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La Spouzi Race fantôme

Escortés par Amadeo Spouzi, le gérant de la Spouzi Race Company, Gal Dome son bras droit, une exotique ange ingénieure répondant au nom de Rosa et leurs gardes du corps, l'équipage du Tyran se dirigeait vers la côte. L'île principale de l'archipel était d'une singulière beauté en cette nuit illuminée et les trois pirates appréciaient le spectacle. Leur protecteur avait souri en remarquant leur émerveillement, avant de leur conseiller d'en profiter : tout comme ç'avait été le cas pour lui, le spectacle finirait inévitablement par devenir banal après leur séjour. Bien que la nuit soit tombée depuis maintenant quelques heures, une lumière naturelle générée par l'environnement des îles de l'archipel maintenait un éclairage constant, qui faisait figure de grand jour.

Hochant la tête, Lily la femme-poisson comptable répondit à la bienveillance d'Amadeo en engageant la conversation avec lui et demanda plus d'informations sur la raison pour laquelle il les avait aidé un peu plus tôt. Faisant pleinement confiance à sa compagne, Roy la laissa se charger d'en apprendre plus sur leur hôte et s'intéressa plutôt à l'ange, qui avait certainement piqué son intérêt. Jeska Khamalson, l'autre ange qu'il avait rencontré plus jeune à Hinu Town avait certainement été avare d'informations quant à sa terre natale. Le temps était enfin venu et il brûlait d'en apprendre plus sur les légendaires îles célestes.

 - Rosa c'est bien ça ? fit le pirate pour engager la conversation alors qu'il lui tendait la main, enchanté. Excusez-moi on doit vous le dire souvent mais... j'ai tellement de questions, avoua-t-il de but en blanc avec un léger rire.

Un mince sourire conciliant sur le visage, la créature lui serra la main avant de lui faire signe qu'elle ne prenait pas ombrage d'un signe de tête.

 - Oui je suscite souvent ce genre de réaction, confirma-t-elle, de plus en plus à mesure que je me rapproche de Red Line à vrai dire.

Ricanant doucement à ces mots, ses petites ailes s'agitèrent au rythme de son amusement et laissèrent tout le soin à Roy de la détailler. Elle était d'une apparence singulière, même en omettant ses attributs angéliques. Savant mélange de beauté sauvage et d'apparent raffinement, elle possédait cette aura séduisante qui poussait les gens à se retourner sur son passage. Son crâne était rasé sur un côté et sur l'autre de longs cheveux aux pointes teintées de violet cascadaient sur son épaule. Légèrement moins grande que Lily, avec un corps svelte, fin mais musclé, elle possédait des traits raffinés, de grands yeux bleus et un petit nez menu qui contrastaient avec les tatouages tribaux qui lui recouvraient la peau. Cette dernière était plus foncée que celle déjà basanée de Roy.

Le capitaine arborant lui-même quelques tatouages sur le corps, il n'avait pas manqué de remarquer leur intérêt commun pour cette forme d'art. Rosa en possédait bien plus cependant et contrairement à lui, les siens semblaient tous avoir été réalisé par la même personne, dans le même style tribal - probablement un signe d'appartenance à une quelconque culture - dont il brûlait d'en apprendre plus. Complétant son apparence sophistiquée, elle portait de larges boucles d'oreilles créoles, un maquillage foncé et ses sourcils étaient cisaillés par endroits, l'ensemble contrastant étrangement bien avec le style vestimentaire très coloré des habitants de l'archipel. Elle avait fait l'impasse sur le maillot de bain cependant et arborait un mini-short, de légères bottes confortables et une chemise à la blancheur immaculée.

 - Que vous vous "rapprochez de Red Line" ? ne manqua pas de relever Roy alors qu'il se mettait à lorgner l'arme de l'ange.

 - On peut se tutoyer ? réagit-elle au quart de tour, tout en réajustant bazooka sur son épaule pour offrir une meilleure vue au pirate, n'ayant pas manqué de remarquer son manège. La formalité c'est pas mon truc.

 - Oui bien sûr, acquiesça Roy distraitement, qu'est-ce que... qu'est-ce que c'est que cette arme ? choisit-il finalement de demander parmi la myriade de questions qui lui brûlait les lèvres.

Le principe semblait le même que toutes les autres armes du genre qu'il avait déjà eu l'occasion de voir sur les Blues. Seulement cette itération semblait infiniment plus raffinée que les armes brutales et grossières auxquelles il avait été habitué. Contrairement aux bazookas ordinaires, celui-ci semblait plus long et plus  fuselé, composé d'un alliage métallique sombre, brillant et lustré qu'il ne reconnaissait pas. Des fioritures dorées stylisées avaient été gravées sur les points-clés de l'arme tel que le manche et le repose-épaule, rajoutant du prestige à l'engin de mort. Un renflement à l'arrière de l'arme semblait abriter un dispositif qu'il n'avait jusque-là jamais vu et dont l'utilité lui échappait. Et les projectiles que tirait cet engin étaient tout sauf conventionnel, comme il l'avait découvert un peu plus tôt quand la Spouzi Race avait permis aux tyrans d'échapper à une attaque de chasseurs de primes.

 - L'un de mes bijoux, révéla Rosa avec fierté et un clin d’œil, c'est un Burn Bazooka de mon peuple que j'ai modifié. Le compartiment à dials a été remplacé par une alcôve qui stocke mon Chemical Juggling, donc j'ai appelé cette arme un Chemical Bazooka !

 - Ah les dials je connais ! s'écria un Roy pressé de montrer qu'il n'était pas totalement aux fraises, courtoisie de Jeska, c'est les coquillages magiques. Mais c'est quoi alors ce Chemical Juggling ? C'est pas un peu étrange de remplacer ce qui fait l'arme spéciale en premier lieu ?

L'ange sembla réfléchir quelques instants, avant de finalement hausser les épaules et lever une main, paume tournée vers le ciel. Une brillante boule de flammes rose et indigo se généra soudainement au creux de sa poigne, qu'elle eut vite fait d'étouffer en refermant ses doigts vernis dessus. L'éclat soudain aveugla brièvement le pirate qui garda une image rémanente sur la rétine, mais il n'en aurait pu moins s'en soucier tant la démonstration l'avait étonné.

 - Rosa..., lâcha soudainement Gal Dome un peu plus loin en arrière, faisant tiquer l'ange qui se retourna et croisa le regard réprobateur de son compère.

Penaude, elle s'excusa brièvement auprès de la brute blonde avant de se saisir à nouveau de son arme des deux mains et d'en baisser le nez. Là elle sembla se recroqueviller sur elle-même, serrant son Chemical Bazooka contre son épaule comme s'il c'eut été agi d'une bouée de sauvetage.

Sans trop comprendre ce qui venait de se passer, Roy se retourna et croisa le regard du bras droit d'Amadeo. Ce dernier lui offrit un sourire qui devait se vouloir bienveillant, mais qui eut plutôt pour effet de hérisser les poils du pirate. Il devait l'avoir assassiné du regard pour avoir suscité une telle réaction chez elle, et pourtant son visage semblait trop doux et paternel pour pouvoir générer ce genre d'expression. Roy était confus.

 - Les autochtones ont des superstitions tenaces, expliqua le blond se voulant rassurant, je ne voudrais pas que notre chère petite Rosa s'attire leur hostilité plus qu'elle ne l'a déjà fait.

Sans répondre, Roy hocha la tête et en revint à son interlocutrice. Un léger coup d’œil du côté d'Amadeo lui permit de voir que l'homme n'avait semble-t-il rien capté de l'échange de ses compères, une étrangeté considérant le regard que Lily lui jeta, cette dernière ayant manifestement surpris la scène. Elle se fit rapidement accaparé de nouveau par l'homme d'affaire cependant, qui désirait poursuivre leur conversation. Décidant d'ignorer le curieux échange auquel il venait d'assister, il se promit d'y revenir plus tard, quand la brute ne serait plus dans les parages. Et puis il était décidément bien trop intéressé par ce qu'il venait de voir pour ne pas poursuivre leur conversation comme si de rien était.

 - Tu as un pouvoir ? demanda-t-il abruptement à l'ange pour la faire sortir du triste mutisme dans lequel elle s'était brièvement plongée. C'est un fruit du démon ?

 - Quoi, un fruit du démon ? s'étonna-t-elle, instantanément sortie de sa torpeur. Non, non bien sûr que non, n'importe qui peut développer ce pouvoir, il faut juste des connaissances de base en chimie, c'est tout. Enfin "des connaissances de base"... il faut un certain niveau en chimie plutôt, ça et boire beaucoup de cola.

 - Du cola... ça fonctionne au gaz ton truc ? intervint soudain Mochi plus loin avec une grimace dégoûtée.

Elle marqua un temps d'arrêt, avant de pouffer, soudainement ragaillardie.

 - Pas ce genre de gaz, éluda Rosa en se retournant vers lui, après avoir éclaté de rire à la remarque impromptue du médecin des tyrans, je ne brûle pas du méthane je te rassure.

 - Mais comment tu le génères ton gaz du coup, par les f..., s'apprêta à poursuivre le boulonné, avant d'être arrêté in extremis par Amadeo qui les avertit de leur arrivée.

Au bord de la plage, plusieurs engins les attendaient sur le sable. Ils semblaient spacieux, pouvant aisément accueillir trois à quatre personnes. Une coque en bois renforcée laissait penser qu'ils avaient affaire à des véhicules aquatiques et comme de juste, l'entrepreneur leur présenta ce qui était le modèle utilitaire des fameux wavers de courses.

Prudemment et - dans le cas de Roy - brûlant d'excitation, ils embarquèrent et quand tout le monde fut bien installé, les pilotes engagèrent les moteurs. Sans même avoir besoin de pousser les engins dans l'eau, ces derniers bondirent d'eux-même en avant, dans un puissant ruckus qui fit s'envoler des tonnes de sable et vinrent percer la surface de la mer. Hurlant de joie, le capitaine pirate apprécia pleinement le souffle des embruns sur son visage et la sensation de vitesse inégalée qu'il ressentit en cet instant.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mer 18 Mar 2020 - 2:18, édité 1 fois
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(☼ Le lendemain matin ☼)

Cher journal,

Porté par les vagues et le vent, le voilier me transporte à bonne allure dans les eaux chaudes et lumineuses de l'archipel. J'ai passé suffisamment de temps dans les recoins les plus sauvages de ces îles pour ne plus m'émerveiller de leur aspect singulier, mais je reste admirative devant leur beauté et leur végétation si étrange qui les fait ressembler à des dômes lumineux où l'on aurait allumé des centaines de milliers de bougies. Par ailleurs, leur climat très favorable, chaud et ensoleillé, n’est pas pour me déplaire et donne à mon séjour de petits airs de vacances ! C’est autant pour m’adapter au climat qu’à la mode locale -dans une certaine mesure- que j’ai délaissé mes tenues habituelles au profit d’une très jolie robe de plage blanche recouverte de motifs floraux colorés et d'un chapeau à larges bords.

A côté de moi, pas de sbires du Cipher Pol pour une fois (soi-disant que ma mission n'en nécessitait pas, mais mon avis sur la question journal c’est que mes chefs de font leurs radins !), mais une civile, une femme aux cheveux bruns mi longs correspondant au détail près à l'image que l’on se fait d’une femme d'affaires, et répondant au nom d'Ephonomy Poulet-Braisay. Nous accompagnent également deux gros costauds, d'anciens pêcheurs de l'île que j'ai engagés pour leur tour de bras plus large que ma tête, leur faculté à avoir l'air menaçants, et leur capacité à manoeuvrer le voilier qui nous transporte. Ils n'ont pas de noms. Enfin si, évidemment qu’ils en ont, mais je ne les connais pas. Je les ai oubliés.
Non journal, ils ne sont pas là juste pour consoler mon ego parce que je n'ai pas pu avoir de sbires sous mes ordres ! D'ailleurs, et si c'était le cas ? En revanche, si jamais tu sous-entendais que je profite de mes missions officielles du gouvernement pour arranger mes affaires privées et que, alors que je suis ici pour un travail d'enquête, j'en profite pour monter une nouvelle boutique de mon entreprise Sirena, recruter des employés et prendre contact avec des partenaires économiques, là tu aurais parfaitement raison ! C'est ce qu'on appelle joindre l'utile à l'agréable, ou plutôt l'obligatoire et l'intéressant.

Ephonomy, c’est la directrice et gérante de mes affaires privées sur l'Archipel des Éveillés. Nous ne nous connaissons pas depuis très longtemps à vrai dire: recrutée via une petite annonce dans le journal, je ne l'avais rencontrée qu'une seule fois avant mon retour sur l'archipel avant-hier, et la plupart de nos échanges s’étaient fait par escargophone. C’est elle qui s’est occupée d’engager nos premiers employés (les deux marins patibulaires) et de poser les bases de mon implantation ici. Pour te donner une idée de notre niveau de proximité, elle pense que je me nomme madame Sirena. Contrairement à moi elle a fait les études appropriées pour devenir une experte dans les dernières techniques en vogue de "coaching", "managementing", "team building" et tout un tas d'autres mots en "ing"  compliqués pour qualifier le fait qu’elle sait s’occuper d'une entreprise. Mais contrairement à elle, j'ai de l'argent pour exploiter ses compétences !
Elle a un petit peu déchanté en comprenant que son travail allait consister avant tout à s’occuper d’une petite boutique de souvenirs sur la route de tous les périls, mais cela ne nous empêche pas à toutes les deux de voir les choses en grand !

♦♦♦♦

Le soleil a complètement fini de remplacer la lune -ce qui ne change pas grand-chose à l'éclairage ambiant déjà plus que suffisant, et c’est tout juste si la couleur du ciel passe de jaune-orange à jaune-bleu- lorsque nous atteignons l'île. Nous prenons pied sur le débarcadère, un simple ponton de bois où sont amarrées quelques embarcations étranges. Je prends le temps d'observer de plus près ces étonnantes fusions entre des barques et des cheminées, et je devine qu’il s’agit là des fameuses créations de Spouzi.

"- C’est un peu trop… artisanal comme design, vous ne trouvez pas ? On devrait faire quelques A-B tests et comparer les analytics pour améliorer notre B to B."

Je n'ai absolument rien compris comme d’habitude, et c'est surement bon signe. Ça doit vouloir dire que j'ai bien fait de l'engager car elle pense à des choses indispensables dont je n'avais pas la moindre idée de l’existence.
Dans ces cas-là, ma stratégie consiste à faire semblant de comprendre mais à me désintéresser du sujet.

"- C’est parfait. Ahem. Faites donc ça, et vous me montrerez ce que ça donne."

"- Nos wavers de transport. Ce sont de pures merveilles de technologie n'est-ce pas ? Et encore, vous n'avez pas vu les modèles de course !

La personne qui nous interrompt et qui me sauve de devoir trop rentrer dans les détails est une jeune femme à la peau brune, au regard intense et au goût immodéré pour les bijoux qui tintent en s’entrechoquant. Dès le premier regard elle m’inspire la méfiance, mais bon je te connais tu vas encore me reprocher de juger les gens sur leur apparence et me dire que c’est un comportement stupide. Et tu aurais tort, ça fonctionne neuf fois sur dix !
Elle nous tend la main, tout sourire, et ajoute:

"- Je suis Ines Djama, avocate et bookmaker de la Spouzi Race Compagny. Ravie de vous rencontrer ! Monsieur Spouzi vous attend, je vais vous conduire à lui."

Mes employés et moi lui emboitons le pas, et traversons ce que les habitants de l'archipel appellent avec une bienveillance toute relative l'usine à weavers. Il s'agit d'une série de hangars, de cabanes et d'ateliers à ciel ouvert, le croisement entre un chantier naval et une fonderie où se côtoient diverses professions allant du charpentier au peintre en passant par -si j'en crois les débris calcinés par endroits- la science des explosions expérimentales. Quelques travailleurs s'y affairent déjà malgré l'heure matinale pour assembler ce qui ressemble à un modèle en version réduite des "barques à réacteur" que nous avons vues sur le ponton. Celle-ci paraît beaucoup plus sophistiquée et raffinée, et si j’avais eu le temps je me serais attardée à me renseigner sur le pourquoi ils s’embêtent à y sertir de gros coquillages..

♦♦♦♦

Amadeo Spouzi, ancien officier de la marine, aventurier, philanthrope, et nouvellement créateur de la Spouzi Race Compagny, colle parfaitement à l'image que je me faisais de lui. Bel homme, la mâchoire carrée, le sourire charmeur et des cheveux volant au vent, il a un œil vif, unique, tandis que le bandeau noir qui lui masque le second achève de lui donner un air d'aventurier.

"- Mesdames !" S'exclame-t-il en tenant à juste titre mes deux gorilles pour quantité négligeable, "soyez les bienvenues sur mon île !"

Il me décoche un sourire charmeur auquel je répond par un sourire encore plus scintillant si la chose est possible, et il me saisit délicatement la main pour y déposer, en véritable goujat qui se croit raffiné, un baisemain.

"- Vous devez être la ravissante madame Sirena ?"

Nous nous plions tous les deux au jeu de séduction professionnelle par un déballage de politesse excessive, de sourires et paroles amicales, de compliments qui sonnent faux et de présentations. Il se sent obligé de me présenter à nouveau a guide "Ines Djama, mais que vous connaissez déjà haha", ainsi qu'un homme blond et barbu qui se trouve être son ingénieur en chef. Nous sommes ensuite rejoints par un individu dont la vue semble mettre Spouzi de particulièrement bonne humeur.

"- Ah, le voilà ! Je vous présente monsieur Aston, mon protégé", s'exclame notre hôte en prenant le nouvel arrivant par les épaules. "Nous avons de grands projets pour lui ici !"

Il s'agit d'un homme à la peau mate et aux traits fins, quoique gâchés par cet air de brute qu'il affiche. De brute mal réveillée, avec ses yeux cernés et son air de ne pas trop savoir où se mettre, et je suis certaine que personne encore ne lui a donné l'astuce du masque sur les yeux pour pouvoir dormir en paix dans cet archipel sans nuit !

"- Roy, je vous présente madame Sirena, une de nos investisseuses."

Je lui adresse un sourire poli doublé d'un regard chargé en sous-entendus "Spouzi dit du bien de toi donc je veux bien le croire, mais ça ne fait pas de toi une personne respectable". Notre hôte, lui, ne perd rien de son enthousiasme: son œil passe du nouveau venu à moi et il déclare:

"- Nous allons faire de grandes choses ici tous ensemble !"
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Suivant le maître des lieux, Roy et le reste de la clique se retrouvèrent bientôt dans une immense salle de réunion, quelque part dans le deuxième étage de l'usine. La pièce rectangulaire était si large et haute qu'elle faisait quasiment figure de hangar, l'apparente absence de mobilier renforçant presque cette impression. En son centre trônait seulement un arrangement de chaises, canapés et poufs à l'air assez confortables pour bien accueillir, mais pas assez pour ne pas paraître professionnel. Ces fournitures étaient disposées en cercle autour de trois tables basses en verre, aux formes et dimensions variées, sur lesquelles trônaient des maquettes réduites de différents modules de course. L'un des murs sur la longueur de la salle consistait simplement en une immense baie vitrée donnant sur l'île qui accueillait l'usine. Un torrent de lumière se déversait dans la salle, laquelle donnait clairement l'impression de servir à impressionner les invités d'Amadeo.

Ce dernier appuya sur un bouton près de la porte par laquelle ils étaient entré, ce qui eut pour effet d'activer une série de Lumini Dials dissimulés dans le plancher. Ces derniers se mirent à absorber une partie du torrent de luminosité et baissèrent enfin la clarté à un niveau acceptable en cette matinée ensoleillée. Roy entre tous apprécia ce changement tandis qu'ils s'installaient confortablement au milieu de la pièce.

Sa première nuit sur l'Archipel aux Éveillés avait été proprement misérable : il n'avait pas fait le rapprochement initialement mais après cette déconfiture, il réalisait maintenant que forcément, une île sur laquelle il faisait constamment jour n'était pas compatible avec un sommeil facile. Et pour quelqu'un comme lui qui peinait à s'endormir sans une absence totale de bruit et de luminosité, cet écosystème était de la torture pure et simple. On aurait pu croire que, n'étant pas natif de l'archipel, Amadeo se serait débrouillé pour qu'il y ait au moins une ou deux salles dans son complexe qui ne soit pas encombré par les saloperies phosphorescentes prisées par les autochtones, mais il n'en était rien. Souhaitant améliorer ses relations avec les Éveillés - qui, Roy avait cru comprendre, n'étaient pas au beau fixe -, l'entrepreneur de la Spouzi invitait régulièrement des responsables de la communauté dans l'usine et tentait de les amadouer en leur montrant qu'il avait adopté leur style de vie. Grand bien lui fasse, mais le capitaine pirate n'était pas prêt de le suivre dans sa démarche.

Manquant de sommeil, ce dernier était donc d'une humeur proprement massacrante. Il pressa un instant ses paupières d'une main, tâchant autant de se réveiller qu'échapper à la clarté toujours trop intense qui baignait la salle, avant de relever le nez pour détailler de nouveau les invitées d'Amadeo. La femme d'affaires brune ne se démarquait pas trop, mais sa supérieure en revanche, Mme Sirena... c'était indéniablement la bourgeoise la plus bourgeoisette ayant jamais bourgeoisé la bourgeoisie qu'il lui avait été donné de rencontrer. En cela elle lui rappelait Angie Gregson, son ancienne tutrice adorée ; il ne savait pas si c'était bon signe dans le cas présent cependant, le côté enfant gâtée de son amie défunte étant justement l'une des rares choses chez elle qui avait eu tendance à lui taper sur le système.

Très bien habillée, elle semblait être le genre de personne possédant un sens inné du style et de la mode. Ses manières étaient on ne peut plus distinguées et raffinées, elle tenait parfaitement la chandelle au charismatique Amadeo. Si Roy prenait d'ordinaire soin d'être poli et respectueux en toutes circonstances, il avait à l'instant la vague sensation de faire tache à côté de ces deux élites de la société. A son soulagement silencieux, Lily et Rosa arrivèrent bientôt à leur tour dans la salle de réunion et vinrent les rejoindre sur les fournitures. Sa compagne femme-limace de mer pour le coup avait reçu une éducation des plus sophistiquées et était parfaitement dans son élément. Quant à Rosa, elle et Roy avait tout de suite cliqué. La présence des deux créatures remonta légèrement le moral du pirate, qui ferma les yeux dans un remerciement muet quand l'une des mains palmées de la comptable se posa sur son épaule.

 - Bien ! s'écria finalement Amadeo en claquant des mains, lorsque tout le monde fut installé et que le personnel de l'usine leur eut servi des boissons. Messieurs dames, j'ai d'ors et déjà offert un avant-goût de mes propositions à certains d'entre vous. Peut-être qu'après vous être concerté vous êtes parvenu à brosser un tableau général de mes plans, mais à présent le temps est venu de les divulguer dans leur entièreté. Permettez-moi d'abord de vous dresser un exposé de la situation.

Le silence s'était installé dans la salle spacieuse et tout le monde écoutait attentivement les paroles de l'entrepreneur à présent. Seul les gardes de Madame Sirena étaient restés en retrait, debout côte à côte à quelques mètres derrière le siège de leur employeuse. L'air de prendre leur rôle très à cœur, ils tiquèrent quand Amadeo se pencha pour attraper l'une des maquettes, effleurant au passage la cuisse de la femme d'affaires.

 - Voici une version miniaturisée de nos modules de course, présenta-t-il en levant l'objet à la vue de tous. La technologie de ces engins aquatiques est basée sur les anciens wavers qui voguent encore de nos jours sur la mer de nuages des îles célestes. Notre estimée Rosa, ici présente, fit-il en désignant l'ange d'une main (laquelle changea de position sur son siège en réaction) est le brillant cerveau derrière cette nouvelle itération du modèle des wavers. Nos modules de course sont très rapides et redoutablement maniables, mais disposent de peu d'autonomie. Ce sont donc les engins idéaux pour les fameuses courses de waver, dont vous avez certainement dû entendre parle depuis votre arrivée sur l'archipel. En toute modestie, ajouta-t-il avec une pointe d'espièglerie dans la voix, une main posée sur le tose, je suis le cerveau brillant derrière ce concept avant-gardiste.

Marquant un temps d'arrêt, il sembla attendre quelques réactions amusées de la part de son audience, notamment de Madame Sirena et son employée, qu'il semblait déterminé à impressionner. La femme distinguée maintenait le même sourire léger depuis le début de la tirade de son hôte, mais son expression ne bougea pas d'un iota et ce fut finalement son employée qui se fendit d'un gloussement poli. La remerciant d'un signe de tête confiant, l'entrepreneur se dépêcha de poursuivre :

 - Nous autres, à la Spouzi Race Company, avons rapidement et - j'ose le dire - efficacement développé ce nouveau sport après notre implémentation sur ce magnifique archipel. Monsieur Aston ci-présent et son valeureux équipage ont, je l'espère, déjà put constater la mesure de nos accomplissements sur cette île seule après le petit tour de la fabrique de waver que nous leur avons présenté. Des douze îles composant la terre des Eveillés, neuf autres ont été gratifiées par de similaires innovations. Je serais fier de vous offrir une visite guidée de notre oeuvre un peu plus tard dans cette superbe journée.

Appuyant sur un nouveau bouton dissimulé dans le bras de sa chaise, Amadeo déclencha une nouvelle fonction de l'arrangement des Lumini Dials. Par un habile jeu de lumière, une série de formes lumineuses et colorées apparurent sur la surface des trois tables de verre. Tandis que Rosa se penchait pour retirer les maquettes de module et laisser le champ libre aux apparitions, le capitaine pirate remarqua que les mains de l'ange tremblaient très légèrement. Relevant les yeux, il trouva qu'elle semblait stressée et progressivement plus inquiète à mesure du déroulement de la réunion. Fronçant les sourcils sans comprendre une fois de plus, il décida d'attendre voir comment allait évoluer la situation.

Les formes lumineuses apparaissant sur la table se révélèrent être une représentation grossière des 12 îles de l'archipel. Neuf d'entre elles étaient en rouge, les plus éloignées de l'îlot principal et ses deux petites sœurs, lesquelles se retrouvaient en bleu. Trois lignes s'étiraient sur la carte, chacune d'une teinte verte différente, chacune faisant le tour de trois des neuf îles rouges avant de se refermer sur elle-même pour créer une boucle.

 - Vous constaterez les progrès fulgurants de la Spouzi Race Company depuis son implémentation sur l'île en 1626 et vous y trouverez, je l'espère, un gage de notre fiabilité, déclara Amadeo avec fierté avant de leur désigner les lignes vertes du bout du doigt. Voici les trois circuits de course aquatique d'ors et déjà opérationnel avec un quatrième en cours de construction. Chacun d'entre eux est unique à sa juste valeur et teste des sets d'habileté différente chez les pilotes. Et ce n'est que le début : si la Spouzi Race Company continue à se développer à cette allure - et rien n'indique que nous soyons près de ralentir - j'ai pour ambition de construire de nouveaux circuits de ce genre un peu partout sur Grand Line, sur les îles qui s'y prêteront et peut-être même quelques-uns sur les îles des Blues. Les courses sont retransmises un peu partout avec des Den Den Caméra et l’audimat raffole de ce nouveau divertissement. Nous nous retrouvons donc à un tournant car - et ne vous y trompez pas messieurs dames -, rajouta-t-il avec une voix qui se voulait soudain grave et solennelle, pour captiver l'attention de son auditoire, je pense que les courses de waver ont le potentiel de devenir le nouveau sport de la Route de tous les Périls.

Marquant un temps d'arrêt pour appuyer son effet, Amadeo Spouzi laissa le temps à ses invités de digérer le flot d'informations qu'il venait de déverser sur eux. Buvant une minuscule gorgée pour éclaircir sa gorge, la femme d'affaires brune dont Roy avait oublié le nom reposa son verre à une distance respectable du jeu de lumière sur les tables.

 - Redoutablement intéressant, Monsieur Spouzi, le complimenta-t-elle d'une petite voix minaude, s'attirant un signe de tête en remerciement de la part de l'entrepreneur. Mais, enchaîna-t-elle, vous avez omis de préciser en quoi les services de Madame Sirena et moi-même allaient pouvoir vous êtres utiles. Dans quoi sommes-nous censée investir ?

 - J'y venais justement, très chère, répliqua Amadeo avec un sourire éclatant (il réappuya sur le bouton de sa chaise et désactiva le jeu de lumière avant de poser une main intrusive sur l'épaule découverte de la femme d'affaires), comme je l'ai expliqué tantôt à l'escargophone de Madame Sirena, je suis à la recherche de partenaires commerciaux pour financer la compétition et de nombreux autres aspects en développement des courses de waver. Naturellement plus nous avons de fond, plus nous pourrons développer notre fructueuse activité.

 - Tous les sports ont besoin d'une saine compétition pour se développer, choisit ce moment pour intervenir Djama Ines, l'avocate bookmaker de la Spouzi Race Company. Dans cette optique nous avons supervisé la création de plusieurs équipes sponsorisées - aujourd'hui totalement indépendantes je puis vous l'assurer - pour entretenir cette belle rivalité qui pousse les athlètes à se dépasser. Habituellement les investisseurs d'équipe financent le développement et la construction des nouveaux modules, mais il se trouve que nous avons actuellement deux wavers en parfait état de marche qui n'attendent qu'un sponsor pour les assurer, poser leur logo dessus et mettre des pilotes à l'intérieur. Contrairement aux autres équipes vous n'auriez même pas à payer leur montage.

 - Pourquoi ces deux modules n'ont pas déjà été réclamé par une équipe s'ils sont en parfait état de marche ? s'enquit Roy, ayant deviné que c'était probablement l'une de ces deux machines qu'il allait avoir l'occasion de piloter.

Un silence accueillit cette question du pirate. Les regards de Gal Dome et Djama Ines vinrent bientôt se poser sur Rosa, qui sembla une fois de plus se recroqueviller sur elle-même. Comprenant que personne ne répondrait à sa place, elle se résolut bientôt à ouvrir la bouche :

 - Ils ont été réclamé..., corrigea-t-elle d'une voix dure et triste. Ces modules étaient ma nouvelle itération des wavers de course - dont je suis à l'origine - et possédait de nombreuses innovations destinées à les rendre plus performant que les Marks plus ancien. Ils ont participé à plusieurs courses et ont eut de bons résultats, mais un jour un dysfonctionnement a provoqué la mort simultanée des deux pilotes qui concouraient ce jour-là. L'équipe qui possédait ces modules a été ruiné par cet accident... et a été dissoute en conséquence.

Personne n'osa piper mot suite à cette révélation. Détaillant l'ange du regard, Roy nota le poids de la culpabilité qui pesait sur ses épaules frémissantes. Les compagnons de cette dernière ne semblaient pas vouloir l'en délester. Pire même, elle semblait être tenu pour seule responsable au regard de l'attitude accusatrice qu'ils venaient de démontrer à son encontre. L'esprit logique de Roy peinait à comprendre ce qui se passait, un détail qui lui échappait pour le moment le gênait, il ne savait pas encore quoi mais il avait la sensation que quelque chose n'avait pas de sens.

En tous les cas, Rosa devait se sentir bien seule si c'était de cette manière qu'elle était traitée par ses collègues. Cependant bien évidemment, provoquer la mort de deux pilotes par cause de négligence n'était pas une mince affaire. Même Lily, qui d'ordinaire se montrait prévenante et avait immédiatement apprécié le personnage de Rosa, s'était légèrement écarté de l'ange après avoir appris cet épisode.

Si Djama Ines et Amadeo Spouzi se désintéressèrent complètement de l'ange pour en revenir aux femmes d'affaires, Gal Dome quant à lui maintint son regard sur Rosa et sembla vouloir enfoncer le clou. Remarquant que son patron ne regardait pas dans sa direction, l'ange sembla traversée d'une vague de colère et rendit son regard à l'ingénieur, une veine battant à la tempe. Gal encaissa les yeux assassins de l'ange avec un sourire et pour la première fois, Roy eut un aperçu de ce que cette brute dissimulait sous son air apparemment affable et espiègle.

Coupant la connexion, Rosa croisa le regard du pirate, lequel lui fit un clin d’œil, promettant silencieusement qu'ils allaient avoir une petite discussion un peu plus tard et mettre au clair cette situation.

 - Quel rôle notre modeste équipage est censé jouer dans tout ça ? s'enquit soudain Lily à sa gauche.

Revenant à la discussion en cours, le capitaine des Tyrans tâcha de mettre ce qu'il venait de voir de côté pour se concentrer à nouveau sur les propos d'Amadeo. Ce faisant il réfléchissait intensément à la meilleure conduite à adopter, pour en apprendre le plus possible rapidement.

 - Monsieur Aston et votre autre compagnon, Mochi je crois, ont le réussi le défi du Geyser, expliqua l'entrepreneur avec un soudain regain d'enthousiaste, visiblement fier des projets qu'il avait pour les pirates, quels qu'ils soient, un exploit que les autochtones tiennent en grande estime. Vous êtes immédiatement devenu leurs héros si j'ose dire et j'aimerais, moyennant récompense bien évidemment, profiter de votre nouvelle réputation sur l'archipel. Voyez-vous mes relations avec les éveillés ne sont pas au beau fixe avec tous les aménagements que j'ai effectués sur leur terre - avec leur aval pourtant, je tiens à le préciser. J'aimerais donc leur faire honneur, à eux et leur coutume, en faisant concourir des rescapés du geyser dans mes courses, leur donner l'occasion de prouver la véracité de leur folklore. Si vous avez développé des pouvoirs de prémonition suite à l'épreuve, assurément vous saurez tirer votre épingle du jeu.

Lily se pencha subrepticement vers son capitaine suite à cette révélation.

 - Mochi n'est pas du tout intéressé à l'idée de piloter un module, murmura-t-elle à Roy, il est en train de méditer dans sa chambre. Il va falloir qu'ils se trouvent un autre deuxième pilote...

 - On en parle tout de suite de ma prime de soixante-dix millions de berrys ou vous préférez garder ça pour plus tard ? lâcha Roy en réponse.

En train de boire une gorgée dans son verre, la femme d'affaires brune écarquilla les yeux et cracha une volée de liquide sur les tables de verre. Abasourdie par la manœuvre de Roy, la femme-poisson cacha son visage dans ses mains et bascula en arrière pour se recroqueviller sur le canapé. Madame Sirena quant à elle parvint plus ou moins à rester impassible, mais un léger tic de paupière vint troubler son visage radieux. Amadeo lui ferma les yeux et poussa un profond soupir, prit de court en réalisant qu'il allait devoir manœuvrer sec pour convaincre les investisseuses de lui faire confiance à présent. Rosa enfin, réprima un petit rire derrière l'une de ses mains, soudain revigorée.

Roy apprécia pleinement leurs différentes réactions. C'était la première fois, depuis qu'il avait lui-même appris le montant de sa nouvelle prime, qu'il avait l'occasion d'en constater les effets.
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Cher journal,


Je masque mon étonnement en portant ma tasse de thé -avec un glaçon je vous prie, merci- à mes lèvres et en scrutant le regard de toutes les personnes en face de moi. Ainsi ce monsieur Aston est un pirate dont la tête est mise à prix ? Eh bien… ! Je pourrais m'offusquer du fait que Spouzi soit parfaitement au courant vu sa réaction, qu'il cherche à m'impliquer dans de telles magouilles avec lui, ou bien qu'il me propose d'acheter un engin de course supposément défectueux, mais il y a mieux encore !
C'est ça qui est chouette avec les fausses identités: on vous raconte des choses qu'on ne vous dirait jamais en temps normal ! Mais après tout, quelle était la probabilité pour que l'investisseuse à qui Spouzi est en train de faire des propositions pas très légales soit en fait une agent dépêchée par le Cipher Pol afin d'enquêter sur les business douteux de cet investisseur et étoile montante tapageuse de Grand Line, et sur la gêne qu'il peut éventuellement représenter ? Ce serait vraiment une malchance terrible tu ne crois pas ? Une catastrophe, un scandale ! Quel terrible coup du sort !
Vraiment journal, j'aime les missions faciles !

J'ignore si Amadeo Spouzi me prend pour une idiote crédule ou bien s'il est extrêmement naïf, mais son offre est tout simplement bidon ! Une investisseuse sensée refuserait purement et simplement ou chercherait à réorienter les négociations vers quelque chose de plus raisonnable, mais à ce stade ça n'a plus aucune importance pour moi: tout ce qui compte c'est de récupérer un maximum d'informations sur ma cible en continuant à rentrer dans son jeu, et si possible de lui soutirer au passage un maximum d'accords pour mes bénéfices personnels. Hé, ho, il n'y a pas de petit profit ! Et puis tu sais très bien que j'ai besoin d'argent journal, une famille de nobles ruinés à soutenir ça coûte énormément !

Je repose ma tasse de thé avec une lenteur cérémoniale, et pose mon regard pétillant droit dans les yeux du pirate:

"- Alors parlons-en de cette prime puisque c'est un sujet primordial."

Je sens les membres de la tablée qui me scrutent et attendent ma réponse, et je me plais à faire durer leur attente autant que leur appréhension avant de reprendre, tout sourire:

"- Votre avis de recherche, comment est-il ? Avez- vous un profil avantageux sur la photo ? Votre prime est-elle suffisante pour que nous puissions justifier un axe de communication dessus ? En clair monsieur Aston, est-ce un élément vendable ?"

Grâce à la diligence de l'ingénieur de la Spouzi Compagny dont j'ai oublié le nom (un certain Gol Gobol ou je ne sais quoi), nous nous retrouvons rapidement avec sous les yeux une affiche de papier brunie. Dessus figure en grand la tête de notre ami pirate avec son nom, la mention mort ou vif, et une prime rondelette de soixante dix millions de berrys. Pas mal pour un aventurier du début de la route de tous les périls !

Spoiler:

En revanche pour ce qui est de la photo, il a vraiment tout le temps une tête de brute ce n'était pas juste une impression ! Tu devrais le voir journal, on dirait un loubard qui attend les pauvres grand mères à la sortie du marché pour les menacer avec un canif en leur réclamant leur sac à provisions !
Je me fends donc d'une expression ravie:

"- Vous êtes très photogénique monsieur Aston, je suis certaine que nous pourrons en tirer quelque chose ! C'est paaaarfait ! Si tout ce que nous a dit ce très cher monsieur Spouzi -j'ai droit à un clin d’œil charmeur de la part de l'intéressé- à votre sujet est vrai, nous allons faire de vous une icône ! Vous aurez l'argent et la gloire, les gens vous acclameront avant même de vous avoir vu gagner la course ! Qu'en pensez-vous Ephonomy ?"

Je vois à son regard que mon employée n'est pas ravie. Affolée, elle s'empresse de me chuchoter:

"- C'est une très mauvaise idée ! Rien ne va dans leur offre ! Leurs garanties sont nulles et les risques sont trop élevés ! Nous devrions négocier un contrat plus simple avec eux et laisser tomber ces histoires de pirate. Je sais bien que vous avez des relations, mais ça risque d'être très mauvais pour notre facing ! Quant à leurs wavers..."

Je fais mine de réfléchir avant de répondre à voix haute:

"- Vous avez raison. Monsieur Spouzi a été extrêmement malhonnête et il nous met dans une position très embarrassante ! L'honnête citoyenne que je suis devrait s'empresser d'avertir la marine ! Que dis-je, de demander un buster call !"

Mon regard se plonge à présent dans celui du propriétaire des lieux:

"- Mais la vraie question, monsieur Spouzi, c'est de savoir quels avantages et garanties vous comptez me proposer si je sponsorise votre pirate ?"
"- Eh bien légalement, nous indique Djama l'avocate, il existe plusieurs solutions pour contourner ce problème. Premièrement, la marine est tellement occupée avec sa guerre contre les révolutionnaires et sa protection des populations des zones à risques qu'elle se perdra jamais son temps à aller débusquer des pirates de second ordre (elle se mange un vilain regard de la part dudit second ordre et de ses complices) sur des îles lointaines. Mieux encore, elle préfère fermer les yeux plutôt que de dépenser du temps et des moyens pour arrêter des individus qui ne font aucun tort. Et croyez-moi je sais de quoi je parle."

Oh je n'en doute pas !

"- Enfin, si les choses venaient à mal tourner, les populations civiles ne sont pas tenues responsables des agissements des pirates à partir du moment où elles agissent sous la contrainte."

Elle conclut par un sourire plein de sous entendus sur la manière d’interpréter ce dernier point. Je réponds à l’intention de son patron avec un sourire ingénu:

"- Donc si je comprends bien monsieur Spouzi, vous me proposez de dépenser mon argent pour acquérir un prototype défectueux et dangereux, de le faire piloter par un criminel auquel je devrais associer le nom de mon entreprise, et d'espérer que tout se passe bien et que mes millions n'explosent pas en même temps que l'appareil et son pilote ?"
"- Oh, que vous êtes dure avec moi madame Sirena ! Comme vous durcissez la réalité ! Évidemment, nous pourrions discuter de quelques arrangements et avantages. Que diriez-vous de... ?"
"- Et mon avis dans tout ça, on me le demande quand ?" finit par grogner le pirate ?

♦♦♦♦

Lorsque Spouzi et moi quittons la salle de réunion, c'est après avoir passé une éternité à négocier des pourcentages de droits sur les produits dérivés, une estimation des coûts, des modalités d'essais, et tout un tas d'autres choses pour lesquelles je me fie à l'expertise d'Ephonomy. Il a également été décidé que je n‘associerai mon nom à cette équipe que je sponsorise que si et seulement si la première course n’est pas un échec. Nos interlocuteurs ont accepté étonnamment vite cette clause, ce qui me fait dire que soit ils sont très confiants soit ils se moquent de ce qui peut arriver.
A vrai dire, je crois que je commence à me faire une idée de quel genre de personne est Amadeo Spouzi. Ses manières charmantes ne sont qu'un vernis qui dissimule ses véritables intentions, tout comme son bandeau qui cache son œil mort. Son succès semble plus lui venir de son audace et de son manque de scrupules que d'un véritable sens des affaires.

Il reste également à définir les conditions de mon association avec Roy Aston, mais pour ce dernier cas lui comme moi avons besoin d'en savoir plus sur les courses et surtout sur nos fameux prototypes. Là dessus c'est finalement l'ange dénommée Rosa, qui semble avoir un bon relationnel avec Aston, qui nous propose de passer au concret en assistant à une démonstration et en essayant ses créations par nous-mêmes. Notre hôte nous guide donc sur le versant opposé de l'île, dans un hangar juste à côté de la plage où la mécanicienne à la coupe de punk nous dévoile ses deux merveilles, deux modèles de wavers de course expérimentaux, des bolides sans égal à en croire ses dires !

Je ne m'y connais pas assez pour te dire s'ils ont l'air bien ou s'ils sortent de la norme, mais ça reste des véhicules plutôt originaux qui n'ont rien à voir avec les "barques à réacteurs" que nous avons vues sur le ponton en arrivant ! L'ensemble consiste en deux flotteurs un peu comme un mini catamaran, supportant chacun un ensemble de longs tuyaux métalliques assemblés en fagot, le tout réuni par un élément central comportant une selle et un guidon étonnamment court.

"- Les multi-réacteurs utilisant plusieurs petits dials plutôt qu'un seuls sont une innovation de ma part. Le fait d'en utiliser deux permet d'optimiser la puissance et surtout la précision dans les virages. La séparation en deux petites coques permet de gagner en vitesse en diminuant la résistance de l'eau, d'augmenter la stabilité, et ..."

En plus d'être une passionnée, c'est visiblement quelqu'un qui sait ce qu'elle fait. Elle ressemble un peu à Ephonomy par certains aspects: elles sont inarrêtables quand on les lance sur leur sujet de prédilection, on ne comprend que la moitié de ce qu'elles racontent mais elles ont l'air de savoir ce qu'elles font ! La ressemblance s'arrête là cela dit parce que entre mon employée toute propre sur elle dans son tailleur pas franchement adapté au climat chaud et humide de l'archipel, et cette... zazou bricoleuse aux cheveux roses, il y a un monde !

Je prends le temps d'inspecter la machine sous toutes les coutures, plus pour en éprouver l'aspect général, la solidité, et pour donner l'impression de ne pas être une gourde, que vraiment pour en évaluer la qualité puisque je serais bien incapable de déterminer quels critères feraient de ces machines de meilleurs wavers que les autres !

"- Il va évidemment falloir rework leur design pour en faire un bon objet de marketing. Madame Rosa, que diriez-vous si on se calait un lunch ensemble ? Nous ferions un braistormig pour évaluer les options."
"- Oui, c'est parfait, faites ça. Monsieur Aston ?" Je gratifie ce dernier de mon plus beau sourire "Qu'en pensez-vous, en tant que pilote expert ? Vous devez trépigner d'envie de l'essayer ? D'ailleurs je vois ici deux véhicules mais un seul pilote, qui sera le second ?"

Je lance un regard mi-taquin mi-provocateur à Spouzi:

"- Vous m'avez prévu un second criminel de haut vol, ou bien un révolutionnaire hautement recherché ? Ou un mannequin, pour compléter le duo ?"

J'ai un regard plein d'espoir mais vite déçu en direction de la femme poisson bleue qui accompagne le pirate. Aucun membre de son équipage ne semble d’ailleurs très pressé d'essayer un prototype qui a vraisemblablement causé la mort de son précédent utilisateur ! Pourtant, ça a plutôt l'air amusant comme engins !
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- Eh bien à ce propos Monsieur Aston, s'enquit Amadeo, plutôt que de réagir à la pique amusée de Madame Sirena, qu'en est-il de Mochi exactement ? Je ne vous cache pas que c'était à lui que je pensais pour remplir le rôle du second pilote... pardonnez-moi mais, je peux vous demander pourquoi il ne nous a pas rejoint ? Il est indisposé ?

 - Ah, excusez mon ami boulonné, répondit distraitement un Roy qui - effectivement - trépignait d'impatience à l'idée de tester l'un des modules. J'ai peur qu'il ne soit pas plus que ça intéressé par les courses de waver. Il va falloir que vous trouviez quelqu'un d'autre.

Ses yeux étaient fixés sur les deux engins que le personnel d'Amadeo préparait à l'action. Des mécaniciens les pilotaient lentement afin de les mettre en position pour les heureux élus qui allaient les tester. La séance de test était imminente et après une trop longue session de négociation, le jeune capitaine avait hâte de passer enfin aux choses intéressantes. Aussi dût-il réprimer un grognement exaspéré en réaction à l'aigre commentaire que lui servit le gérant de la Spouzi Race Company :

 - C'est fâcheux. A part vous et lui, personne d'autre sur cet archipel n'a ce profil particulier, ce profil qui est la raison pour laquelle je vous propose cette place.

 - Si c'est votre réputation qui vous inquiète, le rassura Roy en attrapant une combinaison étanche qu'on lui tendait (toujours sans regarder directement l'entrepreneur), je peux mettre les bouchées doubles pour me présenter sous mon meilleur jour aux éveillés. Vous y gagnerez au change je vous assure. Mochi est un homme assez particulier qui a tendance à inspirer la méfiance plutôt que la sympathie, expliqua-t-il en se tapant la tempe, faisant ostensiblement référence à l'énorme vis qui traversait, littéralement, le crâne de son compagnon. Malgré son "profil", ses excentricités risqueraient plutôt d'abîmer vos relations avec les habitants de l'archipel.

Une petite équipe s'activait autour d'eux et achevait de déplacer et préparer les modules pour un accès facile aux testeurs. Elle marqua un temps d'arrêt en sentant le mécontentement de leur patron, dirigé à l'encontre du pirate qui préférait visiblement poursuivre ses préparatifs plutôt que de lui fournir toute son attention.

 - Croyez-moi sur ce point, vous vous en tirerez mieux sans lui, poursuivit Roy en tentant d'enfiler la combinaison (à mi-chemin de l'entreprise, il réalisa que le mécanicien qui lui avait tendu l'équipement - probablement un stagiaire nerveux - lui avait remis un modèle féminin trop petit pour lui. Grognant sous l'effort, il se dégagea de la combinaison et fit signe pour qu'on lui en apporte une autre). Je le connais. Laissez-moi vous aider à profiter de ma victoire sur le geyser ; et de votre côté je vous recommande de trouver un deuxième pilote qui soit... un expert du pilotage de waver, lui.

Ceci dit, il se retourna vers l'investisseuse qui lui avait préalablement posé une question. Elle semblait dans son élément, parfaitement à son aise alors qu'elle s'amusait à taquiner un Amadeo Spouzi qui se révélait de moins en moins fiable par les minutes. Même quelques instants plus tôt quand il avait révélé le montant de sa prime, elle n'avait pas semblé plus ébranlée que ça. Il avait honte de se l'avouer, mais l'assurance et la prestance de cette dame mystérieuse l'énervaient. Il avait envie de la provoquer un peu, la déstabiliser et voir comment elle réagissait.

 - Moi et mon avis d'expert pensons que le design est parfait tel quel, lui répondit-il enfin, et effectivement j'ai très envie de tester l'un de ces modules. Vous aussi j'imagine, fit-il en lui tendant la combinaison pour femme qui traînait dans sa main, après tout c'est sur ces deux créatures que va reposer votre investissement.

Ce mince sourire énigmatique ne quittant pas son visage de porcelaine, Madame Sirena leva lentement une main. D'un geste souple et élégant, elle retira son chapeau qui vint reposer près de sa hanche, avant de se saisir de la combinaison de l'autre main.



 - Qu'est-ce que t'en penses Amadeo ? demanda Djama Ines à son supérieur.

Observant le pirate et la civile en train de faire leurs premiers pas sur les modules de courses, les dirigeants de la Spouzi Race Company conversaient entre eux légèrement à l'écart de l'équipe d'ingénieurs et de Madame Poulet-Braisay. Lily quant à elle, forte de sa constitution de femme-poisson, avait plongé sous l'eau et devait surveiller les déboires de son capitaine.

 - Je ne sais pas encore, tout ne s'est pas exactement passé comme je l'avais imaginé, avoua le borgne avec une mine indéchiffrable.

 - Elle a accepté un deal, énonça Ines à voix haute, malgré le fait que le pirate ait parlé de sa mise à prix. Tu ne lui avais pas dit qu'il fallait garder ça secret ?

 - Si, bien sûr que si, répondit Amadeo en grinçant des dents, il a décidé de n'en faire qu'à sa tête. J'avais un plan B, d'autres investisseurs en ligne de mire si les négociations échouaient... mais elles ont abouti, alors qu'elle a découvert le pot aux roses. Je sais pas trop quoi faire de ça.

 - Elle doit être naïve, stupide, supposa l'avocate. Ou alors elle a conscience des risques et elle a décidé de prendre le pari. Les courses ne sont pas très réglementées pour l'instant, c'est un fait.

Un silence pesant s'installa entre les deux partenaires. Se demandant si elle avait gaffé, Ines jeta un coup d’œil à son patron sans trop savoir ce qui aurait pu le faire tiquer. Était-ce la mention de l'irrégularité des courses de waver ? Pourtant il était de notoriété publique que tout n'était pas super légal pour l'instant. Amadeo s'efforçait de faire reconnaître les courses de wavers comme un sport officiel du Gouvernement Mondial, mais en attendant, face à l'ampleur de la tâche, il fallait s'attendre à ce que tout ne se passe pas du bon côté de la loi.

 - Tu as bien vérifié son background ? s'enquit finalement Amadeo, sans répondre aux suppositions de sa subalterne.

 - Mais oui, souffla-t-elle avec une légère exaspération, tout a l'air réglo. Originaire d'une bonne famille, commença-t-elle à faire la liste, elle profite de l'argent de ses parents pour monter son négoce, en train d'ouvrir deux boutiques, une ici, une autre au Cap des Jumeaux, amatrice de jeux d'argent et de soirées mondaines, légèrement excentrique. La gosse de riches de base, je t'ai déjà filé mon rapport.

 - Poursuis tes recherches sur elle, ordonna Amadeo de but en blanc, approfondis-les. Au final je pense pas qu'il y ait de risques particuliers, mais on n'est jamais trop prudent.

 - Si elle t'inquiète, tu peux toujours passer au plan B, proposa doucement Ines.

 - Non, refusa l'entrepreneur en secouant la tête. C'est un risque, mais si tout se passe sans accrocs c'est aussi une chance inespérée. Le pirate m'a expliqué qu'il ne voulait pas s'attarder sur l'archipel, il reprendra la mer dès que son Log Pose sera rechargé. Je dois profiter de sa réputation maintenant, trouver un autre investisseur intéressé est trop hasardeux et prendrait trop de temps.

- Si tu as besoin de plus de temps on peut toujours se débrouiller pour briser son Log Pose, suggéra cette fois-ci la bookmaker.

- Non non, refusa immédiatement Amadeo, avec une prime pareille, qui sait ce qu'il pourrait faire si on se faisait attraper, je prends déjà assez de risque à l'associer avec nous. Gal et tous les mercenaires que j'ai engagé pour notre protection sont sur les dents avec ce type sur l'île ; je ne veux pas qu'on se le mette à dos.

- Enfin c'est un péquenaud tout juste sorti des Blues, tempéra Ines avec incompréhension, c'est une prime impressionnante c'est vrai, mais aussi près de l'entre de Grand Line elle ne veut probablement rien dire.

- Je préfère éviter, déclara Amadeo en réponse, catégorique.

 - Bon, acquiesça l'avocate, mais dans le doute on va quand même rencontrer les autres investisseurs ?

 - Oui bien sûr. Dans tous les cas s'associer à un pirate présente aussi des avantages... contrairement à un citoyen ordinaire, s'il meurt pendant une course personne ne viendra nous le reprocher.

Un peu plus bas en dessous d'eux, sous le quai du hangar, sous la surface de l'eau, Lily avait cessé de poursuivre les modules de courses pour s'assurer du bien-être de son capitaine. Dissimulée, elle écoutait attentivement.



Soufflant lentement alors qu'il décélérait précautionneusement, Roy accompagna le mouvement du module qui ralentissait progressivement tandis que le vrombissement du moteur allait decrescendo. Le corps entier tendu au maximum, il ne relâcha pas la pression avant de s'être totalement immobilisé et s'affala littéralement sur le véhicule quand ce fut le cas.

Qu'est-ce que ces engins étaient nerveux ! Et rapide ; ils donnaient l'impression que la plus petite vague risquait de les faire chavirer, basculer sur le côté et s'éclater à grande vitesse sur la surface de l'eau. La sensation était terrifiante, mais au final, c'était essentiellement une impression conférée par la vélocité des wavers, tempérées par leur étonnante maniabilité. Le pirate n'avait jamais été aussi rapide sur l'eau, ni même sur terre ou à la proue de son navire, le Matheson Sorrow. La sensation lui rappelait sa montée de Reverse Mountain, sur le canal ascendant qui avait propulsé la caravelle au sommet de la montagne à une vitesse inimaginable. C'était proprement exaltant.

Reprenant son souffle, il jeta un coup d’œil un peu plus loin près du hangar, où l'équipe d'ingénieurs dirigée par Rosa les observait avec des longues-vues. Bien évidemment, l'ange leur avait assuré à plusieurs reprises - la voix pleine de suppliques, désespérées qu'on la croit - que toutes traces de la défection ayant causé la mort des précédents pilotes avaient été effacées. Les modules Mark XVI étaient en parfait état de marche et ne présentaient plus aucun danger. Force était de constater que tel était le cas.

Reportant son attention sur la surface de l'eau, Roy chercha un instant la présence subaquatique de Lily, qu'il n'avait pas aperçu depuis quelques minutes, avant d'être distrait par une monstrueuse éclaboussure qui le recouvra lui et son module. Madame Sirena le dépassa avec une vitesse vertigineuse, les deux flotteurs motorisés à l'avant de son véhicule propulsant ce dernier, au moyen de jets d'air sous pression qui, éjectant des trombes d'eau à la seconde, laissaient une traînée d'écume sur son passage.

Elle a l'air de bien se débrouiller en plus..., constata le pirate avec une pointe de jalousie, alors que l'investisseuse s'engageait dans un énième virage serré de l'un des circuits d'entraînement qui avaient été mis à leur disposition.
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Cher journal,

VRAOUUUUUUUM ! Les wavers c'est vraiment chouette ! Une fois que je les aurais achetés je ne suis plus sûre de vouloir les dédier aux courses finalement: je préférerais les emporter un avec moi ! Regarde comme je vais vite ! Et comme je projette de l'eau partout ! Il n'y a qu'avec le soru, mon déplacement rapide du rokushiki, que je peux atteindre de telles vitesses, et question durée et plaisir ce n'est pas comparable ! J'ai l'impression d'être... je ne sais pas, je n'ai pas vraiment d'élément de comparaison. Un dauphin ? Un guépard ? Une tempête ?! Oui c'est ça: une Guéphinpête !!

La prise en main n'est pas évidente au début, surtout que le moindre faux mouvement peut causer un accident. Heureusement je trouve assez rapidement un point d'équilibre grâce aux similitudes entre la conduite à grande vitesse et mon habitude d’utiliser le déplacement quasi instantané qu’est le soru. Allier vitesse, précision et élégance ? Mais non journal: partir du principe que tout ira bien et foncer le plus vite possible !
Ne sois pas inquiet comme ça: si ces wavers avaient dû exploser ils l'auraient déjà fait plus tôt, pendant qu'Aston faisait ses essais alors que je me changeais par exemple, tu ne crois pas ? Hé ho, je ne suis pas folle: j'ai fait exprès de traîner un peu tout en échangeant ma robe contre leur combinaison moulante -plus adaptée mais beaucoup moins seyante-, et l'absence de gros "boum !" était la preuve que tout irait bien ! D'ailleurs si je suis en train de te raconter mon expérience c'est que je ne suis pas encore morte dans un essai de pilotage, alors fais-moi confiance !

♦♦♦♦

Alors que j’entame une nouvelle série de slaloms, un puissant ronronnement dans mon dos m'indique que le pirate a pris de la vitesse lui aussi et qu'il s'approche de moi. Il veut me rattraper on dirait, mais... hihi, tu vas voir un peu ! Je tourne la manette qui contrôle la puissance des dials, et ma machine part de plus belle ! Elle va tellement vite que le moindre frôlement sur mon guidon provoque un brusque changement de direction ! Dans ces conditions, passer entre les bouées figurant le parcours relève plus de l'instinct que de la manœuvre de précision, et je crois bien en avoir manqué la moitié ! Peu importe, car tout ce que je veux c'est empêcher Aston de me rattraper, et il s'accroche celui-là ! VRAOOUUUUUM, je pousse encore mes dials à leur pleine puissance ! FLOUUUUSHHHH ! Je projette des gerbes d'eau partout autour de moi, créant de véritables arabesques dans mon sillage ! C'est assez joli journal, tu aurais dû voir ça: de profonds sillons creusés dans la mer côtoyant d'élégants murs d'eau, des éclaboussures d'écume blanche partout autour de nous, le tout dans une ambiance sonore de fin du monde !

Je me désintéresse alors complètement de notre course-poursuite et je n'ai plus qu'une idée en tête: essayer des motifs dans l'eau ! Sans perdre de vitesse évidemment ! FLOUSSHHHH ! J'ai fait une magnifique spirale ! FZUUUUUU ! Et voilà une clef de sol ! Mais si s’en est une, la tête est juste un peu bâclée mais je voudrais t'y voir toi, à faire des manoeuvres de précision sur ce machin ! Et... SPLASHHH ! Roy-la-brute me double au moment où j'entame le "S" de Sirena, et asperge le peu de parties de mon corps qui n'étaient pas déjà trempées avec le sillage de son waver ! Non mais il va voir un peu !

Dès lors, notre séance d'essais se transforme à qui éclaboussera le mieux l'autre ! Cela demande un certain doigté, déjà pour ne pas se percuter de plein fouet, mais également pour réussir à passer juste devant mon adversaire en prévoyant sa trajectoire sans qu'il ne m’esquive ! Je suis surprise de le voir se prêter au jeu en fait: je pensais que les pirates ça ne pensait qu'à boire, tuer des gens, piller, se disputer, et prouver qu'ils sont les meilleurs comme de gros gamins. Ah, mais ça doit être pour ça: c'est juste un gros bêta immature qui ne veut pas perdre ! Un pirate ne pourrait certainement pas juste être sympa et joueur ! Sinon il ne serait pas pirate, il serait… marchand, chocolatier, assistant du forgeron à Saint-Uréa, ou bien soldat de la marine !

C'est lorsque nos engins perdent en puissance que nous finissons par cesser nos jeux. Je me suis beaucoup amusée, même si je le nierai fermement si jamais qui que ce soit me pose la question. Dans mon rapport de mission je mentionnerai un dangereux mais épique rodage des appareils, tout en décrivant avec application mon habileté dans le pilotage, la maestria et la facilité avec laquelle j'ai dompté mon bolide grâce à ma maîtrise parfaite du rokushiki, et surtout que j'étais bien meilleure que le pirate qui de toute façon était nul et pas du tout amusant vu que c'était juste un sale pirate. Et je t'interdis de raconter le contraire à qui que ce soit, journal !

♦♦♦♦

Notre course nous a emmenés loin de notre point de départ et nous sommes depuis longtemps hors de la vue de nos spectateurs restés sur la côte. Tout en faisant ralentir mon waver pour économiser ses dernières réserves, je me porte à la hauteur de mon partenaire de course tandis qu'il en fait autant.
Nous nous échangeons un simple regard, et je lui souris en déclarant:

"- Je ne regrette pas de vous avoir fait confiance, vous vous débrouillez bien !"

"- Vous aussi, vous avez un talent inné pour ça on dirait. D'où est-ce que ça vous vient une telle habileté ?"

J'adopte un ton badin et réponds avec modestie:

"- Mes parents m'ont offert un poney quand j'étais petite, et avec lui je suis devenue une vraie championne de vitesse ! Je galopais à toute allure dans le voisinage pour poursuivre les oiseaux les chiens et les garçons ! Enfin, j'ai fini par le casser. Je ne me souviens plus comment j'ai fait, j'étais encore petite, mais c'est vraiment ce mot que j'ai gardé en tête. On fait comment pour "casser" un poney à votre avis ?"

"- Les garçons ?"

Je vois à son sourire qu'il se méprend sur le sens de ma phrase mais pas du tout ! Dans le monde des enfants, les petits garçons ce sont comme de petits animaux pas très malins mais rigolos !

"- Oh la pauvre bête ! Dites-moi, j'espère que vous prendrez un peu plus soin de vos modules que de votre ancien poney, c'est bien gentil de laisser le pirate prendre les risques en premier, mais il ne faudrait pas en plus lui "casser son canasson", madame "il-me-faut-un-quart-d'heure-pour-enfiler-ma-combinaison"."

A son regard et son air taquin je devine qu'il n'est pas dupe quant à mon stratagème, mais d'une part je n'en ai absolument aucune honte, d'autre part ça ne m'empêche pas de faire comme si de rien était ! Nous échangeons encore quelques banalités, et s'ensuit un petit silence gêné. Alors que nous atteignons à une vitesse raisonnable le contour de la seconde île avant la nôtre, je reprends:

"- C'est comment d'être pirate ? Je ne parle pas du cliché habituel de "on est libres, on fait ce qu'on veut, on est les fils de la mer, blablabla" ou je ne sais quelle niaiserie sortie d'une chanson de marins. Surtout s'il y a "yoho" dedans ! Mais en vrai, c'est comment ?"

Après tout, ce n'est pas si souvent que j'ai l'occasion de côtoyer un ennemi dans un contexte aussi pacifique. Oh, il m'est arrivé de fréquenter quelques criminels, des révolutionnaires en particulier, de manière anonyme ou en échangeant avec des sources, mais c'est toujours quelque chose qui m'a fasciné. C'est comme si, pratiquement, ces individus sans âme destinés à finir en prison pouvaient aussi être des humains, des gens agréables avec des sentiments et une conversation intéressante. Ça me trouble un peu, mais j'apprécie.

"- Vous êtes une personne peu ordinaire dites-moi Madame Sirena, commente-t-il simplement, la première civile que je rencontre à montrer de l'intérêt pour mon style de vie. C'est stimulant, accepte-t-il de répondre cependant, vous en parlez comme d'un cliché mais je ne vais pas vous mentir : la liberté est un bon gros point déterminant. Jusqu'à présent, toute ma vie je me suis battu pour protéger mon prochain..."

Lâchant le guidon du module de ses mains, le pirate se redresse et lève les yeux vers le ciel, cherchant ses mots. Il semble perdu dans ses pensées, contemplant les nuages.

"- Trop souvent j'ai été forcé de respecter des règles, des lois ou des coutumes qui m'ont empêché de faire ce que j'estimais juste. Maintenant je suis mon propre code d'honneur, je vais où je veux quand je le désire, j'assume l'entière responsabilité de mes actes. J'offre mon aide à ceux qui en ont besoin, je punis ceux qui le méritent, j'ai la responsabilité de mon équipage et je ne réponds de mes actes qu'à moi-même."

Pour conclure sa tirade déclamée d'un ton féroce, il hausse simplement les épaules:

"- Il y a de pires manières de mener sa vie."

Je n'en suis pas si sure, mais je me garde de donner mon avis sur la question. Si tu veux savoir journal, j'en pense qu'il y a toujours moyen de concilier la liberté, l'aventure et l'honnêteté ! C'est à ça que servent les chasseurs de prime par exemple ! Même si on est d'accord leur honnêteté est toujours sujette à caution...
Mais mon compagnon pirate n'en a pas fini: perdant de son sérieux, il baisse la tête et m'envoie quelques gouttelettes d'eau sur son visage d'une pichenette !

"- Hééé ! Affreux pirate des wavers !"

Il ajoute d'un air narquois:

- Oh et évidemment, j'ai hâte d'avoir un musicien dans mon équipage pour traverser les mers à coups de "yoho" ! Ça et partir à la chasse au trésor, comme tout pirate qui se respecte.

Revancharde, je l'arrose à son tour et nous passons plusieurs minutes à nous asperger comme des idiots, aucun de nous deux ne semblant décidé à arrêter le premier !
Finalement, intéressée, je lui demande:

"- Et qu'est-ce qui vous motive à travailler avec Spouzi ? Vous le connaissez bien ?"

Je me garderais bien d'émettre des suppositions quant aux motivations de mon futur pilote, je préfère de loin les entendre de sa bouche sans chercher à l'aiguiller, ce qu'il me révèle sans hésitation:

- Non, je n'avais jamais entendu parler de lui avant de poser les pieds sur l'archipel. Quant à mes motivations, vous êtes assise sur l'une d'elles. Si je peux faire l'acquisition d'un module avant de reprendre la mer, ma collaboration avec Amadeo Spouzi aura porté ses fruits."

Hum... dans le doute, et tant qu'on aura pas d'accord clair avec lui, il faudra songer à faire cadenasser le hangar à wavers. Juste comme ça, hein !
Au moins il semble franc et c'est un atout. Évidemment c'est un pirate donc je ne pourrais jamais l'étiqueter comme fiable, mais je voudrais tout de même essayer de situer sa position entre Spouzi, moi, et ses propres intérêts. D’un autre côté, son attitude me permet d’espérer qu’il ne soit pas un pantin dévoué aux ordres de notre cher organisateur de courses.

"- Vous êtes intelligent ça se sent, et vous avez certainement constaté comme l'honnêteté de notre partenaire d'affaires laisse à désirer. J'ai besoin de savoir jusqu'à quel point je peux me fier à vous plutôt qu'à lui, et surtout dans quelle mesure nous pourrions nous prémunir ensemble d'un éventuel coup bas qu'il est tout à fait susceptible de nous faire."

Si je dis "susceptible" c'est une manière de parler évidemment ! Je suis à peu près certaine que le deuxième prénom d'Amadeo Spouzi c'est "Magouilles" ! Si j'osais, je pousserais jusqu'à espérer qu'Aston puisse me révéler quelques nouvelles informations croustillantes sur lui... et puis après tout pourquoi pas ? Ma chance semble être plutôt généreuse aujourd'hui !
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Roy se pencha pour s'accouder au guidon de son véhicule, observant Mme Sirena pendant quelques instants les yeux plissés, l'air indéchiffrable. Il s'apprêta à ouvrir la bouche, mais ce fut cet instant que choisit Lily pour percer la surface de l'eau et venir s'accrocher à son module, les coupant dans leur conversation. Resplendissante dans son maillot de bain et auréolée de gouttelettes d'eau, la femme-poisson ajusta sa position sur le côté du cockpit et s'assura une meilleure prise avant de lever les yeux vers son capitaine.

 - Tu penses qu'on peut parler librement là tout de suite ? s'enquit-elle à son encontre, d'une voix si basse que même Roy, pourtant à tout juste un mètre d'elle, peina à l'entendre.

Elle avait parlé normalement en fait, mais loin des côtes comme ils étaient, avec le vent, le bruit de l'eau et le vrombissement des moteurs, il fallait tendre l'oreille pour comprendre ce qu'elle disait. Le pirate jeta un coup d’œil furtif à l'investisseuse en comprenant que sa compagne avait intentionnellement évité d'élever le ton, avant de revenir à cette dernière.

 - Aucun escargophone ne pourrait survivre dissimulé dans l'un de ses appareils, lui assura-t-il avec confiance, pourquoi tu demandes ?

En réponse, Lily lui fit un résumé exhaustif des informations qu'elle était parvenue à glaner en espionnant la conversation entre Amadeo et Ines. Pendant une minute, madame Sirena les laissa converser poliment tandis qu'elle s'occupait à tester les réglages de son appareil. Ceci fait, la femme-poisson ne put s'empêcher de conclure en faisant une fois de plus part de ses inquiétudes au jeune homme :

 - Ils n'auront pas le moindre scrupule à te faire tuer pendant une course si tu te les mets à dos Roy, et les courses ont l'air complètement truquées. J'aime pas ça, tu vas te mettre en danger.

 - Relax, voulut la rassurer le pirate, je n'ai rien fait pour les mettre en rogne jusqu'à maintenant - enfin quasiment rien fait-, ajouta-t-il en se rappelant son petit coup de théâtre un peu plus tôt. Je leur suis utile en plus, je vais me tenir à carreau et il n'y aura aucun problème.

 - Te tenir à carreau ? répéta sceptiquement Lily avec un soupir.

 - Tu te fais trop de soucis ma grande. Sur cette île personne ne peut nous vaincre Mochi et moi et on veille sur vous, alors détends-toi et profite du cadre, ordonna le pirate avec un mince sourire, avant de proposer : vois notre escale sur l'archipel comme... des vacances. On va s'amuser, Moria va courir après les filles, tu vas te prélasser sur la plage en lisant un livre ou en faisant de la musique, Mochi et Merry vont... je sais pas, faire leurs bricoles à eux et moi je vais faire un peu de sport sur ces bécanes. On mérite bien ça après Las Camp et Reverse Mountain.

Il était vrai qu'après la guerre des gangs de Las Camp, la bataille navale qu'ils avaient mené à leur entrée sur Grand Line et leur première traversée d'une île à une autre de la Route de tous les Périls, les tyrans avaient bien mérité un peu de repos. Mais d'un naturel prudent et avec autant d'éléments inconnus, la femme-poisson n'était pas du genre à accepter aussi facilement de se laisser aller. Lâchant sa prise sur le waver de Roy, elle se laissa couler jusqu'à ce que seul ses yeux ne dépassent de la surface de l'eau, la mine renfrognée tandis que des bulles clapotaient doucement devant son nez.

 - Et puis tiens, ajouta Roy, va faire connaissance avec la miss investisseuse et profites-en pour lui répéter ce que tu viens de me dire. Elle a l'air d'une simple civile honnête - un peu naïve peut-être, ce serait triste qu'elle se fasse broyer par la Spouzi Race avec notre implication.

Ce faisant et sans tenir compte de la réaction de la femme-poisson, il lui fit signe s'écarter un peu plus du module de course avant de faire rugir le moteur de ce dernier. Puis, saluant l'investisseuse avec deux doigts s'écartant de la tempe, il accéléra brusquement et prit la direction du hangar, s'en retournant vers Rosa et son équipe d'ingénieurs ainsi qu'Amadeo et Ines.

Elle est au courant qu'on reprend la route dans cinq jours au fait ? se demanda-t-il à propos de madame Sirena alors qu'il approchait de la côte, les embruns lui fouettant le visage, avant de hausser les épaules et poursuivre sa route, laissant à Lily le soin de régler tout ça comme elle l'entendait.



Une agréable surprise l'accueillit à son retour sur le plancher des vaches, en la personne de son bras droit et navigateur, Moria Britannia, ainsi que la canonnière de l'équipage, Merry Read. Tard lors de la soirée précédente, il avait contacté le reste des tyrans éparpillés sur l'archipel - c'est-à-dire ces deux-là - et les avaient informés des derniers développements : l'attaque des chasseurs de primes, l'aide providentielle des entrepreneurs et l'invitation de ces derniers sur leur île industrielle. Avant d'aller se coucher, il leur avait donné comme instruction de venir les rejoindre le lendemain après avoir fini leurs bricoles. Amadeo leur avait remis un passe-droit et mené directement au hangar après qu'ils se soient présentés à son personnel.

 - Ces machines sont brillantes monsieur Spouzi, Rosa ! s'écria joyeusement Roy en s'extirpant de sa combinaison, alors qu'il se dirigeait vers les deux tyrans, un sourire rayonnant sur le visage. J'ai hâte de pouvoir les tester sur l'un des véritables circuits !

 - Je vous en prie, appelez-moi Amadeo, lui répondit l'entrepreneur au côté de l'ange, tout deux semblants satisfaits de ce qu'ils venaient de voir. Je vais de ce pas vous réserver l'un des circuits cet après-midi pour que vous puissiez vous faire les dents dessus avant votre première course demain. Comment s'est débrouillée madame Sirena ?

 - Comme une cheffe ! Je crois même qu'elle a d'ors et déjà trouvé son deuxième pilote.

 - Com... comment, de qu... pardon ?! s'étrangla le borgne à cette nouvelle, secondé par un couinement de la part de madame Poulet-Braisay alors que le pirate leur passait devant sans les regarder.

Monsieur Spouzi s'en remettrait après tout. De ce que le pirate avait compris, du moment que les deux modules étaient sur l'eau il aurait la publicité qui l'intéressait. Si Madame Sirena concourrait, il gagnait de l'argent, elle gagnait de l'argent et il pouvait s'assurer qu'elle ne soit pas mise en danger, tout le monde était gagnant en somme. Surtout Roy qui, après les déboires de Las Camp, en avait plus qu'assez des magouilles et des secrets et désirait juste s'amuser sans se faire de soucis. Un petit peu de répit c'était trop demander ?

Arrivant à la hauteur de son bras droit, il lui serra la main avant de l'attirer à lui pour une ferme et joyeuse accolade. Pour une Merry Read plus réservée derrière lui, il se contenta d'un signe de tête, qu'elle lui rendit avec sa mine éternellement inexpressive. Contrairement à elle, Moria n'arrivait pas les mains vides et déposa au sol un gros sac qu'il maintenait jusque-là dans son dos d'une main. Ensemble, les trois compagnons allèrent se mettre un peu à l'écart histoire de prendre des nouvelles.

 - On ne peut pas vous laisser cinq minutes sans qu'il vous arrive quelque chose, hein ? s'esclaffa le navigateur blondinet, réitérant sa blague de la veille alors qu'il ouvrait le sac, révélant un amas de tissus colorés.

 - T'as pas eu ton île sauvage mais t'as quand même trouvé le moyen de te faire attaquer, renchérit Merry dans son dos, aux dépens du capitaine. Pas mal dans un pareil trou perdu, ajouta-t-elle avec une moue honnêtement impressionnée.

Une fois de plus, la flibustière et son franc-parler firent tiquer le capitaine pirate, qui jeta subrepticement un coup d’œil derrière de lui, s'assurant qu'aucun autochtone n'avait entendu sa pique à propos de l'archipel. Puis, rassuré, il leur demanda à quoi ils avaient été occupé depuis après-midi la veille.

 - Eh bien comme je te l'ai dit hier, je me suis renseigné sur le Log Pose, répondit Moria en s'escrimant à extirper le contenu du sac, d'où les cinq jours d'attente. Et ce matin je suis allé faire les courses pour l'équipage ! s'écria-t-il en parvenant enfin à retirer une chemise de plage blanche recouverte de palmiers rouges stylisés, qu'il présenta fièrement à son capitaine. Elle est à ta taille, ajouta-t-il en lui tendant le vêtement.

 - Ah nice, commenta Roy en attrapant puis enfilant la chemise sur son torse détrempé.

Jusqu'à maintenant, son équipage et lui étaient encore vêtus des tenues sombres et discrètes achetées à Las Camp et destinées à passer inaperçus dans les rues sordides de cette île mal famée. L'opportunité d'élargir leur garde-robe était donc plus que bienvenue, d'autant que Moria avait un sens du style au moins aussi exacerbé que celui de l'éminente madame Sirena, si ce n'était plus. Les tyrans allaient enfin pouvoir se fondre dans la masse et ne ressembleraient plus à des goules toutes droites sorties du pandémonium.

 - Et moi je me suis renseigné sur les forces en présence, rapporta Merry à son tour. Il s'avère qu'officiellement l'archipel est protégé par le GM, mais en fait il y a un seul gus lieutenant d'élite qui se la coule douce quelque part sur l'une des îles. Donc a priori on est tranquille.

 - Bon à savoir, approuva Roy. Donc c'est bien ce qu'on pensait, le véritable pouvoir ici c'est la Spouzi Race.

 - La Spouzi Race et une dénommée Ano Natsu, corrigea la flibustière. De ce que j'ai compris elle fait figure de dirigeante officieuse, un genre de porte-parole pour les éveillés.

 - Et vous, le geyser mystique et tout le tralala, s'enquit bientôt Moria, ça a donné quoi ?

 - Oh crois-moi tu veux pas savoir, répondit distraitement Roy en se retournant.

Derrière lui, il avait entendu le moteur du waver de sa future "patronne". L'investisseuse s'amarra au quai du hangar dans un souple dérapage qui arrosa la moitié de l'équipe d'ingénieurs. L'autre moitié l'applaudit vivement tandis qu'elle descendait du véhicule avec l'aide de Rosa, s'excusant profusément pour l'éclaboussure qu'elle avait causée. Fidèle à la réputation de son peuple, Lily jaillit de l'eau et bondit souplement sur le quai en bois, avant de saluer madame Sirena d'un sourire et de s'approcher de ses compagnons en sautillant.

 - Très bien ! s'exclama Amadeo Spouzi en claquant des mains. Il est midi passé et après toutes ces pérégrinations dans l'eau je suppose que vous et monsieur Aston êtes affamés. Je propose que nous allions poursuivre nos discussions autour d'un beau repas, d'autant que vous apparemment bien des choses à me dire... vous êtes naturellement tous invités à ma table, ajouta-t-il en se tournant vers les pirates, parmi lesquels les deux nouveaux-venus auxquels il n'avait pas été directement introduit.

Parmi eux, en silence un peu à l'écart du reste des tyrans, Merry Reed fixait l'investisseuse sans cligner des yeux. Son regard était froid comme la mort.
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Cher journal,

C'est extrêmement compromettant d'accepter un déjeuner avec des pirates, surtout pour des entrepreneurs civils honnêtes, et c'est pourquoi j'ai poliment...
Refusé ? Mais non journal, au contraire ! C'est un vrai régal, chaque heure que je passe avec mon nouveau partenaire en affaires me montre à quel point ce dernier est compromis et qu'il se moque des lois ! De plus, je me suis moi beaucoup amusée du paradoxe de notre situation: un investisseur corrompu, un capitaine pirate, et tout son équipage mangeant et conversant tranquillement en compagnie de l'agent du Cipher Pol qui travaille à les faire tomber ! Ça m'a mise de bonne humeur et je pense avoir été une convive particulièrement joviale ! Quand bien même certains de nos invités pirates ont franchement des têtes de tueurs, comme le second du capitaine ou encore leur canonnière qui me dévisage avec une telle animosité que j’ai presque l’impression qu’elle compte m’égorger quand j’aurai le dos tourné !

Pour être sincère, je pourrais tout à fait arrêter mon enquête dès maintenant: j'en sais suffisamment sur Spouzi pour donner à mes supérieurs de très bons moyens de pression. Mais je me dis aussi... pourquoi m'arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas essayer de tester un peu plus les limites de ma cible pour voir si je peux épaissir un peu son dossier ? En particulier, si je peux en apprendre plus sur le déroulement des courses et tout ce qui peut graviter autour.

Après un repas sous le signe de la bonne humeur nous nous séparons des pirates, non sans avoir convenu d'un programme d'entraînement intensif pour cet l'après-midi en vue de la course de demain. Et c'est là qu'est mon principal problème, ou plutôt celui de madame Sirena: nous avons beau avoir un certain talent, une poignée d'heures c'est un délai vraiment très court pour faire des novices que nous sommes les gagnants de la prochaine course ! Nous pourrions attendre plus longtemps évidemment, et tenter notre chance une prochaine fois, mais je n'ai aucune envie de prolonger ni ma mission ni ma collaboration avec un pirate ! J'interroge donc mon nouvel associé en affaires tandis que je savoure un énième thé glacé et qu'il se fait servir un nouveau café:

"- Maintenant que nous sommes entre nous très cher, nous allons pouvoir parler du sujet le plus important."
"- Ah oui ? Qu'est-ce qui vous tient tant à coeur ?"
"- Nous avons deux superbes appareils, deux pilotes amateurs et c'est très bien, mais quel est votre véritable plan pour la course de demain ?"

Le regard que me renvoie l’œil unique de mon interlocuteur reste indéchiffrable. Il me gratifie d’un de ces sourires charmeurs dont il a le secret et s'exclame avec cet air séduisant qu'il me réserve habituellement:

"- Mais vous le connaissez ! Ma botte secrète ce sont les machines de cette chère Rosa ainsi que leurs pilotes: Roy, et puis vous bien sûr ! L'alliance du talent et de la meilleure des technologies !"

Moi ce que j'entends à ce moment là, c'est plutôt "tatatatata, t'occupes de rien petite nouille tu réfléchis trop. Laisse tonton Amadeo s'occuper de tout et regarde comme j'ai un joli sourire !". Pas de chance pour lui, moi aussi je suis très fière de mon sourire !

"- Le pirate et moi sommes à l'aise sur vos engins, mais nos concurrents le seront certainement aussi. Si je veux que ma publicité soit un succès et si vous voulez que votre pilote au pouvoir... -j'agite les mains d'un air vague- mystique... fasse le lien entre les croyances chamaniques des indigènes et votre modernité, nous devons être certains que la course de demain ne soit pas une catastrophe."

Je lui adresse un regard complice

"- N'ayez pas peur de choquer mes oreilles, je sais bien que ce genre de milieu est impitoyable !"

Spouzi semble hésiter. Je serais bien incapable de savoir ce qu'il a derrière la tête, mais ses réactions me convainquent qu'il y a bien d'autres enjeux pour lui que ceux qu'il m'a énoncés jusque là. Des enjeux... peut-être même très différents des miens. Il prend le temps de se concerter avec son avocate et son ingénieur, puis c'est ce dernier (tu te souviens, Dal Gorme, ou un nom comme ça) qui me répond. Il parle à voix basse, comme s'il me faisait une confidence qui ferait mieux de ne pas parvenir jusqu'à des oreilles indiscrètes:

"- Je pense que vous connaissez le principe de la course: un circuit jonché d'obstacles faisant le tour de l’archipel, et des équipes qui s'affrontent. Demain, en vous comptant il y en aura dix. Parmi elles je sais que certaines sont... ouvertes à la négociation."

Je me contente d'afficher mon expression d'intérêt poli tandis qu'il continue:

"- "Les Dolphinos", "la Team Aqua", "Fantine du 93 & Bobby", "les Turbo-surfeurs", les "On est majeurs promis" et les "Blousons noirs" devraient être faciles à convaincre si vous êtes prête à vous montrer... hum, convaincante et généreuse. -Il me fait un clin d’œil- En revanche Marius et Louis, Les Supernovas, et Bogosse & Blondasse sont de vrais gagneurs: ils ne renonceront pas facilement à leur place sur le podium. Cela dit... si vous arrivez à battre au moins un de ceux-là, finir dans le top trois dès votre première course sera déjà un bel exploit !"

D'accord, donc si j'interprète les choses à ma façon, les premières équipes qu'il vient de citer sont assez mauvaises pour accepter de monnayer leur défaite qui est de toute façon probable, et les corrompre reviendrait à jeter de l'argent par la fenêtre ! Oui journal, pire encore que cette fois à Suna Land où j'ai acheté de nouvelles chaussures de plage parce que j'avais laissé les miennes dans ma cabine ! D'ailleurs ce n'était pas une dépense inutile: elles étaient blanches alors que mes anciennes étaient dorées ! Bref ! Seuls les trois vrais challengers risquent de poser un problème, et je vais devoir régler leur cas à ma façon. Plutôt que de lui dévoiler mes intentions je me contente de rendre à Gabol Dorme (ou un nom comme ça) son sourire complice avec une fausse naïveté, et de conclure:

"- J'irai leur rendre visite dans ce cas, pour me présenter et leur souhaiter bonne chance !"

♦♦♦♦

Cher journal,

L'après-midi d'entraînement a été fructueux, mais épuisant ! Nous sommes objectivement plutôt bons Aston et moi, même si j'ai vraiment du mal à dire ce que donnera notre performance demain à la course. Mon partenaire pirate a vraiment l'air d'aimer piloter en tout cas, et il est redoutablement doué pour éviter les obstacles ! Pour ma part ma vraie force réside dans ma capacité à foncer sans ralentir quel que soit le danger, parce que de toute manière je sais que je ne risque rien. Mais si journal, je te le garantis ! D'ailleurs je réserve ma botte secrète pour la course.

Contrairement à ce que j'ai laissé croire à Gol Trucmuche et à Spouzi, je ne suis pas allé soudoyer les autres candidats. Le seul fait d'avoir évoqué avec les organisateurs la possibilité d'une corruption me suffira à ajouter une note salée dans leur dossier ! Hihihi, "courses truquées" ça sonne bien dans une liste de charges !

La nuit venue (ce qui est tout à fait relatif dans cet archipel, disons que le ciel passe d'un bleu pétant à un jaune tout aussi pétant !), je me décide à ajouter un autre chapitre à mon dossier: les sabotages ! Parce que peut-être que Marius et Louis, Les supernovas, et Bogosse & Blondasse sont "de vrais gagneurs" qui veulent à tout prix remporter la première place, mais leurs wavers sont stockés dans des hangars de l'île comme tous les autres, et ce serait vraiment malheureux qu'au moment du départ on réalise qu'un boulon a été desserré, que quelqu'un a rempli leurs dials de choucroute, ou que des punaises ont été fixées sur le siège du pilote !
Oh ne me juge pas comme ça journal, ça fait partie du jeu !

Je progresse donc d'un pas de félin au milieu de l'usine, vide à cette heure, jusqu'à la rangée de hangars qui bordent la plage. La plupart sont verrouillés et cadenassés, mais les tôles qui font office de parois et de toits ne sont pas si bien ajustées que ça, et il m'est aisé de les déplacer pour me frayer un passage. Si j'ai bien fait mon repérage, les deux wavers que je suis en train de visiter son ceux de l'équipe des Supernovas, deux pirates de seconde zone qui cherchent à se reconvertir dans les courses. Avec eux il n'y a pas de scrupules à avoir: ce n'est pas de la triche de s'attaquer à des criminels !

Je sors de mon sac à main le pot de glu de chantier que j'ai subtilisé en venant, et en verse une bonne quantité dans les fond du dial qui sert de propulseur à chacun de leurs engins. Je touille bien avec un bâton, puis je retire le surplus pour que ma manipulation ne se voie pas de l'extérieur. Hihihi, j'aimerais bien les voir essayer de propulser leurs wavers de course avec ça !

Alors que je sors aussi discrètement que je suis entrée, j'entends un bruit de tôle que l'on déplace non loin de moi. Quelqu'un arrive ?! Vite, je m'accroupis, me replie sur moi-même et essaie de ne faire qu'une avec les ombres. Je ne vois personne mais le bruit continue de se faire entendre, en provenance de ma droite… eh mais attends voir... le hangar juste à droite de celui où je suis c’est le mien !!!  Non mais...
Je me relève, me précipite, et je suis sur place en quelques secondes ! Là, je découvre un homme qui est clairement en train de trifouiller la cloison en tôles !!! Je me rue sur lui en criant:

"- Hé, touche pas à ça petit... Gol Globus ? C'est vous ?!"
"- Hein ?!! Mais... madame Sirena ?! Et mon nom c'est Gal Dome. D.O.M.E ."

Je croise les bras, avec l'air de l'institutrice en colère (que j'imite assez bien je trouve !):

"- Et qu'est-ce que vous faites à mon hangar monsieur Déhohèmeu ?!"
"- Je... fais ma ronde évidemment ! Pour m'assurer que tout va bien avant la course."

Sa surprise passée, il semble se reprendre et me gratifie de son coup d'oeil que je qualifierais de "à mi-chemin entre le malicieux et le pervers":

"- Nous voulons éviter que certains candidats ne soient tentés de saboter les appareils de leurs concurrents, si vous voyez ce que je veux dire."
"- Ah oui, je vois bien. Ce que je vois moins par contre, c'est ce que vous faites avec un morceau du mur de mon hangar dans les mains !"

L'ingénieur barbu me montre l'ouverture dans la paroi causée par l'absence de tôle, et me dit d'un air grave:

"- Figurez-vous que quelqu'un a déplacé cette tôle. Je n'ai pas pu voir qui, il n'y avait plus personne quand je suis arrivé. Je l'ai sans doute fait fuir, mais j'ai bien peur que quelqu'un ait eu vent de vos prouesses de cet après-midi et ne cherche à augmenter ses chances..."
"- Je vois... c'est très aimable à vous monsieur Dol Gome. Par précaution je vais appeler un ou deux de mes agents de sécurité pour assurer la surveillance le reste de la nuit. Et nous allons demander à mademoiselle Rosa de venir s'assurer que ses bébés vont bien."
"- Excellente idée ! Et c'est Gal Dome. Mais d'ailleurs, madame Sierna, que faites vous ici à une heure aussi avancée ?"

Je réplique avec un sourire malicieux:

"- Ce sont des affaires de fille, monsieur Gal Gadot. Si vous voyez ce que je veux dire !"
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Non loin de là, à une centaine de mètres à tout casser du hangar, dans leurs appartements pourvus par Amadeo Spouzi, les pirates du Tyran conversaient tranquillement autour de verres de rhum. Rosa s'était jointe aux pirates, l'ingénieure répondant à l'invitation du capitaine et ils étaient tous confortablement installés autour d'un feu de cheminée. Le bois luminous produisait d'étranges particules de lumière en brûlant, qui illuminaient davantage la salle à intervalles irréguliers. Des affiches publicitaires vantant les courses de waver faisaient office de décoration avec le mobilier chic luminescent que semblait affectionner la Spouzi Race Company.

Mochi le médecin boulonné était d'ors et déjà endormi sur son fauteuil. Fatigué après une journée d'entraînement passé à essayer de maîtriser le mystérieux pouvoir d'observation (que lui et Roy avaient découvert la veille), il ne lui avait pas fallu beaucoup d'alcool pour l'assommer. Lily semblait prête à le rejoindre dans le pays des rêves, sirotant un dernier verre alors qu'elle somnolait à moitié. Merry encaissait bien mieux son alcool quant à elle et appréciait sa boisson en silence un peu à l'écart, comme à son habitude, non sans écouter attentivement. Moria enfin, probablement le plus gros buveur - et fêtard - de l'équipage, animait pratiquement la conversation durant cette soirée bien avancée, alors qu'il siphonnait bouteille après bouteille. Il ne manquait pas de remplir le verre de Rosa dès que ce dernier était vide et était même parvenu à convaincre son capitaine, qui d'ordinaire ne buvait pas d'alcool, à essayer un peu de rhum.

L'ange se révélait elle aussi être une amoureuse de la boisson et avait descendu une quantité impressionnante de liquide, courtoisie d'Amadeo. Mise en confiance par la personnalité avenante du bras droit de Roy, ainsi que les encouragements de ce dernier qu'elle connaissait déjà un peu plus, sa langue avait lentement commencé à se délier.

 - Quelqu'un cherche à m'expulser de la Spouzi Race, révéla-t-elle finalement d'un ton légèrement éméché. Je suis sûre que c'est cet enfoiré de Gal, mais j'ai jamais réussi à le prendre sur le fait.

Écoutant dans son coin, toujours sans piper mot, Merry faisait lentement tourner l'alcool dans son verre avec des mouvements réguliers. Un peu plus tôt elle s'était improvisé agente secrète et avait fouillé l'appartement à la recherche d'appareils d'espionnage, avant d'assurer à l'assemblée qu'ils n'étaient pas sur écoute. Cela avait participé à mettre Rosa en confiance et ils récoltaient maintenant les fruits de son action, mais elle ne semblait pas en tirer une fierté particulière.

 - Pourquoi est-ce qu'il chercherait à te faire virer ? demanda calmement Roy, après avoir grimacé en prenant une gorgée.

 - Je suis meilleure que cette putain de feignasse ! s'écria Rosa en réponse (Mochi se retourna dans son sommeil au même moment, comme indisposé par son éclat). C'est moi qui suis à l'origine de la technologie derrière les courses de waver, reprit-elle ensuite plus calmement. J'ai tout supervisé, de la création des engins à l'aménagement des circuits, en passant par l'infrastructure de l'usine et tous les systèmes de télétransmission escargophonique. En théorie c'est lui l'ingénieur en chef mais il en a que le nom, c'est surtout le molosse d'Amadeo et pas grand-chose d'autres... tu as bien vu comment il m'a regardé durant la réunion, non ?

 - Oui, acquiesça le jeune capitaine, c'était de la provocation pure et simple.

 - Mes wavers étaient en parfait état de marche ! s'insurgea ensuite Rosa, crachant inconsciemment une gerbe de Chemical Juggling qui se dissipa dans l'air de la salle. Il les a saboté la nuit précédant la course et les moteurs ont littéralement explosé sur les pilotes ! Et c'est moi qui aie été accusée à la place de ce serpent !

 - Si c'est le molosse d'Amadeo, c'est peut-être justement Amadeo qui tire les ficelles en coulisses, avança Moria comme elle avalait rageusement une nouvelle gorgée de rhum.

 - Non, fit-elle catégorique en s'essuyant les lèvres après quelques instants, il ne ferait pas ça. Je lui fais confiance, c'est lui qui m'a convaincu de descendre sur les Mer Bleues... depuis que je le connais, il a toujours été gentil et il se soucie de moi...

 - Tu es une bien mauvaise juge de caractère, commenta Lily un peu plus loin, les yeux à moitié fermés (désinhibée par l'alcool, elle n'avait plus de filtre). Gal remue la queue dès qu'Amadeo lève le petit doigt. S'il trafique quelque chose c'est sûrement sur ordre de son patron.

 - J'imagine que c'est dur à envisager pour toi, vu que tu le connais si bien, tempéra Roy comme l'ange s'apprêtait à rétorquer à la femme-poisson, mais essaie de le faire pendant un instant. Pourquoi Amadeo voudrait t'écarter de son projet ?

Fermant les yeux en soupirant, l'ange s'affala sur son fauteuil et se prit le visage d'une main, amère. Elle sembla réfléchir pendant un instant, mais étrangement ils n'eurent pas à attendre longtemps. Quelques secondes plus tard, elle ouvrait la bouche pour exposer une théorie, révélant bien qu'elle n'avait pu s'empêcher de soupçonner l'entrepreneur.

 - Les wavers de course ont besoin de deux Jet Dials pour fonctionner, se mit-elle à expliquer, ponctuant ses mots de gestes de sa main qui ne tenait pas son verre, un pour chaque flotteur à l'avant du cockpit. Le problème c'est que les Jet Dials sont rares, très difficiles à trouver et très chers à acheter. Du coup le prix d'un seul waver est assez exorbitant pour empêcher leur production de masse, sans parler de la logistique pour acheminer les coquillages depuis les Mers Blanches et... enfin bref.

Sans comprendre le rapport avec les manigances d'Amadeo, Roy prit une gorgée et laissa l'ange continuer, devinant que tout prendrait sens bien assez tôt.

 - Le dernier modèle de waver que j'ai créé - celui que toi et Mme Sirenna avez piloté - est le résultat de ma tentative pour contourner ce problème. Ça a été un succès - enfin avant que Gal ne les fasse sauter -, plutôt que d'utiliser des Jet Dials, j'ai incorporé à ces wavers une technologie de mon île natale appelée les Œufs Climatiques. Le résultat est un moteur au moins aussi performant pour ces bécanes, si ce n'est plus, sans le coût prohibitif des coquillages. Seulement je n'ai pas encore fourni les plans de cette création à Amadeo et je refuse que ses ingénieurs étudient les Marks XVI.

 - Ah ben voilà, cherche pas ça doit être ça la raison, tilta Moria en lui resservant un verre comme elle venait de finir le sien. S'il parvient à t'écarter il pourra faire de la rétro-ingénierie et découvrir comment fonctionne cette nouvelle version.

 - Pourquoi tu ne lui as pas fourni les plans du nouveau design ? s'enquit simplement Roy sans porter de jugements hâtifs.

 - Je ne veux pas que mes modules soient produits en masse, murmura tristement Rosa. Les courses seules causent des problèmes pour les habitants et c'est la dernière chose que je souhaitais. J'ai demandé à Amadeo de réfléchir à ce problème mais pour l'instant il n'a rien fait. Et il y a plus d'un an, au début de toute cette histoire, il m'a demandé si j'étais d'accord pour vendre des prototypes à des militaires. J'ai refusé catégoriquement et je pensais qu'il s'en tiendrait à ça, mais à présent... je ne sais pas, je ne suis plus en confiance...

Un silence s'installa dans la salle tandis que les tyrans échangeaient des regards entre eux, prenant la mesure de ce qu'ils venaient d'apprendre. Semblant se faire rattraper par la quantité d'alcool qu'elle avait consommé, Rosa posa son verre et cacha son visage dans ses mains. Quand elle se redressa, ses yeux étaient embués de larmes, ses lèvres pulpeuses et tremblantes formant un "o" tandis qu'elle soufflait lentement, cherchant à maintenir une respiration stable de peur d'éclater en sanglots.

 - Les éveillés me détestent à présent, poursuivit-elle après avoir pris une grande inspiration qu'elle avait terminée en hoquetant, et mes collègues me méprisent. Ines me snob et ce connard de Gal cherche à me dégager. Et je sais même pas si c'est Amadeo qui tire les ficelles ou pas, je suis fatiguée...

Manifestement, des mois d'isolations et de stress venaient de s'effondrer sur les épaules de l'ingénieure qui semblait sur le point de craquer, des volutes de flammes violettes s'échappant à intervalles réguliers de son souffle alcoolisé. Sans trop savoir comment réagir, Roy et Moria lui laissèrent du temps et de l'espace pour reprendre son souffle. Merry était toujours impassible dans son coin, mais ce fut Lily, à moitié dans le coma, qui se leva finalement et s'approcha de Rosa d'une démarche branlante. Manquant de trébucher sur l'ange, elle finit par lui entourer affectueusement les épaules d'une main, renversant ce qui restait de son verre de l'autre.

 - Shhhh, lâcha bruyamment la femme-poisson complètement bourrée, c'est bon t'inquiète pas on est entre pote... tu peux te lâcher, azy pleure, pleure...

 - Putain..., continua l'ingénieure (sans s'offusquer, elle accepta l'étreinte de la soûlarde d'une main, mais ne se laissa pas non plus aller comme elle le lui conseillait) les choses étaient plus simples sur les îles célestes je vous le dis. Un petit peu de bricolage et j'apportais l'eau courante à un couple de vieux, trois Heat Dials et de la ficelle et je vous chauffais un village au milieu de l'hiver. Toutes ces conneries de courses et de paris c'était pas le plan, soupira-t-elle enfin. Le défi technique était intéressant, je dis pas, mais toute la merde qui a suivi derrière... ça valait pas le coup.

Avalant d'une traite la fin de son verre, en grimaçant une fois de plus, Roy le reposa bruyamment sur la table, réveillant Mochi en sursaut tout en faisant sursauter le reste des personnes présentes dans la pièce. Ce faisant, il se leva et épousseta son nouveau pantalon couleur crème avant de se redresser pour faire craquer son dos.

 - Bon allez, fit-il ensuite avec un soupir de soulagement, il est bien tard et on a une grosse journée demain, il va être temps d'aller dormir. Rosa, l'appela-t-il ensuite en se tournant vers elle, hésitant tout en se grattant l'arrière du crâne, tu as l'air d'être une chic fille, je peux décemment pas piloter l'un de tes engins et à côté te laisser te faire malmener sans rien faire. Nous on est des pirates, lâcha finalement le jeune homme en se désignant lui et le reste de son équipage, tous présents dans la pièce. Les lois du GMs, les magouilles d'Amadeo et les beaux yeux de Sirenna et Cie, on s'en badigeonne le nombril avec le pinceau de l'indifférence. Alors tu peux être sûre que si on peut t'aider on le fera. Ce que j'essaie de te dire c'est que... t'es pas toute seule si tu le désires, ça marche ?

Reniflant tout en récupérant son verre, l'ange hocha la tête.
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Cher journal,


Mon escargophone sonne de longues minutes avant d'obtenir enfin une réponse:

"- Mmmmgnnnnnffff ?"
"- C'est madame Sirena. J'ai besoin de votre présence au hangar, il y a une urgence."
"- Mmmrrrrrppfff ?"
"- Allô ?"

J'entends un brouhaha de l'autre côté du combiné, puis je reconnais finalement la voix de Garde Numéro 1. A moins qu'il ne s'agisse de Numéro 2. Ou du troisième ? Quoi qu'il en soit je le tire visiblement de son sommeil consécutif à une beuverie. Je peux difficilement le lui reprocher, lui et ses trois compères sont d'anciens marins.

"- Mais patronne... c'est la nuit !"

Ah... forcément ! C'est dans ce genre de situation que je regrette la discipline et la dévotion des sbires du Cipher Pol que j'ai habituellement sous mes ordres !
Plutôt que de m'agacer, je lui réponds d'une voix encourageante et pleine de sous-entendus prometteurs:

"- Il y aura une grosse prime pour vos heures supplémentaires, majorées par le travail de nuit évidemment."
"- On arrive tout de suite patronne !"

"Tout de suite" mais dix bonnes minutes plus tard, je suis rejointe par mes trois gros costauds barbus et mal réveillés. Je leur explique brièvement la situation: suite à ma rencontre fortuite avec... Gul Bul... Gal Gome... -enfin l'ingénieur en chef, tu sais-, je m'inquiète d'avoir été sabotée, ou de devoir redouter de l'être cette nuit. Je demande à deux d'entre eux de rester à surveiller le hangar tandis que le troisième va m'accompagner pour chercher Rosa, notre ingénieure qui va pouvoir contrôler nos wavers. On peut au moins reconnaître à mes employés cette qualité d'obéir aux ordres sans poser de questions tant qu'ils sont payés, et une fois mes instructions données les choses ne traînent pas !

♦♦♦♦

Cela fait quelques minutes que je marche en compagnie de... je crois que c'est Garde Numéro deux, quand celui-ci m'arrête soudainement.

"- Euh... patronne ? Y fallait que je vous dise un truc."

Il hésite, comme s'il appréhendait quelque chose, et j'ai à la fois la surprise de constater qu'il est capable de manifester des sentiments complexes mais aussi d'aligner plusieurs phrases à la suite ! Je suis suffisamment surprise pour l'écouter parler sans rien dire:

"- Vous savez... c'est à cause de Spouzi qu'on était au chômage moi et les gars. Avec ses fout... fichues courses, le poisson s'cass... fuit les zones de pêche, et on en trouve plus près des îles. Notre patron gagnait plus assez de sous alors y nous a vir... il pouvait plus nous garder. C'est grâce à vous qu'on a toujours un boulot."

Hum... il me semblait bien qu'Ephonomy m'avait expliqué quelque chose comme ça après les avoir recrutés. Je dois t'avouer journal que sur le moment la partie de leur cv qui m'avait le plus intéressée c'était "grande taille, très costauds, prêts à tout".

"- Vous êtes une chic fille... enfin femme, et ça nous fait de la peine les gars et moi de... de vous voir vous laisser embarquer par un conn... par un sale type comme Spouzi."

Il a un côté touchant. Pas seulement parce que je suis attendrie par cette attention qu’il a pour moi, mais parce que je vois bien qu'il fait des efforts en cherchant ses mots pour paraître bien élevé quand il parle à une dame chic.

"- Y'a plein de gens sur cette île qui détestent ce conn... qui détestent Spouzi et, bein... et ce tout qu'il fait ici. Tous les pêcheurs, surtout ceux qui peuvent plus pêcher comme avant, et aussi tous ceux qu'aiment pas qu'il s'en fout... qu'y s'en fiche de nos traditions et qu'y nous respecte pas ! Si vous restez avec lui, y vous aimeront pas non plus, et.... bein... vous méritez pas ça."

Ce qu'il m'explique me permet de raccrocher les wagons à propos de pourquoi Spouzi tenait tant à recruter Roy Aston. Ce n'était pas juste pour flatter les indigènes comme il voulait me le laisser entendre, ni parce qu'il avait foi en ses immenses talents psycho-mystiques. Il s'agissait avant tout d'essayer de s'attirer leur sympathie en leur montrant que, regardez, j'ai foi en vos croyances et elles s'intègrent parfaitement à ce que je suis en train d'implanter ! Et puis si jamais le pirate échoue lamentablement, ça ne fera qu'une démonstration de la pauvreté des pratiques chamaniques des habitants.
Pour le moment je me contente de digérer ces informations ; j'ai besoin de réfléchir à ce que je peux en faire.

"- Ça me touche beaucoup. Merci, euh..."
"- Sam. J'mappelle Sam. Pour Samuelionnel. J'crois pas qu'on se soit vraiment présentés en fait, madem... madame."
"- Merci Sam. Vous avez bien fait de me prévenir et ça va beaucoup m'aider. Mais soyez tranquille, je n'ai pas l'intention d'accompagner Spouzi dans sa chute."

♦♦♦♦

Cher journal,

C'est le grand jour, et je n'ai presque pas dormi de la nuit ! Rien à voir avec de l'angoisse journal, d'ailleurs je ne suis absolument pas stressée. Ne va pas te faire des idées ! J'ai déjà fait des choses mille fois plus stressantes que de piloter un prototype de bolide explosif sur lequel je joue une partie de ma réputation devant une foule de spectateurs ! Absolument pas stressée je te dis ! En revanche, je suis allé trouver Rosa pour la presser de venir faire un dernier contrôle intégral de nos deux engins ; je l'ai trouvée en compagnie des pirates et de Roy Aston, à qui j’ai proposé de venir aussi. On ne sera pas trop d'une brute en plus pour veiller sur notre hangar, et j'en profite pour lui expliquer la situation à lui aussi. Enfin.... en édulcorant un peu évidemment, surtout le passage où je sabote les véhicules adverses qui se transforme en "j'étais venue voir notre hangar parce que j'avais un mauvais pressentiment". J'avais peur qu'ils ne gobent pas mon mensonge, mais c'est surtout la présence de Gal Gaschtroumpf qui a retenu leur intérêt. Étonnamment c'est Rosa qui a semblé être la plus touchée par mon histoire:

"- C'est lui, j'en étais sûre ! Il a essayé de saboter mes appareils. Encore !"
"- Il disait peut-être la vérité, non ? Après tout, c'est vrai qu'il doit y avoir des concurrents peu scrupuleux..."

Ils en ont un exemplaire devant eux en tout cas !
Ni Rosa ni Roy ne semblent croire en l'excuse avancée par l'ingénieur, et l'ange se laisse même aller à casser allègrement du sucre sur son dos.
Nous avons continué de parler, et de fil en aiguille le matin est arrivé...

♦♦♦♦

Le ciel est aussi bleu que la mer, le soleil est éclatant comme à l'accoutumée, l'air légèrement moite et étouffant. C'est un temps idéal pour une course nous dit Rosa, l'air enthousiaste !
Cela fait deux bonnes heures qu'une procession de spectateurs a commencé à garnir les gradins au bord de la plage, et ces derniers alignent maintenant au moins trois cent personnes ! C'est beaucoup pour une course de cette envergure, surtout en sachant que nombre d'entre eux sont des étrangers, de passage ou bien venus spécialement pour l'occasion ! Des étrangers riches certainement, qui se feront un plaisir d'aller acheter des bibelots et des cartes postales dans ma boutique une fois qu'ils auront assisté à la course !
Pour le moment je me tiens à l'écart sur la berge en compagnie d'Aston et de notre équipe, mais d'ici nous avons une bonne vue sur la ligne de départ ainsi que les gradins. Plusieurs écrans de grande taille ont été installés afin que la foule puisse profiter d'une retransmission des différentes escaméras, disposées dans les points clés du parcours. Un escargoparleur géant se tient également au milieu des tribunes avec au sommet de sa coquille, perchée en équilibre, nulle autre qu'Inès Djama l'avocate bookmaker et femme de confiance d'Amadeo Spouzi ! Elle ajoute à son pedigree la casquette de commentatrice, et il faut avouer qu'elle a de la voix et du bagout !

"- Bieeeeenvenue à la septième édition de la ... Sssssspouzi Race !"
("Hourra", crie la foule)

Les gens braillent, vocifèrent, acclament, visiblement très enthousiastes, et provoquent un brouhaha incompréhensible ! Je me demande vraiment comment font les gens pour avoir autant d'énergie !

"- Avant de commencer je vous rappelle les règles de la Spouzi Race."
("Hourra !" "Non, on s'en fiche, on les connaît !")
"- Il s'agit d'une course de vitesse et de précision. Les participants devront passer par plusieurs points du circuit, indiqués par des drapeaux, qui valideront les différentes étapes. Ils devront se méfier de l'océan capricieux, des côtes parfois traîtresses, mais aussi des autres concurrents ! Tous les coups sont permis, à condition de ne pas abîmer les autres wavers ni de blesser gravement un concurrent ! L'équipe gagnante sera la première dont les deux membres auront passé la ligne d'arrivée !"

("Hourra, hourra !" "La course, la course !")

"- Sans plus attendre voici nos premiers candidats ! Je vous demande un tonnerre d'applaudissements pour les vainqueurs de la précédente édition... MARIUS ET LOUIS !"

("Bravo, bravo ! Marius je t'aime !")

Nous regardons deux hommes en salopette bleue s'élancer sur la mer, juchés sur des wavers aux couleurs tapageuses, et défiler devant les gradins. Ils sont populaires les affreux ! L'un d’eux se permet même d'exécuter quelques figures sous les acclamations des spectateurs !

"- ... Et voici à présent les deux stars de la troisième édition qui reviennent pour nous en mettre plein les yeux ! Je parle bien sûr des beaux, des magnifiques, des inimitables... BEEEEAUGOSSE ET BLONDASSE !"

("Hourra, hourra, bravo bravo !")

Tsss... d'où ils sont populaires ceux-là ? Tout ça parce qu'ils vont concourir en maillot de bain ! Bon d'accord ils ont des corps de mannequin, surtout Beaugosse... mais regarde-les journal, leur bronzage est tellement orange qu'il fait faux ! Et leurs têtes de neuneus ! Il faut être bête pour les prendre au sérieux !

"- Applaudissez à présent nos terribles concurrents pirates ! Ils ont respectivement une prime de huit et de dix millions de berrys... j'ai nommé LES SUPERNOVAS !"

Attends... ce n'était pas eux dont j'ai saboté les wavers hier soir ? Pourquoi est-ce qu’ils arrivent à avancer ?! C'était bien la peine de m'embêter à engluer leurs dials ! Regarde-les-moi à se la jouer avec leurs capes et leurs chapeaux de capitaines ! J'vais te les coller en prison sitôt la course finie, tu vas voir...

Tu trouves que j'ai l'air agressive et stressée ? Je t'ai dit que non journal, c'est juste que...
Oui tu as raison, j'ai la trouille ! Ils ont tous l'air beaucoup trop forts, beaucoup trop populaires, et bien plus à l'aise que moi sur leurs engins ! Quelle idée j'ai eue de me lancer dans un projet pareil ?! Pourquoi j'ai accepté ça ?! Ma spécialité c'est l'infiltration, le déguisement, et le sirotage de thé glacé en prenant des bains tièdes ! Je vais me vautrer au premier virage venu et j'aurais l'air ridicule ! Et ça, c'est si je ne me tue pas... Quelle nouille j'ai été !

Comme dans un rêve, j'entends la présentatrice annoncer les autres participants qui défilent deux par deux sous les acclamations parfois inégales du public. Il n'est pas trop tard pour renoncer, si ? Roy pourrait concourir tout seul, ou bien je pourrais demander à Rosa de me remplacer...
Soudain un des employés de Spouzi nous annonce:

"- Tenez-vous prêts, ça va être à vous."

Oh non ! Je ne veux pas journal, je n'ai plus envie !

"- Voici maintenant ceux grâce à qui cette septième édition est possible ! Je veux vous entendre crier fort pour accueillir l'équipe de notre sponsor du jour... l'équipe SIRENA !"

Le visage figé, à la manière d'une automate, j'actionne les manettes de mon waver pour suivre Roy qui s'élance. La lumière nous éblouit lorsque nous passons devant les gradins et la foule en état d'excitation avancée, qui rivalise de cris enthousiastes ! Je remarque que certaines personnes dans l'assistance brandissent des banderoles et des affiches dont la vue me redonne le sourire.

Spoiler:

Me faire encourager par tous ces spectateurs enthousiastes me regonfle le moral. Voilà des berrys judicieusement dépensés ! Mes complices, quelques figurants payés pour l'occasion et répartis dans la foule donnent le ton, et l'on nous acclame de plus belle:

"- ROY ! ROY ! ROY !"
"- Un, deux, trois, SIRENA !"

Spoiler:

Finalement le naturel me revient: malgré une certaine pâleur et la boule au ventre qui ne me quitte pas, je me fends d'un sourire radieux et agite le bras en direction des gradins avec autant de classe qu'une princesse sur son destrier fougueux !

"- Sirena, c'est une incroyable boutique implantée sur l'Archipel où vous pourrez trouver tout ce dont vous avez besoin", récite Djama d'un ton neutre: "des souvenirs, des bibelots, des trophées. Tous les accessoires pour passer un merveilleux séjour sur notre archipel et éblouir vos amis à votre retour. Merci."

Spoiler:

Roy et moi faisons encore durer le plaisir quelques instants avant de nous ranger aux côtés des autres concurrents, sur la ligne de départ. Je jette un coup d’œil à mon équipier: je suis sûre qu'il est ravi par cette publicité que je lui ai faite ! A lui la gloire et les honneurs sous le label Sirena® !

"- La course va commencer dans quelques instants ! Je vous rappelle que les paris sont ouverts jusqu'à [...] "

Je ne l'écoute plus et me concentre. Les dials de vingt wavers commencent à ronfler... la tension monte... la foule elle-même semble se calmer alors que Djama la présentatrice entame le décompte et s'apprête à abaisser le drapeau, signal du départ:

"- Dix..."
"- Neuf..."
"- Huit..."
"- Sept-six-cinq-quatre-trois..."
"- Deux..."
"- Un..."
"- Et C'EST PARTIII !"


BaoumBraaaoum !

"- Oh là là catastrophe ! On dirait que les deux Supernovas viennent littéralement d'exploser avec leurs wavers !"

Avec un sourire de vilaine fille qui a fait une bêtise qui s'étire jusqu'à mes oreilles, j'actionne la poignée qui commande mes doubles faisceaux de propulseurs et m'élance à plein régime !
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Apercevant fugacement un sourire malicieux sur le visage de sa partenaire, Roy reporta son attention devant lui, où les seize autres concurrents toujours dans la course les avaient d'ors et déjà devancé. Deux "supernovas" semblaient avoir prématurément échoué dans un bang et il n'allait certainement pas s'en plaindre.

Elle y est pour quelque chose ? se demanda-t-il avec un sourire rieur qui se fit l'écho de celui de la blonde.

Talonnant les véhicules des autres équipes de près, le pirate et la civile se retrouvèrent littéralement plongés dans un nuage d'écume de plus d'une dizaine de mètres de long, généré par les Jet Dials de leurs adversaires. Les embruns se mirent à leur cingler le visage et fouetter leurs lèvres avec force. Ils ne durent qu'à leurs lunettes sportives de pouvoir garder les yeux ouverts et même là, il leur était impossible de voir où ils allaient.

Sans se démonter, le goût du sel de mer dans la bouche, Roy fit signe à sa partenaire et ensemble, avec une synchronisation qu'ils avaient eu le temps de travailler la veille, ils se déportèrent sur leur gauche pour échapper au nuage. Ils émergèrent dans une bruine de mousse blanche, laquelle vint recouvrir leurs wavers avant d'être expulsée par les ondes de choc générées par les moteurs, quand ils mirent simultanément les pleins gazs. Les modules de courses semblèrent bondir en avant tandis que, tels des serpents se débarrassant de leur mue, ils laissaient derrière eux deux coquilles d'écume informes. Ces dernières flottèrent quelques instants dans les airs, avant de finir par tomber dans l'eau et se dissoudre, au milieu des remous créés par le passage de tous les véhicules de la SPC (Spouzi Race Company).

Le bruit des moteurs alla crescendo à mesure qu'ils prenaient de la vitesse et que leur accélération s'affaiblissait. Atteignant bientôt leur vélocité de pointe, ils corrigèrent leur trajectoire et se mirent en tête de rattraper leurs adversaires, qui en avaient déjà profité pour les distancer.

Jetant un coup d’œil prudent derrière lui, Roy hocha la tête à l'intention de sa partenaire, laquelle lui répondit de la même manière. Satisfait, le pirate put se concentrer pour évaluer la situation. L'investisseuse lui avait paru nerveuse quelques minutes avant le début de la course et il avait craint un instant que le stress ne lui fasse perdre ses moyens. Avec tant d'éléments non familiers qui se bousculaient simultanément devant eux, en pareille situation, il aurait été facile de se laisser submerger et perdre ses moyens. Mais cette simplissime manœuvre d'écartement effectuée un peu plus tôt, avec une parfaite synchronisation, avait rassuré le jeune capitaine : madame Sirena avait su rester lucide ; impressionnante, la civile.

Tout comme eux, pour échapper au gros nuage d'écume, nombre de wavers s'étaient décrochés du gros de la troupe à présent. L'impressionnante procession du début de course s'était peu à peu dispersée et maintenant seul les plus doués des participants continuaient à se battre loin en avant, serrés comme des sardines, pour les premières places. Bons derniers, Roy et sa partenaire ne paniquèrent pas et se contentèrent juste d’accélérer. Ils étaient littéralement au début de la course, inutile de s'inquiéter.

Contrairement aux coureurs en tête, la trajectoire de l'équipe Sirena sur le circuit était loin d'être la plus optimale pour le moment, vu qu'ils avaient été forcé de s'en écarter. En somme, comme les autres perdants du départ, ils devaient effectuer un arc de cercle alors que les équipes de tête étaient en train de tracer une ligne droite vers le prochain virage. Pourtant ils parvenaient lentement mais sûrement à rattraper leur retard, dévoilant d'entrée de jeu le seul avantage qu'ils avaient sur tous leurs concurrents plus expérimentés : de meilleures machines. Le mark XVI, avec ses moteurs fonctionnant avec des œufs climatiques plutôt que des Jets  Dials, était plus performant que les modèles plus anciens. Sa vitesse de pointe était légèrement supérieure à celles des marks précédents, une bénédiction pour les coureurs débutants qu'étaient Roy et Madame Sirena.

Le vent rugissant à leurs oreilles et les embruns volant autour d'eux, ils avaient atteint une vitesse proprement vertigineuse. A cette vitesse, l'eau se transformait en béton et perdre le contrôle signifiait s'écraser contre la surface de la mer dans une bouillie ensanglantée. Pourtant, la main sûre et l'esprit clair, le pirate et la civile étaient en contrôle, vivant dans l'instant et appréciant pleinement cette opportunité de foncer comme le vent.

 - WOUUUUUHOUU ! ne put s'empêcher de crier Roy, hurlant sa joie à la mer alors même que son cockpit bondissait sur une vague et lui donnait l'impression de s'envoler.

Il finit cependant par retomber à l'eau et à sa droite, sa partenaire blonde en profita pour le dépasser, le reléguant à la dernière place de la course (façon de parler, si l'on considérait la défaite immédiate des "supernovas").

Sur les wavers de course, passé une certaine vitesse, la moindre vague associée à la légèreté des engins propulsait les cockpits dans les airs. Ces derniers faisaient alors des ricochets constants sur la surface de l'eau, maintenus en place par l'action des deux flotteurs motorisés à l'avant. Chaque fois qu'ils percutaient la mer, cela ralentissait légèrement l'ensemble de la machine. Le but était donc de maintenir son cockpit dans les airs grâce à un savant mélange de pilotage adroit et de gestion de son équilibre (et du petit Vento Dial qui se trouvait sous chacun desdits cockpits). A ce jeu, à l'entraînement d'hier, la civile avait rapidement démontré sa supériorité sur le pirate et s'était révélée capable de maintenir une vitesse de pointe plus élevée, plus longtemps que lui. Elle prit donc la tête de leur petit duo et entreprit de les faire foncer à toute vitesse vers leurs concurrents.

Ils se mirent à avaler des dizaines de mètres en quelques secondes et sur leur droite, le paysage de l'île qui défilait lentement leur donna un aperçu de leur vélocité, un aperçu que confirma le compteur qu'ils avaient chacun en face des yeux : leurs moteurs tournaient à plein régime. Les vagues défilaient sous leurs yeux et en un rien de temps, ils rattrapèrent les traces d'écumes laissées par l'équipe juste devant d'eux. Plus loin en avant, les wavers dispersés se mirent à former un entonnoir alors qu'ils convergeaient tous vers le même point, pour se préparer à effectuer le premier virage du circuit. Les équipes de tête quant à elles avaient déjà tourné et ils pouvaient les apercevoir fuser au loin dans un nuage d'écume.

Une minute à peine s'était écoulée depuis le début de la course et ils avaient déjà effectué le contour de la première des trois îles de l'archipel qu'encerclait ce circuit. Ledit circuit était le plus facile des trois qu'avait déjà créé la SRC. Contrairement aux deux autres, il ne comportait pas énormément de passages tortueux et de virages serrés, laissant plutôt place à de nombreuses longues lignes droites où la vitesse était plus prisée que la maniabilité. Un avantage de plus - certainement prévu par Amadeo Spouzi - pour l'équipe SIRENA qui allait en avoir bien besoin pour triompher.

Alors que chaque équipe passait une à une le drapeau délimitant le contour du circuit et enquillait sur la suite de la course, la partenaire blonde de Roy fit pleinement parler la puissance de sa bécane. Avec un timing remarquable, elle parvint finalement à dépasser le duo qu'ils talonnaient depuis quelques secondes à présent, par leur droite et leur coupa la route. Elle le fit alors qu'ils s'apprêtaient eux-même à passer ledit drapeau et effectuer leur virage à tribord. La trace qu'elle laissa derrière elle généra une vague généreuse qui les fit ralentir brutalement et les écarta à bâbord, le pirate en profitant pour s'engouffrer dans le passage qu'elle avait créé.

Riant de bon cœur, ils distancèrent rapidement leurs adversaires décontenancés, qui allaient peiner à regagner de la vitesse et les rattraper. Portant leur attention sur leurs cibles suivantes, ils aperçurent également la prochaine île qu'ils allaient contourner, dont le profil grossissait déjà à vue d’œil.

Au loin, sans qu'aucun des concurrents ne puisse en avoir conscience, la foule sur les gradins avait bondi d'excitation devant la première manœuvre osée de la course, effectuée par l'investisseuse, ponctuée par les commentaires enflammés d'Ines. Trépignant sur leurs sièges, les spectateurs étaient impatients de voir comment les nouveaux coureurs allaient se débrouiller ensuite, avec leurs nouveaux modèles dernier cri, face aux obstacles qui les attendaient plus en avant.

Leur départ avait été décevant, il ne tenait qu'à eux de prouver qu'ils en avaient dans le ventre.


Dernière édition par Roy D. Aston le Lun 6 Avr 2020 - 19:33, édité 1 fois
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Cher journal,


Portés par nos bolides qui expulsent de l'air et de l'écume à plein régime, nous filons à toute allure sur la mer azur ! Si l'on met de côté le danger de se déplacer à une telle vitesse ainsi que la boule d'angoisse que j'ai dans le ventre, c'est toujours aussi chouette les wavers ! Je pousse ma machine au maximum puissance, m'efforçant d'aborder les vagues sous le meilleur angle possible pour qu'elles me portent tout en évitant les traînées d'écume laissées par les autres concurrents. Peu à peu, à force d'obstination, nous rattrapons les moins rapides. Rosa avait raison: question vitesse ses prototypes sont les meilleurs ! Ils compensent notre expérience ainsi que la maîtrise des autres participants, et pour peu que nous arrivions à ralentir le moins possible pour exécuter les manoeuvres compliquées, nous avons de bonnes chances de rattraper notre retard.

J'aborde la queue du peloton à toute vitesse, jetant sans cesse des regards à droite et à gauche pour contrôler les vagues, la position des concurrents, et surtout celle de mon partenaire. Nous avons intérêt à veiller l'un sur l'autre car il suffit que l'un de nous ait un souci pour que notre équipe soit hors-jeu. Vziouuu ! Splasch ! Nous doublons deux autres concurrents dans une gerbe d'eau tiède. En voilà qui n'iront pas sur le podium !

La longue et bruyante trainée d'embarcations colorées et d’écume entame un virage devant nous, dans un mouvement élégant qui, de loin, a la grâce d'une chorégraphie de ballet. Nous en découvrons vite la raison: un large carré délimité par des bouées flottantes  indiquant le premier relais, ainsi qu'un balisage nous dirigeant vers la droite en direction du passage séparant les deux îles les plus proches. Je m'empresse de passer entre drapeaux pour valider mon passage, négociant mon virage le plus sèchement possible afin de ne pas perdre en vitesse. Mon waver penche si fort que je sens mon bras et ma jambe droits tremper dans l'eau ! Un moment je me demande même si je ne vais pas me renverser mais non, je me redresse et repars de plus belle !

Le bras de mer séparant les deux îles n'est qu'une ouverture d'une soixantaine de mètres de large à peine. Par beau temps, il doit être aisé à traverser à la nage. Alors que je m'en approche, j'ai la surprise de voir les concurrents devant moi se disperser en désordre. Le circuit se diviserait-il en deux ? Non... il se passe autre chose. J'en comprends la raison alors que je rejoins l'entrée du passage où je peux voir un alignement d'embarcations de toutes tailles, des navires de pêche, alignés sur toute la longueur du bras de mer. Ils ont déployé des filets de pêche qu'ils ont étendus d'un bateau à l'autre, de manière à se relier pour former une véritable barrière de plusieurs mètres de haut qui bloque le passage ! J'entends des cris, scandés avec force et amplifiés par des escargoparleurs:

"- Non à la Spouzi Race !"
"- Spouzi, pourriture !"
"- Non à la destruction de notre littoral !"
"- La pêche, oui ! La course, non !'


Une manifestation de pêcheurs ? C'était bien le moment, tiens ! Mgmgmgmgm ! Je fais quoi, moi ? Je ne peux pas dire que je n'avais pas été prévenue que les locaux pouvaient poser souci, mais je ne m'attendais pas être embêtée si tôt ...!
Après un moment de flottement, certaines équipes reprennent de la vitesse et entreprennent de contourner l'île de gauche, la plus petite des deux. D'autres ont une approche plus insolite: je vois le binôme Marius et Louis foncer droit sur le barrage des pêcheurs ! Ils filent à toute allure, et quelques secondes seulement avant l'impact, ils profitent d'une vague -et sans doute d'une fonctionnalité de leurs wavers- pour sauter par-dessus l'obstacle ! Deux autres équipes les imitent avec plus ou moins de succès. Je vois également un autre duo -Beaugosse et Blondasse j'en suis certaine- foncer vers la plage, utiliser la vitesse gagnée par leurs appareils pour glisser sur le sable, contourner les pêcheurs, et repartir aussi vite qu'ils sont arrivés ! Plus original encore, le binôme vêtu de blousons noirs est en train de partir à l'assaut d'un des bateaux de pêche pour se frayer un passage armes à la main !

On ne peut pas les laisser prendre de l'avance ! Je fais signe à Roy qui se trouve non loin de moi, et lui montre le barrage en criant:

"- On y va !"

Sans perdre plus de temps, indifférente aux huées des manifestants sur leurs bateaux, je m'élance à une allure modérée vers les filets tendus. Je n'ai certainement pas le niveau pour faire une acrobatie digne des favoris de la course, mais il me reste l'atout secret dont je t'avais parlé !
Quoi ? Te ne te l'ai pas expliqué ? Vraiment ? Tu trouves que j'aime un peu trop faire mon intéressante en gardant mes petits secrets, et que ce n'est pas très gentil de ma part vu que tu es mon journal adoré ? Mais non journal, c'est juste que j'aime ménager mes effets ! Regarde... écoute... enfin lis, plutôt:

Alors que je me rapproche du barrage, je tends ma jambe gauche juste à la surface de l'eau. Plus que quelques mètres... Je suis dangereusement trop près... Si mon plan échoue, on risque d'être salement abîmés en s'écrasant contre les filets !
Alors que nous ne sommes plus qu'à quelques secondes de l'impact, je projette d'un vif mouvement de jambe un très élégant rankyaku mêlé d'écume ; la lame d'air file à une vitesse encore supérieure à celle de mon waver et vient sectionner le filet sur toute sa hauteur ! Roy et moi passons à travers ce passage nouvellement ouvert, et activons de concert nos Mark XVI pour reprendre de la vitesse et rattraper le temps perdu !

Tu trouves que je n'ai pas été discrète ? Mais si journal, je le suis toujours ! Avec toute l'écume Roy n'a pas pu voir ce que je faisais et... oh tu as raison, deux précautions valent mieux qu'une. Je me tourne donc vers mon partenaire et m'écrie, l'air admirative:

"- Je ne sais pas ce que vous avez fait mais bravo ! C'était beaucoup moins dangereux que de tenter de soulever les filets comme je comptais le faire !"

Hihihi ! Laissant mon partenaire à son incompréhension, je pousse un peu plus la puissance de mon waver pour tenter de rejoindre le duo de mannequins bronzés qui filent droit devant nous.

Cet obstacle s'est révélé une chance finalement puisqu'il nous a permis de redistribuer les cartes en annulant une partie du retard pris pendant la première partie de la course. Nous sommes à peu près au milieu du peloton et il ne tient qu'à nous de conserver notre nouvelle avance ; une série de vrombissements dans mon dos me fait savoir que d'autres concurrents ont emprunté notre passage mais je ne les laisserai jamais nous rattraper, wouuuhouuu !
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Il ne savait pas par quel miracle ils avaient pu passer le barrage, d'autant que sa partenaire avait l'air aussi aux fraises que lui et semblait croire qu'il avait découpé le filet, mais il s'en soucierait plus tard. Du coin de l’œil, avant que l'investisseuse n'accapare son attention en fonçant droit sur les pêcheurs, il avait repéré une équipe de coureurs avec des blousons noirs.

Cette dernière, matraques en main, avait pulvérisé deux petits navires de pêche en forçant le passage avec leurs machines. Un craquement bref et terrible avait résonné à ses oreilles. Alors que lui et madame Sirena passaient le filet, il n'avait pas pu manquer les éclats de bois volant haut dans les airs, des suites de leur charge inconsciente. Tournant la tête alors qu'ils poursuivaient leur chemin et s'éloignaient de la manifestation des éveillés, il aperçut les deux navires qui s'étaient fait percuter. L'un d'eux, l'arrière pratiquement arraché, tanguait dangereusement. Ses occupants secoués sautaient à l'eau remarqua-t-il, pour venir en aide à ceux de l'autre bateau de pêche qui lui, s'était fait éventrer par le milieu et était à présent en train de couler.

Alors qu'il devenait urgent de quitter la scène des yeux pour regarder devant lui, se concentrer sur la course qui battait toujours son plein, un dernier détail retint l'attention de Roy. Au loin, un corps flottait au-dessus de l'eau, vers lequel convergeaient nombres d'éveillés.

 - On se les fait, murmura-t-il pour lui-même en se retournant enfin, surprenant le regard de sa partenaire qui devait se demander ce qu'il fabriquait.

La rassurant d'un hochement de tête, il lui fit signe de se concentrer de nouveau sur la course. Le bruit des moteurs se faisant plus insistant derrière eux, ils accélérèrent et se mirent en chasse, Madame Sirena restant en tête. Devant eux, ils apercevaient les traces et les wavers des deux bimbos frimeurs qui avaient élégamment dérapé sur la plage. Loin sur leur droite mais seulement légèrement devant eux, les deux fous furieux en blousons noirs maintenaient une allure stable. Toutefois, l'un d'eux semblait avoir un problème, une légère fumée blanche s'échappant de son flotteur gauche.

Cet abruti a ruiné son waver en fonçant sur les bateaux de pêche, comprit le pirate en un éclair, ses yeux fixés sur les Blousons Noirs comme l'auraient été ceux d'un oiseau de proie. Voilà une bonne occasion de venger les éveillés, éliminer un concurrent et faire de la publicité pour Amadeo. Quand on parle de joindre l'utile à l'agréable...

Ni une ni deux, il faisait brusquement pivoter son guidon et son module sembla bondir sur la droite. Remarquant la manœuvre du pirate dans son dos, l'investisseuse l'imita bientôt et ensemble, ils se déportèrent vers leurs cibles. Comme s'ils profitaient du détour pris par l'équipe SIRENA, les mannequins en face commencèrent à prendre de la distance tandis qu'au contraire, dans leur dos, les autres équipes se rapprochèrent dangereusement. L'une d'elles les dépassa même sans difficulté et enquilla sur la poursuite de Beaugosse et Blondasse, tandis que Madame Sirena jetait un regard agacé à son partenaire. Levant un pouce dans sa direction, les embruns le fouettant au passage, Roy tourna la tête vers les Blousons Noirs qui devaient déjà avoir compris qu'ils étaient pris pour cible. Levant bien haut une matraque électrifiée tout en maintenant son guidon de l'autre main, l'un d'eux défia le pirate d'un hurlement guerrier. L'autre, celui qui n'avait pas un flotteur endommagé, se montra plus réservé et vint se placer devant son compagnon, protecteur.

Sans hésiter, le jeune capitaine leva le pied sur l'accélérateur et son waver se mit immédiatement à ralentir. Reproduisant la manœuvre effectuée par son navigateur il y avait de cela quelques semaines - manœuvre au cours de laquelle Moria avait habilement fait slalomer le Matheson Sorrow, la caravelle des tyrans, entre deux bricks ennemis -, il se rapprocha dangereusement de l'équipe adverse. Alors qu'il arrivait au niveau du premier Blouson Noir, il vira à gauche et esquiva ce dernier en profitant de sa surprise, avant de virer de nouveau à droite en direction du deuxième. Fondant littéralement sur lui, le cockpit du pirate arriva bientôt au niveau du flotteur endommagé de la brute.

Hier à l'entraînement, on leur avait enseigné quelques manœuvres osées pour apprendre à ralentir, voire renverser leurs concurrents. Madame Sirena avait fait la démonstration de l'une d'elles un peu plus tôt en dépassant la dernière équipe, mais Roy n'avait pas eu le temps de potasser les techniques et avait décidé de se reposer sur ce qu'il connaissait déjà : la force brute. Profitant de son élan, son poing s'abattit comme une matraque sur le moteur endommagé du flotteur. Le métal se tordit sous sa frappe et une langue de flamme vint lui lécher le poignet, tandis que le waver entier était éjecté sur la droite dans un monstrueux éclaboussement. Une fumée noire se déversa du moteur rougeoyant et quelques secondes plus tard, ce dernier explosait dans une bourrasque de vent.

70 millions de FUREUR ! explosa alors Roy en pensée, riant intérieurement alors qu'il serrait les dents et ignorait la douleur dans son poing droit.

Des gouttes de sang filtrant de son gant droit déchiqueté, il n'attendit pas que son adversaire ne perde le contrôle de son véhicule et de déporta immédiatement vers la gauche. Tandis que le waver de la brute se retournait sur lui-même et que le deuxième flotteur explosait, projetant le cockpit dans un vol plané tournoyant, il appuya de nouveau à fond sur l'accélérateur, évitant de justesse la charge du deuxième Blouson Noir, qui n'était pas resté sans rien faire alors que son compagnon se faisait mettre hors-jeu. Mal lui en pris, car focalisé sur Roy, il n'avait pas remarqué la pernicieuse madame Sirena qui s'était habilement placée devant son nez. Le cockpit de son compagnon ricochant sur l'eau tel un galet au loin, ce dernier depuis longtemps éjecté de l'habitacle, il reçut un puissant et brusque jet de vent en plein torse. Son flotteur gauche vrombissant rageusement sous le brusque coup d'accélérateur qu'elle avait mis, la blonde s'écarta en riant tandis que le deuxième Blouson Noir perdait le contrôle de son véhicule.

L'équipe SIRENA remit bientôt les pleins gazs, laissant derrière elle un waver de course en miettes et un autre qui avait dérapé sur le côté. Le rescapé de leur attaque perdrait surement de longues secondes pour revenir dans la course et il était probable qu'il ne finisse bon dernier.

Forts de leur démonstration d'habileté, ils décidèrent de ne pas perdre plus de temps et de rattraper le retard provoqué par le pirate. Ayant étudié le circuit toute la journée d'hier, ils savaient que la barrière de corail qui les attendait plus loin avait tendance à ralentir le rythme de la course. Le top 5 des coureurs ne devait pas être si loin que ça, surtout s'ils se tiraient dans les jambes entre eux.
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Cher journal,

La barrière de corail s'étire devant nous, formant une longue ligne pâle à surface de la mer, au bord de laquelle la teinte de l'eau se dégrade subtilement du bleu pâle, presque fluo, vers un bleu profond. Au delà se trouve un véritable champ rempli de massifs coralliens à fleur de l'eau dont le moindre effleurement, surtout à grande vitesse, suffirait à déchiqueter la coque de nos embarcations.
Notre petite vendetta contre les deux affreux aux blousons noirs nous a fait perdre plusieurs places dans le classement, et déjà plus de la moitié des participants encore en lice s'est engagée dans ce périlleux dédale. L'impression qu'ils ne sont pas si loin de nous est illusoire car lorsque nous serons à l'intérieur de la barrière nous serons obligés de ralentir nous aussi. L'itinéraire de la course la traverse sur une bonne longueur et nous ne pouvons malheureusement pas la contourner car une des étapes obligatoires se trouve à l'intérieur... du moins nous ne pouvons pas la contourner entièrement !

Mon équipier et moi échangeons un regard, et d'un même geste nous nous élançons à pleine vitesse en ligne droite le long de la barrière mais sans y pénétrer. Aucune règle n'oblige les participants à suivre le tracé exact, il est seulement là en guise de repère visuel pour nous indiquer le chemin le plus court et pour aider à ne pas manquer les différents points de relais. Pour la plupart des concurrents aux capacités équilibrées c'est évidemment le meilleur chemin à suivre, mais pour deux arrivistes comme nous qui misons bien plus sur notre vitesse et notre audace ça peut valoir le coup d'essayer autrement. Si nous arrivons à contourner le circuit suffisamment rapidement en faisant un détour, et si nous parvenons à trouver un passage qui nous permette de traverser la barrière au niveau du checkpoint, nous réussirons peut-être à rattraper nos concurrents !

Nous avançons à pleine vitesse durant de longues minutes, nos appareils donnant tout ce qu'ils ont. Pour la première fois depuis le début de la course je me relâche un petit peu, et prends le temps te tenir compte ces vaguelettes qui m'aspergent, du ronronnement continu et étourdissant de nos appareils, de mes cheveux trempés et dégoulinants d'eau salée, ainsi que du soleil qui tape si fort qu'il me fait regretter mon chapeau. Il y a un petit côté apaisant à ne plus avoir à gérer nos concurrents autour de nous, et à ne plus pouvoir estimer exactement notre avance ni notre retard.

Notre course rapide le long de la barrière nous conduit finalement à proximité du point de passage obligatoire, signalé par de grands drapeaux perchés sur des radeaux. Ces derniers accueillent également quelques courageux spectateurs venus assister à cette étape particulièrement périlleuse du parcours. Soudain, c'est Roy qui le repère: un passage parmi la masse des coraux ! Un étroit couloir où ceux-ci restent en dessous du niveau de l'eau et qui, même s'ils restent bien visibles comme une tache sombre sous l'azur de la mer, semblent plonger assez profondément pour nous laisser passer. Diminuant nettement notre vitesse, nous bifurquons et nous engageons enfin à travers la barrière de corail. A cause des nombreux blocs qui effleurent ou dépassent de la surface, les grandes pointes de vitesse ne sont pas permises et la prudence est de rigueur !
Les drapeaux signalant le point de passage ne sont pas loin mais hélas, alors que nous nous félicitons déjà de notre audace, nous voyons le binôme Marius et Louis passer en trombe devant nous, suivis quelques secondes plus tard par les pilotes au bronzage artificiel et maillots de bain, puis par les "Turbo Surfeurs" dont les wavers aux énormes cylindres de métal à l'arrière de leurs engins crachent des flammes !

Vite, nous leur emboitons le pas, bien décidés à profiter de notre retour dans la course ! Au moment de passer à l'intérieur du checkpoint nous sommes acclamés par les cris du petit groupe de spectateurs installés sur les radeaux ; ces derniers nous encouragent tout en brandissant une banderole judicieusement déployée en face de l'escaméra qui retransmet la course:

Spoiler:

"- Allez-y, vous les rattrapez !"
"- Courage !"
"- Bravo !"
"- On a bien mérité nos berrys, hein, dites ?"


Motivée par ces encouragements, aussi artificiels soient-ils, je me permets d'accélérer un peu, profitant de la simplicité qu'il y a à suivre quelqu'un plutôt que d'ouvrir la voie soi-même. Nous comprenons malheureusement vite pourquoi les concurrents qui arrivent juste derrière nous ne se sont pas pressés pour talonner les Turbo-Surfeurs : l'alliance des vento-dials et des pyro-dials qui servent à les propulser projette un magma d'écume chaude qui ébouillante tout sur son passage: coraux, plantes aquatiques, et pilotes de wavers !

"- Aïe !"

Je m'écrie à l'intention de mon partenaire:

"- Faites attention, ça brûle leur truc !"

Ah... trop tard, je crois bien qu'il a compris !
D'ailleurs ça me fait penser: je devrais l'appeler Monsieur Aston ou Roy ? Monsieur c'est peut être un peu formel, et puis c'est un pirate ; j'aimerais bien juste dire Roy c'est trop familier, limite compromettant vu qui il est. Mais on a quand même fait une course ensemble, ça rapproche... Juste Aston alors ? Hum... dans le doute je devrais me contenter d'éluder la question.
Tu en penses quoi journal ? Que je devrais me concentrer sur ce qu'il y a devant moi plutôt que de rêvasser ? Tu me sous-estimes quand même, je suis tout à fait capable de...

"- Aïe ouïlle aïe !!!"

Nous manquons de place pour nous tenir à l'écart de la longue trainée d'écume brûlante que libèrent nos concurrents de devant, et à présent ceux de derrière se rapprochent dangereusement, nous mettant dans une situation difficile !
Heureusement, le circuit nous amène peu à peu hors de la barrière de corail. A peine sortis les concurrents recommencent à solliciter leurs machines à plein régime, et c'est reparti pour une course de fond à grande vitesse en direction de la prochaine étape ! Sauf que cette fois, nous sommes à notre avantage !! Exécutant une nouvelle fois notre manœuvre en tenaille préférée, Roy... Aston et moi prenons de l'allure et encadrons le premier des Turbo-Surfeurs. Celui-ci nous remarque et j'en profite pour lui faire un pied-de-nez. Hihihihi ! Mais le Surfeur n'a pas dit son dernier mot: utilisant ce qui semble être l'atout qui a donné son nom à son équipe, son waver se met à cracher une immense flamme et dans un bruit assourdissant couplé à une odeur de grillade, il accélère à une vitesse prodigieuse et nous repasse devant !
Je le désigne à mon partenaire:

"- On le rattrape ! Youuuuhou !"
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Combien d'affiches elle a fait designer cette andouille ? s'interrogea Roy dans un coin de son esprit, alors que madame Sirena lui passait sous le nez et se mettait en tête de poursuivre le Turbo-Surfeur.

Il s'apprêta lui aussi à accélérer, mais un choc soudain dans son dos lui fit se retourner. Avec horreur et incompréhension, il découvrit qu'un amas d'une étrange matière blanche s'était agglutiné sur l'arrière de son cockpit. La substance était cotonneuse et immaculée, rappelant la texture d'un nuage ; mais contrairement à ces amas de vapeur d'eau condensée, elle était également solide et étrangement visqueuse. Elle agit comme un tampon sur le cockpit de Roy et l'alourdit, l'enfonçant dans l'eau et faisant rugir les moteurs du waver, lequel ralentit brusquement. Impuissant face à cette tactique pernicieuse, le pirate accusa le coup et le freinage soudain. Le temps de réaliser, sa partenaire le distançait déjà et il se faisait dépasser par les deux modules d'une autre équipe : la Cloud2 et ses marks XII, munis de Milky Dials à l'avant de chacun de leurs flotteurs.

Sans perdre plus de temps, il alla chercher dans l'un des compartiments du cockpit son sabre de bédouin qui ne le quittait jamais. Attrapant la poignée de son arme et peinant pour garder son équilibre, alors qu'il tentait de garder le contrôle de son véhicule, il la dégaina d'un geste vif. Trop vif ; plutôt que de rester bien en place là où il l'avait calé, le fourreau stylisé (originaire de Hinu Town, son île natale) se dégagea et fut projeté hors de l'habitacle. Dans un juron, Roy ne put le rattraper à temps et il observa avec un déchirement au cœur l'objet précieux tomber à l'eau et disparaître, alors que le waver continuait son chemin.

Dans un cri de rage, il se redressa sur son siège pour mieux se retourner et lancer une lame de vent d'un grossier coup de sabre. La bourrasque informe qu'il généra de ce mouvement maladroit - le mieux qu'il pouvait faire dans cette position précaire - taillada le nuage, écorchant légèrement l'arrière du module en divers endroits mais déchiquetant le cadeau que lui avait si généreusement offert la Cloud2. De ce que Rosa lui avait appris, les nuages artificiels des Milky Dials n'étaient pas très résistants sur les Mers Bleues et heureusement, cela s'avéra exact. S'extirpant du piège, le mark XVI de Roy bondit en avant et généra une importante quantité d'écume sur son passage, qui acheva de dissoudre les restes du nuage.

Pour faire bonne mesure, le pirate généra une deuxième lame d'air à l'aveugle dans son dos, conscient que d'autres équipes étaient à ses trousses, avant de ranger la lame dans son compartiment et de remettre ses deux mains sur le guidon. Inquiet pour sa partenaire, qui n'avait peut-être même pas encore remarqué son absence avec l'effervescence de la course, il fit rugir ses moteurs avec imprudence, espérant rattraper son retard le plus vite possible. Il était également furieux contre la Cloud2, qui avait indirectement causé la perte du précieux fourreau de son arme. Se battre pour une place dans le classement était une chose, mais faire disparaître un objet avec une telle valeur sentimentale en était une autre. Ça ne se faisait pas. Ce n'était pas correct. Comment ça c'était de sa faute s'il avait apporté son sabre dans une course de waver ?

Notant un bruit d'explosion dans son dos, mais sans savoir si elle était due à son attaque aveugle ou aux machineries des autres concurrents, il se focalisa sur sa technique pour maintenir sa vitesse de pointe. Son cockpit décolla bientôt de la surface de l'eau et il dut lutter pour respirer tant le vent devint fort autour de lui. Fusant à toute vitesse sur la mer, en ligne droite au travers du parcours, il rattrapa rapidement les silhouettes des deux wavers de la Cloud2.

Ces derniers étaient engagés dans la deuxième difficulté de la course : le Dédale des Luminis, qui s'étendait sur une bonne centaine de mètres au large de la deuxième île du circuit. Une variété d'algue, possédant les mêmes propriétés lumineuses que les bois Luminous de l'archipel, prospérait à cet endroit. L'éclairage de ces plantes, associés à la basse température de l'eau et à la chaleur des rayons du soleil, créait des jeux de lumière étrange dans cette zone. Comme ils avaient pu le constater lors de la journée précédente, les mirages y étaient courants et malgré le fait qu'il n'y ait pas d'obstacles particuliers à la surface de l'eau, il était paradoxalement difficile de s'y retrouver et d'avancer tout droit. Encore assez éloigné de l'épreuve et disposant d'une vue d'ensemble sur la zone, Roy n'était heureusement pas encore affecté. Il eut donc tout le loisir d'assister à la manœuvre de la Cloud2, parvenue à rattraper sa partenaire, qui elle-même n'avait pas encore eu le loisir de dépasser les Turbo-Surfers.

Serrant les dents alors qu'il arrivait à toute vitesse vers le dédale, il observa les deux marks XII mitrailler au hasard devant eux avec leurs projectiles de nuage. Probablement aveuglés par les mirages, les coureurs expérimentés devaient se reposer sur des Logs Poses pour savoir dans quelle direction avancer, tout comme madame Sirena un peu plus loin devant eux. Ils en en profitaient manifestement pour faire d'une pierre deux coups, sachant que tous les wavers prenaient le même chemin dans cette épreuve. L'un de leurs projectiles fit finalement mouche et alors que Roy pénétrait dans le dédale, le flotteur gauche de sa blonde de partenaire se fit happer par un nuage.

Le paysage devint psychédélique autour du pirate. Le ciel et la mer se confondirent tandis que la lumière se décomposait et projetait des volutes multicolores dans toutes les directions. Les silhouettes des six wavers engagés dans le dédale se dédoublèrent, une quantité affolante de doppelgängers apparaissant de tous les côtés, aussi bien dans les airs et sous la surface de l'eau que devant lui et sur les côtés. De près, les jeux de lumière n'étaient pas visibles, mais passé un mètre au-delà des deux flotteurs du mark XVI, plus rien n'avait de sens. Les yeux fermés cependant, Roy n'en vit rien et continua sa route à une vitesse toujours plus extrême, rattrapant sans peine les autres coureurs qui avaient, quant à eux, prudemment ralenti.

Dévoilant son atout, sa carte maîtresse qu'Amadeo n'avait cessé de vanter auprès des éveillés, il rouvrit finalement les paupières, dévoilant deux prunelles brillantes d'une lueur rouge surnaturelle. Tout comme Mochi, Roy n'avait pas chômé à l'abri des regards. S'entraînant à exploiter cette mystérieuse faculté d'observation, découverte au geyser il y avait deux jours de cela, il avait prévu son coup longtemps à l'avance. Le Dédale des Luminis lui avait paru l'occasion parfaite et déjà à l'entraînement d'hier, il s'était évertué à le passer sans s'aider d'un Log Pose, contrairement à sa partenaire. Faire appel à l'observation sur demande était d'une grande difficulté, mais si on lui laissait le temps de se préparer, cela devenait faisable. Ses yeux grands ouverts voyaient toujours la lumière, mais ce n'était plus à ses images distordues par les algues Luminis qu'il prêtait attention : il distinguait les auras des coureurs, leurs forces de vie et celle de sa partenaire.

Allant une fois de plus chercher son sabre dans le compartiment du cockpit, il rattrapa enfin madame Sirena, qui s'était elle-même faites dépasser par la Cloud2. Leurs nuages étaient bien plus pénibles sur un flotteur qu'accroché à un cockpit, obstruant le conduit par lequel l'air s'échappait et déséquilibrant totalement le waver. Il était de plus hors de question d'envoyer une lame d'air grossière manquant de tout arracher, comme Roy l'avait fait un peu plus tôt sur son propre cockpit. Il ne fallait pas risquer d'endommager l'un des moteurs du module. Heureusement, cette fois le pirate avait sa cible en face de lui et non plus dans son dos. De plus, il était maintenant dans un état de conscience avancé qui le rendait plus adroit et plus précis. D'un geste vif et souple, alors qu'il avalait à toute vitesse la dernière dizaine de mètres qui le séparaient de l'investisseuse, il envoya une lame d'air droit devant lui. Ce qui ressemblait à une vague d'énergie bleutée vint frôler la pointe des cheveux blonds de madame Sirena, avant de changer de forme en pleine course, pour épouser la forme du piège de nuage et le cisailler. Découpant une généreuse portion de la matière blanche visqueuse, la lame d'air se perdit finalement dans les airs, laissant derrière elle un moteur dont la voie d'air était maintenant dégagée.

 - Suivez ma trace ! cria-t-il subséquemment à sa partenaire alors qu'il la dépassait sur sa gauche.

D'un brusque virage qui lui fit perdre énormément de vélocité, il vint se placer en face de l'autre mark XVI. Dès qu'il entendit les moteurs de ce dernier repartir de plus belle, il se remit à accélérer.

Reprenant graduellement de la vitesse, il fut distrait par le son d'une puissante détonation en face d'eux, accompagné par un éclat de lumière qui distordit un instant les mirages du dédale. Se focalisant sur son pouvoir d'observation - qui commençait déjà à lui échapper peu à peu -, il eut le temps d'apercevoir les formes de leurs quatre adversaires un peu plus loin devant. L'un des waver des Turbo-Surfeurs avait volé en morceaux. Par quel moyen, il n'en avait pas la moindre idée.

Rangeant une fois de plus son sabre dans son compartiment - il ne désirait pas le perdre lui aussi à la faveur des flots -, il tenta de maintenir du contrôle sur sa nouvelle faculté. Il doutait toutefois de pouvoir le faire jusqu'à être sorti du dédale.
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Cher journal,

C'est beau tous ces mirages ! Je suis entourée de toute une variété de formes étranges et colorées, formées par des vapeurs éthérées et lumineuses qui émergent de l'eau. Si je n'avais pas déjà eu l'occasion de tester cette étape de la course au cours de mes entraînements j'aurais été un petit peu décontenancée, voire inquiète, mais au lieu de ça je peux apprécier pleinement ce spectacle insolite.
Enfin... sauf qu'à cause de tout ça je suis encore en train de me faire dépasser par les autres participants !

Ayant perdu de vue mon seul repère, la longue traînée de flammes générée par les wavers de mes concurrents de devant, je suis bien soulagée que Roy intervienne à ce moment-là ! Enfin.... attends... mais c'est une lame d'air qu'il m'envoie ! Il m'a démasquée ?! Je sais bien que c'était un peu imprudent d'utiliser un rankyaku en pleine course, mais je croyais avoir été discrète ! Je me raidis instinctivement, moitié effrayée, moitié sur la défensive. Je ne suis pas sûre d'être capable de me défendre efficacement sur un engin aussi dangereux que mon waver !
Heureusement mes craintes ne sont pas fondées: les lames d'air de mon partenaire viennent cisailler les nuages solides qui embourbaient mon engin, et celui-ci recommence à émettre un ronronnement satisfaisant. Je culpabilise un peu (mais vraiment un tout petit peu) d'avoir douté de lui, et le remercie d'un signe avant de repartir à bonne allure.
Aston progresse avec une aisance étonnante parmi le dédale de luminis et de mirages, comme s'il était guidé par un sixième sens qui lui indiquait le chemin à suivre. Alors elle fonctionne vraiment son aptitude mystique ? Je suis bien contente qu'il ne s'agisse pas d'un autre mensonge de Spouzi ! Pour être honnête journal, je pensais qu'il en faisait juste des caisses pour décrire un talent inné pour piloter des appareils à grande vitesse, mais un talent inné ça ne donne pas les yeux rouges ni la capacité de voir à travers les mirages ! Enfin je crois ?

Avant que je n'aie le temps de m'écrier "Roy, euh, Aston, je crois que vous avez les yeux qui saignent !" ce dernier me demande de le suivre et s'élance à vive allure sur le parcours ! Et puis... BAOUM ! Les mirages sont brusquement dissipés par... l'explosion d'un waver ! Promis journal, ce n'est pas de ma faute cette fois ! Mais je suppose que l'énorme réacteur d'un des turbo-surfeurs a rencontré les pénibles nuages solides des Cloud2, et que ça a provoqué le turbo le plus explosif de toute sa vie ! Pauvre pilote, oh là là...
Chouette alors, un concurrent en moins !
Nous ne perdons pas davantage de temps à essayer de comprendre ce qui a pu se passer, et profitons de la vue nouvellement dégagée pour repartir à pleine vitesse ! Toutes les équipes devant nous avaient dû modérer leur vitesse pour traverser la zone, mais avec la disparition de tous les obstacles virtuels devant nous -au moins momentanément-, nous ne sommes plus si loin de nos concurrents et nous tenons l'occasion de faire parler une nouvelle fois notre meilleur atout !

VZIUUUUUU ! Aucun nuage solide n'est assez rapide pour nous empêcher de passer, mon équipier et moi, tandis que nous doublons les deux ennuageurs et de dernier Turbo-Surfeur ! Nous parcourons les derniers mètres qui nous séparent de la sortie du dédale de luminis, et nous voilà dehors au moment où les mirages commencent à renaître !


Le parcours nous dirige à présent en direction des îles, et donc de la ligne d'arrivée qui n'est plus si loin. Nous avalons la distance aussi vite que nous pouvons, le regard fixé avec hargne sur les maillots de bain et les silhouettes musclées de Beaugosse et Blondasse qui nous devancent encore . Attendez un peu que je vous rattrape ! Votre bronzage artificiel ne vous sauvera pas de la troisième place sur le podium !
Non journal je ne suis pas jalouse, ni même vexée tout ça parce que je suis obligée de me tartiner de crème solaire pour ne pas ressembler à une merguez dès que je sors le bout de mon nez sous le soleil ! Je n'ai pas de raisons de complexer, les peaux pâles c'est beaucoup plus élégant. D'ailleurs ça m'arrive aussi de bronzer, et sans autobronzant s'il te plaît !
...Mais ce n'est pas le moment de penser à ça journal, on a une course à gagner !

Roy Aston semble avoir cessé d'utiliser son drôle de sixième sens et il a retrouvé une allure plus normale. Il reste malgré tout devant moi, et exploite les capacités de son appareil à leur maximum pour tenter de couvrir la distance qui nous sépare des deux bellâtres. J'essaie de décélérer le moins possible alors que nous entamons un large virage pour contourner d'île à notre droite ; la plage et les arbres défilent à une telle vitesse que je ne distingue que deux bandes vertes et jaunes ! Nos concurrents se rapprochent également, et j'arrive à présent à distinguer le liseré blanc sur le maillot de bain de Blondasse ! Marius et Louis, eux, ne sont encore que deux silhouettes et une traînée d'écume blanche au loin mais ils ne perdent rien pour attendre !

Nous achevons de contourner la première île pour aussitôt entamer un slalom entre deux îlots plus petits. Nous traversons un point de relais copieusement décoré de fanions et de drapeaux, et repartons de plus belle sur les talons de M. Et Mme Maillot de bain !
Soudain une clameur surpasse le vacarme généré par nos wavers: alors que nous nous approchons de l'île principale, celle où a eu lieu le départ, je vois apparaître les gradins et la foule qui s'agite ! Deux wavers apparaissent à côté de nous, non pas des concurrents mais des employés de la Spouzi Race munis d'escaméras, qui nous exhortent de continuer. L'arrivée n'est plus très loin ! C'est le moment ou jamais journal, nous devons tout donner !

Mon coeur s'accélère de nouveau ; je suis mauvaise perdante, et je deviens très mauvaise quand je sens que j'ai une chance de gagner ! Je me cramponne de toutes mes forces au guidon de mon embarcation et serre les commandes au maximum, comme si je pouvais gagner encore ne serait-ce qu'un centième de puissance ! Les Mark XVI de mon waver rugissent plus que jamais, répandant des torrents d'écume autour de moi ! Ma vue est brouillée par les jets d'eau et la fatigue mais je n'ai même plus vraiment besoin de regarder où je vais: droit devant, le plus vite possible ! Aston est tout près de moi je l'entends, et Beaugosse et Blondasse sont juste devant. Nous nous rapprochons peu à peu, ils seraient même à portée de lame d'air si nous le voulions !
J'entends Djama la commentatrice qui s'extasie, mais il y a un tel vacarme autour de moi que je ne saisis pas le sens de ses mots !

Plus que quelques dizaines de mètres... je les ai presque... ce n'est qu'une question de secondes... et soudain, le décor change sur mes côtés, je vois défiler les bandes multicolores des gradins, l'escargoparleur géant, et je comprends que je suis passée au-delà de la ligne d'arrivée. J'entends la voix de la commentatrice qui s'exclame:

"- ... en deuxième position, Beaugosse et Blondasse ! Et les talonnant de peu, en troisième place, l'équipe Sirena !"

(Hourra hourra ! Bravo ! Blondasse je t'aime !)

La course est finie. Les gens crient, applaudissent, sont en extase !
Evidemment journal, je devrais être un peu déçue de ne pas avoir fait mieux: après tout je visais l'exploit de la première place ! Je voulais éblouir tout le monde pour montrer à quel point Sirena devance tout... mais je ne peux pas m'empêcher d'être réjouie ! J'ai un sentiment de victoire qui m'habite et le grand sourire qui s'épanouit sur mon visage n'est absolument pas feint. C'était une chouette course ! Vu la difficulté du parcours, le talent des autres concurrents, je suis même fière d'être arrivée jusqu'au bout ! En plus les gens sont contents, ils crient, acclament tous les concurrents sans distinction, et lorsque je salue les gens me répondent en faisant des "hooo, hooo, hooolé !". Mieux encore, après le passage des Cloud2 en quatrième place, suivis une bonne minute plus tard de la Team Aqua qui termine cinquième, l'écran géant remplace les diffusions de la course désormais terminée par une nouvelle affiche de publicité:

Spoiler:

Certains observateurs un peu médisants pourraient faire remarquer que le buste du modèle ressemble davantage à celui de Beaugosse qu'à Aston, mais qui s'en soucie ? Certainement pas nous journal !
A côté de moi, l'un des deux Cloud2 me fait un signe de la main et me dit joyeusement:

"- Bien joué ! Tu as été super impressionnante pour une première course ! A charge de revanche ! Et quelle vitesse, ouaaah !"

Je le remercie, et m'étonne:

"- Tu... vous... tu es plutôt sympa finalement... ?"
"- Pendant une course je suis la pire des ordures ! Mais en dehors je n'ai pas de raison de faire du mal à qui que ce soit, haha !"

Il me sourit, et se remet à saluer l'assemblée qui lui répond. C'est ça l’esprit de la Spouzi Race, j'imagine...

Finalement, je crois que je suis satisfaite. Le véritable but de ma participation ce n'était pas de gagner mais de faire parler de moi, et on peut dire que j'ai brillamment réussi ! Ah oui, bien sûr, je voulais également en apprendre plus sur les magouilles de Spouzi. Enquêter, tout ça... et j'ai plutôt bien fait mon travail, non ? Mon chef sera content de moi quand il recevra mon rapport, j'en suis certaine !

Spoiler:

  • https://www.onepiece-requiem.net/t21492-l-envers-du-journal#2313
  • https://www.onepiece-requiem.net/t21479-caramelie-la-critiqueuse
Initialement déçu de ne pas avoir fini premier, un coup d’œil au sourire radieux de sa partenaire fit relativiser Roy. Il n'allait certainement pas faire ami-ami avec la Cloud2 comme elle, mais il pouvait tout de même être fier de leur performance. Le Top 3, la médaille de bronze, ce n'était pas mal pour une première course, même s'il ne pouvait s'empêcher d'observer avec envie Marius et Louie un peu plus en avant. Debout sur les cockpits de leurs modules mark XIII, les frères moustachus en salopette saluaient la foule de spectateurs qui les acclamait. A aucun moment ils n'avaient cédé la première place. Plusieurs équipes différentes s'étaient relayé en deuxième et troisième position, mais eux n'avaient jamais été mis en difficulté, un testament à leur remarquable maîtrise des modules, du circuit et de la course en général. Leur spectacle emplissait Roy de détermination : la courbe de progression était énorme ; le pirate avait un aperçu de ce que ressemblait le pilotage de waver porté à son plus haut niveau.

Comment je vais me débrouiller pour mettre la main sur l'un de ces engins moi ? se demanda-t-il silencieusement. Je vais quand même pas en voler un, ce serait pas cool...

Reportant son attention sur madame Sirena, qui avait joyeusement engagé la conversation avec ses ennemis jurés de la Cloud2, il observa pensivement son visage tout en réfléchissant. C'était elle la propriétaire des marks XVI à présent, les machines protégées de Rosa. C'était donc elle qu'il fallait convaincre d'une manière ou d'une autre à céder l'un de ses bijoux. Peut-être serait-elle réceptive à une généreuse proposition en berrys. Après tout il n'y avait pas que des courses doubles, l'équipe SIRENA pourrait survivre quelques mois avec un seul waver. Et il ne fallait pas regarder bien loin pour comprendre que l'investisseuse aimait l'argent. Ses tactiques de marketing agressives, profitant pleinement du coup de publicité des courses pour promouvoir autant son équipe que ses boutiques en étaient un testament. Il verrait avec Lily et Rosa pour déterminer le montant d'une offre initiale que, il l'espérait, l'investisseuse trouverait alléchante. Il lui restait des fonds de ses aventures à Las Camp après tout.

Et peut-être même un peu plus que ça..., se fit-il la réflexion en tournant la tête vers le public cette fois-ci, à la recherche des cheveux blonds de son bras droit.

Après quelques secondes à fouiller la foule des yeux sans succès, il ferma les paupières et se concentra. Les rouvrant un court instant après, il faisait appel au pouvoir d'observation et repérait l'aura de Moria dans les gradins du haut. Son capitaine l'ayant enfin trouvé au milieu du public, le second leva une main dans sa direction et lui fit le signe "OK". Hochant la tête, le pirate accepta enfin de se détendre et s'appuya au guidon de son véhicule en soufflant. Personne ne s'attendait à ce que la nouvelle équipe tire son épingle du jeu au début de la course et ainsi, la plupart des joueurs avaient parié contre eux. Faisant confiance à son capitaine, Moria avait engagé une partie de leur trésor dans les jeux des bookmakers et les tyrans en étaient ressorti gagnant. Si l'équipe SIRENA était arrivée première, ils auraient gagné plus encore, mais la troisième place leur assurait tout de même un retour généreux sur leur "investissement".

Il s'entendait bien avec sa partenaire blonde, mais s'attendait à des négociations musclées s'il espérait vraiment repartir de l'archipel avec un module sous la main. Peut-être allait-il faire un achat dans la boutique de sa bienfaitrice pour préparer le terrain, encourager leur relation ? Après tout il avait besoin d'un nouveau fourreau pour son sabre et l'idée d'en avoir un fabriqué avec du bois phosphorescent n'était pas pour lui déplaire. Lily également lui avait fait part de son désir de se procurer un petit instrument de musique dans la boutique Sirena.

Le regard absent, Roy écoutait le babillage constant de sa partenaire tout en observant l'énième affiche révélée par ses employés. En silence, il se demandait si elle en dissimulait encore d'autres quelque part, qu'elle sortirait en temps voulu.

Je vais finir par mal le prendre moi, il faut être une armoire à glace pour être glamour ou quoi ?



Plus loin, sur l'île industrielle de la SRC, Merry ne partageait pas la liesse du reste de son équipage. Pas intéressée pour un sou par les courses, elle était initialement resté dans les gradins pour s'intégrer au reste des tyrans. Cela faisait partie de sa couverture après tout, elle devait se faire apprécier, devenir un membre vital de l'équipe et gagner leur confiance. Mais un détail l'avait fait tiquer à mi-chemin de l'événement sportif et elle avait rapidement pris congé de ses compagnons. A l'abri des regards, elle avait alors quitté le stade en trombe avant de s'envoler jusqu'à l'île voisine à coups de Soru et de Geppou, prenant soin de ne pas se faire remarquer. A présent elle évoluait silencieusement dans l'usine, inaperçue et parfaitement indétectable, à la recherche d'un objectif qu'elle seule connaissait.

Qu'est-ce qu'elle fait là cette pétasse ?! rageait-elle intérieurement. C'est pas une envoyée de Sloan quand même ?!

Les agents de l’administrateur corrompu du CP9 étaient partout. Tomber par hasard sur une autre agente des Cipher Pol était malgré tout une remarquable coïncidence. Elle allait devoir tirer ça au clair, mais pour le moment un autre problème devait être réglé.

Avec une aisance née d'une vie passée dans l'ombre et le mensonge, la directrice du CP9 se glissa dans les bureaux de la plateforme de diffusion de la SRC. S'aidant du haki pour repérer les employés et manœuvrer autour d'eux sans être vue, elle progressait à toute vitesse vers son objectif, jamais inquiétée, jamais surprise. Finalement et avec la rapidité et l'aisance d'un spectre, elle se retrouva devant les bandes d'images de la course précédente, la course durant laquelle l'équipe Sirena avait fait sa première apparition.

D'une main experte, elle se saisit du rouleau de pellicule et se mit au travail avec l'un des escargophones de la SRC. Parcourant les enregistrements de la course, elle repéra méthodiquement le passage qui l'intéressait et le supprima avec une précision chirurgicale, avant de trafiquer le reste de la bande pour faire croire à une corruption naturelle de l'enregistrement. A intervalles réguliers, ses mains se fendaient en deux, sa peau s'ouvrait en certains endroits et dévoilait des outils mécaniques qui venaient trafiquer le Den Den Mushi, accélérant le processus dans une gerbe d'étincelles et une intense lumière bleutée. Quand elle eut terminé et prit le chemin du retour, l'escargophone maltraité était hors d'usage et les enregistrements irrécupérables.

L'agente mystérieuse avait été discrète avec son Rankyaku au milieu de la course. Sa manœuvre était à peine visible sur les enregistrements et quiconque n'étant pas directement familier avec les techniques du Cipher Pol n'aurait surement rien remarqué. De plus la SRC n'aurait pas diffusé les images d'une manifestation des éveillés, en tout et pour tout il y avait peu de risques. Mais c'était ça le Cipher Pol : on n'était jamais trop prudent.

Roy avait d'ors et déjà tué deux agents du GM. Merry Reed - Annabella Sweetswong - ne s'était pas infiltré dans son équipage par hasard. Quelle que soit la véritable identité de madame Sirena, cette dernière s'était mise en danger.

La directrice du CP9 avait hâte de mettre les choses au clair avec elle.
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