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[Mission]La guerre des roses

Un homme, roux, cheveux courts et une barbe de quelques jours, est assis sur un trône. Habillé dans l’habit traditionnel de son clan, un tartan en dégradé de gris au noir et l’emblème de sa famille (une salamandre entourée de flammes) sur l’épaule. Cet emblème se répète inlassablement sur les armoiries, tentures et autres tapis disposés aux quatre coins de la salle majestueuse.

Dehors, un ciel bleu, parsemé de nuages, laisse échapper ses rayons jusqu’au visage de l’homme. Posant sa main sur son front, il observe ses deux invités et réfrène un soupir. Invités qu’il aurait préféré ne pas avoir aujourd’hui, ni hier et encore moins demain.

Les murs, poinçonnés de fenêtres aussi hautes que deux hommes, encadrent une double rangée de colonnes menant jusqu’au souverain surélevé d’une demi-douzaine de marches en pierres brutes. Ses pieds tendus reposent sur un long tapis rouge, encadré de gardes, menant jusqu’à la porte principale, gardée elle-aussi.

Au pied de l’escalier, deux hommes, vêtus de leur tenue cérémonielle, s’ignorent l’un et l’autre. Espacés de la largeur du tapis, ils ne se donnent même pas la peine de jeter un coup d’œil à l’autre. L’un arbore des couleurs opposées, rouge et vert, le second est, quant à lui, strié d’un mélange des plus éblouissant fait de bleu, vert et rouge.


Le bicolore fait un demi pas en avant, il arbore une tête de lion couronnée sur sa poitrine :

-Laird Douglas, regardez par vous-même les avantages d’un mariage entre mon clan et le vôtre. Nous sommes tous les deux des hommes de valeurs, de principes et une alliance, entre votre magnifique fille et moi, engendrerait bien plus d’avantages qu’avec ce pauvre chevalier. Regardez la situation en face, le clan Fraser est à l’abandon et risque de basculer dans l’oubli d’une année à l’autre.

Le tricolore, endossé de trois fleurs de primevères, ne peut retenir une moue colérique en clouant son regard sur son adversaire. Pour cause, il est chevalier anobli du clan Fraser. Dans un reniflement bruyant, il prend la parole :

-Laird Douglas, il est vrai que notre clan vit en ce moment une période difficile. Cependant, lequel n’a pas vécu de jours sombres ? Je n’ai pas besoin de vous rappeler, ainsi qu’à l’assemblée…, que notre pays a chaviré dans La Guerre suite à la mort « suspecte » d’Alexender MacGregor. Le clan Fraser n’est, certes, plus aussi rayonnant mais tous nos espoirs sont dans les Dieux et cela n’est qu’une passade. Vous autres, MacGregor, étiez et serez toujours avides calculateurs…

-Avides calculateurs ?! Comment osez-vous chevaliers d’haillons !
-Retirez ça de suite ou je vous pourfends d’un seul cou…
-SILENCE !

Les deux hommes se taisent illico, se tournent vers le suzerain du royaume avant de s’incliner poliment. Le Laird Douglas en a marre de ces jeux. Il se sait obligé de faire marier sa fille. De nombreuses années ont passées et il doit trouver un héritier au trône. Père de deux filles, il voudrait s’évader, ne plus avoir cette couronne sur le crâne. Il voudrait ne plus avoir tous ces hommes et toutes ses femmes sous ses ordres et à s’occuper.
Les deux hommes, en face de lui, ne lui plaisent pas. Il sait la déchéance récente des Fraser, le manque de nourriture et les difficultés croissantes sur ces terres. Il sait aussi l’ambition des MacGregor, principalement de son chef, Duncan, de ses jeux de sourires et mains basses. Il sait aussi qu’il sera, bientôt, au pied de l’autel. Il n’a déjà fait que trop durer. Repoussant tant bien que mal les assauts des prétendants, prétextant une mauvaise santé (fausse) de sa fille aînée, des problèmes internes à régler d’urgence, les refus de sa fille et autres supercheries.

Les pressions sont de plus en plus fortes. Quand il y pense la nuit, l’empêchant de trouver le sommeil avant une heure tardive, aucun choix ne lui convient. Les uns ne lui apportent que peu d’avantages politiques et militaires mais sa fille serait certainement plus heureuse. Inversement pour les autres. Garder ses ennemis proche mais, au détriment de sa princesse ? Il n’ose s’y contraindre.


-Laird Douglas ? Il nous faut sav…

La porte s’ouvre d’un bruit sec. Deux hommes en armure, épées à la ceinture et écus à la salamandre de feu dans le dos, ils transportent à bout de bras un homme blond habillé d’une veste marron, d’un simple pantalon beige et tenant contre sa poitrine une malette en cuir. Pas de tartan, pas de signe de noblesse ni distinctif. Ils s’avancent d'un pas décidé jusqu'au trône :

- Il est bizarre ce sol... il est pas palpable …


Dernière édition par William White le Dim 26 Sep 2021 - 11:33, édité 1 fois
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Quelques secondes plus tôt :

-Garde 1 : L’entrée est interdite.
-Sérieux ? J’ai besoin de parler au Laird Douglas.
- Garde 1 : C’est pas possible.
-Et pourquoi ?
- Garde 1 : Parce que…
-Parce que quoi ?
- Garde 1 : Parce que… point.
-C’est pas une réponse.
- Garde 1 : Si. Maintenant dégage.
-Toi dégage…
- Garde 2 : Il est en réunion.
-Annoncez lui ma présence au moins…
- Garde 1 : Non.
-Pourquoi ?
- Garde 1 : T’es un étranger.
-Et alors ?
- Garde 1 : J’aime pas les étrangers. Il crache à mes pieds. Son camarade le regarde désappointé.
-Toi aussi t’aimes pas les étrangers ?
- Garde 2 : Non, moi j’m’en fous.
-Si tu t’en fous laisse-moi entrer…
- Garde 2 : J’peux pas, Laird Douglas est en réunion.
-Quel genre ?
- Garde 1 : Le genre qu’on peut pas déranger du con…
-Tsss.
- Garde 2 : Réunion pour le mariage de sa fille.
-Et après ?
- Garde 1 : Après quoi ? T’as pas fini avec tes questions ?
-Jamais. Après il a une autre réunion ?
- Garde 1 : J’sais pas.
- Garde 2 : Après c’est fini pour aujourd’hui…
-…
- Garde 1 : …
- Garde 2 : …
- Garde 1 : Bon, tu vas te casser ?
-Faudrait faire quoi pour que je rentre ?
- Garde 1 : Laisse tomber et du balai, tu nous pompes l’air.
- Garde 2 : Faudrait qu’on soit obligé de lui demander ce qu’on fait de ton cas…

A peine a-t-il fini sa phrase que ma main vient frôler le visage du plus véhément. Le retour de bâton ne se fait pas attendre. Il me décroche une violente mandale laquelle manque de me faire tomber en arrière. L’instant d’après, un uppercut dans l’abdomen me coupe presque le souffle et les voilà qui me choppent par les bras.


Quelques minutes plus tôt :

Au pied d’une des citadelles entourant le château, l’un des bastion de défense du clan, je lève la tête impressionné par la construction. Si l’on m’avait dit que j’aurais, un jour, la chance de voir un tel édifice… Jamais je ne l’aurais cru, ni même envisagé. Entre l’île aux esclaves et Alba, je suis bien loin du monde, finalement petit, de Poiscaille. Le contenu de la lettre, envoyée par mon frère, que je garde constamment sur moi, m’a poussé à partir de mon bocal. Les vérités crues, douloureuses, n’ont été, pour le moment, que bénéfiques. Il faudrait que je le remercie. Comment ? Je n’en ai pas la moindre idée sachant que j’ignore tout de ses activités jusqu’à sa localisation.

Ma présence ici n’était pas prévue. J’avais dans l’idée de poser des questions directement aux pêcheurs, récolter des informations et pourquoi pas apprendre leurs différentes techniques sur le tas. J’ai vite déchanté et pris conscience de la réalité : nouvelle île, nouvelle culture. Ici, je ne suis pas en terrain conquis et ne peux arriver en espérant que tout se déroulera comme prévu.
En questionnant les habitants, je me suis vite rendu compte de leur méfiance, de leur retenu à mon égard et surtout de leur fierté. Malgré mon habileté aux mots, je n’ai pas eu la moindre once de renseignement, pas le moindre indice dès que mes interrogations s’enroulaient doucement autour de leurs techniques centenaires voir millénales.

Pour seule indication, je n’ai eu le droit qu’à me faire diriger vers le château du maître de ces terres : Laird Archibald Douglas. La raison ? Simple comme bonjour. Si je n’ai pas son approbation, aucune de mes demandes n’aura de réponse. Et, si je n’ai pas de réponse, je ne pourrais prétendre à me distinguer des autres pêcheurs de Poiscaille. Et, autrement dit, je l’aurais dans le cul.

Bon, quand faut y aller, faut y aller…



Quelques heures plus tôt :

Dans une charrette, je suis entouré de plusieurs natifs qui me regardent l'air mauvais. Je sens que je ne suis pas, contrairement à mes attentes, le bienvenu.
Nous avançons le long d'un chemin sinueux entre les sapins et autres conifères qui dominent la route rocailleuse.
Par instant, notre traversée du pays rencontre le passage de paysans, agriculteurs, chasseurs et autres métiers en tout genre tel qu'un berger, son troupeau nous oblige à une halte.

D'une forêt dense aux arbres ancestraux, nous débouchons sur une plaine verte où le vent joue aux vagues avec les brins d’herbes. Quelques arbustes, ici et là, font résonner leur feuillages dans une harmonie reposantes.
Quelques oiseaux planent un instant à notre zénith, je crois même distinguer un aigle, avant de bifurquer et disparaître sous le relief vallonné par le temps et les hommes.

Au loin, mon regard est attiré par un lac scintillant en contre-bas de notre périple. Une tâche sombre se déplace sous l’eau, un banc de poisson j’imagine, tandis qu’un certain nombre d’habitants frétille sur les berges. Certains sont tranquillement installés, canne à pêche en main, et attendent en discutant. D’autres nettoient le linge tandis qu’une ribambelle de mioches s’agitent et jouent aux chevaliers, cueillent des fleurs ou je ne sais quoi pouvant sortir de leur imagination débordante.
 
J’ose demander son nom : Loch Obha (Loch veut dire lac dans l’ancien dialecte Alban), me répond un co-voyageur d’une voix grave et sèche. Ouais, ils n’ont pas l’air familier avec les étrangers. Je ne mettrai pas tout le monde dans le même panier. J’espère qu’ils ne sont pas tous du même tempérament et que le clan Douglas sera plus accueillant...



Quelques jours plus tôt en mer :

De Poiscaille, j'ai embarqué sur un navire de pêcheurs. Ce dernier, après m'avoir laissé sur une autre île, j'ai réussi à me faire embarquer sur un convoi allant directement à ma destination : l'île d'Alba.

Elle apparaît au loin, découpant l'horizon de ses pics rocheux. Malgré la belle saison, la neige y est éternelle. Deux pics, immenses, se dressent dans la partie nord de l'île comme deux avertissements aux voyageurs. Le reste est recouvert d'un manteau vert intense. La topographie joue au yo-yo. On y devine des plateaux se fondent en collines. Les vents nous parvenant au visage appelés vents de Helm, d'après le capitaine, sont emplis de senteurs de sapins et de bruyères. Alors j'imagine des vallées forestière et des côtes abruptes, à la végétation basse, découpées par les va-et-vient des marées.

Le navire entame son entrée : Port de Glaschù, point névralgique mais non ma destination finale.
Il zigzague entre les récifs et les îlots vides éparpillés aléatoirement. Au-dessus de nous, les mouettes entament leur danse, dans leurs cris de joie, pensant que l'on ramène du poisson... J'aime déjà cet endroit bien différent de mon île natale.



Quelques semaines plus tôt sur Poiscaille :

-T'es sûr de c'que tu me dis là Ator ?
-Ouep...
- Ils salent le saumon et le font fumer pour le conserver ?
-Ouep...
-Et c'est une tradition millénaire ?
-Ouep...
-Du clan Dol..Douglas, c'est ça ?
-Ouep...
-L'île d'Alba tu m'dis ?
-Ouep...
-Sur East Blue ?
-Ouep...
-Combien de temps pour s'y rendre ?
-Hum... 4 semaines.
-Quatre !
-...Ouep.
-Tu sais c'que j'aime chez toi ?
-Nop...
-Ta loquacité...
-Héhé...


Dernière édition par William White le Sam 22 Mai 2021 - 10:49, édité 2 fois
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Les deux gros bras me jettent au sol et me retrouve à plat ventre sur le tapis. Coup de bol, dans le fond, la pierre aurait été bien plus douloureuse. Je relève la tête et aperçois un homme imposant, une couronne sur la tête. Il se dresse de toute sa droiture et pose des yeux inquisiteur à mon égard. C'est le moment de faire bonne impression, sourire aux lèvres je capte son regard :

- Enchanté, White, William White.
- Garde 1: Ferme là ! Il me donne un coup de latte dans les côtes me faisant rouler, dans un grognement douloureux, sur le côté.
- Arrête.
- Garde 1: Mais... Mon Laird...
- Pourquoi l'avoir traîné jusqu'ici ?
- Garde 1: Un étranger mon Lai...
- Pas toi...
- Garde 2: Mon Laird, cet étranger a... agressé Brön.
- Et pour qu'elle raison et pourquoi cette hésitation ?
- Si je peux me perme...
- Brön : Tais-toi fumier ! Nouveau coup d'latte.
- Kuf Kuf, jolies... Kuf, jolies savates.
- BRÖN ! Dernier avertissement. Encore un écart et je te renvoie de la garde.
- Brön : Mais... Bien, mon Laird.
- Alors ? Pourquoi ?
- Garde 2 : Il insistait pour rentrer malgré nos refus. Et, dès que je lui ai dit qu'on serait obligé de venir vous trouver, mon Laird, pour savoir quoi faire de son cas, il a... Volé le nez de Brön. Malgré la géhenne, je fixe mon bourreau et lui lance un sourire en coin de provocation.
- Volé le nez?
- Garde 2 : Oui mon Laird, comme nous faisons aux enfants. Alors, nous l'avons rapidement maîtrisé mon Laird.
- Bien... Sortez... Tous.

Tout le monde se regarde interloqué. Est-ce une blague ? Une vraie requête ? La discussion précédente n'était pas finie et les deux protagonistes ne semblent pas avoir eu réponse convenable. L'un d'eux, un lion sur la poitrine, ose :

- Laird Douglas... Qu'en est-il de la question du mariage ?
- Seigneur Henry MacGregor, Chevalier Sloky Cray, veuillez m'excuser. Cet homme a agressé un de mes hommes, il me faut régler cette affaire immédiatement. Nous reprendrons notre discussion un autre temps.

Les deux hommes se regardent déconcertés. Le premier, le Henry, me regarde noir tandis que le second, dans un reniflement sonore tourne les talons sur le champ ne dégnant poser ses mirettes sur moi. Les gardes, quant eux, s'inclinent. Dans un tour d'œil, j'observe les lieux. Impressionnant. Seuls, seuls... Faut le dire vite, de nombreux gardes restent fixes comme leur lance. Le seigneur s'approche tandis que je me redresse doucement. Il tend une main que j'attrape et, l'autre sur mon coude, m'aide à me relever. Je lâche un faible remerciement.

- Ce serait à moi de te remercier jeune homme. Tu m'as évité une discussion des plus délicates.
- J'imagine que vous ne souhaitez pas marier votre fille avec l'un d'eux...
- Il est vrai mais... Comment avez-vous deviné ?
- Monsieur Douglas.
- Laird Douglas.
- Ils ont abordé une affaire de mariage. Ces deux hommes étaient richement vêtus. D'plus, les couleur de vos... Comment s'appelle ce vêtement ? J'imagine que ce n'est pas une jupe...
- Haha ! On appelle cela un tartan.
- Merci monsieur, pardon... Laird Douglas. Je suis pas encore rompu à toutes vos traditions... Les couleurs de leurs tartans et le votre sont toutes trois différentes. J'en déduis qu'ils appartiennent à d'autres clans. Enfin, votre empressement à les renvoyer et sauter sur l'occasion de ma présence en dit long... Laird Douglas, je ne suis pas un combattant d'exception mais je sais compenser par la réflexion.

Il reste silencieux quelques secondes avant de hocher la tête et retourner sur son trône.

- Bien... William. Il s'assoit, le coude sur le rebord et son menton appuyé sur trois doigts. Qu'est-ce qui t'amène de si urgent pour avoir pris le risque de finir dans un cachot ?
- J'imagine que, si je suis pas dans une de vos geôles, c'est uniquement par chance de vous avoir débarrassé de ces prétendants? Il concède d'un simple mouvement de tête mais, à sa moue, il faut que j'accélère.- Laird Douglas. Ma présence est simple. J'suis un marchand de Poiscaille sur West Blue. J'ai appris l'existence de vos techniques de pêche et aurait aimé les apprendre...
-...
-...
- C'est tout ?
- Oui.
- HAHAHA ! Jeune William, je dois bien avouer que tu ne manques pas d'audace ! Risquer le cachot pour simplement apprendre nos techniques de pêche ! Haha. N'aurais tu point pû attendre demain ?
- Seigneur, une entrée remarquée marque plus les esprits que mille mots. De plus, le temps c'est de l'argent.
- Je vois et suis désolé mais, je ne peux rien faire pour toi.
- Vos gens m'ont pourtant dit de m'adresser à vous !
- Je comprends ton incompréhension. Sache que beaucoup refusent encore la présence d'étrangers, ce que je ne conçois pas, c'est une vision dépassée. Seulement nos lois sont telles que je ne peux encore te donner mon accord.
- Que dois-faire alors ?
- Si tu veux vraiment être accepté parmi nous et découvrir nos secrets, il te faut aller sur l'île de nos druides et passer leur épreuve d'initiation. Ils sont garant de nos lois et seuls capables de les changer.
*C'est quoi encore cette connerie ?*

À en voir ma tête, il reprend ses explications.

- Vois-tu, chaque étranger est libre de fouler nos terres de leurs pieds, tant qu'ils respectent nos lois. Seulement, il sera toujours étranger. S'il veut, en dehors des ports tenus en coopération avec la Marine, vivre parmis nous, s'il veut apprendre nos savoirs, s'intégrer, se marier ou tout simplement monter son entreprise, il doit passer cette épreuve.
- Bien, je n'ai pas le choix apparemment... Comment dois-je m'organi...

Une porte discrète s'ouvre bruyamment. Cachée par une colonne, je ne l'avais pas remarquée. De ce petit coin secret, une fille, blonde, aux yeux bleus et oreilles percées sobrement déboule comme une furie dans la salle du trône :

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- PÈRE ! JAMAIS JE NE ME MARIERAI AVEC L'UN DE CES SOTS !
- Du calme ma fille...
- NON ! Je ne me calme pas ! Je ne veux pas être l'objet d'une quelconque alliance sans avoir mon mot à dire ! Je vais voir les druides !
- Bonjour ?

Elle se retourne vers moi énervée avant d'aborder un air surpris. Elle ne s'attendait sûrement pas à trouver un étranger au lieu de ses deux prétendants.

- C'est qui lui ?!
*Sacré caractère la princesse...*
- Kate ! un peu de respect pour nos invités... Il s'agit d'un étranger voulant apprendre certains de nos savoirs, William... William comment déjà ?
- White, William White.
- Il va donc chez... Je l'accompagne !
- Quoi ? Non !
- Je l'accompagne, un point c'est tout !
- Et moi je te dis non !
- Je changerais la loi, que tu le veuilles ou non. Nous sommes en 1628 ! Les lois doivent changer !
- Si je peux me permettre Laird Douglas... Cela ne me dérange pas, surtout que je ne connais pas le chemin...
- Ah! Tu vois ! Je l'accompagne.
- Pffff... Tu es comme ta mère. Quand tu as une idée en tête, rien ne peut te l'enlever. J'imagine que, quoique je dise, cela n'y changera rien ?
- Rien !
- Bon... William, je te confie ma fille.
- Je n'ai pas besoin d'être surveillée ! Ni part tes gardes, ni part cet étranger !
- C'est ma condition. Pour toi comme pour lui.
- Grrrrr
- William, après avoir réussi l'épreuve, je dois encore donner mon accord. S'il arrive quoi que ce soit à Kate... Je pense que tu as compris.
- Limpide Laird Douglas... Limpide.
- Toute action a des répercussions, voilà la réponse des dieux à ton audace.


Dernière édition par William White le Sam 22 Mai 2021 - 11:57, édité 1 fois
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Logé dans une chambre sans artifice, je réfléchis aux jours à venir. J'imagine le temps pour aller jusqu'aux vieux druides et leurs épreuves. Serait ce un duel de force ? Un duel de logique ? Pour ma part, j'espère juste une discussion au coin du feu en sirotant un breuvage de leur concoction. S'ils vivent reclus, il y a de grandes chances pour qu'ils aient développés une ou deux recettes cachées. A moins qu'il ne s'agisse d'un renferment de type pénitence et là, j'l'aurais dans l'os. D'un mouvement sec, je raffermis mon seul et unique coussin (un peu radin ça vu la gueule du palais) avant de me tourner sur le ventre et enfoncer ma tête dans l'oreiller.

* Comme on dit, on verra bien demain.*

Le matin pointe son nez et je suis réveillé avant le soleil par plusieurs coups violents à la porte. Une voix, féminine, que je reconnais être celle de Kate Douglas me parvient à travers le bois brut.

- Debout là dedans ! On part dans une heure !
*Super...*
- J'AI DIT DEBOUT !
- J'AI ENTENDU !
- BIEN !
- BIEN !

À la sortie du château, elle m'attend dans une tenue bien différente de celle d'hier. Pas de robe, pas de joli soulier, aujourd'hui elle est équipée pour la chasse et la randonnée. Un arc à l'épaule, plusieurs flèches dans un carquois, elle me tend un sac sans un mot à mon approche.

* C'est moi ou elle m'a en grippe ?*

Une fois l'objet en mains, Kate réalise un demi-tour sec et s'éloigne vers la sortie de la ville entourant les fortifications.

- Bon. On va te prêter un cheval. J'imagine que tu n'en as pas...
- Pourquoi j'en aurais un ?
- Pour aller voir les druides...
- On y va à cheval ?
- Comment voudrais tu y aller autrement ?
- À ROULETTES, Hum, pardon. J'ai gueulé non ?
- ...
- ...
- Tu ne sais pas monter à cheval ?
- Je sais pas monter à cheval.
- On est pas arrivé... Tu sais faire quoi sinon à part parler ?
- Hey hey, doucement. J'suis pas un de tes prétendants.
- Heureusement !
- Et je te signale que c'est toi qui à voulu venir avec moi.
- J'ai sauté sur l'occasion, voilà tout.
- T'aurais pu y aller quand tu veux voir les druides, voilà tout...
- Tu ne connais pas nos lois ! C'est interdit pour une femme d'y aller seule !
- ... C'est con.
- Oui c'est con. Maintenant avance, on va perdre du temps de route avant la nuit.
- Mais... Il fait même pas jour !!
- Oh, excusez moi. Môssieur William n'est pas habitué à se lever de bonne heure ?
- Excusez moi, Priiincesse, si je ne correspond pas à vos critères élitistes...
- Grrr
- Ahah, on n'a plus rien à dire ?
- On verra bien ce soir tes cuisses...
- Pourquoi ce soir ?
- On approche de l'étable. Elle est juste là-bas.
-... Hey !... Pourquoi ce soir ?!

...

Plus je me rapproche, à demi-pas non rassuré, de la bête, plus sa taille m’impressionne. J’ai devant moi près de six cents kilos de muscles.

- Le premier contact est essentiel, surtout ne stresse pas sinon il le serra aussi.
- Calme et détendu alors ?
- C'est ça.
- Tu dois lui faire comprendre que vous allez former une équipe... Bien, maintenant tu poses ton pied gauche dans l’étrier... Voilà. D'une main tu tiens son crin et les rênes... Parfait. Et là, tu pousses !

D'un geste élégant, Kate s'élève dans les airs et retombe, l'air de rien, sur la selle de sa monture. Dans cette position des plus désagréable, l’animal me parait encore plus grand.

*Un escabeau ne serait pas de refus... Par contre, bonjour la honte.*

Je pousse de toutes mes forces sur ma jambe. Une fois, deux fois, le cheval avance d'un pas, manquant de me faire basculer et me forçant à le suivre à cloche pied.

- Putain, arrête de bouger !...
- Dépêche toi William, on a pas toute la journée !
- Excusez moi, priiincesse, si je n'ai pas eu la chance d'avoir un père Laird possédant un harras !

J’y suis arrivé ! En une seconde, je viens de doubler ma taille. Je dois bien avouer que cette sensation n’est pas pour me déplaire. Le dos bien droit, je suis fier et n’arrive pas à décrocher mon sourire. C'est une étrange sensation, comme l’impression qu’ensemble nous sommes les rois du monde.

- Bien... Reste concentré ; je ne peux pas me permettre que tu me ralentisses.
- Bien priiincesse...
- Et arrête de m'appeler princesse avec cette intonation !

Remarque bête mais, je viens de me rendre tout juste compte que c’est bien la première fois que je monte sur un être vivant. Il a sa propre personnalité que je dois au plus vite comprendre. Je sens sa respiration gonfler ses côtes, ses oreilles traquent le moindre bruit et ses mouvements de tête me surprennent.

- Môssieur est prêt à y aller ?

Sur ses mots, nous entamons notre périple.
Il bouge et je ne le contrôle pas. À tout moment, il pourrait m’emmener où bon lui semble. Heureusement pour moi, le cheval est obéissant et suit celui de Kate par habitude.
Les jambes de l'équidé sont fortes, je dois reprendre le contrôle.


- William, enlève moi ce sourire crispé, respire... C'est bien, maintenant reste flexible et contracté.
- Flexible et contracté, flexible et contracté, tu en as d'autres des conseils à la con comme celui-là ?
- Trouve le savant mélange pour ne pas le faire stresser mais qu'il comprenne que c'est toi le leader... C'est pas gagné...

...

Cela fait maintenant plusieurs poignées de minutes que nous sommes sortis de la ville. D'un simple mouvement, Kate et sa monture prennent de la vitesse. Ça ne m'a pas l'air si compliqué.

*Qu'est ce qu'elle m'a dit déjà ?*

D’une simple contraction de mes genoux sur ses flans et le voilà parti au trop. Je n’étais pas prêt, mais pas prêt du tout. L’impulsion me fait reculer dans le fond de ma selle.

*Contracte les abdos et épouse le mouvement, contracte les abdos et épouse le mouvement...*

De lui même, il me donne la cadence de la marche : un deux, un deux, un deux. Je contracte mon bassin afin de donner la puissance nécessaire à mes jambes pour me soulever sur le tempo.

* C'est un vrai tape cul ce truc. Heureusement qu'y une selle.*

...

La journée est bien amorcée et le soleil entame désormais sa descente vers l'horizon. Après une pause salvatrice, pour mes jambes et mon ventre, nous reprenons notre chemin. L'atmosphère, tendue du début de journée, se décontracte petit à petit. Mon intéressement à leurs coutumes, leurs lois et histoire à la fois réelle comme mythologique a permis l'ouverture d'un dialogue. Un va et vient entre nos deux îles, vision du monde et anecdotes.

Tout va bon train lorsqu'une prairie s'offre à nous. Trop absorbé par notre conversation et mon monologue sur le commerce, je n'entends pas son conseil. Intrigué par la répétition de ce dernier, je tourne la tête afin de lui demander de me le donner une troisième fois qu'il est trop tard. Le cheval, sur lequel je suis, prend le galop...
En l'espace d'une seconde, son souffle s’accélère et je prends conscience de l'étendu qui s'offre à nous.

Au bout du champ, je vois la mort.

Je le sens et le comprends. Il ne peut résister à cet air de jeux. J’ai à peine le temps de coller mes fesses dans le fond de la selle, qu’il se lance dans une répétition de foulées allongées. Tout son corps, chaque muscle, chaque nerf est étiré à son maximum.

Le visage crispé, je vois la mort.

Instinctivement, je tente de trouver mon équilibre. Ma tête se colle à son encolure, mon ventre parallèle au sien. Les rênes toujours en main, j’ai besoin de m’accrocher à son crin. La vitesse est telle que je me retrouve les yeux à demi ouverts à cause du vent fouettant mon visage. À cette allure, je ne contrôle plus rien. Je ne peux que m'accrocher autant que possible.
J’ai besoin de faire une pause, que ça s'arrête. Je me surprends à crier pour calmer la cadence.

Et je la vois sourire.

Les jambes en coton, je sens que la fin est proche. Est-ce un saut ? Une alternance dans la rythmique de ses sabots ? Quoi qu'il en soit, je bascule. La tête à l'envers, la mort me tend sa main.
Est-ce elle ou bien moi qui défi la gravité ?

La question, à peine posée, s'évanouit aussitôt. Le choc est rude, brutal. Freiné sec dans mon élan, je roule sur moi-même. Mes jambes passent au dessus de mon corps. Mes bras tentent tant bien que mal de ralentir la course mais ne me servent à rien sauf, peut être, protéger mon visage.

J'entends le maudit animal s'éloigner, hennir de plaisir sans poids sur les épaules. Tandis que d'autres sabots s'approchent. La voix de Kate me parvient brouillée. Le cul par terre, jambes tendues, je me redresse doucement. J'entends son rire et je sens sa main enlever des brins d'herbes de mes cheveux :


- Tout va bien, rien de cassé ?
- Je... Je crois.
- J'aurais aimé voir ta tête ! C'était une sacrée chute en tout cas.
- Moques toi, vas y. En tout cas j'ai mal partout.
- J'ai déjà bien ri mais je ne pense pas que tu m'aies entendu ahah. Maintenant que tu es tombé, faut y retourner.
- Jamais je remonte sur ce canasson de malheur.
- Tu préfères 5 jours de route avec ce canasson de malheur ou bien le triple à pied ?
- Bon... Il est où ce canasson du démon ?


Dernière édition par William White le Mer 12 Mai 2021 - 9:49, édité 2 fois
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Les jours suivants se ressemblent : canasson, camping sauvage, tour de garde, dodo et ainsi de suite. Nous en sommes au troisième jour et j'ai les cuisses en feu. Littéralement. Le contact répété de la selle frotte mon habit qui me chauffe l'entre-jambe. Ça me brûle. Chaque pause est un soulagement... Et je vous parle pas du tape-cul routinier contre mes... Bref, passons.
Tout cela pour dire que je n'aime pas le cheval. Il en fait souvent qu'à sa tête. Partant à droite alors que je veux aller à gauche, s'arrêtant devant un ruisseau pour y boire au lieu de traverser.

Les bras croisés, je ronchonne dans mon coin. J'ai la honte. Assis en Amazone pour pas perdre ma possible descendance, les rennes sont accrochés à la selle de Kate qui dicte le chemin. Quand je la regarde, tout paraît si simple, si naturel. Elle murmure et parle à son cheval qui, sûr le champ, capte ses envies, ses pensées et réagi à ses demandes. Moi ? La seule fois où je lui ai parlé, il s'est cabré en m'envoyant valser. Alors merci bien mais non merci. Première et, je l'espère, dernière expérience.


- Pour le retour ce sera charrette !
- Ouais Ouais, on verra..

Les paysages sont grandioses. Traversant l'île du Sud au Nord, on passe à travers tous types d'environnements. De la bruyère aux fjords en contournant les pics montagneux.
Le sac de provision se vide doucement. Lors de nos haltes, j'ai la mission de préparer le feu tandis qu'elle part chasser. Elle revient, toujours une demi-heure, une heure, plus tard, avec une prise. Un oiseau, un lapin, jamais plus gros. À nous deux cela serait idiot et contre ses principes de chasser plus.
Pourquoi pas... Moi qui suis habitué à la pêche de masse, cela me paraît, à première vue superflu de se limiter mais, petit à petit, je comprends le sous-jacent et le respect lié à la terre, à leurs dieux et aux "cadeaux" qu'il nous font. Je ne dis rien sur leur existence ou non. Ça, c'est comme la politique, un sujet à la con et risque d'embrouilles inutiles.

La princesse du clan Douglas m'informe de notre sortie des terres MacQueen et de notre entrée dans celles des Mackenzie. Sur une hauteur, on aperçoit au loin deux stalagmites gigantesques qui se dressent vers le ciel : les Cairn Gorom et Navi. À leurs pieds, je suis l'endroit indiqué du doigt par ma guide, un château, le Castle Leod, demeure principal du clan. D'ici il paraît ridiculeusement petit.


- Bien. On va continuer à pied.
- Enfin !... Attends... Pourquoi ?
- La sylve est trop dense devant.
- La sylve ?
- Oui, la sylve... La forêt, le bois, le bocage.
- Haaaa, fallait l'dire plus tôt.
- Des fois je me demande ce que mon père t'as trouvé pour qu'il ne te jette pas au cachot...
- Alors, je dirais, mon audace, d'abord, ma belle gueule, ensuite, ma verbe, en troisième,...

Je continue à énumérer nombre de qualités. Vraies ou fausses, cela n'a que peu d'importance. Elle sourit de temps en temps, pique à d'autres, la conversation et la bonne humeur sont présentes et c'est mon seul objectif dans le fond. La froideur et la distance ont peu à peu disparu au fil des heures et des jours. C'est bien mieux ainsi. Je ne m'aurais pas imaginé faire tout ce trajet avec quelqu'un qui tire la gueule. Alors, je fais du mieux possible et évite de rentrer dans le tas, quitte à fermer ma gueule par moment (ce qui n'est pas de tout repos).

La lumière, filtrée par la canopée, se fait de plus en plus capricieuse à mesure que nos pas nous entraînent dans le coeur de cette futaie d'hêtres, peupliers, sapins, bouleaux et autres arbres dont j'ignore le nom. Le vent dans les branches fait respirer l'ensemble dans une harmonie calme et pesante. Comme un seul être, elle rempli ses poumons et le recrache en une mélodie de senteurs et de frottements.

Les chevaux emboîtent nos pas tandis que nous zigzaguons entre les troncs et les branches. Le sentier, quasi-inexistant, devient de moins en moins praticable. Des fougères nous entravent la route. Parfois, des arbres morts nous obligent au détour. En une occasion unique, nous croisons le chemin d'un troupeau de biches guidées par un cerf. Ses bois, en éventail, cassent les branches fragiles sur son passage et disparaissent dans les buissons en quelques bonds.

Une longue période s'écoule avant que mon cheval ne refuse de continuer. Martelant le sol de ses sabots, il tire les rennes et tente même de se cabrer. Bras tendus, je le maintiens tant bien que mal tandis que j'appelle Kate à la rescousse.
Elle n'a cependant pas le temps de se retourner qu'un grognement sourd nous parvient. Ce grondement ampli l'espace et le temps, nous figeant sur place. Une sueur froide me fait frissonner et je n'ose demander ce que cela peut être. Le canasson tire une nouvelle fois. Surpris, je me vois lâcher l'étreinte et, tandis qu'il rebrousse chemin, je reste stoïque... Putain ma malette...

Des bruissements de branches écrasées, craquées, brisées nous parviennent d'en face. Plus calme à la base, la monture de Kate commence, elle aussi, à faire des siennes. La jeune princesse en oublie le danger tandis qu'elle commence à rassurer l'animal.

Et, en parlant d'animal, un nouveau pointe son museau. Plus grand, plus gros, plus sombre que brun, il passe à travers les derniers buissons nous séparant de lui :


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Je le vois apparaître comme le rayon lumineux d'un clair-obscur. Se découpant du paysage par son pelage et son visage féroce. Il rugit, une seconde fois, avant de s'élancer dans notre direction, babines retroussées (un filet de bave coule sur le sol) et mâchoire proéminente. Kate, toujours occupée, ne se retourne qu'au son d'attaque.

Le monstre, car il s'agit bien de ça, une force de la nature ayant vécu plus d'actions que beaucoup d'hommes, se précipite. Ses quatres pattes, griffues, déchirent la terre sous son passage tandis que tout son corps se contorsionne et se contracte au rythme de sa course.


- KAAAAATE !!

Sans m'en rendre compte, je fonce, droit devant moi. Dépasse Kate et son animal apeuré. Le choc est brutal. La vibration occasionnée se répercute jusqu'à mes lombaires. Mains en avant, je bloque autant que possible l'ours. Mes paumes, entre ses crocs les plus pointus, me crient intérieurement leur douleur lorsque ses dents s'enfoncent dans ma chair. Jambes fléchies, je recule de plusieurs centimètres tandis que sa charge est ralentie. Tous mes muscles sont en tensions. Les dents serrées, au point de les faire exploser, je tente de réfréner un grognement. Inutile tentative. Le mien se fond dans celui de mon adversaire bestial.
Nos yeux plongeant les uns dans ceux de l'autre, je sens les muscles de sa mâchoire se contracter pour casser la résistance. Signe de provocation dans le monde animal, le regard fixe je le défi et l'énerve.

Il gagne du terrain, je recule encore et je sens mon sang s'insinuer, le long de mes bras, sous mes habits.
Tous mes nerfs, de mon cou jusqu'à mes doigts de pieds, sont crispés. Je tente de garder au maximum mon équilibre et ma position, de lui faire baisser le museau pour rompre son mouvement et briser son intention.

L'instant d'après, un bruit sourd suivi de celui de la douleur. Il relâche l'emprise en se redressant. Sur ses pattes arrières, il me dépasse de loin. De plusieurs sauts, je me recule tandis que le bois d'une flèche se plante dans son thorax. Il retombe de tout son poids à en faire trembler notre monde. Une nouvelle, et troisième attaque, le touche à l'épaule. Il se secoue, avance un pas. J'arme mon poing ensanglanté et montre les dents. Il me fixe. Profitant de cette seconde, une quatrième salve le calme et l'entraîne à la fuite...
L'adrénaline accumulée fait trembler les jambes et je tombe à genoux, les paumes en l'air.



Dernière édition par William White le Jeu 6 Mai 2021 - 16:06, édité 2 fois
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Sur un sentier côtier, les falaises et la végétation, façonnées par le temps et le vent, nous entourent. L'air marin a remplacé celui de l'humus humide et le cri des mouettes celui des feuilles. En contrebas, une plage de sable et de galets, sur laquelle des structures de pêche sont construites ici et là, nous invite à la rejoindre. Je fais remarquer à Kate qu'à Poiscaille les plages sont plus jolies.
Elle me serre une main (qu'elle a pansé après la fuite de l'ours). Je douille malgré la sorte de pommade artisanale appliquée. Pommade sensée accélérer la cicatrisation... Mon cul oui, le pansement est constellé de sang aux points de morsure.


...

Une barque louée, le cheval restant laissé à un fermier du coin en attendant notre retour, nous entamons notre traversée.
Le pantalon relevé, les chaussures dans l'embarcation, je pousse, avec l'aide de Kate, le rafiot en évitant d'appuyer trop fort sur les blessures. À profondeur convenable, elle me fait signe de monter. Je m'exécute et m'installe.


- Tu fais quoi là Will' ?
- Je profite du paysage.
- Môssieur compte donc se la couler douce ?
- Môssieur est convalescent Priiincesse. Dis-je dans un sourire.

Elle sourit, s'installe et commence à ramer. La mer semble clémente aujourd'hui.


- C'est vrai qu'on est bien là... Le soleil est agréable. Tu devrais te reposer héhé...
- Rigole, rigole... Et aide moi à ramer.
- Quoi ? Hey ! Non ! Houuuu lala j'ai siiii mal aux mains...
- Ne cherche pas à m'apitoyer, ça ne fonctionne pas.
- Pfff. Je risque ma vie pour vous priiincesse et voilà comment je suis récompensé...
- Si Môssieur n'est pas content, Môssieur peut toujours nager.
- Merde.
- Hahaha
- T'as le même rire que ton père tiens...
- Hey ! C'est pas sympa ça.
- Je te taquine. Ta moue faussement énervée est mignonne... Quand tu rougis aussi d'ailleurs... Ah, là, j'arrête, j'ai l'impression que tu vas exploser.
- Hey !
...
- HAHAHAHA

...

Tandis que nous approchons, nos paroles se parsèment. L'ambiance entourant l'île nous affecte. Cette brume, constante, crée une atmosphère, une tension, à la fois calme et dangereuse. Comme si nous entrions dans un lieu banni par les dieux où le danger est omniprésent.

Nous arrivons enfin sur les berges d'Eilean a’Cheò, l'île des brumes en dialecte Alban, demeure éternelle des druides. Eux qui ne quittent que rarement leur résidence.

Il y fait plus froid que sur le continent. J'observe les alentours, rien, pas âme qui vive ni signe de vie. Le sol semble, lui aussi, dénué de toute vie. La végétation est absente, fuyant cet endroit qui, à mon humble avis, semble maudit. Aucun oiseau, aucun son, excepté celui des vagues, nous parvient. Peu rassuré, je demande à Kate si nous sommes au bon endroit. Elle me répond d'un signe de tête. Ai-je brisé un charme en parlant ? Une malédiction va t'elle s'abattre sur nous ?... J'aime pas cet endroit.

Elle avance et je la suis prestement, restant qu'à faible distance pour ne pas me perdre dans cette brume encore présente. À l'orée de la plage, une ribambelle de marches, taillées à même la pierre, nous attend. Nous entamons notre périple.


* 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, ..., 17, 18, 19, ..., 25, 26, ..., 39, ..., 42, ..., 51, 52, heureusement que j'ai pas mal aux pieds... Merde.*

- Attends !
- Quoi ?!

Je redescends deux marches et reprends.

- 53, 54...
- Vraiment ?! Tu as quel âge ?
- 28 mais chut tu vas me perdre.

*54, 54, 54*

- Et puis, j'aime compter...55, 56, ...
- Dans ta tête !

*60, ..., 71, ..., 79, ..., 88, ...*

-97, 98, 99 eet, roulement de tambours, 100 !
- Non, il y en a 99.
- Attends... Quoi ? 99 ? Alors... Petit 1- tu pouvais pas le dire plus tôt ? Et, petit 2, faut que je recompte !
- Tu feras ça en repartant... Sacré commerçant qui n'arrive même pas à compter des marches.
- T'as vu leurs gueules aussi, y'en a certaines c'est à s'demander si ça en est vraiment et puis ça n'a rien à v...

Je me tais. Les portes du monastère, château, refuge, domaine, peu importe, des druides s'ouvrent comme par magie. L'intérieur est sombre. Quelques flambeaux, accrochés aux murs, me font réaliser l'amplitude des lieux. Provenant de la pièce, vide au premier coup d'œil, une voix grave, ancienne s'élève:

- Approchez princesse Douglas, vous aussi étranger.
- Comment il sait qu..
- Chut. À partir de maintenant tais toi, c'est un conseil que tu vas appliquer.
*Dans la joie et la bonne humeur... Youhou.*

Nous nous avançons vers la fameuse voix caverneuse. La hauteur des lieux amplifie cette dernière et lui donne un écho harmonique, presque religieux. L'ensemble est façonné, comme les marches, à même la pierre. Du moins pour cette partie.
Nous nous rapprochons encore et découvrons un vieil homme, derrière un pupitre et devant des bougies disposées aléatoirement à mon humble avis. Il porte une longue barbe grise touffue et une simple tunique sur les épaules.


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*S'il est nu en dessous, il doit s'les cailler.*

- Comment t'appelles tu étranger ?
- White, William White.
- Tu veux passer l'épreuve d'acceptation n'est ce pas ?
- Oui. On commence quand ?
- Bien bien. Patience avait dit la vie, patience...

* La patience commence à en avoir gros*

- Princesse Kate Douglas, que nous vaut votre venue ? Nous nous doutons bien que vous n'escortez pas cet étranger...
- William.
- ... Par bon coeur.

* Il m'ignore en plus.*

- Je veux changer une loi.
- Huhuhu, et de quelle loi s'agit-il princesse Douglas ?
- Celle de l'héritage du trône !
- J'écoute votre proposition.
- Bien. Actuellement, noble druide, une reine peut se voir monter sur le trône si le roi décède en attendant que le nouvel héritier soit en âge ou trouvé. Si il n'y a aucun héritier, il lui faut l'accord du peuple.
- C'est exact mon enfant, c'est exact. Quelle est donc votre requête ?
- Je souhaite qu'une femme ait autant de droits qu'un homme à prendre la relève de ses parents. Qu'il s'agisse d'une princesse ou de n'importe quel rang social.
- Je vois, je vois mon enfant.

Il feuillette l'énorme manuscrit posé devant lui. Dodeline de la tête en murmurant dans son immense barbe hirsute. S'arrête sur un point précis, se rapproche, approuve et change de page. Recommence son petit numéro, rouspète, change de page. Et c'est reparti pour un tour. Après plusieurs secondes qui me paraissent éternité, il se stop et relève la tête.

- Princesse Douglas. Votre proposition ne peut être acceptée.
- Quoi ? Mais... Mais... Pourquoi ?
- Afin de modifier une loi sur les successions nous devons avoir l'aval de la majorité des Lairds.
- C'est n'importe quoi !
- La loi est celle-ci.
- Vous allez me dire qu'elle va être forcée de se marier pour de vieilles traditions démodées !?
- Nos lois sont faites ainsi pour certaines raisons que seuls les Dieux sont à même de comprendre.
- J'emmerde vos Dieux et vos vieux préceptes !
- JEUNE HOMME ! Sa voix change et gonfle en un instant, ses mots résonne dans l'ensemble de la pièce autant que dans nos corps, avant de reprendre son ton habituel. - Nos lois ne vous concernent pas et votre arrogance pourrait vous coûter votre demande. Vous passerez l'épreuve et partirez sur le champ. Votre impertinence sera mise sur le compte de l'ignorance mais, nous ne l'oublierons pas. Nous n'oublions rien...


Dernière édition par William White le Jeu 6 Mai 2021 - 15:48, édité 3 fois
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Toujours dans la même salle, nous n'avons pas le droit de pénétrer plus loin dans leur sanctuaire, j'attends patiemment l'épreuve depuis deux bonnes heures.
Malgré toutes mes tentatives, Kate n'a pas décroché un seul vrai sourire. Le visage fixe, l'air sévère, elle rumine certainement les paroles de l'autre vieux con. S'imagine devoir vivre avec l'un ou l'autre des prétendants au trône. Elle sait qu'ils ne la veulent pas elle personnellement.

Ce qu'ils attendent c'est le trône, le pouvoir, marquer leurs noms dans l'histoire de l'île et tout ce qui en découle.
Dans le fond, comment pourrais-je les blâmer ? Je cherche moi-même le pouvoir à travers l'argent. Cela dit, mes méthodes sont différentes... J'espère. Ai-je blessé des gens ? Indirectement, certainement.
De tous temps, la recherche de gloire et fortune s'est faite au détriment des autres... Ou de soi. On écrase les autres, oblige, brûle sa santé pour quelques...

Mes réflexions sont interrompues par l'entrée du druide. Il s'agit du même vieil homme que précédemment à l'exception, dans ses mains, d'un bol de soupe encore fumant.


- Bois étranger. Il te faut des forces pour entamer ton épreuve.
- Et Kate ?... Pardon, la princesse Douglas ?
- Ne t'en fais pas. Nous lui apporterons en temps voulu... Maintenant bois.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une soupe et des huiles essentielles pour renforcer ton corps aux efforts futurs.
- Ça va vraiment être si rude ?

Je commence à boire. Avec un sourire sur les lèvres il m'indique d'un geste de la main de continuer mon ingestion de la décoction. Dégueulasse. Vraiment. S'ils bouffent ça tous les jours, j'comprends qu'ils soient aussi maigres. Dans un soupir de soulagement, je retire le bol du bord de mes lèvres et le lui tend. Il l'accepte et tourne les talons.

- Et l'épreuve ?
- Ne t'en fais pas, elle va bientôt commencer. Je reviendrais.
...
- Et le voilà parti ! Super. Alors avec eux c'est mystères et boule de gomme !

Je me lève et commence à faire les cents pas. Kate, toujours assise dans un coin ne parle pas, ne bronche pas d'un pouce.
J'observe la salle plus en détail. Les motifs incrustés dans les dalles, les fresques sur les murs et tout ce qui peut faire passer le temps. J'y remarque des personnifications, certainement leurs dieux, et des formes. Sûrement des légendes iconographées. Bien entendu, le seul objet vraiment intéressant, le manuscrit, a été remballé.

...

Un claquement sonore retentit. Dans un sursaut je regarde autour de moi et me découvre seul, isolé dans cette pièce aux allures fantasmatiques.

- Kate ?... Kate !? KATE !!?

Disparue, tout simplement. Comme évanouie dans l'éther, ma coéquipière de cette aventure n'est plus là. Les flammes des torches dansent dans un crépitement accentué par les échos de la salle. Je me lève, la cherche des yeux, l'appel encore. Rien.
D'un pas décidé, j'atteins la porte magistrale et tente de l'ouvrir.
Bloquée.
Des bruits de pas, dans l'obscurité du fond de la salle, me surprennent.
Personne.
J'attends.
J'avance.
J'avance, pas à pas, mes mains deviennent moites. Sur l'estrade, j'attrape une bougie posée dessus et la tend devant moi. Son faible halo n'éclaire que de quelques centimètres devant moi. La flamme danse, crée des formes d'ombres, s'amuse avec mon imagination.
J'avance.
J'avance et entends une respiration.
Faible et fragile, on croirait celle d'un enfant.


- Kate ?

La respiration s'arrête tandis que les bruits de pas, accompagnés de pleurs, résonnent à nouveau, s'éloignent et m'entrainent dans leur sillage.
J'avance encore. Toujours.
La flamme manque de s'éteindre et j'entends un rire suivi des mêmes gémissements. Ils enveloppent l'atmosphère, se font plus forts, plus intenses, plus distincts.
J'avance.
Depuis quand suis-je dans ce couloir ?
Je tourne la tête et ne vois que ce dernier. En avant ou en arrière, il n'y a que ce couloir anthracite ampli d'humidité, une odeur rance imprégnant mes narines.


- William.

La voix de Kate me parvient, inconsistante, du bout du corridor, comme un appel à l'aide.
J'avance.
Plus je me précipite, plus mon coeur se serre. Plus l'air est vicié. Ampli d'une haleine nauséabonde de putréfaction.
Plus je me précipite, plus une silhouette se découpe dans la pénombre mais ne distingue que les contours.


- Kate !

À mon appel, un bruit sec, un craquement viscéral émanant de la forme me stop dans mon élan. Mon sourire disparaît. Seule sa tête s'est tournée dans ma direction. Un point clair apparaît. Éclairée par la bougie, je distingue sa mâchoire ouverte.

Spoiler:

Je recule d'un pas. Ce n'est pas Kate.  
Un gémissement me fait sursauter et la quitter des yeux.


Spoiler:

Je ne sais plus où je suis. Ni ce que je fais ici. De la main libre je me frotte le visage.

Spoiler:

Faut il que je cours ?
Tout mon corps et en sueur. La peur me paralyse. Je cligne des yeux.


Spoiler:

Je cours.
Des pieds nus sur le sol froid me prennent en chasse. Ses pieds nues. Cette chose hideuse, déformée par l'envie, par une convoitise malsaine, me poursuit. Son rire ? Une alternance de lamentations et de plaintes.

Je tourne à droite. Manque de percuter le coin du mur et fait tomber de la cire sur ma main. Je lâche la chandelle.
Surpris une fraction de secondes, ses doigts glacées frôlent mon visage, me griffent le cou. Ses dents se plantent dans mon épaule. Dans un déchirement musculaire je me dégage et reprends ma course effrénée. Je sens mon sang perler et la brûlure associée me tirailler.

Je continue, haletant, à bout de souffle,  malgré mes jambes lourdes, mon coeur qui bat la chamade et le manque d'oxygène.
Je ne m'arrête, qu'une fois que je suis seul. Les bruits se sont arrêtés. Depuis combien de temps ? Je ne sais pas. Quel chemin ai-je emprunté ? Je ne sais plus.


- Haaa... Haaa... putain... de... bordel... de... merde...

Les paumes sur les genoux, je reprends mon souffle. Trop peu.
Un cri de haine me parvient.
Un pas, un deuxième et sa chasse reprend.
Cette fois, j'ai les jambes trop lourdes, la tête qui bourdonne et l'épaule presque arrachée.
Cette fois, je ne bougerai pas... Je ne peux plus.
Mes yeux se sont habitués à l'obscurité. Je la vois se rapprocher à toute vitesse.
Ses mouvements saccadés, cassés. Un pantin désarticulé d'horreur.


Spoiler:

Elle se jette sur moi et... Moi aussi.
...

Je me réveille en sursaut, transpirant à grosses gouttes. Au dessus de moi il y a Kate, apeurée, ma tête sur ses genoux. Je me sens pâle avec une violente douleur derrière le crâne.
Tournant la tête, je vois d'abord le bol de soupe, vide, et le druide se tenant droit comme un i.
Kate me raconte ma plongée. A peine le liquide avalé je suis tombé à la renverse. J'ai gémi, bougé et crié de douleur...
Le druide approche son visage complaisant:


- Un Alban n'est pas un homme capable de soulever une montagne mais est celui qui sait battre son ennemi intérieur... Bienvenu parmi nous William White.
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Le chemin du retour se réalise sans évènement majeur ou même mineur. A dos d’un seul cheval, les cheveux de Kate, emportés par le vent balayent de nombreuses fois mon visage et libèrent à mes narines sa agréable odeur naturelle. Je lui fais remarquer, je ne le vois pas mais imagine son sourire. Ainsi, nous avons parcouru le pays dans le sens inverse. Nous nourrissant de ses chasses et de mes maigres cueillettes. Faut dire ce qu’y est, je ne serais jamais trappeur. J’ai l’animation de la ville dans les veines.

Seul point noir, sa décision prochaine. On n’en a que peu parlé, depuis notre départ de l’île aux Brumes, mais ce sujet lui obscurcit l’esprit et les pensées. J’essaye, tant bien que mal, de lui redonner le sourire. Elle oublie le tout pendant quelques instants avant de froncer les sourcils, rattrapée par les soucis… Dommage.

A quelques dizaines de kilomètres du château Douglas, je regarde le tissu brodé, dans mes mains encore bandées, d’un motif qui m’a été offert par les druides à mon départ. Symbole de la réussite de l’épreuve. Je laisse mon esprit courir le long de mes pensées, de mes projets avant de faire le vide. Serein pour la suite, cette épreuve a boosté ma motivation et la confiance en mes capacités autant psychologiques que physiques. Je me remémore le cauchemar, la gueule de l’ours béante et odorante, mon aptitude d’apprentissage, *foutu canasson de ses morts*, la perte de ma mallette et de la lettre de mon frère, *ça me les brise ça*, de mon arrivée sur l’île et de la rencontre avec son père, de ses paroles et…


*Oh putain… !*


Les portes de la salle du trône s’ouvrent à notre approche et, cette fois-ci, aucun refus. Je regarde les gardes et fait un doigt d’honneur discret au fameux Brön en lui montrant, de l’autre main, l’insigne gagné à la sueur de mon front. Il tire la gueule sévère, ma journée est embellie.

A l’intérieur, encore ces deux rangées de gardes, qui ne nous intéressent pas, ainsi que le trio de tête : Laird Douglas, Henry MacGregor et Sloky Crayn.

Les deux prétendants tiennent encore le crachoir du pauvre chef de clan lequel, à la vue de sa tête, doit en avoir ras-le-bol. Laird Douglas, à notre entrée salvatrice, se lève d’un bon pour venir nous embrasser… Bon, il embrasse sa fille et me dit bonjour, certes, mais l'idée est là.

Les deux prétendants, après qu'Archibald soit retourné à son trône, s'approchent en paroles mieilleuses de la princesse, tirent la couverture à eux, s'inclinent. On dirait des petits chiens remuant la queue devant une friandise. Des coups d'œil interrogatoires à mon égard auxquels je réponds part un haussement de sourcil.


- Laird Douglas ! Je tends, devant moi la preuve.
- J'ai réussi l'épreuve des druides et vous demande donc votre réponse quant à ma requête.

- Félicitation. Une simple question avant toute réponse cependant... Kate, ma fille chérie, es-tu blessée ?

Elle répond non d'un signe de tête tandis que je lève mes mains pour appuyer la réponse.

- Bien, bien... Ma réponse est donc positive William White de Poiscaille. Tu pourras te renseigner auprès de mon peuple. Montre leur l'insigne que tu as dans la main. Et, si jamais cela ne suffit pas, mon chambellan te fournira un document officiel.

- Merci Laird Douglas.

Comme guidés par des fils invisibles. Les deux pantins se retournent et s'approchent, en mouvements synchronisés, vers le trône.

- Henry : Laird Douglas, votre fille revenue, il nous faut une réponse...
- Sloky : ... Cette affaire n'a que trop durée.
- Il est vrai. Il est vrai. Cependant, la réponse ne m'appartient pas... Le choix sera celui de ma fille.

D'un signe de main, il indique à Kate de venir à ses côtés. La mine triste, elle le rejoint malgré elle.

- Ma fille, ma très chère fille. Tu connais la situation et le choix que tu as à faire...

Il lui chuchote quelques mots à l'oreille, ses yeux s'embrument mais, son rang lui interdit toute larme.

Je vois Kate hésiter entre les deux hommes en tartans. Son regard bascule de l'un à l'autre. Je ne la connais que depuis peu de temps mais je sais qu'elle ne sait pas, ne veut pas et est dans l'impossibilité de choisir. La bouche à demi-ouverte, elle va prononcer une phrase, un nom :


- JE ME PRÉSENTE EN TANT QUE PRÉTENDANT !

Un ange passe, installe un silence de plomb, rompu, peu à peu, par le murmure des gardes. J'avoue me délecter des visages stupéfaits qui me font face. Les premiers à reprendre du poil de la bête sont, je vous laisse deviner, les deux têtes d'idiots.

- Henry : Inadmissible !
- Sloky : Comment oses tu étranger ?! Dit-il dans un reniflement et raclement de gorge.
- Henry : Tu mérites la pendaison pour cet affront à la princesse !
- Silence !
- Henry : Mon laird, comment pouvez-vous écouter cet...
- Laissez le parler ! Je suis chez moi et, il a réussi l'épreuve d'acceptation... Parle William de Poiscaille.

-... Kate... Tu as passé plus de temps avec moi qu'avec ces deux là réunis... Je sais pourquoi tu es venue avec moi chez les druides, pourquoi tu m'as accompagnée... Je ne suis pas noble, je ne le cache pas.
Mon objectif est de devenir riche. Je ne le cache pas non plus... La politique, cela dit, ne m'intéresse pas.
J'aime ton caractère franc et sûr de toi, de ce que tu veux. J'aime ton habileté à la chasse et que tu ne sois pas qu'une simple Priiincesse.
 

Elle a un sourire gêné.

- J'aime aussi ta présence, l'attention que tu portes aux autres, lors de ma chute, après l'ours, à mon réveil... J'aime beaucoup ta mimique quand tu retrousses ton nez à une de mes piques ou la manière dont tes joues s'empouprent...

Ton odeur aussi, que j'ai pû avoir tout le retour. Ta peau lorsque tu m'as bandé les mains...
Je pense avoir décelé des indices de ton attention pour moi en retour...
Alors, je peux te proposer notre union. Je m'occuperai du commerce et tu auras le trône. Les couronnes ne me sied guère de toute façon...
Cette foutue loi, on l'a fera voler, et toutes les autres s'il le faut...

Les druides n'oublient rien ? Moi non plus...
Alors... Même si tu as le même rire que ton père...


Elle laisse échapper un rire retenu.

Princesse Douglas, je me présente comme prétendant...
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Avant même les premiers rayons de soleil, la cuisine s'anime. Fréquentée, d'abord, par les maîtres cuisiniers et les fournisseurs prévenus la veille, puis, à mesure que les heures avancent, par de plus en plus de monde.
Des commis aux serveurs en passant par les différents chefs, les maîtres de salle, les décorateurs, les intendants et même les rejetons de ces derniers venant assister au spectacle culinaire.
Un chien, bien courageux, tente de s'infiltrer à la recherche d'un os laissé à l'abandon. Résultat de sa tentative, un coup de pied au cul vers la sortie.

Il en vient dans tous les sens, il en sort de tous les autres, les odeurs d'épices se mélangent à celles du caramel, les légumes aux fruits, les viandes avec les poissons.
Depuis longtemps, la cuisine n'avait pas vécu un champ de bataille comme celui-là. Ca crie, se pousse, se coupe, grogne, rigole à gorge déployée, pleurs sur les oignons.
Le beurre fond dans les poêles et l'huile bout de tous les côtés tandis que les aliments sont plongés dans les différentes mixtures.
Ce soir est un grand soir.
Hier, la princesse a trouvé son fiancé.
Ce soir, la liesse, dans tout le château, doit résonner...


...

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Le soir venu, tous les clans vassaux à celui des Douglas ont répondus présent. Les chefs, leurs femmes, enfants et même d'autres, dont je n'ai ni retenu le nom ni le poste, sont assis par grandes tablées.
Assis à la droite du Laird Douglas, je regarde cette animation folle.
Des enfants courent autour du banquet tandis que les serveurs n'arrêtent pas de déverser des mets et boissons de toutes sortes aux invités. Sangliers, bars, aubergines, biches, bières, porcs, moutons, dorades, merlus, vins, pommes de terre, choux, carottes, bœufs, crabes, huîtres... Tout y passe.

Cela fait déjà deux bonnes heures que nous sommes assis et je n'arrivent pas à imaginer combien de temps cela va durer et combien de kilos et litres seront ingurgités durant la soirée. La bonne ambiance est ponctuée de rires répartis aléatoirement autour des tables, de franches accolades et bruits de verres qui s'entrechoquent.


...

Le silence se fait tandis qu'un invité tape sa fourchette contre sa chope. Il s'agit d'Henry MacGregor. Je ne lui ai pas vraiment parlé mais, son attitude me déplaît. Depuis notre première rencontre jusqu'à cette soirée où il ne fait que me jetter des regards noirs. Peut être pense-t-il que je ne l'ai pas remarqué, peut être qu'il s'en fout ?
Dans tous les cas,
son aura, à mon égard, est belliqueuse, tandis qu'il reste de miel avec tous les autres personnes. Cela, même avec son ancien adversaire le chevalier Sloky Crayn, du clan Fraser, lequel semble se régaler vu son menton couvert de sauce et ses manches quelque peu poisseuse. On pourrait presque reconstituer l'ordre de son repas.
 

- Henry : Tout le monde, ici présent, n'est pas sans savoir le refus de la princesse Douglas à m'épouser... Souriez, vous le pouvez, mais je n'en tiens pas rigueur et suis même honoré d'être à ce banquet ce soir. Je souhaite, pour prouver ma bonne fois, célébrer cette union en levant nos verres. Que cette union soit durable autant que celle de nos deux clans. Et, pour cela, une dizaine des meilleurs chevaux du clan MacGregor sont actuellement en route comme cadeau de mariage ! Santé ! Et longue vie aux mariés !!

Tout le monde lève son verre, cri de joie à notre bonheur (et à leur panse bien remplie) avant de boire d'un seul trait le contenu de leur verre.
Tandis que les serveurs s'activent à réapprovisionner tout ce beau monde, un autre homme se lève avec légère difficulté, plus éméché que le précèdent, pour lui aussi discourir.


*Lui aussi... Ils vont pas s'y mettre un par un quand même...*

Sloky : Le clan... Le clan Fraser tient lui aussi... Il tient lui aussi à montrer sa bonne entente et sa cordialité au clan Douglas ainsi qu'aux futurs époux ! C'est... C'est pour c'la que... que... Ah oui. C'est pour cela que ! De la part de notre Laird et de tout notre clan, nous vous offrons une caisse de notre meilleur whisky !

Il claque des mains renversant la moitié du vin que l'on vient de lui servir. De la porte, menant aux cuisines, deux serviteurs apparaissent tenant dans leur main la fameuse caisse. Une bouteille est enlevée et présentée à notre table avant d'être débouchée et servie dans de nouveaux récipients, Kate n'en prend pas.

Je lève le verre devant moi et fait onduler le liquide. Un légère robe se dépose et colle aux parois aux lieu de glisser doucement.
*Étrange*. Je porte l'objet à mon nez, inspire, l'odeur est troublée, presque viciée. *C'est pas un bon whisky. Loin de là...* Je regarde autour du moi et découvre Archibald, à ma gauche, porter son verre à ses lèvres. D'un mouvement sec, je l'arrête.

- Qu'est ce donc William ?
- Il y a quelque chose d'étrange avec ce whisky... Je ne saurai dire mais, ce n'est pas un whisky de qualité...

Douglas me fixe avant de détourner les yeux et de faire appeler un de ses serviteur. Les rires ont laissé la place aux murmures et à un silence pesant.
Il arrive. C'est un petit homme chétif, âgé, ses yeux ridés sont surmontés d'une paire de lunette sans branches. Dans une main, un bac, dans l'autre, une fiole contenant des cristaux blancs.
Le contenu de la fiole une fois versée dans le bas, il récupère un échantillon de la boisson qu'il vide allègrement sur la poudre.
Première seconde, l'alcool imbibe le produit.
Deuxième seconde, il ne se passe rien.
Troisième seconde, la poudre semble réagir.
Au bout de dix, le contenu du bac s'est coloré de noir.


- Il me faudrait plus de temps pour connaître la teneur exact du produit mais, le verdict est formel, mon Laird, l'alcool est empoisonné...
- GARDES ! Arrêtez Sloky Crayn sûr le champ !

Le chevalier se lève d'un bond, crie au scandale, au coup monté et à l'injustice. Cela n'a que peu de valeur, les preuves sont formelles, son présent est empoisonné.
Il ne sort pas son épée, se laisse emmener par les gardes sans réticences, excepté son refus de se faire attraper par les épaules. Tandis qu'il est escorté, que tous les regards sont tournés vers lui, je capte le visage d'Henry MacGregor. Il est le seul à ne pas semblé surpris, même plutôt déçu, il me remarque et détourne le regard vers le prisonnier.

Quelque chose me dit que ce n'est que le début.


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