'a toujours fasciné je dois l'avouer. Je suis sûr que cela sera d'une grande inspiration pour mes prochaines compositions.

              - Vous avez raison Kazan, j’ai besoin d’aide, et pas seulement pour rester en vie, il s’éclaircit la voix et, de la main, invita Kazan à le suivre dans une petite ruelle, loin des badauds qui commençaient à se rassembler devant l’auberge.

              Au bout de quelques minutes de marches, ils arrivèrent dans une impasse encadrée par deux dont la vétusté laissait présager leur abandon. Sans attendre un ordre de Moka, Nikolas commença à escalader la paroi de l’une des vieilles bâtisses et, en un clin d’œil, se retrouva sur le toit, avec une vue imprenable sur la ruelle.

              - Tu apprends vite Nikolas ! lança Moka avec un petit rire sarcastique.

              - On n’est jamais trop prudent ! Rappelle-toi comment je t’ai sauvé la vie à Manshon ! répondit-il, sur le même ton.

              Le regard du prince déchu revint à Kazan, qui se demandait sûrement pourquoi lui et Nikolas l’avaient entraîné aussi loin dans la ville, alors qu’ils auraient aussi bien pu se diriger vers les quais.

              - Vous comprendrez le fait que, dorénavant, nous évitions les lieux fréquentés de la ville. On n’est jamais trop prudent avec ce genre de choses, surtout après le joli spectacle que vous avez livré dans la taverne. Pour en revenir à votre proposition, je l’accepterais volontiers, à la condition que vous me racontiez votre propre histoire.

              S’adossant contre le mur, il planta son épée sur le sol, entre ses jambes. Avant d’en faire son ami, Moka devait tester une dernière fois la détermination et l’honnêteté de Kazan. La dernière épreuve promettait d’être palpitante.

              - Si je trouve votre histoire convaincante, nous scelleront notre amitié, dit-il, en esquissant le sourire charmeur dont il était coutumier. En revanche, si je perçois une once de mensonge dans vos paroles, cette discussion finira en duel, et seul l’un de nous ressortira de cette impasse. Qu’en dites-vous ?

              Moka appréhendait la réponse de Kazan, l’inconstance de ses décisions étaient telles qu’elles pouvaient en surprendre plus d’un. Ainsi, il pouvait aussi bien festoyer avec quelqu’un que le provoquer en duel l’heure d’après. Maintenant, l’heure du jeu était terminée, et ce n’est pas un tour de cartes qui allait sauver Kazan.
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              - Vous avez raison Kazan, j’ai besoin d’aide, et pas seulement pour rester en vie

              Bonne nouvelle, le nouveau monde allait sans doute s'ouvrir à moi ! C'était une bonne nouvelle ! Moka avait l'air anxieux de l'agitation dans la taverne. C'était fascinant de voir à quel point une simple altercation dans une taverne pouvait nouer des liens sociaux. L'agitation grandissait dans la taverne et les marines n'allaient pas tarder à alerte les marines. Bien que bien accompagné sur le plan combatif, une altercation avec des marines en sureffectif par rapport à nous serait à notre désavantage. D'autant que nous serions deux combattants au corps à corps et un archer contre plusieurs pistoliers. Nos lames n'arrêtent ni les balles, ni les canons. A moins que le jeune prince cache bien son jeu et sois capable de faire ça aussi. Nous partîmes donc de cette ruelle afin de s'éloigner un maximum de tout ce qui est "population". Il est normal de ne pas avoir pris la direction des docks. J'ai cru comprendre que l'homme qui gît désormais mort par terre dans la taverne se trouve être un contrebandier qui avait amené Moka ici. Et oui, maintenant que le capitaine du navire est mort, qui va bien pouvoir nous transporter ? Nous nous mimes dans une ruelle plus loin. J'avais vu des gens peu recommandables se mettre dans ce genre d'endroit. C'était un moyen simple pour échapper à nos poursuivants et un endroit correct pour reprendre notre discussion.

              Lorsque nous arrivâmes à destination. Nikolas sauta avec une agilité féminine de sorte à monter sur le toit. C'était astucieux. Sa ligne de mire était limitée dans la ruelle alors que de là haut il pouvait rester à surveiller et pouvait ajuster son angle de visée sans avoir de réelle contrainte. D'ailleurs, Moka le félicita pour son initiative, c'était assez amusant de voir à quel point les deux comparses étaient complémentaires et synchronisés. L'un était la lame, l'autre la flèche. L'un était la proximité, l'autre la distance. J'espérais en fait secrètement que je réussirais à avoir une même complémentarité avec Moka un de ces jours. Il m'inspirait ce petit noble. C'est vrai, il savait mettre son auditoire à l'aise et ces manières de prince n'était pas aussi énervante que l'était celle d'autres personnes. Je repensais à James, l'un des nobles que j'avais rencontré durant l'un de mes périples. C'était un homme arrogant vaniteux mais avec un bon fond. Ce qui était dommage c'était que son arrogance empêchait de voir le bon fond derrière. Là je n'eus même pas à faire le moindre effort pour déterminer la vrai nature du descendant de Charlotte Linlin. C'était quelqu'un de très étrange mais qui défendait une noble cause. Quand l'injustice frappe une vie, c'est là que débute la vengeance justifiable. Le jeune prince prit la parole peu après

              - Vous comprendrez le fait que, dorénavant, nous évitions les lieux fréquentés de la ville. On n’est jamais trop prudent avec ce genre de choses, surtout après le joli spectacle que vous avez livré dans la taverne. Pour en revenir à votre proposition, je l’accepterais volontiers, à la condition que vous me racontiez votre propre histoire.


              C'est vrai ? Il avait apprécié mon spectacle à la taverne ? Oh c'était pas grand chose. Après avoir découpé des mains de l'un, mis un lariat à l'autre en provoquant sa décapitation, et aussi ridiculiser un contrebandier en l'ensevelissant de bière. Franchement, je n'avais rien fait d'exceptionnel. Ce qui me turlupina un peu plus, ça a été le fait qu'il utilise le conditionnel dans sa formulation. Ainsi, ma candidature ne lui suffisait pas ? Il voulait en apprendre plus sur moi ? C'était donc ça la seule condition nécessaire pour l'accompagner dans le nouveau monde ? Et bien soit, si tel est son désir. Je vais tout lui raconter si ça lui chante ! Je m'apprétais à dire quelque chose quand il planta son épée à même le sol. C'était un symbole de défi ? Ou bien est ce seulement un avetissement ?


              - Si je trouve votre histoire convaincante, nous scelleront notre amitié. En revanche, si je perçois une once de mensonge dans vos paroles, cette discussion finira en duel, et seul l’un de nous ressortira de cette impasse. Qu’en dites-vous ?

              A la fin de sa phrase, j'eus un air grave. Ainsi il doutait encore de moi, il était prêt à me tuer peu de temps après m'avoir accueilli à sa table. Moi qui pensait que notre amitié venait se crée quelques temps plus tôt, je me rendis compte qu'il n'avait finalement pas autant confiance en moi que je le pensais. Je peux pas lui en vouloir d'être prudent c'est vrai, mais de là à douter de moi qui lui ai prouvé que j'étais de son côté. Je fus un peu déçu à vrai dire. Du coup, il était hors de question que je lui dise quoi que ce soit sur moi ! Je ne suis pas du genre à parler sous la contrainte, au contraire je prend même un malin plaisir à ne pas répondre quand on commence à me menacer. Je ne dis rien dans un premier temps puis soupirais. S'il voulait quelques choses de moi, il devra s'y prendre autrement. Je m'approchais de lui jusqu'à être à distance de bras de ce dernier. Je le fixais d'un regard neutre, mais las puis je tirais mes dagues avec indolence. Mon regard toujours inexpressif, je mis mes bras à l'horizontal, lame vers le bas. Puis d'un coup je les lachais pour les faire se planter à même le sol. Il y eut un grand silence alors que je conservais la position. Je rompis finalement le silence en disant

              "Les deux seules choses que vous devez savoir de moi, Charlotte Moka, c'est que je suis quelqu'un de loyal et un libertaire convaincu. Si j'ai choisi de vous accompagnez, c'est par choix et pour ma propre liberté. Là, vous me menacez de me combattre pour vous assurez de la véracité de mon récit. Et bien sous la contrainte, je ne vous dirai rien ! Je vous ai considéré comme un ami tout à l'heure. J'ai mis ma vie en jeu ainsi que souiller mes lames du sang d'un de vos ennemies. Je vous aurai raconté ma vie entièrement si vous ne m'aviez pas menacé. Mais sachez une chose, je ne dirai jamais rien me concernant sous la contrainte. Je vous raconterai un jour mon histoire, mais uniquement lorsque vous me considérerez comme un ami et non comme un traitre ! Comme vous pouvez le voir, mes lames sont au sol et nous savons tous les deux que je n'aurai pas le temps de les saisir que vous m'aurez déjà tranché la gorge comme l'autre contrebandier. Plutôt qu'une histoire pour vous montrez que je suis capable d'obéir sous la contrainte, je vous offre ma vie pour vous montrez que je suis prêt à la donner pour vous. Pas parce que vous êtes prince ou autre connerie de sang royal auquel je ne porte aucun intérêt. Mais bel et bien parce que l'espace d'un instant durant le conflit, j'ai ressenti en vous quelque chose qui valait la peine que je risque ma liberté. Alors allez y, si vous ne voulez pas de mon aide, je vous laisse faire les présentations entre ma gorge et votre lame. En d'autres cas, parlez moi comme un frère et soyez en assuré, mes deux lames feront jaillir le sang pour vous my lord !"


              Courage ou pur folie ? Je vous laisse le soin d'en décider. J'étais décidé à suivre Moka et si pour ça je devais le payer de ma vie tant pis. Quoi que l'on fasse de toute façon, la mort est au bout du chemin. Yuki ? M'entends tu ? Je vais peut être te rejoindre dans les quelques secondes qui vont suivre. C'est triste à dire, mais si c'est aujourd'hui que je dois partir, je suis content que cela soit de la lame de cet homme. Ma vie actuelle est misérable Je joue aux cartes pour vivre, je joue de l'ocarina et je voyage sans but. Le but de ma vie, je pense l'avoir enfin trouvé. Si c'est bien le but de ma vie, et bien dans ce cas le destin me protégera. Sinon, c'est que j'avais fini mon temps sur terre. C'est bizarre cela me rappela une musique que j'avais entendu jadis : "Le bon rhum de binks". Cela disait "Si la peur m'envahit, ce sera mon dernier soupire, c'est ainsi je ferais une croix sur mon bel avenir". Je trouve justement cette citation bien adaptée pour la situation, d'autant que j'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'un hymne pirate assez célébre dans tous les blues. Je plongeais mon regard cette fois-ci déterminé dans le sien avant d'ajouter d'un ton calme contrastant avec ma possible mort imminente.

              "A vous de choisir mon prince !"

              Je fermais les yeux et m'attendit au son de ma délivrance. Soit la voix de Moka qui me dirait que je viens avec lui, soit le bruit de sa lame qui fendra l'air pour venir achever mon existence. L'attente d'un son, quel ironie pour un musicien comme moi !
                Le challenge de Moka avait quelque peu refroidit l’ambiance, et l’habituelle jovialité de Kazan s’était muée en masque de sérieux. Avait-il peur ? Etait-il déçu de l’imprévisibilité de Moka ? Le jeune prince ne pouvait le deviner. Jetant un bref coup d’œil en l’air, il vit Nikolas bander son arc, prêt à abattre Kazan s’il tentait quelque geste brusque à son égard. D’un bref sifflement, il invita Nikolas à abaisser son arme, ayant confiance en sa capacité à faire face à ce mystérieux musicien aux cheveux rouges. Soudain, sans dire un mot, le jeune homme s’approcha de Moka et se retrouva à quelques pas de lui, si bien que ses bras pouvaient le toucher. Avec une précision toute calculée qui contrastait avec son regard vide, Kazan tira ses dagues, lames vers le bas, puis les lâcha. Lorsque les lames se plantèrent sur le sol, à côté de son épée, Moka croisa les bras, levant un sourcil interrogateur.

                - Les deux seules choses que vous devez savoir de moi, Charlotte Moka, c'est que je suis quelqu'un de loyal et un libertaire convaincu. Si j'ai choisi de vous accompagner, c'est par choix et pour ma propre liberté. Là, vous me menacez de me combattre pour vous assurer de la véracité de mon récit. Et bien sous la contrainte, je ne vous dirai rien ! Je vous ai considéré comme un ami tout à l'heure. J'ai mis ma vie en jeu ainsi que souiller mes lames du sang d'un de vos ennemies. Je vous aurai raconté ma vie entièrement si vous ne m'aviez pas menacé. Mais sachez une chose, je ne dirai jamais rien me concernant sous la contrainte. Je vous raconterai un jour mon histoire, mais uniquement lorsque vous me considérerez comme un ami et non comme un traitre ! Comme vous pouvez le voir, mes lames sont au sol et nous savons tous les deux que je n'aurai pas le temps de les saisir que vous m'aurez déjà tranché la gorge comme l'autre contrebandier. Plutôt qu'une histoire pour vous montrer que je suis capable d'obéir sous la contrainte, je vous offre ma vie pour vous montrer que je suis prêt à la donner pour vous. Pas parce que vous êtes prince ou autre connerie de sang royal auquel je ne porte aucun intérêt. Mais bel et bien parce que l'espace d'un instant durant le conflit, j'ai ressenti en vous quelque chose qui valait la peine que je risque ma liberté. Alors allez-y, si vous ne voulez pas de mon aide, je vous laisse faire les présentations entre ma gorge et votre lame. En d'autres cas, parlez-moi comme un frère et soyez en assuré, mes deux lames feront jaillir le sang pour vous my lord !

                Cette longue tirade était poignante, Kazan y démontrait tout son courage et en cela, Moka l’admirait. Cependant, les jeunes gens plein de courage, Moka en avait connu des tonnes, et peu avaient la chance de vieillir. Lentement, il se saisit de sa lame, et en soupesa l’acier, pour signifier à Kazan qu’il n’avait pas répondu à ses attentes. Loin de s’émouvoir par la vue de l’épée qui allait peut-être lui ôter la vie, Kazan reprit la parole, toujours sur ce même ton mêlant défi et mélancolie.

                - A vous de choisir mon prince !

                N’ayant rien à ajouter, il ferma les yeux, avec une sérénité qui surprit Moka, si bien qu’il hésitait à abattre l’épée sur son cou. Après tout, il était convenu que si Kazan échouait à ce test, il y’aurait un duel à la loyale, et pas une simple exécution.

                - Kazan, vous avez échoué, je croyais que vous étiez du genre à éviter les manœuvres périlleuses, mais la jeunesse nous rend un peu trop téméraire, soupira-t-il.

                Lentement, Moka plaqua son épée contre le cou de Kazan, et resta ainsi un long moment, se demandant s’il allait vraiment tuer quelqu’un qui avait risqué sa vie pour lui quelques temps auparavant.

                - Cependant, vous m’avez aidé, et je vous suis redevable, dit-il d’un ton sérieux qui ne lui ressemblait guère, avant de poursuivre. Vous refusez de me parler de vous sous la contrainte, vous refusez le duel honorable que je propose, ce qui me laisse dans une fâcheuse position.

                Moka rengaina et posa les mains sur les épaules de Kazan, son habituel sourire retrouvé. De son côté, Nikolas avait cessé de s’intéresser la discussion en contrebas et aiguisait l’une de ses flèches. Ainsi, lui aussi avait deviné ce que Moka s’apprêtait à dire ? Perspicace pour quelqu’un privé de ses yeux songea-t-il.

                - Vous voulez naviguer à mes côtés donc ? (Il leva les yeux vers Nikolas.) Hey ! Nikolas, va nous chercher un bateau au port, choisis bien cette fois-ci. Je ne veux pas me retrouver avec un chasseur de têtes.

                - Très bien, je vous laisse, répondit l’intéressé en glissant gracieusement jusqu’en bas, avant de s’en aller d’un pas vif et alerte.

                Moka attendit que Nikolas disparaisse de sa vue pour revenir à Kazan, la tension était retombée, et il fallait mettre les choses au clair avant de s’en aller.

                - Bon, écoutez-moi bien Kazan, si vous naviguez avec moi, vous risquez d’avoir la Marine, la mafia, et un tas d’autres personnes aux trousses. Les temps seront durs parfois, mais nous auront aussi de bons moments, nous savons nous amuser ! Et puis, il faut que vous sachiez que je compte fonder un équipage pirate prochainement…Et la vie de pirate n’est pas toujours facile, il faudra vous y faire.

                Les mains toujours appuyées sur les épaules de son interlocuteur, Moka guettait le moindre signe de renoncement, escomptant peut-être qu’il refuserait de le suivre dans cette folie.
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                "Kazan, vous avez échoué, je croyais que vous étiez du genre à éviter les manœuvres périlleuses, mais la jeunesse nous rend un peu trop téméraire Cependant, vous m’avez aidé, et je vous suis redevable. Vous refusez de me parler de vous sous la contrainte, vous refusez le duel honorable que je propose, ce qui me laisse dans une fâcheuse position. "


                Le froid de sa lame contre ma gorge me fit étrange, je m'attendais à ressentir ce que toutes personnes normales auraient ressenties : de la peur, du regret ou une spiritualité retrouvée le temps de l'exécution. Mais là non, rien ne me vint en tête. Je repensais à Yuki, aux différentes joies ainsi que les déceptions. Je ne pensais à rien de personnel, tout était objectif comme si j'avais réussi à me détacher de mon être. Mon esprit semblait comme déjà mort, comme s'il avait une sorte de mémento mori au fond de sa tête. Quand on n'a rien, on a moins a perdre que les gens. Peu de gens peuvent comprendre cela mais pour les gens qui ont oublié le mot espoir et attache, la mort ne semble pas si effrayante que ça.   Ou alors, c'était peut être dût au fait que je me rendais compte qu'il hésitait à mettre fin à ma vie. Certes, j'avais échoué d'exaucer sa demande, mais aucun noble au monde, si charismatique soit il ne me retirera mon intégrité. M'écraser et devenir un toutou obéissant ne sera jamais ma philosophie. Si j'ai choisi de le suivre, c'est par libre-arbitre et jamais, au grand jamais, je ne m'en séparerai. Alors que j'attendais la réaction de Moka. Je fûs saisis au niveau des épaules par le jeune noble.  Il me sourit et ajouta d'un ton des plus amicaux

                "Vous voulez naviguer à mes côtés donc  ?"

                "Evidemment, c'est ce que je souhaite. Je ne joue pas ma vie pour une velleité. Je suis prêt à vous suivre sur Grand Line puis sur le Nouveau Monde !"


                Il congédia l'archer en l'envoyant chercher un bâteau. Cet homme était vraiment utile, un rôdeur comme on en fait plus. Une profonde allégresse me remplit, j'avais enfin trouvé un but à ma vie. Je fis un signe de tête d'approbation, il était temps pour moi de dire adieu à ma vie d'itinérant.  Totland, c'était un peu mon el dorado désormais. Ce prince en exil avait décidément réussi à m'émouvoir. Comment est ce possible moi le coeur de pierre ? Je ne sais pas vraiment à dire vrai. La seule chose que je sais c'est qu'il est grand temps pour moi de prendre le large et d'oublier ma vie précédente.  Rien ne me retient ici, et tout m'attire là bas. Le temps n'est plus à l'hésitation, mon choix était fait depuis longtemps. J'ai longtemps rêver d'un de ces pays loin par delà les mers où je me sentirais à ma palce.

                "Bon, écoutez-moi bien Kazan, si vous naviguez avec moi, vous risquez d’avoir la Marine, la mafia, et un tas d’autres personnes aux trousses. Les temps seront durs parfois, mais nous auront aussi de bons moments, nous savons nous amuser ! Et puis, il faut que vous sachiez que je compte fonder un équipage pirate prochainement…Et la vie de pirate n’est pas toujours facile, il faudra vous y faire. "

                "C'est censé me dissuader ? Au contraire, j'ai déjà hâte d'y être. Cela promet d'être intéressant. J'ai toujours rêvé de voir ce qu'il y a par delà ces mers.  Si vous souhaitez fonder un équipage pirate, je n'aurai aucun gêne à vous appelez capitaine à la place de my lord.  Si vous désirez de la musique à bord, un joueur de carte aguerri, ou un combattant, je suis votre homme. Lord Charlotte Moka, je suis Kazan Newday, aussi connu sous le nom du parieur,  mes lames sont vôtres à partir de ce jour. J'en fais le serment !"


                Je ramassais mes lames et nous prîmes la direction du port. Je pense que je vais dire adieu à Rokade dès ce soir. Regarde moi bien soeurette, de là où tu es, c'est aujourd'hui le jour où je vais devenir un pirate. Je ne veux plus être l'homme que j'ai été, désormais je vais m'orienté vers le futur et arrêter de vivre dans le passé. Moka peut m'offrir la vie que je souhaite. Une vie trépidante parsemée d'embûches. Quelques soit les caprices du destin, j'ai envie de faire la route pour Totland avec le descendant de la famille Charlotte. Lui et moi avons fort à faire avant d'y arriver, mais je suis sûr que nous trouverons de quoi nous divertir en route. En arrivant au port, nous vîmes Nikolas nous faire signe de le suivre. Nous montâmes dans le cargo désigné, un autre bateau de contrebandier. Décidément, il avait une affection particulière pour les bâteaux peu recommandables. Au moment de monter à bord, je ne pus m'empêcher de regarder derrière moi. Rokade, ce nom restera gravé dans ma mémoire comme la ville qui m'a vu partir. Je souriais, je partais sans le moindre regret. Je fûs interrompu par Nikolas qui me demanda

                "Prêt à partir ?"

                "Plus que jamais ! Je suis prêt !"


                Sur ces mots, les amarres fûrent larguées. Le bateau partit précédemment. C'était pas plus mal, cela rendrait toute marche arrière impossible et m'évitera de céder à la nostalgie. Désormais, Totland est et restera mon seul objectif. Je ne le savais pas encore, mais c'est ici que démarra véritablement mon aventure en temps que pirate. Mille et une embûches seront posées sur notre trajet, mais rien ne me démotiveras ! Je l'ai promis à Moka, et je compte bien tenir ma promesse. Rapidement, nous ne vîmes plus qu'un point noir à l'horizon qui disparut aussitôt quand nous arrivîmes en haute mer.