- Le laboratoire Indigo:
- Le laboratoire de la Marine numéroté S-08, surnommé "Laboratoire Indigo", est un petit bâtiment métallique construit en demi-sphère flottant sur l'eau et isolé de la plupart des îles de North Blue. Spécialisé en biologie, il opère officiellement dans tous les domaines de recherche sur le corps humain.
Intégré en douce par l'ancienne directrice scientifique Chizune Mandore, dite "le Papillon", et par Satane Yu, son médecin le plus fidèle, il fut progressivement bouleversé par plusieurs changements hiérarchiques qui, par une série de curieuses coïncidences, propulsa Mandore à sa tête. Si le laboratoire continue, en apparence, à œuvrer pour l'amour du progrès, on ne peut pas en dire autant du laboratoire sous-marin construit juste en-dessous, réapproprié et réaménagé par les deux médecins sadiques qui y continuent en douce leurs expériences immorales... sur des innocents venus initialement de leur plein gré pour se faire ausculter au nom de la science.
Les soldats et scientifiques travaillant à Indigo, ainsi que les gradés moyens du Gouvernement Mondial, sont parfaitement conscients des activités qui se déroulent au sous-sol, mais, manquant de preuves concrètes, n'ont aucun moyen d'agir pour le moment. En revanche, ils ignorent tous que Mandore a passé un contrat avec Timuthé N. Tempiesta, dit "TNT", longtemps disparu des radars après avoir traversé Reverse Mountain avec plusieurs de ses hommes. Ce contrat stipule qu'elle doit lui fournir hebdomadairement une certaine quantité d'explosifs, de stupéfiants et de produits dopants - notamment les puissantes stéroïdes jadis utilisées par l'homme-poisson extrémiste Hody Jones, dont la fabrication n'a plus de secret pour elle. En échange, elle est en droit de le contacter par escargophone si la salle secrète où elle opère est découverte ; il a alors obligation de venir le plus vite possible éliminer le ou les témoins, passant par une entrée sous-marine dont seul lui, Mandore et Yu ont connaissance.
Un soupir.
Un pas dans une allée complètement obscure. Puis un autre, animé d'une drôle d'ivresse, de folie et peut-être d'amour pour un certain mode de vie. Celui qu'elle menait maintenant. Qui lui avait manqué depuis qu'elle s'était faite injustement évincer de son ancien paradis, cette clinique dans laquelle elle pouvait expérimenter elle-même tous les miracles de la vie. Pendant ces années d'activité, elle s'était sentie Dieu. Elle accédait aux tréfonds les plus obscurs de sa plus belle création, l'Homme, et les avait pour elle toute seule. Rien qu'à elle. Et avec le temps, justice revenait, et elle avait obtenu de nouveau ce qui lui revenait de droit. La possibilité d'explorer l'être humain, au plus profond de lui même. On lui avait retiré ce don, elle l'avait repris.
Elle frémit en repensant aux belles années, et sourit en imaginant à quel point elles pouvaient n'être qu'un préambule de ce qui l'attendait. Un étage entier à elle seule. Une salle plus grande même que le peu de laboratoires qu'elle avait eu la chance de voir de ses propres yeux. Son esprit, son imagination, son génie n'étaient plus coincés dans une ridicule salle aussi étriquée d'une cabine d'essayage. Ce sous-sol était la représentation parfaite de ce qu'il se passait à l'intérieur d'elle... mais à l'extérieur d'elle. Continuant à avancer, elle se mit la main devant la bouche et rit timidement en se faisant cette réflexion. Ce qui semblait aller de soi pouvait parfois au contraire se révéler être une véritable révolution. L'évidence et la certitude n'étaient que les armes des faibles. Du moins ceux qui étaient faibles dans leur tête.
Elle entra dans la pièce, plus sombre encore que le couloir auquel elle tournait dés à présent le dos. Une simple pression sur le levier qu'elle avait derrière elle, et les merveilles de la mécanique lui conféraient le pouvoir de fermer les portes en pierre qui étaient derrière elle sans même les toucher. Ce monde était magnifique. Sans limites. Meilleur que n'importe quelle histoire ridicule se trouvant dans un livre. Tout était possible.
Un seul problème rendait ce monde faillible. Seulement magnifique à défaut d'être parfait. Les autres bougeaient. Ils parlaient, riaient, avaient des discussions et pouvaient même être en désaccord. Tant de futilités qui ne faisaient que gâcher la beauté d'un corps humain. Elle les préférait inertes. Elle aimait quand elle savait qu'elle pouvait les observer plus en relief, de fond en comble, sous tous les angles. Pas qu'elle tenait spécialement à tuer, à ôter la vie ; plutôt qu'elle aurait préféré qu'ils n'aient jamais été vivants au départ. Seul un objet immobile exploitait entièrement son potentiel. Et ça, plein d'objets l'avaient compris, mais pas ces singes rasés avec qui elle vivait au quotidien.
Elle fit le choix de ne pas fermer les portes et se dirigea directement vers l'interrupteur relié aux dizaines de lampe-dials qui étaient posés sur le plafond dans une harmonie symétrique irréprochable. Cette salle lui ressemblait. S'enfermer était inutile. Rien n'allait la perturber dans sa sérénité matinale, puisque la journée s'annonçait formidab...
Pulu pulu pulu pulu. Pulu pulu pulu pulu. Pulu p-gatcha.
Elle marche d'un pas décidé vers le petit bureau sur lequel était posé l'escargophone et décrocha fermement le combiné, sans dire un mot à l'interlocuteur. Ce dernier, manifestement habitué à ne pas être salué, entra directement dans le vif du sujet.
~ La cargaison est arrivée. C'est un tout autre niveau de qualité, ce mois-ci. Vous avez changé vos recettes ? ~
Elle ferma les yeux et soupira. Son sourire discret s'effaça pour laisser place à son éternelle expression neutre. Tellement neutre qu'elle en inspirait presque une sorte d'inquiétude chez la plupart de ses interlocuteurs, qui en venaient à se demander si un cœur battait bien derrière ce visage.
"Mot de passe. Je n'ai rien à vous dire sinon."
~ La chenille est au papillon ce que le comédien est à la marionnette. ~
Elle hocha la tête, signe qui n'était destiné à personne en particulier sinon à elle-même.
"Poursuivez."
~ Voilà, le boss aimerait revoir le contrat. Il estime que ce que vous nous fournissez n'est pas encore suffisant pour rivaliser face à son frère et... ~
"Je connais la chanson. À combien vous voulez augmenter ?"
L'interlocuteur, surpris d'avoir été interrompu marqua un court temps d'hésitation avant de reprendre.
~ Huit lots d'explosifs. Trente sachets de neurotoxiques, vingt-quatre doses d'opium en poudre. Niveau pilules, on aimerait plancher sur trente-six, dix-huit, huit. ~
Elle souffla du nez, sourit et reprit un air sérieux avant de rétorquer.
"Alors ce sera non. Comme toujours."
~ On comprend que c'est difficile, madame, mais on... ~
"Vous savez que je suis la seule qui vous permet de passer par la même structure pour obtenir toutes ces marchandises. Vous vous contentez de ce que je vous offre, ou je romps le contrat et vous perdrez votre unique fournisseur."
Elle raccrocha net, se redirigea vers le bouton et alluma la lumière. Ses cheveux d'un rose éclatant prirent d'un coup une teinte plus fade, moins orangée. Ses yeux, eux, gardaient le même rose vitreux et brillant, presque sinistre. Son visage s'éclaira en même temps que la pièce. Il était temps de se mettre au travail.
Alors qu'elle vérifiait d'un coup d’œil rapide les corps stockés dans la chambre froide qui prenait toute la largeur du mur du fond, elle buta contre un lit à roulettes sur lequel était couchée l'une des patientes du jour. Tout le laboratoire lui appartenait. À elle et à son apôtre. Lui qui la suivait partout depuis le début, avait opéré avec brio ses patients les plus précieux, croyait aveuglément et dur comme fer à une vérité universelle découlant de sa vision du monde. Mais en vérité, être à la tête d'un centre de recherches de la Marine ne l'intéressait pas.
Avoir toujours plus de patients, et toujours plus beaux et intéressants les uns que les autres, voilà ce qui comptait pour elle.
――――――
Nettoyer leur honneur, voilà ce qui comptait pour eux. C'était indéniable.
Continuant à écouter les instructions du complice qui était en face de lui, le tatoué replaça sa casquette de la Marine sur la tête et soupira. Le Gouvernement était prêt à tout pour sauver son honneur, y compris à se réveiller après plusieurs mois pour mettre fin à des activités illégales qui se tramaient en douce dans leur propre camp. Mais bon, c'était pour eux qu'il travaillait, et s'il fallait rattraper le laxisme administratif de la Marine, alors il devait au moins le faire bien. Dans sa tenue de Justin Landier, un masque à gaz accroché autour du cou, il se recentra et finit d'écouter ce que le soldat avait à dire. Celui-ci travaillait ici depuis quelques temps, et avait accepté de rompre le silence à condition d'avoir la garantie d'être muté après sa coopération.
"...fabrication et trafic de substances hallucinogènes et stupéfiantes, fabrication et trafic de produits dopants non reconnus par le Gouvernement, torture inhumaine sur personne inconsciente, vol et trafic potentiel d'organes, attouchements sur patients, fabrication et utilisation non mandatée de produits létaux. Voilà tout les délits que l'on pense pouvoir lui attribuer."
"Bon sang. C'est pas un casier judiciaire ça, c'est un palmarès."
L'agent se tourna vers celle qui venait de prendre la parole, qui répondait au nom de Zola. Il s'agissait d'une lieutenante affiliée à la Brigade Scientifique, qui avait comme lui été envoyée pour explorer le laboratoire Indigo. Et elle était accessoirement devenue, à même titre que les individus qui étaient réunis avec eux sur la rambarde extérieure du bâtiment, l'une des seules personnes au monde qui savaient que Justin Landier et Tim Uzi étaient la même personne. Si leurs missions étaient différentes, ils avaient un point commun : parmi le groupe de personnes présentes, ils étaient les deux qui allaient être envoyés sur le terrain. Ils se devaient donc d'établir, avec les officiers et scientifiques complices, un résumé de la situation actuelle, des objectifs qu'ils devaient remplir et par dessus tout des contraintes et des difficultés qu'ils risquaient de rencontrer.
La première ne tarda pas à se montrer. Le sniper, par réflexe, tourna la feuille de papier où était dessiné le plan de l'intérieur du laboratoire pour vérifier qu'il n'y avait pas un verso. L'autre côté du plan était effectivement vide, mais un numéro de page subsistait en bas à droite. Il s'empressa de le montrer à l'un des docteurs présents avec eux.
"Qu'est-ce qu'il y avait sur cette page ?"
Le médecin posa le doigt dessus et se racla la gorge
"Nous y venions, mais oui, il y avait bien un plan du sous-sol sur le verso de la feuille. Il a été retiré dans la dernière édition du livret, celle qui est parue après la promotion de Mandore. Nous savons de source sûre qu'elle a rénové ce sous-sol et sommes à peu près certains que c'est là qu'elle exerce toutes ses activités."
Uzi hocha la tête.
"Si l'on en croit les échos, le sous-sol est structuré de manière très basique. Le vrai souci, c'est qu'il y a aussi une multitude de pièges réservés aux intrus à l'étage, la plupart d'entre eux cachés dans des salles du rez-de-chaussée elles-même secrètes. Quelques uns d'entre nous en ont découvert certaines par erreur, mais impossible pour nous de vous les situer de manière fiable sans vous exposer au risque de vous perdre. Ou d'être pris dans un piège, justement. En vérité, même le plan qui se trouve au recto n'est pas complet."
Chizune Mandore. Un véritable cerveau de génie, apparemment, qui était bien trop puissant pour œuvrer pour le bien commun et qui avait fini par vriller en développant une passion malsaine pour le corps humain. On la surnommait "le Papillon" à cause de sa capacité à fleurir, philosopher et poétiser n'importe quelle situation banale - une jolie qualité pourtant, mais qui était ici indissociable d'un esprit immoral et dépourvu de bon sens.
L'opération, dans la continuité de la métaphore, portait comme nom de code "Chrysalide". Un bien beau nom, même si Uzi n'avait ici qu'une tâche : récupérer des preuves tangibles pour enfin débloquer au Gouvernement la possibilité de traîner le Papillon et son médecin acolyte fou au tribunal. Aussi bien au sens propre qu'au figuré, il ne voyait pas bien le lien avec la tranquilité que lui inspirait l'idée de cocon, mais la question qui n'avait qu'effleuré son esprit ne tarda pas à rejoindre d'autres dans le cimetière des pensées futiles oubliées.
La lieutenante réagit assez tardivement, semblant sortir d'une série de réflexions bien plus rationnelles que celles de l'armurier.
"Des pièges, hein ? D'où les masques à gaz."
Après un court instant de silence, l'homme à la peau brûlante prit l'initiative de remotiver les troupes. À sa manière, certes.
"On a besoin d'informations supplémentaires ?"
Le docteur lui fit signe qu'il n'y avait plus rien à dire, rapidement soutenu par tous les complices présents. Le soldat prit la parole.
"Bien, puisque tout est clair... Nous serons six à vous accompagner jusqu'à l'entrée, mais ce sera ensuite à vous de faire votre travail. De notre côté, nous ne pourrons aller plus loin. Nous travaillons tous ici, ce qui devrait être suffisant pour brouiller les pistes. J'ai vu que vous étiez déjà en tenue, c'est parfait."
Il marqua un petit soupir auguste.
"En formation."
Comme le militaire lui avait déjà expliqué ce que l'instruction "en formation" impliquait, il n'eut pas de mal à se placer correctement. Lui et Zola marchaient l'un à côté de l'autre, chacun au centre d'un carré formé par quatre soldats. L'étroitesse de la rambarde compromettait presque l'exécution correcte du mouvement, mais ils ne tardèrent pas à se retrouver devant l'immense portail du laboratoire. Chacun d'entre eux plaça correctement son masque à gaz. Le médecin, qui les avait suivi d'un pas pressé, s'arrêta devant un clavier en pierre et pressa plusieurs boutons avant d'activer le levier qui trônait plus haut. Le portail s'ouvrit dans un fracas bruyant, qui n'était pourtant accompagné d'aucun tremblement. C'était dire, sans doute, la précision de la construction de tous les mécanismes du bâtiment. Le docteur parla d'une voix discrète.
"Bonne chance à vous deux. Puissent ces deux charlatans tomber sous la vraie justice."
Le groupe de huit reprit sa marche coordonnée pendant quelques mètres, avant de s'arrêter. Le tatoué retira d'un grand geste le manteau de la Marine qu'il arborait, puis la chemise qu'il portait en-dessous, et enfin le mythique couvre-chef qui, lorsqu'il l'affublait, faisait de lui un caporal. Il commença par avoir le réflexe de ranger la pile de vêtements dans son sac, avant de réaliser qu'il ne l'avait aujourd'hui pas avec lui. Une carabine de sous-officier, accompagnée d'une baïonnette à douille, était attachée à son dos via une lanière-ceinture, et était actuellement sa seule arme. Il se tourna vers l'un des soldats.
"Je peux vous confier ça ?"
Le militaire fronça les sourcils et ne put s'empêcher de laisser s'échapper une petite remarque.
"Vous n'avez pas peur d'attraper froid, monsieur ?
Il posa la boule dans la main tendue du fantassin avant de souffler brièvement du nez. Son expression faciale n'avait pas bougé d'un millimètre.
"Ça devrait aller."
Les soldats avancèrent tous, laissant comme prévu les deux missionnaires mener à bien leurs quêtes respectives. Le tatoué se tourna vers sa collègue et hocha solennellement la tête avant de foncer tout droit d'un Geppou déterminé, visant non pas le bout du couloir mais la première salle secrète qu'il trouverait en scrutant les murs. Il ajouta un Soru à sa course lorsqu'il vit qu'il s'apprêtait à passer à côté d'une salle dont l'entrée était très large, puis le reprit au fur et à mesure dans l'optique d'être encore plus rapide. Il tombait régulièrement face au bout du couloir, et faisait donc demi-tour jusqu'à trouver quelque chose à se mettre sous la dent.
Tous les moyens étaient bons pour déployer le filet à papillons.
- HRP:
Plan actuel du laboratoire (étage) : pas de piège découvert pour le moment, pas de salle secrète découverte pour le moment. N'importe quel joueur du RP peut faire en sorte que son personnage en découvre. Il lui suffit d'être précis quand à l'endroit dans lequel il se trouve, et tout sera répertorié sur le plan en HRP à la fin de mes posts, au début de chaque tour.
La flèche rouge désigne l'endroit par lequel Uzi et Judith sont rentrés.
Dernière édition par Tim Uzi le Lun 6 Avr 2020 - 18:13, édité 1 fois