Dernière édition par Loth Reich le Dim 1 Oct 2017 - 22:32, édité 1 fois
R.I.P
Valoonia
Au fond des bois, sous les tapis de feuilles mortes, un bunker. De tortueuses marchent mènent à un petit couloir qui dessert plusieurs pièces mal éclairées. Loth était là et il n'était pas seul, le Transporteur en est convaincu. Les lustres à bougies sont encore allumées et sur le sol d'une pièce en particulier, il retrouve des traces de sang frais. Ils ont précipitamment quitter les lieux, conclut-il avant de tout fouiller à la recherche d'indice et surtout du corps. Le corps de Loth devrait être quelque part mais il ne trouve rien. La vivre card s'est bien désintégrée dans sa paume, consumée en même temps que la vie du Moine Hérétique. Que diable ont-ils fait de son corps ? Dimas se retourne vers l'entrée. Le Mantra l'a prévenu de l'imminence d'un danger. Deux deux en fait. Un homme et un animal. Il les identifie rapidement, pour les avoir déjà rencontré à plusieurs reprises. La dernière fois, c'était vingt-quatre heures auparavant. A Boréa.
- Euron Bear et son fidèle Oberyn.
Euron Bear "Le Fauve" & Oberyn
- Ça te ressemble pas d'affronter le danger, Transporteur. D'habitude, ton truc c'est de détaler la queue entre les jambes, dit le Lt-colonel pendant que le molosse à ses côtés rugit férocement, canines à découvert.
- Je transporte des choses, d'un point A à un point B. Les castagnes, je les évite quand je peux et tant pis si ça fait de moi un lâche. Seul compte le résultat et la satisfaction de mes clients. L'honneur, ça fait pas gagner des thunes.
- Donc pourquoi tu te caches pas comme tu sais bien le faire ? Pourquoi tu fuis pas ?
- Bof, parce que t'es pas là pour moi.
- Oh que si ! Oberyn a senti ton odeur et m'a orbité droit sur toi !
- Ah bon ? C'est pas plutôt Ombeline que tu recherches ?
- Si mais je n'oublie pas que t'as failli génocider des milliers de personnes avec ton gaz à Lavallière !
- J'ai été payé pour déposer le système de ventilation du gaz. Sans rancune, juste du business.
- Ouais, t'étais de mèche avec Lavoisier ! Le mec qu'a kidnappé Ombeline et Reich ! Tu vas de suite me cracher ce que tu sais et où elle est retenue, criminel ! Qu'est-ce qui te faire rire ?!
- Pardon, dit le Transporteur en effaçant une perle de larme. C'est drôle parce que toi aussi, t'es un criminel maintenant.
- Quoi ?
- Oh tu sais pas encore ? Ça passe en boucle sur Requiemradio ! Tout l'équipage des Bêtes de l'Ombre est recherché pour haute trahison. Ils vont ont tous mis de jolies petites primes sur la gueule. Toi t'es à 35 millions. Un peu cheap non ? Hahaha !
- C'est un coup de Sierra mais c'est super, ça signifie qu'ils sont en route ! Mouahohoho ! rigole le Fauve d'un rire semblable à un aboiement.
Tu comprends Dimas ? Les Bêtes de l'Ombre sont en route ! Avec l'armada du G-4 ! On va retrouver Ombeline et mettre ces esclavagistes à feu !
- On ferait mieux de coopérer, nan ? C'est pour ça que je me suis pas barré d'ailleurs. On a les même buts, pourquoi ne pas s'entraider ?
- Te fous pas de moi ! Morsure de l'homme-bête !
Euron et son chien bondissent de concert. Le couloir exigu limite les mouvements. Leur vitesse les emporte, ils courent sur les murs un bref instant avant de retomber tout près du Transporteur. Les griffes de l'humain et de l'animal cinglent mais brassent du vide. Avec un léger "pop", Dimas rétrécit à la taille d'une balle de tennis avant de reprendre sa forme originelle dans la même seconde. L'esquive décontenance les assaillants. Les poings du livreur échouent sur leurs flancs et les font valser. Ils finissent l'un sur l'autre. « Sois pas si manichéen mec ! L'insigne que tu portes veut plus de toi ! Tu désobéis à tes supérieurs, t’entreprends des actions non autorisées par ta hiérarchie du coup, t'es un paria. Moi je gagne de l'argent en me torchant la prostate avec vos lois. Du coup, je suis un paria. On est pareil, Euron ! »
Il se relève, le Fauve. Il ne supporte pas que ce type primé à 50 millions pour transport de drogues, d'armes lourds et collusion avec des entreprises criminels les croit du même bord jusque parce qu'un sous-amiral carriériste à mis leurs têtes à prix. C'est juste une question de régime, sous d'autres administrations moins corrompues, leurs actions auraient été cautionnées. « J'ai pas envie de me battre, y a moyen qu'on coopère. Hier j'étais ton ennemi le temps d'une mission, aujourd'hui, je peux être ton allié. Mon boulot c'est de transporter et livrer des choses et parfois, des gens. Très rarement, je dois d'abord dénicher moi-même ce que je dois livrer. C'est le cas aujourd'hui, on m'a payé pour retrouver Loth et le livrer. Ta commandante est avec lui. Si on fait front commun, Lavoisier et ses complices n'auront aucune chance. »
- Tu t'fous de moi ?! Tu vas me dire qu'hier tu travaillais pour Lavoisier et qu'aujourd'hui, tu travailles contre lui ?
- Y a rien de personnel, je t'ai dit. C'est du business. Et puis, je taffais pas vraiment pour Lavoisier si tu veux tout savoir. Il a acheté son gaz mortel avec quelqu'un et c'est ce dernier qui m'a chargé de le transporter à Boréa. Point final. J'ai jamais vu Lavoisier de ma vie.
- Qui t'a engagé pour sauver Reich du coup ?
- Le père noël.
- Ça en dit long sur les fréquentations de Reich qu'on soupçonnait depuis fort longtemps de collusion avec le monde criminel ! Tu viens de me donner la preuve !
- Oh ma poule, tu tires des conclusions hâtives. J'ai dit qu'on m'a payé pour le retrouver et le livrer. Tu sais pas si mon mandataire veut le couvrir de bisous ou le trucider à petit feu ! dit Dimas avec un sourire mauvais.
Loth s'est fait un tas d'ennemis, Lavoisier et le Conclave ne sont que le sommet de l'iceberg. Mais si quelqu'un a encore plus d'ennemis que lui, c'est bien Ombeline Santana, han ?
- Du calme Oberyn, murmure le colonel à son chien qui s'impatiente.
- Sage décision. Moi je dis que l'ennemi de mon ennemi peut être mon ami tant que nos objectifs concordent. Ton petit dilemme de conscience est un faux problème, la Marine t'as rejeté. Tu n'es qu'un criminel maintenant. On collabore pour les trouver et après, on avise ?
- Disons que j'accepte ta proposition, Dimas. T'as un moyen pour retrouver Reich ?
- J'avais.
- Comment ça ?
- C'était une vivre card mais elle a brulé entièrement y a un moment.
- Quoi ? Tu veux dire que Reich est mort ?! s'enquiert Euron abasourdi.
- Je dois apporter la preuve à mon employeur. Ton clebs peut pister ta cheffe non ?
- Moi aussi, j'ai subitement perdu la trace d'Ombeline, avoue-t-il en grinçant des dents. Son odeur a disparu, comme s'il n'avait jamais existé. On a tourné en rond pendant un bout de temps avant de repérer ton odeur.
- Quel pied ! Dire que j'espérais que tu me mènes à elle !
- Idem. Du coup, notre alliance est morte dans l’œuf. Tu ne m'es d'aucune utilité, Dimas !
- Et puis quoi ? On va remettre la baston ? Moi c'est un cadavre que je recherche désormais, je suis pas pressé. Si tu veux hypothéquer les dernières chances de ta cheffe en te faisant gravement blesser, je suis ton homme.
PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!
- Je suis en galante compagnie, dit le livreur en décrochant.
- Je vois, répond la voix profonde, grave et rassurante du Gila à l'autre bout du fil. C'est une Bête de l'Ombre, je présume ?
- Comment l'avez-vous deviné ?
- Moi aussi j'ai entendu leur mise à prix rocambolesque.
- A qui ai-je l'honneur ? demande Euron qui tente de reconnaitre le timbre sans succès.
- Le père noël. La tienne aussi est devenue cendre ?
- Ouais.
- Tu crois qu'ils l'ont vraiment tué ?
- Pas avant d'avoir vu son corps.
- Il est mort, faites-vous une raison, y a aucun moyen de berner une vivre card, intervient le Marine. Si on m'avait dit que je participerai un jour à une telle conversation, j'aurai éventré la personne sur-le-champ.
- Y a un début à tout, fais-toi une raison aussi. Je suis présentement dans le bunker où ils étaient. Tout laisse à penser qu'ils ont levé le camp en vitesse. J'ai pas trouvé le corps de Loth et mon nouvel ami m'a informé que l'odeur d'Ombeline a disparu comme par magie.
- Je suis pas ton ami, fumier !
- Ce sont des contre-mesures, y a anguille sous roche. Je vais le chercher jusqu'à le trouver. Tu permets ?
- Bien sûr, agrée le Gila. Fais-moi signe quand tu trouveras un truc.
Gatchan !
- Il m'avait l'air bien inquiet, ce père noël. Tu veux me faire croire qu'il t'a mandaté pour avoir l'occasion de démolir Reich lui-même ?
- Réserve cette question à Ombeline. Elle rêve de capturer Reich de ses propres mains non ? Tu lui demanderas ce que ça fait quand on chipe sous tes yeux l'objet de ta hantise. On continue de papoter où on trouve un plan pour les localiser ?
[...]
En mer
- C'était quoi c'souk ? Ton envoyé qui fricote avec un marine ?
- Ils poursuivent le même but, ils coopèrent. C'est normal.
- Normal ! tonne Achille Ykon Karnei. Normal ?! C'est toi qui dit ça ? Combien en as-tu fait exécuter dans ta carrière pour avoir respiré le même air que des mouettes, Gila ? Normal après que les Tempiesta t'aies vendu au sous-amiral Jared ? On commence par parler aux mouettes puis on devient un mouchard ! J'ai pas confiance en ce Dimas ! Et puis, ton petit est mort. On a plus d'objectifs, moi je me casse !
- C'est moi qui décide des objectifs, Achille.
- Mais encore ? M'suis ramené ici avec mes gars parc'que j'devais t'aider à libérer ton protégé contre ta technologie de faux-monnayage. Y a plus de petit à sauver, le marché tombe à l'eau non ?
- La mort de Loth reste à prouver et c'est ce à quoi va s'atteler Dimas. Nous, on s'en tient au plan de bataille.
- C'est ridicule. On va pas attaquer une ville pour un mec surement mort ?
- Ça s'appelle de la vengeance, rétorque la tueuse androgyne Avada Kédavra.
- Et ben, j'suis pas sûr que ça m'branche, réplique le plus célèbre mafieux de South Blue. Avant c'était plus clair. Une diversion, on rentre, on chipe Loth, on se casse. Là c'est trop flou comme but, on n'est pas des pirates pour attaquer une ville juste pour le plaisir. Puis on va s'enliser et s'faire massacrer comme des rats.
- Vous non. Mais nous, si ! intervient Dieudonné, capitaine des Twins Bones Pirates. On est toujours du plan, Gila.
- Merci.
- Oh pitié, mes bateaux composent soixante pour cent de notre flotte. C'est du suicide pur et simple si vous y allez.
- J'espère pour toi alors que j'y mourrai, Achille. Autrement, sois sûr que mon premier objectif en sortant de là sera de dépecer ton organisation morceau par morceau jusqu'à toi !
- Quoi... tu... tu me menaces ?
- C'est pas lui seul, renchérit Wilhelmina "Carmine Baroness", seconde de la bande de pirates. Celle-là et tous les Twins vous traqueront et puniront votre lâcheté !
- Je serai ton pire cauchemar, complète l'androgyne d'une voix qui blêmit Karnei moins serein tout à coup, quand le meilleur sniper des Blues ajoute son brin de menace.
Abandonne-nous et tu laisseras la vengeance décider de ton sort. Rompt cette alliance Momie, et tu l'emporteras pas au paradis.
- Si Rhétalia t'effraies plus que nous, c'est que tu n'as rien compris. On est décidé à s’aliéner le monde entier pour le sauver. Parce qu'on sait qu'il le fera sans hésiter pour nous. Choisis ton camp, lui dit le Gila. Car ne pas choisir, c'est aussi choisir.
Dans la baie de Valoonia
- Non, ne faites pas ça ! enjoint l'archigouverneur.
- Ils ont tué Loth, Von Vaughn ! La guerre est déclarée.
- Y a toujours un moyen de négocier.
- Négocier quoi ? Je viens de perdre mon ami, Bliss vient de perdre son plus célèbre citoyen ! Depuis trop longtemps, Rhétalia se fout de nous, sûre que ses relations commerciales indispensables la protègeront. Il est temps de lui montrer qui sont les Grantz de Bliss ! On leur passera l'envie de s'attaquer à des Blissois !
C'est à ce moment-là que chamboule la paix sur South Blue.
Le navire amiral Blissois canonne et expulse un boulet symbolique vers les côtes Rhétalienne. En face, les autochtones répondent. Un boulet est tiré et intercepte l'autre. Tous deux s'annihilent dans un amas de fumée anthracite au-dessus de la mer. Fidèle au plan arrêté, l'armada Blissoise se disloque en petites flottilles. Sur le pont du Marijoa, le roi Gaiden Grantz Junior ne quitte pas des yeux les navires Rhétaliens qui adoptent une position défensive. Il connait la réputation des Bâtards, ce sont des marins hors du commun, esclaves et eunuques de surcroit. La mort n'est pas une préoccupation, seule la satisfaction de leurs maitres en est ; aussi, se donneront-ils au-delà de leur capacité pour gagner. La victoire ne sera pas aisée et c'est cela qui rend la chose intéressante, se dit-il en jetant sa cape royale. Un roi, ça doit se battre. Les projectiles volent dans tous les sens, attaque contre riposte. Loth est mort, regrette profondément Jay-jay en soulevant un boulet de la taille d'une maisonnette. Il l'aimait comme un frère tout en s'en méfiant. Sa mort bien que tragique donnera l'occasion à Bliss d'élargir son territoire en toute légitimité.
- Steel Fist Meteor ! qu'il hurle en projetant le colossal boulet à la vitesse d'une balle.
Essayez de repousser ça !
[...]
Résidence d'été des Von Vaughn, Médicis, South Blue
- Et merde ! rage l'illustre politicien qui jette son escargophone à travers la salle.
- Je suis désolé, s'excuse Mike Spencer le chef de cabinet. C'est ma faute, j'ai pensé que monter les lobbys contre eux les ralentirait.
- Tu n'y es pour rien, c'est ce roitelet qui est stupide ! Enfin, non, je ne crois pas qu'il le soit, dit Lars Von Vaughn en reprenant contenance. S'il a réussi à constituer des réserves stratégiques de fer et de bois rendant l'action des groupes de pression farfelues, c'est qu'il a prévu ces périodes de disette. Il est loin d'être bête Gaiden Grantz Junior, pas plus qu'il n'est impulsif.
- Que voulez-vous dire ?
- Grantz instrumentalise le meurtre de Loth pour légitimer sa guerre mais je suis sûr qu'il a une idée derrière la tête. Je veux être présent pour constater ça de mes propres yeux. Fais préparer le bateau le plus rapide de notre parc. Je me rends daredare à Rhétalia !
- En tant que conseiller, je dois vous le déconseiller monsieur. C'est désormais une zone de guerre.
- Et alors ? Combien de ces zones avons-nous fréquentés Mike ? Maintenant que la guerre est réalité, les nations du GM qui ont menacé de soutenir Rhétalia seront forcées de faire un choix. Mon rôle est de limiter la casse.
- Sans compter les Bêtes de l'Ombre qui se sont échappées avec la quasi-totalité de la flotte du G-4.
- Sierra et Thémis payeront pour cette bévue, tranche Von Vaughn. Mais pour l'instant, on a plus important à fouetter comme chat. Jusqu'à ce que cesse cette confrontation, Rhétalia est le nombril de South Blue. C'est l'endroit où il faut être, et nulle part d'autre. Tous les opportunistes ambitionnent déjà de tourner en leur faveur la situation.
- Et nous ?
- Nous sommes en première ligne, naturellement. Rhétalia est un gros gâteau, veillons à nous tailler la part du lion !
[...]
En mer
- 'tain le fils de pute ! s'écrie Darlessa Simons dès qu'elle décroche. Tu peux y croire ça, Euron ? Il a mis nos têtes à prix ! Vingt briques pour moi ! L'enculé ! Je vaux bien plus que ça quand même !
- Non, c'est exactement ce que tu pèses, répond Aemon Roose à ses côtés.
- Ta gueule andouille ! Toi t'as cinq briques de plus que moi alors que tu glandes que dalle !
- Vous êtes sûrs que c'est le plus important là maintenant ?! Vous quereller pour des primes qui bousillent nos vies ? demande gravement le colonel au bout du fil.
- Bah, tu sais, tant qu'à pourrir nos vies, que ça les pourrisse bien quoi. Ombeline est à cent cinquante briques... Sa mère...
- Oublie la chef, 'Lessa est folle, reprend Ricard West, lieutenant d’Élite de son état. On est en route, qu'est-ce qui se passe ?
- Comment ça, vous êtes en route ? Vous n'êtes pas en train d'attaquer la baie là ?
- Non. On est encore à un quart d'heure au moins de l'ile. Pourquoi ?
- On entend des coups de canons de notre position. Je pensais que c'était vous.
- "On " ?
- Oui, je suis avec Dimas.
- Dimas ? Le Transporteur ? Tu l'as capturé ?! exulte Darlessa.
- Non, tête de noix. Il vient de dire qu'il est avec moi. On fait équipe, répond l'autre dans l'escargophone.
- Da fuuuck chef ?! C'est quoi ce délire ?!
- C'est une longue histoire et je suis plus incrédule que vous, vous inquiétez pas.
- Ah si, je m'inquiète ! On traque ce type depuis un an et toi tu fais équipe avec lui pépère ?!
- Je te dis que c'est une longue histoire 'Lessa ! J'ai pas le temps de vous l'expliquer, pas plus que de le combattre lui. Il peut nous aider à trouver Ombeline, donc je prends volontiers.
- C'est qu'une goutte d'eau ça, commente Aemon "Priest". On a volé la flotte du QG pour assouvir nos ambitions. On a déjà pactisé avec le diable. Du coup, si c'est pas nous, les canons que tu entends, c'est quoi ?
- Ça doit être Bliss, répond Dimas. Loth est Blissois et tout le monde sait que les Grantz détestent Rhétalia au plus haut point depuis des siècles. Cette crise doit être du pain béni pour eux.
- Dans tous les cas, tout ce qui attaque Rhétalia en ce moment est un allié potentiel pour nous. J'ai aussi une autre mauvaise nouvelle les gars, il semblerait que Reich ait été tué.
- QUOI ?
- Mais... Ombeline va vraiment bien ?
- C'est que ce que Dimas et moi on va essayer de découvrir... Bon sang, j'ai mal rien qu'en prononçant son nom à côté du mien, chiennasse de vie !
- Y a un début à tout je t'ai dit.
- Bref, on essaie de localiser Ombeline et le cadavre de Reich.
- Vous avez des pistes ?
- Ouais, y a des indices dans le bunker que les kidnappeurs ont délaissé et on a toujours le flair d'Oberyn et le Mantra de Dimas. Quand vous approcherez des côtes, prêtez main forte aux Blissois. Si on contrôle la baie, on contrôlera les entrées et les sorties. On se reparlera dans ces eaux-là.
- Fais de ton mieux chef ! Ramène-la-nous !
- Promis, Darlessa. Comme le dirait Ombeline, n'oubliez pas le plus important.
- DÉCHAINEZ-VOUS CAR ON NE VIT QU'UNE FOIS ! ET SURTOUT, AMUSEZ-VOUS ! disent-ils tous à l'unisson.
Impressionnante qu'est cette armada d'une trentaine de navires qui a le vent en poupe. Altière qu'est cette avant garde composée de cinq mastodontes, ces terribles cuirassés qui font la fierté de la Marine et la terreur de ses ennemis. En s'emparant habilement de la flotte du sous-amiral Sierra, c'est une puissance de feu à nulle autre pareille sur South Blue que détiennent les Bêtes de l'Ombre. En tête de file, l'Achéron ouvre la voie et porte haut le blason de cet équipage autrefois le plus efficace des quatre mers. Aujourd'hui plus que jamais, l'emblème choisi par Ombeline apparait agressif, presque reniant le Gouvernement. « "tain ! Avant, quand on nous disait que notre drapeau faisait "Révo", je le croyais pas. On dirait presque qu’on va dépecer l’insigne de la Marine, c’est ouf ! » monologue Darlessa en rajustant son béret bleu. « En tout cas, ça a de la gueule ! »
[...]
Valoonia
C'est dans une ville fantôme qu’atterrit le dirigeable de l'homme le plus puissant de Rhétalia. Juste avant, le souverain pontife eut l'occasion de voir depuis les airs les panaches de fumée et les bateaux pas plus grands que des boites d'allumettes. Ça y est, s'était-il dit, la guerre a commencé. Il est partagé entre anxiété et excitation. Si les lendemains sont désormais incertains, ils sont aussi prometteurs à condition de bien exploiter la crise. Avec hâte, il descend de sa montgolfière sous les feux des journalistes. Surplombant le comité d'accueil de ses dix mètres de haut, le géant Booba Mah, seconde personnalité du pouvoir tricéphale de Rhétalia, patiente, le visage grave. La poignée de mains entre les deux hommes (malgré la démesure de l'un par rapport à l'autre) est virile. Comme pour montrer que les dirigeants sont solides en ces heures sombres. L'unité affichée et voulue par le Pape est bancale cependant, le dernier membre du Conseil Orys manque à l'appel. Alexander Pope se retrouve obligé de justifier son absence durant une conférence de presse improvisée sur le tarmac.
- Haute Rougemont De Wittelsbach travaille activement à la résolution de la crise. L'agression Blissoise est le point d'orge d'une série de regrettables malentendus intégralement imputables au Gouvernement Mondial et à l'Archigouvernorat de South Blue ! Bien que nous espérons trouver une solution pacifique et ce le plus rapidement possible, nous restons une nation forte, capable de se défendre et nous repousserons l'envahisseur, quel qu'il soit ! assure-t-il avec véhémence avant de s'interrompre après une explosion particulièrement sonore loin dans la baie.
- On doit vous mettre en sécurité ! lui souffle un de ses gardes.
- Loth Reich est-il vraiment mort ? questionne un journaliste.
- L'archigouvernorat soutient que son meurtre a été commandité au plus haut niveau, qu'est-ce-que les Orys répondent à ça ?
- Accusation mensongère ! répond Booba Mah.
- Quid du Conclave ? On dit qu'il a des ramifications partout et tient les Orys en otage ?
- Un plan d'évacuation de Valoonia est-il prévu maintenant que les hostilités sont ouvertes ?
- Pouvez-vous nous assurer que Bliss ne parviendra pas à accoster ?
- Quid de l'équipage d'Ombeline Santana qui a été désavoué par la Marine ? Ne risquent-ils pas d'attaquer le pays ?
- Nous ne pouvons vous en dire plus pour le moment mais nous tiendrons une conférence de presse à l'issue de nos concertations dans deux heures.
Ils sont évacués par les Dresseurs pendant que les questions des journalistes insatiables fusent. Les deux dignitaires s'engouffrent dans un carrosse colossal qui s'ébranle vers le nord de la ville, tracté par des créatures chevalines squelettiques. Tout autour d'eux galope une unité de protection rapprochée. Les rues de Valoonia d'habitude si grouillantes de vies sont désertes. « Nom d'un chien, elle est où Rougemont ?! » beugle le Pape. Haut Booba Mah hausse les épaules, il s'en fiche royalement. L'inimitié entre eux n'est pas un secret de polichinelle. Sur la banquette en face du pontife, l'attaché de presse des Orys, Rupert la Brindille (un homme si famélique que jamais un surnom n'a jamais autant collé à un individu) déclare que Haute Rougemont est sur répondeur depuis un moment ce qui porte la colère de Pope à son paroxysme. S'il n'avait pas peur d'aggraver la situation, il aurait immédiatement usé du Oups Act pour la démettre de ses fonctions ! Quand la crise se sera tassée, il se promet de lui régler politiquement son compte quite à s'aliéner sa famille. Si les dieux sont de son côté, il pourra en profiter pour définitivement mettre au placard tous les Premiers-Sangs. A bien des égards, cette crise est une aubaine pour qui saura en saisir les opportunités, rigole intérieurement le pontife. Dans la cachette surprotégée et suréquipée qui leur servira de centre de commandement, les Orys ont rendez-vous avec des gens dont les visages s'affichent un à un au fur et à mesure que les écrans fixés sur le mur s'allument.
- Merci à vous tous d'avoir favorablement répondu à notre appel, introduit le Pape. Comme vous l'avez appris, Bliss a attaqué sans cure de vos préoccupations.
- Faire la guerre pour une seule personne, c'est risible ! clame un homme massif aux yeux de porcin sur l'écran à l'extrême gauche. Il y a anguille sous roche et on ne laissera pas faire Bliss !
- Veuillez reconnaitre son Illustre Majesté, le Despote d'Anacréon ! dit la Brindille dans un murmure parfaitement audible.
- Merci Despote.
- Anacréon n'a pas l'intention de s'agenouiller devant les Grantz et encore moins devant le Gouvernement Mondial ! Plus jamais notre noble emblème ne sera souillé de la sorte ! reprend-il avec colère. J'ai annoncé mon intention de sortir du Gouvernement Mondial toute affaire cessante ! En ce moment même, les Marines de leur garnison sur le territoire d'Anacréon sont en train d'être débarqués ! Le GM, c'est de l'histoire ancienne et je suis prêt à la guerre pour garder mon despotat hors des rouages de cette organisation corrompue !
- C'est une bonne nouvelle.
- Même si Anacréon est sur East, je vous dépêche immédiatement deux milles hommes et vingt caraques de combat. Il faut se serrer les coudes !
- Juste avant qu'ils ne s'endorment, nous contons à nos enfants la hardiesse des fiers marins Anacréoniens ! assure le Pape en caressant le Despote dans le sens du poil. Nous ne serons que trop heureux de vous conter parmi nos amis.
- Smyrno vous a apporté son soutien dès les premières esquisses de cette comédie et continuera à le faire ! annonce une femme d'un certain âge. J'ai convoqué mon conseil de guerre pour examiner la façon dont nous pourrions vous aider.
- Reconnaissez, s'il vous plait, la Voïvode Amélina Pompavelao III de Smyrno.
- Par ma voix, le peuple Rhétalien vous remercie, Voïvode.
Booba Mah a du mal à croire que la prédiction d'Alexander Pope se réalise sous ses yeux. L'un après l'autre, les souverains virtuellement présents renient leur adhésion au Gouvernement Mondial. Étrangement, pour des égos aussi démesurés que les leurs, l'affront collectif subi est bien plus blessant que l'affront personnel. Que Lars Von Vaughn ait arbitré en faveur de Bliss au mépris de leurs doléances communes ébranlent leur foi. Tout le monde a foi en quelque chose, constate le Géant. Certains croyaient naïvement dans la fédération mondiale et en ses vertus ; d'autres la savaient corrompue mais croyaient que grâce à leurs relations ils s'assureraient toujours le dernier mot ; d'autres encore misaient sur l'argent ; mais ceux qui déchantent le plus sont ceux dont l'existence même dépend de Rhétalia. Anacréon est de ceux-là. En tant que plus grande nation sur pilotis du monde, sa survie est étroitement liée à la désalinisation de l'eau de mer qui constitue aussi le socle de son économie. Et pour ce faire, à une échelle capable d'abreuver des millions de personnes en eau potable, Anacréon a besoin du Rhétalium. Et naturellement, ce minerais-éponge ne se trouve qu'à Rhétalia... Chacun trouve écho dans les problèmes de l'autre et nul n’a intérêt à permettre que le Pays aux Milles Pyramides croule sous l'envahisseur.
- Vous n'avez pas d'armée Roi de Zankou, permettez-nous de vous dire que sortir du Gouvernement de cette façon était imprudente.
- J'aurais dû rester là ? A cautionner l'insulte ?! tonne un petit souverain à l'écran.
- Ce que veut dire Pope, c'est qu'on est soit avec eux ou contre eux. Moi je n'ai pas décidé ça sur un coup de tête. Depuis que mes ancêtres ont autorisé la Marine à camper chez nous, il y avait un plan pour les bouter dehors au cas où. Et même malgré ça, on n'est pas arrivé à les déloger d'un coup ! Leur caserne est en état de siège à l'heure où je vous parle ! Être séparatiste, c'est déclarer la guerre et si vous n'êtes pas capable de les repousser, ils vont vous envahir, planter votre tête sur une pique et vous remplacer par un gouverneur.
- Je vous en p'ie Despote, évitons le catast'ophisme.
- C'est pas du catastrophisme Booba Mah ! C'est la réalité. Pour son malheur, Zankou se trouve dans le Nouveau Monde. Dans ces contrées lointaines où rodent des monstres de puissances d'allégeances diverses, déclarer la guerre sans y être préparé, c'est du suicide !
- Aidons le Royaume de Zankou alors ! déclare le Pape à l'étonnement de tous.
- Pardon ?
- Nous sommes tous d'accord que le GM n'est plus d'aucun intérêt pour nous. A la fois commercialement, idéologiquement, et cetera. Nous sommes aussi d'accord qu'en le reniant publiquement, nous ouvrons nos nations respectives à la guerre. C'est à dire que nous sommes tous dans le même bateau et tels des Frères de la côte perdus dans une mer déchainée alors que se profile une vague scélérate, nous ne pouvons que nous entraider ! Désormais, nous sommes des sécessionnistes et si nous ne nous serrons pas mutuellement les coudes, nous disparaitrons comme tous ceux avant nous qui osèrent s'opposer au GM.
- C'est très noble de votre part de faire une telle proposition alors que votre nation est dans la tourmente, dit une femme coiffée d'un couvre-chef extravagant en plume aux couleurs vives.
- Nous ne pensons pas uniquement à Rhétalia mais à notre survie en tant que groupe soudé, Baronne de Carnaval. Alors, qui peut aider Zankou ? demande Alexander en se tournant vers les trois nations du Nouveau Monde présentes.
- Je pense qu'on peut les soutenir, finit par dire la reine Ekaterina d'Ekaterinbourg. On peut leur dépêcher un bataillon et quelques brises glaces.
- Merci ma reine. Nous vous invitons à multiplier les gestes envers vos voisins. Le fait que le GM fasse une si piètre Union c'est parce qu'il est gangréné par le chacun pour soi. Nous pouvons faire mieux, aider sans attendre de merci et concilier les intérêts en ne lésant personne. Jamais. Ainsi seulement, nous poserons les bases d'une amitié solide, durable.
- On dirait que vous proposez de créer un Gouvernement Bis.
- Et pourquoi pas, Despote ? demande le Pape en se levant, conscient qu'il est à un moment crucial de l'histoire. Oui, pourquoi pas ? Le Gouvernement Mondial a-t-il toujours été absolu, tentaculaire, suprême ? Non. A la base, ce n'étaient que vingt nations. Combien sommes-nous ici ?
- Treize, répond la Brindille.
- Treize. Un chiffre bien puissant pour ceux qui croient en la numérologie. Nous ne sommes pas de ceux-là mais nous croyons en l'amitié désintéressée et plus que tout, nous croyons qu'aucun empire n'est éternel. Le GM a vécu et il vivra peut-être encore mille autres années. Je ne propose pas de le renverser aujourd'hui, je propose d'être des précurseurs pour que les arrières petits-enfants de nos arrières-arrières petits-enfants rapportent que c'est ce jour, ici et maintenant que brula le feu de l'alliance nouvelle qui grandit petit à petit et balaya obsolescente et décadente institution jadis connue sous le nom de Gouvernement Mondial !
Les bras écartés comme s'il n'aspire qu'à tous les embrasser comme un père envers ses enfants, Alexander Pope les dévisage un à un. Sa verve a toujours été sa plus grande alliée, c'est grâce à elle qu'il est parvenu au sommet du pouvoir, lui l'enfant de boucher. Sa confiance en lui est contagieuse et au fil des secondes qui s'égrainent, les souverains acquiescent du chef pour certains et d'autres applaudissent chaudement l'initiative. « Nous ne sommes que l’embryon de quelque chose qui nous dépasse ! Parce qu'ils ont effacé l'histoire, nous ignorons ce qui a poussé ces vingts nations à s'unir il y a neuf cent ans. Peut-être ont-elles été victime d'une injustice grave ? Peut-être se sont-elles réunies pour résister à un ennemi plus puissant ? Une chose est sûre, elles étaient aussi bien originaires des Blues que de Grand Line et du Nouveau Monde. Ce que nous sommes nous aussi. Un nouvel ordre mondial mes amis, c'est notre utopie ! La partagerez-vous avez nous ? »
- Encore faudrait-il qu'on sorte tous vivants de cette histoire et qu'on maintienne le GM à distance.
- Le Despote est un homme pragmatique et prudent. Nous honorons la prudence, renchérit le Pape. J'exposais juste ma vision à long terme des choses. Pas de rédiger les termes d'une union ou quelque chose du genre maintenant. Mais au sortir de cette crise, il serait avisé que nous puissions nous unir dans une sorte de coalition qui donne de la substance à notre mouvement.
- Pourquoi attendre ? réplique la Baronne de Carnaval. Ce n'est pas demain qu'on a besoin d'être craints et pris aux sérieux, c'est maintenant ! Je propose de rédiger une déclaration commune instituant une alliance entre les treize pays qui ont rompu toutes relations de quelque nature que ce soit avec le GM !
- Je ne suis pas contre, approuve la reine de Smyrno. Une coalition surtout militaire où nous déclarerons que tous les pays de l'Alliance sont solidaires les uns envers les autres. Un pour tous, tous pour un et tous contre le Gouvernement Mondial !
- On ne va pas un peu trop vite ?
- Vous êtes le premier à avoir chassé l'ambassadeur du Gouvernement sur vos terres, Despote ! Vous êtes le premier à soutenir militairement Rhétalia alors même que vous êtes sur East Blue. Pourquoi hésitez-vous donc ?!
- Parce que prudence est mère de sureté. N'allons pas trop vite en besogne.
- Justement ! reprend l'archiduc Ferdinando de Los-Noxenbourg, en affirmant et en affichant notre cohésion, nous donneront de la matière à notre indépendantisme. Nous ne serons plus des pays disséminés gesticulant seuls dans leur portion d'océan mais une entité réelle, unie ! Et pas seulement de façade, je propose que des exercices militaires conjoints soient organisés voir mêmes des échanges de troupes entre les nations géographiquement proches. Que les plus puissants d'entre nous mettent les plus faibles sous leurs parapluies et déclarons tous que nous aiderons Rhétalia. Pope, l'archiduché à défaut de pouvoir vous soutenir militairement vous alloue dix milliards de Berry de crédit de guerre.
- Notre peuple vous en sera éternellement reconnaissant, marmonne le saint homme.
- Nous sommes tous convaincus, même le Despote, dit la reine Ekaterinbourg, un intense regard de défit fixé sur l'anacréonien.
- D'accord, d'accord, coalisons-nous. On se donne un nom aussi ?
- Il le faut bien. Une idée ?
- La rébellion des Treize ?
- L'alliance des treize brimés ?
- La confédération séparatiste ?
- L'alliance va-te-faire-foutre-Bliss ?
- Les confédérés ?
- Ah ouais, pas mal les Confédérés. J'aime bien.
- Ça nous plait bien, les Confédérés. Nous donnons notre voix pour ça, approuve le Pape.
- Oui, on peut garder ça pour le moment !
- Tous le monde est pour ?
- Il nous faut un leader. Aucune organisation viable ne saurait survivre sans un chef.
- Bien vu ! Nous proposons le Despote, dit le Pape. C'est un homme capable, extrêmement prudent et un grand stratège. Dieu que nous aurons besoin de lui dans les jours à venir !
- Pour !
- J'approuve !
- C'est tout bon pour moi !
- Bon... Je m'attendais pas à ça. Bon, je dirais qu'il est trop tôt pour parler de leadership. Ma recommandation n'a pas changé, tâchons d'abord de survivre. Ensuite, on verra. Je me charge de publier notre alliance et j'approuve entièrement les mesures proposées par l'Archiduc. On doit non seulement montrer nos muscles mais aussi purger la vermine. Gare au Cipher Pol, je suis certain qu'ils préféreront les moyens souterrains à la guerre visible. Je propose de nous retrouver dans vingt-quatre heures pour faire le point.
Les écrans s’éteignent et le Pape hurle d'une joie rageuse. Le géant qui ne croyait pas qu'une telle alliance puisse voir le jour reconnait qu'il s'est fourvoyé et félicite son collègue. Il est toujours bouche bée Booba Mah, clairement impressionné par le doigté avec lequel Alexander Pope a manipulé tout ce monde. « Tu vois ? Ils ont tous peur -à part le Despote peut-être, c'est un homme énigmatique-. Ils ont tous plongé vers l'inconnu en déclarant leur indépendance parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement. Ils ont besoin de Rhétalia. Mais pas une seule fois nous n'avons pointé ce fait. Nous avons parlé union, nous avons préféré insister sur le malheur des autres en mode grand seigneur. Nous avons même proposé le plus réticent d’entre eux pour devenir notre chef provisoire. Les êtres humains sont des animaux sociaux et ça, les vingt premiers rois l'avaient compris mieux que quiconque. Nul ne se suffit. Le GM leur conférait une sorte de matelas de sécurité qu'ils ont perdu mais ne cherchent qu'à retrouver. Et puisque nous sommes dans la même galère... C'est trop énorme ! Nous donnerions beaucoup pour voir le visage de Lars Von Vaughn à la lecture de la déclaration commune ! »
- Quelle est l'étape p'ochaine ?
- La conférence de presse, Mah. Organisons-là et présentons nos nouveaux amis. La guerre par les armes n'est pas la seule que nous devons gagner. Mais avant ça, Rupert, quid de la situation ?
- L'attaché de guerre attend pour vous faire un point.
- Qu'il vienne.
- Vous n'avez pas d'armée Roi de Zankou, permettez-nous de vous dire que sortir du Gouvernement de cette façon était imprudente.
- J'aurais dû rester là ? A cautionner l'insulte ?! tonne un petit souverain à l'écran.
- Ce que veut dire Pope, c'est qu'on est soit avec eux ou contre eux. Moi je n'ai pas décidé ça sur un coup de tête. Depuis que mes ancêtres ont autorisé la Marine à camper chez nous, il y avait un plan pour les bouter dehors au cas où. Et même malgré ça, on n'est pas arrivé à les déloger d'un coup ! Leur caserne est en état de siège à l'heure où je vous parle ! Être séparatiste, c'est déclarer la guerre et si vous n'êtes pas capable de les repousser, ils vont vous envahir, planter votre tête sur une pique et vous remplacer par un gouverneur.
- Je vous en p'ie Despote, évitons le catast'ophisme.
- C'est pas du catastrophisme Booba Mah ! C'est la réalité. Pour son malheur, Zankou se trouve dans le Nouveau Monde. Dans ces contrées lointaines où rodent des monstres de puissances d'allégeances diverses, déclarer la guerre sans y être préparé, c'est du suicide !
- Aidons le Royaume de Zankou alors ! déclare le Pape à l'étonnement de tous.
- Pardon ?
- Nous sommes tous d'accord que le GM n'est plus d'aucun intérêt pour nous. A la fois commercialement, idéologiquement, et cetera. Nous sommes aussi d'accord qu'en le reniant publiquement, nous ouvrons nos nations respectives à la guerre. C'est à dire que nous sommes tous dans le même bateau et tels des Frères de la côte perdus dans une mer déchainée alors que se profile une vague scélérate, nous ne pouvons que nous entraider ! Désormais, nous sommes des sécessionnistes et si nous ne nous serrons pas mutuellement les coudes, nous disparaitrons comme tous ceux avant nous qui osèrent s'opposer au GM.
- C'est très noble de votre part de faire une telle proposition alors que votre nation est dans la tourmente, dit une femme coiffée d'un couvre-chef extravagant en plume aux couleurs vives.
- Nous ne pensons pas uniquement à Rhétalia mais à notre survie en tant que groupe soudé, Baronne de Carnaval. Alors, qui peut aider Zankou ? demande Alexander en se tournant vers les trois nations du Nouveau Monde présentes.
- Je pense qu'on peut les soutenir, finit par dire la reine Ekaterina d'Ekaterinbourg. On peut leur dépêcher un bataillon et quelques brises glaces.
- Merci ma reine. Nous vous invitons à multiplier les gestes envers vos voisins. Le fait que le GM fasse une si piètre Union c'est parce qu'il est gangréné par le chacun pour soi. Nous pouvons faire mieux, aider sans attendre de merci et concilier les intérêts en ne lésant personne. Jamais. Ainsi seulement, nous poserons les bases d'une amitié solide, durable.
- On dirait que vous proposez de créer un Gouvernement Bis.
- Et pourquoi pas, Despote ? demande le Pape en se levant, conscient qu'il est à un moment crucial de l'histoire. Oui, pourquoi pas ? Le Gouvernement Mondial a-t-il toujours été absolu, tentaculaire, suprême ? Non. A la base, ce n'étaient que vingt nations. Combien sommes-nous ici ?
- Treize, répond la Brindille.
- Treize. Un chiffre bien puissant pour ceux qui croient en la numérologie. Nous ne sommes pas de ceux-là mais nous croyons en l'amitié désintéressée et plus que tout, nous croyons qu'aucun empire n'est éternel. Le GM a vécu et il vivra peut-être encore mille autres années. Je ne propose pas de le renverser aujourd'hui, je propose d'être des précurseurs pour que les arrières petits-enfants de nos arrières-arrières petits-enfants rapportent que c'est ce jour, ici et maintenant que brula le feu de l'alliance nouvelle qui grandit petit à petit et balaya obsolescente et décadente institution jadis connue sous le nom de Gouvernement Mondial !
Les bras écartés comme s'il n'aspire qu'à tous les embrasser comme un père envers ses enfants, Alexander Pope les dévisage un à un. Sa verve a toujours été sa plus grande alliée, c'est grâce à elle qu'il est parvenu au sommet du pouvoir, lui l'enfant de boucher. Sa confiance en lui est contagieuse et au fil des secondes qui s'égrainent, les souverains acquiescent du chef pour certains et d'autres applaudissent chaudement l'initiative. « Nous ne sommes que l’embryon de quelque chose qui nous dépasse ! Parce qu'ils ont effacé l'histoire, nous ignorons ce qui a poussé ces vingts nations à s'unir il y a neuf cent ans. Peut-être ont-elles été victime d'une injustice grave ? Peut-être se sont-elles réunies pour résister à un ennemi plus puissant ? Une chose est sûre, elles étaient aussi bien originaires des Blues que de Grand Line et du Nouveau Monde. Ce que nous sommes nous aussi. Un nouvel ordre mondial mes amis, c'est notre utopie ! La partagerez-vous avez nous ? »
- Encore faudrait-il qu'on sorte tous vivants de cette histoire et qu'on maintienne le GM à distance.
- Le Despote est un homme pragmatique et prudent. Nous honorons la prudence, renchérit le Pape. J'exposais juste ma vision à long terme des choses. Pas de rédiger les termes d'une union ou quelque chose du genre maintenant. Mais au sortir de cette crise, il serait avisé que nous puissions nous unir dans une sorte de coalition qui donne de la substance à notre mouvement.
- Pourquoi attendre ? réplique la Baronne de Carnaval. Ce n'est pas demain qu'on a besoin d'être craints et pris aux sérieux, c'est maintenant ! Je propose de rédiger une déclaration commune instituant une alliance entre les treize pays qui ont rompu toutes relations de quelque nature que ce soit avec le GM !
- Je ne suis pas contre, approuve la reine de Smyrno. Une coalition surtout militaire où nous déclarerons que tous les pays de l'Alliance sont solidaires les uns envers les autres. Un pour tous, tous pour un et tous contre le Gouvernement Mondial !
- On ne va pas un peu trop vite ?
- Vous êtes le premier à avoir chassé l'ambassadeur du Gouvernement sur vos terres, Despote ! Vous êtes le premier à soutenir militairement Rhétalia alors même que vous êtes sur East Blue. Pourquoi hésitez-vous donc ?!
- Parce que prudence est mère de sureté. N'allons pas trop vite en besogne.
- Justement ! reprend l'archiduc Ferdinando de Los-Noxenbourg, en affirmant et en affichant notre cohésion, nous donneront de la matière à notre indépendantisme. Nous ne serons plus des pays disséminés gesticulant seuls dans leur portion d'océan mais une entité réelle, unie ! Et pas seulement de façade, je propose que des exercices militaires conjoints soient organisés voir mêmes des échanges de troupes entre les nations géographiquement proches. Que les plus puissants d'entre nous mettent les plus faibles sous leurs parapluies et déclarons tous que nous aiderons Rhétalia. Pope, l'archiduché à défaut de pouvoir vous soutenir militairement vous alloue dix milliards de Berry de crédit de guerre.
- Notre peuple vous en sera éternellement reconnaissant, marmonne le saint homme.
- Nous sommes tous convaincus, même le Despote, dit la reine Ekaterinbourg, un intense regard de défit fixé sur l'anacréonien.
- D'accord, d'accord, coalisons-nous. On se donne un nom aussi ?
- Il le faut bien. Une idée ?
- La rébellion des Treize ?
- L'alliance des treize brimés ?
- La confédération séparatiste ?
- L'alliance va-te-faire-foutre-Bliss ?
- Les confédérés ?
- Ah ouais, pas mal les Confédérés. J'aime bien.
- Ça nous plait bien, les Confédérés. Nous donnons notre voix pour ça, approuve le Pape.
- Oui, on peut garder ça pour le moment !
- Tous le monde est pour ?
- Il nous faut un leader. Aucune organisation viable ne saurait survivre sans un chef.
- Bien vu ! Nous proposons le Despote, dit le Pape. C'est un homme capable, extrêmement prudent et un grand stratège. Dieu que nous aurons besoin de lui dans les jours à venir !
- Pour !
- J'approuve !
- C'est tout bon pour moi !
- Bon... Je m'attendais pas à ça. Bon, je dirais qu'il est trop tôt pour parler de leadership. Ma recommandation n'a pas changé, tâchons d'abord de survivre. Ensuite, on verra. Je me charge de publier notre alliance et j'approuve entièrement les mesures proposées par l'Archiduc. On doit non seulement montrer nos muscles mais aussi purger la vermine. Gare au Cipher Pol, je suis certain qu'ils préféreront les moyens souterrains à la guerre visible. Je propose de nous retrouver dans vingt-quatre heures pour faire le point.
Les écrans s’éteignent et le Pape hurle d'une joie rageuse. Le géant qui ne croyait pas qu'une telle alliance puisse voir le jour reconnait qu'il s'est fourvoyé et félicite son collègue. Il est toujours bouche bée Booba Mah, clairement impressionné par le doigté avec lequel Alexander Pope a manipulé tout ce monde. « Tu vois ? Ils ont tous peur -à part le Despote peut-être, c'est un homme énigmatique-. Ils ont tous plongé vers l'inconnu en déclarant leur indépendance parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement. Ils ont besoin de Rhétalia. Mais pas une seule fois nous n'avons pointé ce fait. Nous avons parlé union, nous avons préféré insister sur le malheur des autres en mode grand seigneur. Nous avons même proposé le plus réticent d’entre eux pour devenir notre chef provisoire. Les êtres humains sont des animaux sociaux et ça, les vingt premiers rois l'avaient compris mieux que quiconque. Nul ne se suffit. Le GM leur conférait une sorte de matelas de sécurité qu'ils ont perdu mais ne cherchent qu'à retrouver. Et puisque nous sommes dans la même galère... C'est trop énorme ! Nous donnerions beaucoup pour voir le visage de Lars Von Vaughn à la lecture de la déclaration commune ! »
- Quelle est l'étape p'ochaine ?
- La conférence de presse, Mah. Organisons-là et présentons nos nouveaux amis. La guerre par les armes n'est pas la seule que nous devons gagner. Mais avant ça, Rupert, quid de la situation ?
- L'attaché de guerre attend pour vous faire un point.
- Qu'il vienne.
Valoonia, Rhétalia
Cher Géomètre,
La guerre a éclaté plus tôt que je ne l'avais prévue. Je doute que les Bâtards puissent contenir longtemps la flotte Blissoise. Qui plus est, les Bêtes de l'Ombre sont en route avec toute la puissance de la flotte du G-4 qu'ils ont subtilisée.
Loth Reich est-il réellement mort ? J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, je ne vois pas d'autres explications à la destruction de sa Vivre card. Malgré tout... le bonhomme est passé maître dans l'art de se faire passer pour mort. Quid d'Ombeline ? J'ai tout bonnement du mal à croire que ces deux là aient pu succomber à leurs ennemis. C'est peut-être du déni...
Si l'information se confirme, ce serait un coup de taille porté à nos projets. X sera hors de lui mais Z sera... J'ai peur rien qu'en imaginant sa réaction. Il rejettera la faute sur moi, tel que je le connais. Mais j'étais juste supposer surveiller Reich jusqu'au jour où il sera prêt pour l'Invitation. Pas le baby-sitter. S'il est réellement mort, ç'aurait été une étoile filante.
Alors que j'écris cette missive, je me rappelle aux derniers mots de cette chère Ekaterina Makarov le jour de son exécution. Sa déclaration sur la potence correspond bien à ce que dirait Loth Reich si la question de sa mort lui avait été posée. Oui, sans doute, il répondrait :
La célébrité passera et je lui dirais adieu.
Mais au moins, je l'aurais connue.
Si elle disparaît, j'aurais toujours su qu'elle était volage.
Ça aura été une superbe expérience, mais ce n'est pas tout ce qui fait ma vie.
Cordialement,
Ton cher Plombier.