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Générations

T’sais, je n’ai pas toujours été ce croupier rasoir. Cet imbécile, ses gants de soie blanche, sa chemise bien repassée, ses clopes de marque et sa barbiche bien taillée, tout ça c’est venu après. D’ailleurs, à l’époque on ne m’appelait pas Raphaël Andersen. C’est simple, il n’y avait pas de Raphaël Andersen, pas de vierge ascendant lion, pas de croupier aspirant archéologue.
Juste un pauvre livre de contes, un vieux bougre et un gamin. Moi.

J’suis même pas sûr que tu m’aurais reconnu à l’époque… Ah si, ptet’ les cheveux ! Depuis le temps que je me les coltine, j’ai tendance à penser que ça choque plus personne. Mais bon, vu les jolis quolibets que je collectionne, faut croire que c’est pas si commun. On m’a traité de plante verte, de ruminant et puis tout un tas d’autres trucs plus ou moins graveleux, toujours plus ou moins branché verdure, feuillage ou touffe… hé. Si tu vois ce que je veux dire. J’étais encore un gamin, j’comprenais pas tout mais au moins j’apprenais du vocabulaire. La belle école.

T’aurais dû me voir, huit ans à peine et toujours en train de chercher la bagarre. Zébré de crasse, défroqué et le dentier troué de la perte de mes premières canines, en train de crier « À l’abordage ! » comme les héros de mon enfance. Trouvé et recueilli par une canaille, je n’avais pas d’histoire, je n’avais pas de nom. Et pourtant  ça ne m’a pas empêché d’être heureux ! J’ai été adopté et élevé par une bande des pirates, des putains d’idéalistes décidés à dire merde à la société et de voguer selon leur bon plaisir. Des anarchistes, des imbéciles, des illettrés mais sans la violence gratuite. Moi, au milieu de tout ça, j’étais « Le Gamin ». Un gamin heureux, pas forcément très bien élevé, mais épanoui.

Je suis toujours un pirate de cœur et de liberté…

Eh, fronce pas les sourcils comme ça ! C’est pas comme si je venais de t’avouer, un couteau sous la gorge, que j’étais un meurtrier. Alors certes, on se servait un peu partout, il m’arrivait de piocher dans les bourses un poil trop ouvertes, mais on n’était pas du genre à dévaster et à massacrer. C’était un équipage pépère, pas un de ceux primés et surmédiatisés qui cherchent à s’embrouiller avec le Gouvernement. Juste à l’ignorer

Et puis bah… si mon cœur est au rouge, ça m’empêche pas d’ penser que parfois les marines font du bon boulot ! Je ne cherche pas les emmerdes moi, j’compte pas révolutionner le monde. Le gouvernement dans son ensemble j’dis pas, mais chez les mouettes j’ai quand même croisé quelques bons bougres. Ils se ressemblent tous dans leurs uniformes débiles, on les conditionne à pas sortir du rang, c’pas facile de les repérer, mais il y a quelques perles rares.

Un peu comme lui là. Un mec bien, carrément posé, pas du genre à s’embarquer dans des causes extraordinaires pour récolter quelques gloires. C’est l’genre de type qui aime faire le bien autour de lui et est prêt à se sacrifier pour ça. Suffisamment intelligent et têtu pour s’en tenir aux causes qui lui tiennent à cœur, qu’importe l’autorité. Depuis le jour où je l’ai rencontré, j’ai toujours plaisir à retrouver sa trombine dans un journal. Je souris à chaque fois.

Un jour comme un autre qui commence par une arrestation.

... ... ...

Je me cache dans un tonneau, je m’éclipse, me fais tout petit. J’observe les poings serrés, l’envie de crier, de m’indigner devant la blancheur de ces oiseaux de malheurs. À travers le judas de ma cachette, je ne vois que deux armes pointées sur le Gros Mike, un timonier adorable qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche si ce n’est pour la gober et amuser la galerie. J’aimerai voler à son secours mais le vieil imbécile m’a ordonné de ne pas bouger et j’enrage. Le cliquètement des menottes qu’on ferme cesse et le Gros Mike sort de mon champ de vision, comme tous les autres. J’entends des ordres confus, des pas lourds qui s’éloignent et débarquent à terre.

C’est tellement injuste.

Ils n’ont rien fait. Moi non plus. Pourquoi alors ?
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Mais pourquoi on les arrête déjà ?

« Sergent Mitard ? Que j’balance à mon supérieur avec tout le respect que j’suis capable de feindre.
-Oui Kosma ? Vous n’allez pas encore me demander de relâcher ceux-ci ?
-Oh, ça non, j’ai abandonné l’idée de vous faire changer d’avis sur ce genre de sujet. C’est plutôt que j’me dis que vous serez suffisamment pour les mettre aux fers, et comme j’ai vu une petite échoppe qui m’intéresse là-bas…
-Vous devriez faire attention avec l’alcool soldat, vous n’obtiendrez jamais rien de bon grâce à ça. Pas de promotion, pas de souplesse pour vos erreurs.
-Compris Sergent, pas plus haut que le verre. »

C’est drôle. Ce gars-là a bien cinq ans de moins que moi et autant d’années en moins à servir le gouvernement et il croit qu’il m’apprend la vie. Ça m’fait rire ce genre de bonhomme un brin rigoriste et pète-sec qui sous prétexte qu’il possède un grade, se gonfle comme un coq à chaque fois qu’il peut juger l’attitude d’un de ses sous-fifres. Pas de promotion ? Mais tant mieux mon gars, diriger ça m’fait le même effet que les chocolats de Noël ; au début t’es content, tu te crois le roi du monde, puis la crise de foie arrive et tu regrettes, amèrement.

Quoiqu’il en soit je les regarde partir tout en m’allumant une tige. J’ai l’sourire qui m’tient la bobine comme jamais. En fait d’échoppe, c’est surtout que j’veux mener ma p’tite enquête pour savoir pourquoi on a fait arrêter tout cet équipage. Histoire de confirmer mon sentiment que c’est du chiqué, et que ces gars-là ont rien fait d’autre qu’avoir une bonne grosse envie de vivre.

« Dis moi gamin, toi aussi tu fais partie de cet équipage ? »

C’est à un gros tonneau que je m’adresse. Qui sursaute. Il croyait que j’allais pas le remarquer ? Le pauvre petit, ça n’a tenu à rien. Un doux toussotement de colère émis par un bac de bois lors de l’arrestation d’un timonier suffit à vous griller une couverture quasi parfaite.

« Allez, sors de là, j’vais pas te faire de mal, ils sont tous partis.
-Vous allez m’arrêter dès que je vais sortir d’ici c’est ça ?
-T’arrêter ? Pourquoi faire ?
-Pour complicité, nan ?
-Hahaha, complicité, mais ce qu’il faut pas entendre. Déjà, j’ai pas bien compris pour quelle raison ils avaient été arrêtés tous ces zigs. C’est pour meurtre, pour vol de bijoux ou pour plus grave que ça, du genre ils ont craché par terre un peu trop près des pieds du sergent Mitard ?
-On est des fiers pirates, vous moquez pas d’eux !
-Hahaha gamin, j’me moque pas, j’essaie de comprendre. Allez, sors de là gamin, et j’te promets que j’toucherai pas à un poil de ta caboche.
-…
-Promesse d’Alexandre Kosma. On m’a toujours dit que c’était bien de se présenter pour mettre en confiance. Alors c’est ptêt un peu tard mais bon…
-…
-Si tu veux pas sortir, dis moi au moins ton nom. Sinon c’est clair je vais t’appeler tonneau jusqu’à la fin de ta vie. »

Le gamin bronche toujours pas. Drôle le loustic. Sans doute persuadé que j’vais le mettre aux fers comme tous ses petits camarades dès l’instant où il sortira de son trou. J’ai toujours aimé cette âme de rébellion un peu innocente qu’ont les mômes, parfois jusqu’assez tard. La mienne est toujours là, à contredire les supérieurs et à continuer à tracer ma route. Certes, j’suis pas hors la loi, mais j’ai une forme d’idéalisme qui m’fait jouer un peu avec les règles pour faire avancer le bouzin sur une pente plus sympathique. J’regarde mon tonneau avec compassion. Ça doit pas être tous les jours facile pour lui. Le genre de gamin qui a été trimballé toute sa petite vie alors qu’il aurait juste mérité un foyer où grandir posément.

« Allez, si tu m’sors ta tête d’ici et que tu m’racontes un peu qui sont ces p’tits loups que le Sergent a fait embarquer, je t’offre un verre, et peut-être que j’essaie de les faire libérer, si t’arrives à m’convaincre. »

Le couvercle du tonneau bouge de quelques centimètres. J’sais pas si j’ai réussi à le faire sortir, mais en tout les cas, je l’intéresse. C’est le verre ou la possibilité de faire sortir ses camarades ? J’espère qu’il ne s’attend pas à ce que je lui paye de l’alcool, à son âge...


Dernière édition par Alexandre Kosma le Jeu 5 Nov 2020 - 11:23, édité 1 fois
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Lentement, prudemment, je soulève le couvercle du tonneau avec un surplus de précautions. Je tremble encore, incapable de reprendre la parole et de répondre aux sollicitations de cette vieille mouette. Faut pas croire que le grisonnant me fait peur, il est loin d’être impressionnant, avec son sourire idiot et sa barbe mal rasée il ressemble plus à un clochard qu’à un représentant de l’ordre. Mais j’ai pas confiance...

Ses paroles rassurantes, son air bonhomme, les oiseaux de malheur qui s’étaient pointés la veille avaient exactement les mêmes. Ils avaient convaincu l’équipage avec de beaux mots, étaient restés boire un verre à bord plus de temps que de raison pour des hommes en uniforme et voilà où on en était. Mon équipage et moi on est pas du genre à se fâcher avec quiconque, mais là je suis hors de moi et même si ma petite caboche n’arrive pas à en saisir toute l’immensité, j’en veux à la Terre entière.

On me fera pas le coup deux fois, qu’il approche sa grosse main de trop près et je la mords à pleine dents, je la charcute, je lui arrache et j’en fais un truc immonde : style du pâté de volaille. Il m’a peut-être débusqué mais face à lui il a un animal, je me défendrai comme un fauve qu’on accule, il n’est pas question que j’abandonne ma famille. Je suis leur dernier espoir, il ne m’aura pas, foi du gamin !

Rassemblant mon courage en singeant les attitudes des plus braves de mes compagnons, je m’assure que nous sommes bien seuls et finis par faire tomber le couvercle. Il n’a pas le temps de m’attraper que je me suis déjà extrait du tonneau d’un bond, j’attrape une corde, me hisse et prend de l’élan en sautant du bastingage. Suspendu en l’air, je me sens des ailes pousser alors que l’effet de balancier me ramène aussi vite qu’il m’en a éloigné de mon adversaire, j’arme ma jambe, concentre toute ma rage et me prépare à lui décocher mon plus beau chassé au visage.

Mais...  

"Jolie cabriole. Mais tu ne t’es toujours pas présenté gamin, ce serait la moindre des choses à faire avant de me chercher la bagarre. "

Je le vois cracher son mégot et l’écraser consciencieusement sur le plancher. Un peu comme ma tentative de fuite. Je suis encore suspendu en l’air, mais cette fois par ma cheville qu’il a attrapé bien trop facilement, la tête en bas et avec pour seul vision son sourire qui ne m’inspire qu’une bienveillance de circonstance. La gravité fait affluer le sang à ma tête et mes joues s’empourprent, de colère encore mais surtout de cette nouvelle humiliation.  
J’enrage.  
J’ai pas confiance.  

"
- Qu’à cela ne tienne, ce sera Tonneau, tant pis pour toi p’tit gars je t’avais laissé ta chance et... " s’apprêtant à me reposer à terre, probablement pour mieux m’appâter, le Marine s’arrête dans son mouvement, rapproche sa tête de mon visage pour mieux me regarder, pouffe et retient un grand éclat de rire "Hahaha gamin, t’as une bien drôle de bouille quand tu t’énerves toi ! Qu’est-ce que tes parents ont voulu faire pousser sur ta tête exactement ? Haha-AÏE ! "

Un bon coup de boule dans le nez a fini par le calmer. Qu’est-ce qu’il croit ? Qu’en faisant le triple de ma taille il a forcément l’ascendant ?! C’est qu’il m’a pas vu me bagarrer avec le gros Mike celui-là ! Qu’il ne s’y frotte pas de trop près sinon la prochaine fois son nez je le mords, je le mâche, je l’arrache et j’en fais un truc dégueu : genre du foie de morue.

"Hmpf... Mérité certes...
- Dis Kosma ? "

De retour sur mes deux jambes, à l’air libre sur le pont de mon foyer, je retrouve un peu de mon calme et de ma lucidité. Le gars a l’air un peu idiot mais n’a pas l’air d’avoir un mauvais fond. Pour un gamin de huit ans, je me considère comme aussi capable (voir même plus) et débrouillard qu’un adulte. Pourtant cette fois, on parle de ma famille de cœur, de mes frères et du vieux. Je peux pas foncer tête baissée et faire n’importe quoi, un peu d’aide pourrait être bien venue.  

Alors que je m’apprête à fraterniser avec l’ennemi, je sors une clope du paquet que je viens de chaparder au marine. Un peu plus de sérénité ne se refuse pas. Je craque une allumette, embrase le bout de ma cigarette et range le paquet dans la poche de son propriétaire.

"Mais qu’est-ce que c’est que ces manières Tonneau...
-J’accepte que tu*kof kof* m’aides Kosma *kof kof*, mais seulement si *kof kof* seulement si *kof kof* " réalisant que ses cigarettes sont de mauvaise qualité et beaucoup moins sucrées que ce à quoi je m’attendais, je décide de m’en débarrasser "J’acceptes que tu m'aides, mais seulement si tu me payes à manger. "  

Je ne reviendrai pas sur ma proposition, le vieux m’a appris à être difficile en affaire.
J’ai pas confiance, certes. Mais je commence à avoir faim.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Sam 28 Mar 2020 - 16:22, édité 1 fois
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Il me vient un rire que j’peine à étouffer Faut pas qu’il croie que j’me fous de sa gueule le minot, il a l’air susceptible. Alors je lui tend la main avec un air de « marché conclu ». J’le vois qui hésite. Il est vraiment trop adorable. Il finit par me tendre la main et la serrer comme il peut. Il essaie de paraître plus dur qu’il ne l’est. Il doit avoir quoi, huit, dix ans, et a sûrement été élevé auprès des types que le sergent Mitard a coffrés. Pauvre gosse, c’est pas une vie.

J’me retourne et d’un mouvement d’épaules je lui enjoint de me suivre. Pas un regard dans sa direction. L’idée c’est qu’il puisse pas croire que j’le surveille parce que c’est un môme. La vérité c’est que j’pense pas qu’il ait quoi que ce soit à craindre à l’heure actuelle. Un gamin, même avec des cheveux verts, qui s’promène aux côtés d’un type en uniforme de mouette, on va pas v’nir lui chercher des poux. Et j’suis à peu près persuadé qu’il me suis. J’entends ses pas derrière moi, il fait l’effort de se maintenir à mon niveau, je fais en sorte de marcher légèrement plus vite que son rythme de croisière. Qu’est-ce que ça peut se prendre pour quelqu’chose d’important à cet âge là.

« Bon, Tonneau, que j’lui fais en m’arrêtant devant un bouge pas trop dégueu, ça te va si on déjeune là. J’avoue que j’ai une p’tite fringale également, et j’aime bien parler en mangeant.
-T’es dégueulasse. On parle pas la bouche pleine. »

M’a scotché le gamin. Quelle répartie putain. J’en reviens pas. Il opine quand même du crâne quand j’lui redemande s’il veut grailler ici. Et cette fois-ci c’est lui qui ouvre la marche. On entre dans ce qui semble être un établissement de moyenne classe. Quelques tables suffisamment espacées pour ne pas se sentir obligé d’intervenir dans les conversations des autres, des nappes cirées, et un mélange d’odeurs de cuisine de mamie et de jasmin frais. Un serveur arrive au bout de quelques secondes, dans une tenue qui, si elle ne vaut pas grand-chose, a au moins le mérite d’être un peu plus habillée que dans certains bistrots de bord de mer où un gars en marcel blanc tâché d’huile vient te vendre son poisson plus franchement frais. Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais opté pour le marcel et le poisson pas frais, mais j’souhaite quand même impressionner l’gamin.

« Messieurs, vous désirez ?
-Une table pour deux, un peu à l’écart, pour être tranquilles.
-Ouais, renchérit le gosse, on veut parler boulot. »

Le serveur réprime un sourire, attrape deux cartes et nous entraîne vers un petit espace un peu à l’écart des autres, là où la pièce fait un coude. On s’installe, il nous ouvre en grand les menus et nous les insère dans les paluches. J’vois que l’gamin a grand les yeux écarquillés. Gagné, le peu de standing que possède cet établissement fait office d’esbroufe, il devrait me prendre au sérieux. Le m’sieur nous dit qu’il revient pour la commande. J’pose rapidement la carte après avoir choisi un plat, et j’focalise mon attention sur le mioche, qui lui est entièrement absorbé par le choix de son futur plat.

« Bon, première chose, qui sont ces gars avec qui tu traînes ? Y a ton père dans l’lot ? Ta mère ? Un cousin éloigné ? Ou bien ce sont juste tes potes ?
-...
-Euh, tu m’écoutes ?
-Non, je choisis, c’est quoi du magret de canard ?
-C’est bon.
-D’accord, t’en sais rien.
-Je sais juste que c’est bon.
-Je vais prendre ça, avec des frites. »

Je lui repose donc ma question. Il me répond par une autre question. Plutôt malin pour son âge le gamin. Il veut que j’lui apporte la preuve de ma bonne foi avant d’avancer ses pions. Je sais pas qui sont ces gens en taule, mais si ce sont eux qui lui ont appris tout ça, chapeau. J’déballe donc mon sac. J’lui crache des infos sur moi et sur pourquoi j’me comporte de la sorte. Pourquoi je « désobéis » à mes supérieurs en quelque sorte. Qu’est-ce que je reproche à Mitard notamment, et à sa troupe de casse-genoux. Et j’crois que quand son assiette arrive devant lui et que j’le vois saliver complètement, il est acquis à ma cause. Il va parler.

Bon, il va manger d’abord, mais il va parler.

J’pique moi même dans mon assiette quelques haricots verts. J’crois que j’kiffe les gamins. J’crois aussi que jamais j’en voudrai. Pas parce que ça me saoulerait de m’en occuper, plutôt parce que je ferais un super mauvais paternel, le genre toujours absent. Et comme la maman serait pareille, à quoi bon ? Je mange un peu doucement, de façon à ce qu’il m’en reste quand il commencera à me lâcher un peu d’infos.

« …
-…
-… »

Ouf, ça y est, il commence, il me raconte un peu la vie à bord, les différents bougres qui composent ce petit équipage. Des pirates ! qu’il avoue avec de la brillance dans l’fond des yeux. Il raconte comment il s’est retrouvé parmi eux, comment se passait sa vie et ce qui composait le quotidien de ces joyeux marins. De ce que j’en capte, ils ont pas l’air bien méchants. Comme la majorité des proies du Sergent Mitard ; des équipages qui se revendiquent Pirates, mais qui feraient pas de mal à une mouche tant qu’on les laisse voguer un peu comme bon leur semble. Des hippies anars quoi…

« Bon, que j’lui fais quand il trouve plus rien à dire, et t’as pas la moindre idée de ce que le sergent Mitard a pu reprocher à tes copains. Il trouve toujours une petite raison pour faire du chiffre, sinon il sait que j’m’en mêle et ça l’saoule.
-Nan, je sais pas, on n’avait rien fait de mal cette fois-ci. Enfin, je crois…
-Bon, mon Tonneau, on va aller rendre visite à tes copains, ils pourront p’têt nous en apprendre un peu plus.
-Comment ça, on va leur rendre visite ? On me laissera pas entrer !
-Si on camoufle tes cheveux, un peu trop reconnaissables, et qu’on dit que t’es mon neveu de passage sur l’île qui a super envie de visiter l’endroit où travaille son tonton, ça devrait le faire.
-Tes collègues ils sont vraiment si bêtes pour croire ça ?
-Tu n’imagines même pas mon p’tit Tonneau… D’ailleurs Tonneau, ça va pas l’faire comme couverture auprès d’mes supérieurs. Ce sera Tony, ça t’va ? »

Il me regarde avec un p’tit sourire en coin, un futur moi le gamin. Je sens bien qu’il est d’accord avec mon plan. J’suis plutôt content que ça se soit passé aussi bien. Je finis de saucer mon assiette et je m’apprête à appeler le serveur pour payer l’addition.

« Attends, j’ai même pas pris de dessert. Je veux une glace ! »


Dernière édition par Alexandre Kosma le Jeu 5 Nov 2020 - 12:01, édité 1 fois
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Je crois que j’aime bien Kosma. J’dis pas que je l’admire ou quoi, faut pas abuser c’est quand même un soldat, mais d’une certaine façon on se ressemble un peu. Son sourire qui m’énervait tantôt m’apporte du réconfort, sa voix tranquille apaise mon tourment, il a pris le temps d’écouter l'histoire de ma vie et de partager un bout de la sienne, d’une certaine façon je crois qu’on arrive à se comprendre. Les embobineurs, j’les connais –j'en suis un !- et lui m’a vraiment l’air sincère quand il parle de son travail.  

J’ai pas voulu lui donner tout de suite mon avis sur la question, j’sais que les grandes personnes aiment pas trop qu’on questionne leur choix de vie, mais je pense qu’au fond, s’il avait eu le choix, il aurait pas voulu être marine... Il a dû se sentir obligé, poussé par les parents ou par un mauvais coup de la vie. C’comme pour la tournée d’épluchage de patates, on décide ça aux cartes et le perdant met la main à la pâte. Personne éplucherait des patates par plaisir franchement et ça me rappelle que je suis bien content d’être dans ma situation, jamais le vieux m’obligera à devenir une mouette. Beurk !

Je ne connais pas mes géniteurs, je ne sais pas d’où je viens, je n’ai même pas vraiment de nom mais c’est pas plus mal. “Un sans-histoire" comme dirait le vieux, un vagabond des mers qui a tout l’avenir pour écrire sa légende. Peu importe où la vie m’emmènera, on ne prendra pas des décisions à ma place. Encore moins quand il s’agit du nombre de boules.

"Mandarine, Pèche de vigne, Myrtilles, Pamplemousse et Framboise... T’as pas eu les yeux plus gros que le ventre gamin ? " me redemande une énième fois le Marine qui, de toute évidence, n’apprécie pas les sorbets.
"C’est pas de ma faute s’ils avaient trop de choix... "

Patient, il accepte cette nouvelle excuse tandis que je continue de savourer mon dessert en réfléchissant à un plan d’action. Cela fait bien vingt minutes qu’on est arrivé à destination mais comme certains de ses collègues -notamment le fameux Sergent Mitard- ont l’air de s'attacher à des petits points de détail du règlement, il a préféré que je termine ma glace à l’extérieur. Drôle de procédure, mais il est dans son élément je peux au moins lui faire confiance là-dessus. Alors les parfums s’enchaînent et il m’en demande un peu plus sur les membres de mon équipage, sans trop en dire, je développe un peu les différents profils qui composent ma famille on finit par se mettre d’accord  qu’on doit commencer par voir le Gros Mike ou le vieux parce qu’à cette heure, le Capitaine doit encore être encore ivre de la veille. Il a déjà causé des problèmes et faillit embrocher un marine au moment de son arrestation, selon Kosma c’est lui qui aurait le plus de mal à s’en sortir et qui, à l’heure actuelle, devait être en cellule de dégrisement.  

Comme promis, il me visse un grand chapeau cloche sur la tête pour camoufler ma chevelure et je lui donne la fin de mon cornet. Il se lève, l’avale d’une bouchée et marque notre entrée au poste d'une abominable grimace :  

"Trop acide.. Trop Sucré... Ça ne vaut quand même pas une bonne crème glacée... Il y a certaines cochonneries qui auraient gagné à ne pas être inventées.  
- Tu peux arrêter de postillonner partout tonton Kosma, je signe le registre des entrées, j’veux pas que ça bave partout. "

À peine a-t-on franchi les portes que je suis déjà dans mon rôle, notre arrivée attire forcément l’attention des mouettes et avant même qu’ils n’aient le temps de les poser, je réponds à leurs questions. Je suis mon personnage, le Tony est déjà mien.  

"Votre neveu Kosma ? " s’interroge bêtement l’un des plus jeunes du lot, recevant une simple réponse affirmative, il ne peut s’empêcher de meubler "Et alors mon garçon, tu viens voir comment ton oncle arrête les méchants ? Tu sais ici, la vie n’est pas aussi trépidante qu’on pourrait le croire ! Il y a beaucoup de paperasses et les bons gros coups de filets ne sont pas monnaie courante ! T’as de la chance d’être là aujourd’hui, la pêche a été bonne ! C’est quoi ton petit nom ?  
-Bah je viens de l’écrire sur le registre. T’as qu’à regarder. " lui réponds-je comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, ce qui est le cas. Il saisit la feuille volante sur lequel je viens de gribouiller mon pseudonyme et s’étonne :  
"Depuis quand est-ce qu’il y a un registre d’entrée ici ? "vient s’incruster son collègue moustachu en regardant par dessus son épaule. Kosma hausse les siennes comme pour lui répondre que j'avais saisi la première feuille volante qui venait et avait voulu jouer au grand "T-O-N-N-Y, Tonny donc ? " décrypte-t-il troublé mais quand même un peu amusé "Avec deux N, marrant comme orthographe je ne connaissais...
-Bah oui, deux N, comme dans tonneau. "

Je ne le dis pas à voix haute, mais un “idiot” ponctue ma phrase. Kosma avait raison, ils sont plus bêtes les uns que les autres et ne semblent rien y comprendre à l’étymologie et aux diminutifs. Forcément qu'il y a deux N. Je sais écrire moi, il m'a pris pour qui celui là.
En parlant de Kosma, il va falloir qu’il m’explique pourquoi ses collègues ont le droit de se baffrer de donuts de toutes les couleurs alors qu’il m’a obligé à expédier ma glace. Ces mouettes se croient vraiment tout permis, leur salaire est volé mais je fais en sorte de ne pas m’énerver. Ma couverture avant tout.

"On va voir les méchants tonton ?  
- L’un de vous a vu Mitard, j’aimerai faire faire un petit tour du propriétaire au gamin et lui montrer comment on procède à un interrogatoire. " tente mon ami Marine pour suivre notre plan.  
- L’est occupé avec le vieillard en salle d’interrogatoire, il doit bien le cuisiner. Le capitaine de ses fripouilles est complètement cuité et, si on a bien retrouvé un des canards en platine de Grammon à bord de leur navire, il en manque encore deux. " nous explique le moustachu alors que je tressaille d’inquiétude pour le vieux, Kosma s’en rend compte et pose une main rassurante sur mon épaule. Son collègue qui vient de regagner son bureau, un Donut’s déjà à moitié enfourné dans la bouche, se penche pour récupérer quelque chose dans son tiroir "Tiens voilà les clés, faites gaffe leur timonier est une vraie machine à tuer. T’approche surtout pas de trop près Tonny, avec deux N ! Héhé ! "

La langue de celui-ci, dès que j’en ai l’occasion je la coupe au ciseau, je la hâche, je l'écrase et j’en fais un truc pas comestible : genre de la purée de tripes !


Dernière édition par Raphaël Andersen le Jeu 9 Avr 2020 - 17:57, édité 2 fois
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J’attrape le trousseau que m’balance Fernand et j’fais signe au gamin de m’emboîter l’pas. Les geôles sont au sous-sol, j’ouvre une porte et on emprunte un p’tit escalier en colimaçon qui y mène. C’est un endroit assez sombre, mais relativement sec, ce qui pour une prison n’est pas toujours le cas. À part les membres de son équipage, y a que deux ou trois loubards endormis. Généralement les prisonniers font pas long feu ici, Mitard adopte une méthode expéditive. Il les asticote jusqu’à ce qu’ils avouent. Qu’ils soient coupables ou innocents, ça n’a pas beaucoup d’importance, tant qu’il peut les envoyer tâter un peu d’prison quelque part, et rajouter ça à son petit palmarès minable.

Le môme fonce vers son copain timonier, le Gros Mike. J’ai pas l’temps d’lui dire quoi que ce soit qu’il a déjà salué en riant son ami. J’aurais dû faire plus attention, faut pas que j’me fasse remarquer, ni lui non plus. Mitard serait capable de foutre le gamin en taule.

« Vous avez pas honte de mettre un gosse derrière les barreaux, que m’adresse le gros timonier.
-Pour l’instant il n’est pas derrière. Mais faites gaffe m’sieur Mike, mon neveu est très heureux d’arrêter de fiers pirates.
-Votre nev… Qu’est-ce qu’il raconte celui là gamin ? C’est ton onc’ ?
-Pour de faux Gros Mike, chuchote Tonneau. Il veut m’aider à vous libérer.
-Méfie toi des mouettes gamin, il te tendent une main, mais c’est pour mieux te planter une dague dans les côtes de l’autre. Qu’est-ce qu’il veut en échange ?
-Moi ? Rien. J’aime pas trop les méthodes de Mitard, et j’crois pas que vous soyez franchement méchants. Vous vous encombreriez pas d’un gamin aussi pénible, que j’réponds en souriant, quand bien même la question ne m’était pas adressée. »

Il me dévisage un instant. Pas confiance. Normal. Quand on est en taule, peu importe ce qu’on a fait ou pas, il est d’usage de se méfier de la Mouette. Même si celle-ci te dis qu’elle est de ton côté. D’abord parce qu’elle peut mentir, bien que pour ma part, je sois plutôt mouette rieuse que menteuse, et ensuite parce que les gens agissent presque toujours par intérêt. J’devrais peut-être songer à faire ça… Ça m’aiderait peut-être à plus être le troufion de base à trente-huit ans, obligé de suivre les ordres de supérieurs incompétents.

« Bon, on va faire vite. J’aimerais pas que le sergent Mitard puisse y redire à ma venue ici. J’crois avoir convaincu le p’tit Tonneau…
-Tonneau ?
-Je l’appelle comme ça, il a pas voulu me dire son nom. Donc j’crois l’avoir convaincu que j’étais de bonne foi. Maintenant il faut que vous me croyiez pour qu’on puisse arriver à quelque-chose. Ce qui m’arrangerait quand même c’est que vous soyez innocents de ce dont on vous accuse.
-On est innocents ! Quand vos collègues ont fouillé le bateau, ils en ont ressorti une statuette en forme de canard qu’on avait jamais vue de not’ vie.
-Calmez-vous.
-Calme-toi Gros Mike, moi je crois m’sieur Kosma. C’est quoi cette histoire de statuette ? Pourquoi on volerait des statuettes ? Surtout en forme de canard, c’est moche.
-Parce qu’elles sont faites en platine. Une matière très précieuse.
-Mais on les a pas volées ! J’suis sûr qu’on les a mises là pour nous piéger. »

C’est bien possible en effet. J’réfléchis un peu, et j’demande à tout le monde de baisser le ton. Faudrait pas qu’on rameute Fernand ou pire, Mitard, ils seraient capables de faire des âneries. Me manque tout de même deux infos, qui voudrait les piéger, et pourquoi ? C’est une fois de plus le Gros Mike qui répond. De ce que je comprends, c’est lui qu’a l’autorité quand le capitaine roupille, et de c’que j’peux voir, ce dernier est bien assoupi. Ah les ravages de l’alcool. Le timonier me fait part de deux trois types avec qui il y aurait eu des embrouilles, mais ça m’convient pas, ça tient pas debout, c’est de l’ordre de la petite querelle à trois sous, pas suffisant pour planquer des affaires volées et dénoncer à la maréchaussée.

« Mais sinon, j’pense que ce sont les Marines qui sont venus hier. On les a accueillis pour boire un verre, nous, on s’est pas méfiés et on évite de s’prendre le chou avec les autorités pour rien.
-Des Marines sont venus sur votre bateau hier ? Pourquoi tu m’avais rien dit Tonneau.
-Bah, j’sais pas, peut-être parce que t’as pas demandé.
-Toujours aussi insolent. C’étaient les mêmes qui vous ont arrêté ?
-Ah ça non, pour sûr, je les aurait reconnus, on est restés longtemps avec eux, ils ont même couché le Capitaine à un jeu de boisson. Voilà pourquoi il est toujours dans cet état là. Je suis même pas sûr qu’il se soit vraiment rendu compte qu’il est en cage…
-Ouais, moi aussi je les ai vus et c’étaient pas les mêmes, approuve le môme.
-Bon, ça me suffira pour chercher. Les procédures de Mitard ont beau être expéditives, ça va durer quand même quelques jours avant qu’il vous envoie au trou. Puis comme il tente de savoir où sont les deux canards manquants… »

J’suis interrompu par un bruit de porte, en haut. Sans doute Mitard qui redescend le prisonnier. Faudrait pas que le gamin fasse le moindre faux pas devant lui. Je lui mets une main sur la tête et j’glisse un doigt devant ma bouche. Il secoue la caboche. Il a compris. Quand mon supérieur et l’vieux pirate sont redescendus à notre niveau, on a l’droit à deux réactions. Celle de surprise du prisonnier de voir le mioche à côté de moi, et celle d’agacement du sergent de me voir toujours dans son chemin.

« Qu’est-ce que vous foutez là Kosma ? Il y en a qui travaillent.
-Désolé sergent, mon neveu voulait absolument voir des prisonniers. Vous avez obtenu quelque-chose de celui-ci ?
-Pas vos oignons. Mais puisque vous tenez tant à le savoir, pas encore. Ça ne saurait tarder, cette racaille est plus bête que tout, elle finira par se trahir.
-Dites, une autre question. On a d’autres unités qui patrouillent dans l’secteur en ce moment ?
-Bien sûr que non, on n’a besoin de personne d’autre, on gère très bien. Arrêtez vos questions idiotes et rendez-vous utile, débarrassez le plancher, vous et votre neveu. »

J’me fais pas plus prier, je pousse le Tonneau dans l’escalier pendant que Mitard enferme le vieillard dans une cellule individuelle. On remonte rapidement, je rends les clés à Fernand et on sort, en vitesse. Je regarde le gamin en laissant dériver mes pensées sur cette affaire de canards en platine. S’il n’y a pas d’autres Marines dans le coin, qui étaient les gars en uniforme présents sur le navire la veille ? Sans doute les véritables voleurs, il me fallait les retrouver pour faire sortir de taule les p’tits potes du gosse. Et pour ça, j’allais avoir besoin de son aide.

« Alors Tonny, Tonneau, prêt à mener l’enquête auprès de tonton Kosma ? »


Dernière édition par Alexandre Kosma le Mar 10 Nov 2020 - 18:08, édité 1 fois
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Tu parles que je suis prêt, j’ai jamais été aussi motivé de ma vie à faire quelque chose ! J’avoue que jusqu’ici j’étais pas trop confiant, juste bien déboussolé, en colère aussi, mais sans trop savoir si j’allais pouvoir faire quelque chose pour aider mes compagnons. Et puis j’ai vu leur regard briller, pétiller en me voyant descendre les escaliers, leur voix a tremblé quand Kosma leur a expliqué mon plan. Je suis un peu leur sauveur, leur seul vrai espoir de s’en sortir et je ne compte pas les décevoir. Je me dois de sortir mon équipage de ce pétrin, et quand ce sera fait on fêtera ça et on en reparlera comme d’une mauvaise blague, on m’autorisera même à boire de l’alcool !... Du moment que le vieux n’est pas au courant héhéhé.

Alors je sors du commissariat avec un air conquérant, Kosma sur les talons, prêt à faire éclater la vérité au grand jour et sauver les innocents tels de fiers guerriers de la justice, l’idée m’enchante bien et je me suis déjà bien fait à mon rôle d’enquêteur en herbe. Je sens du fond de mes tripes que je suis doué pour ça. Mon regard suspicieux s’attarde sur les passants et pour chacun d’entre eux, je m’affaire à dresser un profil psychopathique… psycho…  fin’ un profil psychomachin quoi, histoire de savoir s’ils peuvent être coupables ou non, mais après avoir déduit que le boucher trompe sa femme avec la boulangère, que le curé est probablement un agent révolutionnaire et que la jambe de bois du livreur n’est pas de bonne facture, je ne suis pas plus avancé et je me décide à demander de l’aide à mon assistant.

"Bon Kosma, comment est-ce qu’on commence ?
- Commencer quoi ? " me demande-t-il avec son grand sourire, ayant pris le temps de s’allumer une nouvelle tige en me regardant passivement entamer l’enquête. On dit les adultes responsables, mais il y a certain à qu’il faut sérieusement secouer les puces pour qu’il se décide à bouger bon sang…
"Bah à mener l’enquête ! Pour découvrir les vrais coupables là…" rétorqué-je un peu gêné qu’il m’oblige à énoncer des évidences "Moi j’ai ma petite idée hein, crois pas ! Mais comme c’est ton boulot d’habitude, je me dis qu’on peut essayer de commencer à ta façon. Voir si ça peut marcher tu vois, je suis là pour voir comment mon tonton travaille après tout." me rattrapé-je avec un air malicieux.
"Hahaha, pour bien commencer une enquête mon petit Tonneau, il faut d’abord se poser les bonnes questions. Tu veux bien noter ? " me demande-t-il en sortant un bloc-notes et un stylo de sa poche, je les attrape mais je préfère tout de suite préciser :
"Oui, mais c’est quand même toi l’assistant, qu’on soit bien d’accord.
- Les bonnes questions donc. Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? " commence-t-il à expliquer alors que les inscrivant chacune sur une page différente du bloc-note, je l’écoute religieusement me parler d’heure du crime, d’alibis, de mobiles et d’autres concepts que j’essaye d’assimiler.

Il prend son rôle d’éducateur très à cœur et répond avec plaisir à mes questions enthousiastes. Quand enfin je suis satisfait, je range mon matériel d’enquêteur dans ma besace et me met en route, sûr à présent de la marche à suivre.

"Qu’est-ce que tu fais gamin ?
-C’est évident pourtant, si on veut répondre à toutes ces questions, recueillir des témoignages et trouver des suspects, il faut aller sur le lieu du crime. Chez Roland Grammon, le riche qui s’est fait voler ses canards en plâtre. " lui répliqué-je fier, ayant déjà mis à profit sa leçon pour reprendre la direction de l’enquête "On voit bien que c’est toi l’assistant hein.
- Hahaha, oui effectivement. Mais c’est de l’autre côté mon grand."


***


Kosma ayant réussi mon test pour vérifier s’il suivait, nous sommes finalement arrivés jusqu’aux appartement de Roland Grammon, l’un des plus riches branleurs du Royaume de Goa d’après Kosma. Si je comprends bien ce qu’il a voulu dire un branleur, c’est un peu comme un duc ou un roi sans la couronne, quelqu’un qui vit dans une immense demeure, avec plein de monde à son service et sans rien faire de sa journée.

Un des serviteurs, qui avait gobé un mensonge de Kosma pour expliquer ma présence,  finit par nous introduire au maître des lieux.

"Monsieur, la Marine aimerait s’entretenir avec vous."
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Au milieu d’un très grand salon luxueux aux murs tapissés de rouge et d’or, un lustre immense et tape à l’œil est suspendu. Son attache semble bien mince comparée à la place qu’il occupe dans l’espace. Il est comme sur le point de s’effondrer. Juste au dessous, assis sur un large sofa de velours rouge, un homme à large carrure, coincé dans un costard étriqué et dont la moustache Impériale arrive à peine à faire oublier la lisseur de son front s’adresse avec suffisance et mépris au domestique qui vient lui annoncer ma venue.

« Qu’est-ce qu’ils me veulent ? J’ai déjà passé des heures à leur parler. Je crois avoir déjà subi suffisamment de mal pour avoir droit à un peu de repos ? Je suis une victime vous savez. En venant m’interroger la Marine me traite encore comme un coupable. Quels incompétents. Alors que l’on m’avait juré avoir trouvé les coupables. »

Et voilà, décidément j’aime pas la noblesse. Toujours à pleurnicher. Faut se plier en quatre pour satisfaire leur bon vouloir, mais dès qu’on leur en demande un peu trop ça chouine. Même mon Tonneau j’suis sûr qu’il en fait pas autant sur les pleurs, et il a que huit ans le gamin. J’suis à peu près persuadé qu’il a pas versé une larme quand on lui a dit que les cheveux verts, c’était pour la vie, à moins de faire des séances de teinture de deux heures toutes les deux semaines, chez un coiffeur pas trop mauvais. Et ça, l’a pas les moyens le pauvre gosse.

« Désolé de vous déranger m’sieur Grammon… Que j’fais en rentrant dans la pièce sans attendre qu’on m’y invite.
-C’est SIR DE GRAMMON, s’il-vous-plaît. Et il ne me semble pas vous avoir permis d’entrer… Vos manières laissent à désirer monsieur… Monsieur ?
-Kosma, Alexandre Kosma, soldat de la Marine d’élite. Je fais partie de la troupe du sergent Mitard, qui s’est occupé de votre affaire. Nous avons de nouveaux éléments dans l’enquête et nous procédons à des vérifications d’usage.
-De nouveaux éléments ? Comment ça ? Mais on m’a assuré qu’on avait retrouvé les coupables. Que la justice fasse son travail. Mais… Qu’est-ce que c’est que ce microbe crasseux dans mon salon ?
-Ah, désolé m’sieur Grammon, c’est mon neveu, Tonneau, j’veux dire, Tonny, il est malade et sa mère m’a demandé de le garder, j’ai été forcé de l’emmener ici.
-Ouais, m’sieur Grammon, j’te jure c’est vrai, j’ai mal à la tête. »

J’adresse un clin d’œil à mon p’tit partenaire et le nobliau un regard noir. Je crois qu’on le dérange. Ça m’ouvre un large sourire tout du long de ma bobine. Qu’est-ce que j’aime emmerder les bourgeois. Il voudrait bien nous foutre à la porte, mais quelque chose le retient. Quelque-chose que j’ai bien envie de découvrir. Alors je m’avance un peu plus dans le salon, Tonneau sur mes talons. Qui me dépasse et file s’asseoir sur un magnifique fauteuil en daim noir. Grammon fulmine. Je me décide à pas l’énerver plus que ça, et je reste debout.

« Alors, voilà, on a obtenu la preuve que le canard en platine retrouvé à bord du navire des gens que nous avons arrêtés avait été déposé là par d’autres personnes.
-Vous savez donc qui sont ces autres personnes ?
-Pas encore, et c’est pour ça que je viens vous voir, m’sieur Grammon, si je savais, ce serait beaucoup plus simple.
-Oui, bon, eh bien, je ne sais rien. Faites votre travail, enquêtez.
-C’est ce que je fais. Donc laissez-moi finir, pour que je puisse vous laisser tranquille plus rapidement. Ces canards en platines, vous estimez leur prix à combien ?
-Cher… Très cher. Plusieurs millions de Berrys chacun.
-Ils étaient où ?
-Posés sur le contour de ma cheminée, juste ici. »

Il désigne une vaste cheminée de marbre blanc. Celle-ci est impeccablement entretenue, elle semble n’avoir pas été utilisée depuis des années. Tonneau se précipite dans sa direction pour aller observer de plus près. Je tente à peine de le retenir. Pour la forme. Grammon fait une nouvelle crise cardiaque. Ce gamin m’impressionne, il arrive à faire convulser le Lord machinchose sans paraître le faire exprès, quel talent d’acteur. Je regarde moi aussi cette cheminée. Y a un truc qui cloche. Le reste des objets qui ornementent le contour sont là. Et ils semblent coûter bien cher également. J’ai vu le canard en platine, jamais il ne me serait venu à l’idée de piquer ce machin plutôt que les broches en or et autres objets précieux.

« Les autres objets qui sont là, ils valent combien ?
-Ça ? C’est de la camelote. Seuls les canards avaient vraiment de la valeur.
-Merci. Et est-il possible de voir par où sont entrés les voleurs ?
-Bien sûr. Philémon, montre au Marine, par où ces truands sont entrés. Et si vous avez terminé avec vos questions, je vais monter me reposer. Je ne suis pas encore totalement remis de mes émotions. Philémon, tu raccompagneras le monsieur et son neveu à la sortie une fois qu’ils auront examiné l’effraction. Le travail de votre unité laisse à désirer soldat, je tiens à vous le dire. »

Lord Grammon se lève, et, sans nous adresser un regard supplémentaire, sort par une porte au fond du salon. Tonneau revient vers moi avec un regard plein de questions. Mon petit enquêteur, sache que moi aussi, j’ai des questions qui me trottent dans la tête. Mais suivons d’abord ce Philémon, voir où cela va nous mener.


Dernière édition par Alexandre Kosma le Mar 6 Avr 2021 - 13:11, édité 1 fois
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Le mystère des canards en platine s’épaissit. D’un rapide coup d’œil à mes notes, je me félicite d’avoir réalisé un schéma très détaillé de la scène du crime. L’enquête avance et nous allons sûrement être amenés à visiter d’autres lieux liés au crime, chaque détail peut avoir son importance et il est bon de ne pas se fier qu’à sa mémoire. Alors certes, le ventre rebondi du Sir machintruc se confond peut-être un peu avec la cheminée et les cheveux de Kosma pourrait aisément passer pour une vieille serpillère, mais franchement… c’est lisible. Si on m’avait donné des crayons de couleur, j’aurai peut-être pu faire mieux m’enfin… Kosma est radin.

On se laisse guider par Philémon, le serviteur qui m’a tout l’air d’être encore plus maniéré que son patron, à travers les grands couloirs de sa demeure. Statues, tapisseries et plantes d’intérieur sont savamment agencés pour donner au propriétaire l’air d’être encore plus riche qu’il ne l’est déjà, tout a sa place et semble vouloir raconter l’histoire d’une vieille et importante famille. Un peu comme ces idiots qui croient qu’ils peuvent se faire passer pour des marins en portant un cache-œil, une jambe de bois et en se taillant de fausses vraies cicatrices.  

Il y en a qui serait prêt à raconter n’importe quoi pour rejoindre l’équipage qui a la cote.

"Messieurs…" annonce solennellement Philémon, comme s’il venait de perdre trois canard en platine appartenant à son patron, alors que nous arrivons dans la buanderie où sont en train de sécher la collection de caleçons à fleurs de Sir Bidulechose "Voici la scène du crime.
- Hmmm… "

Replongeant rapidement dans mes notes, retournant les pages de mon carnet les unes après les autres pour être sûr de ne pas avoir manqué une information, je finis par adresser aux deux adultes un regard suspect.

"Je ne valide pas ce témoignage. La scène du crime était le salon. C’est écrit ici. Là. " affiché-je mon habile plan du salon, ainsi que la liste des autres pièces de la maison, rayées toute d’un coup grâce au témoignage du propriétaire des lieux.
"Le gamin n’a pas tort, pourriez-vous p’t-être être un peu plus précis " s’amuse mon assistant tandis que j’enlève des points de crédibilité à notre ami en queue de pie. Celui-ci hausse un sourcil, nous observe avec son air pincé comme pour jauger du sérieux avec lequel nous menons cette enquête. Je lui renvoie son regard, attendant des réponses et il finit par reprendre avec un haussement d’épaule :
"C’est par cette fenêtre que se sont introduits les voleurs… pas de la plus galante des manières, je le regrette. " se morfond Philémon en nous présentant les entrées ménagées par les forbans à travers deux grandes baies vitrées. L’une a la forme d’un grand homme avec une jambe de bois, des dreadlocks et un bandana, l’autre correspond à la silhouette d’un petit homme corpulent arborant un cache-œil et de fausses vraies cicatrices. Je m’empresse de dessiner des portraits robots qui seront essentiels pour identifier plus tard nos coupables parmi les suspects.
"Ils ont même signé leur passage d’un Jolly Roger. Je comprends mieux pourquoi ils se sont tout de suite précipité chez des pirates…" reprend Kosma, avec cet air qu’on les adultes quand ils ne sont pas totalement convaincus " Faut dire aussi que chez toi, il y a de sacrés caricatures Tonny.
- Ces barbares, ils me rappellent la vermine du Grey Terminal… On devrait tous les pendre si vous voulez mon avis.
- EU-RE-KA ! " m’exclamé-je à la façon du capitaine dans ses heures les plus sobres, après avoir un peu carburé sur ce nouvel élément de l’enquête "Kosma, je crois que j’ai résolu l’enquête ! J’ai une preuve infaillible. " il me regarde avec un air surpris, mais m’invite avec son habituelle diligence à m’exprimer. Pas comme s’il avait le choix de toute façon, ma conclusion m’excite tellement que je n’aurai pas pu la contenir "Figure-toi que personne dans mon équipage ne porte de cache-œil. BIM ! On est innocent ! On peut libérer tout le monde !
- …
- …
- …
- …
- Impressionnant hein ! " me pavané-je, fier comme un paon alors que les autres s’essayent à reconnaître un cache-œil dans le contour grossier du verre brisé.
" Et la jambe de bois ?
- Ah tiens, non plus. Marrant ça. Bien vu, ça nous fait deux preuves irréfutables maintenant !


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 20 Déc 2020 - 13:44, édité 1 fois
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Une loupe à la main, le visage collé au sol, Tonneau suit sa piste. Nous avons laissé Philémon après les découvertes du petit pour tenter de retrouver le repère de ces bandits. Les traces dissymétriques causées par la jambe de bois rendent le trajet évident. En plus des pas des brigands, des épluchures de cacahuètes parsèment le chemin que nous suivons. Une véritable chance que le vent ne les aient pas emportés. Je laisse le gamin mener l’enquête ; c’est amusant de le voir suivre ses indices avec autant de passion et de rigueur. Parfois sa logique me surprend mais pour le moment je me fie à son instinct. Je ne sais pourquoi j’ai l’impression que le laisser guider nous amènera à la solution.

« Assistant Kosma, j’ai besoin d’un avis supplémentaire »

Je m’approche du gamin en jetant la clope que je fumais en dilettante, le laissant gérer son affaire. Il me montre du doigt les traces qui semblent s’arrêter devant un hangar et me questionne du regard. Aurait-on trouvé le repaire de ces bandits usurpateurs ? Ne serait-ce pas trop facile ? Comment vérifier qu’il s’agit bien du lieu que nous cherchons ?

« Ça se pourrait qu’on ait trouvé ce qu’on cherche Tonneau, mais il faut s’en assurer.
-Je suis d’accord. C’est là. Faut défoncer la porte et dire « haut les mains ! ». Ça les impressionnera et on aura le temps de les taper pour les assommer. Ensuite on les arrête, on les ramène à m’sieur Grammon et paf, on libère l’équipage !
-Il faudrait retrouver les canards en platine pour prouver que ce sont bien eux.
-Ah oui, c’est vrai. Bah c’est simple : on rentre, on leur pète la tronche, on leur oblige à nous montrer les canards, on leur re-pète la tronche, on les emmène voir le gros monsieur, voilà.
-Et s’ils ne sont pas là ?
-Impossible, il n’y a pas d’autre traces qui repartent. Pas avec jambe de bois en tout cas.
-Je propose quand même qu’on tente l’infiltration silencieuse et l’espionnage pour recueillir des preuves.
-COMME DES ESPIONS ? TROP COOL. T’as de bonnes idées parfois tu sais pour un adulte. »

J’regarde à droite et à gauche, une bande de gamins joue dans la rue. Fort bien, ils vont servir d’appas pour extirper les éventuels occupants hors de leur planque. J’les siffle un coup. Pas très orthodoxe comme manière d’appeler quelqu’un mais ça fonctionne. Un des mômes me regarde intrigué, avance de quelques pas, sans doute le chef. Tonneau me glisse quelques mots doucement pour savoir ce que je fabrique. Je lui explique rapidement et il semble approuver mon plan. Mieux, il avance vers le groupe pour aller leur causer. En quelques échanges, c’est parti, les braillards viennent s’occuper de tambouriner sur le rideau métallique qui ferme notre cible. Avec le gamin aux cheveux verts, on s’est planqués vite fait et on attend. Le remue-ménage ne tarde pas à attirer les occupants qui soulèvent leur volet roulant et s’élancent à la poursuite des garnements. Ils sont deux, à peu près de la taille des types que nous recherchons mais aucun des deux n’a de jambe de bois, de dreadlocks, de bandeau ou de cicatrices.

« Je crois bien que ce ne sont pas eux mon petit Tonneau… » Que je murmure à l’attention du gamin en me retournant vers l’endroit où il se trouvait auparavant.

Mais il a disparu. Je lève la tête et le vois se faufiler jusqu’au hangar en faisant quelques roulés-boulés au sol dignes des meilleurs films de Galowyr Dyrian, Il est à fond. Je reste cloué sur place quelques secondes avant de m’élancer à mon tour à sa suite. Arrivé juste à côté de l’entrée, je le vois arriver triomphalement avec un paquet de choses sous le bras.

« Regarde ! Une fausse jambe de bois, un cache-œil, une perruque dreadlocks !
-T’as trouvé ça où ?
-Dans une grande malle avec marqué « costume de méchants » dessus.
-Ok, allons nous en et revenons avec des collègues.
-Tututut, c’est moi qui décide.
-Tu as mieux à proposer ?
-On s’infiltre et on espionne pour en savoir plus et trouver les canards.
-Mais ils vont nous repérer tout de suite !
-Ben non, on sera cachés dans la malle à « costumes de méchants ».
-Je rentre, moi, dans cette malle ?
-Ah. Non.
-…
-Ben tant pis, t’es trop gros, tu peux pas être espion, je reste seul et je te raconterai. »

J’ai pas le temps d’exprimer mon désaccord qu’il se rue à l’intérieur pour aller se cacher. À l’autre bout de la rue, les deux types, revenus de leur course poursuite m’interpellent et me demandent ce que je fais à venir fouiner devant chez eux. Je baragouine quelques mots pour leur expliquer que j’ai vu leur portail ouvert et je cherchais quelqu’un pour prévenir de l’oubli. Ils me remercient le plus formellement du monde et m’envoient balader, refermant leur antre, le gamin à l’intérieur.

Comment ai-je pu laisser faire ça ? Plus qu’à veiller ici et attendre que quelque chose se passe.
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Se séparer pour chercher des indices, c’est la base de toute enquête. Mais pour tout bon enquêteur –les talentueux en tout cas- qui remonte frénétiquement une piste, arrive un moment où la confrontation avec le coupable est inévitable. C’est l’instant décisif, celui du triomphe et des derniers secrets dévoilés. Mais également le plus dangereux, celui où, acculé, l’adversaire est capable de tout.  

Et cet instant arrive pour moi, je frémis, je sers mon carnet qui détient toutes les clés du mystère contre moi et le stress monte. Ce n’est pas vraiment de la peur, plutôt une sorte d’euphorie, l’excitation qui me fait trembler et secoue des émotions trop grandes pour mon corps d’enfant. Je souris bêtement, caché sous l’uniforme de marine et les autres frusques à l’intérieur de la grande malle à « costume de méchants », astucieusement laissée entrouverte en y coinçant les dreadlocks. C’est bête que Kosma loupe tout ça, mais je pense qu’il aurait mal pris qu’on mette les marines dans le même panier que les vrais faux pirates à perruque.  

Ils entrent dans mon champ de vision et je retiens mon souffle.

"Foutus gamins…" commencent le premier "J’ai bien cru que c’étaient les mouettes.
- T’fais donc pas autant de mauvais sang, on a brouillé les pistes…"

Qu’ils croient. Mon sourire s’étire de satisfaction. Ils ne se doutent de rien, mais ces deux-là m’ont sous-estimé. C’en est si drôle à voir, ces deux coupables sur le point d’en dire trop, que j’en oublie de prendre des notes sur mon petit carnet. Je dois toutefois rester concentré car le moindre gloussement pourrait me trahir et mon but est de retrouver les canards de platine.

"Et puis c’est pas comme si l’beauf’ allait commencer à me soupçonner t’sais. Depuis l’temps que je l’connais j’sais comment il fonctionne, ma frangine me raconte tooooout. ‘Suffit d’lui servir un coupable tout désigné et il fait le reste. Lui son délire c’est les chiffres et la paperasse, il irait pas s’attarder à mener une enquête Hahaha ! T’inquiète on craint rien, j’aurai pas accepté c'taff sinon. Sacré beauf… Je te sers un verre ? On devrait boire à sa santé.
- Au Sergent !
- Et à c'te petite affaire qui aura bien renflouer nos caisses et nos projets!
- Oui… j’espère juste que la prochaine fois on nous proposera de vraies rôles…  "

Ils trinquent et moi je fronce un peu les sourcils. C’est pas vraiment de ça que j’aimerai les entendre parler. La fonction avance rapide n’existant pas, l’excitation retombe et je me rends compte que ma position n’est pas confortable. Je me tortille entre les déguisements pour étendre une de mes jambes, je m’allonge, une main stagnant au-dessus de mes notes à l’affût d’une information intéressante, l’autre sous mon menton pour supporter le temps qui passe, je prends mon mal en patience. Quand ils en viennent à parler de leurs femmes, de la pièce de théâtre qu’ils sont en train de monter et du mépris avec lequel la bourgeoisie du coin a reçu la dernière, je crois que je perds lentement le fil.

Mes paupières s’alourdissent et je me fais la remarque que je n’ai pas encore fait de sieste de la journée.

Je bats des cils. À chaque battement, je retourne au milieu d’une fête d’équipage, au suivant je reviens à table avec Kosma.

L’odeur de la mer.

Le bruit des vagues.

Tout plutôt qu’entendre pour la dixième fois qu’ils sont des génies incompris…

Je m’endors…

***

"OH BORDEL TONNEAU !
- Hm… Moins fort… "

Le coffre à déguisement est ouvert à la volée, le bruit me fait sursauter et je sors brusquement de ma quiétude. Ce n’est pas agréable, mais à bord de mon navire j’ai l’habitude de ce genre de réveil. Habituellement j’y serai allé de quelques bons mots, histoire de faire comprendre au plaisantin qu’il n’a plutôt pas intérêt à recommencer, mais à voir le visage du marine, ridé d’inquiétudes, je m’abstiens.

"Qu’est-ce qui s’est passé ?! Ca fait plus d’une heure que t’es là-dedans ?! J’en ai terminé toutes mes tiges !
-Kosma… " lui dis-je d’un air désolé, enfin pas vraiment parce qu’honnêtement ses clopes sont dégueulasses et il ferait mieux d’arrêter " L’espionnage, c’est naze. "
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La tronche du môme encore à moitié endormi, avec une marque bien nette sur le côté droit de son visage me fait sourire. Les types sont partis faire un tour et j’ai crocheté le hangar pour rentrer et récupérer mon Tonneau. Je suis content de voir qu’il va bien et qu’il a profité de tout ce temps pour dormir. Je lui demande s’il a réussi à glaner des informations, maintenant qu’on a trouvé leurs postiches et qu’on peut à peu près se dire que ce sont eux qui ont fait le coup.

« Nan, c’est juste des comédiens ratés qui montent des spectacles pourris et qui font des farces au beau-frère Sergent d’un des deux… C’est nul. Après ils ont parlé de leur pièce mais c’était HO-RRI-BLE-MENT long alors j’ai préféré reprendre des forces pour la course-poursuite !
-La course-poursuite ? Mais ils ne sont même pas en f- Attends, tu as dit son beau-frère Sergent ?
-C’est bien ça que ça veut dire « beauf » ?
-Entre autres oui. Donc il se pourrait que…
-QUOI ? TU PENSES COMME MOI QUE J’AI TROUVÉ UN ÉLÉMENT CAPITAL POUR NOTRE ENQUÊTE ?
-Mais tu viens juste de dire que tu n’avais rien réussi à avoir comme inf...
-Dis moi donc ce que tu as déduit mon cher assistant, je te dirai si c’est bien ce que je pense aussi. Après tout, il faut te laisser réfléchir, sinon tu progresses pas !
-Hum… Soit. Je me dis que la « blague » qu’il a faite à son beau-frère Sergent pourrait être faite à un sergent que je connais bien ; Mitard.
-Le méchant pas beau qui a arrêté mon équipage ?
-Exactement.
-Mmmh. Je pensais pas que tu pourrais arriver à cette conclusion tout seul. Bravo mon cher assistant, j’avais pensé à la même chose. Puisque tu t’améliores, je vais te laisser nous guider vers notre prochaine destination. Si c’est malin je suivrai ta proposition. »

J’adore l’aplomb de ce gamin. Bon, il s’agirait pas de traîner dans ce hangar des plombes, les types pourraient revenir. Comme il a l’air de tenir à son statut d’enquêteur en chef, j’lui expose la suite des opérations sous forme de proposition. On retourne au QG de la Marine, on récupère les infos sur un éventuel beau-frère de Mitard et on s’occupe de lui coller au train. Peut-être de lui foutre les chocottes afin qu’il fasse des erreurs et qu’il nous mène à la fois aux canards de platine mais également à son commanditaire. Nouvelle approbation de Tonneau qui me fait comprendre qu’il m’a bien formé et nous voilà en route. J’fais en sorte de refermer le hangar correctement, pour pas laisser de traces de notre passage, puis on reprend le cours de notre enquête, le môme avançant fièrement en tête. Plus une seule clope à me fourrer dans le bec, va falloir faire un détour. Addiction quand tu nous tient.

On met assez peu de temps à faire le crochet par le droguiste et j’ai à peine le temps de m’en griller une qu’on arrive de nouveau devant mon lieu de travail. Toujours aussi sinistre. J’me glisse à l’intérieur, Tonneau sur mes talons. Il reprend son rôle de Tonny, mon neveu à la langue bien pendante et j’baratine encore un peu le Fernand qui s’étonne de nous revoir ici. Je dois vérifier quelques papiers avant de repartir sur le terrain que je lui dis. Après tout je suis pas en congé. Il me regarde étonné et vérifie sur le planning ; vu mon attitude générale, personne ne peut penser que j’suis en service après tout. J’rentre dans le bureau de Mitard, en ayant bien vérifié auparavant qu’il n’est pas là pour m’empêcher de farfouiller. Le gamin me suit, ravi d’infiltrer les bureaux de la Marine. Petit pirate va. J’ouvre un tiroir où sont consignées toutes les fiches des membres de cette garnison et je commence à feuilleter l’ensemble.

« Trouvé !
-Berk, il est toujours moche, même en photo.
-Alors alors, sergent Mitard, famille famille famille… Oui, voilà, sœur : Frigide Jeunepremier née Mitard, mariée à Roméo Jeunepremier, comédien de son état. Je pense qu’on a notre homme. Tu notes l’adresse Tonneau ?
-Tu prends trop la confiance à me donner des ordres comme ça ! Je te rappelle que c’est moi le chef ici. T’as de la chance que je sois gentil hein. »

Il griffonne sur son carnet l’adresse de notre type tout en continuant de ronchonner puis me dit qu’il va prendre les choses en main. Il faut un peu d’action dans cette histoire, sinon on ne serait pas de vrais enquêteurs. Drôle. J’le laisserais bien dire, mais quand il m’annonce la suite de son plan, j’en reste bouche-bée.

« Maintenant on va enlever madame Frigide pour mettre la pression au Jeunepremier ! »

Faut que j’lui dise qu’en tant que membre de la Marine, j’ai absolument pas le droit de faire ça, même dans le cadre d’une enquête. Mais il va râler c’est sûr… Et puis bon, après tout, si j’me déguise, qui saura que c’est moi ?
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Nous sommes dans une pièce sombre. Un appartement miteux, avec une toute petite fenêtre et deux entrées : une intérieure à l’immeuble, fermée par un loquet et une autre, ouvrant sur l’escalier de service. L’atmosphère est pesante et les gémissements de notre invitée ne font qu’accentuer notre doute. Sommes-nous en train de bien agir ? Peut-on aller aussi loin pour parvenir à nos fins ? Bien sûr, je suis un pirate donc la réponse est toute faite, mais pour le petit Kosma c’est peut-être un peu plus difficile de savoir comment se positionner.

Un sens de la justice un poil mal réglé et on peut se retrouver à kidnapper une ménagère à la sortie d’une épicerie, affublés de grandes capes noires, de couvre-chefs et de déguisements ridicules. Il suffit d’un peu d’astuce, de profiter de la foule qui s’amasse et des passants qui se pressent et une personne a vite fait de disparaître.

"Qu’est-ce que vous me voulez ? Vous êtes des collègues de Roméo ?... Je reconnais ces tenues, elles étaient dans sa dernière pièce… un désastre… Que prépare-t-il encore ? Si c’est une blague, je préférerai qu’on me tienne dans la confidence, cette histoire ne m’amuse pas beaucoup… "

Bon… Par « kidnapper », j’enjolive peut-être un peu la situation, il se pourrait bien qu’elle ait consentie assez facilement à nous suivre. Kosma a de ces façons de jouer les criminels… C’est pas possible, la honte de la profession et le degré zéro du fun. Ferait bien de faire un tour par Dead End celui-là. Toujours est-il qu’on va vite se rattraper et que nous nous apprêtons à commettre des choses terribles – en tout cas un peu plus fourbe qu’une histoire vaseuse de promotion et de ticket gagnant toute aussi crédible qu’elle soit- au nom de la vérité.

"Tais-toi. " lui intimé-je de la voix la plus grave dont je sois capable"On est pas là pour rigoler ! On sait que ton mari traîne dans des combines pas nettes et on veut des infos ! Tu vas l’appeler tout de suite ! "

Un regard vers mon compagnon, adossé comme un fainéant dans un coin de la pièce et je prends de l’assurance. On a décidé de jouer notre propre petit numéro. Alors avec tout l’aplomb dont peut-être capable un nabot d’un mètre trente, je réattaque en tapant du poing sur la table qui nous sépare de Frigide :

"J’ai dit tout de suite ! " les mains confuses de l’épouse attrapent son Escargophone "Et pas d’entourloupes, on sait à quoi ressemble Roméo Jeunepremier, n’essaye même pas d’appeler ta mouette de frangin où on va sévir ! Je te préviens, on a pas de limite ! Dis lui que tu as été kidnappée par ceux qui veulent découvrir la vérité sur les canards en platine, on sait ce qu’il A FAIT !
- Je vous conseille en effet de jouer le jeu, c’est important.
-SINON COUIC ! "

Couic quoi ? J’sais pas, mais c’est mon rôle de les intimider et de les rendre plus sensibles aux suggestions de Kosma. On reconnaît la trombine du Jeunepremier sur le mollusque, les pattes mal taillées et le regard trop présomptueux pour ses piètres performances d’acteur, quelques Pulu Pulu et il finit par décrocher. Mes couics couics incessant commençant à la faire paniquer, Frigide vide aussitôt son sac, son mari balbutie, lui demande de se calmer et prétend ne pas savoir de quoi elle est en train de parler, j’en profite pour monter sur la table et prendre un air encore plus menaçant, du genre à faire penser que j’ai des tendances cannibales –j’sais pas trop si ça se voit derrière mon masque et tous les froufrous de ma cape mais moi j’y crois !- et psychotiques. La Jeunepremier couine et c’est ce moment que choisit Kosma pour s’emparer du combiné.

"C’est trop tard pour nier. Nous avons des preuves contre vous, nous avons votre femme qui se fera un plaisir de nous donner les preuves complémentaires si nous creusons un petit peu. La seule information qu’il nous manque, c’est de savoir pour le compte de qui vous avez volé les canards en platine…
- Et pourquoi vous avez fait porter le chapeau à d’innocents pirates ?!
- Oui ça aussi.
-Et où sont les canards en platine ?!
-Bon…
- Pardon…
- Le deal est simple, si vous nous aidez nous ferons en sorte que les autorités ne remontent pas jusqu’à vous et votre femme, sinon…
- COUIC !
- Sinon couic votre carrière, et adieu à vos beaux projets créatifs. "

S’il n’a pas bronché jusque-là, l’évocation de son art et la menace qui peut planer dessus réveille soudainement le Jeunepremier et il se met aussitôt à baragouiner à vitesse grand V. Des petits boulots qu’il effectue pour arrondir ses fins de mois à son entrepôt dont nous avons déjà la connaissance, de son associé à la mise en scène de la veille pour voler les canards en platine et faire accuser un équipage pirate en se faisant passer pour des marines, tout y passe. Seules manquent les informations cruciales : qui a commandité ce vol et où sont passées les deux dernières œuvres d’art.

"Je ne sais pas… Je ne sais pas… Je vous promets. Il a toujours pris contact avec nous de façon anonyme… Ces instructions étaient toujours très spécifiques.
- Il ?
- Euh… oui, ça j’en suis à peu près sûr. Timbre de voix assez marqué, et les courriers sur lesquels il nous a adressé ses instructions avaient beau être toujours très soigné, c’était une écriture masculine. Frigide pourrait voulait le dire, c’est elle qui m’avait fait la remarque…
- Un timbre de voix assez marqué ? Une voix grave vous voulez dire ? Ou quelque chose d’encore plus spécifique ?
- Comment tu écris spécifique ? Avec un Q ou un K ? " me permis-je d’interrompre Kosma, prenant soin de copier dans mon carnet tout élément susceptible de faire avancer notre enquête.
-Q. U. E. Monsieur Jenepremier ?
-Euh… Peut-être… Le zig était quand même pas mal maniéré, du genre à introduire ses lettres et ses appels par de grand rond de jambe, pour ça qu’on n’a pas trop eu peur de s’introduire chez Sir Grammon, il avait l’air de bien connaître. Tout était noté, du chemin à prendre jusqu’au tour de garde des domestiques, il n’y avait pas de place pour l’improvisation.
- Ce témoignage me paraît capital !
- Ah oui ? T’as trouvé le coupable ?
- Non, mais j’ai plus de place sur mon carnet héhé, j’imagine que ça veut dire qu’on en a terminé avec la récolte des indices. "

Et comme pour confirmer mon hypothèse, ou peut-être bien pour empêcher Kosma de la contredire, on tambourine soudainement à la porte.

"Répondez et ouvrez cette porte ! Nous savons que la citoyenne Frigide Jeunepremier est ici ! Si vous n’obtempérez pas, nous utiliserons la force ! " hurle la voix du sergent Mitard depuis le couloir de l’immeuble.

On est grillé. Comment ? J’sais pas, mais d’un échange de regard avec Kosma, j’en suis certain : le moment de la course-poursuite est arrivé. Seulement, contrairement à ce que j’ai imaginé, c’est nous qui sommes pourchassés !

Personne ne répond, Kosma raccroche le combiné et alors que les marines commencent à forcer sur les gonds de la porte, on abandonne Frigide et on s’apprête à dévaler les marches de l’escalier de service. Pas sûr qu'ils aient le temps de nous voir, mais on préfère garder nos déguisements jusqu'à pouvoir s'en débarrasser sans être reconnus. Mitard n'est pas seul et la porte cède au moment où un groupe local, trois musiciennes déguisées en sorcière et visiblement très populaires, commencent à jouer les premiers notes d’un morceau. À croire que c’est fait exprès !


"Attendez-moi ! Je… " Frigide qui empoigne ses bas prend notre suite, elle a l’air embarrassée et tout aussi pressée que nous "Je ne préférerai pas que la marine me retrouve tout de suite... "

Eh ben alors Frigide, on a quelque chose à se reprocher ?


Dernière édition par Raphaël Andersen le Mar 2 Fév 2021 - 9:09, édité 1 fois
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Après une cavalcade de tous les diables, on s’arrête enfin, derrière un talus. Y a peu de chances qu’ils nous retrouvent ici et il faut de toute façon qu’on se pose. Déjà pour reprendre notre souffle ; j’ai un bon point de côté et Frigide comme Tonneau semblent tous les deux mal en points. Faut qu’on cause. Avec la Jeunepremier pour savoir pourquoi elle court, avec Tonneau pour que j’réfléchisse à la suite de cette enquête. Mine de rien, malgré ses gamineries et quelques conclusions bizarres liées à son âge, Tonny/Tonneau fait bien avancer l’enquête. On a déjà trouvé de quoi presque innocenter les pirates foutus en taule, et un témoin plutôt fiable puisque intimement mêlé à l’intrigue et prêt à jacqueter pourvu qu’on le poursuive pas. Je me tourne vers la dame.

« C’est pas que ça m’intrigue, mais quand même, pourquoi vous fuyez la Marine m’dame ?
-Ouais, d’abord, c’est louche comme attitude !
-Excusez-moi, mais je pourrais dire la même chose de vous.
-Nous on fuit parce qu’on t’a kidnappé, ça a rien de louche, réplique du tac au tac mon gamin aux cheveux verts.
-Vous ne m’avez pas kidnappée, je suis venue de mon plein gré.
-C’est là que vous vous trompez madame, le gamin a raison, on vous a kidnappé.
-Mais alors, vous êtes des voyous ? Il faut absolument que je hurle pour qu’on vienne me sortir de ce mauvais pas.
-Mais non… Rolahlah, nous on est des voyous gentils, explique le môme. On t’a kidnappé pour faire le bien. Et comme tu es gentille aussi, tu as compris que c’est pas la peine de hurler pour prévenir ton frère le sergent Mitard, parce que ce serait pas cool pour nous. Surtout pour lui en fait.
-Ça pourrait en effet me mettre dans l’embarras.
-Ah, dans ce cas, je vais me contenter d’avoir la frousse en silence.
-Et de nous dire toutes les raisons de ta fuite avec nous de peur qu’on devienne des fous, ajoute Tonny pour la pousser à parler.
-Hum. Si vous y tenez. Je… Non, j’ai trop honte.
-Pas de jugement madame, promis, Tonneau et moi on sera des tombes.
-Je consomme de la drogue. Voilà, je l’ai dit. Ah, ça fait du bien de se livrer, surtout à des inconnus. Roméo a bien dû se rendre compte depuis le temps… Quoique… Il est tellement mauvais acteur que j’aurais très certainement vu s’il m’avait grillée. Et là, mon propre frère va découvrir que…
-Comment ça ?
-Quand vous êtes arrivés, j’étais attablée en train de me prendre une dose, je n’ai pas pris le temps de ranger. En fouillant l’appartement ils vont forcément tomber dessus.
-Tu peux pas leur dire que c’est pas toi ? »

Frigide s’arrête un instant de déverser son babil pour regarder un instant vers Tonneau, et se rendre compte de l’innocence absolue du gamin. Elle voudrait lui dire sans doute qu’il est impossible que Mitard croie qu’il s’agisse de son mari. Elle sent que le gamin trouvera toujours un meilleur argument qu’elle, plein d’une naïve gentillesse. Lui ne comprend pas du tout pourquoi elle se met à pleurer. Ah les gosses. Moi j’pense au sergent et j’me dis qu’en effet, il serait capable de foutre sa propre sœur en taule, pourvu que ça lui rapporte du galon. N’empêche qu’elle est quand même pas bien maligne de s’est virée elle même des lieux, elle aurait pu profiter de la confusion pour cacher sa dope, ni vue, ni connue, je t’embrouille. J’suis sûr que c’est la drogue qui l’a empêchée de réfléchir.

« Bon, m’dame Frigide… J’vous sens pas très bien là. Vous savez quoi, j’sens qu’on peut mutuellement s’entraider. J’dois pouvoir manipuler un peu le sergent Mitard pour qu’il vous croie innocente. Mais j’aurai besoin de votre aide pour une petite affaire qui nous occupe avec mon ami Tonneau ici présent.
-Qu’est-ce que tu fais Kosma ? On a pas le temps de l’aider, faut qu’on sauve le capitaine et les autres...
-Vous permettez qu’on aille discuter cinq minutes à l’écart ?
-Et si tu fuis t’es morte, on dit direct à ton frère que tu prends de la drogue. Et qu’après tu pleures. »

Elle hoche tranquillement du chef, essuyant ses quelques larmes. Vu son état, je doute de toute façon qu’elle essaie de nous fausser compagnie. J’emmène alors mon p’tit enquêteur en herbe à l’écart pour lui faire part de mon plan.

« On va se servir d’elle pour piéger le coupable ou si ce n’est pas celui à qui je pense, ça permettra d’éliminer un suspect.
-Quoi ? »

Tonneau fouille fébrilement à travers ses notes pour savoir s’il n’a pas manqué un indice essentiel lui permettant d’arriver à identifier quelqu’un comme principal suspect. Je vois à sa mine qu’il est jaloux. Jaloux de ne pas avoir trouvé quoi que ce soit alors que j’affirme avoir une piste. Il finit par me fixer de son air méfiant, attendant très certainement que je lui explique. Et mes pistes sont maigres, mais pas dénuées de sens, alors j’lui étale un peu le résultat de mon enquête.

« On a affaire à un vol de canards en platine. On a découvert les deux types qui se sont introduits chez Grammon pour voler les objets, deux comédiens sans talent qui font ça pour payer leurs fins de mois. Et leur témoignage indique un commanditaire homme avec une voie marquée, un ton maniéré. A priori, ça nous oriente vers un noble de Goa plutôt qu’un vulgaire Pirate. Or les hommes se sont introduits dans la demeure de façon à laisser des indices – les trous dans la fenêtre grâce auxquels tu as identifié…
-La jambe de bois et le cache-œil, ouais, je sais.
-Bref, ils sont allés directement voir les canards sans toucher à rien d’autre.
-Ça pourrait donc être un ami de Lord Grammon… Mh, je vois où tu veux en venir Kosma.
-Un ami… Ou le vieux Grammon lui-même.
-AH ! MAIS C’EST BIEN SÛR !
-Pour toucher l’assurance.
-Et tu veux te servir de miss Frigide pour qu’elle fasse diversion pendant qu’on lui saute dessus en lui disant d’avouer.
-Pas vraiment… Je pensais plutôt à ce qu’elle vienne toquer à sa porte, soucieuse pour son mari, parce que des types de la Marine enquêtent et que ça la rassurerait de savoir qu’on ne trouverait jamais les canards en plastique…
-Et si c’est pas lui ?
-Le faux-témoignage de Frigide le mettra en rogne et il remuera ciel et terre pour retrouver qui l’a volé.
-C’est ok, je t’ai bien formé ! »
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"Qu’est-ce que je peux faire pour vous hmm… madame ?
- OOOh ! Je… Je, voyez-vous, j’aimerai m’entretenir avec Monsieur de Grammon. Vous voyez mon mari travaille pour lui, et j’ai tout à penser qu’une des affaires qui l’occupe actuellement pour sa seigneurie est en train de tourner au vinaigre...
- Si votre mari travaille pour mon maître, peut-être pourrait-il gérer cette fâcheuse tournure directement avec lui. Prendre rendez-vous et s’annoncer par exemple. Ce sont des habitudes que prennent rapidement ceux à qui Messire de Grammon consacre son temps, je vous figurerai qu’il est précieux. Etait-ce tout ?
- C’est que… vous voyez… Oui ! Je crains que mon mari n’osera jamais en parler directement. Il est fier vous savez, il a son petit caractère ! Je crains qu’il ne s’attire des ennuis si je ne préviens pas immédiatement Messire de Grammon. Lui saura quoi faire. C’est une urgence !
- Je suis navré mais Monsieur ne pourra pas vous vous recevoir aujourd’hui. Il n’est pas présent.
- Mer...
- Chut !

- Ooooh ! Mais… où ? Est-ce… Que… voyez-vous ?! Je…
- Est-ce que vous sentez bien ? Que cherchez-vous ? Vous attendiez quelqu’un ?...
- Ooooh, non non ! J’ai été distraite, probablement une bête dans un buisson. J’ai cru voir un marin-une MOUETTE ! Oui, une mouette !? Au-dessus de vous, ATTENTION !
- ?!
- … Je me tourne en ridicule, je suis confuse. Excusez-moi, cette affaire qui occupe mon mari me donne beaucoup de soucis, cela me met dans tous mes états vous voyez. J’ai peur qu’il s’attire des ennuis avec les autorités.
- Les autorités ? Enfin ! Seriez-vous en train de sous-entendre que Messire de Grammon trempe dans quelque douteuse affaire ?
- Ce… Ce n’est pas du tout ça… Enfin je ne sais pas… Je ne sais plus. Il est obsédé, il n’arrête pas de répéter qu’il touchera bientôt une grande somme d’argent, que nous allons bientôt changer de vie…. Je m’inquiète et je ne peux que m’inquiéter tant que je n’aurai pas obtenu de réponse de la part de votre maître.
- Hmm… Peut-être pourrais-je passer un message à mon maître de votre part à son retour. Vous m’avez dit vous appeler ?
- Frigide Jeunepremier. "

***

Les heures passent et la journée va sur sa fin, dans les rues agitées, les citoyens de Goa quittent leurs occupations et se retrouvent pour boire un verre, pour parler, pour rire et pour chanter. L’ambiance est à la fête après une dure journée de labeur.

Le soleil s’habille pour la soirée, se pare d’une palette rougeoyante et étire la moindre ombre jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Les rues étroites sont bondées, c’est l’anniversaire d’un des aubergistes et beaucoup le connaissent et l’accompagnent dans cette célébration. On a même invité le grand bourgeois du quartier, Sir Roland de Grammon qui a fait fortune dans ce coin de rue et qu'il n'est pas inhabituel de le voir s’arrêter pour prendre un verre. Qu’il vienne ou non, on festoiera. À sa santé ! À ses affaires ! À la prospérité de cette glorieuse république qu’est Goa. On raille les nobles et les bourgeois, on drague, on trinque, on boit.

Et au milieu de cette agitation, une silhouette se fait bousculer, s’excuse et disparaît. Elle se faufile à travers la foule, viens des hauteurs de la ville, a fait son tour et semble avoir une destination bien précise en tête. De temps en temps elle se retourne, comme inquiète de qui pourrait la suivre, mais il n’y a pas de raison, elle se rassure d’elle-même.
Ses pas la conduisent jusqu’à une petite allée plus calme, un tour de clé et elle s’abrite.
Son cœur bat fort dans sa poitrine.

La silhouette reprend son souffle et entre dans la petite chambre. Elle ne restera pas longtemps, juste assez pour s’en débarrasser. Cette chose qui l'oppresse tant. Une fois que ce sera fait, la silhouette attendra encore un peu. Quelques semaines. Quelques mois. Pour que les soupçons s’estompent, pour qu’on la laisse tranquille. Et alors elle pourra changer de vie, c’est ce qu’on lui a promis.

Un drap vole et avec lui toute la poussière qui le couvrait. La grande armoire s’ouvre, grince et témoigne de ses décennies d’existence. C'est celle de sa mère, elle sent encore peu son parfum de lavande. Cela l’apaise, plus encore de voir qu’il est venu pour rien. Les deux canards en platine sont toujours là où ils les ont été laissés.

"Tu vois Kosma, je l’avais dit depuis le début que le majordome était suspect. "

Philémon le majordome, car c'est bien lui, se retourne soudainement et je lui offre mon plus beau sourire narquois. Il était tellement agité qu’il ne nous a pas remarqué, faut dire qu’on est devenu des professionnels du déguisement… Et aussi qu’on a sacrément attendu qu’il termine sa journée pour le traquer !  J’ai peut-être exagéré quelques détails, mais faut dire qu’il a sacrément traîné la patte… j’ai le droit de me divertir comme je peux hein…

"Mais que… qu’est-ce que… ?  Comment ?" commence-t-il tout perturbé de me voir débarquer, haut comme trois pommes mais avec l’assurance d’un enquêteur chevronné.
"Je crois bien mon petit Tonny. " que me répond le marine,  sa clope au bec, accoudé à la porte d’entrée pour en fermer le passage "Je suppose que vous allez nous expliquer ce que font les canards de platine, dérobé hier chez votre patron  et pas retrouvé depuis, ici ? Une petite intuition ? "

Il se ferme comme une huître, de la sueur goutte sur son front.  Va-t-il tenter quelque chose pour se défendre…


Dernière édition par Raphaël Andersen le Jeu 20 Mai 2021 - 11:12, édité 1 fois
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Le majordome bondit. Plus tout jeune le drôle, mais il m’impressionne quand même par sa vivacité d’esprit. Il a compris l’information et dans sa tête tourne le petit oups je me suis fait avoir comme un bleu. Et par un vert. Tonny me surprend aussi, il s’est agrippé à la taille de Philémon et tente visiblement de le faire tomber tout en l’empêchant de courir. Le duo de lutteurs me fait marrer et j’hésite à intervenir, mais voilà que mon majordome-cambrioleur commence à s’attaquer à mon petit Tonneau. Faudrait pas qu’il me le mette en perce, il est pas encore arrivé à maturation. Je me mets en mouvement vers eux, lève un bras justicier et donne un bref coup du tranchant de la main contre la nuque du serviteur. Qui s’écroule au sol, emportant mon gamin dans sa chute. Plaquage pas très réglementaire, mais l’arbitre n’a rien vu, on continue.

« T’as vu ça Kosma ? Comment je l’ai défoncé !
-Un vrai p’tit Marine, joli coup d’épaule p’tit gars.
-Un vrai p’tit pirate tu veux dire, les Marines c’est tous des salauds.
-Et paf, dans les dents tonton Kosma.
-Mais le prend pas pour toi, toi t’es gentil. Pas très malin et en plus tu fumes des cochonneries, mais t’es sympa. Tu veux pas rejoindre mon équipage ?
-Désolé p’tit gars, mais j’ai la justice dans les veines, le grand air de la piraterie ne me conviendrait pas.
-Dommage, t’étais plutôt un chic type.
-Bon, c’est pas tout de l’avoir coincé, faut appeler Mitard maintenant, comme ça on le met au trou et on libère tes petits copains.
-On peut pas faire ça sans appeler, j’aime pas trop Mitard, il pue un peu de la gueule.
-Si c’était que la gueule… »

J’sors mon p’tit escargophone de poche et j’compose le numéro du sergent. Ca sonne quelques coups avant que retentisse la voix nasillarde et nauséabonde de mon supérieur. Mais pourquoi donc ils ont un système de retransmission des odeurs ? Je me concentre pour écouter ce qu’il me dit, parce que sa voix m’irrite un peu les esgourdes et j’finis par comprendre que ce que j’ai à lui dire a intérêt à être rapide parce que sa sœur a été enlevée et probablement par des trafiquants de drogue puisqu’ils en ont retrouvé chez elle.

« Sergent ? Désolé de vous interrompre, mais votre sœur est avec moi, je l’ai retrouvée. »

La madame me regarde avec des yeux furieux, me lançant des éclairs de colère. Je lève un pouce dans sa direction. Tout est ok, je gère. Elle fulmine, croise les bras mais ne fait pas plus de commentaires.

« Vous l’avez retrouvé ??? Et le trafiquant, arrêté ?
-Non, il l’avait laissée sur le bas-côté, probablement parce qu’elle lui parlait trop, j’ai connu des gens qui ne supportent pas les bavards. Mais moi vous voyez, ça m’fait ni chaud ni froid, je pourrais parler pendant des heures que ça serait la même. Enfin, votre sœur est en sécurité. Mais c’est pas pour ça que je vous appelle. J’ai retrouvé vos canards en platine.
-C’est moi qui les ai retrouvés…
-Alors, où les cachaient-ils ces maudits pirates ?!
-Eh bien, ce n’étaient pas les pirates…
-Encore des magouilles Kosma, pourquoi vous évertuez vous toujours à m’être aussi désagréable ?
-C’est pas des magouilles sergent, j’ai même arrêté le vrai coupable.
-C’est moi qui l’ai arrêté…
-Je vous conseille de venir sergent, attendez, je vous donne l’adresse. »

Pendant que je cherche un nom de rue à donner, je vois la dame et le p’tit monsieur qui me regardent avec un certain agacement. Je finis ma conversation avec Mitard, qui me dit qu’il me rejoint sur place, bien que le ton soit toujours aussi agressif. Ensuite, je me retourne, un sourire embarrassé vers mes deux comparses.

« Je sais ce que vous allez me dire, c’est…
-COMMENT CA VOUS DITES A MON FRERE QUE VOUS M’AVEZ RETROUVE ALORS QUE JE SOUHAITAIS FAIRE PROFIL BAS ?
-Je…
-ET TU T’ATTIRES TOUT LE MERITE DE MON ENQUETE ?
-C’est…
-ON EXIGE DES EXCUSES ! Font-ils de concert.
-Votre frère – décidément un abruti – est persuadé que la drogue ne peut vous appartenir. Et Tonneau, désolé, mais je ne pouvais pas faire autrement que de dire que c’était moi qui avais trouvé les preuves. Imagine s’il apprenait que c’est un membre de l’équipage qu’il soupçonne de vol qui a prouvé l’innocence de ceux-ci ?
-Mouais… »

Ils se calment un peu et on attend l’arrivée de mes collègues. Encore une bonne affaire de résolue avec une collaboration somme toute originale.

***

De retour au qg de la Marine, Philémon emmené par deux de mes collègues, je suis Mitard jusqu’aux cellules, Tonneau toujours dans les pattes. Je lui ai dit de pas trop exprimer sa joie devant le sergent, il pourrait ne pas aimer ça. Amèrement, je vois mon supérieur ouvrir la première cage et annoncer d’une voix coincée par l’agacement de devoir admettre ses torts :

« Les accusés du canard en platine, vous êtes libres. »

Les camarades de Tonneau poussent des cris de joie, se lèvent et passent devant le sergent Mitard avec des airs narquois. Ils font les fiers. Mon supérieur devient vert et je m’empresse de les faire tous sortir avant qu’il ne revienne sur sa décision. Il en est bien capable. Je glisse un mot à Mitard pour lui dire que je dois aller rendre le gamin à sa mère, sinon elle va s’inquiéter, puis je file rattraper mon petit groupe d’ex-accusés.

Au dehors, je leur demande d’attendre d’avoir rejoint leur bord pour festoyer, mais déjà le capitaine est parti s’acheter une bouteille au coin de la rue.

Quand finalement toute l’équipe s’est rejointe sur le port, c’est le moment des adieux. Ils me regardent tous, me remercient de ce que j’ai fait pour eux et m’invitent à boire un pot que j’accepte volontiers. Une petite bière ne fait jamais de mal. Je regarde Tonneau du coin de l’œil. Il a l’air de bien s’amuser, il a retrouvé sa petite famille.

« Vous savez, je n’ai pas fait grand-chose, sans l’aide de Tonneau, vous n’auriez pas été libérés.
-L’aide de qui ?
-Du gamin. L’a pas voulu me dire son prénom, je lui en ai choisi un.
-Il est terrible c’te fripouille.
-De la vraie graine de terreur, que j’fais. Bon, c’est pas l’tout, mais j’suis pas censé être en congés aujourd’hui, j’vais devoir vous laisser. »

J’dis au revoir à toute l’assemblée et j’finis par le gamin qui a ôté le bonnet pour retrouver ses cheveux verts. Avec un sourire effronté, il me tend son poing en avant, en signe d’adieu. Je met le mien pour un dernier salut à mon petit compagnon.

« C’était une chouette enquête mon p’tit Tonneau, à la revoyure, fais pas trop de bêtises.
-Toi non plus, j’espère que tu t’en sortiras sans moi. »

Puis il s’en va rejoindre le bord, mais avant d’avoir atteint ses camarades, il se retourne une dernière fois et me glisse :

« Au fait, c’est Raphaël mon vrai prénom, mais tu peux m’appeler Raphton. »
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