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The wheel of fate is turning

Le foin, il était chaud, confortable et apprécié alors qu'elle avait aidé à le charger. Elle avait un peu fait la moue, en devant payer tout de même après l’aide qu’elle avait apporté, mais elle se dirigeait quand même vers la ville de Verminia pour participer au concours. Le chariot avait été vite rempli et une demi-heure après ils partaient sur le chemin du bois aux Djinns. Ce fut allongée dans le foin que la cuisinière fit le voyage. Elle ferma les yeux, elle ne voulait pas discuter avec les deux crétins qui faisaient le voyage avec elle. Ils ne lui avaient rapportés que des ennuis depuis leur rencontre.

Bon, elle devait bien avouer qu’ils étaient drôles. Elle leur en voulait pour le coup de l’avoir fait tomber à l’eau et bousculer, puis de l’avoir trainer dans un établissement très peu recommandable. En fait, pourquoi elle était encore avec eux ? Ils ne lui avaient rapportés que des ennuis depuis qu’ils étaient ensemble. Mais en repensant à eux, elle ne pouvait pas s’arrêter de sourire. Le côté enfant crédule ne pouvait pas laisser la cuisinière sans réaction. Elle avait envie d’aider Farros, même si c’était un crétin fini. Et Aleister, il était toujours en train de se faire remonter les bretelles par la femme aux cheveux bleus. Elle lui criait dessus, lui faisait la morale, mais son côté gentil et serviable tout en ne sachant pas comment gérer la situation était attachant.

Elle ne pouvait pas trop leur en vouloir. La gêne du marine était presque risible quand la native de Sanderr lui criait dessus. Et ça la faisait aussi un peu culpabiliser. Elle ne voulait pas être une méchante, elle avait toujours été la fille qui aidait les gens sur l’île, donner des repas chauds aux gens dans le besoin, partager avec les voisins. C’est sur ces pensées qu’elle releva la tête. Aleister était en train de ronfler comme un sonneur. Son sommeil semblait être lourd, il n’ouvrit même pas un œil quand la cuisinière s’agita à côté de lui.

Elle avait oublié qu’il était en vacances, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle lui avait forcé la main pour participer à cette opportunité. Elle vit Farros regardé au loin dans la forêt qui les entouraient et se tourna de l’autre côté de la charrette qui les transportait, elle ne voulait pas discuter pour le moment. Une forêt de champignons, certains étaient aussi grands que ceux de la ville. D’autres avaient une taille beaucoup plus normale. Certains commençaient à luire dans l’obscurité qui commençait à tomber sur le monde. Farros s’effondra sur les ballots de paille derrière lui, il avait tenu longtemps, mais la journée avait été longue.

Avec le bruit soudain, Robina se retourna pour voir le tableau, les deux jeunes hommes dormaient comme des gamins. Un sourire attendrissant se fit sur son visage. Elle ne pouvait vraiment pas leur en vouloir. Elle passa sur un siège conducteur, le banc était assez grand pour qu’elle s’y asseye, elle aussi. Elle fit la conversation avec le conducteur. Il s’appelait Qassim. Un fermier tout ce qu’il y avait de plus simple. Il faisait souvent l’aller-retour entre Verminia et Rosetta. Ses fleurs n’étaient pas assez belles pour les usines d’Essence. Il devait donc faire le voyage pour chacune de ses cargaisons vers le vizirat vers lequel les trois compères se dirigeaient pour participer au concours de cuisine.

Eh bien, alors madame, vous ne dormez pas ?

Non, je n’ai pas sommeil pour le moment. Mais vous, vous faites souvent le voyage entre Verminia et Rosetta ?

Environ, une fois par semaine ! Gus-gus n’arrive pas à faire plus. Gus-gus, c’est mon chameau à trois bosses.

La charrette accéléra légèrement et le véhicule se mit à trembler de plus belle. Mais la situation ne semblait pas déranger les deux dormeurs qui continuaient de dormir du sommeil du juste. Le conducteur fixait toujours la route qui traversait la forêt en deux, mais il continua la conversation. Il appréciait d’avoir un peu de compagnie qui voulait bien parler avec lui pour une fois. La plupart des gens ne lui disaient pas un mot.

Et vous allez faire quoi à Verminia ? Je vous pose la question parce que ce n’est pas un endroit très touristique. Si vous voulez voir des parfums de meilleure qualité, il y a Essence.

Nous n’allons pas à Verminia pour les parfums. Nous y allons pour combattre le meilleur chef de l’île. Le chef Mish Hooy. Il a invité les chefs pour un concours de cuisine et avec mes amis, on va y participer.

Je vois, je n’ai jamais mangé dans son restaurant, mais j’en ai entendu parler. Il parait qu’il maîtrise les épices et le goût des fleurs comme personne. Vous devriez faire attention, ça ne sera pas un adversaire à prendre à la légère.

Ne vous inquiétez pas, j’étais seconde au palais royal du Royaume de Sanderr. Je sais me débrouiller.

Elle avait dit ça avec fierté. Ce qu’elle ne disait pas, c’était qu’elle avait perdu un simple concours de cuisine à Cocoyashi quelques semaines auparavant. Mais déjà, la ville était en vue. Des colonnes de métal poli se dressaient fièrement dans le ciel. Elle fut impressionnée que la main de l’homme ai construit ce genre de chose. Elle avait vu le palais royal de son pays, mais il faisait partie intégrante de la montagne. Ça n’était pas une construction du début à la fin de la main de l’homme. Surtout faite de métal.

Vous devriez réveiller vos amis, je vais m’arrêter là. Je vais à l’usine de parfum, je ne pense pas que cela soit votre destination.

Robina opina et mit une tape sur les épaules des deux hommes qui dormaient. Des gardes des ronces montaient la garde devant la porte principale. Quatre pour être précis, leurs armures hérisser de pointe en métal ne donnait pas envie de leur faire un câlin. Elle eut un frisson en croisant brièvement le regard de l’un d’entre eux. Ils n’étaient pas là pour rire ceux-là.


Dernière édition par Robina Erwolf le Lun 27 Mai 2019 - 15:07, édité 1 fois
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Farros fut réveillé par de légers tapotements sur son épaule. Ils étaient arrivés à Verminia. Le voyage était passé plutôt vite, dans les bras de Morphée. Le jeune homme dû se frotter les yeux à plusieurs reprises pour s’assurer qu’il n’était pas encore en train de rêver : il n’avait jamais vu un pareil endroit.

L’architecture de Verminia était pour le moins originale. D’immenses amas métalliques composaient le vizirat. Des colonnes à l’allure grisâtre et froide s’étendaient jusqu’à perte de vue. Farros n’appréciait pas particulièrement cet environnement. Il préférait nettement l’atmosphère féerique et verdoyante de Rosetta, même si ici au moins les odeurs étaient légèrement moins fortes.

Le jeune cuisinier était plus que ravi d’avoir fait escale à Pétales. Il s’y était fait deux nouveaux amis avec qui il avait déjà bien eu l’occasion de s’amuser en une journée. Robina, bien qu’étrangement sévère, était drôle et dynamique : elle n’avait pas hésité un instant avant de leur proposer de faire équipe avec elle lors de ce concours de cuisine. Peut-être n’avait-elle simplement pas d’autre choix ? Aleister, quant à lui, s’était beaucoup ouvert et avait fait preuve d’un grand sens de l’humour. Et dire qu’il savait depuis le début dans quel genre de bar Farros l’avait emmené !

Il n’y avait pas à dire, le jeune homme était déterminé à passer une excellent journée de plus. La perspective d’un concours de cuisine l’excitait énormément. L’absence totale de challenge à bord du bateau dans lequel il travaillait le frustrait énormément depuis un moment déjà. Il en avait presque oublié quel effet ça faisait de ressentir de l’excitation à l’idée d’un défi proche. Le jeune cuisinier commençait à sérieusement envisager de quitter son boulot actuel.

Il fût coupé dans ses pensées par Robina :

- Farros, viens par ici au lieu de rêvasser ! Dit-elle en montrant une immense affiche plaquée contre l’un des colosses de métal.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Regarde, tu vois là-bas ? C’est dans cet immense conteneur rouge qu’a lieu le concours du chef Mish Hooy.

- Arf… Tout là-haut ? Tu veux dire que Verminia s’étire sur plusieurs étages ?

- On dirait bien, oui, intervint Aleister.

Le bloc rouge dans lequel avait lieu l’épreuve se distinguait de la masse grise qui l’entourait. Les organisateurs avaient sûrement dû engager des peintres pour l’occasion. L’évènement devait avoir une certaine importance dans la région.

Les trois compères recroisèrent à plusieurs reprises les effrayants soldats à l’armure épineuse qui ne cessaient de patrouiller. Il semblait que ceux-ci étaient éparpillés un peu partout sur l’ensemble de Pétales. Ils faisaient vraiment froid dans le dos à Farros. Quelque chose le dérangeait. Les pics, peut-être.

Farros, Robina et Aleister marchèrent pendant un moment, allant toujours plus haut dans le dédale de métal. Ils finirent par arriver à destination. Le jeune homme n’avait aucune idée de quel étage exactement il s’agissait, seulement, cela faisait un moment qu’ils grimpaient. Un détail étonna Farros : l’endroit avait l’air bien plus riche et propre que les premiers étages par lesquels ils étaient passé.

Le groupe continua d’avancer jusqu’à tomber sur le lieu du concours culinaire. Le sol aussi était fait d’acier rouge, et plusieurs guichets étaient disposés çà et là. Ils approchèrent de l’un d’entre eux et s’inscrivirent auprès d’une femme au chignon serré. Elle leur donna un numéro et les invita à s’installer au plan de travail correspondant.

Les trois cuistots en herbe s’exécutèrent sur le champ et prirent place sur un élégant plan de travail fait de bois. Tous les ustensiles nécessaires à une cuisine de qualité étaient présents. Farros sortit malgré tout son objet fétiche, une magnifique poêle ornée d’un crabe sur fond de lune.

Il jeta un coup d’œil à ses camarades qui s’affairaient également à la préparation de leurs outils de cuisine. Robina avait l’air sereine, même si maladroite comme à son habitude. En revanche, le jeune homme put constater l’état de stress dans lequel se trouvait Aleister. Pas besoin de l’odorat sur-développé de Farros pour le sentir.

Autour d’eux, les autres participants se préparaient dans le plus grand des sérieux. Tous se concertaient et se concentraient. Au milieu, une plateforme surélevée dominait la scène. A son sommet, cinq personnes en habits blancs. Il s’agissait certainement là du jury qui jugerait de la qualité de leur futur plat.

Il faisait chaud en cette matinée, et le fait d’être condensés entre des murs de métal n’arrangeait pas les choses. Aleister semblait particulièrement souffrir de la chaleur, vu la sueur qui ruisselait sur son front.

Cette ambiance n’avait rien à voir avec celle du concours auquel Farros avait pu participer sur l’île d’Umgefulls, il y a maintenant un moment. Non, cette fois-ci, c’était du lourd. Et il comptait bien emporter la première place cette fois. Il avait confiance en ses capacités. De plus, les conditions difficiles de Pétales lui avaient permis d’acérer d’autant plus son odorat hors du commun.

Quant à Robina et Aleister, il n’avait aucune idée de ce qu’ils valaient en cuisine. Cela dit, il devait bien avouer que Robina avait l’air de s’y connaitre au vu des discussions qu’ils avaient eu. Aleister, quant à lui, s’était montré plutôt évasif sur ce point. Farros lui était reconnaissant d’avoir accepté de faire partie de leur équipe malgré ses vacances.

Ils étaient arrivés tôt, ce qui leur permit de voir les nouveaux arrivants au fur et à mesure. Certains avaient l’air d’être de gros poissons. Chose sûre, c’était un sacré challenge qui les attendait.
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Ha mes vacances… Je suis au bord de l’eau, sur une chaise longue. Personne ne me dérange. Je suis là, allongé en train de boire un cocktail. Quand tout à coup, je sens l’emprise du mal me tirer vers le bas. Je ne sais pas pourquoi, mais je me débats, je hurle. Puis, je me réveille. J’avais totalement oublié qu’en réalité mes vacances sont en train de se faire sans moi.

Robina me réveille un peu brusquement. J’étais bien moi dans mon rêve, puis faut bien le dire, je n’ai pas du tout envie d’être ici moi. Je veux juste rentré chez moi avec Robert et reprendre ma petite vie de soldat. En plus, un concours de cuisine quoi. Je vais juste être inutile, je ne sais rien faire… Il est temps de dire la vérité à mes deux compagnons, en espérant que la jeune femme ne me saute pas à la gorge pour me tuer.

Verminia hein. C’est pas mal, c’est aussi jolie que sur la brochure. Pas mal de personnes arrivent d’un peu partout à ce que je peux voir. Le concours de cuisine à l’air d’être connu vu le nombre de participants. Bordel, quesque je suis venu faire dans cette galère. J’ai peut-être encore le temps de m’enfuir ? Non, ça ne se fait pas pour Robina et Farros, sans moi ils ne peuvent pas participer au concours. Mais avec moi, ils ont peu de chance de le gagner aussi. Hé merde alors.

- Heu… Robina, Farros, je peux vous parler en privé quelques minutes ? Ce ne seras pas long…

- Bien sur Ale ! Que se passe t’il ?

- Bon d’accord mais dépêche toi hein les inscriptions au concours sont bientôt finies !

On s’éloigne alors un peu de tout les autres participants. On se dirige dans une petite ruelle à l’arrière de là ou nous sommes arrivés. Une fois sûr que personne ne peux nous attendre (et surtout pas la garde des ronces) Je soupire un peu en m’adossant contre le mur.

- Bon… Je ne vais pas y aller par quatre chemin. Je ne suis pas du tout cuisinier. Je n’y connais rien en cuisine. Je sais seulement épluché les légumes et faire une superbe sauce aux champignons ! En réalité je suis un soldat de la marine, je suis bien ici en vacances, mais comme vous savez ils aiment pas trop la marine par ici. C’est pour ça que j’ai dis être cuisinier, je pensais pas que vous voudriez vous engager dans un concours de cuisine ! Je voulais juste profité de mes vacances moi.

Pitié Robina, ne m’enfonce pas Robert au travers de la gorge. Ne me démembre pas avec un couteau de cuisine. Mes deux amis me regardent un peu choqués. Je sais, j’ai menti, mais je ne voulais pas en arriver jusque là, mais je n’ai pas vraiment eu le choix malheureusement. Je me sens coupable certe, mais j’espère qu’ils pourrons me pardonner…

- Ce n’est pas si grave Ale… On aurait aussi du t’écouté et te laisser profiter de tes vacances sans vouloir t’emmener avec nous… Je pense qu’on est aussi fautif que toi. Et en plus c’est vrai qu’être un soldat ici, ça sent le poisson pas frais !

- Ce qui est fait est fait. Et même si tu aurais pu nous le dire plus tôt, je ne t’en veux pas, tu pense à ta couverture avant tout, c’est compréhensible. Par contre tu aurais pu nous le dire plus tôt ! En guise de punition, tu participeras quand même au concours avec nous. Tu nous serviras de comis de cuisine ! Tu éplucheras les légumes et si tu es sage, tu pourras même faire ta sauce au champignons.

Ils ont mieux régis que ce que j’aurais pensé et tant mieux. Avec ce petit voyage, j’ai commencé à les apprécier à ces deux énergumènes moi. Puis pour le concours je leurs doit bien ça, donc j’accepte sans broncher. Nous arrivons donc devant le bureau d’inscription ou Robina valide donc notre participation. Je ne sais pas pourquoi, mais je le sens quand même mal ce concours.
    La tension montait. Elle ne s’était jamais retrouvée avec autant de monde la scrutant. Pourquoi devait-il y avoir autant de monde la regardant ? Elle avait espéré faire cela à huit clos, ne pas devoir être observé, analyser et critiquer à chacun de ses mouvements. Son estomac lui faisait comprendre. Il faisait des mouvements peu orthodoxes et ça lui donnait la nausée. Elle ne tient plus et sortit de la salle d’examen pour courir jusqu’aux toilettes. Elle se passa de l’eau sur le visage. Robina était sujet à des crises de paniques quand le coup de feu commençait. Son envie de la perfection, sûrement. Mais faire la cuisine face à tant de monde et avec autant d’adversaires face à elle, n’aidait pas non plus.

    Elle avait déjà réussi à ne pas rendre son déjeuner et c’était une petite victoire pour elle. Elle se passa de l’eau sur le visage une nouvelle fois. Elle en avait besoin pour reprendre pied. En s’appuyant sur le rebord du lavabo, elle reprit son souffle. L’eau ruisselait sur son visage. Elle prit quelques serviettes en papier et se sécha le visage. Elle était au bord de la crise nerveuse. Mais elle devait tenir bon pour gagner. C’est sur cette pensée qu’elle retourna vers la scène. Ses deux acolytes, dont l’un était vraisemblablement un abruti fini, de venir sur une île ouvertement contre le Gouvernement mondial, alors qu’il était marine. Et l’autre qui ressemblait de plus en plus à un chien. De ce qu’avait pu en observer la cuisinière de Sanderr en l’observant.

    Elle disposa avec méticulosité les différents ustensiles qu’elle avait mis dans son sac et dans sa mallette. Elle déposa son sabre d’entraînement sur le côté du plan de travail, pour qu’il ne lui traîne pas dans les jambes alors qu’ils étaient affairés. Elle ne savait vraiment pas quoi en faire. Il était là, sans qu’elle ne s’en serve, il ne lui servait à rien. Juste un bon souvenir des entraînements avec son père, alors qu’il la prédestinait à devenir une des gardes royaux de Sanderr.

    Aleister, tu t’occuperas des légumes et des fruits, si on doit faire un dessert ! Farros, tu seras avec moi. Je ne sais pas ce que tu sais faire, mais dans le pire des cas, je pourrais t’avoir à l’œil. Et faites pas les cons, ce concours, on doit le gagner.

    Je sais très bien cuisiner ! J’ai cuisiné dans le restaurant de mes parents pendant longtemps et je sais très bien faire un très bon plat.

    Peut-être, mais moi, j’étais seconde dans les cuisines royales du palais de Sanderr. Et je sais gérer une équipe quand le chef n’est pas là ! Alors tu vas faire ce que je dis maintenant !

    Farros ne savait pas trop comment rendre la monnaie de sa pièce à Robina. Il ne semblait cependant pas avoir pris la mouche. Mais il n’arrivait pas à répliquer. Il n’avait pas d’arguments pour la contrer. Elle se posta devant son plan de travail. Elle récupéra son économe ainsi qu’un couteau de chef. Elle en avait toujours plusieurs dans son sac. Certains étaient plus épais, plus fins, pour différents travaux. Elle en prit un générique, bon pour tous les travaux, mais pas parfait pour chacun d’eux. Aleister ne devait pas avoir ce qu’il fallait pour travailler.

    Tiens, ce sera pour ce que tu devras faire, je pense que tu devrais t’en sortir avec.

    Elle les déposa dans les mains de la marine et se retourna vers le jury qui était en train de se lever. L’homme qui était debout, était un homme plutôt sec, une barbe longue, une cicatrice en croix sur le front. Il parla d’une voix forte, amplifié par le denden micro qui était juste à côté de lui, sur son épaule.

    Mesdames et messieurs ! Je vous souhaite la bienvenue dans ce concours de cuisine qui se verra s’opposer les meilleurs cuisiniers ici et maintenant ! Le chef Mish Hooy sera votre adversaire et comme vous le savez, il mérite sa place comme l’un des meilleurs cuisiniers du monde. Il est le meilleur de l’île et c’est un challenge qui vous a été offert par le vizir de la ville. Monsieur de Kissinger.

    Un homme d’un certain âge à la place des juges fit un geste autour de lui. Il semblait plus s’ennuyer qu’autre chose. Il restait ici surement, car il était la figure politique de la ville et pas par amour de la cuisine. Cependant, le discours reprit.

    Messieurs et mesdames les cuisiniers et cuisinières. Aujourd’hui vous allez devoir préparer un repas complet, entrée, plat et dessert. Nous vous laissons trois heures pour le réaliser. Nous vous laissons toute latitude pour le préparer, mais sachez que les juges passeront pour vous poser des questions de temps en temps. De plus, vous devrez faire en sorte qu’un ingrédient se trouve dans chacun des plats de votre menu. Que cela soit de la tomate, des cornichons ou même de la vanille. Vous avez maintenant cinq minutes pour prendre vos ingrédients et réfléchir à votre menu !
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    Pendant un instant, ce fut la cohue générale. Tous les participants se dirigèrent vers les étals d’ingrédients qui leur avaient été mis à disposition pour l’occasion. Il était évident que tous avaient déjà une idée de ce qu’ils allaient cuisiner. Les trois compères se regardèrent un instant. Il était évident qu’ils commençaient avec un train de retard :

    - Bon, pour commencer, faut qu’on trouve notre ingrédient, dit Robina.

    - Ouaif… Il faut que ce soit quelque chose d’assez original… On peut pas prendre du riz, par exemple, ce serait trop simple… dit Farros.

    - Oui, mais en même temps il faudrait quelque chose qui s’associe bien avec beaucoup d’ingrédients, pour qu’on évite de perdre du temps sur les étals…

    - Et qu’est-ce que vous pensez d’un œuf ? intervint Aleister.

    - Euh… A vrai dire, je crois que ce n’est pas une si mauvaise idée, fît Robina, visiblement surprise.

    - Ouaif ! Allons-y dans ce cas ! Cherchons ce qu’il nous faut !

    Farros aussi avait été étonné de la proposition subite d’Aleister, mais en y réfléchissant, ça se comprenait. Le jeune homme aux yeux rouges avait grandi dans une ferme et avait donc choisi l’un des aliments qu’il connaissait le mieux. « C’est bien, il sera pas obligé de se contenter d’éplucher les légumes. » pensa Farros.

    Chacun se dirigea vers des étals différents. L’un était destiné, aux fruits et légumes, l’un aux produits animaux, l’un aux épices… Farros se dirigea en premier lieu vers les épices. Après tout, il s’agissait de son domaine de prédilection. Devant une telle quantité d’épices différentes, le jeune cuisinier était bien content d’avoir endurci son odorat lors de son séjour à Pétales.

    Robina avait laissé à Aleister le soin de choisir les œufs. Farros était étonné par une telle marque de confiance de la part de la jeune femme aux cheveux bleus. Cela dit, elle avait l’air d’être déterminée à gagner et Aleister savait sans nul doute reconnaître un bon œuf quand il en voyait un.

    La jeune cuisinière vérifiait avec rapidité et efficacité la texture des fruits et légumes, tout en s’assurant que ceux-ci étaient bien mûrs. Elle remplissait son panier et semblait avoir perdu sa maladresse habituelle.

    Farros quant à lui n’avait bien-sûr pas pensé à prendre un panier et avait les bras qui débordaient de divers bocaux remplis d’épices et d’herbes en tout genre. Ce fut difficile, mais il parvint à tous les ranger dans un tiroir sans les faire tomber.

    Robina et Aleister ne tardèrent pas à ramener le reste. En plus des œufs, Aleister avait ramené un beau pain paysan : c’était une bonne idée. L’homme à la cicatrice qui s’était adressé aux concurrents un peu plus tôt annonça l’heure de mettre la main à la pâte venue.

    Ils se concertèrent cinq minutes pour trouver les meilleurs recettes à faire en entrée, plat et dessert. Chacun faisait part de ses idées, même Aleister parvenait à contribuer à son niveau. Ils finirent par se mettre d’accord sur trois plats. Robina semblait décidée à mener la danse, et Farros n’y voyait pas vraiment d’inconvénient.

    Ayant été seconde au palais royal de Sanderr, la jeune femme aux cheveux bleus était une adepte de la cuisine gastronomique. C’était un monde quasiment inconnu de Farros, habitué à la cuisine conviviale et familiale. Il s’y connaissait plus en plats gourmands et copieux qu’en cuisine moléculaire, par exemple. Il ne pouvait le nier.

    Le jeune homme était heureux de découvrir un monde culinaire qu’il ne connaissait pas. Il était persuadé que cette expérience serait enrichissante. En plus de ça, ils allaient commencer par le dessert, qui n’était pas vraiment le point fort de Farros. Il savait en faire de bons, certes, mais ils n’atteignaient jamais le niveau de ses autres plats.

    Robina paraissait stressée tout autant que motivée. Visiblement, ce concours représentait beaucoup pour elle. Farros ferait de son mieux pour ne pas la décevoir. Ils avaient décidé de préparer une île flottante saupoudrée de praline de Rosetta en guise de dessert.

    La jeune femme fit part de ce qu’elle attendait de chacun d’entre eux. Elle chargea Farros de préparer la crème luvneeloise et la sauce au caramel. Elle se chargerait de l’île en elle-même ainsi que du dressage. Ça arrangeait Farros, qui n’était pas le plus doué dans ce domaine. Aleister quant à lui fût chargé de donner aux deux cuisiniers tous les ingrédients qu’ils nécessiteraient : « Et le plus vite possible ! » précisa Robina.

    « Allez, allez, allez, on s’y met ! » cria-t-elle. Farros et Aleister s’exécutèrent. Farros décida de commencer par la crème luvneeloise. Il demanda à son ami de lui apporter ce qu’il lui fallait : du lait, du sucre semoule, des œufs et des gousses de vanille. « Tu sais séparer les blancs des jaunes ? » demanda le jeune cuisinier au membre de la marine. Celui-ci acquiesça de la tête avant de commencer sa tâche.

    Farros avait plus de mal à faire en sorte que les senteurs sucrées se confondent dans une valse de douceur. Ce dans quoi il excellait, c’était plutôt de faire danser les épices dans une sorte de flamenco endiablé. Ceci-dit, ce qu’il aimait avec la crème luvneeloise, c’était la présence de vanille. Le jeune homme n’avait pas trop de mal à doser cet ingrédient dont l’odeur était parfaitement perceptible. De plus, il aimait cette fragrance à la fois douce et puissante qui lui évoquait un certain confort.

    Il se munit d’un saladier et commença par mélanger le sucre semoule et les jaunes d’œufs, fouettant le tout avec vigueur. A côté de ça, il fit bouillir le lait, y incorporant deux gousses de vanilles coupées en deux. Des effluves vanillées vinrent chatouiller les narines du jeune cuisinier. Il ajouta ensuite le lait chaud au mélange de sucre et de jaunes d’œufs, veillant à le faire peu à peu et délicatement.

    Il jeta un bref coup d’œil autour de lui. Robina était concentrée sur sa mission, imperturbable. Aleister quant à lui s’en sortait plutôt bien : il semblait moins stressé qu’au départ, sûrement grâce à l’adrénaline créée par la situation. Les autres participants eux aussi avaient l’air emportés par le tourbillon de l’action.
    Farros retourna son attention sur sa préparation. Il remit le tout dans une casserole qu’il fit chauffer à feu doux, veillant précautionneusement à faire monter le tout à 83°C comme lui avait indiqué Robina. Il remarqua d’ailleurs que celle-ci le fixait d’un œil pendant cette étape. Quand la crème eût atteint la température parfaite et que les premières bulles commençaient à apparaître, il la passa dans une passoire conique avant de la laisser refroidir.

    Le jeune cuisinier s’apprêta à continuer ce qu’il avait à faire. Prochaine étape, la sauce caramel. Pour permettre une onctuosité parfaite, il allait y joindre du lait et de la crème.

    « Du lait et de la crème… ».

    Farros observa de long en large le plan de travail auquel il faisait face.

    « Et de la crème… ».

    Il semblait qu’un léger problème allait se pointer à l’horizon.

    « Arf… Aleister, tu te souviens où tu as mis la crème ? ».


    Dernière édition par Farros le Mar 2 Avr 2019 - 10:10, édité 1 fois
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    Je ne comprends strictement rien à ce qu’il se passe. A part quelques rudiments que j’ai pu apprendre durant ma vie à la ferme, la cuisine, ce n’est clairement pas mon truc. Heureusement que j’ai les deux autres fou furieux pour m’aider.

    Autour de moi, toutes les équipes sont au boulot. Je peux sentir les odeurs d’un peu partout, toutes plus délicieuses les unes que les autres. Et nous on a un sacré handicap : Moi. Je sais que normalement je ne devrais pas me rabaisser, mais quand même, là ça deviens un peu normal je pense.

    - Hop hop hop Al ! On se bouge, tu n’es pas ici pour traire les vaches ! Fais ce que Farros te demande, va lui chercher de la crème et prend de la bonne hein ! Je te fais confiance pour ne pas nous prendre une crème avariée. TU es encore ici ? Allez dépêche toi !

    Hein ? Heu oui ! De la crème, de la crème… Ou je peux trouver ça moi ? Dans le grand frigo près des étals peut être. Je fais un salut militaire par peur de Robina et cours en direction du frigo, m’étalant de tout mon long au passage. Aie, j’ai du me faire mal à une côte, ce n’est vraiment pas mon jour en plus.

    Je me relève sous le rire du public et de certains membres du Jury. Au moins faut voir le bon coté des choses, s’ils n’aiment pas notre repas, je pourrais me faire embaucher comme clown à mi-temps, je suis sur que c’est une bonne opportunité de carrière.

    J’arrive donc dans l’immense chambre froide. Des tiroirs, partout, dans tout les sens. Des bacs, des échelles, des ours. OUI DES OURS. Mort hein, sans doute pour de la viande. Enfin… Je crois. Mince je divague. Vague. Ho merde, je suis tellement stressé que je commence à ne plus savoir quoi faire, ou même ce que je dis…  

    Calme-toi Aleister, respire un bon coup. Au pire, tu perds et Robina te tue à coups de Robert, sinon tu gagne et… Et je n’en sais rien, mais la seconde solution est quand même meilleure que la première. J’y tiens à ma vie moi et à mon Robert.

    Je cherche pendant bien cinq minutes quand tout à coup, je trouve le pot de crème parfait. Je le sais, je le sens, c’est celui là ! Sauf que soucis. Au moment ou je pose ma main sur le pot, une voix retenti derrière moi.

    - PUT THE POT OF THE CRÈME ON THE FLOOR !

    - Hein ? Désolé, j’ai pas tout compris, je dois avoué que je ne parle pas trop les langues étrangères, je n’écoutais pas beaucoup à l’école.

    - J’ai dis : Pose le pot de crème sur le sol ! Il est à moi le grand Gardon Remsay, le cuisinier le plus hurlant des mers ! Et si tu es sage, je te donnerais un autographe.

    - Un autographe? Mais je m’en fou moi! Mes coéquipiers on besoin de ce pôt de crème et c’est pas un vieux truc dans ton genre qui va me le voler !

    On se regarde alors dans le blanc des yeux. C’est lui ou moi. Un de nous deux ne ressortira jamais de ce frigo vivant… Non en fait si, puisque je ne pense pas que le meurtre de candidat soit autorisé… Quoi que, en vrai ce n’est pas écris qu’on à pas le droit… Mais bordel je raconte vraiment n’importe quoi moi.

    Je cours alors vers l’homme et décide de le jeter dans le bac de homard. Il est petit et maigre, ce ne fut pas vraiment difficile à envoyer dans le décor et si on me demande, il est tombé tout seul. Je reviens donc à mon post avec la crème que je donne tout de suite à Farros, même si j’ai un homard accroché à mon dos. Je le retire et le jette dans un coin, ni vu, ni connu. Espérons que la crème soit bonne maintenant.
      Robina était affairé avec les œufs en neige. Elle avait regardé Aleister les casser. Elle savait qu’il n’était pas cuisinier, mais au moins il savait faire ça, une chose qu’elle n’aurait pas à lui reprocher. Néanmoins, quelque chose la chiffonnait. Elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Un élément de la recette qu’ils avaient décidé de réaliser ensemble ne lui plaisait pas. Quoi ? La crème luvneeloise, c’était la partie facile, ce qu’il faudrait, c’est faire en sorte que l’aspect épaterait aussi les jurés. Elle jeta un regard à la table centrale.

      Mais qu’est-ce qui clochait enfin ? Elle ne pouvait se sortir de la tête que quelque chose n’allait pas. Elle n’arrivait pas à travailler correctement. La preuve, les œufs en neige qu’elle était en train de battre à la main ne montaient que très lentement, elle n’arrivait même pas à les faire de façon correcte. Elle posa les mains sur son plan de travail pour réfléchir à ce qu’elle avait vu. La crème, la température, tout lui avait paru absolument parfait de loin. Mais un déclic se fit dans son cerveau quand elle repassa aux degrés de la crème luvneeloise. Farros l’avait fait monter à quatre-vingt-trois degrés Celsius, et pas quatre-vingt-cinq.

      Elle se dirigea alors comme une furie vers le cul de poule où avait réservé son collègue sa dernière préparation. Il était sûrement en train de travailler sur la crème au caramel. Elle ouvrit la cellule de réfrigération avec les snow-dials. Farros s’arrêta un instant en la voyant attraper l'entremet. Il avait pourtant suivi les instructions. Robina huma le parfum de la crème, il lui semblait correct, très parfumé cependant. Elle laissa ça de côté. Elle plongea une cuillère à l’intérieur et goûta le mélange. La vanille était extrêmement présente. Deux gousses de vanille, c'était trop, ils n’allaient pas gagner avec un dessert par trop sucré.

      Ensuite, la consistance de la crème était parfaite, cependant, elle était encore chaude. Pas refroidi, elle allait donc encore prendre de l’épaisseur, son collègue n’avait pas remué la crème pendant son chauffage sur le fourneau. Voilà pourquoi la température lui avait paru étrange. Elle n’avait pas vu Farros remuer pour la rendre homogène dans tout l’entremet. Il allait se prendre une soufflante. Elle aurait dû faire plus attention. Elle se morigéna de ne pas avoir fait de précautions en se lançant dans l’entreprise de gagner ce concours. Elle allait lui faire recommencer depuis le début.

      Farros ! Cette crème est à refaire ! La consistance est bonne pour le moment, mais quand elle va refroidir, elle sera trop rigide, tu n’as pas remué ta crème luvneeloise quand tu l’as chauffé, maintenant, on va perdre du temps à devoir la refaire depuis le début ! Et ne mets qu’une seule gousse de vanille, si tu avais goûté toi-même, tu saurais qu’il y en a trop dans l’entremet et qu’il sera immangeable. Tu n’en mettras qu’une seule par litre de lait. Le rapport deux pour un n’est pas bon !

      Le jugement était tombé tel un couperet. La sentence était irrévocable. Elle se retourna en prenant le cul de poule et versa la préparation dans l’évier, comme s’il ne méritait que ça. Elle se retourna vers ses coéquipiers.

      Maintenant, il va falloir se concentrer vous deux ! Je suis venue ici pour gagner, pas pour faire de la figuration. Maintenant remettez-vous au boulot !

      Farros se retourna vers son plan de travail, son visage s’était décomposé en voyant le traitement qu’avait fait subir la Sanderrienne à sa crème luvneeloise. Il n’avait pas pensé qu’elle en arriverait à ces extrémités. Il alla récupéra un nouveau litre de lait ainsi qu’une gousse de vanille. Il n’allait pas se louper cette fois. Il remit tout pour reprendre depuis le début. Robina s’installa en décalant son plan de travail et pouvoir observer tous les gestes de son second. Car de facto, étant le plus expérimenté, il se retrouvait avec le deuxième poste.

      Plus rapide, ton coup de fouet. Il faut que tu fasses blanchir ton mélange de jaunes et de sucre. Il faut que ça prenne une couleur jaune pale. Tiens, attends, je te montre !

      Elle arracha des mains le cul de poule des mains de Farros. Elle fit le tour lentement pour se chauffer et accéléra petit à petit la cadence. Elle tournait à grande allure à la fin, le lait commençait tout juste à frémir. Des bulles s’étaient formées pendant qu’elle remuait les jaunes et le sucre, elle s’était dépêchée pour que le sucre ne brûle pas les jaunes. Par une réaction chimique, le sucre absorbait l’eau dans les jaunes si on ne se dépêchait pas et des petites paillettes de jaunes non mélangés se retrouvait alors dans le mélange.

      Elle versa alors un tiers du lait bouillant sur le mélange qui avait pris un jaune clair. Et se tourna vers son second.

      C’est comme ça qu’il faut faire Farros ! Maintenant, finis-moi ça vite fait qu’on passe à autre chose ! Pour la crème au caramel, j’ai pensé à autre chose, plutôt que d’utiliser un caramel banal, on va en faire un bleu de couleur bleu. J’ai vu un sucre de couleur bleu sur l’étale, va-t'en chercher, personne n’y a toucher pour le moment. Toi !

      Elle s’était retournée vers Aleister qui s’occupait de pas grand chose pour le moment. Ne lui ayant pas donné de directive, il ne savait pas sur quoi s’occuper. Elle marcha avec force vers lui, on aurait dit qu’il rapetissait alors qu’elle se rapprochait de plus en plus de lui. La peur de se faire rebrousser le poil peut-être ?

      Tu vas me fouetter les blancs. Je veux qu’ils soient tellement aériens, qu’on puisse faire des nuages avec, est-ce que c’est clair ?

      Le marine acquiesça d’un simple hochement de tête avant de prendre le fouet ainsi que le cul de poule sur lequel travaillait la cuisinière il y a quelques instants. Elle devait maintenant s’occuper du reste, la crème caramel qui recouvrerait la luvneeloise était en bon chemin, mais elle se devait de reprendre l’homme canidé encore une fois, alors qu’il se préparait à lancer le caramel.

      Ne le laisse pas trop coloré. On veut qu’il reste d’un beau bleu. Comme la couleur de la mer. On va recréer une véritablement île et pour ça, il nous faut une couleur parfaite. Et n’oublie pas de goûter ta crème caramel pour savoir si elle n’est pas trop ou pas assez caramélisée, je ne veux pas de boulette comme la luvneeloise !

      Après avoir donné ses dernières directives, elle s’en retourna à sa préparation à elle. Elle avait changé d’avis, elle le savait. Elle partait sur autre chose, complètement différent. Néanmoins, c’était le rôle de l’équipe de se plier aux directives du chef et de faire en sorte qu’elles se concrétisent. Elle savait que Farros comprenait ce point de vue. Il était cuisinier lui aussi. Aleister, c’était moins sûr, mais elle les inviterait à boire un verre après le concours pour se faire pardonner de son comportement après avoir gagné.

      Elle devait maintenant s’attaquer à ce qui donnerait une touche exceptionnelle à leurs desserts. La décoration. Elle adorait la faire. Pour la simple et bonne raison, qu’une décoration qui donne envi et qui accroche le regard est toujours un bon point. Elle se dirigea vers les étals et attrapa le miel ainsi que quelques feuilles d’agar-agar au cas où sa première idée ne marcherait pas. Elle prit plusieurs emporte-pièces en papier, en forme de conne et les mis dans la cellule froide. Le miel devrait prendre immédiatement pour ne pas perdre de temps et rattraper le retard qu’ils avaient pris.

      Elle posa une casserole sur les flammes du fourneau. Farros était juste à côté. Il semblait gaîté le moment parfait où la couleur serait la plus belle pour la couleur de la mer. Il ne fit même pas attention à Robina à quelques centimètres de lui. Elle eut un sourire face à cette concentration, il lui rappelait elle. L’envie de la perfection, du goût parfait, de la plus belle des présentations. Elle connaissait ça, elle ne lui fit même pas une remarque. Il ne l’aurait sûrement même pas entendu. Le miel se mit à bouillir sur cette introspection.

      Elle remua avec force, elle ne voulait pas qu’il colle dans la casserole. Elle voulait aussi lui garder sa couleur jaune-orangée, la lumière de leurs phares serait superbe. Elle n’avait pas pris les moules pour les phares et l’île sur laquelle il reposerait. Elle se dirigea vers les tiroirs et autres éléments que les juges avaient laissés à la disposition des concurrents pour leurs plats. C’est alors que Robina prenait des cylindres de métal ainsi que des demi-globe qu’un cuisinier se pointa.

      Can you s’il te plait stop now !

      Elle se retourna pour voir un chef maigrichon, les cheveux blonds coiffés en arrière. Il la pointait du doigt. Elle n’avait presque pas compris un traître mot de ce qui était sorti de sa bouche. Mais les mots stop et s’il te plaît, ça elle comprenait et malheureusement pour lui, elle n’était pas d’assez bonne humeur pour partager.

      Si tu veux des emporte-pièces, il y en a plein encore, sers-toi. Maintenant, laisse-moi tranquille !

      Je suis le grand Gardon Remsay, le cuisinier le plus hurlant des mers ! Et tu vas me donner ce que tu as en main !

      Avec cette invective, il pensait faire peur à la Sanderrienne. Il se trompait lourdement. Elle se retourna après avoir déposé son butin sur la table à côté. Elle se posta droite comme un i devant celui qui voulait la voler.

      Toi, tu vas prendre tes clics et tes clacs et rentrez chez toi, mon petit gars. Parce que moi, je suis venue pour gagner, pas pour gueuler, et si tu as du temps à perdre à vouloir voler les autres, essayes plutôt de faire de la bonne cuisine.

      Elle se retourna, laissant le chef sur place. Elle récupéra ce qu’elle avait mis de côté et repartit vers son équipe toute fière de lui avoir coupé la chique. Elle déposa ses trouvailles devant Aleister. Il se retrouvait avec des tubes, des demi-sphères et de tout petit chapeau pour faire le toit du phare.

      Tu rempliras les moules de blancs montés en neige après que tu les ais finis ! Et tu me les fais bien ferme surtout ! Je ne veux pas de couac cette fois ! Ensuite, quand tu auras fini, tu les passeras au four, pour que l’humidité dégage et qu’on est des trucs superbes. Pour qu’il n’y ai pas de blancs en neige qui dépasse, prends ça.

      Elle lui passa une spatule d’environ dix centimètres de long.

      Ça te permettra d’être précis et que ça soit bien lisse. Aller maintenant au boulot !

      Aleister s’agita en voyant le travail qui venait de lui tomber dessus. Il ne savait plus où donner de la tête. L’ancienne seconde de Sanderr récupéra son miel qui bouillait encore, il ne s’était pas assombri, mais il ne devait pas être loin de la ligne jaune. Elle le retira du feu et sortit en même temps les emporte-pièces dans la cellule. Elle fit couler un filet de miel sur l’intérieur du cône. Ils mimeraient la lumière se diffusant autour du phare.
      Elle récupéra une grosse quantité de miel qu’elle déposa en cinq tas sur un papier de cuisson. Elle les travailla pendant quelques instants. La chaleur se diffusait vite à travers sa légère protection, mais elle était habituée, elle fit attention à ne pas se brûler cependant. Elle venait de créer les sphères pour représenter la lumière du phare. Il ne manquait que le reste pour avoir leurs desserts de complet. Elle se dirigea vers Aleister pour l’aider avec le squelette des îles flottantes.
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      Rebelotte. Farros devait tout recommencer, et depuis le début. Après tout, c’était le jeu. Le jeune homme avait mal dosé les gousses de vanille. C’était son problème avec les ingrédients sucrés : si les odeurs pouvaient être fortes, elles n’étaient pas représentatives du goût qui était généralement cinq fois plus puissant. Farros savait à quel point il était désagréable de manger un dessert trop sucré.

      Il faut dire qu’il n’avait pas l’habitude de réaliser des desserts relativement complexes. Généralement, dans son restaurant familial, il ne s’en occupait pas. La seule chose sucrée qu’il réussissait à tous les coups et où personne ne l'égalait, c’était les tartes. Pour ça, il était le spécialiste. Bref, il fallait qu’il se concentre pour que sa crème luvneeloise soit parfaite, ce coup-ci.

      Il répéta la procédure étape par étape, sans oublier de remuer pendant qu’il chauffait la crème cette fois. Tout ça se déroulait devant le regard intransigeant de Robina. Le tempérament de feu de la demoiselle aux cheveux bleus se faisait ressentir aussi bien en cuisine que dans la vie. De son côté, la jeune femme s’affairait à donner les directives et à réfléchir à la présentation de leur dessert.

      Cette fois-ci, il ne manqua pas de goûter la crème luvneeloise pour vérifier que celle-ci n’était pas trop sucrée. Ça lui paraissait parfait, Robina devrait être satisfaite et le jury aussi. Prochaine étape : le caramel. Robina avait envoyé Aleister chercher du sucre bleu pour permettre la préparation d’un caramel de cette même couleur. Elle avait bien insisté sur l’importance de lui faire garder une couleur évoquant la mer.

      Le jeune homme comprenait son raisonnement. Chose étonnante, il semblait que ce sucre disposait naturellement de cette couleur bleutée. S’il en avait un jour l’occasion – ce qui serait certainement le cas –, il se rendrait sur l’île où on trouve cet ingrédient si particulier. Ne le connaissant pas, il goûta le sucre bleu. Il avait bien fait : il était bien plus puissant que le sucre commun. Gérer les doses allait être un challenge qu’il était prêt à accepter.

      Farros s’assura que tout ce dont il avait besoin était à disposition puis commença la préparation de sa sauce caramel bleue. Il commença par disposer le sucre dans une casserole, ajouta de l’eau de façon à le mouiller tout en chauffant à feu moyen. Il s’assura que le caramel reste bleu pour ne pas compromettre la décoration de Robina.

      Un problème le frappa immédiatement. Il le sentait, la cuisson avait réhaussé la puissance du sucre bleu : malgré les précautions prises, il en avait trop mis. S’assurer que le mélange garde sa couleur bleutée ne serait définitivement pas une tâche facile : le dosage n’était pas aisé. Il se loupa encore trois fois avant d’enfin parvenir à un résultat satisfaisant. Ce sucre surpuissant lui en avait fait voir de toutes les couleurs, enfin, surtout du bleu. Comme s’il n’y en avait pas déjà assez avec la fougueuse Robina.

      Il répéta donc la procédure : sucre, eau, hausse de la température et mélange jusqu’à obtenir un caramel. Le jeune homme retira la casserole du feu et y ajouta la crème qu’Aleister était aller chercher. Alors qu’il s’appliquait dans son dosage, une voix nasillarde l’interpella :

      - Excuse me, that’s my pot de crème !

      - Arf… Pardon ? Demanda Farros, essayant de rester concentré malgré tout.

      - You are using my pot de crème ! That’s inacceptable ! I am le grand Gardon Remsay !

      - Connais pas, désolé. Si vous voulez bien m’excuser, j’ai une sauce caramel sur le feu.

      Une tornade bleue surprit le dénommé Gardon. Il ne s’agissait pas du caramel qui aurait pu être trop cuit, non, il s’agissait de Robina, qui explosait de colère. Elle hurla sur l’inopportun personnage, sans même prêter attention aux regards tournés vers elle : « Ecoute-moi bien, Lardon Ramassé ! Tu commences sérieusement à me courir sur le haricot, d’accord ? Y’en a ici qui essayent de cuisiner ! J’ai pas besoin d’avoir un boulet dans les pattes alors tu vas sagement retourner à ton plan de travail sinon je t’enferme dans le frigo ! ». L’homme détala très vite, et Farros était presque sûr qu’il avait entendu une flatulence alors que le personnage s’éloignait. Son odorat lui confirma malheureusement l’information.

      Le jeune cuisinier remit sa préparation sur la plaque et remua la sauce jusqu’à obtenir la texture voulue. Bien lisse et assez liquide pour napper parfaitement l’île flottante : le résultat était plus que correct, il était même superbe. La sauce arborait également une couleur bleu azur, comme ils l’avaient espéré.

      Il mit quelques secondes à réaliser qu’il avait terminé ce qu’il avait à faire pour le dessert. Il se interpella alors Robina pour aborder la suite des hostilités :

      - Hé ! J’ai terminé ! Tu vas bientôt pouvoir faire le dressage.

      - C’est bien, tu t’en es pas trop mal sorti, finalement.

      - Euh… Merci ? Dit le jeune homme en se grattant l’arrière de la tête. Au fait, j’ai une idée pour l’entrée. J’ai vu quelque chose sur un étal qui pourrait être intéressant.

      - Mmmhh vas-y, je t’écoute.

      - Et si on faisait un œuf d’autruche à la coque ?

      - Tu rigoles, j’espère ?

      Farros essaya de calmer la jeune femme :
      « Non, non ! Ecoute-moi ! Ce n’est pas une tâche si aisée, et ça demande beaucoup de talent de présenter un tel plat de façon parfaite, écoute… C’est un pari risqué, mais qui peut nous rapporter gros : tu peux être sûr que personne n’aura la même idée que nous.
      Il n’y a pas moyen de goûter, ni aucune deuxième chance : c’est loin d’être aussi facile qu’on peut l’imaginer. Faire cuire un œuf de cet envergure est un travail de patience et de précision infinie pour s’assurer que la cuisson sera parfaite. Un œuf trop cuit ou pas assez et c’est le drame : sauf qu’on est capable de le faire, je suis sûr que personne n’a notre niveau dans ce concours, et je sais que toi aussi tu en es persuadée.
      Pour l’accompagner, j’ai pensé préparer des croûtons géants, que je ferais griller dans du beurre avec des épices qui permettraient de rehausser parfaitement la saveur de l’œuf et de se marier avec sa texture fondante.
      Après, si tu le sens pas, je serais pas vexé herf herf ! Alors, qu’est-ce que t’en dis ?
      »
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      La seule bonne nouvelle du moment, c’est que je ne suis pas le seul à me faire embêter par le « grand et talentueux » Gardon Remsay, ce mec à vraiment un talent inouï pour déranger les gens au mauvais moment, ce serait presque un génie dans ce domaine même ! Autour de moi, c’est un bordel sans nom. Tout le monde va de plus en plus vite, j’avoue être un peu perdu. Heureusement, j’ai Robina pour me tirer les oreilles et me dire quoi faire, je ne sais pas ce que je ferais sinon.

      En parlant de Robina, c’est fou à quel point elle aime ce qu’elle fait. Elle et Farros m’encourage en me donnant des taches pas trop dur à réaliser. Comme par exemple aller chercher du sucre bleu. Oui du sucre Bleu. Moi aussi ça ma paru étrange au début, mais je me suis dis que de toute façon, vu que je ne connais rien à la cuisine, autant faire une confiance aveugle aux différents chefs ici présent, cela vaudra toujours mieux que de faire cavalier seul. Et puis de toute façon, seul j’aurais fais cuire deux œufs avec une sauce aux champignons, je ne suis pas certain que le jury aurait voté pour mon plat ahah !

      Le sucre ne fut pas difficile à trouvé bien au contraire, il y en avait relativement beaucoup sur les étals. J’en prends donc un bon paquet pour pouvoir le donner à mes amis. Maintenant une tache des plus compliquée pour moi… Monter des blancs en neige. Heureusement, ce n’est pas trop dur, je l’ai déjà fais quelques fois à la ferme avec ma mère pour préparer des gâteaux. Ah, les gâteaux de ma mère, un vrai régal ! Faudra que je retourne en chercher quand je serais enfin sorti de ce pétrin.

      Je commence donc mon entreprise. Avec un récipient assez grand, je commence à monter les œufs, rapide et ferme, c’est ce que ma dis Robina. En plus de ça, une fois terminer, il faut que je remplisse des petits moules, puis que je les passe au four, ça risque d’être une tache ardu, mais je dois y arriver, je ne peux pas les laisser tomber maintenant, je ne veux pas les décevoir, puis je dois dire que moi aussi maintenant j’ai envie de gagner.

      - Bon, maintenant que les blanc en neige c’est bon, je dois m’occuper de remplir des moules ? ça devrait pas être si dur, un peu comme du coloriage, il ne faut pas dépasser…

      - Bon, au moins je vois que tu as relativement bien réussi les blancs en neige, c’est pas mal Ale. Par contre, tu vas devoir te dépêcher un peu, le temps presse. Alors n’oublie pas, tu remplie les moules, tu égalise bien tout avec la petite spatule que je t’ai donné et tu mets au four. Je ne veux rien voir dépasser, uniquement des choses parfaite. Suis-je bien clair ?

      - Chef oui chef !

      Remplir les moules fut plus simple que ce que j’aurais pensé. Les blancs étant bien ferme, ce fut une partie de plaisir, même un peu un jeu. Enfin, faut pas que je dise ça à Robina elle va me tuer sinon. Je m’applique alors comme je peux pour faire les choses bien, trouvant un rendu pas trop mal, j’espère que ça conviendra au parfait que la jeune demoiselle me demande.

      - Du coup, j’ai fini, j’imagine que je dois aller chercher un oeuf d’autruche ? J’y vais de ce pas !

      Je n’attend même pas la réponse, je me dirige vers les étals et je regarde un peu partout. Œuf de poule, de serpent, de poissons… AUTRUCHE ! J’ai trouvé. Et merde, regardez qui voilà…

      - Ho non, pas encore toi… Par pitié

      - Of course its me ! The grand, the magnifique Gardon Remsey ! Ans this oeuf is mine so pas touche.

      - Bordel, si on était pas sur cette île à la noix je te ferais mettre en prison pour une semaine entière nourri au pain sec et à l’eau… Donc on va faire les choses bien gentiment. Je prend l’œuf et tu dégage avant que je t’explose le crâne façon œuf brouillé compris le blondinet ?

      Il déguerpi encore plus vite que la première fois, tout en lançant quelques jurons il me semble. Je prend alors l’œuf, sors mes moules du four pour les présenter à Robina et tend l’œuf à Farros.

      - Je pense avoir réussi un truc de propre non ?
        Aleister venait de mettre les blancs en neige dans les emporte-pièce que Robina lui avait donné. Elle l’avait aidé de plusieurs gestes rapides. Pendant qu’il en faisait un, elle en faisait trois. Il n’avait vraiment pas l’habitude de travailler en cuisine. Ses gestes étaient lents, le stress était présent. Ses mains tremblaient, le marine était comme une poule dans un terrier de renard. Il était mort de peur de ne pas réussir à faire la tache qu’on lui avait assigné, cependant, il s’en sortait bien.

        Après avoir mis les blancs au four, il partit comme une fusée pour aller chercher un œuf d’autruche. Des œufs à la coque d’autruche ? Mais Farros était devenu fou ou il s’était cogné pendant la préparation de la crème caramel ? Elle n’en croyait pas ses oreilles. Comment pouvait-on être aussi stupide pendant un concours de cuisine aussi important ? Avec des croûtons géants ? La folie avait atteint son cerveau pour avoir eu une idée pareille ?

        Mais l’idée se fit tout de même un chemin dans son esprit. Un œuf d’une telle taille serait un véritable coup de maître pour réussir à le faire. Cependant, une entrée était quelque chose d’assez léger et qui ouvrait l’appétit pour le plat de résistance. Il devait donner une envie irrépressible de continuer sur le plat phare de leur menu. Et un œuf d’autruche était en soit, beaucoup trop gros pour cela. Peut-être qu’un œuf plus petit serait un meilleur choix. Ou pas, elle devait maintenant réfléchir à ça.

        Elle se tourna vers Aleister, il était en train de chercher un œuf d’autruche. Il était parti comme une fusée sans se retourner. En oubliant le four ainsi que les blancs qui séchaient à l’intérieur. La femme aux cheveux bleus éteignit celui-ci. La température n’était pas trop haute et cela empêcherait les blancs de colorer, et donc de brûler dans le four. Il put entendre ce que son commis disait à gardon. Pas très subtil et discret pour lui qui devrait se faire petit et ne pas faire de vague.

        Personne ne semblait avoir fait attention à ce qu’il avait répliqué à ce chef de pacotille dans le brouhaha ambiant. Des oreilles trainaient cependant après avoir vu l'agitation au milieu, au niveua des stands de produits frais. Une personne avait clairement entendu ce que le marine avait répondu à Gardon. Il se pencha sur sa chaise, les yeux fixant le commis. Une information très intéressante que cela. Il le nota dans un coin de son esprit avant de revenir vers cet évènement qui ne tardait que trop à se finir. Il aimait la cuisine et surtout la grande cuisine. Mais cela commençait à ne faire que trop durer.
        La cuisinière attendait Aleister depuis trente secondes, beaucoup trop longtemps à son goût. C’est sur cette pensée qu’il revint. Un œuf d’autruche dans la main, il sortit les moules du four, il ne remarqua même pas que la plaque n’était pas chaude. Qui lui avait donné un abruti pareil ?

        Il était cependant fier de lui. Elle lui passerait un savon plus tard, pour le moment le plus important était de réserver le dessert pour plus tard. Elle mit tous les éléments dans la cellule froide pour qu’ils se figent pendant qu’ils prépareraient la suite. Et c’est là qu’on allait rire. Elle avait bien accroché à cette idée d’œuf à la coque d’autruche, bon elle savait en faire avec des œufs de poule, pourquoi ne pas tenter avec de plus gros ?

        Bon Farros, tu sais quoi on va tenter ton idée d’œuf, mais si on se loupe, je te mets au pilori sur la place publique pendant une semaine, est-ce que c’est clair ?

        Ouaif !

        Alors, Aleister, ton énorme miche de pain que tu as ramené tout à l’heure. Tu vas me la couper finement. Il ne faut pas que ça soit trop fin non plus, ni trop épais, tu verras quand tu auras tous les éléments en main. Et tu me trouveras deux autres œufs d’autruche aussi beau que celui-ci !

        Le marine ne se fit pas le dire deux fois et se précipita de nouveau vers les stands de matières premières. Les œufs n’étaient pas loin d’eux et il reviendrait dans peu de temps. Elle donna donc ses instructions à Farros pendant ce temps.

        Toi, tu vas trouver les épices qui vont bien se marier avec les œufs. Il faut que ça soit parfait ! Je veux que ça donne envie de continuer le menu, pas de les caler ! Et si tu me fais une connerie, je te transforme en plat principal !

        Sur ces dernières paroles, le marine revient avec deux autres pontes d’autruche. Ils étaient à peu près de la même taille. Ils ne semblaient pas avoir d’imperfection, la couleur était uniforme, rien à redire à ce qu’il avait récupéré sur l’étal. Elle allait maintenant devoir se lancer dans la cuisson des œufs. Elle savait bien sur faire des œufs à la coque. Mais de poules, pas d’un volatile qui pondaient quelque chose de cinq fois plus grand. Un challenge, pour la cuisson ainsi que pour la mise en place d’une entrée aussi atypique.

        Elle devait voir combien de pontes de poules, elle pouvait mettre dans celle du plus gros. Avec la hauteur de quinze centimètres, par rapport à celle de la gallinacée, il y avait bien le rapport de cinq, mais la largeur n’était pas la même chose. Elle dut sortir un mètre ruban pour mesurer le diamètre de celui provenant du poulet. Celui-ci était au contraire de six pour un. Elle devait donc faire en sorte de plonger ceux-ci pour longtemps, au moins six fois, si elle voulait avoir une bonne cuisson. Mais comme l’avait fait remarquer Farros, ils n’auraient pas droit à une seconde chance, elle allait donc faire plusieurs essais. Et pour ça, il lui fallait plus de matières premières.

        Aleister ! Va m’en chercher une dizaine en plus ! Je ne veux pas de conneries avec cette entrée, on va avancer par tâtonnement. C’est un challenge que j’accepte Farros, en tant que Chef ! Mais s’il y a la moindre connerie, tu vas en prendre pour ton grade. Mais si ça marche, tu auras eu la meilleure idée du siècle !

        Farros avait déjà disparu vers la plage de couleur où se trouvait les différentes épices. Il usait de son nez plutôt que ses connaissances en cuisine pour les choisir. Robina roula des yeux en le voyant faire. Comment pouvait-on utiliser son odorat plutôt que ses connaissances, parfois sentir ne voulait pas dire avoir les bons ingrédients. Il allait devoir apprendre sur le terrain, encore quelqu’un qu’elle allait devoir prendre par la main. Mais si elle voulait gagner, elle n’avait pas d’autre choix.
        Mais après tout Farros était aussi cuisinier, elle pouvait lui faire confiance. Une brigade, c’est aussi ça. Une famille de personne qui normalement ne se connaîtraient pas, mais qui se réunissaient pour l’amour de l’art de la table. Aleister, lui, faisait ses premiers pas, il était encore hésitant, balbutiant, mais il se dirigeait vers la bonne voie.
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        « C’est le moment de faire ta magie, mon p’tit. » pensa Farros en se tapotant le bout du nez. Devant lui se dressait un immense étal coloré où se côtoyaient des épices d’East Blue et d’ailleurs, disposées dans de petits sacs de tissus. A peine le jeune homme s’était-il approché qu’il avait été immergé par les différentes odeurs qui s’en dégageaient. S’il voulait faire quelque chose de parfait, il allait falloir bien choisir avec quels épices il choisirait de parfumer leur plat. Robina allait être impressionnée, il en était certain.

        Certes, le jeune homme n’était pas le spécialiste de la cuisine gastronomique. Néanmoins, il n’avait pas d’égal quand il s’agissait de choisir les épices qui se mariaient parfaitement avec les ingrédients. Il n’avait pas besoin d’en connaître le nom. Rien qu’en en percevant l’odeur, il savait de quelle épice il s’agissait. Il se souvenait alors à quelles occasions il avait déjà pu l’utiliser. Bien sûr, il avait déjà eu de mauvaises surprises. Cependant, il avait assaisonné assez d’œufs à la coque pour savoir ce qu’il recherchait.

        Il rapprocha de son visage différents sacs qui l’intriguaient de par leurs fragrances. Il allait envisager plusieurs solutions, pour être sûr que cela ferait l’affaire. Dans le lot, il choisit quelques épices puissantes dont l’étiquette indiquait qu’elles venaient d’Alabasta et qui pourraient entrer en contraste avec la douceur de l’œuf tout en en réhaussant la saveur.

        Il choisit aussi différentes herbes : l’une venait de Sanderr et était à utiliser avec parcimonie car assez forte, une autre venait de Boréa et se distinguait par sa fraîcheur mentholée. Cette dernière avait peu de chances de faire l’affaire, mais le jeune homme y décelait un certain potentiel. Il en choisit quelques autres encore, dont du safran qui venait de Pétales-même. Il ajouta à ce lot du sel marin et du poivre noir, qui étaient des indispensables lorsqu’il s’agissait de préparer un œuf à la coque.

        Il vérifia qu’il avait tout le nécessaire puis rejoignit Robina et Aleister au plan de travail. Le jeune marine avait les bras qui débordaient d’œufs d’autruches et semblait se trouver dans une position délicate. Il disposa les petits sachets de tissus devant lui pour bien les étudier un à un avant d’envisager leur utilisation dans la préparation de leur entrée. Il allait commencer par un premier tri et retirer du lot celles qui ne correspondraient pas à l’esprit du plat. Ce n’était pas une tâche à prendre à la légère : sur ce point, il était on ne peut plus d’accord avec Robina.

        Aleister le bouscula légèrement, sans le vouloir. « D-Désolé, Farros ! Je cours un peu dans tous les sens ! » dit-il. Le jeune cuisinier lui fit signe qu’il n’y avait pas de mal et se reconcentra sur ses ingrédients. Il était compliqué de concentrer toute son attention sur son travail, avec Aleister qui paniquait à côté de lui. Il se tenait là, figé, un couteau à pain dans la main :

        - Euh, Robina ? Tu m’as dit de trancher des morceaux de pain ni trop grands ni trop petits, c’est bien ça ?

        - Oui, Aleister. Tu t’y mets ?

        - Euh, oui, oui.

        Le jeune homme aux yeux rouges essaya donc de couper un morceau de pain. Le pauvre était tellement stressé qu’il manqua de se retrouver avec quatre doigts à la main droite. Farros s’approcha de lui et s’empara du couteau à pain :

        - Te mets pas la pression pour ça, Ale. Regarde, coupes des morceaux comme ça, ce sera parfait. Tiens, à ton tour.

        - Merci Farros, c’est que…

        - Oh, Farros ! Je me souviens pas t’avoir demandé de t’occuper du pain ! Occupe-toi des épices !

        - Arf, je montrais juste à Ale comment il devait s’y prendre, tu lui mets trop la pression, tu peux pas espérer qu’il soit efficace dans ces conditions !

        - Bon, très bien ! Fais ce que tu veux, mais si on perd, je t’exécute en place publique.

        - Bon, je retourne à mes épices, je tiens à ma vie, herf herf.

        Robina retourna à ses occupations, relativement énervée. Farros finalisa son tri et choisit les quelques épices qu’il proposerait à Robina : on y trouvait notamment du piment d’Alabasta, l’herbe de Sanderr et le safran de Pétales. Il se rendit auprès de la demoiselle aux cheveux bleus pour recueillir son avis :

        « Alors qu’est-ce que tu en penses ? J’ai encore quelques autres épices de côté, si ça te convient pas. ».
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        Plus le temps avance, plus je me sens en confiance. Effectivement, je ne suis pas un bon cuisinier du tout, faut le dire. Mais grâce à Robina et Farros, je réussis au moins à faire ce qu’on me demande et je trouve ça déjà pas si mal pour un début. Je regarde un peu autour de moi et les autres équipes sont aussi en plein rush, des cris, des ordres, j’ai même entendu quelques insultes.

        Maintenant que j’ai réussi par je ne sais pas quel miracle à sortir les emportes pièces du four, Robina n’a pas l’air contente, j’ai encore du louper quelque chose mais quoi ? Arg, ce n’est pas le moment de trop réfléchir, le temps avance et on a encore beaucoup à faire, faut que je me bouge moi aussi. Faut que j’aille chercher une dizaine d’œuf et que je coupe le pain en de fine tranche ? Je pense que c’est dans mes cordes ! On va commencer par les œufs, ce sera le plus simple.

        Une dizaine ce n’est pas rien et je doute fortement que je pourrais les porter moi-même sans me casser la figure et faire une omelette sur le sol. Je parcours rapidement le plan de travail des yeux et je vois un petit panier. Parfait, ça fera l’affaire pour poser les œufs !

        - Je vais chercher les œufs et je reviendrais m’occuper de pain !

        - Oui oui, bien, mais dépêche toi on as pas toute la journée devant nous ! Et je te préviens, les œufs doivent être parfaits, sinon tu iras tenir compagnie à Farros au pilori ! Aller tu n’est pas encore parti ? Hop hop hop !

        Bordel, elle sait mettre la pression Robina… Mais elle à raison dans le fond je dois me dépêcher. Au moins, faut voir le bon coté. Vu que c’est la troisième fois que j’y vais à ce stand d’œuf, je sais où les prendre maintenant. Une dizaine donc. Tous de la même taille à peu près, la même uniformité au niveau de la couleur. Je les sens rapidement, voir s’il n’y en a pas un de pourri. Non tout à l’air ok, ça devrait le faire.

        Je reviens donc quelques secondes plus tard à notre post de travail. Farros étant parti s’occuper des épices. Il a le nez pour ça j’en suis sur. Vous avez compris ? Le nez parce que… Bon ok, je suis déjà un mauvais cuisinier, faut pas que je me lance dans la comédie j’ai compris. Je pose doucement les œufs devant Robina. J’attends quelques secondes, aucune casse, aucun regard noir, même si j’ai dans doute pris trop de temps pour elle, mais au moins j’ai fais ce qu’on me demande. Le pain maintenant.

        Ce pain est quand même d’une taille plus que respectable. Il me rappelle un peu celui de la ferme. Un énorme pain que tout le monde partage ensemble. Je suis sur que Robina et Farros vont en faire un truc super. Mon boulot à moi, c’est de le couper convenablement. Un couteau à pain… Ou puis-je le trouver… AH ! Là, c’est bon je l’ai. Bordel, c’est aiguisé ce truc, faut pas que je me loupe, sinon c’est mes doigts qui vont faire des tranches…

        Bon, oui je tremble un peu. C’est normal je pense, je ne veux pas tout foirer. Une tranche, puis deux, puis trois. Sans me coupé la main, ce n’est pas si mal je pense. Je remercie Farros qui ma donné de bons conseils, sans lui j’aurais sans doute pu attacher un crochet à mon poignet, comme le capitaine crochet, la légende ! J’aurais été vachement classe, mais dans la vie quotidienne ce n’est pas pratique du tout je suis sûr.

        Le pain est coupé, de belles tranches comme elle voulait. Ça devrait le faire je suis sûr. Je lui montre donc le fruit de mon travail en étant tout content de moi.

        – Voilà Robina ! Tout comme tu me la demandée ! J’espère que ça te va, j’ai fais de mon mieux et je suis à tes ordres pour la suite !
          Elle regarda les tranches qu'Aleister avait faites. Ça n’allait absolument pas avec l’idée qu’elle avait en tête. Mais comment lui faire comprendre sans le tuer en l’étouffant avec le pain qu’il venait lui-même de couper ? Son regard passa du visage souriant du marine aux tranches de pain qui ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle s’était imaginer. Il avait l’intention d’étaler l’œuf sur les tranches pour le manger ou bien de les tremper tel quel à l’intérieur ? Elle ne voulait pas le savoir.

          Des éclairs bleus sortirent des yeux de la Sanderrienne pour foudroyer l’homme aux yeux rouges. Elle allait devoir toute reprendre avec lui. Bon, en fait, elle ne lui avait pas expliqué ce qu’elle comptait faire avec les œufs, comment elle allait les présenter, ni comment les jurés les mangeraient. Peut-être était-ce aussi un peu sa faute ?

          Ale, ça ne va pas du tout. Tu comptes manger les œufs comment ? En trempant tes tartines de pain dans les œufs à la coque ? Ou peut être que tu vas étaler le jaune et le blanc d’œuf sur ta tartine ? Non, non, non et non. Ça ne va pas du tout ! Je vais te montrer comment il faut faire. Mais avant on va mettre la douzaine à cuire.

          Elle prit un énorme fait-tout dans les ustensiles mis à disposition pour tout le monde. Elle pouvait voir le chef le plus hurlant des mers, loin en train de s’affairer à son plan de travail. Il croisa son regard un instant et s’en retourna à ses affaires. Ce groupe ne lui avait que trop créer de problèmes. Robina retourna à son fourneau, activant les dials de chaleur au maximum. Elle voulait que ça chauffe et vite. Elle activa le robinet sur le côté du piano. Celui-ci était bien pratique quand il fallait diluer une sauce, rallonger ou même remplir un gros contenant comme ce cas-ci.

          Avec Aleister, elle déposa les œufs dans le fond de l’énorme contenant. L’eau coulait abondamment à l’intérieur, il faudrait néanmoins plusieurs minutes pour faire en sorte que le niveau soit assez haut pour que les coquilles soient recouvertes d’eau. Elle passa alors à son commis. Il ne se sentait pas réellement à sa place. Elle ne devait pas le brusquer. Elle arriverait à lui faire faire des choses simples si elle lui expliquait ce qu’il devait faire.

          Bon, la mie du pain, qu’est ce que tu en as fait ?

          Bah, je l’ai jeté, on n’en a pas besoin pour l’entrée. Si ?

          Robina prit une profonde respiration pour ne pas exploser les tympans de celui qui lui faisait face. Elle reprit sur un ton calme, quoi que légèrement énervé.

          Si, on en avait besoin. Et ne me dis pas que tu peux les récupérer, c’est à la poubelle, maintenant, on passe à autre chose. Quant à ce que tu as fait, c’est ni fait, ni à faire. Tu aurais dû me demander des informations avant de te lancer sans savoir. Maintenant, il faut tout reprendre depuis le début.

          Elle jeta les tranches de pain. Elles n’étaient pas de la bonne taille, pas assez épaisses à certains endroits, trop à d’autres. Elles devaient être parfaites pour ce qu’elle voulait faire. Le menu serait sur le thème de la mer. Le phare était le dessert, mais pour venir jusqu’au phare, il fallait un navire et celui-ci serait leur œuf à la coque. Elle se dirigea vers le côté des pains et récupéra un deuxième pain de campagne. Moins cuit que le premier, mais assez pour avoir cette couleur brune qu’elle recherchait.

          C’est pleine de détermination qu’elle revint vers son commis de cuisine improvisé. Le couteau à pain vola dans les airs faisant des arabesques. Sifflant avec la vitesse d’exécution. Elle se retourna après avoir fait la première incision et que la première tranche tombait sur la planche de découpe.

          Tu as bien fait attention ?

          Euh… Non, j’ai pas vu, tu es allée trop vite.

          L’abattement tomba alors sur les épaules de la cuisinière, elle était allée trop vite, elle allait donc lui faire des exemples pour qu’il puisse suivre ce qu’elle avait fait. Reprenant son instrument de découpe. Elle fit faire plusieurs tranches à grande vitesse, elle ne voulait pas perdre de temps, ni à elle, ni à Aleister. Il n’était pas obligé de comprendre pour bien faire de toute façon s’il suivait ses exemples.

          Plusieurs morceaux de pain se retrouvaient sur le plan de table. La mie de pain se retrouvait dans un saladier sur le côté. Mais pour l’instant, sans explications, elle fit un détour pour regarder le niveau de l’eau. Il n’était pas encore satisfaisant pour la Sanderrienne et elle repartit pour donner des explications à Aleister. Il ne devait pas faire de bêtises cette fois, elle ne voulait pas repartir de zéro une seconde fois.

          Tu vas pouvoir te servir de mes exemples pour avoir les largeurs des tranches que tu devras couper, ainsi que des patrons que je viens de te faire pour faire la structure du navire. Utilise bien le haut du pain de campagne pour avoir la bonne largeur, tu poses l'arrondi sur le haut du pain et la lame au bord de celle qui est au-dessus. Tu auras ainsi toujours la même largeur, tu vois ?

          Ouais, pas de problème pour ça !

          Alors celui-ci c’est pour le bois de construction. Elle lui montrait le plus gros des morceaux de pain. Il nous servira de mouillette pour nos œufs à la coque. Ensuite celui-ci. Elle prit un morceau plus fin s’élargissant petit à petit pour atteindre une largeur presque du même calibre que ceux du bois de construction. Ça se sont les mats du navire qu’on va faire avec les coquilles. Tu vois le tableau ou pas du tout ?

          Le jeune marine n’avait pas compris le projet de la cuisinière et chef, il semblait. Il était perdu, ne comprenait pas où voulait en venir sa collègue. Elle put voir sa détresse dans ses yeux. Elle lui fit alors un plan schématique en lui expliquant son projet.

          En fait, c’est simple Ale. Tu vas faire le décor et les mouillettes que Farros préparera avec les épices. On va utiliser la coquille de l’œuf d’autruche comme le bois d’un navire. Ensuite, les lichettes, sur le côté de l’assiette seront disposées comme du bois de réparation que les juges utiliseront pour manger l’œuf. Tu vois ça déjà ?

          Un hochement de tête, c’était déjà pas mal.

          Ensuite, tu vois ces différentes parties ? Ce sont les mats et les différentes parties du décor du navire. Parce qu’une embarcation sans mats, ça n’avance pas. Alors tu suis ces patrons. Là, avec ces deux parties, tu pourras le monter avec le cordage que tu vas faire.

          Un cordage, mais quel cordage, on n’a pas de ficelle, ni de quoi tenir toute la structure.

          Mais si, crétin ! Tu vas utiliser la mie de pain pour tenir le tout. Tu vas faire un beau cordage pour tenir les deux morceaux. Et quand tu auras fait les dix mats, car il nous en faut deux par navire et comme il y a cinq juges, tu fais vite le calcul. Tu vas t’attaquer à ceux sur le côté.

          Comment ça sur le côté ?

          Il y a des échelles de corde sur les côtés du navire pour tenir les mats en place n’est-ce pas ? Tu vas faire la même chose pour notre entrée. Allez, je compte sur toi maintenant !

          Mais je fais comment pour faire le cordage ?

          Une petite pause pour souffler et couper l'eau qui coulait encore dans le fait-tout. Elle retourna alors vers son aide.

          Eh ben, tu prends la mie de pain et tu en fais des petits boudins comme une ficelle, tu sais comme font les enfants pour s’amuser à table ? Et après, tu vas les tresser ou fusionner les extrémités pour en faire une échelle, tu vois ce que je veux dire ?

          Ou… oui !

          Parfait je te laisse faire alors ! Farros, tu as fini avec les épices ?

          Ce fut sur ces derniers mots qu’elle se retourna vers son collègue qui se faisait interroger sur les épices qu’il travaillait. Le jury était arrivé à leur plan de travail et il lui posait un certain nombre de questions. Elle vola alors au secours de son second en se postant à ses côtés.

          Je peux vous aider ?
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          Robina s’était montrée trop occupée pour répondre lorsque Farros lui avait présenté les épices qu’il avait choisi. Elle s’était contentée d’un « Oui, oui. ». La jeune femme ne s’en était probablement même pas rendu compte, mais le cuisinier aux allures de canidés prit ça pour une approbation. Il remit face à lui les trois épices que son odorat et son instinct avaient élu. Il plia les genoux, mettant ses yeux au niveau des sacs qui les contenaient.

          Le jeune homme hésitait : laquelle des trois devait-il choisir. Il ne pouvait pas se permettre de se tromper. Il allait devoir faire confiance à son odorat, mais celui-ci avait été mis à rude épreuve depuis son arrivée sur l’île. De plus, depuis le début du concours, Farros avait abaissé son bandana jaune ocre qui lui protégeait le nez jusque-là. Il fit défiler son regard le long du plan de travail, allant du piment d’Alabasta au safran de Pétales, passant par la statuette de chameau à trois bosses d’Aleister qui le fixait de ses yeux vides. L’objet de bronze était visiblement d’assez mauvaise manufacture, mais le marine semblait y être attaché.

          Robert, la statuette de chameau à trois bosses:

          Derrière l’animal de métal, une silhouette floue s’approcha. Quatre autres s’ajoutèrent. Le jeune homme leva les yeux. Devant lui se tenaient les membres du jury, tout de blanc vêtus. Il se redressa rapidement, se grattant l’arrière du crâne, gêné. L’un d’entre eux, un grisonnant au visage sévère s’adressa à lui, arborant soudainement un très grand sourire :

          - Bonjour, jeune homme ! Vous faisiez de l’exercice ?

          - Arf, euh bonjour ! Non, je me concentrais pour choisir laquelle de ces épices serait l’épice maîtresse de notre entrée. Je m'appelle Farros Papriko, au passage.

          - Bien, bien. C'est un plaisir, monsieur Papriko, vraiment.

          Monsieur De Kissinger:

          L’homme donnait une impression bizarre à Farros. Quelque chose le chiffonnait, mais il ne pouvait pas mettre le doigt dessus. Peu importe, il fallait qu’il retienne son attention et essaye de l’impressionner : sinon, il voyait déjà Robina l’enterrer six pieds sous terre. Il interpella alors l’homme aux cheveux gris, alors que les autres jurys observaient le plan de travail d’un œil vagabond :

          - Comment puis-je vous aider, monsieur… (Merde.).

          - De Kissinger, vizir de Verminia. Ne vous en faites pas, il n’est nullement étonnant qu’un étranger ne sache pas qui je suis.

          - Comment... ? s'interrogea Farros en penchant la tête.

          - Vous n’avez pas vraiment l’apparence des gens d’ici, vous en conviendrez. Ceci-dit, Pétales est toujours ravie d’accueillir des personnes de talent comme vous autres, et Verminia en particulier.

          - Attendez de goûter pour en juger, herf herf.

          Kissinger se contenta de lâcher un léger rire sec, visiblement moyennement amusé par la plaisanterie. « Arf, et mince, j’ai merdé. Faut que je trouve un moyen d’attirer son attention, vite, vite ! » s’écria intérieurement Farros. Le jeune Cabot lâcha alors brutalement :

          - J’ai un odorat surdéveloppé ! (Arf, j’ai juste encore plus l’air d’un imbécile…).

          - Ah ? Voilà un fait intéressant. Dites m’en plus…

          Incroyable ! Ça avait marché. Mais que dire de plus : il avait ce don depuis la naissance, et s’en était servi depuis lors, il n’y avait pas grand-chose à ajouter. Il n’allait pas non plus aller jusqu’à raconter comment il avait encore davantage développé ce sens en la compagnie des chiens de Shell-Town. Il s’apprêtait à improviser une réponse quand une voix féminine suraigüe le coupa dans son élan :

          - Je peux vous aider ?

          - Je discutais avec votre collègue de ses capacités olfactives.

          - Robina Erwolf, ancienne seconde des cuisines du palais de Sanderr, pour vous servir. S’empressa de se présenter la demoiselle, ignorant ce que Kissinger avait pu lui dire.

          - Euh, bien, très bien ! Enchanté, mademoiselle Erwolf. Almérich de Kissinger, vizir de Verminia, j’espère que vous vous sentez à l’aise à Pétales.

          - Je sais qui vous êtes, bien sûr, monsieur. Je ne saurais vous faire l’affront de vous demander de vous présenter.

          - Eh bien ce n’était pas le cas de votre camarade, mais ne vous en faites pas : il n’y a pas de mal ! Répondit l’homme, étirant davantage encore son sourire.

          Robina tourna la tête de façon presque mécanique, par à-coups, fusillant le jeune cuisinier du regard. Farros essaya de se sauver en dévoilant son sourire de canidé à la jeune femme, sans succès. Cependant, Robina retourna vite son attention auprès de Kissinger, bien que le jeune homme se douta qu’elle avait gardé cette gaffe dans un coin de sa tête. Elle reprit la discussion :

          - C’est un sacré personnage, oui, mais vous constaterez qu’à nous trois, nous formons un groupe de cuisiniers d’élite. Je suis sûr que nos plats sauront vous séduire.

          - Je n’en doute pas. Et vous, jeune homme ? Puis-je connaître votre nom ? demanda-t-il en regardant le marine.

          Aleister se retourna, camouflant difficilement son stress. Heureusement pour lui, cela pouvait passer pour les effets du rythme éreintant du concours de cuisine. Le jeune marine posa la mie de pain qu’il manipulait jusque là et répondit à Kissinger :

          - Jener Yke, monsieur. C’est un honneur de vous rencontrer.

          - Je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre votre altercation avec un autre candidat, tout à l’heure. N’hésitez pas à nous signaler tout comportement antijeu que vous pourriez constater, d’ailleurs, si tel était le cas. Nous tenons à ce que tout se fasse dans les règles de l’art. La ruse et la fourberie sont deux chose que j’exècre particulièrement ! Dit-il en transformant son sourire en un léger rictus presque malsain.

          - Justement, à ce sujet, j’aimerais signaler certains comportements de Gardon Remsey… Intervint la sanderrienne, voulant probablement venir en aide au marine.

          Si Kissinger semblait passablement agacé par la demoiselle aux cheveux bleus qui accaparait une fois de plus son attention, Aleister, lui, semblait plus que reconnaissant et s’en alla retrouver ses miches de pain. Quelques minutes passèrent où Robina échangeait avec Kissinger et où les autres membres du jury observaient l’équipe faire son travail, posant de temps à autres quelques questions. De son côté, Farros s'était décidé : il choisirait le piment d'Alabasta comme épice principale, de façon à contraster avec la douceur de l’œuf, la mettant d'autant plus en valeur de cette manière.

          On avait évité la catastrophe, Kissinger se montrait particulièrement curieux à propos du trio. Et moins il serait curieux à propos d’Aleister, mieux ça irait. Du moins, les trois camarades espéraient avoir évité la catastrophe. Alors qu’ils pensaient la tempête passée, Almérich de Kissinger revint à la charge :

          « Dites-moi, monsieur Yke, n’y voyez aucune sorte de mesquinerie de ma part, mais cela fait-il longtemps que vous cuisinez ? Vous vous en sortez très bien, cependant vos gestes semblent moins certains que ceux de vos coéquipiers ? ».
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          Plus le temps passe, moins je me sens bien. Je ne comprends presque plus ce que je suis en train de faire. J’ai les mains moites, le cœur qui bat à deux mille à l’heure et quelques gouttes de sueur qui suintent de mon front. C’est beaucoup trop dur pour un novice comme moi… En plus de ça, Robina viens de jeter tout le pain que j’avais coupé… Je ne vais pas y arriver, c’est impossible pour quelqu’un comme moi…

          Non. Je ne dois pas partir de ce postulat. Je dois le faire. Si ce n’est pas pour moi, je dois le faire pour mes coéquipiers. Ils comptent sur moi et ce n’est pas le moment de les laisser tomber. Je me tapote les joues et je souffle un grand coup. Aller Ale, tu peux le faire, ce ne sont pas trois bouts de pain qui vont te mettre des bâtons dans les roues !

          Je ne fais plus attention à ce qu’il se passe autour de moi. Je dois me concentrer sur les taches que Robina vient de me donner et elles ne sont pas simple. Je repars sur les étals pour prendre une autre miche de pain, l’ancienne étant donc inutilisable. Je la pose sur le plan de travail et prends le couteau. Je tremble légèrement, stressé. Je respire plusieurs fois et décide de m’y mettre. Avec les modèles que la jeune femme vient de me faire, je réussis tant bien que mal à trancher le pain comme elle le voulait. Mais pour être sûr je vais quand même lui demander.

          - Hey Robina? Désolé je sais que je t’importune un peu trop, mais tu peux me dire ce que tu penses du pain cette fois-ci ?

          Je la regarde, lui tendant le plat où j’ai disposé les différentes tranches. Elle regarde attentivement les tranches, une par une, assez rapidement.

          - Oui, c’est beaucoup mieux. Tu vois, quand tu suis mes exemples, ça va beaucoup mieux. Bon maintenant, tu sais ce que tu as à faire non ?

          Un pseudo-compliment sur le pain ? C’est déjà ça. Maintenant, c’est les juges qui viennent s’en mêler. J’espère qu’ils ne viendront pas vers moi. Je n’écoute quasiment rien de ce qu’il se passe autour de moi, répondant un peu timidement quand on me demande mon nom. C’est un pseudonyme certes, mais ça fais toujours peur, surtout que bon, je n’ai pas choisi le meilleur, je dois bien l’avoué.

          Cinq navires. Ça va être un enfer total. Je respire de nouveau plusieurs fois pour calmer mes mains tremblantes. Au moins, si je ne suis jamais cuisinier, je pourrai devenir prof de Yoga, je pense que cette expérience va m’en apprendre beaucoup sur la maîtrise de soi.

          Je commence donc par les mats et les ficelles. C’est moins dur que ce que j’aurais cru. Grâce aux patrons de Robina, je réussis tant bien que mal à les faire un par un. Je ne suis sans doute pas à une vitesse assez élevée pour satisfaire la jeune femme, mais au moins, je fais un truc qui me semble propre. Je lui montre donc pour le verdict final.

          - Bon, ce n’est pas parfait, mais je ne peux pas t’en demander plus. C’est déjà pas mal. Je compte sur toi pour tout donner !

          – ouais, je sais… Mais c’est quand même vraiment dur ce que tu me demandes..

          - Je sais que c’est dur Ale. Mais si je n’avais pas un minimum confiance en toi et en tes capacités, je ne t’aurais jamais demandé de le faire. Alors tu me retrousses ces manches et tu te mets au boulot aller hop hop hop !

          Elle à quand même raison. Je dois croire un peu plus en moi et en mes capacités. Même si je ne suis pas un cuisinier hors pair comme eux deux, avec ses indications, je peux me débrouiller. Et mince. Voilà maintenant un des membres du Jury. Il me demande si ça fais longtemps que je fais de la cuisine. Quesque je peux répondre pour ne pas être trop suspect… Heu.. Oui je sais !

          [colo=darkred] – Moi ? Non Monsieur. Je suis un simple apprenti. Je ne cuisine pas depuis extrêmement longtemps, je ne suis qu’un commis ici. J’aide mes amis pour ce concours et j’espère qu’on va le gagner, je ferais tout pour en-tout-cas ![/color]

          Il me regarde alors. Me jaugeant de haut en bas toujours en ayant ce petit rictus. Plus tôt il m’a parlé de mon altercation avec Gardon. J’espère qu’il n’a pas entendu ma réplique, je suis dans un sacré pétrin sinon.

          - Bien. Je vois alors. J’espère en tout cas que vous allez réussir à faire ce que vous voulez, nous nous reverrons au moment du jugement. J’attends particulièrement vos plats je dois dire. Bonne chance à vous.

          Merde. C’est sûr qu’il a entendu, à 100% j’en suis persuadé maintenant. Il va falloir que je me tienne à carreau.
            Mais pourquoi elle avait fait remarquer le comportement de Gardon Remsey ? Elle ne lui en voulait même pas réellement. Il essayait de gagner comme tout le monde dans ce concours. Et vouloir des ingrédients identiques qui rentraient dans des recettes différentes n’était pas chose rare. Elle n’aurait jamais dû en parler, cependant venir en aide à Aleister lui avait semblé naturel. Même si elle lui en faisait voir de toutes les couleurs en ce moment, il restait un membre de sa brigade, elle ne pouvait pas le laisser tomber. Et De Kissinger semblait s’intéresser tout particulièrement au commis de l’équipe.

            Voulez-vous que des sanctions soient prises contre le participant Gardon Remsey mademoiselle ? Il avait levé un sourcil tout en regardant les membres de l’équipe travailler. Il ne loupait absolument rien de ce qui se trouvait autour de lui.

            Pas du tout Monsieur le Vizir. Je suis désolée, c’est juste que je me suis un peu emportée. Je vous prie de ne pas tenir compte de cela.

            Je vois… Il reporta son regard sur l’énorme fait-tout sur les heat-dials du fourneau. Et que nous préparez-vous pour ce concours ? Nous avons pu voir de nombreux concurrents déjà et je dois vous avouer que de voir des œufs dans l’eau ne me donne guère l’envie de rêver.

            Blessée dans son orgueil de cuisinière, elle voulut répliquer qu’il n’avait pas à donner son avis pour ce qui touchait à ce qu’il y avait dans son assiette. Mais il était un des juges, jurés et bourreaux de cet évènement ainsi que du pays. S’il lui en prenait l’envie, elle pouvait finir en prison, ou pire… Elle ravala ses paroles et serra les dents avant de prendre la parole.

            Monsieur, je peux vous assurer que notre menu ne vous laissera pas sur votre faim. Il sera aussi beau que bon. Gustativement ainsi que sa présentation. Vous pouvez émettre des doutes, mais je peux vous rassurer sur la qualité qui sera au rendez-vous, je peux vous l’assurer.

            Je vois, qu’allez-vous donc faire avec tous ces œufs ? Cela fait beaucoup pour seulement cinq juges, ne vous seriez vous pas trompé sur les quantités ?

            Aucunement, monsieur. Nous ne voulons pas faire d’impaire pour la cuisson de ceci. C’est pourquoi nous avons dû prendre une plus grande quantité. Elle savait qu’elle était déjà sous la loupe des juges. Le moindre impaire et elle se feraient juger non pas sur son plat, mais sur son comportement.

            Et comment allez-vous nous les faire déguster ?

            Nous allons les cuire à la coque, ainsi que préparer les mouillettes pour que vous puissiez manger ces mets en entrée et vous ouvrir l’appétit.

            Je vois, je vous remercie pour toutes ses explications.

            Ce fut sur ces derniers mots que le groupe se détourna de leur plan de travail. Robina souffla, elle n’avait jamais été aussi proche de la crise cardiaque. Comment un homme pouvait-il donner une telle sensation d’insécurité ? Elle s’était sentie comme une souris devant un serpent la fixant. Une proie devant un prédateur cent fois plus puissant. Elle n’aurait eu aucune chance contre lui, elle en avait la certitude.

            Mais alors qu’ils étaient à plusieurs mètres, Kissinger se retourna et posa une question à Aleister. Le temps se figea pendant un instant, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il revienne à la charge en posant cette question au marine. Elle se retourna, voulant aider son nouvel ami. Néanmoins, elle semblait se mouvoir dans de la mélasse. Ses gestes étaient lents, elle n’arrivait pas à se retourner complètement. Puis vient la réponse de l’interroger. Il avait réussi à faire en sorte que les soupçons ne s’éveillent pas. En tout cas, pas plus qu’ils ne l’étaient déjà. Le vizir se détourna après leur avoir souhaité bonne chance.

            Ils étaient maintenant saufs. La tempête était maintenant passée et elle avait assez de dégâts. La cuisinière tremblait, d’excitation d’avoir rencontré un homme avec autant de pouvoir, mais aussi de peur de l’avoir rencontré. Paradoxalement. Elle devait cependant se reprendre et regarda l’eau des coquilles en train de chauffer. Elle frémissait, elle n’allait pas tarder à bouillir. Et attendre la fin de la cuisson de ceux-ci n’était pas une idée. Elle devait maintenant réfléchir au plat qu’elle allait servir. Et pour ça elle devait reprendre ses esprits. Ce fut à ce moment-là qu’elle capta le regard de Farros. Lui, elle allait en faire son sac de frappe.

            Farros ! Toi, la prochaine fois que tu participes à un concours de cuisine, tu fais un effort et tu essayes de te renseigner sur le jury ! Espèce de crétin ! Tu ne savais même pas le nom de la personne qui dirige la ville ! J’ai bien cru que j’allais t’assassiner sur place quand j’ai entendu ça !

            Mais Robina… Commença le cabot.

            Il n’y a pas de « Mais Robina » qui tienne ! Il y avait des affiches partout pour dire que les jurés seraient composés du vizir de Verminia en personne parmi les cinq et tu ne l’as même pas vu. Je suis sûr qu'Aleister lui aussi l’a vu.

            Désolé…

            On aurait presque pu voir ses oreilles se baisser tant l’abattement était grand. Mais elle ne devait pas rester sur cette mauvaise passe. Ça ne leur avait pas fait perdre de point. Mais elle devait maintenant trouver le plat qui leur ferait gagner le concours.

            Bon Farros maintenant que tu as trouvé ton épice. Tu vas m’aider à trouver l’idée du plat. On est parti sur le thème de la mer. Il faut donc qu’on reste là-dessus. J’avais pensé à quelque chose d’impressionnant. Majestueux peut-être.

            Pourquoi pas de la viande de baleine alors ?

            C’est une bonne idée, mais je n’en ai pas vu sur les étals. Il nous faut une autre idée. Et puis la viande de baleine, c’est long à cuire. Sans parler du fait que c’est élastique au possible et gras comme une motte de beurre. Non, il nous faut une autre idée.

            Pourquoi pas du requin alors ? C’est dangereux et j’ai vu de la chair de veau de mer au niveau de la poissonnerie.

            Elle réfléchissait à l’idée, elle n’était pas mauvaise. Mais quelque chose la gênait, elle voulait quelque chose d’encore plus surprenant. Ils jouaient dans la cour des grands avec ce concours. L’idée de l’entrée était déjà un pari en soit avec la coquille d’autruche à la coque avec les mouillettes, s’ils voulaient vraiment y aller à fond autant le faire jusqu’au bout.

            L’idée me plaît Farros. Mais j’ai l’impression qu’il nous manquerait quelque chose. Beaucoup sont partis sur des crustacés ou de la viande de bœuf de ce que j’ai pu voir dans les ingrédients de leurs paniers. Il nous faudrait quelque chose d’encore plus surprenant que du requin.

            Et pourquoi pas du monstre marin ?

            La surprise fit se retourner Robina vers Aleister. Il avait lancé l’idée, sans trop y croire. Il était encore en train de travailler sur ses cordages. Il ne vit pas le regard que lui lança la femme aux cheveux bleus. Elle lui en devait une. Quelle idée géniale ! Personne n’aurait jamais pensé à préparer du monstre marin. La chaire avait la même consistance que celle des animaux terrestres, beaucoup plus dense que les poissons ordinaires. Mais le goût lui aussi était plus prononcé, il fallait trouver un bon accompagnement pour contrebalancer. Un pari qu’elle prenait. Autant aller jusqu’ou bout, quitte à tomber à cause de l’œuf autant chuté pour le plat aussi.

            Aleister, tu es un génie ! Bon, c’est décidé, je t’emmène prendre une bière si on gagne !

            Elle devait cependant trouver de quoi garnir l’assiette avec cette viande de monstre marin. En se rappelant les nombreuses recettes qu’elle avait déjà lu dans les livres de cuisine. Elle se remémora des légumes, présentés en arabesques. Un tableau peint de plusieurs couleurs. Elle se devait de tenter sa chance. Elle devait maintenant faire la liste de tout ce qu’il lui fallait pour ne pas perdre de temps quand elle ferait son choix.

            Elle avait tellement à faire pour ce plat, elle n’avait pas un instant à perdre. Elle prit un gastronome pour mettre les ingrédients à l’intérieur et ne pas perdre de temps plus que nécessaire. Elle se précipita pour prendre les légumes dont elle avait besoin. Elle commença par les légumes, ils devaient sublimer la viande de monstre marin. Et pour cela rien de tel que de la fraîcheur ainsi que du croquant. Sa recette consistait à faire une envolée de légumes du potager, mais une douce chanson l’appelait, elle ne savait pas d’où cela venait.

            Elle n’y fit pas attention, elle devait se concentrer sur ce qu’elle préparait. Les carottes se trouvaient maintenant dans le récipient. Les asperges les rejoignirent rapidement. À la fin de ses emplettes, elle avait des carottes fanes, des pommes de terre, des asperges crus, du céleri branche, une courgette, du fenouil plusieurs tomates cocktails de différentes couleurs, des radis ainsi que des pousses de mesclun pour donner du volume grâce à ces petites pousses de salades.

            Mais plus elle prenait des ingrédients pour la garniture de son plat et plus l’appel se faisait grand, une symphonie l’appelait, comme une sirène tentatrice appelait les marins pour qu’ils s’écrasent sur les rochers. Elle n’arrivait plus à résister à cet appel incessant. Comme si son instinct et les ingrédients la poussaient à prendre ce qui allait être le mieux pour sa recette. Elle ne se l’expliquait pas, mais elle se retrouvait maintenant devant les agrumes, même ici la Belmer Corp importait. Plusieurs pamplemousses, citrons verts et jaunes la poussaient à les prendre. Elle pouvait entendre leurs appels.

            Elle les prit pour les rajouter dans ses emplettes. Pourquoi avait-elle fait ça ? Elle ne le savait pas elle-même, et pourtant ce geste allait sauver leur plat. Elle revint avec tout son chargement et le déposa sur le plan de travail.

            Ale, tu vas utiliser la mandoline pour découper de toute fine tranche de pommes de terre comme si tu faisais des écailles de poisson avec. Tu n’oublies pas de les laver et de les faire bien régulière. Farros, tu t’occupes des carottes, asperges et du fenouil. Tu les épluches tous. Ensuite, tu feras la même chose avec le céleri. Je repars prendre la chaire de monstre marin.

            Arrivée au stand de la poissonnerie, elle récupéra environ deux kilogrammes de la viande si dense de la créature. Elle allait repartir quand elle se fit interrompre.

            You, yes you! Tu vas stop now! Et en laisser un peu, you take all ! Et c’est pas good pour les autres !

            Et revoilà le pire des concurrents, Gardon Remsey. Il n’était plus à présenter pour la cuisinière. Elle put voir que Kissinger les observait de loin, en train de questionner une équipe parmi toutes celles présentes.

            Écoutes, on ne va pas se battre, il reste un ou deux kilos sur le stand, prends le reste pour ta recette et laisse moi tranquille avec mon équipe. Je n’ai pas de temps à perdre avec toi.

            Elle le laissa planté là.

            But, je need plus que ce qu’il y a sur l’étal !

            T’avais qu’à être plus rapide, ça reste un concours, je ne vais pas te faire de cadeau !

            Elle revient dans leur côté pour se mettre au travail sur la chaire. Elle devait maintenant se mettre au travail pour sublimer son plat.
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            Comme il s’en était douté, Farros n’avait pas pu échapper aux foudres de Robina. Cependant, cet accès de colère avait semblé lui passer très vite, une fois à nouveau emportée par le rythme éreintant de la compétition. Une fois de plus, sa naïveté avait failli jouer un tour au Cabot. Plus il voyageait sur les mer, plus il se rendait compte de certaines facettes du monde qui l’entourait. Il grandissait, devenait vraiment adulte. En un sens, il était heureux que Robina lui ait fait comprendre ses erreurs. Le tact n’était pas sa spécialité, c’est tout.

            Aleister quant à lui avait impressionné les deux cuisiniers professionnels par son inventivité dans la recherche du plat principal. Qui d’autre que lui aurait pensé à cuisiner du monstre marin à un concours comme celui-ci ? C’était presque encore plus culotté que des œufs d’autruche à la coque. L’idée plaisait énormément à Farros. Il était avide de défis, et il savait que la sanderrienne saurait elle-aussi déceler tout le potentiel du plat qu’ils allaient concocter.

            Robina avait chargé le jeune cuisinier d’éplucher les différents légumes qui accompagneraient le monstre marin. Rien de bien compliqué pour lui, certes, mais il y mettrait tout le soin nécessaire pour le faire de la façon la plus parfaite possible. Pour cela, il lui faudrait observer chacun des dits légumes : des carottes, des asperges, du céleri, de la courgette, du fenouil, des tomates, du radis, du mesclun… Ca en faisait une sacré variété, sans parler de la quantité. Farros pouvait sentir la fraîcheur des produits qui passaient sous la lame de son ustensile de cuisine.

            Les déchets alimentaires s’accumulaient sur la droite de son plan de travail, mais il n’y prêtait pas attention, comme hypnotisé par sa tâche : il était tellement satisfaisant de voir les couches superficielles de tous ces légumes laisser place à un produit sans défauts, complètement nu. Il fallait un certain savoir-faire pour manipuler les légumes : il fallait respecter leur fragilité tout en en tirant pleinement le potentiel.

            Le jeune homme avait commencé par éplucher un légume de chaque pour demander rapidement à Robina si cela lui convenait. Ensuite, il ne mit pas beaucoup de temps à mettre fin à sa tâche, tout en évitant de commettre des erreurs bêtes qui pourraient mettre son équipe en difficulté. La chaleur augmentait dans la salle, et le regard persistant de Kissinger au loin n’était pas pour arranger les choses. L’homme ne semblait pas avoir eu satisfaction de sa curiosité, notamment concernant le jeune marine. Et si jamais il se doutait de quelque chose, Aleister n’était pas le seul sur la sellette : Farros et Robina allaient eux-aussi au-devant de graves dangers. Sur une île opposée au Gouvernement Mondial comme Pétales, faire ami-ami avec un membre de la marine n’était pas conseillé.

            La cuisinière à la chevelure bleue s’approcha de Farros, qui lui avait fait savoir qu’il en avait terminé avec l’épluchage des légumes. Elle scruta le tout avec la méticulosité qu’on lui connaissait et lui dit :

            - Ok, parfait. On devrait être bons. On a tout ce qu’il f- … La jeune femme marqua un temps de pause.

            - Un problème ? Demanda Farros en faisant sa mimique interrogative habituelle.

            - Les carottes, je crois que j’en ai pas assez pris… Tu veux bien t’occuper d’aller en chercher quelques-unes de plus ?

            - Ouaif, c’est parti.

            Ni une ni deux, le jeune cuisinier à l’odorat spectaculaire prit la direction des étals. Il se posta face aux légumes, cherchant les carottes du regard : « Pas là, pas là, pas ici non plus… Ah ! Les carottes ! ». Alors qu’il s’apprêtait à poser la main sur les quelques dernières carottes qui étaient éparpillées sur l’étal, Farros eut la surprise de se retrouver projeter sur le sol. D’un geste habile, il parvint néanmoins à limiter les dégâts, atterrissant sur ses appuis solides. Il s’en était fallu de peu. Une voix se fit alors entendre :

            - Oh, excuse me ! Je ne voulais pas push you like that ! C’était un accident ! J’espère que vous allez good !

            - Arf… Encore vous…

            - Yes, c’est bien moi le great Gardon Remsey, l’unique ! Si everything est okay permettez-moi de vous laisser.

            Sur ces paroles, le petit homme à la voix nasillarde et dont on comprenait la moitié des phrases s’empressa de mettre la main sur l’un des paniers disposés sur l’étal de légumes. Farros pu constater qu’il s’agissait ni plus ni moins que les dernières carottes restantes. Il sentit le sang lui monter à la tête. Il ne supportait pas un tel antijeu et contait bien lui faire comprendre. Aller jusqu’à pousser un autre candidat, non mais ! Quel imbécile. Il lui attrapa le bras avant qu’il ne puisse aller plus loin :

            - Arf, attends un peu toi. J’allais prendre ces carottes avant que tu ne me pousse. Tu vas me les laisser gentiment, d’accord ? Les fourbes dans ton genre, ça m’exaspère.

            - What do you want ? C’est une compétition my friend ! Il fallait être plus rapide, ça reste un concours, you see.

            - Tu vas voir, je vais te faire courir et on verra si t’es assez rapide, dit le Cabot, ses pupilles rétrécies par la colère.

            Ce n’était pas le genre de Farros d’en venir à menacer quelqu’un, mais des crapules comme ça, il en avait déjà trop vu. Il lui faisait penser aux restaurateurs jaloux de Shell Town qui venaient essayer de ruiner les affaires de son commerce familial. Cela dit, sa menace semblait avoir plutôt bien fonctionné : le petit homme se mit à trembler, laissa tomber le panier de carotte et s’inclina avant de s’en aller rejoindre son plan de travail. Farros ne se savait pas si effrayant, il ne put contenir un sourire. Il ramassa le panier et tourna des talons. Il se rendit alors compte qu’il avait peut-être un peu surestimé sa prestance. Devant lui se tenait droit comme un piquet celui qui avait vraiment été à l’origine de la fuite de Remsey. Le jeune homme était dans une situation délicate, encore une fois :

            - Monsieur De Kissinger…

            - Ne vous en faites pas, j’ai été spectateur de la scène dans son intégralité. Il semblerait que vous n’ayez pas fini d’avoir des altercations avec ce certain Gardon Remsey. Ma foi, je ne peux cependant m’empêcher de me poser une question. Pourquoi avoir refusé que je m’occupe de son cas, malgré tout ?

            - Arf, et bien, je suppose que ça fait partie de la compétition, les gars comme ça.

            - Bien. Avant que je ne vous laisse retourner à vos occupations, j’aimerais malgré tout vous faire savoir que j’aimerais avoir une petite entrevue avec vous et vos partenaires de cuisine à la fin de ce merveilleux concours.

            - Comme il vous plaira, monsieur.

            - Bien, bien. Disposez, il reste peu de temps.

            Farros ne se fit pas prier. Il détala aussi vite que possible vers son plan de travail et remis le nez dans les légumes. Quand il détourna son attention des carottes, il put constater que Robina le fixait de son regard bleu glacial, faisant tapoter ses doigts sur l’établi :

            « Tu m’expliques ce qui s’est ENCORE passé ? ».
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            • https://www.onepiece-requiem.net/t20354-presentation-de-farros
            Je dois avouer être à la fois content et agréablement surpris. Mon idée de monstre marin avait fait mouche apparemment. Pour une fois que je fais quelque chose de bien dans ce concours, c’est quand même un truc qu’il faut souligner. Je suis content de moi. Je rougis légèrement à la remarque de Robina, je ne suis pas un génie, mais cette idée m’est apparue comme un nez au milieu de la figure.

            - Tu as vraiment eu une bonne idée sur le coup Ale ! Mais je voudrais bien savoir, pourquoi tu as pensé à du monstre marin ? Ce n’est pas un met habituel ! Surtout pour un novice comme toi.

            - Bha en fait, dans ma tête c’était très simple… Notre menu se base sur l’océan et les mers avec les phares et des bateaux. Je me suis dit que pour combler le plat manquant du monstre marin serait parfait pour rester dans le thème.

            - Je dois bien avouer que sur le coup, on t’en doit une ! Tes pensées enfantines nous ont sauvé la mise pour le coup bien jouée ! Mais bon ne te valorise pas trop vite on a encore du boulot je te rappelle ! Aller au boulot, vas me chercher ces pommes de terre et fait ce que je t’ai demandé !

            Elle à raison. Je regarde l’horloge et le temps passe rapidement. Cela me stresse un peu plus et j’ai de nouveau les mains moites. Je les essuie sur mon tablier en prenant une grande inspiration. Je prends un saladier et je me dirige vers les étals de pommes de terre. Robina en avait déjà remmené, mais je ne sais pas pourquoi ces patates ne me plaisent pas, elles vont se réduire en purée trop facilement.

            Étant un enfant de la ferme, j’ai récolté des pommes de terre toute mon enfance, j’arrive donc à reconnaître une bonne variété quand j’en vois. À l’étal, personne, au moins je ne serais pas embêter. Plusieurs dizaines de variétés de patates, des rondes, des ovales, de plusieurs couleurs différentes. J’en soupèse quelques-uns, je les renifle et je les prends en main. C’est bon ! J’ai trouvé ce qu’il me faut.

            J’en prends une petite dizaine, voir plus, mieux vaut en avoir trop que pas assez. Je reviens donc à notre poste de travail sous le regard emplie de question de Robina. Elle tapote sur le plan avec une cuillère en bois, tout en me montrant les légumes qu’elle avait déjà remmenés.

            - Ale ouvre un peu les yeux! J’ai déjà remmené bien assez de pommes de terre, tu perds du temps-là ! Si tu continue comme ça tu peux dire adieu à ta bière hein !

            - Robina, je baigne dans les pommes de terre depuis que je suis né. J’ai grandi dans une ferme et je sais reconnaître un bon produit quand j’en vois un. Je sais que je suis pas mal rester en retrait jusqu’à présent, mais s’il te plaît, fais moi confiance sur ce point-là, je sais ce que je fais.

            Elle me regarda avec un air un peu dubitatif, puis haussa les épaules avant de se remettre au travail. Je pense que j’ai réussi à la convaincre et j’en suis plutôt fier ! Bon, maintenant le temps presse, faut que je me mette au boulot et rapidement. La mandoline est déjà à coté de moi, je n’ai plus qu’à épluché les patates avant de commencer.

            Je prends un couteau et commence mon affaire. À la grande surprise de Robina et de Farros, je suis plutôt rapide, c’est un geste que j’ai effectué des milliers de fois, que ce soit dans ma famille ou quand je devais éplucher les patates dans la marine, j’ai pris le coup de main depuis tout ce temps ! Il ne me fallut que quelques minutes pour qu’elles soient épluchées parfaitement. Je les mets toutes dans un bac remplie d’eau et commence à les lavées doucement. Comme je le pensais elles sont plus dures que les autres, cela donnera un coté croustillant, un peu comme des chips en plus.

            Une fois les patates égouttées, je commence mon travail. Je prends la mandoline et je me débrouille pour qu’elles soient toutes de la même taille. Bien sûr, je fais quelques échecs, mais ce n’est pas ça qui va me faire perdre mon sang-froid. Après tout moi aussi, je fais parti de cette équipe et ils comptent sur moi, je ne vais pas les décevoir. Je suis tellement absorbé par mon travail que je ne vois même pas l’homme s’approcher de moi.

            - Dites moi jeune homme, je vois que vous avez plus d’entrain que précédemment, c’est bien. Qu’êtes-vous en train de préparer ? Je vois que votre coéquipière s’occupe de la viande, pour laquelle avait, vous optez ?

            - Pour de la viande de Monstre Marin Monsieur. Je sais que c’est peu orthodoxe, mais je vous assure que nous savons ce que nous faisons. Ce sera succulent. Quant à moi je m’occupe de couper les pommes de terre en fines tranches, pour qu’elles ressemblent à des écailles. C’est un travail que je peux réussir donc je me donne à fond Monsieur.

            - Du Monstre Marin ? Effectivement, je dois bien avoué que c’est assez peu conventionnel. Mais cela peut donner lieu à une très bonne recette. Je dois dire qu’il me tarde de goûter, je vais vous croire sur parole pour le moment. Mais faites bien attention à l’heure, elle tourne.

            Et il s’en va comme ça. Je sais que l’heure tourne, pas la peine de me mettre un coup de pression en plus, je suis déjà assez stressé. J’ai le cœur qui bat à mille à l’heure, mais tout se passe bien. Je termine les patates et donne le plat à Robina.

            - Voilà chef ! J’ai fini les patates, les œufs sont bientôt cuits ? Il ne me manque que ça pour que je puisse commencer à monter les bateaux.
              Farros, il avait encore mis les pieds dans le plat. Elle le fusilla du regard alors qu’il reprenait sa place. Il ne lui donna pas de réelles explications. Elle bouillait de l’intérieur, elle devait maintenant s’occuper du monstre marin, et elle avait de quoi faire. Mais c’est sur ces faits qu’elle reprit ses pavés de monstre marin. Elle les étala de toute leur longueur sur la planche à découper. Elle devait déjà éplucher les filets en enlevant les écailles qui restaient dessus. Celles qui étaient trop petites pour être enlevées à la main par les pêcheurs.

              Elle prit sa brosse pour gratter consciencieusement la peau de la base vers le haut, elle remontait avec force et précision. Cependant, elle n’y mettait pas tout son poids, elle ne devait pas écraser la chair de la créature. Les bruits des écailles qui volaient dans les airs et qui atterrissaient quelques centimètres plus loin étaient comme des petites clochettes tintant dans les airs aux oreilles de Robina. Elle savait d’instinct qu’elle allait dans la bonne direction. Comme si le monstre marin la guidait dans sa façon de le préparer.

              La musique se faisait de plus en plus forte. Puissante. Elle n’emmenait avec elle, les couleurs changeaient comme une toile qui se peignait devant ses yeux, chacune des étapes qu’elle devait suivre pour reproduire la même chose se révélant à ses yeux novices. Un nouveau monde s’ouvrant en cet instant. Elle ne faisait pourtant pas quelque chose qu’elle n’avait jamais fait. L’écaillage de poisson était une de ses routines dans les cuisines royales de Sanderr, pourtant elle comprenait instinctivement ce qu’elle devait faire pour ne pas endommager sa matière première. L’expérience ?

              Alors qu’elle venait de finir et que le tableau était fini d’être peint, Aleister arriva pour lui demander de nouvelles instructions. Après vouloir changer les pommes de terre qui étaient pourtant parfaites, il voulait les œufs. Cela faisait à peine dix minutes qu’ils étaient dans l’eau et il les voulait déjà pour les monter. La symphonie qu’était la cuisinière après avoir fini d’écailler le monstre marin s’interrompit donc brutalement par une note discordante du nom d’Aleister Volkof.

              Ale ! Tu me fais monter la mayonnaise avec tes œufs ! Ils ne sont pas encore cuits ! Tu veux voir ? C’est ça, tu penses que je ne sais pas cuire un œuf ?! Regarde !

              Elle utilisa une écumoire pour sortir une des coquilles de l’eau. Elle bouillait maintenant à gros bouillons. Les œufs se cognaient régulièrement dans l’eau, n’ayant que peu de place et la place qu’ils occupaient, c’était normal. Elle le fit rouler pour qu’il atterrisse sur sa planche à découper. Elle prit alors son éminceur et abattit son couteau sur la coquille qu’il trancha nettement. Elle fut surprise de constater avec quelle facilité elle avait réussi son coup. Mais elle se reprit en un quart de seconde pour regarder le marine dans les yeux. Le blanc se rependait lentement sur la planche.

              Tu le vois non, ça commence à peine à devenir blanc, alors maintenant, tu vas me foutre la paix avec tes œufs et c’est moi qui viendrais te voir quand ça serait prêt ! Est-ce que c’est clair ?!

              Il repart bougon, la chasseuse de primes l’a vexé peut-être ? Elle ne saurait pas le dire, mais elle en tout cas était vexée. Il avait remis sa parole en doute, en tant que commis de cuisine par rapport à un chef, c’était sacrément culotté. Et en plus, il voulait finir ce qu’il avait commencé sans faire attention à la cuisson, ni au chef. Bon, elle en rajoutait peut-être un peu trop, voir beaucoup. Mais elle n’avait jamais vu ça en cuisine.

              Vient ici Ale, plutôt que de te tourner les pouces avec tes rondelles de pommes de terre va filer un coup de main à Farros, je pourrais vous garder à l’œil tout les deux ça sera plus simple que de devoir partager mon attention entre vous deux. Allez, dépêche-toi !

              Elle ne fit plus attention à cet empêcheur de tourner en rond. Elle avait été dure avec lui, mais comme disait le dicton, qui aime bien châtie bien. Elle devait vraiment beaucoup l’aimer pour le traiter comme ça. Enfin bref, elle avait d’autre chats à fouetter et elle devait maintenant passer les deux morceaux de monstres marins sous l’eau pour enlever les écailles qui étaient rester sur la peau en se détachant. L’eau chanta alors qu’elle ruisselait, les petites écailles tintinnabulaient accompagnant la voix de l’eau avec elle, créant une véritable pièce d’opéra.

              Elle les réserva sur un plat en acier inoxydable et passa sous l’eau claire sa planche à découpé pleine d’écailles translucides. Elle nettoya toutes les projections avec plusieurs coups de torchon et d’eau pour rendre le plan impeccable. Elle devait maintenant enlever la peau de la bête, pour ça elle récupéra son couteau à filet. Elle déposa les deux morceaux de chair de monstre marin sur sa planche. Elle attrapa un des coins du pavé et voulut inciser pour enlever la peau qui se trouvait sur le côté, mais des sons stridents, comme une alarme se mirent à sonner.

              Elle ne faisait pas comme il le fallait, pour préparer du monstre marin. Pour le préparer lui. Il allait devoir lui montrer la voie. Une touche de douceur, la mettre sur la partition. Elle prit la peau sur un côté entier, c’était un premier pas pour garder toute la chair intacte, ainsi que la graisse qui était abondante prêt de la peau. Ensuite une touche de couleur pour lui faire voir le paysage de possibilité ainsi que le chemin qu’elle devait prendre pour devenir meilleure.

              Une cuisinière qui avait du potentiel, elle arrivait à percevoir, bien que partiellement son appel. Elle comprenait lentement ce qu’elle devait faire, tirer la peau lentement dans le sens des striures de la chair généreuse. Il avait dû se répéter, parfois hurler pour qu’elle l’entende, qu’elle le comprenne, mais elle y était arrivée. Maintenant, il était parfait pour sa recette. Les ingrédients n’aimaient pas qu’on les traite avec désinvolture et facilité, comme si les cuisiniers avaient toutes les connaissances. Il la guidait dans le désert dans la grande cuisine.

              La nouvelle chasseuse de primes ne comprenait pas pourquoi. Cependant, elle était en nage, elle avait fait des efforts immenses pour comprendre, analyser et faire ce qui lui avait indiquer ce poisson. Enfin, était-ce vraiment le monstre marin qui lui avait parlé ou n’était-ce qu’un jeu de son esprit. Cependant les notes de musique, elles, étaient bien réelles. Elle n’aurait pu faire mieux en jouant de son couteau à filet. Elle alla récupérer un œuf de poule qu’elle cassa et battit énergiquement. Elle trempa un pinceau dans l’œuf et badigeonna le côté où se trouvait l’ancienne peau pour coller délicatement les rondelles de pommes de terre qu’avait taillé Aleister. Elle avait dû en reprendre plusieurs, les retailler, les réarranger, pour que le tout soit beau à voir.

              La viande était prête à cuire. Elle se tourna vers le duo qui était en train de plaisanter et de se chamailler. Un pas et ils s’interrompirent ensemble.

              Vous avez fini avec la garniture ou je dois venir vous mettre un coup de pied dans le fondement pour que vous alliez plus vite ?
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              Ça y est, voilà que Robina avait carrément tourné à l’hystérie. Farros ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, il avait bien compris à quel point ce concours était important pour elle, et il ferait tout pour ne pas la décevoir. Mais tout de même, pauvre Aleister, il en avait pris pour son grade. Le jeune cuisinier avait bien-sûr entendu que dans les grandes cuisines, les mots fusaient souvent, mais en faire l’expérience était une toute autre chose. Décidément, la haute gastronomie était un monde totalement différent.

              Il lança un petit sourire canin en direction de son ami le marine avant de se replonger dans sa tâche. Le Cabot pouvait désormais ressentir tout l’arôme des légumes fraichement épluchés qui s’étalaient sur son plan de travail. Tout un amas de couleurs vives et harmonieuses qui lui rappelaient presque la féérie du Bois aux Djinns.

              Le concours touchait à sa fin, désormais. Il lui faudrait être efficace dans cette dernière ligne droite. Leur plat principal serait, il en était certain, monstrueux. Dans le bon sens du terme, bien-sûr. Robina comptait sur ses deux camarades pour préparer la garniture. Et exigeante comme elle était, aucune erreur ne serait tolérée. Ça tombait bien : ce n’était pas prévu au programme. Farros se tourna vers Aleister pour le briefer :

              - Ale, t’es prêt ?

              - Toujours !

              - Bien, herf herf ! J’aurais besoin que tu me tailles cette courgette en petits bâtonnets, puis que tu fasses cuire les légumes dans de l’eau bouillante salée pendant quelques minutes. J’ai pas vraiment de durée précise à te conseiller, je compte sur toi pour t’assurer que le tout reste bien croquant et frais. Pour ça, j’aurais aussi besoin que tu rafraîchisse le tout dans la glace après ça. Ça te paraît faisable ?

              - Euh, oui, tu peux compter sur moi !

              La motivation d’Aleister à prouver sa bonne volonté et son investissement faisait plaisir à voir, et force était de constater qu’il se débrouillait plutôt bien. Il le laissa à sa tâche et se concentra sur la préparation de sa vinaigrette. Une tâche simple, encore une fois, mais qui nécessitait malgré tout de la précaution et une extrême parcimonie. Robina lui avait fait savoir qu’elle attendait quelque chose de frais et acidulé. Le Cabot était donc parti sur une vinaigrette d’agrumes : pour ça, il s’était emparé du citron jaune, citron vert, orange et du pamplemousse ramenés plus tôt par la cuisinière aux cheveux bleus. Il fallait également ajouter à cela huile d’olive, sel et poivre, évidemment.

              Habituellement, on optait pour ce genre de sauces pour accompagner des crustacés, par exemple. Farros pensait cependant avoir compris le raisonnement de Robina. La chair du monstre marin qu’ils cuisinaient – car on savait bien qu’il en existait des variétés très variées – avait une texture étonnement proche de celle d’une crevette, sans pour autant en avoir le goût, bien qu’elle se rapprochât plus de la viande que du crustacé, ce qui était logique. En définitive, c’était un aliment particulièrement difficile à préparer, et d’autant plus difficile à maîtriser. Portant, le jeune cuisinier avait posé un œil attentif sur la jeune femme lors de sa préparation, et celle-ci avait su comprendre tout ce que sous-entendait cette préparation avec brio.

              Le jeune cuisinier continua sa préparation, les agrumes lui chatouillant les narines de leur odeur sucrée et puissante. Il trancha chacun d’eux en deux avant d’extirper le jus de l’une des moitiés, tout en prenant garde à ce qu’aucun pépin ne vienne troubler la fluidité harmonieuse de sa préparation. Il ajouta l’huile d’olive, remuant le tout avec vigueur, chaque goutte de la vinaigrette retombant dans le bol dans un rythme étonnamment cadencé.

              La fin du concours de cuisine approchait à grand pas, et avec elle, la délibération du jury. Farros croyait en leurs chances de gagner. Le temps avait filé à une vitesse folle et le groupe s’en était tiré plus que correctement malgré les petits accrocs qu’ils avaient pu rencontrer. Leur menu combinait tout ce qu’on pouvait attendre lors d’un événement comme celui-ci : originalité et qualité.

              Il avait l’impression d’être arrivé à Verminia à peine un quart d’heure plus tôt, réveillé par ses camarades après s’être endormi dans le chariot qui les avait conduit. Il ne s’était toujours pas fait à l’idée de se trouver dans un immense conteneur à plusieurs mètres d’altitude, cela dit. Pétales réservait bien des surprises à ses visiteurs, et le vizirat de Verminia n’était pas des moindres. Quelque chose concernant cet immense agglomérat métallique intriguait le Cabot. Lorsque le groupe avait pris la direction du concours, ils avaient été amenés à progresser à travers différents étages. Il semblait que plus on gagnait en hauteur, plus l’environnement était agréable. L’étage sur lequel la compétition avait lieu était particulièrement propre et accueillant. Le jeune homme s’interrogeait. A quoi pouvaient bien ressembler les étages les plus bas ?

              En arrivant ici, il ne se doutait pas qu’il finirait par participer à un événement le confrontant lui et deux inconnus contre – entre autres – le meilleur chef de la région. Il se doutait encore moins qu’il ferait équipe avec un membre de la marine venu en vacances sur une île ouvertement anti gouvernement mondial et une cuisinière au tempérament de feu qui risquait d’exploser à tout moment.

              Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais les trois camarades avaient déjà un bon nombres d’anecdotes à raconter : la chute de Robina, la soirée thème plage - …

              - FARROS !

              … le bois aux Djinns, Robert la statuette, Gardon Remsey, la rencontre avec le vizir de Verminia…

              - OH FARROS ! Tu rêves ou quoi ? On n’en a pas encore totalement terminé, on a encore du pain sur la planche ! Vérifie qu’Aleister ne fasse pas n’importe quoi, si tu en a finis avec la vinaigrette !

              Pas une seconde de répit.

              « On y est presque. Que le spectacle continue, herf herf. ».
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              • https://www.onepiece-requiem.net/t20354-presentation-de-farros