Nous avions passé les contrôles sans rencontrer de problème ; à priori, personne n'était encore au courant pour ma désertion. Une fois arrivés au G-0, Jones et moi avions poursuivi discrètement : les yeux et oreilles de l'administrateur étaient partout et nous devions conserver au maximum notre effet de surprise. L'homme n'était pas dans les petits papiers du CP0, il était même une cible directe de Mint Figura ; Jones faisait le lien pour retarder l'inévitable, notamment en prévenant que l'assassinat s'était déroulé sans problème. Il lui avait suffit de brouiller suffisamment la ligne de son escargophone pour se faire passer pour l'agent décédé dont elle connaissait le timbre de voix comme le matricule.
Pénétrer dans Marie-Joie n'était pas un problème, mais en sortir avec notre prise sans nous faire remarquer était un poil plus coton. La cornue affirmait connaître l'emplacement de notre victime et avoir peaufiné son plan jour et nuit depuis des années pour nous assurer un enlèvement rapide et efficace. Connaissant l'administrateur, je ne l'aurais jamais parié et affichais une certaine perplexité, mais force fût bientôt de constater qu'elle avait raison.
Nos pas nous avaient menées sous peu en bordure de la ville, dans un endroit reculé au milieu des falaises à l'extrême opposé de l'enclave des Tenryubitos. Le vent marin qui remontait Red Line portait des embruns secs et salés qui recouvraient la zone d'une fine particule blanche, transportée depuis les vagues en contrebas. Le son cristallin de la poudreuse comprimée renvoyait à une marche au milieu du désert avec la ferme impression de parcourir une étendue de neige. La tramontane était, elle, assassine et nous tranchait la peau en nous flagellant inlassablement. Cela me semblait bien un endroit choisi par le bureaucrate pour y aménager son oasis, lequel était de plus en plus visible à mesure que nous approchions.
Devions-nous faire le tour ? À priori non, car des deux gardes en poste à l'entrée, un seul demeura en plac. Avant de l'approcher, nous avions assisté à la scène depuis les épaisses haies artificielles qui bloquaient la vue et bordaient l'immense portail ; je fus surprise de voir l'agent du CP0 l'approcher sans crainte.
« - Je l'ai convaincu d'aller nous chercher un encas. Longez la façade ouest, vous trouverez une fenêtre ouverte dans la serre qui vous permettra d'entrer. »
Le pseudo-garde conclut en échangeant un regard entendu avec la cornue. J'ignorais qui était cet homme et à quoi nous lui devions sa loyauté, mais ne manquerais pas d'interroger ma comparse plus tard. Pour être un des gardes du corps du magnat, il devait rouler sa bille à son service depuis quelques années désormais.
C'était comme si tout avait été prévu avant que nous arrivions. Je soupçonnais Jones d'avoir commencé à tirer les fils dès lors que nous avions quitté Jaya. Je n'arrivais pas à savoir si ma désertion était un objectif de sa quête ou justement un contretemps qui l'avait empêchée d'atteindre son objectif, toutefois cela avait semblé la ravir dans tous les cas. Qu'importe ce qu'elle avait fait, nous étions là aujourd'hui, passant toutes les deux par la fenêtre ouverte de la verrière afin de nous introduire dans le bâtiment principal : une grande bâtisse en briques brunes qui respirait le luxe de l'intérieur comme de l'extérieur.
« - C'est à partir d'ici que cela va commencer à être difficile. Je sais où le trouver et combien d'hommes gardent la baraque, mais O'Murphy change les tours de garde tous les mois et je n'avais pas prévu d'opérer aussi vite.
- Je suppose que nous n'allons pas avoir le choix de nous salir les mains. Par chance, c'est mon métier. »
Le Cipher Pol 9 m'avait bien formé à ce genre de procédés. J'avais le sang d'un grand nombre d'innocents sur les mains, certains massacrés au cours de missions d'infiltration.
L'entrée des serres se faisait par un long couloir d'où n'émanait aucun son. À première vue, car le haki de l'observation m'indiqua la présence d'escargocaméras à plusieurs endroits stratégiques de la pièce, ce qui expliquait l'absence d'âme qui vive.
« - Bon sang, ils n'étaient pas là auparavant. Sloan doit être devenu encore plus parano.
- Pas le choix, je pense, il va falloir signaler notre présence. Cela va sûrement donner l'alerte et nous empêcher de repasser par Marie-Joie au retour.
- Heureusement que j'avais prévu ce cas de figure, » sourit la rouquine tout en portant la bouche à son poignet, dévoilant son minuscule communicateur : « Kilo Juliette à Victor Bravo, vous êtes en poste ? »
Je soulevais un sourcil, me demandant bien qui était au bout du fil. Toutefois la voix qui sortit de l'escargophone ne laissait planer aucun doute : nos alliées que nous avions laissées au G-0 n'en avaient visiblement pas fini avec nous.
« - Victor Bravo à Kilo Juliette, bien arrivées au point de récupération. »
Je comprenais mieux et me satisfaisais en réalité de cette option plus que de la première : il n'avait jamais été question de repasser par la capitale du Gouvernement Mondial. Notre retour se signerait par un simple saut dans le vide. Il y a encore quelques années, la simple idée de sauter du haut de Red Line m'aurait semblé suicidaire, mais mes derniers entraînements au Haki avec Raoul faisaient à présent passer cela pour du pipi de chat. Si j'avais su que je devrais un jour être reconnaissante pour les risques insensés des formations du bonhomme...
« - Bon, eh bien dans ce cas je crois qu'il est temps d'entrer en scène.
- Vous êtes bien meilleure que moi à ce jeu-là, Directrice Sweetsong. »
Je lâchai un ricanement. Ce titre était la relique d'un temps révolu, au même titre que mon nom : celui d'un chien fidèle du gouvernement. Il était temps de porter un grand coup à cette identité et d'embrasser ma nouvelle existence.
« - Annabella Sweetsong est morte, le seul nom qu'il me reste est celui d'Elanor Bonny. »
Pénétrer dans Marie-Joie n'était pas un problème, mais en sortir avec notre prise sans nous faire remarquer était un poil plus coton. La cornue affirmait connaître l'emplacement de notre victime et avoir peaufiné son plan jour et nuit depuis des années pour nous assurer un enlèvement rapide et efficace. Connaissant l'administrateur, je ne l'aurais jamais parié et affichais une certaine perplexité, mais force fût bientôt de constater qu'elle avait raison.
Nos pas nous avaient menées sous peu en bordure de la ville, dans un endroit reculé au milieu des falaises à l'extrême opposé de l'enclave des Tenryubitos. Le vent marin qui remontait Red Line portait des embruns secs et salés qui recouvraient la zone d'une fine particule blanche, transportée depuis les vagues en contrebas. Le son cristallin de la poudreuse comprimée renvoyait à une marche au milieu du désert avec la ferme impression de parcourir une étendue de neige. La tramontane était, elle, assassine et nous tranchait la peau en nous flagellant inlassablement. Cela me semblait bien un endroit choisi par le bureaucrate pour y aménager son oasis, lequel était de plus en plus visible à mesure que nous approchions.
Devions-nous faire le tour ? À priori non, car des deux gardes en poste à l'entrée, un seul demeura en plac. Avant de l'approcher, nous avions assisté à la scène depuis les épaisses haies artificielles qui bloquaient la vue et bordaient l'immense portail ; je fus surprise de voir l'agent du CP0 l'approcher sans crainte.
« - Je l'ai convaincu d'aller nous chercher un encas. Longez la façade ouest, vous trouverez une fenêtre ouverte dans la serre qui vous permettra d'entrer. »
Le pseudo-garde conclut en échangeant un regard entendu avec la cornue. J'ignorais qui était cet homme et à quoi nous lui devions sa loyauté, mais ne manquerais pas d'interroger ma comparse plus tard. Pour être un des gardes du corps du magnat, il devait rouler sa bille à son service depuis quelques années désormais.
C'était comme si tout avait été prévu avant que nous arrivions. Je soupçonnais Jones d'avoir commencé à tirer les fils dès lors que nous avions quitté Jaya. Je n'arrivais pas à savoir si ma désertion était un objectif de sa quête ou justement un contretemps qui l'avait empêchée d'atteindre son objectif, toutefois cela avait semblé la ravir dans tous les cas. Qu'importe ce qu'elle avait fait, nous étions là aujourd'hui, passant toutes les deux par la fenêtre ouverte de la verrière afin de nous introduire dans le bâtiment principal : une grande bâtisse en briques brunes qui respirait le luxe de l'intérieur comme de l'extérieur.
« - C'est à partir d'ici que cela va commencer à être difficile. Je sais où le trouver et combien d'hommes gardent la baraque, mais O'Murphy change les tours de garde tous les mois et je n'avais pas prévu d'opérer aussi vite.
- Je suppose que nous n'allons pas avoir le choix de nous salir les mains. Par chance, c'est mon métier. »
Le Cipher Pol 9 m'avait bien formé à ce genre de procédés. J'avais le sang d'un grand nombre d'innocents sur les mains, certains massacrés au cours de missions d'infiltration.
L'entrée des serres se faisait par un long couloir d'où n'émanait aucun son. À première vue, car le haki de l'observation m'indiqua la présence d'escargocaméras à plusieurs endroits stratégiques de la pièce, ce qui expliquait l'absence d'âme qui vive.
« - Bon sang, ils n'étaient pas là auparavant. Sloan doit être devenu encore plus parano.
- Pas le choix, je pense, il va falloir signaler notre présence. Cela va sûrement donner l'alerte et nous empêcher de repasser par Marie-Joie au retour.
- Heureusement que j'avais prévu ce cas de figure, » sourit la rouquine tout en portant la bouche à son poignet, dévoilant son minuscule communicateur : « Kilo Juliette à Victor Bravo, vous êtes en poste ? »
Je soulevais un sourcil, me demandant bien qui était au bout du fil. Toutefois la voix qui sortit de l'escargophone ne laissait planer aucun doute : nos alliées que nous avions laissées au G-0 n'en avaient visiblement pas fini avec nous.
« - Victor Bravo à Kilo Juliette, bien arrivées au point de récupération. »
Je comprenais mieux et me satisfaisais en réalité de cette option plus que de la première : il n'avait jamais été question de repasser par la capitale du Gouvernement Mondial. Notre retour se signerait par un simple saut dans le vide. Il y a encore quelques années, la simple idée de sauter du haut de Red Line m'aurait semblé suicidaire, mais mes derniers entraînements au Haki avec Raoul faisaient à présent passer cela pour du pipi de chat. Si j'avais su que je devrais un jour être reconnaissante pour les risques insensés des formations du bonhomme...
« - Bon, eh bien dans ce cas je crois qu'il est temps d'entrer en scène.
- Vous êtes bien meilleure que moi à ce jeu-là, Directrice Sweetsong. »
Je lâchai un ricanement. Ce titre était la relique d'un temps révolu, au même titre que mon nom : celui d'un chien fidèle du gouvernement. Il était temps de porter un grand coup à cette identité et d'embrasser ma nouvelle existence.
« - Annabella Sweetsong est morte, le seul nom qu'il me reste est celui d'Elanor Bonny. »
Dernière édition par Annabella Sweetsong le Ven 15 Jan 2021 - 9:44, édité 2 fois