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La naissance d'une famille

La base secrète du gang des hommes-poissons était d'une singulière beauté. Accessible uniquement par voie sous-marine, elle était composée d'une grande salle principale et de centaines de petites grottes naturelles formant un immense réseau dans les sous-sols rocheux de l'île. La salle faisait office de place publique pour l'organisation amphibienne, un forum où tous les hommes-poissons se réunissaient en communauté. À ce titre, la moitié du hall était occupée par un bassin relié à la mer, l'un des nombreux points d'eau de la cache et son point d'accès principal.

La lumière du soleil filtrait depuis ce dernier, éclairant toute la salle par le dessous, projetant une lumière douce et ondoyante sur les murs du domaine. Bien que large d'une cinquantaine de mètres, l'immense caverne était remarquablement lumineuse grâce à cet éclairage naturel et de nuit, un réseau de lampes prenaient le relais. Assis sur une estrade en pierre, Roy patientait tandis qu'un homme-poisson carpe, Adam Coste, changeait le bandage de son épaule.

Trois jours s'étaient écoulés depuis sa petite excursion dans la prison de Las Camp et la libération de Moria Brittania et Habu Jackson. Ce dernier avait obtenu de ses congénères hommes-poissons que Roy et Moria puissent séjourner dans la base du gang. Trois jours qu'ils étaient là à poireauter, le temps que le pirate récupère de sa blessure apparemment. Habu leur avait fait visiter la base, leur avait présenté nombre de ses amis tolérant avec les humains, lui avait expliqué en détail comment fonctionnait leur communauté et bien d'autres choses encore. Mais il refusait de les ramener à la surface.

Tressaillant sous un geste un peu brusque du toubib amphibien, Roy prit une grande inspiration et ignora la douleur, appréciant par là même la bonne odeur qui flottait dans la base sous-marine. Contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, le pirate reniflait des odeurs de détergents, de chlore ainsi qu'une troisième odeur qu'il ne parvenait pas à identifier au milieu des autres. Tout cela était bien loin des relents d'eau stagnante auxquels il s'était attendu. Les hommes-poissons avaient le savoir-faire pour rendre vivable un habitat sous-marin. De nombreuses voies d'eau quadrillaient le secteur, leur permettant d'évacuer leur détritus avec aisance. Ils avaient de l'électricité, des fournitures et même deux champs souterrains dissimulés dans une spacieuse cave. Ces derniers recevaient de la lumière grâce à un habile jeu de miroirs, allant capter les rayons du soleil depuis la surface grâce à un réseau de galeries dont seuls les membres du gang avaient connaissance.

Les hommes-poissons étaient bien installés, c'était du très bel ouvrage, le pirate était impressionné. Mais il ne pouvait toujours pas sortir. Ayant fini de bander sa blessure, le médecin attrapa distraitement une petite seringue et entreprit de la préparer. Ceci fait, brandissant son aiguille, il s'approcha soudain de Roy.

 - Hola qu'est-ce que vous faites doc' ? demanda-t-il en stoppant le geste d'Adam à mi-chemin de ses veines.

 - C'est un antalgique à base d'opium, expliqua ce dernier, croyant bien faire. C'est pour la douleur.

Les hommes-poissons gardaient leur repère propre et le parfumaient, mais c'était donc bien une odeur d'opium que Roy décelait au milieu des différents effluves. On ne l'avait pas laissé voir ces fameux champs, mais quelque chose lui disait que ce n'était pas du blé qu'ils faisaient pousser. Grinçant des dents, il repoussa la main palmée du docteur. Il y avait des enfants dans la base secrète, à quoi pensaient-ils ?

 - Ça va merci, je m'en passerais, promit le jeune homme au guérisseur, qui haussa les épaules avant de ranger son matériel. Adam, qu'est-ce qui se passe ici ? Qui sont tous ces gens ?

Relevant les yeux, l'amphibien suivit le regard de Roy et découvrit une famille émergeant du bassin, une femme-poisson, son mari et leurs deux enfants. La mine basse, les deux parents discutèrent quelques instants avec les membres du gang partis à leur rencontre avant de les suivre au bout de quelques instants. Le docteur et son patient les perdant de vue, ils disparurent dans les méandres de la base secrète avec leurs enfants.

Hésitant, Adam Coste se retourna vers l'humain qui haussa les sourcils en attendant sa réponse.

 - Hum..., commença-t-il au bout de plusieurs secondes, ce sont des citoyens de Las Camp. De temps en temps y'en a qui décident de venir vivre dans la base. Le gang accueille tous les hommes-poissons à la recherche d'un abri.

 - D'accord, acquiesça le pirate, et il y'en a toujours autant des réfugiés ? Parce que depuis que je suis là...

 - Demande à Habu, le coupa Adam, lui il pourra t'expliquer.

Avec cette réponse énigmatique l'homme-carpe récupéra son matériel et prit la direction de son cabinet. Laissé en plan, Roy fit jouer son bras et son épaule endommagée quelques jours plus tôt par la flèche d'un usurier. La blessure guérissait bien malgré les contraintes imposées par O'Clayne Eustache, le chef du gang. Ce dernier, un gros homme-poisson de type requin blanc, avait accepté à contre-cœur le séjour de deux humains dans son repaire secret. Sous la pression d'Habu Jackson, un héro parmi ses congénères, il avait finalement cédé, mais seulement sous certaines conditions. Roy n'avait accès qu'aux sanitaires et au hall principal, interdiction formelle de vadrouiller dans le complexe. Il n'avait donc pas la possibilité de se rendre dans le cabinet d'Adam Coste ce qui n'avait pas facilité la guérison du pirate.

Le chef du gang était un raciste antihumain, tout comme son second, Shan Zeng. Heureusement pour Roy, de nombreux hommes-poissons ne partageait pas la vision étriquée de leurs chefs. Ayant libéré l'un des leurs de prison, le pirate avait donc été relativement bien accueilli par la communauté amphibienne, si l'on omettait le fait d'être confiné à une section de la base et d'en être prisonnier. Et qu'on lui cache des choses.

Un jour après son arrivée, les nouveaux arrivants s'étaient mis à défiler. Tous des hommes-poissons, de tous les âges, en solitaire ou en famille. Beaucoup d'entre eux étaient blessés. La plupart avaient la mine basse et pénétraient dans la base comme si c'était un sanctuaire, le dernier de leur bastion. Et à chaque fois que Roy allait à la pêche aux infos, on lui servait une réponse évasive après l'autre. Il était temps de confronter Habu.

Quelque chose était en train de se passer. Il ne savait pas quoi, mais ça ne sentait pas bon.


Dernière édition par Roy D. Aston le Lun 25 Déc 2017 - 16:34, édité 4 fois
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Perdu au milieu d'une rue, une caisse en bois servait de promontoire à Kusa. Pas pour se lancer dans un incroyable et palpitant discours, mais simplement afin d'observer les deux côtés de la rue et de mieux se repérer dans les méandres de ce lieu inconnu. Voilà quelques jours qu'il, encore plus qu'avant, s'était complètement perdu en fuyant l’oppression de la taverne. En soit, ceci n'était pas compliqué, la plupart des assaillants avaient fait demi-tour rapidement, de peur que quelqu'un vide leurs godets, mais pour le fuyard, lui avait continué à courir comme un dingue jusqu'à ce qu'il s'écroule de fatigue au milieu d'une ruelle. Il fallait bien que sa digestion se fasse. Après ça, il n'avait fait que vagabonder au milieu des bâtiments en tentant vainement de retrouver son chemin. Évidemment, il aurait pu arrêter des gens, et c'est bien ce qu'il avait fait, mais sa dégaine de clochard qui sentait la pisse n'inspirait pas vraiment la sympathie et l'envie de lui répondre, de peur qu'il quémande n'importe quoi. A partir de là, il avait laissé tomber cette option et avait préféré se débrouiller seul, et éviter de s’attirer des ennuis par la même occasion. Le milieu était hostile, il valait mieux faire profil bas.
Finalement, il n'avait fait que tourner en rond, comme d'habitude, sans se poser de question sur le fait qu'il passe trois fois dans la même rue, il avait dormi à la belle étoile sur les pavés et avait réussi à trouver quelques provisions parmi  les ordures afin de continuer à se sustenter. Rien de bien mirobolant, mais ce qui était le fait le plus intéressant restait les discussions des gens, et leur agitation. De ce qu'il avait compris, les poissonniers étaient en grève, du coup les patrons du coin voulaient empêcher la manifestation dans les rues, ou quelque chose du genre. Pas vraiment intéressante comme information, mais pour Kusa, ça voulait dire qu'il était dans un endroit où il y avait une forte politique économique axé sur le poisson et sa découpe. Bref, un beau bordel. Mais ça semblait intéressant à voir.


Raaaaa. J'étais persuadé d'avoir vu ce traître de clébard, BORDEL. CETTE VILLE ME FAIT CHIER.



Revenons à nos moutons. Il était donc une fois, maître Kusaki sur sa boîte perché. Au milieu des passants, la folie d'un homme lui avait fait voir un chien, pour lui c'était un signe, et il lui fallait se venger de la traîtrise de ce dernier qui l'avait presque laissé pour mort dans une rue. La mutinerie n'était pas tolérable, enfin de la part des autres. Redescendant de son promontoire, Kusa posa ses fesses sur la caisse, chapeau sur la tête, bokken à la main, et se laissa aller dans ses divagations pensives et monologue à haute voix.


Bon. Je dois trouver le chien. Mais aussi un moyen de me casser d'ici. Je comprends rien à ce qui se passe, et où c'est que j'suis. Hormis l'histoire des poissons qui devraient finir en sushi de ce que racontait les mecs armés de tout à l'heure, y a rien d'excitant. Quoi que, si il y a une crise dans le marché du poisson, on pourrait en tirer profit, ça serait pas mal. Mais j'ai pas le matériel. Faudrait que je me penche là dessus. Un bon filet, du fil, des hameçons de calibre douze... Ouais non, je pige que dalle à la pêche, c'est de la merde ce truc. A quel moment dans sa vie on peut se dire « plus tard, j'aimerais vider les poissons de leurs entrailles ». C'est dégueulasse, c'est tout. Moi je comprends pourquoi les poissonniers ils veulent plus bosser, c'est un boulot de merde. A la rigueur je préfère vider des sceaux. C'est plus facile. Ou des aubergines. Mais je sais pas à quoi ça servirait de les vider. Par contre, faudrait que je vide le chien aussi.


« Alors mon garçon, tu parle tout seul ? C'est malheureux de voir ça, à ton âge. Allez viens, les rues sont pas sûre en ce moment, et puis il va bientôt pleuvoir. Tu me raconteras ton histoire autour d'une tasse de thé bien chaud. J'aime pas laisser les miséreux comme ça. »

Au milieu de ses paroles, un vieux tout moisi avait fait irruption devant Kusaki. Du poil dans les oreilles, tout voûté, une barbe longue d'un siècle, des vêtements rafistolé par différents bouts de tissus, la bouche vide de dents. Un être bizarre, venu de nulle part en fait. Quelqu'un de censé aurait probablement décliné son invitation, mais notre protagoniste avait décidé de le suivre, son aspect mystique et sa prédiction sur la météo était intriguante pour lui, il venait peut-être de rencontrer son maître spirituel, d'où le fait qu'il l'invite comme cela chez lui, boire une boisson magique qui lui révélera son avenir et son potentiel. Encore une nouvelle aventure pour lui.
Au bout d'un petit moment de marche sous un grand ciel bleu parfaitement ensoleillé, le maître et l'élevé pénétrèrent dans un des bâtiments de la ville afin d'accéder à une sorte de petit appartement donnant directement sur la rue. Pas le grand luxe, il avait autant vécu que son propriétaire, et l'état de celui-ci était plus qu'insalubre. Mais cela était toujours mieux que les ruelles où Kusa avait traîné, même si l'odeur semblait être la même. Le vieux avait pris place autour d'une petite table et indiquait à son invité à prendre place lui aussi autour de celle-ci. Versant le contenu d'une théière dans deux grands verres, il commençait la conversation.



« De plus en plus ici, je trouve des jeunes gens dans la rue. C'est triste de voir ça, mais cette ville est de pire en pire. Plus rien ne va. Mais que peut faire un vieil homme comme moi, hormis inviter les âmes perdues à avoir un peu de gentillesse, et venir faire un peu la causette avec le vieillard que je suis autour d'une bonne boisson faites par mes soins. Alors, quel est ton histoire ? Comment en es-tu arrivé là ? »

Prenant un biscuit sur la table, Kusa avait rapidement compris pourquoi l'homme n'avait plus de dent. Il laissa rapidement tomber l'idée de manger ce qui était plus proche d'une brique que d'une petite douceur et commençait à avaler le contenu de son gobelet. Le concept de boisson chaude n'était pas évident à trouver, le liquide étant froid, et le goût n'était pas vraiment extraordinaire. On aurait dit un mélange d'eau croupie et de différentes racines, ou mauvaises herbes, en tout cas ce n'était pas bon, et les morceaux dedans encore moins. Mais, afin de s'attirer les bonnes grâces de ce mystérieux personnages, Kusa avala le contenu d'une traite, espérant un quelconque effet bénéfique. Au premier abord, ce n'était pas vraiment le cas, ou ce à quoi il pensait comme effet. Son estomac dansait la salsa, et il était à deux doigts de recracher ce qui se trouvait à l'intérieur. Mais, avec une concentration incroyable, il tenait bon. Après deux ou trois relents, il pouvait enfin parler, et avoir quelqu'un pour répondre.


Je suis Kusaki Las Gambas, maître. A vrai dire, je ne sais pas où je suis ni ce que je suis censé faire, mais le destin a voulu me placer face à vous, pour me donner les réponses à mon existence.


« Pardon ? »

Ouais, z'êtes bien bien mon maître à penser, un truc du genre. Non, mon guide spirituel ! Voilà, ça c'est mieux ! Vous allez me diriger vers mon destin, me dévoiler les secrets de la vie, où je sais pas, des trucs mystiques. Non ? Parce que franchement j'ai atterri ici, j'ai eu que des problèmes, et puis il paraît que les pécheurs sont en colère, et ils veulent que les poissons.... Non c'est pas ça, c'est les poissonniers qui font la guerre aux pécheurs.... Enfin quelque chose comme ça. C'est pour ça que vous disiez qu'il fallait pas rester dans la rue.


« Qu'est ce que vous me racontez là ? Oh mon pauvre, ça ne va pas fort, vous avez sûrement dû vous prendre un mauvais coup sur la tête, encore un coup des brigands qui sévissent dans la ville, ça n'en fini pas. Il n'y a pas d'histoire de poissonniers dans cette ville, voyons mon garçon ! Mais en ce moment, il y a du mouvement parmi les hommes poissons, ils sont, semblerait-il, entré en guerre avec un autre gang. Il paraît qu'il y a des combats dans les rues, des coups de feu retentissent. Tu n'as rien entendu dernièrement ? »

Non, enfin je sais pas trop, après ça m'intéresse pas trop les mouvements sociaux. Je suis pas assez au courant de la condition des pécheurs pour pouvoir prendre parti. Ah, ouais, si, hier, j'ai entendu des feux d'artifices, mais c'était bizarre ouais, parce que j'ai rien vu dans le ciel. Enfin, assez parlé de la poissonnerie, parlez moi de moi, de mon potentiel maître ! Mon avenir ! Apprenez moi vos techniques ancestrales ! Maintenant que j'ai bu votre breuvage des ancêtres, je suis prêt pour mon initiation ! Prenez moi en tant que disciple !


L'incompréhension était totale pour le vieillard. Alors qu'il avait pris en pitié un pauvre malheureux qui parlait tout seul dans la rue, il était désormais face à un cinglé qui lui parlait de poissonniers sans raison et qui voulait devenir un disciple des ancêtres. Clairement agacé, l'ancien voulait mettre dehors, au plus vite, cet énergumène à l'esprit dérangé. Kusa, lui, était plein d'enthousiasme, comme un petit garçon à Noêl, prêt à remplir son esprit d'un tout nouvel enseignement mystérieux, découvrir un tout nouvel univers et devenir quelque chose de tout nouveau.


« Écoute mon garçon, je ne comprends rien à ce que tu essayes de me raconter. Tu as l'air totalement perdu, et je ne peux pas m'occuper de toi, je suis vieux et fatigué. Alors si tu pouvais arrêter un petit peu avec tes histoires de poissons et m'écouter tranquillement... »

Oui, tout ce que vous voudrez maître, je serais votre meilleur disciple, j'écouterais vos enseignements, et deviendrait une meilleure personne, et je pourrais prendre ma revanche sur...

« Il suffit ! Je ne suis pas ton maître, et encore moins un professeur. Je ne veux même pas savoir à quoi tu penses ou tes ambitions. Quoi qu'il en soit, tu es ici à Las Camp. Pas vraiment un lieu touristique. On a eu pas mal de soucis avec les pirates par ici, et les gang ont fait de la ville leur fief. Pendant un temps, les rues étaient plutôt calmes, entre les différents groupes, c'était proche de la guerre froide, mais récemment, tout s'est emballé. Je ne l'ai pas vraiment vu, et ce sont principalement des rumeurs qui circulent, mais j'y crois, j'entends, les cris, les tirs, les armes qui s'entrechoquent, comme à l'époque du pirate rouge. Des morts, des cadavres d'hommes-poissons abandonnés dans les rues. Leur gang se fait décimer. Qui a déclenché les hostilités, ou alors est-ce une extermination, je ne peux pas savoir. Tout ce que je sais, c'est que la rue n'est pas sûre, que dans très peu de temps, les confrontations seront plus nombreuses, les cadavres seront encore plus nombreux et  ce sera sûrement la fin des hommes-poissons à Las Camp. »

Vous êtes très bon dans l'art de conter les histoires, maître, bien que je n'ai pas tout saisi, mais quand est-ce que l'on commence mon initiation ?

« DEHORS !!! »


Et c'est ainsi que Kusaki a terminé à la porte, sans avoir eu quoi que ce soit de la part du vieillard, hormis son récit, un méli-mélo d'informations, bien trop de choses à retenir pour un esprit torturé. D'un autre côté, il avait rencontré quelqu'un de gentil, même si son apparence laissait à désirer, et c'était un bon point, un moment de répit dans toute cette agitation. Par contre, son thé était atroce et Kusa ressentait déjà des effets non désirable, le vieil homme devait  très certainement avoir des problèmes pour aller à la selle. Pas le temps pour s'inquiéter des problèmes intestinaux, Kusaki reprenait assez rapidement la route, plein de déception, mais aussi dans l'optique d'éviter les possibles tumultes de la ville, comme l'a dit son maître spirituel.

  • https://youtu.be/dQw4w9WgXcQ
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- Encore sur le journal de Shifumi ? demanda Moria Brittania en venant s'asseoir au côté de Roy.

Toujours assis dans le hall, le pirate étudiait un petit livret, un document qu'il avait subtilisé à la chef de la Guilde des Usuriers quelques jours plus tôt. Il était plein à ras bord d'informations utiles sur la ville et ses habitants.

 - Trois jours qu'on poireaute ici, expliqua le pirate, ça me fait de la lecture.

 - Ouais je comprends, s'esclaffa doucement le jeune homme en s'étirant. Alors, tu as trouvé quelque chose d'intéressant ?

 - Hola doucement, l'arrêta immédiatement Roy en plissant les yeux, d'abord tu vas commencer par m'expliquer une bonne fois pour toutes pourquoi tu tenais tant à libérer Habu.

Cela faisait trois jours qu'il lui posait cette question et que le blondinet l'esquivait. Au départ Roy n'avait infiltré la prison que pour libérer Moria, parce qu'il le voulait dans son équipage. Seulement une fois arrivé arrivé jusqu'au navigateur, ce dernier avait refusé de suivre le pirate à moins qu'il ne libère également Habu Jackson. Les dommages collatéraux occasionnés par ce petit détour avaient été sa blessure à l'épaule ainsi qu'une émeute dans la prison. Et il s'était définitivement mis la Guilde des Usuriers à dos.

 - Eh ben quoi ? C'était une bonne idée non, tu l'aimes pas Habu ? rigola Moria, détournant une fois de plus le sujet.

 - Ce n'est pas la question, répliqua le pirate qui cette fois-ci était bien décidé à lui tirer les vers du nez. Rien ne se fait gratuitement, tu me l'as dit toi-même quand on s'est rencontrés. Alors dis-moi ce que tu as tiré de sa libération. Et par pitié ne me dit pas "le plaisir de sa compagnie", ça ne passera pas.

Moria sembla réfléchir quelques instants. Ses yeux survolèrent la base secrète des hommes-poissons, avant de revenir sur Roy, et le bandage qu'il avait à l'épaule.

 - Bon..., commença-t-il, s'étant enfin décidé, tu connais la Lune Opaque ?

 - Oui, acquiesça le pirate, vaguement, un gang c'est ça ? L'un des plus gros de la ville ?

 - Ouais, eh bien je sais que ce sont eux qui m'ont envoyé en prison, révéla le blondinet.

Haussant les sourcils, Roy quitta le journal de Shifumi des yeux et se concentra pleinement sur son futur membre d'équipage.

 - Ah ? Et comment tu sais ça ? demanda-t-il.

 - C'est pas important, éluda Moria, donc en prison j'ai...

 - Attend comment ça "c'est pas important" ? le coupa Roy immédiatement.

 - Nan mais là je t'explique pourquoi on a libéré Habu, clarifia le navigateur, levant sa main pour faire taire le pirate, si je commence à partir dans tous les sens on va jamais s'en sortir.

 - Ok... bon bah continu alors, se résigna le jeune homme.

 - Voilà, du coup en prison j'ai rencontré Habu, raconta l'ex-prisonnier, et il m'a expliqué comment lui il s'était fait emprisonner par la Guilde des Usuriers.

 - La Guilde des Usuriers en plus de la Lune Opaque ? nota Roy. Tous les gangs de la ville ont libre accès à la prison ou quoi ?

 - Eh bien justement, d'après Habu, ces deux gangs sont alliés en fait. Du coup c'est la guilde qui a dû m'envoyer en prison, révéla Moria, à la demande de la Lune Opaque.

Hochant la tête, le pirate ne montra pas qu'il était déjà au courant de cette alliance. Cela correspondait à ce qu'il avait découvert dans le journal de Shifumi.

 - Ah ? Et il t'a raconté ça comme ça ? enchaîna-t-il plutôt, voulant s'assurer que Moria ne lui racontait pas de salades. Vous vous étiez jamais rencontré avant, jamais échangé un godet et vous partagez directement vos petits secrets ?

 - Non mais..., hésita le jeune homme pendant quelques instants, avant de reprendre ses explications. Ben moi je lui expliquai comment mon emprisonnement était un coup monté, et du coup lui il m'a dit qu'il lui était arrivé la même chose. On était tous les deux programmé pour se faire exécuter alors... les langues se sont déliées tu vois ? On a commencé à discuter et on a fini par échanger pas mal d'informations.

Hochant la tête, Roy s'assura un instant qu'aucun homme-poissons n'était en train d'écouter leur conversation. Ceci fait, il fit signe à Moria de continuer.

 - Du coup, reprit ce dernier, Habu m'a aussi expliqué pourquoi la guilde l'a emprisonné. Tu as entendu parler du Ponton ?

Le pirate hocha une deuxième fois la tête. Tout le monde connaissait le Ponton à Las Camp, le nom donné au galion qui avait servi de prison à la ville pendant un certain temps. Il avait quitté l'île en même temps que Sissy, une commandante d'élite de la marine qui jusque là avait été chargée de faire régner l'ordre.

 - Eh bien quand le Ponton a quitté Las Camp pour transférer les prisonniers, il s'est fait attaquer par Red, un pirate je crois, lui apprit Moria.

 - Pourquoi ça ? demanda machinalement Roy.

 - Habu n'est pas sûr... il pense que c'était pour faire une alliance. Le chef actuel du Soleil Pourpre était emprisonné dedans, alors ce Red l'a sûrement libéré pour faire une alliance avec les Lunes de Las Camp.

 - Attends, l'arrêta le jeune homme, qui commençait à perdre le fil, le Soleil Pourpre ? Les Lune de Las Camp ?

 - Le Soleil Pourpre et la Lune Opaque sont alliées, révéla Moria. Avec la Guilde des Usuriers ils sont appelés "Les Lunes de Las Camp".

 - C'est un bordel..., se lamenta Roy en se prenant le visage dans les mains, du coup les trois triades les plus puissantes de la ville sont alliés, c'est ça ?

 - Voilà c'est ça, acquiesça le blondinet. Alors le Ponton..., il a été coulé pour sauver le chef du Soleil Pourpre, Alaba. À part lui, tous les prisonniers humains sont morts et un bon paquet d'hommes-poissons aussi. Quand les survivants du gang sont revenus à Las Camp à la nage, ils ont voulu enquêter pour découvrir l’identité du responsable de toutes ces morts dans leurs rangs. Et c'est Habu qui s'est collé à la tâche.

 - Et il l'a accomplie on dirait, fit remarquer le pirate.

 - Oui, acquiesça une nouvelle fois Moria, c'est le résultat d'une enquête qu'il a entamée dès son retour à Las Camp. Il s'est servi de l'argent du gang des homme-poisson, a soudoyé pas mal de criminels et a fini par se faire un réseau dans toute la ville. Éventuellement il est parvenu à infiltrer le Soleil Pourpre.

 - On dirait un agent du Cipher Pol..., commenta Roy, l'air sombre tandis qu'il se remémorait un court instant les deux hommes qui avaient assassiné son amie la plus chère.

 - Un quoi ? demanda le blondinet, sans comprendre.

 - T'occupes, continus.

 - Eh bien en rentrant sur Las Camp, reprit Moria en ignorant la dérive du pirate, Alaba a parlé de l'attaque du Ponton à ses seconds, qui eux-même en ont parlé à leurs sous-fifres et ainsi de suite. Ça a fini par parvenir aux oreilles d'Habu. Seulement, Shifumi qui est sous les ordres du type Red et qui est le chef de la guilde à Las Camp a eu vent de son enquête. Avant qu'il ne parvienne à partager ses découvertes, elle l'a envoyé en taule. Du coup il s'est retrouvé en prison et moi aussi quelques jours plus tard.

 - Ok, répondit Roy, qui avait plus ou moins tout saisi. Tout ça c'est très bien... mais ça ne m'explique toujours pas pourquoi tu as voulu le libérer. Qu'est-ce que ça t'a apporté ?

 - Je veux faire payer la Lune Opaque, lâcha Moria de but-en-blanc, son sourire habituel effacé par une mine féroce. Ils m'ont volé quelque chose qui m'est très chère et ils m'ont emprisonné pour que je sois exécuté. Sauf que la Lune Opaque c'est une véritable organisation fantôme. Personne ne sait où se trouvent ses membres ou son chef, alors pour les faire sortir de leur trou il faut s'attaquer à leurs alliés.

Les yeux plissés, le pirate fixa son futur navigateur pendant un moment, commençant à entrevoir son plan invraisemblable.

 - Oh je n'aime pas du tout où ça se dirige tout ça..., se lamenta-t-il finalement.

 - En libérant Habu Jackson, continua Moria, confirmant les craintes de Roy, on monte les hommes-poissons contre la Guilde des Usuriers et quand elle sera détruite ce sera au tour du Soleil Pourpre et de la Lune Opaque, vu qu'ils sont tous alliés.

 - En somme, j'ai indirectement déclenché une guerre des gangs, déduit le pirate, c'est ça que tu es en train de me dire.

 - Plus ou moins ouais, acquiesça le blondinet.

 - Sans déconner Moria..., grogna le pirate, le Gang des Hommes-poissons contre la Guilde des Usuriers et les Lunes de Las Camp ?

 - Ouais ? Eh ben ? demanda le jeune homme sans comprendre. C'est des hommes-poissons, ils sont tous dix fois plus forts que des humains, ce sera facile pour eux.

Onze hommes étaient suffisants pour tuer un homme-poisson donc. Si c'était ça le rapport de forces, alors le Gang des Hommes-poissons était clairement en désavantage face aux trois puissantes organisations. Manifestement Moria n'avait pas tout calculé.

Apercevant Habu Jackson qui émergeait du bassin, Roy se releva et épousseta ses vêtements. Jetant un regard mauvais à Moria, il lui fit signe de le suivre.

 - On va en reparler..., le prévint-il. Pour l'instant j'ai peut-être une combine pour nous faire sortir d'ici.

 - Ah bien, on en profitera pour voir comment ça se passe au-dehors, commenta Moria en obtempérant.

Avançant à la rencontre d'Habu, ils attendirent que ce dernier finisse de converser avec quelques homme-poissons. Le Silencieux avait quelques égratignures au visage et sur les bras, un fait étrange quand l'on considérait la force de cet homme. Quoiqu'il se passe au-dehors, c'était assurément mouvementé. Quand il fut enfin libéré de ses obligations, Roy rejoint leur bienfaiteur.

 - Bonjour Habu, le salua le pirate.

 - Bonjour Roy, répondit l'homme-poisson avec un léger signe de tête. Adam s'est occupé de ta blessure comme je le lui ai demandé ?

 - Oui c'est bon, acquiesça le jeune homme en lui montrant le bandage qu'il avait à l'épaule, merci pour ça. Eh bien dis-moi, lâcha-t-il ensuite, tu es plutôt populaire pour un type que l'on appelle Le Silencieux, non ?

 - C'est un héro tu veux dire, commenta Moria à ses côtés, il a sauvé un paquet d'hommes-poissons lors de l'attaque du Ponton.

 - Ah..., soupira Habu, je vois qu'il t'a tout raconté.

 - Oui en omettant quelques détails..., répondit Roy tout en foudroyant l'intéressé du regard, qui se contenta de lui servir un beau sourire. Habu, reprit-il, qu'est-ce qui se passe dehors ? Vous êtes entré en guerre ?

Immédiatement, il levait sa main palmée pour les faire taire, avant de leur faire signe de le suivre. Il quitta rapidement la salle principale de la base, s'enfonçant dans l'une des voies du complexe. Techniquement Roy et Moria n'avaient pas le droit de quitter le hall, mais cela faisait un moment déjà que cette règle avait été oubliée.

Heureusement pour eux, leur ami disposait d'un statut particulier dans le gang, de nombreux hommes-poissons le respectant et lui faisant confiance. Après tout, il avait sauvé de nombreuses personnes durant l'attaque du Ponton et il avait risqué sa vie pour le gang à maintes reprises au cours des derniers mois. Son surnom n'était plus vraiment d'actualité.

Ils arrivèrent bientôt dans les quartiers d'Habu, qu'il partageait avec quelques autres hommes-poissons. Ces derniers, amis proches du Silencieux, avaient tout de suite accepté Roy et Moria. Ils étaient en bon terme avec les humains et condamnaient fermement l'attitude hostile de leurs chefs à leur encontre. Auprès d'eux, les deux humains et leur compagnon pouvaient parler librement.

 - Oui, répondit enfin Habu une fois qu'ils se furent installé. J'ai tenté d'en dissuader O'Clayne et Shan Zeng, à cause du rapport de forces mais ils n'ont rien voulu entendre.

 - Comment ça se passe au-dehors ? demanda Moria, désirant savoir où en était son plan.

Un petit silence accueillit sa question, les hommes-poissons autour d'eux stoppant un instant leur activité pour échanger de sombres regards.

 - Je suis navré de ne pas pouvoir vous emmener hors de ce repaire, s'excusa Habu en guise de réponse au bout de quelques secondes, mais je dois suivre les ordres, vous comprenez ?

Légèrement agacé, Roy choisit de ne pas relever la tentative de détournement de sujet de l'homme-poisson.

 - Eh bien à ce propos, lâcha-t-il, sautant sur l'occasion, si tu me fournis un escargophone et que tu me laisses sortir je peux libérer tes congénères qu'on a laissés dans la prison.

Cette fois-ci, il attira définitivement l'attention des autres personnes présentes dans la salle. Face à leurs regards interrogateurs, Roy leva le journal de Shifumi bien en évidence.

 - Quoi ? Encore ce carnet Roy ? rigola l'un d'eux. T'es sûr que c'est fiable ce qu'il y a dedans ?

 - Oh oui c'est fiable oui, leur assura le pirate, il est plein de merveilles.

 - Tu peux les libérer ? reprit Habu, ignorant les rires amusés de ses congénères autour de lui.

Le pirate acquiesça. Levant les yeux, Le Silencieux croisa le regard des autres hommes-poissons qui lui firent signe d'accepter la proposition du jeune homme. Il réfléchit quelques instants avant de secouer la tête.

 - Non oubliez ça, décida Habu, nous prenons déjà des risques rien que de vous avoir emmené ici. Si O'Clayne apprend qu'on vous a laissé sortir en plus de ça vous allez vraiment vous attirer des ennuis.

 - Mais O'Clayne n'a pas besoin de le savoir, suggéra tranquillement Moria.

 - Et quand on reviendra ce sera avec ses hommes libérés de prison, renchérit Roy, il ne pourra que nous accueillir à bras ouverts.

 - Explique-moi à quoi tu penses d'abord, exigea Habu avec un soupir après quelques secondes de silence.

 - Alec Petersen, lâcha Roy immédiatement, des étoiles dans les yeux, le directeur de la prison. C'est un marine véreux et Shifumi a de quoi le faire chanter. Si j'arrive à le contacter, je peux le forcer à faire sortir quelques prisonniers en le menaçant de tout révéler à la Marine s'il refuse.

Simple et efficace. Autour d'eux, les hommes-poissons échangèrent quelques regards avant de venir se ranger aux côtés du pirate.

 - Ça peut se faire Habu, commenta l'un d'eux. En plus O'Clayne est pas là pour le moment.

 - Je m'occupe de tout, promit Roy.

Pianotant des doigts sur un mur, Habu sembla peser le pour et le contre, dévisageant Roy durant toute sa réflexion.

 - D'accord, finit par accepter Habu, allons chercher un Den Den.


Dernière édition par Roy D. Aston le Lun 25 Déc 2017 - 17:08, édité 5 fois
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Retour à la rue pour Kusaki, une habitude depuis qu'il avait posé les pieds sur cette île. Un peu redondant comme aventure, mais continuer d'avancer était nécessaire. Un terrain hostile sans avoir connaissance des lieux ni un quelconque but, le séjour de Kusa à Las Camp était tout sauf une partie de plaisir. Au fur et à mesure de son chemin à travers la ville, les passants se faisaient rare, les volets des bâtiments se fermaient et le silence était roi. Quelque chose se tramait dans le coin, sans savoir quoi, ou peut-être en refusant de faire fonctionner correctement son esprit pour comprendre dans quoi il allait s'embarquer à force de foncer tête baissée sans faire attention à ce qu'il faisait. Le ciel s'assombrissait et la pluie commençait à venir battre les pavés. Continuant sa promenade, Kusaki regardait le ciel.


Marrant ça... Le vioc avait raison. Il aurait pu quand même m'apprendre des trucs... C'est quoi ce bruit ?


Fin du voyage. Kusachi s'était stoppé net dans son trajet face à un spectacle peu ordinaire. Des sons d'armes à feu, de métal et de cris, il venait de se retrouver devant des affrontements, pas de simple combat de rue mais plutôt une véritable petite guerre. Pas de retenue dans les coups, de la violence à l'état pure. Les corps des malheureux vaincu au combat s'entassaient sur les pavés. D'un côté, des humains normaux et de l'autre, de grands gaillards un peu bizarre, ressemblant à des créatures aquatiques, quelque chose comme ça. Voulant à tout prix éviter d'être mêlé à tout ça, Kusa conserva ses distances avec tout cela, se collant aux murs du bâtiment le plus proche afin de se fondre dans le décors et rester invisible tout en continuant d'observer l'action.


Ah, c'est ça alors les poissonniers.. euh, les hommes poissons.



Plus le temps passait, plus le nombre de combattant diminuait, surtout du côté des hommes poissons qui semblaient être submergés par les assauts des humains. L'intensité des combats était d'une rare atrocité, il était assez rare d'être témoin de ce genre de chose, et cela ne plaisait pas tellement à Kusaki, surtout du fait que cela était en train de bloquer son passage. Il y avait encore du chemin à faire pour sortir d'ici, et passer au milieu d'un champ de bataille n'était pas franchement une opportunité.
Mais c'est à ce moment où, comme un signe du destin, il remarqua quelque chose de bien plus important que ces futilités : son ennemi de toujours, ou du moins, à partir du moment où il avait posé le pied sur cette île. Le chien, la saloperie à trois pattes, qu'il avait pris sous son aile, et qui, après un moment de faiblesse de la part de Kusa, avait quitté le navire laissant son protecteur pour mort, seul dans la rue. Il était là, derrière la ligne de front, à lever la patte sur un mur, tranquillement. Pas le temps de réfléchir, quittant son poste d'observation, Kusaki se lança dans une course folle pour essayer d'avoir enfin le fin mot face à cet adversaire de taille et enfin conclure son aventure sur cette île de malheur. Mais, le problème quand on fonce tête baissée et qu'on utilise son cerveau qu'en de très rares occasions, on se retrouve en général dans des situations improbables. Et c'est ainsi que, juste pour une histoire de chien, se retrouva en plein milieu d'un conflit où il n'avait rien à y faire. Esquivant quelques coups de façon non intentionnel, il se retrouva rapidement bloqué sans solution de sortie facile.



TIREZ-VOUS DE LA, LES CONNARDS !


Éviter de combattre était une priorité jusqu'alors, mais, désormais, c'était une nécessité de s'y mettre. Utilisant son bokken d'une façon habile comme jamais il ne l'avait fait auparavant, il envoya deux hommes au tapis, qui eux, étaient à deux doigts d'achever un homme poisson. Pas vraiment un acte de bravoure, plutôt le seul moyen de s'extirper d'une mauvaise situation. Le problème, c'est qu'en prenant part au combat, il était devenu lui aussi une cible. Tant bien que mal, Kusaki enchaîna les parades et les esquives pour gagner du temps sur une mort qui semblait de plus en plus proche.


Vous me faîtes chier ! J'en ai rien à foutre de votre bataille. JE SUIS LE PLUS GRAND DES PIRATES, KUSAKI LAS GAMBAS, ET JE VAIS VOUS DEFONCER JUSQU'AU DERNIER BANDE D'ENFLURE.


Dans la tête de notre héros, c'était son moment de gloire, l'instant où il fallait briller. Prêt a attaquer, donnant de l'élan à son bras, il relâcha son bokken allant atterrir en plein dans le visage d'un des gars qui se préparait à découper un des hommes poissons. Un peu de chance suivie par la malchance, ce ratage lui avait fait perdre son équilibre, avant de trébucher sur un cadavre et tomber au sol. Tout était perdu pour lui, sa folie pour attraper un chien l'avait mené à sa perte, plus rien ne pourrait le sauver, il ne pouvait que faire ses adieux à la vie.  

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Le combat s'était réglé en quelques secondes à l'arrivée du plus grand des pirates, Kusaki Las Gambas. Rengainant son sabre, Roy contempla la scène d'un air indécis. Il n'avait même pas eu besoin d'intervenir, pas plus que Moria ou les trois autres hommes-poissons qui étaient avec lui.

Tout le monde était mort à part Kusaki. Son lancer de bokken avait assommé l'usurier en train de le braquer et ce dernier avait abattu son collègue en s'évanouissant. Plus personne ne bougeait dans la rue, si ce n'est le pirate légendaire qui avait surclassé tous les combattants. Les hommes-poissons qui accompagnaient Roy et Moria s'en allèrent voir si un membre de leur espèce avait survécu au combat, tandis que les deux hommes prenaient leur temps pour contempler la scène.

 - Bon, lui aussi je le veux dans mon équipage, décida le pirate après un instant de réflexion.

 - Attends, l'arrêta le blondinet, de quoi ? Comment ça ?

 - Tu as vu comme quoi ce qui vient de se passer, répondit Roy en souriant. Déjà c'est un pirate, automatiquement ça m'intéresse, et en plus il a démoli quatre gangsters sans recevoir la moindre égratignure.

 - Non mais il a l'air bourré le type, commenta Moria en désignant le sieur Las Gambas gesticulant à terre, c'était juste un coup de chance tu le vois bien non ?

 - Un coup de chance ? ricana Roy en haussant les sourcils. Tu as vu son lancer de bâton ? Hé, de ce que j'ai vu, il vise mieux que toi.

 - Quoi ?! s'écria le blondinet, outragé. Ah je vois, tu m'en veux encore pour ce qui s'est passé dans la prison c'est ça ? Je n'avais pas mon fusil, se justifia-t-il une fois de plus, ça ne compte pas. D'une manière générale je réussis tout ce que j'entreprends, tu peux me faire confiance.

Roy n'avait rien contre les plaisanteries, mais l'insensibilité de Moria associée à son pauvre choix de mots finit d'épuiser sa patience. Le pirate attrapa le col du navigateur et le plaqua brusquement contre un mur. Ses pupilles fiévreuses foudroyèrent son second sur place.

 - Ouais ?! s'écria-t-il. Regarde ça !

D'un geste du bras, il désigna la rue au navigateur. Un bâtiment brûlait, incendié par la rixe qui venait d'avoir lieu. Le quartier était désert, tous les volets étaient fermés et une bonne dizaine de cadavres traînaient dans la rue. Ce spectacle de désolation, Roy l'avait découvert un peu partout dans Las Camp depuis que les hommes d'Habu les avaient sortis du repaire. Il n'était pas difficile de comprendre d'où venaient tous ces réfugiés qui affluaient dans la base sous-marine. Tous les hommes-poissons, civils ou criminels étaient pourchassés et c'était indirectement la faute de Roy. Cela ne lui plaisait pas.

Un peu plus loin, surpris par le coup d'éclat du pirate, les amis d'Habu se retournèrent et étudièrent la scène. Tournant ses pupilles vers eux, le jeune homme leur fit comprendre qu'il valait mieux qu'ils retournent à leur inspection du champ de bataille.

 - Las Camp a toujours été un trou à rat, lâcha platement Moria quand Roy revint à lui. Qu'est-ce qu'on s'en fiche qu'une bande de gangsters s'étripent entre eux ?

 - Ce serait trop facile, répondit le pirate en secouant la tête. On ne s'en fiche pas, ce qui se passe est en partie notre faute et des innocents en payent les frais.

- Personne n'est innocent à Las Camp, rétorqua Moria d'une voix glaciale, son sourire disparaissant enfin de son visage.

Le pirate resserra sa prise sur le col du navigateur.

 - Il faut voir les choses en grand Roy, reprit le blondinet en soutenant son regard. Si on détruit la guilde et les Lunes on rendra la ville plus sûr aussi, fais-moi confiance.

 - Non Moria non, refusa le pirate, dorénavant on fera les choses à ma façon. Et un conseil, ajouta-t-il, si tu veux entrer dans mon équipage tu ferais mieux de commencer à te soucier un peu plus de la vie des gens que tu mets en danger.

Ils s'affrontèrent du regard pendant quelques instants. Le navigateur ne lui avait jamais promis qu'il le rejoindrait, juste qu'il l'envisagerait s'il était libéré de prison. Depuis, il n'avait jamais confirmé son entrée dans l'équipage du pirate. Mais les deux jeunes gens s'entendaient bien et le blondinet savait le pirate près à l'aider dans tout ce qu'il entreprendrait. De son côté Roy avait deviné que Moria était intéressé par l'idée de le rejoindre. Il le confirma avec sa phrase suivante.

 - Ok, capitula-t-il en détournant le regard, ok... j'ai compris.

Reprenant son calme, Roy relâcha le blondinet. Ayant mis les choses aux claires, les deux hommes retournèrent à la scène de désolation qu'ils avaient sous les yeux.

- Mais je t'interdis de dire que Las Gambas vise mieux que moi, rajouta Moria tandis qu'ils s'approchaient des hommes-poissons et du pirate de légende.

 - C'est faux peut-être ? le taquina Roy, ayant retrouvé son sourire. Aussi loin que ça me concerne, un zéro pour lui.

 - Oh va te faire mettre.

Kusaki était assis par terre, observant tranquillement les hommes-poissons qui avaient trouvé l'un des leurs encore en vie. Arrivant à leur niveau, Roy découvrit un jeune individu qui ne devait pas avoir plus de quinze ans, ensanglanté et respirant à peine. Il envoya l'un des hommes d'Habu ramener le blessé dans la base secrète. Il pouvait se permettre de se priver d'une unité étant donné qu'il allait bientôt en recruter une autre.

Arrivant à la hauteur du plus grand des pirates, il lui tendit une main pour l'aider à se relever.

- Kusaki Las Gambas ? demanda-t-il. Enchanté, je suis Roy D. Aston, capitaine pirate à la recherche de membres d'équipages.


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Les yeux fermés, attendant la mort après sa chute, Kusaki lâcha son dernier soupir... avant de reprendre son souffle et de s'apercevoir que sa condition n'avait guère changé. Toujours sur le sol, sans quoi que soit planté dans le corps, pas de blessures mortelles, juste mal à l'arrière du crâne à cause d'une attaque sournoise de la part des pavés en association avec un cadavre. Ce qui n'était qu'un instant pour lui avait duré un peu plus longtemps, et au moment d'ouvrir à nouveau les yeux et de découvrir pourquoi il en était toujours au même point, les combats avaient cessé. Le calme était revenu dans la rue, plus de combattants, uniquement des morts, ou des blessés en piteux état. Le regard plongé dans le ciel, Kusa ne pouvait que se réjouir de sa non-mort mais c'est là qu'un souvenir le traversa, le chien, celui qui l'avait attiré dans ce traquenard et avait presque causé sa perte, encore une raison de le haïr un peu plus. Se redressant légèrement, il observa la zone où il l'avait aperçu, malheureusement, pas de trace d'un quelconque canidé, encore une fois, il avait pris une fois de plus la tangente.


Bordel, j'ai raté mon coup...


Encore une déception, prêt à retomber sur le sol dans son désespoir, une ombre se projeta sur lui. Relevant les yeux, il se retrouva face à un gaillard bien bâti. Lui adressant la parole et lui tendant la main. Une situation intéressante, une nouvelle opportunité. Attrapant la main de cette personne, il se redressa sans difficulté. Voulant se rendre présentable avant de prendre parole, Kusa tapa ses vêtements afin d'y enlever la crasse qui s'y était imprégné, en vain, l'eau et le sang le rendait dans un état déplorable. Encore une action ratée pour lui. Il observa un bref instant son interlocuteur, qui était-il, ça il avait compris, mais que voulait-il, c'était un mystère et pourquoi il était dans le coin surtout. La possibilité de lui faire confiance n'était que du second plan, pas forcément la préoccupation du moment.


Roy Dalton hein... Un capitaine... J'ai été capitaine une fois, enfin je crois, c'est un peu brouillon tout ça. T'aurais pas vu un chien par hasard ?

« On devrait bouger, avec le merdier qu'il y a eu dans le coin, la Marine ne devrait pas tarder à débarquer dans le coin. »


Une tierce personne avait coupé court à la conversation, un de ceux qui accompagnait cette nouvelle personne qui venait de s'inviter dans la vie de Kusa. Rejoignant la troupe des joyeux lurons qui venait d'arriver, Kusaki accepta l'invitation de Roy à les suivre à travers les rues de Las Camp. Après tout, il n'avait rien de mieux à faire et le plus important, eux semblaient savoir où ils allaient contrairement à lui, et ce, depuis qu'il avait commencé à errer dans cette ville. Les membres de cette bande n'étaient pas que de simples humains, il y avait aussi le même genre que ceux qui se faisaient botter l'arrière train précédemment pendant les combats. Des hommes poissons et des humains, alors que deux secondes avant, ils ne se gênaient pas pour se mettre sur la gueule, tout cela allait trop loin pour son esprit, cet endroit était bien trop bizarre, tout comme ses occupants et les événements. Après quelques pas, la tête pleine de questions perdues au milieu de choses farfelues, il interrogea son nouveau compagnon.


Attends, Roy boy, la Marine ? Les mecs avec la petite mouette là ? Techniquement, ils auraient déjà dû être là non ? Ils sont bidons à ce point ? 'fin pour ce que j'en sais

Ils doivent être débordés. Dans tous les cas mieux vaut ne pas traîner ici, en route, je t'expliquerais tout en chemin.


Pas vraiment la réponse que Kusaki aurait pu attendre, mais ça lui suffisait amplement, après tout, ce n'était pas son problème. Des banalités, voilà tout, le genre de conversation ennuyeuse, pas son truc du tout. Le groupe continuait son bonhomme de chemin, destination... inconnue, du moins pour Kusa, mais ça ne l'empêchait pas de prendre plaisir à être membre d'un gang de marcheur. Les autres parlaient de choses et d'autres, sujet sensible ou sérieux, mais pas assez convenable pour lui. N'attendant pas que le capitaine Aston se lance dans son explication de la situation, Las Gambas tapa dans ses mains et relança le dialogue.


Bien. Capitaine tout ça. Sacré aventure. Trop de responsabilités, pas pour moi. Je préfère avoir une petite vie tranquille, loin des problèmes. Au fait, je suis Kusaki Las Gambas, enchanté. Je suis une sorte de voyageur, je vais là où le vent m'emporte, enfin à l'heure actuelle, c'est plutôt une vague qui m'a amené ici. Enfin tout un programme. Depuis que je suis dans le coin, c'est le bordel, je pense que c'est le lieu qui veut ça, en tout cas j'ai toujours pas vu la grève des poissonniers, c'est bête, ça semblait être la seule attraction du coin. Donc, tu parlais d'un équipage, ce sont ces gars-là ta bande ? Sympa, mais surtout, ne jamais prendre de chien, ils ne sont pas dignes de confiance. Conseil d'ami, et c'est gratuit. J'ai de l'expérience sur le sujet.  


Meubler une conversation pendant un trajet, même tout seul, la seule grande qualité de Kusaki, une chose qu'il maîtrisait à la perfection. Plus le groupe avançait, moins les bâtiments étaient nombreux. Le bruit des mouettes et de la mer devenait de plus en plus présent, ils devaient se trouver à proximité de la bordure de la ville, proche de la mer. Un bon endroit pour mettre les voiles et quitter cette foutue île. Peu importe le plan de ses nouveaux copains, Kusaki pensait avant tout à son bien-être, aussi sympathique qu'était la clique de Roy. Toujours aussi féru d'avoir le dernier et le seul mot de la conversation, il reprit la parole tout en continuant à suivre le mouvement.


Revenons-en à nos moutons. Alors c'est quoi la suite de la fiesta ? Oh, sympa votre petit crique. C'est l'heure du pique-nique ?


Après un moment, la bande venait de s'arrêter face à une petite plage, déserte, pratiquement coupé du reste de la civilisation de l'île. Un coin tranquille, à n'en pas douter, mais pas l'ombre d'un moyen de partir de l'île. La suite des événements était intrigante pour Kusaki, dans quoi s'était-il embarqué en suivant ces gens.
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Le babillage incessant de leur nouveau compagnon n'avait clairement pas mis Moria en confiance. Roy quant à lui s'évertuait à faire un résumé exhaustif des événements à l'étrange individu. Ce dernier semblait définitivement perché, mais si tout se passait bien et que Kusaki rejoignait effectivement son équipage, Roy se faisait la promesse de le sevrer de son alcool. Etant donné son état déplorable, cela ne pouvait que faire du bien à cet homme des plus singuliers. Bien sûr, il se garda bien de le mettre au courant de ce projet.

 - Mais du coup j'ai pas compris, tu les as les preuves ? demanda finalement Kusaki quand Roy eut terminé ses explications.

 - Non, avoua le pirate, mais ça Petersen n'a pas besoin de le savoir.

 - Et pourquoi tu l'as pas aussi fait chanter pour libérer Moria et Habu du coup, enchaîna le clochard, au lieu de t'infiltrer dans la prison ?

 - Ah ça..., grogna Roy, surpris par sa rapidité d'esprit, si j'avais su j'aurais jeté un coup d’œil dans le journal de Shifumi un peu plus tôt c'est sûr...

Hochant distraitement la tête, Las Gambas, qui étrangement semblait avoir tout suivi, se remit distraitement à rêvasser, allongé sur le sable de la plage. Pendant ce temps, Moria attrapa son capitaine et l'entraîna à l'écart de leurs trois compagnons.

 - Qu'est-ce qui te prend de tout raconter à un parfait inconnu comme ça ? demanda-t-il en chuchotant une fois hors de portée d'oreille.

 - Oh ça va..., souffla immédiatement Roy, il faut que tu arrêtes de voir le mal partout, tu crois peut-être qu'il fait partie de la guilde ?

 - Eh bien ce serait bien leur genre en tout cas..., répondit le navigateur en fronçant les sourcils, mais même, sans parler d'un coup pareil tu le trouves fiable ce type ?

 - Ben..., hésita le pirate en se retournant pour étudier leur nouveau compagnon, bientôt imité par Moria.

Inconscient des regards qui pesaient sur lui, Kusaki avait repris son babillage, engageant la conversation avec les hommes-poissons en leur parlant des chiens et de leur légendaire propension à trahir les honnêtes gens. Devant cette scène, le blondinet servit un regard des plus sceptiques au jeune capitaine. Ce dernier s'apprêtait à prendre la défense de Kusaki quand il fut coupé dans son élan par l'un des amphibiens qui avait aperçu du mouvement vers le grand large. Roy se retourna en direction de la mer et plissa les yeux.

Dans la nuit, la silhouette d'une caravelle de la marine se détacha lentement à l'horizon. Éclairé par la pâle lumière de la demi-lune, le bâtiment avançait lentement malgré ses voiles gonflées au maximum de leurs efforts. À mesure qu'il approchait, les hommes présents sur la plage remarquèrent quelques détails insolites, tels que le point de flottaison affreusement bas du navire. Quelle que soit sa cargaison, il était plein à craquer et s'agitait dangereusement au rythme des vagues. Comble du ridicule, le bâtiment d'Alec Petersen était lourdement armé, avec pas moins de cinq canons de chaque côté du navire alors qu'il n'était clairement pas en position de livrer une bataille navale.

 - Ça me fait mal rien que de voir ça, commenta Moria.

S'arrêtant bientôt à cent mètres de la plage, les marines jetèrent l'ancre avant d'envoyer une chaloupe à la rencontre des pirates. Le temps de braver les vagues et un militaire leur faisait signe de monter avec lui pour rejoindre la caravelle. Cependant, quand les deux hommes d'Habu firent également mine d'avancer, l'homme les arrêta d'un geste.

 - Les hommes-poissons restent sur la plage, ordonna-t-il de manière catégorique.

Instantanément furieux, ils auraient attaqué le militaire si Roy ne leur avait pas fait signe de s'apaiser. Résignés, ils regardèrent les trois humains embarquer avec le soldat. Kusaki eut la bonne idée de tapoter amicalement l'épaule de l'un d'eux, un air contrit sur le visage tandis qu'il montait dans la barque. Perdu dans son propre univers, Las Gambas ne vit pas l'homme-poisson - qui avait mal interprété son geste - tenter de se jeter sur lui, retenu in extremis par son compagnon.

Excepté ce petit incident, la traversée se fit dans un silence de mort, le militaire ramant jusqu'à la caravelle tandis que Roy et Moria inspectaient cette dernière, à la recherche d'un quelconque coup fourré. Kusaki somnolait en laissant traîner sa main dans l'eau. Arrivant au niveau du navire, les pirates notèrent le nom de ce dernier inscrit sur la coque : Le Palazio.

Tandis qu'ils montaient à bord de la caravelle, Roy nota une série de détails surprenant, notamment la fine couche de poussière présente sur le pont, ainsi que les signes de délabrement qu'il aperçut en divers endroits du bâtiment. L'équipage également était étrange car réduit au strict minimum. Un seul marine s'activait sur le pont, ce qui, additionné à l'homme à la barque et à Petersen Alec en personne élevait la présence militaire sur le bâtiment au nombre de trois. Ce devait être par souci de discrétion, le directeur de la prison agissant clandestinement.

 - C'est vous, cracha ce dernier à la vue du pirate. Non content de foutre le bordel dans ma prison, vous osez me faire chanter en plus ?

 - Roy D. Aston, s'introduisit le jeune homme avec un sourire, capitaine pirate, enchanté.

Passablement irrité, le marine véreux ne releva pas et désigna d'un geste cinq hommes-poissons qui attendaient à ses côtés, tous solidement enchaînés et muselés.

 - Voilà les prisonniers que vous avez demandés, lâcha-t-il du venin plein la voix.

À la surprise générale, au milieu de cette entrevue tendue, Kusaki ne resta pas aux côtés de Roy et son second. Ayant manifestement décidé de se balader, il frôla le commandant en se dirigeant vers la cabine du capitaine, sans se soucier le moins du monde de ce qui se passait autour de lui. Les deux marines qui accompagnaient le militaire corrompu se préparèrent à intercepter le plus grand de tous les pirates.

 - Laissez-le passer, ordonna Roy en faisant mine de dégainer son sabre.

Ayant eu vent des exploits du jeune homme dans la prison, les marines véreux ne désirèrent pas le défier, et se résignèrent à laisser Kusaki passer. Ce dernier disparût dans les méandres du navire, tandis qu'un Alec Petersen fulminant se retenait d'exploser.

 - Avant de vous livrer ces criminels, reprit ce dernier, ignorant tant bien que mal le vacarme provoqué par Las Gambas derrière lui, nous allons d'abord mettre les choses au clair : c'est la dernière fois que je fais évader des prisonniers de ma prison. Comme convenu, vous détruirez toutes les preuves que vous avez à mon encontre.

 - Oh ne vous inquiétez pas, le rassura Roy en penchant distraitement la tête sur le côté, curieux quant à ce que pouvait bien trafiquer son nouveau compagnon, je n'ai jamais eu de preuves.

 - Pardon ? demanda le commandant, les yeux écarquillés.

 - Quant à vous vous devriez faire attention aux gens avec qui vous vous associez, continua le pirate en revenant au directeur. Vu la facilité avec laquelle je me suis approprié ses informations, vous comprendrez que Shifumi n'est pas fiable. Ses jours à Las Camp sont comptés mon ami.

Les sourcils froncés, Petersen avait complètement oublié Kusaki, malgré les nombreux bruits d'objets brisés qui raisonnaient à leurs oreilles. La mine grave, il observa le pirate pendant quelques secondes avant de se décider à répondre.

 - La Guilde des Usuriers est toute-puissante à Las Camp, se justifia le marine. Ils ne m'ont pas laissé le choix. Je suis navré si j'ai emprisonné vos hommes, mais je le referais sans hésiter si elle m'en refait la demande.

 - Oh non, le coupa Roy, écoutez-moi et écoutez-moi bien : si l'un de mes compagnons est encore jeté en prison du fait de vos magouilles, prévint-il, je ne prendrais pas la peine de vous contacter avant de venir vous égorger, compris ?

 - Vous avez apporté mes effets ? intervint Moria à ses côtés, sans attendre la réponse du commandant.

Ce dernier, choisissant d'ignorer les mises en garde du pirate, fit signe à l'un de ses hommes qui avança à la rencontre du navigateur. Les yeux brillants, le blondinet récupéra ses équipements de navigation et sa carabine améliorée des mains du militaire corrompu. Il les avait perdu, subtilisés par la Marine quand il avait injustement été envoyé en prison. Un grand sourire sur le visage, il entreprit de vérifier l'état de son arme. Plus loin derrière, Kusaki émergea enfin de la cabine du commandant, une bouteille de vin dans chaque main.

 - Oh Roy boy ! s'écria-t-il en sifflant le grand cru, sans le moindre respect pour le prix exorbitant des bouteilles. Quand on aura un navire faudra qu'on se choppe un buffet à vin comme le sien, le grand luxe !

 - Je note Kusaki ! promit Roy avec un sourire, qui enragea encore un peu plus le directeur.

Oubliant à qui il avait affaire, le deuxième sous-fifre, excédé par le comportement des pirates, fit mine d'intercepter l'ivrogne afin de récupérer la bouteille volée. Réagissant par réflexe, Kusaki ne lui laissa pas le temps de le toucher et abattit le grand cru sur le crâne du marine dans un grand éclat de verre. Une bonne quantité de vin se répandant sur le pont du Palazio, le militaire corrompu s'évanouit sous le choc et tomba au sol.

 - Ah zut..., grogna Las Gambas en contemplant sa bouteille brisée d'un air dépité.

 - Vous n'avez pas encore de navire ? ricana Petersen en ignorant la mésaventure de son subordonné. Quel genre de pirate êtes-vous ? demanda-t-il ensuite, du mépris plein la voix.

 - On se lance, expliqua Roy en haussant les épaules. J'aurais bientôt un navire ne vous inquiétez pas, un beau bâtiment comme Le Palazio qui sait ? ajouta-t-il avec un sourire.

 - Vous n'aurez jamais de navire comme celui-ci, répliqua Petersen avec arrogance. C'est le fruit des meilleurs artisans de Las Camp associé aux ingénieurs de la Marine, le genre de vaisseau qu'une raclure dans votre genre ne pourra jamais avoir.

 - Une raclure ? releva le pirate, tiquant à face à l'insulte du militaire. Je n'ai jamais envoyé d'innocents en prison pour mon profit, moi, répliqua-t-il à son tour, du venin plein la voix.

 - Je vais vous donner une dernière chance, le prévint le directeur en haussant le ton. Laissez mes prisonniers tranquilles et retournez d'où vous venez, sans faire de vagues. Autrement, je collerais une prime tellement grosse sur votre tête que vous ne pourrez plus faire un pas à Las Camp sans qu'un chasseur de primes ne vous attaque à chaque coin de rue.

 - Comme si vous en aviez de l'influence là-dessus, le provoqua Roy. Vous n'êtes qu'un commandant véreux, affecté à l'un des pires échecs de la Marine dans toutes les Blues, ne me faites pas perdre mon temps. On s'en va, ajouta-t-il ensuite à l'intention de ses deux comparses et des hommes-poissons enchaînés.

Tandis que Moria préparait une chaloupe et aidait les prisonniers à embarquer, Roy récupéra les clés de leurs entraves des mains du directeur. Alors qu'il rejoignait Moria pour l'aider dans son entreprise, un bruit de claque retentissant raisonna derrière eux. Surpris, tous les regards se tournèrent vers Kusaki qui, ayant dépassé le directeur, se dirigeait maintenant vers ses compagnons.

 - Ça c'est pour mon vin, lâcha-il en soufflant sur sa main.

 - C’était mon vin ! s'écria Petersen derrière lui, une main sur sa joue qui commençait déjà à rougir.



Quelques minutes plus tard, Roy, Moria, Kusaki et les cinq ex-prisonniers voguaient tranquillement jusqu'à la plage. Roy déverrouillait une à une chacune des entraves des hommes-poissons, ce qui devait bien faire une vingtaine de serrures à vue de nez. Derrière lui, Kusaki finissait sa deuxième bouteille, tandis que Moria était occupé à tripoter son fusil d'un œil émerveillé.

 - On n'est pas à découvert là au fait ? demanda finalement ce dernier, ayant fini son inspection de l'état de son arme.

 - Ils n'oseraient pas tirer au canon aussi près de Las Camp, lâcha distraitement le capitaine, trop occupé à s'énerver contre un cadenas, ils se feraient griller immédiatement. De toute manière ils ne sont pas assez pour manœuvrer le navire afin de nous viser.

 - Du coup, reprit le blondinet après avoir hoché la tête, maintenant que tu as avoué ne pas avoir de preuves, qu'est-ce qui empêche Petersen d'alerter la marine là tout de suite ?

 - Il est temps que tu me montres ce que tu vaux avec ton fusil tu ne crois pas ? lâcha Roy en guise de réponse.

Hochant de nouveau la tête, le tireur d'élite se retourna vers Le Palazio. Sous le regard des passagers de la barque, il mit sa carabine en joue et prit son temps pour viser. Leur embarcation tanguait au rythme des vagues, tout comme la caravelle du directeur de prison et un vent léger venait compliquer la tâche de Moria. Ce dernier expira lentement et appuya sur la gâchette de son arme.

Cinquante mètres plus loin, sur le pont du navire, une balle traversa les mains d'Alec Petersen, ainsi que le Den Den Mushi qui reposait entre elles.


Dernière édition par Roy D. Aston le Lun 25 Déc 2017 - 17:31, édité 4 fois
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La plage, le bateau, la Marine et un officier, toute une péripétie pour Kusaki, lui qui voulait rester sagement dans son coin sans s'empêtrer dans une aventure sans queue ni tête. Évidemment, dans le feu de l'action, il avait mis une claque à la figure d'autorité et avait frappé un soldat avec une bouteille, donc, même sans avoir l'envie de s'impliquer, par la force de son esprit détraqué, il avait mis les pieds en plein dedans. Il aurait pu fuir, se tirer du merdier, mais avec ses dernières actions, il était bien forcé de suivre son nouveau gang, et Roy semblait être très attaché à garder Las Gambas sous la main. De l'amour ? Très certainement, le jeune capitaine, ou pas, Kusa n'avait toujours pas compris si tout ceci n'était pas de l'enfumage, avait eu un coup de foudre. Malheureusement pour la Gambas, lui n'avait personne pour surveiller ses arrières, il fallait commencer à faire attention à ses actions et à toute cette histoire.
Après de nombreuses jérémiades et quelques larmes de la part de Kusaki sur le fait d'avoir cassé une bouteille avec encore de quoi boire à l'intérieur et des tentatives de raisonnement de Moria pour Roy sur le fait qu'il ne fallait pas ramener le clochard bizarre avec eux, tout le petit groupe se dirigeait vers la base des opérations en silence, et discrètement. Il est vrai que pour y accéder, le chemin était très mal indiqué et il fallait passer sous la flotte, une chance que le pirate alcoolique avait l'habitude de barboter. Après avoir manqué de se noyer, il débarqua, comme le reste de la bande, dans la zone des hommes poissons. Rien de plus que des grottes en fait.  



C'est bien un repère de brigand ça.... Oh, j'ai dit ça tout haut ?


Face aux regards de ses compères, Kusaki avait bien compris qu'il était nécessaire de ne pas dire un mot dans cet endroit, aussi laid et mal isolé contre l'humidité qu'il pouvait le trouver. Encore un sacrifice à faire de sa part, tenir sa langue était encore une épreuve bien plus complexe après toute cette agitation. Après avoir traversé quelques réseaux de galeries, le groupe approchait d'une zone un peu plus vivante, plus de bruits, de paroles qui venaient résonner autour d'eux. Alors que Roy était au-devant de la marche, Moria arrêta Las Gambas.


Toi, déjà que tu es un caprice de Roy, pire qu'un gosse qui veut un animal qu'il croise dans la rue, tu vas pas te pointer dans cet état là, et avec cette odeur là.

Oh ! Je reste pas derrière moi ! J'ai fais tout le boulot, t'as juste pris mes restes avec ton tir !

Ferme-là ! Tu vas te laver et te changer, je vais te ramener des fringues là dedans pour t'habiller, donc quand tu reviens, t'es présentable, et là, tu pourras nous suivre, pécore !

Non sans se plaindre, Kusaki entra dans la pièce, une salle d'eau, comme s'il n'y en avait pas assez autour d'eux. A quoi bon prendre un bain, mais il se devait de se mêler aux autres et faire profil bas afin de trouver une solution pour se sortir de ça. A contrecœur, il retira ses vêtements, sa seule possession, et se plongea dans l'eau. Pour une fois, c'était à peu près agréable, pas de danger à proximité, pas de noyade au bout du compte, pas de naufrage, une pause dans le feu de l'action, même si c'était à contrecœur. La tête à moitié dans l'eau, bullant, Kusa se releva d'un coup sec lorsque Moria débarqua dans la salle, déposant des vêtements à l'entrée.


Le tas de merde par terre, c'est tes vêtements hein ?  D'accord, je vais les mettre à cramer alors.


Voulant protester, dire qu'on ne pouvait porter préjudice à l'intégrité de sa personne, Kusaki glissa sur le savon qu'il avait laissé tomber l'eau et s'écroula lamentablement dans son bain, laissant le temps à l'effronté de partir avec les guenilles et en faire quoi que ce soit. Une triste fin pour la parure du plus grand des pirates. Une partie de son âme avait été déchiré, Moria venait de se faire un puissant ennemi, ou plutôt, un ennemi qu'il pourrait vaincre sans forcer mais qui restait néanmoins tenace. Grognant dans son coin, seul dans son point d'eau, Las Gambas s'attela à la grande tâche d'être convenable avant la suite des opérations, frottant avec acharnement pour passer ses nerfs sur lui-même, de toute manière il n'avait pas davantage de choix de souffre douleur pour laisser exprimer son mécontentement. Une fois le décapage terminé et son corps en dehors du bain, enveloppé dans un drap, Kusaki observa les fringues déposées par son Némésis du moment. Un costume, assez classieux, très moche pour Las Gambas, le genre de choses qu'il n'aurait jamais porté. Pendant un moment, il pensa à quitter la pièce, juste avec son drap en guise de toge, mais ce n'était pas une si bonne idée, marchant à moitié dessus à chaque pas. Attrapant les fringues en les regardant, dépité, Kusa continua à geindre.


Grmbl....C'est quoi ces mecs... Pourquoi ils me laissent pas mes vêtements, ce qu'ils me donnent c'est moche bordel, c'est pas confortable. Y a que l'autre plouc tireur d'élite pour mettre ce genre de choses. Ça me désespère.... Pourquoi j'ai suivi ces types, j'étais bien tout seul. ET EN PLUS, A CAUSE D'EUX, J'AI GACHÉ UNE BOUTEILLE, BORDEL.


Il était temps, malgré un dégoût prononcé, d'enfiler cette tenue et rejoindre la compagnie. Il découpa le bas du pantalon à l'aide de ses dents afin d'en faire quelque chose de plus saillant, un short en d'autres termes, l'enfila et coinça son bokken avec la ceinture. Pour le reste, il balança la chemise dans la flotte, et s'équipa simplement de la veste sans la boutonner, laissant apparaître son torse squelettique. Pas à son aise, il quitta tout de même la pièce. Moria attendait devant la porte, et, voyant la dégaine de Las Gambas, poussa un soupir et lui fit signe de le suivre. Une grande salle, comme une sorte de place du village. L'ambiance était plus ou moins à la fête dans le coin, les hommes poissons semblaient heureux de retrouver les leurs et la bande à Roy, considérés comme des héros libérateurs. Sans vraiment comprendre l'agitation, Kusaki rejoignit le capitaine Aston.


Oh, Roy Boy, c'est quoi cette tenue de plouc que je dois me taper. J'aime pas, en plus je sais pas ce que l'autre a foutu de mes fringues. Bref. C'est quoi la suite de l'histoire, on détruit cette base et on se casse ?

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Distrait dans ces réflexions par l'arrivée de Kusaki, Roy releva les yeux et apprécia sa nouvelle dégaine. Lavé et habillé décemment, le pirate n'avait plus rien à voir avec le clochard qu'ils avaient ramassé dans la rue. Il restait un peu maigre avec un air maladif probablement causé par le manque de sommeil et son addiction à la boisson, mais il était déjà bien plus présentable. Même la manière peu orthodoxe qu'il avait de porter ses vêtements lui rendait justice. Accoutré ainsi, le jeune homme donnait vraiment l'impression que rien ne lui importait et basé sur son comportement de ces dernières heures, cela semblait véritablement être le cas. Il avait du cran et peu de jugeote.

 - La détruire ? s'écria Roy avec un sourire. Non, du tout, on va en prendre le contrôle plutôt.

Ce qu'il avait vu au-dehors ne lui plaisait pas et l'idée que c'était en partie sa faute de surcroît lui plaisait encore moins. Il avait réfléchi un moment depuis leur retour à la base et était arrivé à la seule conclusion possible : il fallait que le pouvoir change de main chez les hommes-poissons. Continuer à attaquer aveuglément la Guilde des Usuriers était du suicide.

 - Prendre le contrôle du Gang des hommes-poissons ? répéta Moria, vérifiant que personne ne les écoutait aux alentours.

 - Ouais, acquiesça le jeune homme. Enfin, en prendre le contrôle... mettre un type qu'on connait à sa tête plutôt, Habu Jackson.

 - Et comment tu comptes faire ça ? demanda le navigateur en haussant un sourcil.

Ni une ni deux, Roy décrochait le journal de Shifumi et le levait à hauteur d'yeux avec un grand sourire.

 - Tu me les brises avec ce foutu journal, lâcha Moria en calant sa tête dans l'une de ses mains.

 - Ouais tu nous les brises..., surenchérit Kusaki à ses côtés.

 - Ça va, attendez deux secondes que je vous explique, oh, plaida Roy, surpris par la réaction de ses deux compagnons.

 - Non mais quoi, le coupa impatiemment le blondinet, qu'est-ce que t'as trouvé dedans cette fois ?

 - Rien, lâcha le jeune homme en rangeant le document, enfin rien de vraiment utile sur O'Clayne, mais on peut faire comme si.

 - Faire comme si ?

 - Falsifier le document, clarifia Roy, pour y rajouter de fausses accusations contre lui.

 - Tu veux monter ses hommes contre lui avec de fausses infos trouvées dans un journal obscur ? résuma Moria. Cela risque de ne pas suffire.

 - Le type est un magouilleur de première, objecta Roy, tout le monde le sait. Trois jours seulement passés dans la base et on m'a raconté qu'il a tué le précédent chef du gang pour prendre sa place. Il a une sale réputation, même parmi ses hommes.

 - Et après ? Ce n'est pas ça qui va rebuter une bande de mafieux endurcis, encore moins si ça vient d'un humain.

 - Mais si, il suffit de trouver le bon cocktail. Shifumi a déjà des trucs sur lui, il a fait assassiner quelques hommes-poissons qui le gênaient dans sa domination du gang. Là-dessus, on rajoute des "preuves" indiquant qu'il est du côté de la Guilde des Usuriers et voilà. On monte le gang contre lui.

 - Pour quelle raison il s'associerait à la guilde ? demanda Moria en fronçant les sourcils.

 - Pour l'argent, lâcha Roy en haussant les épaules, comme si c'était l'évidence même.

 - Ouais à la limite..., accepta le blondinet d'un air dubitatif, mais sinon, plus important : pourquoi est-ce qu'il aurait déclenché une guerre contre la guilde s'il travaille secrètement pour elle ? Surtout quand on sait que c'est un raciste antihumain, pour moi c'est pas logique.

 - Naa ça passe, intervint Kusaki en se grattant le ventre. Vu la raclée qu'ils sont en train de se prendre dehors, ça fait genre O'Clayne les envoie au casse-pipe pour le compte de Shifumi.

N'ayant rien à objecter à cela, Moria hocha la tête. Un petit silence s'installa tandis qu'ils prenaient la mesure de la tâche à accomplir.

 - Ok... eh bien il nous reste plus qu'à bidouiller le journal alors, énonça finalement Roy en claquant des mains, et mettre Habu dans le coup aussi tiens.

 - Tu devrais penser à faire une copie du journal, proposa Moria au passage. Ce serait con qu'il soit détruit et qu'on perde toutes les infos à l'intérieur.

Hochant la tête, Roy tapota pensivement le document à sa ceinture, tournant sa tête à droite et à gauche pour se repérer dans le complexe.

 - Et sinon c'est quand qu'on boit ? demanda abruptement Kusaki à leurs côtés. J'ai la gorge un peu sèche.

 - Quand Habu sera le chef du gang, lâcha le capitaine pirate avec un sourire après une seconde de réflexion.

 - Habu apparaît ! s'écria l'ancien clochard en réponse, tendant une main vers le bassin du hall.

Suivant du regard la direction pointée par cet énergumène, Roy et Moria ne remarquèrent rien. Puis, quelques secondes plus tard, comme en réponse à l'appel de Kusaki, Habu Jackson émergea lentement de l'eau avant de sauter et atterrir sur le sol de la base.

 - Voilà ! lâcha l'ancien vagabond en soufflant un bon coup, épuisé par l'effort qu'il venait de livrer. Moi j'ai faits ma part du taff', je vous laisse vous occuper du reste. Pendant ce temps je m'en vais jeter un coup d’œil aux alentours voir si y'a pas moyen de s'humidifier le gosier.

Se levant, il laissa les deux hommes en plan et partit en vadrouille dans le complexe.

 - L'enfoiré..., souffla Moria à sa suite.

Hilare, Roy se leva à son tour et partit à la rencontre du Silencieux.

 - Habu, le salua-t-il en arrivant à son niveau, talonné par Moria.

 - Ah, je suis heureux de voir que ton plan a fonctionné Roy, commença immédiatement l'homme-poison. Je... qui est cet homme ? demanda-t-il soudainement en apercevant Las Gambas, actuellement en train de piquer une bouteille de bière des mains d'un homme-poisson.

 - Kusaki, il fait partie de mon équipage, annonça fièrement le pirate, des étoiles plein les yeux en suivant le regard de son ami.

Heureusement pour lui, dans l'esprit des membres du gang Kusaki était maintenant associé au groupe qui avait libéré cinq de leurs hommes de prison. Son chapardage de boisson fût donc bien accueilli, et il fût même invité, entraîné dans le cercle d'amphibien en train de faire la fête.

 - Je peux te parler ? enchaîna Roy en revenant au héro du gang.

Ce dernier comprit rapidement que le jeune homme et son second désiraient s'entretenir avec lui seul à seul. Une fois de plus, il les emmena dans ses quartiers, où ils purent converser librement. Sans tergiverser, ils lui révélèrent leur projet en omettant tout de même de parler du fait qu'ils allaient légèrement trafiquer les informations contenues dans le journal.

Si Habu était tout à fait d'accord quant à la nécessité d'évincer O'Clayne Eustache, il n'était pas chaud en revanche pour prendre la tête du gang. Moria et Roy tentèrent bien de le convaincre, mais le Silencieux coupa court à la conversation. Expliquant qu'il n'était pas un leader et qu'il n'avait pas non plus la confiance de son peuple, il laissa les deux humains en plan, disparaissant dans les méandres du complexe secret.

Ennuyé, les pirates décidèrent quand même de s'atteler à la tâche de faire une copie du journal et de falsifier l'un d'eux. De cette manière, tout serait prêt pour le retour d'O'Clayne Eustache. Ils s'assureraient de convaincre Habu tôt ou tard, rien ne pressait. Quelques heures plus tard, Kusaki - en train de se balader sans se soucier de personne une fois de plus - pénétra par hasard dans les quartiers du Silencieux, découvrant Roy et Moria en train de s'atteler à la tâche.

Roy lui expliqua rapidement le refus du héro des hommes-poisons, avant de l'envoyer à la suite de ce dernier, prétextant la présence d'alcools dans la direction prise par l'homme-poisson.

 - Ce type est complètement random, expliqua-t-il ensuite à Moria en réponse à son regard interrogateur. Va savoir, peut-être qu'il arrivera à convaincre Habu.


Dernière édition par Roy D. Aston le Lun 25 Déc 2017 - 17:40, édité 2 fois
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Enfin un endroit festif, où le simple fait de prendre une bouteille n'apportera pas d'ennuis au bout du compte. Pas besoin de truander, voler ou encore fouiller dans les poubelles, cette fois-là, il n'y avait qu'à se servir. Le paradis sous terre pour Kusaki, boire sans retenue au milieu d'un grand nombre de nouveaux compagnons de beuverie. Après un certain temps à siphonner les bouteilles, il se releva à la recherche de son groupe originel, qu'il avait laissé tomber depuis un moment. Un peu confus dans son esprit avec les vapeurs alcoolisées venant altérer le bon fonctionnement de son cerveau, rien de bien inhabituel au final, il se lança, plus ou moins à leur recherche. Après avoir erré un moment dans la base des hommes-poissons tout en continuant de se réhydrater, il passa à côté d'une porte où les voix semblaient familières. S'arrêtant devant, l'air hagard, il tomba sur Roy et le plouc qui le suivait, sur le point de partir de cette salle.
Prenant le temps d'expliquer la situation, Roy invita Kusaki à pénétrer dans la pièce qu'il venait de quitter, prétextant que cet endroit n'était rien de plus que la réserve d'alcool de la base, le jackpot pour Las Gambas en d'autres termes. Tout ceci n'était que mensonges encore une fois. Une fois dans la salle, il n'y avait qu'un homme-poisson qu'il avait plus ou moins croisé avant de commencer à s'enquiller des bouteilles. En repensant à ce que le capitaine Aston avait raconté, ce devait sûrement être celui qu'il fallait convaincre d'abdiquer et de donner son rôle de chef du gang à un autre type nommé Habu, ou une histoire dans le style. Surpris de voir l'arrivée de Kusa dans ses quartiers, l'homme-poisson se redressa pour faire face à cette irruption inattendue.


Qui êtes-vous ? Ah mais vous êtes un des compagnons de Roy, c'est bien ça ? Kusachi je crois.

Ah ! Non, je suis Kusaki Las Gambas. Franchement, Kusachi, c'est quoi ce nom...


L'alcool commençait à peser lourd sur sa faible constitution, Kusa était devenu une sorte de culbuto humain, son équilibre n'était qu'à un fil de ne plus exister et qu'il s'écroule sur le sol. Fermant longuement ses paupières à plusieurs reprises, sa vision de monde n'était plus aussi nette. Ne voulant pas rester et finir agonisant, sur le sol il tituba jusqu'à une sorte de bassine avec de l'eau, peu importe à quoi elle pouvait bien servir, et plongea la tête dedans. Elle était terriblement froide, mais ça tombait parfaitement pour se remettre les idées en place et clarifier la situation, ou plutôt clarifier sa vision. Consterné devant ce qu'il se passait devant lui, l'homme-poisson restait de marbre, n'osant même pas dire quelque chose pour essayer de comprendre ce qu'il se passait dans ses quartiers.
Après avoir répété deux ou trois fois cette tentative de noyade, Kusaki revenait dans le monde des vivants. Se tapant les joues, il semblait être de nouveau opérationnel. Sans un mot, il s'éclipsa de la pièce pour revenir, peu de temps après, avec une bouteille dans chaque main.  


C'est.... fascinant....

De quoi ? Ah, ça. Ouais, ça m'arrive souvent, j'ai pris l'habitude, rien de bien méchant, faut juste faire attention. Mais me voilà, frais et dispo, enfin plus ou moins.

Écoute, je ne sais pas ce que Roy a pu te dire mais...

Bah, c'est simple, il m'a dit qu'ici, il y avait à boire, je suis arrivé, il n'y avait rien, ça m'a mis dans tous mes états. Donc, maintenant que tu es là, une bouteille pour toi, une bouteille pour moi, basta.


Ne comprenant plus rien à ce qui lui arrivait depuis que ce nouveau compagnon d'arme avait déboulé dans le coin, Habu ne put que s'asseoir devant tant de non-sens. Il n'avait rien de plus à dire et avait autre chose à penser qu'aux agissements d'un homme tourmenté par son démon de la boisson. Par réflexe, Kusaki fit de même et s'installa face à l'homme-poisson, tout en lui balançant l'une des deux bouteilles. Un blanc s'installa entre les deux personnes, l'un commençait à engloutir sa bouteille pendant que l'autre était pensif. Las Gambas avait déjà oublié ce qu'il était censé faire ici, et au vu de l'ambiance, partir et rejoindre à nouveau les festivités était plus qu'une bonne idée. D'un autre côté, laisser une âme en peine en plan comme ça, tout seul avec une bouteille, en train de ressasser ses idées noires, ce n'était pas vraiment sympathique de la part du pirate. Tapant sur ses jambes, il se lança pour ouvrir la conversation.


Hé, machin, boire tout seul c'est pas cool, enfin pas quand on est deux dans la même pièce. Et puis faut sourire, dehors tout le monde fait la fiesta, pourquoi toi tu veux rester dans ton coin hein. Y a quand même mieux à faire que porter toute la misère sur ses épaules !

Non mais... Je ne vous ai rien demandé et peu importe ce que Roy vous a demandé de faire....

Roy ? Mais il ne m'a rien dit.... Ah si, je dois parler à un certain Babou pour faire je sais plus quoi, le remplacer en tant que chef, ou un truc genre j'crois.

Pardon ? N-non moi c'est Habu, Habu Jackson, et, ce que Roy veut que je fasse, c'est que je prenne la tête du gang. Mais je ne veux pas, j-je ne suis pas fait pour ça.

Haaan, d'accord, je comprends mieux, mais je m'en fiche, je suis pas là pour ça, je suis pas au service de Roy, je ne fais que le suivre. J'étais paumé dans le coin, du coup, ça semblait être la seule personne qui savait ce qu'elle faisait dans le coin, alors je l'ai suivi, j'avais rien de mieux à faire.


Habu semblait commencer à se dérider et à s'amuser des paroles de Kusaki. Il n'en avait pas eu forcément l'occasion ces derniers temps. Après tout, ce que pouvait raconter le pirate n'avait aucun sens. Amusé, il partagea un verre avec celui-ci, qui avait pratiquement terminé sa bouteille dans son coin. De son côté, Las Gambas n'avait pas grand-chose à raconter, mais il était ravi d'avoir un peu plus à boire, même si cela n'était pas forcément une bonne idée, mais au moins, il partageait cela avec quelqu'un. Petit à petit le silence se réinstallait dans la salle, alors que tout allait bien. Indispensable dans les conversations mondaines, cette situation ne lui plaisait guère il fallait meubler tout ça.


Bon. Peu importe les histoires de gang et se prendre la tête. De toute manière, on ne peut pas être un bon leader, on le devient. Regarde Roy, il est capitaine, ça l'empêche pas d'être aussi charismatique qu'une loutre et ridicule. Il arrive même pas à gérer son subordonné, l'autre plouc de Morue...

...Moria ?

C'est pareil, c'est pas l'important. Le plus important, c'est de toujours avoir à boire et un repas chaud, ou froid, ça dépend du plat. C'est vrai, certaines choses sont atroces quand tu manges ça chaud alors que, quand c'est froid c'est meilleur.

Je pense que vous divaguez...

Ouais, vaguez, si tu veux. Mais c'est vrai, je commence à m'écarter du sujet. Le truc, c'est que tu peux être, et est, même si j'ai pas la connaissance du sujet, le meilleur pour prendre en main la chose. De toute manière, cette île, c'est le bordel, alors tu pourrais bien faire ça pour que ça soit un peu mieux.  

C'est impossible, mon choix est fait, je ne deviendrais pas le chef, ce n'est pas moi.

Tu sais, quoi, je vais te raconter une histoire, que j'ai vécu moi-même. Une fois sur un navire où j'ai travaillé, le capitaine est tombé à l'eau, en pleine tempête, quelque chose d'atroce. Il était tombé à cause d'une caisse que j'avais oublié d'écarter, mais c'est pas le sujet. Sans figure d'autorité c'était l'anarchie sur le bateau, surtout avec une météo pareille. Alors, avec mon expérience, et après avoir poussé le vice capitaine lui aussi à la flotte, j'ai pris le commandement. Je n'en voulais pas, mais les circonstances ont fait que j'étais le seul à pouvoir sauver la situation. C'était la seule possibilité, et au final, on s'en est bien sorti avec juste la moitié de l'équipage perdu. Mais voilà, ce sont les situations qui force à prendre la tête des opérations.

C'est une jolie histoire, mais ça ne change rien.

Raz-le-bol ! Tu bouge pas, je reviens.


D'un pas rapide, Kusaki quitta la salle. Il retourna vers la salle principale où les festivités semblaient perdurer. Trouvant une petite caisse, il commença à la remplir avec les bouteilles qui traînaient dans le coin. Une fois la caisse remplie, il se dirigea vers les quartiers d'Habu. Désormais, la méthode douce était terminée, il fallait passer à la vitesse supérieure et dérider cet homme-poisson une bonne fois pour toute et lui faire entrer dans la tête qu'il doit être calife à la place du calife. Débarquant dans la pièce, Kusa déposa sa caisse juste devant Habu. Celui-ci fut surpris, ne comprenant pas la finalité du débarquement d'un tas de bouteilles face à lui.


Bon, on va jouer à un jeu. Maintenant, à chaque fois où tu me dis « je peux pas » « je suis pas fait pour ça » ou « je ne suis pas un chef » on boit. Alors, on va continuer la conversation, et surtout, tu vas boire avec moi, et comme moi. Pas envie d'être le seul à picoler dans cette pièce. Et surtout tu vas te décoincer et profiter de la vie, plutôt qu'être à moitié triste, allez, zouh, c'est parti, t'as pas le choix.


Après quelques tentatives de protestations de la part d'Habu, celui-ci se résigna face à la force de conviction et de persuasion de Kusaki. Il avait du mal à suivre le rythme de gouffre à alcool et commençait peu à peu à se résigner de prononcer les mots interdits. Mais la boisson montant à la tête, il avait peu à peu du mal à trouver des alternatives de réponses. Plus le temps passait, plus le "jeu" n'était plus la raison pour boire pour l'homme-poisson. De son côté Las Gambas accusait le coup, tout cela faisait beaucoup pour lui au fur et à mesure. Et puis vint le moment où la caisse se retrouva vide de bouteille. Plus rien à boire dans la pièce. Le duo se releva, s'appuyant l'un sur l'autre pour éviter de tomber au sol et se limiter dans le déplacement en titubant, et se dirigea vers la grande salle afin de rejoindre les autres qui eux aussi étaient en train de boire. Il y avait de moins en moins de monde dans cette sauterie, mais suffisamment pour encore trouver quelques bouteilles. Habu était bien accueilli et lui semblait être joyeux au milieu de ses compères. Après un temps séparé et à se mélanger dans la foule, Kusaki attrapa Habu pour lui parler, même si à force d'ingurgiter toutes sortes de boissons, cela devenait compliqué. S'écartant de la foule, se plaçant dans un coin tranquille à l'écart de la salle principale, Kusa se lança dans ses derniers mots de la soirée.


Tu sais quoi............. Babou, t'as, t'as, t'as raison, t'es un naze...... et tu ferais même pas un bon chef. Même moi j'serais plus..... j'serais meilleur chef.... je ferais un plus mieux leader des poissons, et sans nageoire en plus

T-t-t'as dit quoi. J'serais dix fois plus meilleur que toi comme le chef du gang espèce d'enf... d'enfu.... d'enfoiré ! Ça s'ra moi le nouveau chef des homme-poisson et j'te pisse dessus, prrrrrrrrr.

Quelques hommes-poissons avaient suivi le duo et donc assistèrent à cette courte dispute. Heureux de l'annonce de leur héro, ils scandèrent son nom. Habu était triomphant, heureux d'avoir le soutien d'un petit groupe des siens. Victorieux, Kusa s'écroula sur le sol et se laissa aller vers les ténèbres pour cuver son vin, laissant derrière lui le brouhaha dans la base des hommes-poissons.

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Roy fit passer son pouce sur la tranche d'un petit journal, feuilletant rapidement toutes les pages pour prendre la mesure du travail accompli au cours de la nuit. La copie du journal de Shifumi était prête et l'original était maintenant falsifié avec des données compromettantes sur O'Clayne Eustache. Tout était prêt pour confronter le chef actuel du Gang des hommes-poissons.

S'étirant un bon coup, il passa le journal à sa ceinture et se mit à la recherche d'Habu dans le complexe, talonné par Moria. Il y avait eu du mouvement pendant la nuit, la libération de cinq détenus donnant une rare occasion de faire la fête aux hommes-poissons en ces temps troublés. Seul un petit groupe s'était adonné aux festivités cependant, le reste de la base étant occupés par des gangsters au travail et des civils perdus et loin de leurs maisons.

Pénétrant dans le hall, Roy se fit violemment empoigner par une énorme main blanche et palmée, qui le souleva avant de le balancer à travers la pièce. Il se rétablit souplement quelques mètres plus loin, pour découvrir le chef du Gang des hommes-poissons, O'Clayne Eustache.

 - Je vous avais interdit de sortir de la base, humains, grogna le massif spécimen de la race des requins blancs.

S'écartant du chef de gang visiblement énervé, Moria le contourna et alla rejoindre la position de son capitaine. Autour d'eux, l'altercation rameutait du monde et une petite troupe d'amphibiens commençait déjà à se former pour assister à la scène.

 - Il a libéré cinq de nos hommes de prison O'Clayne, intervint un membre du gang, venant en aide au pirate. Il est sorti pour les libérer et les ramener à la base.

 - Qui les a laissé sortir ?! s'écria Shan Zeng, le second du chef de gang. Et pourquoi sont-ils armés ?!

 - C'est comme ça que tu remercies ceux qui sont venus en aide à tes sous-fifres O'Clayne ? demanda abruptement Moria en réponse. Ce que j'ai entendu à propos de toi est vrai on dirait, tu te fiches complètement de tes hommes.

Un hoquet de stupeur parcourut l'assemblée. Les yeux écarquillés, un bête sourire plaqué sur le visage, Roy dévisagea son second un petit instant, prenant la mesure de ce qu'il venait de faire. C'était bien trop tôt pour mettre le plan en marche, ils n'avaient même pas encore convaincu Habu de leur prêter main-forte. Qu'est-ce qui lui avait pris ?

Tant pis, ça passe ou ça casse, se dit le pirate en décidant de se jeter à l'eau.

 - Ouais, peut-être que le gang devrait changer de leader, suggéra-t-il en réponse aux paroles de son second.

Un lourd silence s'abattit dans le hall. Le chef du gang dévisagea l'humain les yeux écarquillés, trop interloqué pour prendre offense de ses paroles pour le moment. Ils avaient enfreint toutes les règles qu'O'Clayne leur avait imposées en acceptant, dans sa grande mansuétude, de les laisser séjourner dans la base secrète, et maintenant l'un d'eux se permettait de remettre son autorité en question ? Ce devait être une mauvaise blague.

 - Vous dépassez les bornes, lâcha calmement Shan Zeng, du venin plein la voix.

 - Je suis sorti dans les rues de Last End, lâcha Roy en ignorant la mise en garde du vieil intriguant, j'ai vu ce que votre guerre a déclenché. Des hommes-poissons meurent chaque jour par dizaines, comment avez-vous pu laissez faire ça ? les accusa-t-il.

 - Nos affaires ne concernent que nous, répondit O'Clayne en le foudroyant du regard, faites attention à ne pas vous mêler de ce qui ne vous regarde pas.

L'attroupement autour des quatre hommes ne cessait de grandir. Les habitants de la base secrète venaient assister à la confrontation entre les mafieux et les pirates.

 - Je me suis fait attaquer par des mafieux en pleine rue ! s'écria soudain une voix dans l'assemblée. Je ne m'étais jamais mêlé des affaires du gang et pourtant j'ai été impliqué conte mon gré dans votre guerre insensée ! Pourquoi est-ce que je dois subir le martyr à cause de vos agissements les mafieux ?!

En plus des membres du gang, il y avait des citoyens lambda de Las Camp dans la foule, d'honnêtes travailleurs qui avaient perdu leurs maisons à cause de la guerre des gangs pour la simple raison qu'ils étaient eux aussi des hommes-poissons. Ceux-là ne voulaient rien avoir à faire avec l'organisation d'O'Clayne, mais s'étaient résignés à rejoindre la planqueà la recherche de protection. Evidemment, ils ne voyaient pas d'un bon œil l'influence qu'avait le gangster sur leur avenir, et visiblement l'arrivée de Roy leur donnait l'opportunité de faire entendre leurs voix.

 - C'est comme ça que vous nous remerciez de vous avoir accueilli dans notre repaire ?! siffla Shan Zeng à l'intention des intervenants.

 - Notre peuple meure dans la rue pendant que vous êtes occupé à magouiller ailleurs ! rugit quelqu'un dans la salle en réponse, déclenchant une vague d'exclamations furieuse parmi l'attroupement en train de se former. Où vous étiez pendant qu'Habu et ses hommes nous sauvaient les uns après les autres ?!

 - Vous nous avez envoyés combattre à un contre cinquante ! surenchérit un gangster au milieu de l'attroupement.

Par un effet de foule, de plus en plus d'hommes-poissons se ralliaient à la cause des pirates, invectivant et accusant O'Clayne d'être responsables de la débandade du gang et des amphibiens de Las Camp en général.

 - Ça suffit ! hurla soudain Le Grand Requin Blanc, ses yeux adoptant une apparence rappelant ceux des monstres marins sous l'effet de la colère. Réfléchissez bande de rats ! Tout fout le camp depuis que ces humains sont arrivés avec Habu ! C'est un complot, ils travaillent probablement pour la Guilde des Usuriers pour nous diviser et nous monter les uns contre les autres !

L'effervescence se calma d'un coup, une série de regards mauvais se mettant soudain à cibler Roy.

 - Tu fais bien de parler de ça O'Clayne, lâcha le pirate avec un sourire, profitant du silence si gentiment instauré par son ennemi. J'ai trouvé des choses intéressantes sur toi dans le journal du chef de cette bonne vieille guilde.

Levant la main pour mettre le livret en évidence une fois de plus, il apprécia la vague de murmures que provoqua son geste parmi l'assistance. O'Clayne et Shan Zeng le fixaient les yeux écarquillés, ayant du mal à prendre la mesure de ce que sous-entendait le pirate.

 - Combien elle te paye pour envoyer tes hommes à l'abattoir ? demanda carrément le jeune homme, clarifiant ses accusations pour les plus lents parmi l'assistance.

Vu le regard que lui jeta le chef du gang, il sembla clair qu'il s'apprêtait à se jeter sur le capitaine. C'était sans compter un homme-poisson qui avança aux devants de Roy et récupéra le journal à la page qu'il lui tendait. Encouragé par la foule curieuse, il entreprit d'étudier le document. À l'intérieur il découvrit les noms des hommes-poissons qu'O'Clayne avait fait assassiner. Juste en dessous, toujours avec l'écriture de Shifumi, était écrit noir sur blanc que des versements d'importantes sommes d'argent avaient été prévu. Des virements destinés au chef gangster.

Toutes les personnes présentes dans le forum de la base secrète attendaient le verdict de l'homme-poisson, qui confirma les dires du pirate au bout de quelques secondes.

 - C'est un mensonge ! s'écria immédiatement Shan Zeng aux côtés de son patron, couvrant le brouhaha qui avait instantanément parcouru la foule face à cette nouvelle. Ce document est un faux !

 - Il a réussi à libérer nos hommes de prisons en utilisant des infos dedans, objecta l'un des amis d'Habu dans la foule, ce journal est authentique !

 - O'Clayne est prêt à vendre la vie de son peuple juste pour s'enrichir, intervint Moria derrière son capitaine. Vous allez laisser un type pareil mener vos vies ?!

Un bon morceau de l'assistance répondit au blondinet par la négative, au grand désespoir du chef de gang.

 - Vous croiriez un humain plutôt que moi ?! s'écria un O'Clayne Eustache outragé.

 - Roy n'a jamais fait assassiner un homme-poisson lui ! s'écria une voix dans l'assemblée, qui fût saluée par les amphibiens. Il en a même sauvé six sans rien attendre en retour !

Tournant la tête vers l'assistance, Roy repéra une magnifique femme-poisson dont le type unique lui était totalement inconnu. C'était elle qui était intervenue pour plaider sa cause. Intrigué, il la remercia pour son aide d'un signe de tête avant de revenir au massif Grand Requin Blanc.

Ce dernier arriva finalement à son point de ruptureer se jeta sur le jeune homme, ses deux énormes mains palmées visant la gorge du pirate. Ce dernier intercepta les membres de son agresseur et résista à sa charge en s'arc-boutant sur ses ses jambes, sous l'exclamation générale du forum. Ses pieds glissant sur le sol, Roy fût repoussé plusieurs mètres en arrière avant de parvenir à contenir l'énorme homme-poisson. Ils s'arrêtèrent bien trop près du bassin au goût de l'humain.

 - Tu es allé trop loin, grogna le chef de gang. D'abord je vais te tuer, et ensuite je vais rappeler à tout le monde pourquoi c'est moi le patron ici.

 - La Loi du plus fort ? fit remarquer Roy avec un sourire féroce. Tu n'es plus le prédateur le plus puissant des environs O'Clayne.

 - Et c'est qui ça alors ? demanda l'homme-poisson en montrant les dents. Toi peut-être ?

 - Moi je suis l'apex, chuchota le jeune homme pour que seul O'Clayne l'entende, Habu est ton alpha, il va te mettre une raclée magistrale.

En ayant assez entendu, l'homme-poisson contracta ses muscles et poussa sur les bras du jeune homme, dans une tentative évidente de le pousser dans le bassin. Ils se mesurèrent dans une pure démonstration de force, Roy répondant au défi en verrouillant son torse, bandant ses muscles et nouant ses tendons.  À la surprise générale, le pirate parvint à contenir l'assaut du Grand Requin Blanc, empêchant ce dernier de gagner du terrain et parvenant même à le repousser sur quelques centimètres. Une veine battant à ses tempes, son bandage céda sous l'effort et une marque rouge commença à teindre le tissu. Malgré la douleur, le pirate tint bon.

Au milieu du hall, un sympathisant d'O'Clayne s'approcha de Moria, qui abattit immédiatement la crosse de sa carabine sur l'agresseur, l'assommant sur le coup. Il en faucha un deuxième qui s'était jeté sur lui et mit le chef de gang en joue, se préparant à lui faire sauter la cervelle. C'était sans compter Shan Zeng cependant qui apparût soudain derrière le navigateur. Un coup de poing fulgurant dans la hanche de ce dernier l'envoya brusquement au sol.

 - Moria ! s'écria Roy un peu plus loin, ayant assisté à la scène par-dessus l'épaule de son adversaire.

Distrait par ce qui arrivait à son second, le pirate se laissa surprendre par O'Clayne qui le déséquilibra d'une brusque impulsion des bras. Sans pouvoir réagir, il fût soulevé dans les airs et projeté dans le bassin du hall. Brisant la surface claire de l'eau, il s'enfonça de plusieurs mètres dans les profondeurs ensoleillées de la voie sous-marine. Un peu plus haut, un nouveau geyser explosa à la surface quand l'homme-poisson plongea à sa suite, percutant le jeune homme au passage et l'entraînant avec lui.

Les deux combattants crachèrent du sang simultanément, Roy parce qu'O'Clayne lui avait violemment enfoncé deux poings dans les côtes, O'Clayne parce qu'il s'était empalé sur le sabre de Roy en le chargeant. Des deux cependant, c'était l'humain qui avait le plus perdu dans cet échange, de précieuses bulles d'air ayant filtré de sa mâchoire en même temps que du sang. La pression de l'eau explosant à ses oreilles le pirate fit tourner sa lame à l'intérieur du corps de l'homme-requin blanc, essayant à tout prix de lui faire lâcher prise. Il n'avait pas eu le temps de prendre une inspiration avant qu'O'Clayne ne l'éjecte dans l'eau et la charge de ce dernier lui avait fait perdre ses réserves d'air. Les poumons quasiment vides et face à la force supérieure de l'homme-poisson sous l'eau, il était dans une périlleuse situation.

Se battant avec l'énergie du désespoir, Roy envoya sa main gauche s'enfoncer puissamment dans les côtes de l'amphibien. Si son adversaire imposant sentit ce coup affaibli par la friction de l'eau, il n'en montra rien. Pire, il ouvrit soudain la mâchoire et planta deux rangées de dents aiguisées comme des rasoirs dans l'épaule bandée du jeune homme.



Plus haut dans le hall, l'ombre des deux combattants se projetait sur le mur, retransmettant leur lutte en direct à toutes les personnes présentes.


Dernière édition par Roy D. Aston le Lun 25 Déc 2017 - 18:07, édité 2 fois
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Dure nuit, éprouvante soirée. Faire rentrer une idée dans la tête de quelqu'un n'était pas une mince affaire. Kusaki avait tout donné, jusqu'à rendre son foie dans un état si lamentable qu'il ne vaudrait rien à la revente sur le marché noir. Réveil difficile, trop peu reposé, Kusa émergeait dans un lieu qui ne lui était pas inconnu, mais sans vraiment savoir où il se trouvait à l'heure actuelle.Il semblait y avoir une forte agitation autour de lui, quelque chose devait se passer. Une attaque, un fête, l'heure de la soupe ? Qu'en savait-il, et surtout, quel intérêt y avait-il de s'intéresser à des choses aussi futiles. Se relevant, lentement mais sûrement, la tête sur le point d'exploser à la suite de ce considérable effort, le pirate des Gambas tentait tant bien que mal de retrouver la trace de Moria et de Roy, qu'il avait complètement oublié depuis un sacré moment. Furetant à droite à gauche, il ne trouva aucune trace d'eux, pas même un mot. Finalement, il ne semblait plus vraiment être indispensable pour ces deux-là. Avec un peu de regrets, son aventure parmi les hommes-poissons semblait prendre fin ici, de même que son périple à Las Camp, il était hors de question de rester dans le coin après s'être attiré autant d'embrouilles en si peu de temps.
Ramassant ses affaires, attrapant une bouteille pour la route, d'un pas hasardeux, Kusa commençait à déambuler dans les grottes, à la recherche de la sortie, direction la surface et le premier bateau qui lèvera l'ancre fera l'affaire. Et c'est alors, par un coup du destin, qu'un visage amical fit apparition face à lui. C'était Habu, un peu plus frais que Kusaki, mais à bout de souffle. Il semblait perdu, complètement paniqué, à la recherche d'une quelconque aide. N'arrivant pas à aligner deux mots dans l'immédiat, Kusa lui posa les mains sur les épaules.



Qu'est ce qu'il y a ? Tu veux finalement pas être chef alors que tu as dit oui, bwarf, peu importe, j'ai rempli ma part du contrat, j'ai plus rien à faire ici.


N-non.... non, ce n'est pas ça. R-roy a... il a engagé le combat.... avec notre chef. Il faut aller l'aider.

Hein ?! Mais je sais pas me battre moi..... Euw.... J'voulais dire...... je suis pas en état de me battre.


Mais, mais... Tu es son équipier, tu dois l'aider, comme tu as pu le faire jusqu'alors. Si tu préfère, c'est un service que moi je te demande.

Grmblr


Sans aucune volonté, Kusaki accepta de suivre l'homme-poisson et d'aller aider Roy, qui, visiblement, s'était mis dans la panade. Son aide serait aussi inutile qu'inefficace, mais, il pouvait bien faire un effort pour aller voir ce qui se passait dans le coin et filer un coup de main en encourageant les combattants, tout en restant au loin des actions. Au pas de course, Kusa accompagnait l'homme-poisson à la recherche de l'autre duo. Passé un moment, ils approchèrent d'un endroit animé par des bruits de combat. Un grand hall, où se tenait la lutte entre Moria et un homme poisson. L'affrontement semblait équilibré, mais les deux combattants commençaient à accuser le coup, principalement Moria qui avait du mal à tenir les assauts de son adversaire. Autour de ce spectacle se trouvait un petit nombre d'hommes-poissons, prêt à intervenir dans le combat et venir en aide à leur chef, mais l'arrivée d'Habu avait calmé les ardeurs de certains et la foule commença a reculer pour éviter de se mettre en travers du chemin de l'un de leurs héros. Habu Jackson s'était approché de l'action, en cherchant du regard la présence de Roy. Il semblait inquiet de ne pas le voir aux alentours.



MORIA ! Où est Roy ?


Dans l'eau...


Kusaki, aide Moria, moi je vais essayer d'empêcher Roy de....


Se coupant au milieu de sa phrase, l'expression de son visage avait changé, il semblait être préoccupé de ce qui se passait actuellement, et de ce qui pouvait encore arriver. Sans attendre, il se jeta dans l'eau pour aller à la rescousse du capitaine pirate. Kusa ne semblait pas prendre tout cela au sérieux, avançant tranquillement, voir Moria se faire presque malmener ainsi était plaisant, après tout, il n'avait jamais pu encadrer ce type. L'acolyte de Roy avait morflé, et l'équilibre au premier abord était en fait un avantage certain pour l'homme-poisson, l'humain n'était plus qu'apte à encaisser les coups sans vraiment réussir à répliquer. Sans un mot, Las Gambas avançait peu à peu afin de profiter de la scène d'un meilleur point de vue. Ce n'était peut-être pas bien de se moquer du malheur des autres et admirer une déculottée en bonne et due forme, mais pour lui, c'était grandement satisfaisant, de plus, l'homme poisson, qu'il avait assimilé en tant que chef du gang, ne semblait pas être vraiment un adversaire coriace, plutôt du menu fretin, rien d'insurmontable en somme. Après un attaque brutale, Moria tomba au sol. Apercevant le spectateur qui prenait beaucoup de plaisir à observer le combat en se relevant, il interpella avant de devoir reprendre les hostilités.



Oh, Kusa, ça te dirais pas de me filer un coup de main.

Non, sans façon, je préfère te regarder te faire dérouiller. T'as qu'à me rendre mes fringues et on en reparle.

J'AI FAIT CRAMER TES SALOPERIES DE FRINGUES, M'EMMERDE PAS ET VIENS TE BATTRE.



Trop. Tout cela était trop. Avec une montée d'adrénaline et une poussée colérique, Kusaki empoigna son bokken et avança en direction de Moria, prêt à lui faire comprendre qu'il ne fallait pas se moquer impunément de sa personne. Peu importe la situation autour de lui, l'ennemi à abattre n'était pas le chef du gang à l'heure actuelle. A proximité de celui qui ne lui inspirait que de la haine, il se lança pour lui mettre le manche de son sabre en bois en pleine poire. Mais le destinataire n'encaissa pas ce coup, et, c'est l'homme-poisson, qui lançait une nouvelle attaque, qui attrapa l'attaque de Kusaki en plein vol. Après ce coup placé en traître, ce dernier recula.




De quoi tu te mêle, pourriture humaine, dégage de là avant que je t'écrase comme l'insecte que tu es.



BORDEL ! VOUS ALLEZ ME FAIRE TOUS CHIER JUSQU'AU BOUT !


Changement de plan, la cible n'était plus l'humain, mais l'homme-poisson qui avait intercepté l'attaque qui ne lui était pas destiné. C'était de lui qu'il fallait se débarrasser en priorité avant de pouvoir en faire de même avec Moria. Se battre, voilà une sordide idée, mais cela était devenu nécessaire. En position, Kusa se préparait à accueillir son adversaire. Le supposé chef de gang fonça sans vergogne contre ce nouvel adversaire, prêt à le réduire en miette. Par un habile jeu de jambe, tel un torero, il laissa passer l'homme-poisson pour abattre son bokken dans son dos, en plaçant toutes ses forces dans son attaque pleine de fourberie. D'un geste vif, la poiscaille contre-attaqua, tapant en plein dans le sabre et l'envoyant valser bien au loin. Plus d'arme en main, Kusaki était perdu, il ne savait plus comment réagir, ni comment se battre les mains vides. Il reculait peu à peu alors que l'homme-poisson avançait en sa direction, jusqu'au moment où son dos heurta une paroi du hall. Il était fait comme un rat, il n'avait plus aucune carte en main... Mais une bouteille dans la poche. Alors que son adversaire se ruait à pleine vitesse pour mettre fin au combat aussi rapidement que tout cela avait commencé, Kusa, complètement terrifié en pensant à ce qui allait arriver, éclata sa bouteille contre les rochers et lacéra le visage de l'homme-poisson.
Ce n'était pas la mort qui l'effrayait, mais simplement le fait de gâcher une bouteille encore pleine sans en avoir bu une seule goutte. Son adversaire hurlait, dérouté d'avoir été défiguré par un simple humain à peine capable de se battre correctement. Pas le temps de se lamenter, Las Gambas s'activa pour aller chercher son sabre en bois et reprendre l'assaut. Après un court moment, les deux adversaires se retrouvèrent face à face, à quelques mètres l'un de l'autre, attendant le meilleur moment pour foncer et achever l'ennemi. Comme une sorte de top départ pour se lancer dans la course, un coup de feu retentit, mais un seul des deux opposants avait suivi le signal. Un faux départ ? Non, derrière toute cette agitation, Moria s'était relevé, et avec son habilité avec les armes à feu, avait fait en sorte de clore le dossier homme-poisson. Touché à la jambe, le gros méchant poisson était au sol, n'arrivant pas à revenir dans le combat. Kusaki, dans un moment d'infinie bonté, l’assomma d'un coup sec avec son bokken. Le plan avait été exécuté à la perfection, plus ou moins. Maintenant il fallait se venger du véritable ennemi, qui une fois de plus avait fait un affront en terminant le boulot alors que Kusaki avait tout en main. Arrivant droit sur lui, l'attrapant au col, il était prêt à l'achever à son tour.


Alors comme ça, tu as pas mes fringues.... Je te jure que tu vas me le payer, et encore plus maintenant que tu m'as piqué le plaisir de finir le chef des hommes-poissons, alors que tu as rien foutu hormis te faire démonter en règle. Tu veux t'attirer toute la gloire pour éviter de rester un minable à jamais hein ?


Coupant court à cette dispute à sens unique, Habu jaillit des flots avec Roy entre les bras, qui crachait l'eau qu'il avait ingurgité là-dessous. Ils avaient sûrement dû heurter des rochers, leur état lamentable. Leur laissant le temps de récupérer de leur voyage dans les fonds marins, Kusa s'avança vers le corps de celui qu'il avait affronté et envoyé dans le pays des rêves, plaça son pied dessus et, posant héroïquement dessus comme si il avait fait quelque chose d'important dans ce combat, il interpella ses compagnons.


Bon, Habu, j'crois que c'est toi le patron maintenant. T'as plus choix.

  • https://youtu.be/dQw4w9WgXcQ
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 - Je..., hésita Habu à la déclaration de Kusaki.

Reprenant son souffle, Roy observait la situation d'un œil prudent, conscient qu'ils marchaient sur des orties. Habu avait sorti la tête de l'eau, au sens propre comme au sens figuré, mais rien ne garantissait qu'il aurait l'autorité, ou la volonté, d'aller avec ce que les pirates avaient démarré.

 - Qu'est-ce qui se passe maintenant ? demanda un gangster, brisant le silence qui régnait dans le hall.

La foule anxieuse attendit une réponse pendant quelques secondes. Bien que ce n'ait pas été explicité, tout le monde savait que la question était adressée à Habu.

 - Je prends la tête du gang, lâcha ce dernier après un certain temps, d'un ton catégorique.

La réponse de la foule fut mitigée. Quelques hourras raisonnèrent dans le forum, mais un bon morceau de gangsters encore loyaux à O'Claye ne l'entendait pas de cette oreille. Des protestations fusèrent, immédiatement couvertes par les acclamations du reste du gang et des civils. Un mouvement fusa dans la foule, un homme cherchant à en faire taire un autre. Cela se répéta un peu partout dans l'attroupement, et faillit rapidement dégénérer en bagarre intestine.

Toute cette agitation fut tuée dans l'oeuf quand un frisson d'effroi parcourut l'assistance. En silence, les hommes-poissons se retournèrent vers Roy et ses yeux fiévreux qui les fixaient sans discontinuer. Derrière lui, une forme sombre se dessina lentement dans l'eau du bassin. Remuant encore légèrement, O'Clayne Eustache émergea bientôt à la surface. Brisant l'emprise de ses yeux démoniaques sur l'assistance, le capitaine pirate se retourna et attrapa le corps du chef de gang vaincu. Après l'avoir soulevé hors de l'eau, il cala l'énorme masse de l'homme-poisson sur son épaule valide et s'en alla déposer ce dernier près de son lieutenant assommé.

Les yeux révulsés, O'Clayne Eustache était parcouru de hoquets et incapable de refermer sa bouche à cause de sa mâchoire brisée. Autour d'eux, les moins endurcis parmi l'assistance furent forcés de détourner les yeux face au spectacle qu'offrait l'homme-requin blanc, ses deux rangées de dents cassées et ensanglantées exposées à la vue de tous. Le combat qui s'était déroulé dans le goulot d'accès de la base secrète avait été rapide et brutal, Habu ayant déchaîné toute sa fureur sur le chef de gang distrait. Ce dernier, trop occupé à réduire l'épaule de Roy en charpie, n'avait rien pu faire face à la puissance supérieure de l'homme-poisson lézard. Il avait été vaincu en une fraction de seconde.

Oubliant Roy, l'assistance se retourna vers Le Silencieux qui observait la foule d'un air grave.

 - Les choses vont changer, déclara Habu maintenant qu'il avait de nouveau l'attention de la foule. O'Clayne et Shan pourront rester parmi nous s'ils le désirent, mais je suis en charge à présent.

À ces mots, Adam Coste, l'homme-carpe médecin s'avança bientôt et entreprit de s'occuper de l'épaule de Roy. Derrière lui, ses assistants soulevèrent O'Clayne Eustache avant de disparaître dans les méandres du complexe. Shan Zeng suivit le même chemin, probablement en direction du cabinet d'Adam.

 - Alors, reprit Habu, ayant calmé les plus virulents des partisans de l'ancien chef de gang, voilà ce qui va changer dès à présent.

Le médecin sortit son nécessaire à piqûre et entreprit de préparer une injection d'opium au pirate. Trop focalisé sur la scène qui se déroulait sous ses yeux, Roy ne se rendit compte que trop tard du manège d'Adam et ne pût rien faire quand ce dernier lui injecta son médicament. Accusant le coup, il décida finalement de laisser couler, tâchant de se concentrer tout en appréciant le pouvoir anesthésiant du produit. Devant lui, Habu expliquait sa vision du nouveau gang des hommes-poissons, promettant qu'il allait s'assurer que chaque homme-poisson dans la salle puisse retrouver sa famille et sa maison et qu'il allait rétablir la sécurité pour son peuple. Le message allait se répandre qu'à Las Camp, s'attaquer à l'un d'entre eux c'était s'attaquer à eux tous.

 - On fait quoi de la Guilde des Usuriers !? demanda un gangster. Elle va s'en tirer après tout ce qu'elle nous a fait subir ?!

 - On verra ça plus tard Bobby, éluda Habu, on a d'autres priorité pour le moment. Il faut se soucier de notre famille, et...

 - La Famille Jackson, lâcha soudain Roy.

Coupé dans son élan alors qu'il était au beau milieu d'un discours prometteur, Habu se retourna vers le pirate, perplexe.

 - Euh... oui c'est ça Roy, acquiesça l'homme-poisson, avant de revenir à la foule.

 - Non non Habu, l'appela de nouveau le jeune homme, légèrement dans les vapes à cause de l'injection du médecin. La Famille Jackson, répéta-t-il, en insistant bien sur les trois derniers mots.

Quelques rires percèrent parmi les visages de l'assistance, amusé par l'état du jeune homme. Il était clair qu'il n'était déjà plus dans son état normal. Attendant que Roy ne clarifie sa pensée, Habu se força également à sourire.

 - Ne le prenez pas mal, reprit le pirate, mais "Le Gang des hommes-poissons de Las Camp" ça a toujours été pénible à prononcer. Vous devriez changer de nom. "La Famille Jackson" ça me paraît bien.

Surpris par cette suggestion inattendue, Le Silencieux se retourna de nouveau vers son audience, un sourcil haussé.

 - Ce serait le signe d'un nouveau départ pour les hommes-poissons de Las Camp, lâcha Adam Coste derrière lui, sortant une aiguille et du fil pour suturer les coupures du pirate.

Les membres de l'assistance échangèrent quelques regards. En face d'eux, Habu jaugeait leur réaction à l'idée du pirate.

 - Moi ça me plait, déclara la belle femme-poisson qui était déjà intervenu avant la confrontation avec O'Clayne.

De nombreuses personnes manifestèrent immédiatement leur accord avec la jeune créature. Bientôt, convaincu par ce symbole d'espoir et de renouveau et par les promesses du Silencieux, une effervescence gagna peu à peu la foule qui entrevoyait enfin une lueur d'espoir après ces dernier jours qui avaient été plus que difficiles.

 - Vive La Famille ! s'écria soudain une civile, son hourra immédiatement repris par un gros morceau de l'attroupement.

 - Vive Habu ! enchaînèrent ensuite les gangsters, choisissant de tourner la page, et d'accepter l'homme-poisson en tant que leur nouveau chef.

 - Vive moi ! hurla Kusaki en réponse à l'allégresse générale.

Un instant de flottement suivit l'intervention incongrue du guerrier improbable. Moria avait plaqué une main sur son visage, Roy n'ayant pas du tout fait attention à la scène, trop occupé à se demander pourquoi le monde tournait autour de lui.

 - Vive Kusaki !!! hurlèrent ses camarades de beuveries de la nuit dernière.

Leurs acclamations furent bientôt rejointes par la totalité de la population du hall.



 - Dès que je mets la main sur un médecin pour mon équipage, je le fais débarouler dans ta clinique pour qu'il te file une ou deux notions d'éthiques, jura Roy avec un grognement.

Découvrant pour la première fois la clinique médicale de la base secrète, Roy se réveillait enfin après deux jours passés à dormir. Absolument pas habitué aux produits stupéfiants en général - il ne buvait même pas d'alcool -, l'injection d'opium avait assommé le jeune pirate. En revenant à lui, il avait immédiatement commencé par invectiver Adam Coste qui n'avait que trop tendance à se reposer sur ce genre de produits agressifs.

 - Pff, tous pareils ces humains, grogna le médecin en s'occupant de Moria, bande d'ingrats...

 - Oh ça va Adam ! s'écria le blondinet. Ne commence pas à faire ta précieuse non plus hein ?

 - J'ai la nostalgie du temps où seuls les hommes-poissons étaient admis dans la base, lâcha le docteur, un air rêveur sur le visage.

À leurs côtés, observant la scène une bouteille de bière à la main, Kusaki flânait tranquillement sur un lit. Contrairement à eux, il n'avait pas reçu beaucoup de dommages au cours de toutes leurs péripéties.

Habu, le nouveau chef de la nouvelle Famille Jackson se présenta soudain aux portes de la clinique, ayant appris que son ami s'était enfin réveillé. Voyant qu'il désirait lui parler, Roy ignora les mises en garde d'Adam et se leva. S'éloignant de ses compagnons, il partit à la rencontre du Silencieux.

Ce dernier lui fit un rapide résumé de ce qui s'était passé durant ces derniers jours. Il lui raconta comment il avait ordonné la cessation de toutes attaques à l'encontre de la guilde et comment ses hommes étaient maintenant occupés à jouer les gardes du corps pour les hommes-poissons de Las Camp. Habu avait également mis un frein aux activités les plus macabres de l'ancien Gang des hommes-poissons, tel que l'assassinat ou le trafic d'opium. Ce n'était pas idéal, mais la Famille Jackson avançait dans la bonne direction, vers un avenir stable pour Las Camp au moins pour sa communauté amphibienne. Apparemment, la Marine de Las Camp recevait en plus des renforts, un régiment de deux cents hommes arrivant sur l'île, dirigé par le lieutenant-colonel Tenko Sozen.

Roy ne prit pas la peine d'expliquer à Habu en quoi cette nouvelle le ravissait, momentanément distrait qu'il était par ce qui se passait derrière eux. Moria invectivait Kusaski en agitant le canon de son fusil autour de la trombine du pirate légendaire, lequel faisait de même avec sa bouteille de bière. Leur relation ne semblait pas être au beau fixe, mais leur collaboration épique pour vaincre Shan Zeng était de bon augure. Ils avaient combattu ensemble, main dans la main, au mépris du danger face à un adversaire supérieur et ils en étaient ressortis victorieux. En parfaite harmonie, ils étaient à présent en train de parler et de ce qu'en voyait Roy, leur discussion était des plus passionnées. Il se félicitait probablement pour la performance de leur duo. C'était vraiment beau à voir.

Revenant à Habu, Roy le félicita pour sa "promotion" et pour son succès à prendre la Famille en main.

 - Ecoute Roy, exigea soudain l'homme-poisson, j'aimerais te remercier pour tout ce que tu as faits pour nous jusqu'à présent. S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour toi, tu n'as qu'à dire le mot et je mettrais des hommes sur le coup, déclara-t-il avec une tape sur l'épaule.

Réfléchissant à son offre pendant quelques secondes, un sourire vicieux barra soudain le visage du pirate.



Plus tard au cours de la nuit, le port militaire relié à la prison de Las Camp fut sujet à une attaque. Ignorant les hautes murailles qui abritaient le complexe, une horde d'hommes-poissons arriva depuis la mer. Sans se faire voir, ils jaillirent hors de l'eau et assommèrent rapidement les quelques rares gardes patrouillant le secteur.

Quelques minutes plus tard, Le Palazio leva mystérieusement l'ancre et sortit lentement du port, sans même lever les voiles. Profitant du voyage sur le pont de son nouveau navire, Roy lâcha une note à l'intention de Petersen Alec, qui voleta doucement dans l'air de la nuit avant de venir se déposer sur le quai.


"Merci pour ce beau vaisseau mÔssieur le commandant de la Marine et Directeur de la Prison de Las Camp.

Soyez assuré que j'en ferais bon usage, de lui et de ce qu'il contient. Comme de juste, je marque mon entrée dans le monde du capitanat avec cette nouvelle acquisition. Mon équipage grandit de jour en jour et les aventures qui nous attendent aux commandes de ce magnifique navire promettent d'être des plus palpitante. Je tenais à vous le faire savoir, vous promettant par la présente d'en avoir fini une bonne fois pour toute avec votre misérable prison.

Au plaisir de ne jamais vous revoir, je vous prie d'agréer, monsieur, du profond mépris que vous m'inspirez.

Roy D. Aston."


La cargaison se vendrait bien, tout comme l'armoire de vin précieux du commandant, Roy s'étant bien gardé de mentionner ce dernier détail à Kusaki. De toutes manières, quelque chose lui disait qu'entre un grand cru et un picrate de bas étage, le soûlard ne ferait pas la différence.
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