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[Mission] Antebellum

J'émergeais de phases de micro-sommeil, certes calamiteuse, mais toujours en vie. Lorsque j'avais un brin de lucidité, je me maudissais de ne pas avoir pris assez de temps pour étudier les prodiges de la robotique. Et pourtant, mes compétences d'armurière avaient servi... au moins pour « cicatriser » mes plaies grâce au chalumeau dissimulé dans ma paume. L'hémorragie avait cessé, mais je sentais qu'à l'intérieur tout ne fonctionnait pas correctement. Des câbles aux extrémités fondues côtoyaient des rouages en piteux état. La conséquence directe était des spasmes... ainsi qu'une perte constante d'énergie. Normalement une nuit de sommeil normale suffisait à recharger mes batteries ; désormais il me fallait des phases de repos plus longues, cisaillant mes journées de moments d'inconscience impromptus.

« - Merde... C'est pas dans cet état que je vais arriver à quelque chose. »

D'une certaine façon, j'avais suffisamment récupéré pour tenir debout et quitter ma cabine, après plusieurs jours d’alitement. J'étais étonnée d'être encore envie : non pas à cause de mes blessures mortelles, mais de lui.. ou elle. Peu importe.

Le grand jour était venu : je revoyais le soleil. Visiblement, nous n'étions pas encore arrivés à Mangrove, mais nul doute que le cap était tenu. J'avais eu le temps de réfléchir aux raisons de mon sursis et j'en étais arrivée à la conclusion que Rafaelo avait besoin de nous. De mon équipage et de mon navire, tout du moins. L'ambiance à bord était pesante, mais les entraves absentes. Et puis Angelica était souvent venue me faire la discussion et me tenir au courant de ses actions, de celles du Lion de North. Un coup à se faire des messes basses, puis à manquer ensuite de s'entretuer. Ces deux-là étaient instables et la jeune agente les gardait à l’œil, tous les deux, quand Karen conservait son flegme habituel et ne s'occupait que de ses oignons. Pour la cornue, la seule chose qui comptait était d'arriver au plus vite à Mangrove ; si l'Atout avait tenté quoi que ce soit pour empêcher cela, elle se serait montrée plus belliqueuse.

« - Bon, bien... » fis-je tout en laissant glisser mon regard aux alentours, ignorant la présence menaçante de Rafaelo et son aura meurtrière. « Au moins, je ne suis pas la seule à être dans une situation embarrassante. »

En mon absence, Angelica avait pris le commandement du navire. Même si elle me savait en partie rétablie à présent, elle continuait son ouvrage sans se soucier de mon apparition. De toute façon, j'étais habituée à lui déléguer la gestion des hommes, elle faisait un bon travail. Libre d'aller et venir au milieu de mes hommes et de leurs yeux de merlans fris, comme s'ils voyaient un fantôme, je me dirigeais vers celui qui conservait encore des marques de sa confrontation avec l'assassin. Accoudé au bastingage, Judas ne feignit pas la surprise en me voyant poser mes coudes à ses côtés.

« - Je sais que tu t'es longuement entretenu avec lui, à l'écart des regards indiscrets. »

Je marquai un temps mort, laissant le poids de ma phrase sombrer dans les oreilles de mon interlocuteur. La fatigue plombait mes mots, mais pas mon intelligibilité.

« - Quoi qu'il t'ait promis, quelle que soit la relation que tu as avec lui, rappelle-toi que ses paroles et ses actes sont dictés par ses idéaux. Je sais ce que c'est, j'ai longtemps agi de la sorte... mais aujourd'hui je ne suis plus aveuglée par des valeurs qui ne concernent qu'un petit nombre d'individus. Je lutte pour ma vie, ma survie, et toi aussi désormais. »

Tenter de biffer un contre-amiral n'était pas un acte sans importance et le chasseur de primes devait en mesurer le conséquences à présent. Un tel sacrifice ne pouvait que témoigner d'un lien important entre Rafaelo et lui et j'espérais sincèrement qu'il en valait la peine.

Ajustant le manteau noir qui me mangeait les épaules, je me retournai pour dévorer le bâtiment du regard : remplaçant le pavillon de Kiyori, le notre culminait aux sommets du grand mât et du mât d’artimon, renvoyant une impression de puissance et de majestuosité lorsqu'on le regardait flotter depuis le pont.

« - Je sais que mon temps est compté à l'issue de notre traversée. Voilà longtemps que je me suis familiarisée avec la mort et je sais que ce moment viendra tôt ou tard ; plutôt tôt que tard. Mais me tuer n'aura rien d'un acte salvateur. J'espère que tu seras là pour empêcher cela... Après tout, tu as déjà eu un aperçu de cette gangrène, cette mixture de haine et de dévotion qui ronge les champions de chaque camp. »

La situation ne s'y prêtait pas et mon teint devait être livide et mes genoux flageolants, pourtant c'était humain : j'arborais cette même expression qu'un ancêtre sur son lit de mort évoquant des souvenirs heureux et des pensées sages. Je souriais.
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La navire file droit, et moi j'me fais un mauvais coton pour la suite. Mettre Rafaelo et Eleanor dans le même bateau est un sacré coup du destin. Encore cette garce de vie qui me met à l'épreuve, qui me tourmente et me broie sous sa botte indicible. Il faut avouer que j'avais la vie peinarde, sur l'île des blues où réside ma femme et ma fille. D'un autre côté, je m'ennuyais ferme, alors que là, y'a de l'action, du sport, du beau jeu. J'suis bien content d'être sorti de ma stase, de mon hibernation, ou dieu seul sait comment appeler la retraite dans laquelle j'm'étais plongé. Les jours qui suivirent mon altercation avec Rafaelo, n'ont pas été tout rose non plus. J'ai eu mal pendant quelques jours, mes côtes broyées par la puissance de celui d'en face. Il avait pas pu biffer mes arguments, soit, mais dans une conversation celui qui s'énerve en premier est souvent celui à court de palabres. Donc en soit, j'avais gagné le duel de parole contre l'Auditore.

Un vrai exploit, il faut dire que les gens changent, que moi j'sois capable de l'emporter sur lui dans une discussion, aussi animé soit elle. Pas peu fier de moi, je l'avais laissé ruminé sa colère et ses idéaux, tandis que pour ma part, je faisais des tours dans la cales plus que nécessaire. C'est donc avec une bouteille de la "boisson des vrais hommes", trouvé à fond de cave, et légèrement éméché, que me trouva la capitaine du navire, que j'croyais être entrain d'agoniser quelque part, en silence.
Bien, une bonne nouvelle éclairant ma journée à m'tourner les pouces, c'est toujours ça de pris.

- Il fallait bien que quelqu'un s'y colle. Puis si j'avais fermé ma gueule, pas sûr que tu aurais passé la journée... Que je lui réponds, un sourire sur la tronche. J'suis content de la revoir, j'aime bien cette femme. Enfin, ce qu'il en reste d'humain. Le reste c'est qu'une boite de conserve, un vaisseau qui transporte sa volonté, j'le sais maintenant. Pas que j'te fais pas confiance quand à ta capacité à survivre, mais ce gars là, il m'a entraîné alors j'le connais bien... Que je termine pas dire, en m'envoyant une lampée directement au goulot.

J'lui présente le cul de la bouteille, manière de lui montrer que j'suis pas un rustre, surtout pas avec les affaires des autres.

- Oh je sais très bien ce qu'il est. Je sais très bien tout ça. J'ai même plaidé en ta faveur, Bonny. J'suis sur que les gens peuvent changer, moi. Que t'es plus une chienne au service d'un maître, mais un éléctron libre qui veut amasser caillasse, pouvoir et vivre sa vie comme il l'entends. Lui par contre, l'est du genre brumeux et méfiant. Alors j'ferais attention à ne pas trop le titiller, parce que j'pense pas que tu sois en état de lutter ... Et moi, j'suis pas de taille face à lui. J'suis que Judas, le Lion de North. Que je lui fais en haussant les épaules, les yeux perdus dans les flots du Nouveau Monde. Manière de dire que ma puissance a ses limites, même si j'suis un pugiliste de premier rang, et que beaucoup s'y sont cassé les dents.

J'lui dis pas tout, même si on est sur son navire, j'lui cache que moi j'attends qu'un seul signe que sa vie précédente soit pas terminé, pour aider mon comparse à la rayer de la carte. Même si j'sais que l'un est idéaliste, et que son idéal peut faire autan de blesser que le Gouvernement Mondial, j'supporterai pas de m'être fait balader à ce point. J'suis pas malin mais j'ai une fierté. Un égo qui se cache sous le patinage des années. Ma patience à ses limites, et ma bonté également.

- J'te conseille de la jouer fine, et d'attendre que ce soit tassé entre vous. Moi j'suis ni pour l'un, ni pour l'autre. Que je fais en récupérant la bouteille. Vos histoires, votre passé, m'en fiche. Ce qui compte c'est le présent, c'est qu'on soit soudé pour les batailles à venir, et surtout ... Qu'on fasse main basse sur la monnaie.

Oui, j'ai abandonné mon rêve d'être riche légalement, mais jamais je lâcherai l'affaire, il me faut beaucoup de caillasse pour réaliser mon objectif. Ah, et parce que j'aime l'argent aussi. J'aime l'utiliser, j'aime le dépenser, j'aime le sentir sous mes battoirs. Bref, les berries ça me plait.

    La fumée se glissa entre les planches du pont après une absence significative de plusieurs jours. Prémices de l’arrivée de l’assassin, sa présence n’était pourtant pas passée inaperçue tout ce temps, sa colère ayant empoissé le navire comme un mauvais rêve. Mais il n’y avait pas eu plus de dégâts que cela, signe que les mots de Judas avaient touché … quelque chose en lui. De l’intérêt, une réalisation soudaine ? Nul ne le savait. Pas même lui. Sa silhouette se dessina derrière la barreuse, Jones ou quelque chose comme ça. Elle ne sursauta pas, planta son regard dans le sien comme si elle l'attendait. Un semblant de formation chez la racaille gouvernementale ?


    « Changement de cap. Vous allez suivre la direction que je vais vous donner. Vous pourrez reprendre route vers Mangrove après ce détour. J’ai quelque chose à collecter. »
    ordonna-t-il, avant de se retourner et faire face aux autres membres de l’équipage.

    L’assassin posa sa main sur le pommeau de sa rapière. Il serra les dents, affronta les regards. S’ils avaient des remarques, il les accueillerait comme il se doit. Il sortit de sa poche un denden blanc, le leva à son oreille. L’escargophone format miniature ouvrit les yeux et porta haut la voix métallique de son interlocuteur.

    « Selon mes calculs, si vous suivez la direction de Mangrove Works depuis l’altercation avec l’amirale lors du convoi, le Mauzer devrait être à quelques heures de vous, si vous divergez de trente degré bâbord, vous devriez passez à portée de longue-vue à l’heure dont je t’ai parlée. Pas de tempête annoncée, rappelez-moi si modification des conditions il y a. »
    croassa la voix, avant que le gastéropode ne se rendorme.

    « Bien, merci Cendre. Vous, dégagez le passage, j’ai besoin de voir votre chef. Elle vient de rentrer dans sa cabine avec Judas, alors dégagez le passage. Immédiatement. »  ordonna Rafaelo avant de descendre sur le pont inférieur.

    Les membres de l’équipage s’écartèrent de mauvaise grâce face à lui, plus par peur que par coopération. Celles qui semblaient avoir pris les commandes depuis que Sweetsong dormait dans sa cabine firent mine de s’opposer à lui mais cela n’alla pas plus loin qu’une menace voilée. Alors, comme si l’assassin n’avait pas fracassé Judas contre les réserves d’alcool, comme s’il ne nourrissait pas le projet de tuer la Capitaine, comme s’il avait toujours été sur le navire, alors il franchit la porte de la cabine et trouva les deux en pleine conversation.

    « Sweetsong »
    cracha-t-il, avec un dédain bien perceptible.

    « J’ai besoin de ton expertise robotique. Nous allons intercepter le trajet de la secte En marche. J’ai besoin des plans du navire et de déjouer leurs systèmes de sécurité. Je n’ai pas mes ressources habituelles, alors bouge toi et fais le nécessaire. Judas, aide-la à se remettre debout. »
    cracha-t-il, avant de tourner le dos et faire demi-tour.

    Bon sang, mais que faisait-il ? Un frisson glacé courut le long de son échine, ainsi qu’un goût de bile dans sa bouche. Ses frères étaient parfaitement au courant de sa situation, il ne l’avait pas cachée. Mais ils ne percevaient pas tout le danger de ladite situation, et il réprouvait la main qu’ils voulaient tendre. Oh, tendre n’était peut-être pas le mot. Car cette main serait de fer, et nul gant de velours ne la cacherait.

    « Dépêchez-vous, la rencontre est estimée à dans huit heures, ce sera notre seule chance de réussir à les atteindre. »
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    La conversation avait dérivé. Judas se confiait facilement ; sous ces gros muscles se cachait visiblement un cœur tendre qui s'émouvait de peu de choses et semblait battre pour sa famille, laissée au loin. Il n'avait pas tari d'éloges sur son enfant qu'il n'avait pas revu depuis un moment et se perdait parfois dans les détails des charmes de sa compagne, le regard au loin comme celui d'un poète. J'avais fini par lui faire part de ma fatigue cependant et nous avions tous deux regagné nos quartiers.

    Je peinais à trouver le sommeil, sentant l'aura de Rafaelo se déplacer sur le navire : sa haine demeurait palpable et je sentais ses yeux me chercher, même lorsque je n'étais pas là, pour pouvoir m'assassiner du regard. Je devais donner cette impression d'être une cible mouvante pour lui. Il débarqua finalement dans ma cabine après avoir donné de nouvelles indications de navigation à Jones. Ses mots sifflaient comme des poignards dans la pénombre de la chambre. Judas était là aussi. Naturellement, j'attendis qu'il eut fini avant de répondre à ses doléances, déclinant « l'aide » du Lion de North.

    En vérité, je m'amusais à ce petit jeu.

    « - Ah, Rafaelo ! Enfin tu daignes m'adresser la parole... Ce n'est pas des façons de parler à une vieille amie, tu sais. Je me rappelle d'un mystérieux agent du CP4, à l'époque, à Shell Town... Sais-tu qu'il m'a fallu des années pour réaliser que c'était en fait un dangereux révolutionnaire ? »

    Repoussant l'aide du mastodonte, je marquai un temps de pause avant de retirer ma couverture, purement cosmétique, et sortir mes jambes de la couche pour les poser nues sur le plancher. Seule une petite robe de lin me couvrait alors ; j'avais des raison de ne pas être particulièrement pudique avec mes invités. À vrai dire, ma faiblesse physique me faisait déjà me sentir plus nue que jamais.

    « - Tu me surestimes grandement. Penses-tu que si j'y connaissais quoi que ce soit, je serais déjà rétablie et toi ailleurs en ce moment. À moins que... tu apprécies ma compagnie ? »

    Je me redressai et passai à un cheveu du révolutionnaire, le frôlant de peu, pour me porter jusqu'au bureau décorant l'angle de la pièce et verser dans une tasse un curieux nectar noir. Adossée au meuble, les jambes croisées, je regardai tour à tour l'Atout et l'ex-chasseur de primes tout en buvant le liquide.

    « - Toutes les machines ont besoin d'un carburant, » déclarai-je après avoir bu une gorgée. « Même des systèmes de sécurité. Il suffit de trouver la source et la mettre momentanément hors service pour passer sous les radars. Je n'ai pas de connaissances en ingénierie, mais j'ai des années d’infiltration derrière moi. Si je vois de quoi il s'agit, je saurai sûrement le mettre hors-circuit. »

    Voilà mon rôle dans leur petite affaire. Il fallait avouer que j'adorais voir la révolution en action et que, peut-être, je pouvais trouver un intérêt à me frotter à En Marche. Mon bras manquant était un handicap, mais pas autant que les balafres qui me cisaillaient le ventre ; si je pouvais mettre la main sur du matériel médical, nul doute que j'arriverais à m'opérer moi-même.

    Finissant ma tasse d'une traite, je m'enquis alors de la présence de Judas dans ce plan. Sa présence dans la cabine n'était pas anodine et je me doutais qu'il n'était pas juste là pour m'aider à me relever. Je ne dis rien cependant, laissant mon regard stoïque et pénétrant faire le reste.
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    Depuis quelques temps, j'passe de plus en plus de temps avec Bonny, j'apprends à la connaître. Une vraie machine, elle est réglé comme une horloge, bien qu'elle ne s'en rende pas compte, le même spasme continue de la prendre toutes les heures, comme un hoquet, et elle murmure toujours des chiffres sans queue ni tête quand la nuit se met à tomber. Si j'garde un œil sur elle, c'est au cas où Rafaelo perde patience, et décide d'passer à l'acte. Il gère comme il veut sa vie, mais la mienne est plus simple quand Eleanor Bonny reste en vie. Alors j'vais protéger la petite flamme qui reste encore dans sa carcasse d'acier et de câbles, même si j'suis conscient de frayer avec le diable en personne.

    T'façon j'ai jamais aimé qu'on m'dise quoi faire, ni qui fréquenter. Sûrement que ma femme m'en voudrait de ployer l'échine devant une dame, fut elle aussi forte que l'ex directrice du CP9, qui pourrait être ma petite sœur. J'ai néanmoins beaucoup à apprendre de cette petite, et j'me dis qu'accompagner Rafaelo un temps m'permettrait de payer ma dette d'honneur un peu plus rapidement.

    Quand il pénètre dans la pièce, je sers le poing, mais nul besoin d'en arriver là puisqu'il annonce un simple changement de cap, et une mission prioritaire pour la cause. J'y vois un signe du destin, de peut être pouvoir rembourser la vie que je lui dois, dans une aventure que je pourrai raconter à mes petits enfants plus tard. Toujours animé par une farouche envie de vivre, j'quitte pas le sillage de l'assassin et le suit dehors tandis que Karen entre dans le bureau, sûrement pour se plaindre, et qui semble toute rouge d'indignation.

    J'écoute pas aux portes, mais il est sûrement question d'un certains révolutionnaire, et d'un tas de noms d'oiseaux.

    - On va refaire équipe, comme à l'époque, le bon vieux temps si j'puis me permette ! Un frisson court le long de mon échine, tandis que le navire tourne direction nord ouest, fendant les flots avec une facilité déconcertante, comme un fil et du beurre se rencontrant un soir d'été. Je regarde les étoiles, et je songe. J'songe que cette nuit crépusculaire, je vise un autre sommet de ce monde nouveau. J'caracole avec des têtes d'affiches, qui vont m'permette de laisser ma griffe dans l'histoire, et m'faire une place dans le club de tout ses grands hommes de ce monde.

    Je disparaît dans ma cabine, chercher les chaînes que m'a forgé le gars de l'équipage, d'puis qu'ils savent que je roule pour Bonny moi aussi, sont beaucoup plus tendre qu'au début. Bon, on m'aime ou on m'aime pas, j'laisse pas indifférent. J'ai pas de manière, ni de délicatesse. Je suis bourru, rustre et abrupte. Et puis j'pique à cause de la barbe.

    J'suis comme un cactus, l'meilleur se cache à l'intérieur, suffit de savoir me décortiquer sans se blesser.
      Refaire équipe. Oui. Cela augurait … une certaine violence. Il n’avait pas pris la peine de répondre à Bonny, non, Sweetsong. Hors de question de lui faire l’honneur de l’appeler par cet écran de fumée qu’elle adressait au monde. Il supporta son regard, ne répondit rien puis sortit de la cabine pour aller se positionner sur la proue. Chacun commença à se préparer, et le navire à se mettre en branle sans réellement savoir ce qui les attendait. L’assassin resta figé dans sa position, observa l’horizon et se demanda ce que valait leur adversaire. Il n’en savait rien, sinon ce qui s’était dit sur eux, sur leur volonté de purifier les humains. Mais Cendre avait insisté sur un point unique : il ne fallait pas qu’ils soient identifiés. Ils seraient vite perçus s’ils s’approchaient du navire. Qu’est-ce qui pourrait faire office de raison valable ?

      Ils avaient quitté Boïna depuis quelques jours, les changements opérés chez lui ne devaient pas encore être connus de tous. Il avait au moins cet avantage. Quant à Bonny, elle ne serait pas affiliée à la révolution, c’était surtout pour cela qu’il la voulait devant. Qu’elle fasse office de chair à canon, ses compétences en robotique étaient … une autre raison. Il n’avait, cependant, que peu de matériel pour photographier le navire, le Mauzen. Mais sa mémoire devrait suffire si jamais ce que lui donnerait Cendre ne suffisait pas. Après tout, il se souvenait de tout. Dans les moindres détails. Et à jamais. Il passa une main sur son ventre et frémit. A jamais. Une cicatrice lui barrait l’abdomen, une blessure qu’il n’oublierait jamais. Et à nouveau il faisait équipe avec Judas.

      « Leur navire nous pulvérisera au premier contact si nous ne nous préparons pas bien. Ils sont équipés d’un rayon … de type pacifista. Nous allons la jouer infiltration. Nous allons bientôt recevoir du matériel de la part de mon contact. »
      commença-t-il, lorsque ses comparses arrivèrent à son niveau.

      « Judas et Annabella, vous serez deux machinistes venus faire une maintenance dans le navire. Quand à moi … et bien … disons que ton aura suffira à me masquer, Sweetsong. »
      expliqua-t-il, sans aller plus loin.

      « Nous allons la jouer fine, et vous allez vous en tenir à la ligne que je vais vous donner. Le Mauzer ne laisse aucun humain monter à bord, sinon pour une maintenance trimestrielle. L’objectif est … de récolter des informations sur le navire, par le biais du matériel que je vous confierai sous peu. Léger détail : il n’y a que deux uniformes et le procédé d’évacuation ne contiendra que deux places. Etant le seul ici à pouvoir m’infiltrer et m’en sortir sans déclencher la fin du monde, vous serez ceux qui en profiteront. Je veux des clichés des éléments suivants : intérieurs, moteurs et armement à bord. Si vous vous faites prendre, cela ne servira plus à rien donc j’insiste là-dessus. Nous devons nous en sortir sans la moindre égratignure.

      Sweetsong, si tu es trop blessée, tu peux rester ici et nous ne communiquerons alors que par denden. Ce ne sera pas idéal, mais je préfère cela au fait que tu fasses foirer la mission. Judas, tu n’auras pas besoin de ta chaîne. Vous n’aurez besoin d’aucun arme. Hm, voilà le matériel. »


      Cendre avait le chic pour calculer les trajectoires au poil. Il était presque inquiétant de se sentir aussi prévisible. A coup sûr, Sarioshi était derrière cela. Ses calculs étaient tout aussi millimétrés.

      Un énorme albatros vira près du navire et lâcha un colis parachuté. Etrange façon de procéder, mais passons. Le colis s’écrasa sur le pont sans dégâts. L’assassin coupa la corde à l’aide d’un fil de fumée devenu tranchant par le haki. L’objet s’ouvrit et révéla son contenu : deux tenues de machiniste et du matériel d’espionnage.

      « Je serais le brouillard dans lequel vous évoluerez. Trouvez-moi un récipient suffisamment grand, vous me transporterez sur place et je m’occuperai de certains autres objectifs. Lorsque tout sera fini, je regagnerai l’Exsangue par les airs. Avez-vous des questions ? Il ne nous reste plus qu’à planifier notre mode opératoire. »
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      Ils faisaient peine à voir, les machinistes. Voyant les habits que nous tendait l'Atout, je réfléchissais : nos états respectifs ne nous permettaient pas de nous faire passer pour de fiers bonhommes vigoureux. Non, il fallait un scénario. Sans crier gare, je saisis le costume de Judas et le déchirai ou le brûlais par endroits avec mon chalumeau intégré. Son regard était incrédule, toutefois il ne broncha pas et me regarda faire de même avec ma propre tenue.

      « - Voilà. Comme ça on a de quoi expliquer nos blessures : nous avons tout simplement été attaqués en chemin. »

      Sans prêter attention au regard du révolutionnaire, je hochai la tête, sûre de moi, avant de me diriger vers ma cabine. Difficile de s'habiller avec un seul bras et des spasmes, mais j'y parvins tant bien que mal. Au bout de cinq minutes, me voilà sortie ; à ce que je voyais, Judas n'avait pas eu à se dissimuler pour se changer. Nous étions beaux tous les deux, dans nos uniformes déchirés de machinistes, toutefois l'impression d'avoir échappé à un affrontement était réelle.

      « - Bien. Funeste, La Guigne ! Faites préparer une chaloupe. »

      Nous aurions un bout de chemin à faire à bord de notre barque pour ne pas éveiller trop de soupçons. Je fus la première à enjamber le bastingage pour m'y camper, suivie du Lion de North et du matériel, parmi lequel se trouvait une bouteille de whisky vide. Une trouvaille de Judas, aussi étonnant que cela paraisse ; c'était aussi lui qui la portait et qui la conserva sous ses jambes durant la traversée. Lorsque Rafaelo y prit position, un flot continu de fumée s'en échappa, nous contraignant à naviguer à l’aveugle dans un épais brouillard.

      Nos seules indications venaient du récipient, nous indiquant d'aller de l'avant ou sur les côtés. J'étais étonnée de la précision des données géographiques transmises par la révolution, moi qui les avais longtemps pris pour des amateurs. Oh, ça en restait pour moi ; juste des amateurs avec quelques bons profils dans leurs rangs...

      Après une vingtaine de minutes à ramer, nous perçûmes un clapotis qui s'intensifiait à mesure que nous nous en rapprochions : aucun doute, c'était le navire qui fendait les flots. Rapidement, le bruit évolua pour devenir torrentiel, signe que le vaisseau prodigieux avançait à bonne allure.

      « - Ohé, du bateau ! » hurlai-je, lorsque nous arrivâmes à proximité de la coque du Mauzzer ; suffisamment près pour en lire son nom en lettres gravées, du moins.

      Il était difficile d'y voir quoi que ce soit dans la purée de pois. Toutefois, une silhouette semblait penchée au-dessus du garde-fou et nous cherchait du regard. Elle mit un certain temps avant de répondre :

      « - Qui va là ?!

      - L'équipe de maintenance. Désolés pour le retard, on a eu quelques soucis. »

      Le mensonge était tout cuit, j'attendais que l'on nous pose les bonnes questions. Visiblement, nous avions suscité l'intérêt de notre interlocuteur, qui avait appelé son supérieur et lui demandait désormais s'il y avait bel et bien un passage de prévu. Comme je m'y attendais, ce fut une autre voix qui prit le relai :

      « - Vous étiez censés arriver hier ! Qu'est-ce qui vous a retardés ?

      - Nous avons eu un accrochage en chemin. Des révolutionnaires, » ironisais-je.

      Visiblement, j'avais fait mouche. Mon mantra me permettait d'entendre à la perfection la conversation qui se déroulait au-dessus de nous. Ce n'était visiblement pas la première fois que le camp de Rafaelo cherchait des noises à En Marche ; je comprenais aussi un peu mieux d'où venaient nos tenues de machinistes... plus vraies que nature.

      « - C'est bon, montez ! Vous nous raconterez ça plus en détail dès que les problèmes auront été réglés. »

      Les problèmes ? J'échangeai un regard perplexe avec mon compagnon d'infortune. Cela pouvait tout dire, j'espérais juste que la chance nous souriait au point où une partie des systèmes était déjà hors service. Nous n'aurions qu'à finir le travail et prétexter une incompétence, une bourde. Avec mes prothèses, j'avais la tête de l'emploi, mais Judas...

      Une échelle de corde apparut alors que je me perdais dans mes réflexions, me ramenant brutalement à la réalité. Un rapide regard vers la bouteille de whisky, réellement vide à présent, semblait démontrer que Rafaelo s'était déjà esquivé sans nous prévenir.

      « - Ah ouais, ils vous ont bien amochés. »

      C'était un homme à la moitié du visage, un bras ainsi qu'une jambe entièrement robotiques. Ses yeux, ronds comme des soucoupes, s'attardèrent sur mes plaies au ventre et mon bras manquant. C'était le moment de filouter, quitte à laisser Judas dans la panade.

      « - Vous avez une infirmerie à bord ? J'aurais besoin de stabiliser mon état avant de mettre les mains dans les machines. Pendant ce temps vous pourrez montrer à... Argus où se trouve la panne.

      - Oui, oui, bien sûr. Sigmar, escorte notre amie jusqu'à la cabine du doc'. Argus, viens avec moi. »

      Parfait. Tout se déroulait comme sur des roulettes. Du moins c'est ce que je croyais, avant que le porte-parole ne commence à reluquer le Lion de North et qu'une question ne lui vienne à l'esprit :

      « - Attends, t'as pas de prothèses ? »

      Je fis aussitôt volte-face, interrompant mon partenaire dans sa tentative d'improvisation.

      « - Ne vous fiez pas à son apparence, Argus possède un cœur d'acier inspiré des modèles de Bulgemore.

      - Je vois... impressionnant ! On m'avait dit que vous étiez des pointures les gars mais là, vraiment, vous m'épatez. »

      J'étirai un grand sourire avant de reprendre ma visite des lieux, sous la tutelle du jeune Sigmar. Des pointures... il n'avait pas même idée.
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      Accompagné par l'homme-machine qui me regarde avec un air de bienveillance renouvelé, je déambule dans le Mozer. Je pipe pas grand mot, tandis que le membre d'équipage me déroule l'tapis rouge, et me déballe tout ce qu'il sait sur la panne.

      - ... Vous pensez pouvoir y faire quelque chose, Argus ? Fit-il avec une face emplit d'espoir, son pauvre bras métallique grattant l'arrière du crane avec une certaine humanité derrière ce geste. Je n'oublie pas qu'avant d'être des redoutables machines modifiées, ils sont tous humains jusqu'à preuve du contraire. En plus de ne m'avoir rien fait, ils conjuguent tout les critères pour que cette mission me foute la gerbe.

      On infeste un navire, on le parasite, on s'informe dans le but de leur dérober leur foyer. Le seul endroit où il se sentent chez eux, ou ils peuvent se montrer au grand jour sans que personne ne les menaces. Mais ça fait longtemps que ce genre de considération  me marque moins qu'avant. Que je me contrefiche des autres, et me complait dans mon égoïsme. Je suis un fieffé salaud sans cœur après tout, j'suis dans mon rôle et sur ma scène.

      Le publique, lui, est accessoire. Il faut pas le ménager. Je réponds d'un "Mh, 'vais voir c'que j'peux faire, chef" qui ne manque pas d'une certaine confiance, et d'un réaliste feint à la perfection. J'suis l'ingénieur un peu borru, mais qu'on apprécie pour son regard neuf sur les choses. J'ai cette capacité à inspirer la confiance. A donner envie de m'croire. Il parait que c'est la forme de mon visage, bien qu'il soit mangé par une longue barbe, et une chevelure épaisse.

      - Alors, comment vous vous en êtes tirés face aux révolutionnaires, finalement ? Me fait le pirate du Mozer, en m'ouvrant une énième porte d'un métal noir. Il ouvre via une sorte de manivelle à chaque fois, comme si toutes les pièces du navire était compartimentées, autonome et indépendante.

      Ouille, ça se complique. Si tout les compartiments, cet espèce de voitures d'un wagon imaginaire, ne dépendent réellement pas des autres, on ira au devant de sacré ennuis. Il m'faut répondre à la question alors j'lui dis : Faut pas chercher la robotique, parfois, ça peut s'avérer être une activité plus difficile que l'on ne croit .... qui le fait sourire assez férocement pour m'assurer un peu de tranquillité, et de sérénité, dans cette affaire.

      Il me sort du baratin techniques pour m'expliquer qu'une pièce est cassée, mais qu' "après tout c'est ton job, j'te laisse avec la salle des machines". Sans me préciser ce que j'dois faire.

      Moi mon idée, ce serait de tout casser, mais on doit se faire discret alors j'fais semblant d'ouvrir une boite à outil fournie avec les tenues, et à dévisser des boitiers en fer blanc. En bas, ça pue l'huile et la chaleur, comme si on entre dans une fournaise diabolique, et son odeur de souffre. Je me met sur un genoux, comme si j'fais une déclaration de mariage à ta Mozer.
        Ce n’était pas la première fois qu’il voyageait ainsi, et il détestait toujours autant cela. Mais les grandes choses impliquaient les grands moyens, hm ? Ou une histoire de pouvoirs et de responsabilités. En soit l’idée de Bonny n’était pas mauvaise, peut-être avait-il oublié de préciser qu’ils pouvaient tout à faire prétendre être humains sans ce que cela soit un soucis, mais peu importait. Quant au clin d’œil envers les révolutionnaires, s’ils pouvaient éviter de laisser penser que ces derniers avaient des vues sur ces types … cela permettrait d’éviter de foutre en l’air la mission.

        L’assassin occupa l’essentiel du trajet à juguler sa présence et sa fumée, à se contenir dans un récipient insipide – à l’instar de la psyché d’Eleanor. Le Mauzer était un endroit sinistre, où la machine l’emportait sur le bon sens. Au fond de sa bouteille qui empestait la gnôle, l’assassin restait silencieux, un génie dans sa lampe. Il perçut l’activité de la barque, la complexité de l’action sans vraiment la voir. Un marasme ambiant qui s’amenuisait à mesure que sa perception s’émoussait, mélangé et secoué dans son récipient.

        Ils parvinrent rapidement aux machines, Rafaelo sentit vaguement Sweetsong s’éloigner, sortir de ce qu’il pouvait percevoir ici-bas. Plus il muselait sa propre voix, moins il percevait celle de ses ennemis, ce qui était logique en soi. Dès que Judas eut posé la bouteille, un flot fumigène s’en échappa pour recomposer la silhouette de l’assassin. Habillé de noir, engoncé dans une tenue qui devenait un peu trop serrée pour lui. Capuche vissée sur la tête, écharpe remontée sur le menton. Il fit craquer sa nuque en tourna sur lui-même.

        « Bien. On y est. Je perçois … de nombreuses choses mais je lutte déjà assez pour museler ma présence. Judas, je vais devoir compter sur toi pour monter la garde dans les minutes qui viennent, mon mantra ne suffira pas. » grommela-t-il, sans donner plus d’explications.

        L’assassin entreprit de sortir son matériel d’espionnage et de prendre quelques photos des machines. Il fit le tour en se métamorphosant en brume plusieurs fois pour éprouver les mécanismes et emplir toute la pièce. Cendre devait certainement savoir ce qu’il faisait. Si ce navire pouvait l’aider … il ne lui fallut pas plus de cinq minutes pour finaliser la pièce, une parmi toutes celles qu’il devait étudier. Il reprit forme humaine aux côtés de Judas.

        « Bien. C’est fait ici, on devrait trouver encore deux pièces dédiées aux machines, t’as rien remarqué de particulier sur le chemin, qui pourrait nous aider ? »

        Passages, indications sur comment s’échapper de l’endroit. Puis, bien entendu, une porte coulissa à l’instant même où il termina sa phrase. Par pur réflexe, Rafaelo s’enfonça dans les ombres, la main sur sa rapière. La bouteille de whisky était restée aux pieds de Judas, tandis qu’un être plus machine qu’humain se faisait un chemin vers le Lion de North.

        « Les autres m’ont dit que t’aurais peut-être besoin d’aide vu ce que vous a mis la révolution : ta copine est en sale état. Du coup, j’suis venu filer la patte : ordre du chef. Paraît qu’on aurait une discurie dans l’amorce du frein thermique depuis le dernier tir. J’ai pris de quoi remplacer les joints calciques des membranes calorifiques. Tiens, voici la caisse, j’dois faire quoi ? »

        Hein … heu … quoi ? Dans la pénombre, Rafaelo croisa le regard de Judas. La porte en métal se referma derrière l’étrange volontaire qui tendait à présent une sorte de caisse à outils vers celui censé être calé en mécanique. L’assassin, dans le dos du nouveau venu, fit signe à Judas de jouer le jeu. Sans réellement savoir comment donner le change face à des termes aussi … éclectiques ? Ce qui ne l’empêcha pas de dégainer en douceur sa lame. Pas pour le tuer, non … il ne fallait pas laisser d’indices … mais au moins pour gagner un peu de répit. Il attrapa l’arme à l’envers, prêt à user de son pommeau pour faire place nette sur le crâne du visiteur innoportun. La suite dépendrait de Judas … et de sa capacité à donner le change.

        Putain, ils étaient mal barrés …
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        J'hausse les épaules, incapable de répondre à mon coéquipier. J'suis qu'un touriste qui sait mettre des baffes dans cette histoire. J'accompagne le fumant, juste pour lui éviter des désagréments, j'surveille ses arrières, prendre des incitatives, j'sais pas vraiment faire, surtout dans un domaine aussi tordu que l'infiltration, et l'espionnage. J'suis pas dans mon élément, cher lecteur, et ça Rafaelo semble l'oublier aussi vite que le nombre de ses victimes. Ouch, pardon, j'deviens acide avec le stress. Mais faut dire que c'est pas lui qu'est prit à partie, tandis qu'il dissimule dans l'ombre d'une machine, par un machiniste vachement calé sur son sujet.

        Il faut dire, il fait partie de cette bande de technophile d'En marche, si j'ai tout saisis, c'est le genre de secte plutôt avancée dans l'domaine de la robotique. Alors moi, j'fais mine de rien, j'me démonte pas.

        - Pas de soucis, plus on est de fous ..., que j'fais en lui montrant du bras une trappe sur la droite, à l'opposé de l'Auditore, j'dirais qu'on devrait déjà vérifié l'étanchéité des joints, passe moi la clé de 12 que je m'y colle, que je lui dis en désignant la caisse à outil à ses pieds. Assez convainquant dans le phrasé, avec de la confiance et surtout beaucoup de jeu d'acteur, le petit gars se baisse et ramasse un clé parmi tant d'autre ...

        ... C'est ce moment là que choisit Rafaelo pour bondir tel un diable hors de sa boîte, et l'assomer du revers de sa dague. Je respire un peu mieux, tandis que je retourne dans mon costume de néophyte qui a la chance du débutant.

        - Plus jamais ça,l'infiltration. Que je fais. Vasy je fais le guet à la porte, dépêche toi de trouver ce qui te faut. Que je lui dis en le regardant droit dans les yeux. J'ai pas peur, mais pas envie de m'être coltiné toute cette affaire pour rien.

        Aussi je quitte pas des yeux la porte qui donne sur les couloirs, et j'établis un sifflement comme code d'urgence. Si je siffle trois fois de suite en la mineur, c'est qu'il avait être temps de laminer. Ou de se planquer, à lui de choisir.

        L'option A m'fait aussi plaisir qu'un noël un jour d'octobre. Incongru, mal placé, mais qu'on aime quand même ...
          Sigmar m'avait laissée devant un compartiment, après que nous ayons traversé plusieurs sas qui segmentaient le navire et lui donnaient cette impression de labyrinthe ou de rubik's cube géant. Effectivement, nous étions sur une prouesse technologique qui aurait aussi sûrement fait l'objet d'une mission du Cipher Pol, j'en étais certaine ; la révolution et le gouvernement mondial œuvraient souvent pour les mêmes objectifs, mais pour des individus différents et c'était probablement pour cela que mon ancien nemesis n'avait pu se résoudre à me faire la peau. Trop similaire, trop lui.

          Le sas s'était ouvert depuis plusieurs bonnes secondes, dévoilant la silhouette d'un médecin ou d'un ingénieur recourbé sur son bureau. L'homme ne me calcula pas, à première vue, et ne sembla lever le regard que lorsque je franchis le pas de la porte. Il s'avéra surpris de voir un visage inconnu.

          « - Bonjour ? Vous êtes ?

          - De passage. Je fais partie des mécanos dépêchés pour faire les réparations, mais nous avons été attaqués en chemin et...

          - Nul besoin d'en dire plus ! » fit l'homme en remarquant mon bras manquant et les lacérations sur mon ventre.

          Roulant sur sa chaise, il se porta jusqu'à moi et m'inspecta sans vraiment me demander mon avis. Il avait tout l'air d'un farfelu, pas vraiment un de ces médecins péteux de Nursery, mais plutôt un passionné qui s'était fait recruter par En Marche pour ses connaissances. Ce qu'il découvrit en inspectant mes plaies le laissa interloqué d'ailleurs :

          « - Mon dieu, vos prothèses... c'est du travail d'orfèvre ! Qui vous a posé ces implants ? Jusqu'où avez-vous été modifiée ?

          - Mon prothésiste préfère rester anonyme. Du reste, tout ce que vous voyez est artificiel. Alors, vous pouvez faire quelque chose ? »

          Je ne m'attendais pas forcément à être flambante-neuve suite à mon passage chez le médecin, mais au moins ne plus avoir ces spasmes et retrouver un bras fonctionnel, quelle que soit son apparence. Ce ne serait que temporaire, d'ici à ce que nous arrivions sur Mangrove...

          « - Oui, oui je peux. Je vois que certains conduits ont été... cautérisés. C'est vous ?

          - J'ai tenté de limiter la casse comme j'ai pu. »

          Regard suspicieux à présent, avais-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je ne savais pas jusqu'où mes soi-disant compétences de machiniste devaient aller et il ne fallait pas que je grille tout de suite ma couverture. Finalement l'homme m'invita à me porter jusqu'à une table d'opération et m'y allonger ; à côté, sur le mur, se trouvait toute une panoplie d'outils de précision. Le scientifique était resté à son bureau, le temps que je me rende jusqu'au bloc opératoire ; lorsqu'il revint, il revêtait un casque de soudure et semblait porter quelque chose. Son paquet tinta dans un bruit métallique en rencontrant la surface en acier inoxydable du plan de travail. Rabaissant sa visière, le savant fou saisit un chalumeau minuscule et ce qui s'apparentait à un tube en acier ; d'une pression rapide, il fit flamber l'extrêmité de l'outil et diminua la taille de sa bouche pour que la flamme soit aussi fine qu'intensément chaude.

          « - Cela risque de picoter un peu. »
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          La dague disparut dans un éclat de fumée, glissa au travers de l’assassin pour réintégrer sa gaine. Judas … donner le change ? Pff, à quoi s’était-il attendu ? Il secoua la tête et pris le pouls de sa victime. Evidemment, une sorte de robot. Mais les rouages semblaient tourner.

          « Ton langage en mécanique s’arrête à ‘passe moi la clef de douze’ ? Mais t’es sérieux ? Bon sang … »
          grommela-t-il, avant d’attraper une conduite à hauteur de la caisse et d’y enfoncer sa main pour la faire éclater sous la pression.

          Le bruit se réverbéra dans le bateau, victime d’une surpression. Voilà qui collerait davantage avec le soudain sommeil de leur nouvel ami. Voilà qui laisserait penser qu’ils avançaient sur les réparations. Rafaelo soupira et s’occupa de prendre les différents relevés. Salle des moteurs, c’était fait. Du moins cette aile. Il traversa les moteurs sous sa forme éthérée pour poursuivre le relevé d’informations, pendant que Judas faisait le guet. Quelques secondes s’égrenèrent.

          « Bien. Cela devrait suffire pour ici. Par contre, je ne sais pas ce qu’on va faire de lui … La surpression a dû se détecter quelque part, ils doivent penser qu’on fait notre travail … Ce que je te propose, Judas, c’est d’attendre que le bonhomme se réveille, ou de le transporter à l’infirmerie en prétextant qu’il s’est mangé l’explosion. Je vais continuer le relevé de mon côté. Je vous rejoindrais plus loin … » proposa le révolutionnaire, sans réellement laisser le choix à son comparse.

          L’infiltration … c’était déjà assez complexe seul. Alors à deux, et avec Judas … Surtout que cela avait complètement dévié de son idée de base : garder un œil sur Sweetsong, tout en utilisant ses capacités au mieux. Il grinça des dents, posa la main sur la porte qui les séparaient du couloir. Il muselait sa voix, de façon à ce qu’aucune de ses pulsions ne viennent troubler le calme qu’était sa psyché, de rester indétectable. Mais cela présupposait qu’il émousse lui-même ses perceptions. Alors ce n’était qu’un retour à la belle époque. Mis à part qu’ils étaient en plein dans le Nouveau-Monde, sur un navire hostile. Avec des androïdes capables de les tuer d’un revers. Rien de nouveau.

          « Essaie de retrouver Sweet … Bonny, et va faire soigner ton ‘aide’. Il ne faut pas qu’un seul doute naisse dans l’esprit de ces types, sinon on est foutu. Et, s’il te plaît, ne colle pas de mandale. A personne. Merci. » conclut-il, avant de s’évaporer au travers de la porte.

          Profitant des ombres, la masse fumeuse se glissa dans les interstices et joua entre les divers tuyaux pour rester aussi peu détectable que possible. Glissant sur les bords, jouant dans les angles. Il tourna autour des matelots, étendit sa masse dans les recoins. Se rassembla, gagna une écoutille. Puis reprit forme dans les quartiers inférieurs. Il sorti de nouveau le matériel fourni par Cendre et entreprit de récolter les clichés supplémentaires. Il répéta l’opération jusqu’à avoir cartographié la majorité du navire. Puis, usa d’une sorte de placard à balais pour retracer les plans du navire selon ses souvenirs. Il indiqua là où les divers clichés avaient été pris, là d’où émergeaient les tuyaux, d’où ils repartaient. Il n’en était pas à son premier relevé clandestin de plans secrets … n’en déplaise aux Rhinos Storms et au Léviathan. Le Mauzer était plus petit, et ce n’était pas à son avantage : les chances de faire une mauvaise rencontre en étaient accrues.

          Il ne resta rapidement plus qu’un seul endroit à fouiller : l’armement. Le meilleur pour la fin, la cerise sur le gâteau. Une immense porte blindée, qui trônait au sein du navire. Pas un seul garde, pas un seul système de sécurité. Mais quelque chose de bien plus retors, de bien plus pervers.

          « Et merde, une porte hermétique. »
          pesta Rafaelo, lorsqu’il prit forme humaine.

          Sa fumée gagna les murs, comme il procédait habituellement, pour masquer sa présence. Pas trop loin, et juste assez. Elle glissa sur le sol pour capter les moindres mouvements, pareille à une pieuvre qui palpait son territoire. Une masse fine, homogène et diaphane. Difficile à détecter, certes, mais tout de même étrange dans un tel lieu. Il posa ses mains sur l’objet, chercha la faiblesse. Il n’y avait qu’un grand hublot, à une dizaine de centimètres au-dessus de lui. Il usa de sa fumée pour se porter à la bonne hauteur et risqua un œil. De nombreuses machines allaient et venaient à l’intérieur, sans qu’il ne perçoive les vibrations ou les sons. Cette porte devait être colossale et il ne pourrait l’ouvrir sans déclencher une alerte générale. Pourquoi les choses n’étaient jamais simples ?
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          Le prétendu docteur m'auscultait, usant de drôles d'artifices permettant de contrôler la pression à l'intérieur de mon corps d'acier. Voilà une dizaine de minutes que je demeurais allongée en attente du diagnostic final, voir si l'opération avait porté ses fruits ; j'avais l'impression que mon corps baignait dans l'huile. Plus d'une fois, le scientifique avait failli paniquer, contraint de travailler avec un système qu'il ne connaissait pas. J'espérais juste qu'il m'avait pas plus détraquée que quand j'étais arrivée ici... Cependant il y avait du mieux : moins de spasmes et surtout un nouveau bras sur lequel je n'avais pas un contrôle parfait, à vrai dire.

          Cela devrait être suffisant, au moins pour que Rafaelo ne puisse pas soudainement changer d'avis et décider de m'éliminer avant que nous arrivions à Mangrove. Là-bas, un contact me rafistolerait pour de bon.

          « - Et vous dites que vous faites partie de l'équipe des mécanos ? »

          Ses questions se succédaient pour meubler ; l'homme n'était plus tout jeune et radotait, étrangement je devais le rassurer. Je n'aimais pas trop cet interrogatoire.

          « - Ouep. Tout droit venus de Raijin.

          - Mon fils est à Raijin, il veut être mécanicien lui aussi. C'est une fierté pour lui de savoir que son père est sur un tel engin. Vous savez si la Saison des Mille Éclairs s'est terminée ? »

          Hein ? Quoi ? Qu'est-ce que c'était que ça encore ? M'étais-je un peu trop enfoncée dans mon mensonge ? Voilà que la situation se retournait contre moi. Le scientifique s'était en même temps rapproché en roulant sur sa chaise et avait commencé à retirer mes compresses, quand ses deux grands yeux noirs se vrillèrent dans les miens en attendant la réponse. J'essayais d'éluder :

          « - Euh, oui, vous savez, il n'y a plus vraiment de saison. Et puis rien ne ressemble plus à de la foudre que la foudre.

          - Mais normalement à cette saison le ciel orageux change de forme et laisse davantage place au tonnerre...

          - En effet, mais cela fait longtemps que je suis partie et... euh...

          - Doc' ! Un médic' ! »

          C'était la voix de Judas. Que faisait-il ici ? Me redressant tant bien que mal, encore un peu gênée par endroit, je me retournais vers la sortie où le sas était curieusement resté ouvert ; une conséquence de la panne ? S'y trouvait la silhouette du mastodonte et celle d'un homme, son guide, recroquevillée sur son épaule.

          Bon sang, qu'est-ce qu'il avait fait ?

          Je sautai hors de table et aidai machinalement les deux hommes à allonger la victime, inconsciente.

          « - Que s'est-il passé ? Et qui êtes-vous au juste ?

          - C'est mon partenaire. Aux dernières nouvelles il devait réparer la panne... »

          Regard insistant dans le dos du médecin. Quelque peu d'incompréhension ; quel jeu fallait-il jouer à présent ?


          Dernière édition par Eleanor Bonny le Sam 10 Juil 2021 - 12:19, édité 2 fois
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          Pour être pas forcément très doué, j'suis pas con et j'trouve le chemin jusqu'à l'infirmerie en trainant mon boulet derrière moi, tel un poids mort. Il est pas si lourd que ça, mais peut être que la musculature de guerrier que j'ai, me permet pas d'apprécier les choses de la même manière que d'autres. J'arrive devant la porte, une grande croix blanche sur fond vert teinte les vitres qui permettrait d'observer à l'intérieur sans être vu. J'travaille à l'aveugle, pas de problème, j'ai l'habitude de m'adapter rapidement aux situations peu banales, violentes et abruptes. J'm'attendais à tout sauf voir Bonny dans un état pareil, saignant de l'huile de moteur de partout sur la table, l'air mal en point, pire, si diminuée que même moi j'aurais pû la terminer.

          Si faible, si fragile, elle n'en est  que plus humaine qu'auparavant, quand elle me regarde, j'y lis tout un tas d'émotions contradictoires, dans ses yeux. Il y'a bien une forme de peur qui existait chez les êtres comme Eleanor Bonny ? C'était une certaine forme de justice.

          - ... Il y'a eu une supression, et il se l'est prit en pleine poire, le pauvre.... Je sas même pas ce que j'dis, c'est des paroles que j'ai apprise par cœur et que je ne comprend pas.

          - Décidément, j'ai bien du travail aujourd'hui, fit le médecin d'En Marche ... Déposez moi le blessé ici, je m'occupe de la petite et ensuite j'serai à lui. Retournez travailler, matelot ! Fit-il avec plein de rigueur solennelle dans les graves de sa voix métallique.  Judas se fendit d'un petit salut, avant de retourner vaquer à ses occupations, espérant qu'avec un peu de chance, Bonny est saisit le message quand la situation dans laquelle ils se trouvaint.

          La panne n'étant toujours pas régler, mais les délais étant encore respectés, il fallait se dépêcher si nous ne voulions pas nous retrouver coincer dans le navire, avec des cyborgs remonté comme des horloges de coucou ! J'prends la première porte et attends dans l'ombre, que Bonny repasse par là, pour lui divulguer la suite du message ... Et l'escorter jusqu'à la sortie ! Elle m'inquiète ... Enfin somme toutes moins inquiétante que ma disparition des radars, elle ferait mieux d'accélérer le pas si
          elle veut que nous survivions.

            Pas le choix. Il fallait procéder comme au sein de Jötunheim. L’assassin rappela sa fumée d’un geste et transforma son index en une pointe fine de fumée. Sa main se gorgea de haki, puis le fluide remonta le long de son bras pour se diffuser en grosses veines noirâtres sur son torse. Il enfonça son doigt d’un geste brusque et précis, juste en bas de la porte au niveau d’une vis épaisse. Cela pourrait ressembler à un signe d’usure. Un léger bruit métallique se fit entendre mais rien ne frémit. Pas de sonnerie, pas de secousse. Bien. Alors il posa sa main contre l’orifice et un mince filet de fumée en coula de l’autre côté. Une flaque se forma petit à petit, puis il reprit forme dans la salle des moteurs. Ici, tout tournait à plein régime, en un assemblage d’engrenages extrêmement complexes. Rafaelo ne savait pas ce que Cendre pourrait en tirer, mais s’il en avait besoin … Il fila sous forme fumigène le long des murs pour éviter de se faire remarquer et se mettre à l’abri des potentiels regards, humains robotiques ou de gastéropodes. Il reprit forme dans les ombres, pris ses clichés et ne perdit pas de temps dans la pièce.

            Judas et Sweetsong devait être ensemble à présent, il avait eu besoin d’eux pour pouvoir intégrer le navire et attirer l’œil ailleurs. Et donner le change vis-à-vis d’une pseudo maintenance. Il espérait qu’ils avaient correctement fait ce travail … Il était nécessaire que deux mécaniciens soient présents pour que certaines sécurités du navire soient baissées, lui avait dit Cendre. Sweetsong avait dû y voir une opportunité, tant mieux pour elle. Il ne restait plus qu’un seul lieu à cartographier : l’armement. L’assassin se glissa entre les automates présents, jouant avec les pièces mécaniques pour dissimuler son passage. Il réitéra son tour avec la fumée pour retrouver le couloir par lequel il était venu. Puis, il se glissa à nouveau dans les ombres pour se déplacer sous forme de fumée. Il avait aperçu un colossal canon lors de son arrivée, il y avait fort à parier que l’accès pourrait se faire par l’extérieur. Il gagna donc le réseau de ventilation du navire high-tech et se faufila jusqu’à parvenir à l’extérieur, sur le côté du navire. Il reprit forme humaine et crocheta ses doigts dans les ouvertures de ventilation. L’assassin risqua un œil par-dessus et profita d’un creux dans les patrouilles pour se glisser jusqu’au centre de la plateforme. Là, il se transforma à nouveau en fumée pour gagner l’intérieur de l’arme par le canon et se glisser dans la salle des armes par les ouvertures dédiées au refroidissement du circuit.

            Personne ne traînait ici, certainement grâce au protocole de maintenance. L’assassin longea les murs sous forme de fumée, puis reprit forme humaine là où il pourrait avoir un bon aperçu du dispositif. Il prit les clichés nécessaires puis changea deux fois de position pour en récolter d’autres. Ceci fait, il réintégra le canon, puis en sortit de la même façon qu’à l’aller. Toujours à l’aide de son mantra, il étendit sa perception de son environnement et des hommes du navire, puis se glissa dans leur dos en un rai de fumée grisâtre. Aussi gris que les nuages qui les bordaient. Il prit un dernier cliché du canon avant de gagner de nouveau le circuit de ventilation et de revenir, après quelques circonvolutions, là où il avait laissé Judas. A partir de là, il ne serait pas très difficile de remonter le chemin et de les retrouver.

            Des bruits de pas se faisaient entendre, ainsi que des voix robotiques assez haut perchées. Il serra les dents. La tuyauterie était toujours abîmée, là où il avait dû assommer le « compagnon » de Judas. L’assassin recula dans les ombres et musela son mantra pour dissimuler sa présence. Il garda quelques pas d’avance envers les intrus qui le rejoignaient, se faufila dans d’autres couloirs. A nouveau, des pas se firent entendre … mais il connaissait ces voix.
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            « - Car tu crois que j'y connais quelque chose en mécanique ? »

            Nous étions dans une impasse, mais c'était prévisible. Si nous n'arrivions pas à justifier notre présence sur le navire en résolvant l'énigme qui s'imposait à nous, le navire changerait de forme et la révolution se retrouverait bien emmanchée. Non pas que c'était mon problème, mais si je souhaitais m'en faire de précieux alliés, il fallait que je joue le jeu...

            L'endroit ressemblait à une sorte de cul-de-sac, n'offrant pas à son extrémité un sas comme la plupart des autres compartiments, mais ce qui semblait être un panneau de contrôle fixé au mur entouré d'une enluminure de câbles et de tuyauteries qui devaient bien servir à quelque chose, mais quoi ?

            Au final, que savions-nous de la panne autre que celle que nous avions causée ? Car celle-là était bien visible : un conduit brutalement démis qui pendouillait dans le vide, déversant de la vapeur par à-coups.

            « - On ferait mieux de commencer par réparer ça, » dis-je avant de sentir une présence familière. « Tu peux cesser de te dissimuler, Seigneur Ombre, c'est juste nous. »

            Je pouvais très bien lui tourner le dos que je m'en fichais à présent ; son logia ne me trompait pas. Je le cernais avec mon mantra aussi facilement que l'on distingue une ombre dans la pleine lumière du jour. Il n'était pas totalement dématérialisé. Sans plus attendre, je saisis la tuyauterie que je maltraitais suffisamment pour la remettre en place, utilisant mon chalumeau incorporé pour projeter des flammes et redonner forme au joint en acier qui avait été brisé. Malheureusement, je m'en étais doutée, cela ne suffirait pas.

            « - Tiens Judas, file moi ta clé de douze. »

            Le Lion de North me tendit le fameux outil qui trainait à ses pieds, non sans afficher une moue soupçonneuse. Son expression changea subitement lorsqu'il me vit la fondre sur le point de rupture, comme s'il s'agissait de fil d'étain. À la fin de l'opération, ma main était incandescente et l'épiderme factice qui recouvrait mes prothèses s'était évaporé sur l'intégralité de mon avant-bras.

            « - Une bonne chose de faite. Pour la panne, je ne vois qu'une seule solution... » énonçais-je en pivotant sur moi-même pour me retrouver cette fois-ci face à l'unité centrale. Un petit bijou de technologie, probablement ce qui se faisait de mieux en dehors de Nursery, une fois de plus. Rien que dans ce module, il devait y avoir pour plus d'une centaine de millions de berries...

            Je décidai donc de taper dessus : une fois, deux fois, trois fois. Au bout du troisième coup, une voix émana de la machine :

            « - L'ORDINATEUR A RENCONTRE UN PROBLÈME ET DOIT REDÉMARRER. TIN DUN DUN DUN.

            - Putain Sweetsong, qu'est-ce que t'as fou-

            - Shhht. »

            L'index devant la bouche, j'ordonnais le silence, tandis que l'écran devant nous changeait de couleur, virant au noir un instant avant d'afficher une curieuse photographie de champ vert sous un ciel bleu. Après un court instant durant lequel l'écran demeura figé sur un logo rappelant étrangement une fenêtre, un message apparut dans le coin du moniteur. Aussi, nous sursautâmes de concert lorsqu'une voix robotique tonna soudainement :

            « - LA BASE VIRALE VPN A ÉTÉ MISE À JOUR. »

            Je souriais, Judas aussi. Rafaelo... on s'en foutait. Mais cette information semblait être de bon augure. Je me pris donc à fanfaronner tout en empruntant, la première, le chemin de la sortie. De toute façon, c'était le mieux que nous puissions faire.

            Et je doutais fortement que d'autres techniciens s'y seraient pris autrement.
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            Je me suis jamais sentis aussi peu à ma place. Les deux autres larrons, ont l'air de naviguer en eaux connues, tandis que moi j'patauge dans le marais de l'ignorance et de l'inutilité. A force j'commence à en avoir marre, mais tout casser ne semble pas être la solution la plus efficiente. La discrétion, Judas, la discrétion. Suivre le mouvement, me fondre dans la masse, respirer comme un seul homme, ne plus faire qu'un avec la mission ... Tout ça, c'était le BA-BA dont m'avait parlé Rafaelo à plusieurs reprises. Que je n'y comprenne rien, c'était encore un autre problème à régler entre moi et moi. Trop terre à terre, et c'est la que le bas blesse, trop accroché à mes vieux démons, mais aussi et surtout, incapable de biffer la moindre phrase sibylline.

            Autant vous dire, qu'avec un ami fumeux et brumeux, sombre comme les abysses se déroulant sous nos pieds, un assassin rompu à l'art d'être mystérieux ... Et une Bonny, qui préfère largement s'occuper de son matricule plutôt que de me materner, j'étais pas aidé. Bon, pas d'improvisation Judas, tiens toi à ton rôle de grand mec débile qui n'sait faire qu'une chose, porter le matériel des autres. Un genre d'aide mécano, ou bien encore de figurant, ça m'va très bien.

            - Alors on rentre, pas la peine de traîner dans les parages plus longtemps ... Qu'je dis à Eleanor et Rafaelo, la tension étant toujours à son comble entre ses deux là quand ils se trouvaient dans la même pièce. On dirait deux mâle alpha se reniflant avant l'ultime bravade, l'ultime combat, l'ultime chiquenaude qui mettrait les feux aux poudres. Retourne à tes pénates, monsieur le génie. Chose dites, chose faites.

            J'suis donc le seul mec un tant soit peu raisonnable du lot, et ça, ça devrait faire peur à tout le monde. Oui, oui, parce qu'en ce moment nous cheminons vers la sortie, les mains dans les poches et en sifflant pour ma part, un vieil air qui n'a ni queue ni tête. Et pendant ce temps, j'lutte contre mon envie de tout casser, de tout broyer, d'envoyer cette abomination, cette erreur de la nature, ce destroyer robotique infernal, à la casse. Direct dans les abysses insondables qui nous entourent, direct dans les eaux infestés de créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres, et dont l'on parlait comme de légendes dans les Blues dont je venais.

            Vraiment pas l'impression d'être à ma place. Finalement, l'air libre et la lumière du jour pointent au bout du tunnel. C'est notre réussite qui se joue maintenant. On passe devant les sentinelles,  on les salue, puis on tourne les talons direction le batiment qui nous a fait venir jusque dans cet enfer de machines et de fer.

            On part, et ça y'est, j'peux enfin respirer, direction le navire de Bonny, qui mouille plus loin, de l'autre côté du voile de brouillard crée par notre ami l'enfumeur révolutionnaire. Enfin, mon ami. C'est plus un danger perpétuel pour Bonny, qui risque sa peau à chaque seconde en sa présence. Force tranquille, tigre calme, lion à la crinière flegmatique, j'veille de loin à ce que tout ce passe bien. J'suis le ciment de cette équipe improbable, composé d'un ancien directeur du Cipher Pol, d'une figure révolutionnaire, et d'un bon samaritain.

            Arrivé à bon port, la faim me tenaille et j'descends voir un autre personnage atypique, un genre de chaman ou bien d'herboriste assez particulier, qui tiens la cuisine du navire. Je m'installe à table, j'parle par onomatopée, le vieux et moi on s'comprends assez bien, et il m'a à la bonne : Cela fait au moins un dans cet équipage de teigneux !

            - Je vois de grandes choses se profiler pour toi, Judas... Oui, de grandes choses ...
            Fait-il, aussi sibyllin que peut l'être un cuisto pirate accros à une herbe grasse et folle, qu'il fume continuellement. Et il me sert un plat. Un plat qui m'a l'air alléchant ... Seulement quand j'croque dedans ...

            - Oh putain c'est dégeulasse ton truc Zaneb, t'as trouvé ça où ? Merde ! J'recrache ma bouchée, je regarde l'interpellé avec insistance, il sent qu'il faut s'expliquer... Mais finalement, hausse les épaules et réponds de manière mystérieuse : Parfois, les choses les plus précieuses se cachent sous notre nez, Judas de North Blue ... Il faut savoir ouvrir ses yeux, et son esprit à de nouveaux horizons...





              Le retour s'était fait dans le calme absolu. Je ne m'inquiétais pas plus pour la mission, secouant mon nouveau bras et passant ma main sur mes plaies pansées alors que nous effectuions la traversée. Cela ferait l'affaire, au moins pour donner du fil à retordre à l'assassin s'il se décidait à montrer son vrai visage. Pour le moment, il jouait les distants comme à son habitude et cela me convenait bien.

              Les retrouvailles s'étaient faites sans célébrations ; Angelica soupira un bon coup en voyant que j'étais indemne, en meilleure forme même. Il était nécessaire que je dorme, mais je voulais juste m'assurer que nous reprenions la route. J'en donnais l'ordre moi-même à Karen qui ne réfléchit pas deux fois avant de tourner le gouvernail. Direction Mangrove Works cette fois-ci, pour de bon. Plus aucun détour pour satisfaire les caprices de la révolution, j'y veillerais.

              Durant notre absence, le vieux gaillard qui nous servait de cuistot s'était affairé, devinant que nous aurions faim. A vrai dire, son plat ne me semblait pas plus comestible que ragoutant et je passai, refilant ma part à Judas qui s'étonna du goût pour le moins immonde de la chose. Une sorte de quiche aux légumes... ou aux fruits ? Pourtant les morceaux ne ressemblaient pas à des parties tirées d'un aliment que nous transportions.

              « - Dis, Zaneb, tu l'as faite avec quoi ta quiche ?

              - Trois fois rien. La recette habituelle. Il n'y avait pas d'oignons, j'ai trouvé autre chose qui faisait l'affaire en fouillant dans la cale... »

              Plus la discussion avançait et plus mon regard s'attardait sur les étranges arabesques qui formaient la chair du légume. Un motif étrangement familier, mais quoi ?

              « - Est-ce que c'était dans une boite ?

              - Hein ? Comment tu l'as su ? Merde, je prévoyais de la garder pour moi... Je me disais aussi : étrange, Zaneb, de garder un fruit dans une boite. »

              Mon sang se glaça. Je vrillai soudainement un regard alarmé vers le mastodonte qui venait de finir sa première part et attaquait la seconde. Comment faisait-il ? Et surtout, que venait-il d'avaler ?

              « - Judas...

              - Gnom, nomm, nomm... gnom nomm...

              - JUDAS !

              - Gnu ?

              - Que tout le monde cesse de manger la quiche ! Elle a été cuisinée avec un fruit du démon ! »

              Aussitôt, une ou deux assiettes volèrent : certaines finirent à la mer, d'autres sur le pont. Par chance, tout l'équipage était réuni et Judas avait été le premier servi. Ce qui laissait ahuri le pauvre homme qui n'avait pas bougé d'un pouce depuis que je l'avais stoppé dans sa déglutition. Il ne savait même pas s'il devait avaler sa bouchée ou pas...

              « - Bon sang... Visiblement Kiyori n'était pas venue à Tetsu les mains vides. Reste à savoir à quelle sauce on va être mangés. Pourvu que... »

              Ne sachant quoi faire, le Lion de North déposa son assiette. En faisant cela, la table où il s'était installé se brisa soudainement, comme accablée par une pression incommensurable. Aucun doute, c'était lui qui était derrière tout cela. Plus personne ne bougeait, pas même Rafaelo qui était resté spectateur tout le long de la scène. Nous avions tous peur de ce qui pouvait arriver ensuite si les nouveaux pouvoirs du maudit échappaient à son contrôle. Et cela arriverait obligatoirement.

              Me déplaçant lentement aux côtés du pirate, prête à agir, je regardais les restes de son plat et demandai en le regardant dans les yeux, ses joues toujours arrondies par la nourriture y étant confinée :

              « - Judas... qu'as-tu mangé ? »
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              Seigneur Ombre ? Hm. Ce n’était que trop d’honneur, mais venant de sa bouche à elle … il ne répondit rien.  L’assassin n’avait que peu de connaissances vis-à-vis de la mécanique, mais suffisamment pour voir que les choses étaient … faites à la va-vite. Les mécaniciens déchanteraient bien vite lorsqu’ils verraient l’étendue des dégâts. Pour l’heure, tant qu’ils disparaissaient sans bruits … Et alors, elle usa de l’artifice commun à tous les néophytes en la matière : Sweetsong frappa l’unité centrale, ou le truc qui s’en approchait. Un son strident en ressorti … et l’engin redémarra. Là, ça dépassait complètement les compétences de Rafaelo.

              « C’est quoi ce bordel … »
              murmura-t-il en se pinçant l’arrête nasale.

              Il secoua la tête et haussa les épaules. Tant que ça faisait illusion … Annabella avait touché quelque chose de sensible. Selon ce qu’il avait entendu, redémarrer le système résolvait quasi tous les problèmes. Peut-être qu’elle savait ce qu’elle faisait après tout … Quoi qu’il en fût, le révolutionnaire disparut dans un nuage de fumée et s’engouffra dans les faiblesses du navire pour le quitter. Il laissa les deux autres larrons s’extirper de là, avant de gagner leur embarcation à distance suffisamment lointaine pour ne pas attirer l’attention. Apparemment, c’était la marche à suivre : les types étaient tolérés, faisaient leur maintenance et se tiraient sans autre chose qu’un signe de tête. Il y avait suffisamment d’humain en Eleanor et Judas pour les dégoûter, alors le minimum syndical c’était parfait.

              Rafaelo reprit sa forme humaine sur le navire de Sweetsong et se débarrassa de sa capuche avant d’aller récupérer les divers éléments récoltés. Il ne lui restait plus qu’à entrer en contact avec Cendre maintenant, et lui refiler les éléments dont il avait besoin.

              « De la quiche, révolutionnaire ? »
              lui proposa un type étrange, Zaneb de ce qu’il se souvenait.

              Aimable comme à son habitude, il éluda la proposition d’un geste de la main. A l’instant même où Bonny hurlait le nom de Judas. L’assassin sursauta. Un … fruit du démon ? Bon sang.

              « Un quoi ? Tu trimballais un foutu fruit du démon à portée de tout le monde ? »
              grogna-t-il en s’approchant de Judas.

              Il prit le pouls de ce dernier en repoussant Bonny et soupira de soulagement. A sa connaissance, Judas n’avait jamais mangé de fruit. A sa connaissance seulement. L’équipage tira légèrement les armes face à la violence dont venait de faire preuve le révolutionnaire. Sans qu’il sache pourquoi, il se sentit un peu penaud. On ne pouvait pas être décemment de mauvaise humeur toute sa vie, d’autant plus que ses deux compères venaient de l’aider dans une mission révolutionnaire …

              « Ahem. J’ai … j’ai déjà vu ce que l’ingestion de deux fruits pouvait donner. Sur Sloth, il y a quelques années. J’étais là pour le coup final. » expliqua-t-il.

              « Le Corsaire qui avait mangé le fruit de l’éléphant … et qui pensait pouvoir cumuler deux pouvoirs … bref, un abruti. Mais c’est pas le sujet. Judas. Tu te sens comment ? Bordel … mais qu’as-tu mangé ? »
              reprit-il, faisant tristement écho à la question d’Annabella.

              Un silence s’installa entre eux. Le corps de Judas n’avait pas changé, aucun signe ne trahissait une quelconque évolution. Quel pouvoir venait donc de s’installer dans ses veines ?
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